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Mira de Bejaia
Faculté des sciences humaines et Sociales
Département des sciences sociales
Filière : Sociologie
L3 Sociologie
Support de cours
1
Année universitaire 2020 - 2021
Sommaire
Sociologie du lien social 2
- Eléments de synthèse…………………………………………………38
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Sociologie du lien social 2
La théorie du lien social chez Serge Paugam
Sources et typologie des liens sociaux
La question du lien social a été une grande inquiétude pour la sociologie, depuis
l’époque des fondateurs.
Aujourd’hui, nous vivons dans des sociétés traversées par des crises multiples
qui font ressurgir cette inquiétude persistante sur le lien social : « …on entend
se multiplier les appels à « créer », « restaurer », « maintenir » ou «développer »
le lien social. On considère ainsi que cette dernière relève, soit d’une carence qui
se manifeste par des situations d’isolement ou de déréliction, soit d’une
détérioration se traduisant par un relâchement ou un rétrécissement du réseau
relationnel… ».
Actuellement, la question du lien social est souvent traitée sous deux angles
essentiels : la pluralité et la fragilité des liens sociaux.
Serge Paugam et Robert Castel ont tout les deux théorisés cette question, en
partant d’études de terrain appliquées sur des populations d’enquêtes différentes.
Nous allons aborder successivement les travaux de Serge Paugam et Robert
Castel pour comprendre leurs concepts clefs : la disqualification et la
désaffiliation sociale
Biographie :
Serge Paugam est sociologue au CNRS. Il enseigne à l'École des hautes études
en sciences sociales et à l'institut d'études politiques de Paris. Il est aussi
directeur du Centre Maurice Halbwachs et directeur de la collection « Le lien
social » et de la revue « Sociologie » aux Presses Universitaires de France.
Son champ d’intérêt est la sociologie des inégalités et des ruptures sociales d’où
ses travaux sur la pauvreté, la précarité et la solidarité.
Sur son Site officiel, Paugam précise son programme de recherche actuel :
« Mon programme de recherche actuel concerne l'analyse de la reproduction et
du renouvellement des inégalités, mais aussi, l'étude des fondements des liens
sociaux à partir desquels il est possible de définir et de conceptualiser différents
types de ruptures sociales. Il porte aussi sur l'analyse comparative des formes
contemporaines de solidarité. Il s'agit d’étudier ce qui attache les individus entre
eux et à la société dans son ensemble et d'analyser comment les liens sociaux
sont entrecroisés de façon normative dans chaque société. Ce programme
implique par conséquent des comparaisons entre plusieurs pays ou régions du
monde ». ( http://www.serge-paugam.fr/)
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Il a publié entre autres :
- La Disqualification sociale,
- Essai sur la nouvelle pauvreté (PUF, 1994),
- La Société française et ses pauvres,
- L'expérience du revenu minimum (PUF, 1995).
- Vivre ensemble dans un monde incertain 2015
- Le lien social PUF 2008……
Le retour vers les premiers sociologues paraît instructif puisque les questions
posées depuis la fin du XIXème siècle sont toujours d’actualité.
Sauf que la question n’est plus posée en terme de consensus social et de
recherche de stabilité et d’équilibre mais en terme de la nature du lien social
dont la transformation est guidé par la montée de l’individualisme.
Ce qui fait dire à Serge Paugam que :
L’expression « lien social » est aujourd’hui employée pour désigner tout à la
fois le désir de vivre ensemble, la volonté de relier les individus dispersés,
l’ambition d’une cohésion plus profonde de la société dans son ensemble… »
(Op.cit. p4)
A la question : Comment s'est transformé le lien social avec la montée de
l'autonomie et de la différenciation des individus ? Paugam répond :
Pour Paugam : « …chaque type de lien social peut être défini à partir des deux
dimensions de la protection et de la reconnaissance. Les liens sont multiples et
de nature différente, mais ils apportent tous aux individus à la fois la «
protection » et la « reconnaissance » nécessaires à leur existence sociale
[Paugam, 2008]. La protection renvoie à l'ensemble des supports que l'individu
peut mobiliser pour face aux aléas de la vie (ressources familiales,
communautaires, professionnelles, sociales…), la reconnaissance renvoie à
l'interaction sociale qui stimule l'individu en lui fournissant la preuve de son
existence et de sa valorisation par le regard de l'autre ou des autres. L'expression
« compter sur » résume assez bien ce que l'individu peut espérer de sa relation
aux autres et aux institutions en termes de protection, tandis que l'expression «
compter pour » exprime l'attente, tout aussi vitale, de reconnaissance.
