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Ministère de l’Enseignement Supérieur

et de la Recherche Scientifique

LES REPRESENTATIONS SOCIALES


COURS DE PSYCHOSOLOGIE

Chargé du cours :
BERRIRI MED TAHER
Préparé par :
NESRINE TRABELSI
Etudiante en Master 1 MBA
nesrinetrabelsi94@gmail.com
Table des matières

LES REPRESENTATIONS SOCIALES

INTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………………2
1/ L’EVOLUTION DE LA PENSEE SUR LE CONCEPT DE LA REPRESENTATION
SOCIALE………………………………………………………………………………………………………………………5

2/ LES CONDITIONS D’EXISTENCE D’UNE REPRÉSENTATION SOCIALE…………..7

3/ CARACTERES DES REPRESENTATIONS SOCIALES………………………………………….9

4/ LES FONCTIONS DES REPRESENTATIONS SOCIALES……………………………………11

CONCLUSION……………………………………………………………………………………………………………13

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LES REPRESENTATIONS SOCIALES

INTRODUCTION

Le concept de représentation sociale, l'une des notions fondatrices de la


psychologie sociale, mais aussi de la sociologie de la connaissance, désigne une
forme de connaissance sociale, la pensée du sens commun, socialement élaborée
et partagée par les membres d'un même ensemble social ou culturel. C'est une
manière de penser et d'interpréter notre réalité quotidienne et de notre rapport
au monde.

Les représentations sociales sont donc à la base de notre vie psychique.


C'est à elles que nous faisons appel pour nous repérer dans notre
environnement. De fait, elles sont présentes, qu'il s'agisse des objets de la pensée
pure ou de la pensée socialisée. Les idées justes en relèvent tout autant que les
idées fausses.

Elles sont présentes dans la vie mentale quotidienne des individus aussi
bien que des groupes et sont constitutives de notre pensée comme produits de la
mentalité collective culturellement déterminée.

Les représentations sociales présentent une des propriétés irrationnelles.


De ce point de vue, on peut dire que les représentations sociales se place comme
mesure de toute chose, ce qui signifie qu'elles n'ont pas besoin de preuves pour
être. Cette facette est illustrée par les croyances religieuses.

Pour situer le concept de représentations sociales, de nombreux


scientifiques identifient l’opinion, l’attitude, la représentation et l’idéologie. Ce
découpage part du particulier au général, de l’individuel au collectif mais aussi du
plus récent au plus ancien, du plus fragile au plus stable. Partant, Denise Jodelet,
définit la représentation comme « une forme de connaissance, socialement
élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction
d’une réalité commune à un ensemble social ».

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Selon Moscovici, une représentation sociale comporte trois dimensions:
l’attitude, l'information et le champ de représentation.

Il considère les représentations sociales comme des interprétations


groupales du réel. Plus spécifiquement, il s’agit de processus cognitifs et conatifs
élaborés par les groupes sociaux en coaction et en interaction au sein de
multiples activités de communication et s’inscrivant également dans les
pratiques. Moscovici sera le premier à apporter une définition des
représentations sociales, qui sont selon lui des « univers d’opinions » socialement
élaborés par des personnes qui partagent des caractéristiques communes, plus
couramment appelés groupes sociaux.

La première piste à explorer pour comprendre le fonctionnement d’une


représentation sociale est son caractère duel qui, selon Moscovici, se compose de
la figure : la partie visible de la représentation, son aspect perceptif et le sens : sa
face cachée, sa symbolique. La représentation sociale possède ces deux faces,
signifiant/signifié qui deviennent très difficilement dissociables. Prenons un
exemple relatif à la COVID : Si certains affirment que le vaccin est efficace,
d’autres se proclament anti-vaccin et perçoivent la pratique comme un complot
pour réduire la population mondiale. L’objet perd sa neutralité, on ne peut
s’empêcher de lui attribuer une valence positive ou négative. Il est difficile de
parler de Covid sans émettre un commentaire, voire une prise de position, or cela
fait pourtant parti du sens et non de la figure de l’objet social.

