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Sujet 1:
La montée du repli sur soi et le resserrement du lien
communautaire physique et virtuel.
Cette notion n’est pas nouvelle, les communautés existent depuis toujours et ont un
rôle fondamental pour les sociétés et leurs évolutions.
1. Historique et premières communautés.
Les premières communautés sont religieuses et rassemblent des minorités religieuses
dans des pays où la religion majeure ou religion d’État est différente. Plus les
persécutions contre ces minorités sont fortes et plus ces communautés sont
présentes, soudées et solidaires.
Dès l’antiquité, dans les sociétés grecques ou romaines, apparaissent des
communautés d’étrangers, Ils sont issus de l’immigration, de la captures d’esclaves
après des batailles victorieuses contre d’autres peuples ou de tribus autochtones lors
de l’expansion de l’Empire romain par exemple. Ces « métèques » sont tolérés dans
la cité grecque mais n’ont aucun droit civique.
On peut également citer les communautés « professionnelles » qui regroupent les
individus par corps de métier. Ces « corporations » apparaissent au Moyen-âge et
organisent les relations d’entraide et de formations entre Maitres, Compagnons et
Apprentis. Renforcées par la révolution industrielles et l’émergence du monde
ouvrier, elles permettent une solidarité entre travailleurs et créent progressivement
une conscience de classe.
Ces regroupements privilégies peuvent même prendre une forme « secrète » ou du
moins cachée comme les loges maçonniques, alimentant la curiosité ou les fantasmes
de la société globale sur le rôle réel de ces loges.
Au cours du XXème siècles, les syndicats et les partis politiques vont transcender les
communautés professionnelles et la tertiarisation de l’emploi les fera disparaître.
Les individus vont donc chercher d’autres caractéristiques communes pour se
regrouper (quartiers d’habitation, idées politiques, projets économiques…)
Les différentes vagues d’immigration d’après la seconde guerre mondiale vont faire
émerger des communautés sociales, culturelles, linguistiques ou religieuse, les
diasporas, notamment après les lois permettant le regroupement familial.
Avec les NTIC et la démocratisation d’internet dans les années 2000, naissent les
communautés virtuelles, qui permettent à des inconnus de « se connecter » les uns
aux autres pour partager un centre d’intérêt, une vision, une conviction commune…
Très rapidement, des communautés en ligne se développent sur tous les sujets, y
compris des sujets critiques envers la société et son fonctionnement.
2. Rôle et fonctionnement des communautés dans les sociétés
actuelles.
Aujourd’hui les communautés réelles permettent aux individus de se retrouver et
d’entretenir du lien social en dehors de l’opinion publique.
Elles mettent en évidence un axe de recrutement, un aspect « séduisant » pour
l’individu qui pourra, en intégrant cette communauté accéder à des gens, des
ressources, des informations… auxquels il n’aurait pas accès seul ou dans la société.
Toutes les communautés n’ont pas une volonté d’agglomération du plus grand
nombre mais propose simplement un service peu ou pas fournit par la société.
Elles permettent également la représentation de certaines minorités religieuses,
culturelles ou sexuelles, leur évitant des persécutions et leur apportant une
reconnaissance sociale.
Parfois construite en rupture avec la société ou même en opposition, elles proposent
à leurs membres d’entretenir un discours ou une réflexion inaudible dans les média
ou l’opinion publique.
Grâce à des média indépendants, les communautés se dotent d’outils de
communication et de mise en visibilité qui facilite l’accès aux citoyens.
L’appartenance à ces communautés se justifie par l’adhésion à un « contrat social »
c’est à dire des codes de comportement ou de langage, d’idées ou de
positionnement, que les membres doivent adopter pour y être accepté.
Ces communautés peuvent mettre en place une hiérarchie interne entre les membres
pour les stimuler et les pousser à s’y investir afin de gagner du prestige ou des
avantages matériels.