L'investissement affectif dans un « nous » est d'autant plus fort que ce « nous »
correspond à l'entité – qui peut être aussi réelle qu'abstraite – sur laquelle et pour
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laquelle la personne sait pouvoir compter. C'est dans ce sens que le « nous » est
constitutif du « moi ». Les liens qui assurent à l'individu protection et
reconnaissance revêtent par conséquent une dimension affective qui renforce les
interdépendances humaines… »
Paugam, S. (2012). Chapitre 15. « Compter sur » et « compter pour ». Les deux
faces complémentaires du lien social. Dans : Robert Castel éd., Changements et
pensées du changement: Échanges avec Robert Castel (pp. 215-230). Paris: La
Découverte.
Types liens sociaux et formes de protection et de reconnaissance :
Paugam nous livre un tableau de synthèse pour définir clairement chaque type
lien social en relation avec les deux sources de chacun des quatre types de
liens :
Types de liens Formes de protection Formes de
reconnaissance
Lien de filiation (entre Compter sur la solidarité Compter sur ses parents,
parents et enfants) intergénérationnelle ses enfants.
reconnaissance
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Typologie et sources des liens sociaux
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-Le lien de participation organique : « … se distingue du précédent en ce qu'il
se caractérise par l'apprentissage et l'exercice d'une fonction déterminée dans
l'organisation du travail. Ce lien se constitue dans le cadre de l'école et se
prolonge dans le monde du travail. Si ce type de lien prend tout son sens au
regard de la logique productive de la société industrielle, il ne faut pas le
concevoir comme exclusivement dépendant de la sphère économique. Pour
analyser le lien de participation organique, il faut prendre en considération non
seulement le rapport au travail conformément à l'analyse de Durkheim, mais
aussi le rapport à l'emploi qui relève de la logique protectrice de l'état social.
On peut donc définir le type idéal de l'intégration professionnelle comme la
double assurance de la reconnaissance matérielle et symbolique du travail et de
la protection sociale qui découle de l'emploi… »
- le lien de citoyenneté « … repose sur le principe de l'appartenance à une
nation. Dans son principe, la nation reconnaît à ses membres des droits et des
devoirs et en fait des citoyens à part entière. Dans les sociétés démocratiques, les
citoyens sont égaux en droit, ce qui implique, non pas que les inégalités
économiques et sociales disparaissent, mais que des efforts soient accomplis
dans la nation pour que tous les citoyens soient traités de façon équivalente et
forment ensemble un corps ayant une identité et des valeurs communes… »
« … Ces quatre types de liens sont complémentaires et entrecroisés. Ils
constituent le tissu social qui enveloppe l'individu. Lorsque ce dernier décline
son identité, il peut faire référence aussi bien à sa nationalité (lien de
citoyenneté), à sa profession (lien de participation organique), à ses groupes
d'appartenance (lien de participation élective), à ses origines familiales (lien de
filiation)… »
Pour élaborer ce cours, j’ai fait parler Serge Paugam, qui à traité le thème du
lien social dans ses différents ouvrages.
Cette première partie du cours j’ai utilisé deux ressources :
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Fragilités et ruptures du lien social
Concept de disqualification sociale
Définition :
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Paugam considère la disqualification sociale comme un résultat de tout un
processus qui ne relève pas uniquement des trajectoires de vie des individus et
de leurs choix mais aussi de l’évolution des sociétés modernes notamment le
système du travail et de l’emploi.
Il remarque que « … si dans les sociétés modernes, c’est sur l’individu que
reposent les connexions entre les différents groupes auxquels il participe… le
tissage des liens n’est pas identique d’un individu à un autre… Dans certains
cas, les liens sont tous faibles et le maillage social est fragile. Dans d’autres cas,
certains liens sont plus solides que d’autres, mais le tissu n’en n’est pas l’abri
d’accros. En réalité, comme une étoffe où les fils sont entrecroisés, le risque est
toujours que la rupture de l’un d’entre eux entraîne un effilochage et … la
rupture des autres… » (Paugam,2015,p 78)
De par cette analogie, Paugam remet ce processus de rupture du lien social dans
son contexte global qu’est le système social dont les structurent évoluent et
mènent à la rupture des liens. Chose qui n’est pas «… un mal en soi.. » (Op.cit.)
puisqu’il est une des manifestations de la modernité qui à, parfois, positivement
libéré l’individu des liens communautaires traditionnels pour encourager une lus
grande mobilité sociale.