La représentation sociale laisse penser à l’individu que le sens intègre les


dimensions figuratives de l’objet social alors que c’est une opinion qui
n’appartient pas à l’objet mais au groupe social. Par exemple, la représentation
sociale de l’homosexualité dans la culture occidentale, qui fut si longtemps
hégémonique, est porteuse de sens subjectifs différenciés pouvant être associés
à des normes et des valeurs morales d’origines diverses, telles que les positions
de l’Église, étant donné l’imaginaire encore actif d’une société patriarcale et
machiste

En outre, les représentations sociales, culturelles constituent un système


symbolique organisé et structuré. C’est un cadre d’interprétation et de
catégorisation qui sert d’ancrage pour donner un sens et diriger les conduites
humaines. Exemple les rôles sociaux des femmes et des hommes dans la société.
Les représentations sociales sont également des constructions mentales
déterminées par des structures à la fois psychiques et socio-culturelles. A titre
d’exemple: les représentations péjoratives des laïcs français à l’égard du port du

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voile islamique à l’école ou de la burqa en ville. Cette représentation est
quasiment devenue un stéréotype culturel négatif générateur de conflits
d’acculturation qui conduit à une interdiction par la loi afin d’harmoniser
représentation majoritaire et réalité sociale.

Aborder la question des représentations sociales présente un intérêt


pratique certain, en effet, la notion de représentation sociale permet de mieux
comprendre les individus et les groupes en analysant la façon dont ils se
représentent eux-mêmes, la manière dont ils perçoivent les autres et le monde.
Leurs analyses jouent un rôle essentiel pour l’étude du sens commun et celle des
relations sociales au sens large.

Il convient tout de même de préciser d’emblée que dans le cadre de cette


étude, l’accent sera mis particulièrement sur l’aspect théorique de la question,
notamment les contours de la notion.

Ainsi dans un souci de cohérence et de clarté, nous ferons tout d’abord un


inventaire chronologique de la genèse des représentations sociales (1). Nous
présenterons ensuite un état des lieux de la théorie des représentations sociales,
notamment les conditions d’existence des représentations sociales (2) ses
caractères (3) et ses fonctions.

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1/ L’EVOLUTION DE LA PENSEE SUR LE CONCEPT DE LA REPRESENTATION
SOCIALE : D’INDIVIDUELLE A COLLECTIVE ET DE COLLECTIVE A SOCIALE

Les représentations naissent et évoluent au gré des communications et


des activités sociales. Elles permettent aux individus de définir les objets sociaux
qui les entourent, ce qui par la suite facilite leur compréhension de
l’environnement social, mais également les communications avec autrui et les
pratiques sociales.

Il peut paraitre utopique d’imaginer des individus maitrisant les différentes


facettes des objets sociaux qu’ils se représentent. Ce n’est en réalité pas le cas.
Les individus ne sélectionnent que certains aspects de ces objets multiformes, à
travers les communications interindividuelles, les médias ou la pratique.

Georges Simmel a reconnu le rapport existant entre la séparation de


l'individu se situant à distance des autres et la nécessité de se les représenter. La
manière même dont on se les représente façonne l'action réciproque et les
cercles sociaux qu'ils forment ensemble. Simmel voit dans les idées ou les
représentations sociales une sorte d'opérateur qui permet de cristalliser les
actions réciproques entre une somme d'individus et de former l'unité supérieure
qu'est l'institution (parti politique, Église, etc.), donc de passer du niveau
moléculaire au niveau molaire.

Dans un sens différent, Max Weber fait des représentations un cadre de


référence et un vecteur de l'action des individus. Il décrit un savoir commun
ayant le pouvoir d'anticiper et de prescrire le comportement des individus, de le
programmer.

Mais le véritable inventeur du concept est Emile Durkheim, dans la mesure


où il en fixe les contours et lui reconnaît le droit d'expliquer les phénomènes les
plus variés dans la société. Il le définit par une double séparation. D'abord les
représentations collectives se séparent des représentations individuelles, comme
le concept des perceptions ou des images. Ces dernières, propres à chaque
individu, sont variables et emportées dans un flot ininterrompu. Le concept est
universel, hors du devenir et impersonnel. Ensuite les représentations
individuelles ont pour substrat la conscience de chacun et les représentations
collectives, la société dans sa totalité. Celles-ci ne sont donc pas le dénominateur
commun de celles-là, mais plutôt leur origine, correspondant « à la manière dont
cet être spécial qu'est la société pense les choses de son expérience propre »
(Durkheim, 1968, p. 621).