Les membres y sont donc amené à contribuer pour valider leur adhésion et légitimer
leur présence. Ils sont amenés à s’entre-valider et s’entre-protéger vis à vis des
membres d’autres communautés ou de la société globale.
Apparaît alors le communautarisme ou le repli identitaire qui peut avoir de graves
conséquences sur la cohésion sociale, ce que nous verrons dans une seconde partie.
II. Les impacts des communautés sur la société et le lien social
Les sociétés humaines sont fondées sur la nécessité des individus de se développer
au-delà du cercle du familial et de mettre en place des règles de fonctionnement
commun qui évite le règlement des conflits par la violence.
La société offre donc un espace, public, commun, partagé où le développement des
activités humaine est possible au prix de nombreux compromis entre les individus et
d’un long et complexe processus d’intériorisation des normes sociales.
Pourtant, et comme vu précédemment, les communautés « parralèles » à la société
ont toujours existé et ont pu avoir un fort impact sur son évolution.
Quels sont ces impacts, positifs comme négatifs ?
1. Les impacts positifs
Les communautés, qu’elles soit réelles ou virtuelles, permettent de créer de nouvelles
formes de lien social. Les relations qu’y entretiennent les individus peuvent les
apporter une reconnaissance, un sentiment d’appartenance, un développement
culturel ou éducatif, permettent leur épanouissement (pyramide de Maslow).
Elles peuvent favoriser une coopération privilégiée des citoyens, leur permettant
d’échanger des connaissances et de compétences via des associations ou des
collectifs.
Ces communautés portent parfois des revendications absentes des débats politiques
de la société globale. Elles peuvent attirer l’attention des média sur ces sujets et
éventuellement les faire émerger dans des sphères plus larges.
Pour illustrer cela nous utiliserons un exemple d’évolution majeur d’une société
grâce à des communautés réelles, puis grâce à des communautés virtuelles :
À la fin du XVIIIème siècle en France, alors que la société est divisée en trois ordres,
une partie de la population, n’étant ni nobles ni du clergé, mais de plus en plus riches
et cultivés, s’ouvrent aux idées des philosophes des Lumières (Montesquieux,
Rousseaux, Voltaire, Diderot). Influencés également par la déclaration
d’indépendance des États-Unis ou le Bill of Right du Royaume-Uni, ils réunissent
des membres des trois ordres élus seins des États-Généraux. Ces assemblées
responsables de la révolution française de 1789 sont nées dans les loges
maçonniques et clubs de discussion parfois secrets, transcendant la société d’ordre et
créant le lien nécessaire entre bourgeois, nobles et membres du clergé souhaitant un
changement majeur de gouvernance du pays.
Les printemps arabes de 2011 sont en Tunisie et en Égypte (réprimés en Lybie) des
mouvements révolutionnaires ayant conduit au départ du chef de l’État et à des
réélections libres et démocratiques. Les communautés virtuelles des étudiants et des
jeunes en général se sont fédérés par les réseaux sociaux et notamment facebook qui
ont permis de diffuser les informations en temps réel et d’agrandir la communauté.
2. Les impacts négatifs
Le principal risque que constitue la formation de ces communautés réelles et
virtuelles est l’éloignement des citoyens des valeurs et codes de la société.
L’enfermement des individus dans ces communautés constitue un vrai danger à la
fois pour l’individu et pour la structure sociale.
Ces communautés segmentent les sociétés en polarisant les individus sur certains
sujet par des positions radicales qui empêchent tout débat serein et constructif.
Si certaines communautés rejettent les valeurs de la société par des visions parfois
caricatures et figée, l’inverse est également vrai, la société et les média caricaturent
parfois ces communautés et leurs membres par manque d’information, ce qu’il les
marginalisent et les éloignent de plus en plus.
La principale dérive identifiée par les pouvoirs publiques est celle du séparatisme
religieux qui mettrait en évidence un hiatus entre certaines valeurs religieuses
fondamentales et les valeurs républicaines et laïques des démocraties libérales.