En étant en rupture avec les deux sources de production des liens sociaux,
l’individu entre dans une situation de coupure avec son milieu social et perd ses
appuis au sein de la société.
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Par son étude des « nouvelles formes de la pauvreté » en France des années 80,
Paugam retourne aux thèses de George Simmel qui voulait comprendre dans la
pauvreté «… la relation d’assistance entre eux et la société dans laquelle ils
vivent… »
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- une politique sociale de lutte contre la pauvreté qui se fonde de plus en
plus sur des mesures catégorielles proches de l’assistance.
Cette étude qui c’est intéressé aux formes d’exclusions liées à l’emploi , la
précarité des salariés y est analysée « … en partant de l’hypothèse que le rapport
au travail et le rapport à l’emploi constituent deux dimensions distinctes, aussi
fondamentales l’une que l’autre, de l’intégration professionnelle. C’est ainsi que
le type idéal de l’intégration professionnelle a été défini comme la double
assurance de la reconnaissance matérielle et symbolique du travail et de la
protection sociale qui découle de l’emploi. La première condition est remplie
lorsque les salariés disent qu’ils éprouvent des satisfactions au travail et la
seconde lorsque l’emploi qu’ils exercent est suffisamment stable pour leur
permettre de planifier leur avenir et d’être protégés face aux aléas de la vie. Ce
type idéal, qualifié d’intégration assurée, a permis de distinguer, par déduction,
et de vérifier ensuite empiriquement, trois types de déviations : l’intégration
incertaine (satisfaction au travail et instabilité de l’emploi), l’intégration
laborieuse (insatisfaction au travail et stabilité de l’emploi) et l’intégration
disqualifiante (insatisfaction au travail et instabilité de l’emploi). … »
Une faible intégration professionnelle risque de conduire à une faible intégration
au système social dans son ensemble.
Cette phase de fragilité est souvent déclenché par un événement soudain qui
vient déstabiliser le rythme de la vie d’un individu : un drame familial, un échec
professionnel, une instabilité de logement,..., qui va influencer la vie d’un
individu et surtout déclenché un sentiment de déclassement et susciter des
comportements particuliers : réduction de la vie sociale, tensions dans les liens
familiaux...
Phase 2 : La dépendance :
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« Comment devient-on assisté ? Sachant que la plupart de ceux qui font
l’experience d’un déclassement considèrent l’assistance comme une situation
humiliante, contraire à leurs principes, comment peut-on expliquer, qu’à la
longue, certains s’habituent à fréquenter les sevices d’action sociale et en
viennent à revendiquer une meilleure prise en charge de leurs problèmes par la
collectivité ? …. »( Op.Cit, p9)
Phase 3 : La rupture :
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En fait, cette phase ultime de la fragilisation du lien social dans les sociétés
modernes industrialisées, témoigne des risques permanents de « ruptures
cumulatives » desquels apparait le sentiment persistant de la rupture des liens
sociaux : l’individu se sent menacé en permanence de tout perdre s’il cesse
d’être performant dans son emploi.
Paugam établi une typologie des ruptures qui relèvent des types des liens
sociaux. Il remarque que « … la rupture d’un lien peut être une épreuve
entrainant des conséquences graves pour l’individu, elle peut aussi être un
soulagement ou une sorte de libération… » (Paugam, 2009, p88).
A chaque type de lien correspond une forme de rupture qui lui est propre. Ainsi
la rupture du lien de filiation peut se produire de différentes manières ; « … des
situations de fait qui rendent toutes relations entre parents et enfant soit
impossibles soit improbables…les parents et les enfants se replient alors sue
eux-mêmes, n’attendent plus ni protection ni reconnaissance de la relation… »
(Ibid.)
Lorsqu’un individu perd son emploi, il entre dans une rupture du lien de
participation organique ; qui « … tient du chômage, c’est-à-dire la cessation
contrainte de l’activité professionnelle… » qui va entrainer à la langue ; la
baisse du niveau de vie, la pauvreté et le recours à l’assistance et causer une
crise globale à la personne qui vit cette situation.