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On comprend qu'une telle représentation soit homogène et partagée par
tous les membres d'un groupe. Elle a pour fonction de préserver le lien entre eux,
de les préparer à penser et agir de manière uniforme. C'est pourquoi elle est
collective, et aussi parce qu'elle perdure à travers les générations et exerce sur
les individus, trait commun à tous les faits sociaux, une contrainte.

Chez Durkheim, la représentation désigne, en priorité, une vaste classe de


formes mentales (sciences, religions, mythes, espace, temps), d'opinions et de
savoirs sans distinction. Elle a une certaine fixité, s'agissant d'un concept, et une
objectivité, puisqu'elle est partagée et reproduite de manière collective. Voilà qui
lui donne le pouvoir de pénétrer dans chaque individu, comme du dehors, et de
s'imposer.

En général, Durkheim oppose les représentations collectives aux


représentations individuelles par un même critère, à savoir la stabilité de la
transmission et de la reproduction des unes, la variabilité, le caractère éphémère
des autres.

On pourrait tirer la conclusion que les représentations collectives sont


logiques et reflètent l'expérience du réel. Cependant, dans la mesure où elles
créent de l'idéal, elles s'éloignent du logique. Et une fois formées, elles acquièrent
une certaine autonomie, deviennent plus ou moins contraignantes, se combinent
et se transforment selon des règles qui leur seraient propres.

Dans l'optique de Durkheim, une fois l'opposition de l'individuel et du collectif


reconnue, les représentations collectives cèdent la place aux
représentations sociales. On voit aisément pourquoi. D'un côté, il fallait tenir
compte d'une certaine diversité d'origine, tant dans les individus que dans les
groupes. De l'autre côté, il était nécessaire de déplacer l'accent sur la
communication qui permet aux sentiments et aux individus de converger, de
sorte que quelque chose d'individuel peut devenir social, ou vice versa.

En reconnaissant que les représentations sont à la fois générées et


acquises, on leur enlève ce côté préétabli, statique, qu'elles avaient dans la vision
classique. Ce ne sont pas les substrats, mais les interactions qui comptent. D'où
la remarque parfaitement exacte que « ce qui permet de qualifier de sociales les
représentations, ce sont moins leurs supports individuels ou groupaux que le fait
qu'elles soient élaborées au cours de processus d'échanges et d'interactions »
(Codol, 1982, p. 2). C’est tellement vrai qu’au début de la pandémie de Covid-19
beaucoup ne croyait pas à l’existence de la maladie, considérant la théorie du
complot. Progressivement, la donne a changé, la croyance aussi par le
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truchement d’une réalité marquée par des millions d’hospitalisations et des
millions de décès.

En somme, la nécessité de faire de la représentation une passerelle entre


le monde individuel et le monde social, de l'associer ensuite à la perspective
d'une société qui change, motive la modification en question.

2/ LES CONDITIONS D’EXISTENCE D’UNE REPRÉSENTATION SOCIALE

Nous allons détailler dans cette partie les conditions nécessaires à la


fabrication d’une représentation sociale et le processus d’élaboration qui sont
mis en œuvre par la suite pour rendre la représentation acceptable de tous.

Ø La dispersion de l'information, la focalisation et la pression à l'inférence

Telles que présentées par Moscovici ont permis de poser les conditions
nécessaires à l’émergence d’une représentation sociale. Ce regret d'absence
d'éléments supplémentaires nécessaires à l'étude d'une représentation sociale
sera corroboré par Moliner (1993a), qui ajoutera cinq critères indispensables à
l'élaboration et à l'étude d'une représentation.

Ø L'objet doit être polymorphe

Si la littérature à ce sujet a montré qu’une quantité d'objets peuvent être


sujets à représentation, la caractéristique commune de ces derniers est leur
caractère polymorphe. En d’autres termes, les objets représentés doivent
présenter une multitude de facettes pour que les groupes puissent s’en
approprier certaines de manière subjective.

Ø Le groupe doit avoir des intérêts communs

Le groupe se définit comme « un ensemble d'individus communicant entre


eux régulièrement et situés en position d'interaction avec l'objet de
représentation » (Moliner, 1996, p.38). Les individus qui les composent doivent
partager les mêmes objectifs, intérêts, et finalités. Deux configurations sont
nécessaires, soit structurelle; dans ce cas l’objet est responsable de la genèse du
groupe, prenons par exemple le cas des opposants au barrage de Sivens, ou
conjoncturelle; le groupe est indépendant de l'objet mais va se retrouver
confronté à lui.

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Ø L’enjeu.

L'objet et le groupe étant strictement définis, il nous faut nous interroger sur
ce qui unit ces deux derniers. Il s’agit de l’enjeu que le groupe associe à l’objet. Le
groupe est une entité indivisible qui a sa propre conception des stimuli
environnants. Conserver cette conception assure au groupe son identité. L’enjeu
est nécessaire à sa cohésion sociale puisqu’elle renforce la consensualité au sein
du groupe. Selon Moliner, « dire [...] que l'objet de représentation a valeur
d'enjeu, c'est placer cet objet au centre d'une interaction sociale » (1996, p.44).
Cela crée donc une dynamique sociale.

Ø La dynamique sociale.

On entendra, par dynamique sociale, l'idée selon laquelle il existe différents


groupes sociaux en rapport direct ou indirect avec l'objet. C'est en cherchant à
s'accaparer l'objet social, à le définir et à se l'approprier que cela va engendrer,
entre autres, l'apparition de la représentation sociale.

Ø L'absence d’orthodoxie.

Un groupe orthodoxe est un ensemble d'individus régis par une instance qui
dicte leur conduite. Bien que l'on ne puisse pas « éliminer de la notion de
représentation sociale les références aux multiples processus individuels,
interindividuels, intergroupes et idéologiques » (Doise, 1982, p.89), un groupe ne
peut pas constituer de représentation sociale en présence d'un système
orthodoxe car cela constituerait alors un filtrage cognitif.

Telles sont les conditions énoncées par Moliner afin de permettre l'émergence
des représentations sociales. Si elles sont respectées, alors le groupe va pouvoir
façonner l’objet par l’objectivation et l’ancrage.

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3/ CARACTERES DES REPRESENTATIONS SOCIALES

Ø Les Représentations Sociales sont-elles Individuelles ou Collectives ?

Il peut paraitre répétitif, mais cet aspect abordé dans l’évolution de la notion
est abordé ici pour clarifier la dualité.

En 1898, Durkheim publie une théorie en réponse à James, qui affirmait


qu’une représentation n’était que l’activation d’un mécanisme résultant d’un
phénomène externe et d’un état physiologique pour ensuite disparaitre. C’est en
insistant sur le caractère permanent d’une représentation individuelle, que
Durkheim émet l’idée du caractère collectif d’une représentation.

Selon l’auteur, les représentations collectives ne sont pas une somme de


représentations individuelles «les représentations collectives sont extérieures
aux consciences individuelles, [...] elles ne dérivent pas des individus pris
isolément, mais de leur concours ; ce qui est bien différent. Sans doute dans
l'élaboration du résultat commun, chacun apporte sa quote-part; mais les
sentiments privés ne deviennent sociaux qu'en se combinant sous l'action des
forces sui generis que développe l'association; par suite de ces combinaisons et
des altérations mutuelles qui en résultent, ils deviennent autre chose »
(Durkheim, 1898, p.17).

En effet, chaque partie de la forme ne représente rien à elle seule, et


pourtant, si chacune des parties est reliée aux autres, cela finit par former un
ensemble homogène. Aussi, le tout est supérieur à la somme des parties, de
même que les représentations collectives sont supérieures à l’ensemble des
représentations individuelles.