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pas compter pour
ses parents ou pour
ces enfants
Eléments de synthèse :
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Ce petit article résume l’essentiel des indicateurs qui donnent sens au concept de
Castel ;
Indicateurs
Les indicateurs de chômage ( taux de chômage, proportion de chômeurs de
longue durée) et de précarité de l’emploi (CDD, etc.) permettent de mesurer
l’évolution de l’intégration dans le monde du travail. Parallèlement,
l‘importance du nombre de divorces, du nombre de personnes seules, de
l’isolement social voire des discriminations complètent les indicateurs de
chômage.
Cette analyse a pour point de départ la société salariale qui était cimentée par
le travail et toutes les protections qu’elle apportait (protection contre
le chômage et les autres risques sociaux). A cette époque (disons les Trente
glorieuses), le travail à temps plein et avec un contrat à durée indéterminée était
la norme : le statut de salarié était donc protecteur et le travail intégrateur. De
plus, durant cette période, la famille était relativement stable et elle-aussi
intégratrice.
Avec le changement des formes de la famille liée à la fragilisation du couple et
avec la croissance du chômage et des emplois atypiques, précaires, les risques
de désaffiliation se développent.
Le processus de désaffiliation est-il complet ? N’y a-t-il pas souvent maintien de
liens sociaux mais qui, peut-être, ne font pas sens pour l’individu ? De ce point
de vue, quel peut être le rôle de l’Etat et des politiques sociales ? Les pouvoirs
publics n’ont-ils pas œuvré, même si ce n’était pas l’objectif, au déclin des
protections familiales en offrant sa propre protection ? En aidant les plus
désaffiliés, l’Etat ne risque-t-il pas de les stigmatiser ?
Enfin, quelles sont les personnes désaffiliées ou qui risquent cette
désaffiliation ? On peut penser qu’il s’agit surtout de jeunes peu qualifiés qui ont
du mal à s’insérer sur le marché du travail et qui n’ont pas d’espace
de sociabilité valorisé et notamment, en France, des jeunes d’origine immigrée.
Les enjeux portent ainsi sur le système scolaire et plus largement sur le système
de formation y compris professionnelle.
http://ses.webclass.fr/notion/desaffiliation
Les réponses à ces questions nous conduit à considérer ces indicateurs comme
une grille de lecture qui nous permet de comprendre le processus de rupture du
lien social vécu par « personnes particulièrement démunies ». Ce processus se
construit sur une série de « ruptures d’appartenances qui peuvent se lire sur deux
axes :
- un axe d'intégration-non intégration par le travail qui va de l'emploi stable
à l'absence complète de travail en passant par toutes les formes d'emplois
précaires ;
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- un axe d'insertion-non insertion dans une sociabilité socio-familiale qui va
de l'inscription dans des réseaux solides de sociabilité (familiale ou extra-
familiale) à l'isolement social total. Cet axe recouvre deux dimensions, deux
registres différents, d'une part, la variable familiale, d'autre part, la variable
culturelle qui se réfère à «une manière d'habiter un espace et de partager les
valeurs communes sur la base d'une unité de condition» (cf. les analyses de
Richard Hoggart sur la culture ouvrière). Il s'agit d'un double décrochage au
terme duquel «la précarité économique est devenue dénuement, la fragilité
relationnelle isolement». La position sur les deux axes représente les deux
faces d'une même condition.
Ces deux axes permettent de définir quatre grandes zones selon le degré de
cohésion qu'elles assurent, qui va de l'autonomie à la dépendance, de la stabilité
à la turbulence :
- la zone d'intégration signifie que l'on dispose des garanties d'un travail
permanent et que l'on peut mobiliser des supports relationnels solides ;
- la zone de vulnérabilité associe précarité du travail et fragilité relationnelle ;
la zone de l'assistance s'en distingue dans la mesure ou l'aide apportée est déjà
synonyme d'un minimum d'intégration ;
- la zone de désaffiliation conjugue absence de travail et isolement social.