La représentation collective permet de passer « d’un niveau moléculaire à un


niveau molaire» dit à ce propos Moscovici (1989, p.81). On voit le déplacement
des perspectives : ce ne sont plus les actes et les pensées atomiques qui doivent
retenir l'attention, mais l'ensemble des croyances et des idées ayant une
cohérence propre, dont témoigne leur survie. Lévy-Bruhl épouse cette
perspective, à l'opposé de celle qui domine alors en Angleterre et en Allemagne. Il
est impossible d'expliquer des faits sociaux en partant de la psychologie des
individus. De même il est impossible d'expliquer ces ensembles de croyances et
d'idées à partir de la pensée individuelle.

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En effet, si la représentation individuelle est propre à chaque membre du
corps social, pour les représentations collectives, c’est le corps social tout entier
qui s’exprime. Ainsi, le sociologue suppose l’existence d’une pensée collective
auquel chaque membre d’une société contribue, et qui va agir sans que les
individus en soient conscients.

Mais Moscovici (1961) va apporter quelques modifications au concept de


Durkheim. S’il existe bien des représentations collectives, elles ne peuvent pas
être totalement similaires dans chacun des groupes sociaux. Sinon comment
expliquer les divergences de représentations d’un groupe d’individus à un autre
au sein d’une même société ?

C’est sur la base de ce questionnement que Moscovici va étayer le concept de


représentations collectives et l’adapter aux sociétés occidentales en affinant les
représentations collectives en représentations sociales. Pour Moscovici, l’apport
de l’individu est plus déterminant sur le devenir de la représentation collective
que ne le considère Durkheim. D’où la variabilité de la nature de la
représentation collective d’un groupe social à l’autre.

Ø Les Représentations Sociales sont Dominantes ou Contraignantes :

L'individu subit la contrainte des représentations dominantes dans la société, et


c'est dans leur cadre qu'il pense ou exprime ses sentiments. Et ces
représentations diffèrent selon la société dans laquelle elles prennent naissance
et sont façonnées. Partant, chaque type de mentalité est distinct et correspond à
un type de société, aux institutions et aux pratiques qui lui sont propres.

Ø Les Représentations Sociales sont adaptatives

C’est Jean Claude Abric qui propose en 1976 la théorie du noyau central. Selon
ce modèle, une représentation sociale s'organise autour d'un noyau central,
composant fondamental qui détermine la signification et l'organisation de la
représentation. Ce noyau est consensuel et collectivement partagé. Il se
caractérise par une cohérence, une stabilité qui lui permet de résister aux
changements. D’autres d’éléments sont dits «périphériques» parce qu’ils sont
plus instables et moins prégnants dans la représentation et s’organisent autour
du noyau central. Schématiquement, on a :

- d’un côté : le système central qui est le fruit des déterminismes historiques,
symboliques et sociaux et qui structure les pensées relatives à l'objet ;

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- d’un autre côté : le système périphérique, en prise avec les contingences
quotidiennes, qui permet, dans une certaine mesure, l'adaptation de la
représentation à des contextes sociaux variés. Flament utilise la métaphore du
"pare-chocs" pour expliquer que le système périphérique absorbe les conflits
entre la représentation et la réalité. Il y a adaptation du système périphérique, en
vertu d'un principe d'économie et en cohérence avec le noyau central.

4/ LES FONCTIONS DES REPRESENTATIONS SOCIALES

Les représentations sociales jouent un rôle important dans l'institution


d'une réalité consensuelle, dans l'intégration de la nouveauté et l'orientation des
conduites. Elle forge l’identité des individus dans le champ social et leurs
interactions. Elles jouent plusieurs fonctions déclinées ci-dessous.

ü Des fonctions cognitives :

Les représentations sociales permettent aux individus d'intégrer des


données nouvelles à leurs cadres de pensée, c'est ce que Moscovici a mis en
évidence à propos de la psychanalyse. Ces connaissances ou ces idées neuves
sont diffusées plus particulièrement par certaines catégories sociales : les
journalistes, les politiques, les médecins, les formateurs etc. Elles vont permettre,
de par leurs contenus, à la fois de comprendre et d’expliquer la réalité. Ces
savoirs « naïfs » vont permettre la communication et les échanges sociaux

ü Des fonctions d'interprétation et de construction de la réalité :

Elles sont une manière de penser et d'interpréter le monde et la vie


quotidienne.
Les valeurs et le contexte dans lequel elles s'élaborent ont une incidence sur la
construction de la réalité. Il existe toujours une part de création individuelle ou
collective dans les représentations. C'est pourquoi elles ne sont pas figées à
jamais, même si elles évoluent lentement.

ü Des fonctions d'orientation des conduites et des comportements

Dans la vie sociale les représentations interviennent comme une grille de


lecture et de décodage de la réalité permettant l'interprétation de la situation
dans un sens préétabli, grâce à un système de catégorisation cohérent et stable.

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Initiatrices des conduites, elles permettent leur justification par rapport aux
normes sociales, et leur intégration.

Les représentations sociales sont porteuses de sens, elles créent du lien ; en


cela elles ont une fonction sociale. Elles aident les gens à communiquer, à se
diriger dans leur environnement et à agir. Elles engendrent donc des attitudes,
des opinions et des comportements.

Elle a aussi, un aspect prescriptif. Dans ce sens, elle définit ce qui est licite,
tolérable ou inacceptable, ce qui est vrai ou faux, dans un contexte social
donné.par exemple, la société intègre que « VOLER » et « MENTIR » c’est mauvais
et que « AIDER » et « DIRE LA VERITE » c’est bien.

ü Des fonctions identitaires :

Les représentations ont aussi pour fonction de situer les individus et les
groupes dans le champ social...(elles permettent) l'élaboration d'une identité
sociale et personnelle gratifiante, c'est-à-dire compatible avec des systèmes de
normes et de valeurs socialement et historiquement déterminés.

Les représentations sociales servent à définir l’ identité sociale de chaque


individu et ainsi préserve la spécificité des groupes sociaux. Cette fonction va
intervenir dans les processus de socialisation ou de comparaison sociale

Jodelet parle d'affiliation sociale : " Partager une idée, un langage, c'est aussi
affirmer un lien social et une identité.

ü Des fonctions de justification des pratiques :

Elles nous semblent très liées aux fonctions précédentes. Elles concernent
particulièrement les relations entre groupes et les représentations que chaque
groupe va se faire de l'autre groupe, justifiant a posteriori des prises de position
et des comportements.
Selon Abric, il s'agit d'un " nouveau rôle des représentations : celui du
maintien ou du renforcement de la position sociale du groupe concerné.

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CONCLUSION

Les représentations sociales façonnent les relations interindividuelles,


collectives et déterminent l’évolution de nos mentalités. Elles en arrivent à
dominer nos pensées intimes, nos choix de vis au quotidien, en ce qu’elles
gardent une stabilité qui transcende le temps court. Elles s’imposent dans le
champ social.

Mais qu’en est-il de l’apport des mentalités nouvelles, celles qui n’ont pas
encore été façonnées, celles venues d’autres horizons avec ses propres
stéréotypes, celles des étrangers ? Cet apport serait-il considéré comme
périphérique et donc en mesure de déclencher le mécanisme d’adaptation du
noyau central ?

Il s’agit, ici, de s’interroger sur l’interaction qui va se produire au sein du


corps social, du devenir des représentations sociales quand elles rencontrent des
éléments nouveaux à phagocyter, des émotions aux processus symboliques
provenant de la condition ethnique, de genre, de classe sociale, des productions
subjectives issues de pratiques culturelles, religieuses différentes, des individus
du corps social rencontré. Donnerait-il lieu à de nouvelles représentations
sociales étant donné que les émotions sont inséparables de toute production
subjective humaine et, en ce sens, elles sont constitutives des représentations
sociales ?.

Autrement dit, il s’agit d’amorcer l’intégration du thème de la subjectivité,


dans une perspective historique culturelle, à l’étude des représentations sociales
et au rôle du sujet (individu) dans la configuration et le développement des
représentations sociales.

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Références :

https://www.psychologie-sociale.com/index.php/fr/theories/normes/20-les-
representations-sociales

https://www.cairn.info/la-pensee-sociale--9782130497776-page-63.html

https://www.toupie.org/Dictionnaire/Representation_sociale.html

https://journals.openedition.org/osp/1770?fbclid=IwAR3ykSsxY_eogumDoTP
ZeCR_aMXoGuXCUGen-qKLbiShfHIk8ZBq-40lGlc&lang=fr

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