Cette classification des statuts par rapport à la cohésion sociale ne recoupe pas
exactement la stratification économique dans la mesure où un bon score sur un
axe peut compenser un mauvais score sur l'autre.
https://doi.org/10.3406/caf.1994.1668 https://www.persee.fr/doc/caf_1149-
1590_1994_num_38_1_1668
Olivier Gajac considère qu’ « À travers cette notion, Robert Castel nous
montre qu’il y a une homologie de positions entre les vagabonds des sociétés
préindustrielles, les prolétaires des sociétés de l’ère du capitalisme et les
précaires de nos sociétés libérales et que les désaffiliés sont à l’aboutissement
d’un processus dont l’origine est à rechercher au centre des sociétés. De cette
manière, la désaffiliation révèle une situation dans laquelle les individus se
trouvent écartés des réseaux producteurs de la richesse et de la reconnaissance
sociale… ».
Eléments de comparaisons
Danièle Debordeaux. Désaffiliation, disqualification, désinsertion
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Nous pouvons cherchez les lignes d’une comparaison éclairante entre les deux
concepts de disqualification sociale et de désaffiliation.
Pour Debordeaux et pour nous tous : « l'exclusion est un des problèmes les plus
préoccupants d'aujourd'hui… » (Debordeaux, 1994, p93).
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Castel conçois que « … La désaffiliation caractérise un processus de rupture
du lien social que vivent un certain nombre de personnes particulièrement
démunies. Cette notion se différencie donc de la paupérisation car elle ne se
réduit pas à la dimension économique de leur situation mais concerne également
le tissu relationnel dans lequel elles s'insèrent (ou plutôt ne s'insèrent pas)… ». »
(Debordeaux, 1994, p95).
Il s'agit d'un double décrochage au terme duquel «la précarité économique est
devenue dénuement, la fragilité relationnelle isolement» » (Debordeaux, 1994,
p95).
Pourtant ces personnes qui se voient victimes du système sociale vont élaborées
des rapports spécifiques avec les services de l’aide publique et avec les
travailleurs sociaux en construisant des repères identitaires qui leur permettent
de résister à la stigmatisation. Paugam s’est intéressé à : « l'analyse de la relation
entre ceux-ci et les travailleurs sociaux et montrer comment des individus
discrédités parviennent à résister au stigmate en essayant de retourner, au moins
partiellement et symboliquement, le sens de leur infériorité sociale et de leurs
échecs…». (Debordeaux, 1994, p95).
Debordeaux conclue son analyse par une juxtaposition de ces deux approches
qui ont traitées de l’exclusion comme une caractéristique des sociétés
modernes.
Comment peut-on mobiliser ces deux concepts dans l’analyse de la nature des
liens sociaux qu’entretiennent les jeunes algériens avec leur société ?
La réponse à la question posée dans le cours précédent se trouve dans cette étude
que le sociologue algérien Abdelkader Lakjaa, que nous avons perdus
récemment, à élaboré dans le cadre d’un projet de recherche en 2012.
Dans ce dernier cours, nous allons aborder les grandes lignes de cette étude,
dont l’article de synthèse est en accès libre sur Internet.
Lakjaa, A. (2014). Les jeunes en Algérie : un désordre sociétal porteur de nouveaux liens
sociaux. Spécificités, 1(1), 234-255. https://doi.org/10.3917/spec.006.0234
1- Présentation de l’étude :
- Cette étude est une enquête de terrain1 dans trois quartiers d’Oran : Sidi el
Houari, Les Planteurs et Ras el Aïn.
- Réalisée à la demande d’une association oranaise Santé Sidi el Houari et
de l’Unicef-Algérie,
- Conçue pour répertorier et analyser les facteurs, les contours et les formes
de manifestation de la vulnérabilité chez des adolescents et des jeunes des
quartiers réputés pour être défavorisés (en équipements et infrastructures),
populaires (sociologie des groupes sociaux y résidant) et stigmatisés (pour
l’insécurité et la violence).
- Réalisée par questionnaire, entretiens (individuels et collectifs) et
observations, entre avril et juin 2012, l’enquête a permis de rentrer
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directement en contact avec 851 jeunes de 13 à 19 ans. L’échantillonnage
a été réalisé à la lumière des données relatives aux trois quartiers et issues
du dernier recensement général de la population et de l’habitat (Rgph) de
2008.
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Bibliographie :
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pp. 93-100; doi : https://doi.org/10.3406/caf.1994.1668
https://www.persee.fr/doc/caf_1149-1590_1994_num_38_1_1668
http://ses.webclass.fr/notion/desaffiliation
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de la vulnérabilité à la désaffiliation’, Cahiers de recherche sociologique,
n°22 : 11-27.
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