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LES TRADITIONS SOCIOLOGIQUES CM 1 13/09/21

Quelles sont les grilles de lecture produites par la sociologie pour analyser le monde
social ?
-Comment les individus s'approprient ils la norme ?
-Comment et pourquoi ils intègrent un ensemble de règles sociales ?

C'est une grille de lecture théorique où le monde social ne se présente pas de manière transparente pour
le sociologue. Pour analyser le monde sociale le sociologue va revêtir des « lunettes », il n'y a pas qu'une
seule sorte de lunettes donc il n'y a pas qu'une seule sorte de grilles de lectures.
En fonction de la grille de lecture retenue , de la manière dont on va construire notre objet sociologique,
et bien on ne sera pas attentif à la même réalité d'un même phénomène.La manière dont une institution
va produire des choses sera différenciés.
Si on prends un problème public on peut regarder ce problème de différentes manières :
-intérieur : la violence urbaine, dans quelles mesures ces phénomènes ont augmenter, les personnes
concernées ou pas, son évolution
-extérieur : ce n'est pas la même réalité, plus attentif à la manière dont il apparaît dans l’espace public,
comment il est saisie, consacré ; si politisé qu'est-ce qui disparaît.

La sociologie ne se contredit pas, mais elle contient des phénomènes multiples, on va donc devoir choisir.

On va prendre une entrée qui est celle de la norme social.

Comment des individus s'approprient-ils la norme sociale ? Qu'est ce qui se passe quand on ne les
respecte pas ? Quelle sanction pour ceux qui s'y opposent ?

LES TRADITIONS SOCIOLOGIQUES RETENUS

- Les sociologies qui mettent l'accent sur l'intégration sociale.


– Les sociologies individualistes qui mettent l'accent sur les stratégies individuelles déployées par les
acteurs dans leur vie sociale. Comment des individus dans leur action quotidiennes ont recours à
leur stratégie individualistes.
– Les sociologies constructivistes qui mettent l'accent sur la manière dont les individus s'inscrivent
dans un monde social construit qu'ils contribuent à travailler. S'intégrer dans un monde déjà
construit.
– Les sociologies de l'identité sociale qui mettent l'accent sur les multiples expériences contradictoires
que vivent les individus (Goffman). Selon les situations on endosse certaines rôles parfois
contradictoires les uns par rapport aux autres en fonction des périodes de notre vie.
PLAN DE COURS
I. Les fondateurs (fin XIXè – début XXè siècle)

Section 1. Durkheim et l’intériorisation des normes sociales


Introduction :
- Un contexte politique et scientifique
- L’institutionnalisation d’un travail collectif

I) Une sociologie déterministe

A). Le passage des sociétés traditionnelles aux sociétés industrielles : la


division du travail
B). La socialisation : l’importance de l’école

II) La crise de la cohésion sociale

A). Le risque d’anomie : l’exemple du suicide

a) un objet et une méthode : l’analyse scientifique des faits sociaux


b) les différents types de suicide

B). Les formes de déviance

III) Un travail Durkheimien contemporain : Les accidents de


la route
I. Les fondateurs (fin XIXè – début XXè siècle)
Section 1 : Durkheim et l'intériorisation des normes sociales

Introduction:

Dès son émergence la sociologie a été confronté à la question de l'ordre sociale et à la manière
dont il était intégré par les individus.
Comment se fait-il que des individus respecte les règles. Comment se fait-il que dans la rue les
individus ne s'agressent pas les uns les autres pour prendre les bien d'autrui ? Que se passe-t-il dans
notre tête entre le moment où l'on voit quelque chose sur quelqu’un et le moment où on lui saute
dessus ? La police, rien, des témoins... Pourquoi surpris, agacé ou amusé quand on voit deux
personnes sans masque ?

Selon quelles modalités les individus intériorisent-ils et respectent-ils l'ordre sociale ?


Cela renvoie à la question de la manière d'être dans la société ou de la manière de se comporter
dans un groupe social structuré. Ça renvoie à la question du maintient de l'ordre social.

Définition : Un ordre sociale est une structure stable impliquant une hiérarchie entre les individus. Il
correspond à une certaine cohérence entre les structures sociales et les structures mentales (ou
catégories de perception de cet ordre social). Cette cohérence est remise en question pendant les
périodes révolutionnaires. Un ordre social est caractérisé par des hiérarchies, des rapport de force
entre les acteurs et les groupes , un ensemble d'institutions. Lebaron

Une norme est un comportement et/ou une pratique auxquelles un individu est tenu de se comporter
et qui sert donc de référence. Il existe des normes plus ou moins locales (par exemple les normes
propres à une famille ou un groupe d'amis) ou globales (les normes religieuses ou juridiques). Le
baron

Les sociologues vont se concentrer sur le processus de socialisation. Les individus respectent les
normes car ils ont été socialisés.
Les ratés du processus de socialisation donc les déviances → Comment expliquer la manière dont
certains individus ne respectent pas les normes sociales ?
Introduction Durkheim

Un contexte politique et scientifique propice à l'émergence de nouvelles réflexions :

-Le développement d'une économie de marché au 19ème siècle, la disparition des relations sociales
traductionnelles et l'essor d'un prolétariat urbain → Pour Durkheim : comment assurer le « lien
social » ? On se demande comment assurer la cohésion de la société alors que certains groupes
d'individus sont mis à la marge (paupériser).
-L'importance que les républicains accordent à l'Université
-L’émergence de nouvelles disciplines universitaires (géographie, psychologie, l'histoire sociale... et
reconfiguration de l'université pour produire de nouvelles réformes)
-Le prestige du groupe Durkheimien ; formées de normaliens et d’agréés qui ont la même vision
scientifique. Mais ils ne sont pas les seuls à se poser des questions, dans l'ère du temps, les théories
socialistes se développent également en même tant que Karl Marx et largement diffusées.

Il y a une théorie qui émerge : les théories socialistes.


Elles se développent autour de ces questions.

Pour Durkheim ce n'est pas le conflit sociale qui va structurer la société. Pour lui c'est la plus ou
moins grande consistance du lien sociale qui va être structurante. Toute son œuvre se focalise sur ce
qu'on appelle l'intégration de la société. Quelle est la meilleure façon d'assurer le lien social ? Il
n'est pas le seul à se saisir de ces questions.

L’institutionnalisation d’un travail collectif :

La grande réussite de Durkheim a été de produire un groupe de travail autour de lui qui vont
participer à construire la sociologie.
En 1896, Durkheim va en effet se lancer dans la création d'une nouvelle revue « l'année
sociologique ». Article sur la sociologie morale, criminelle... Avec la constitution d’un collectif de
recherche au moment de l’émergence de la sociologie à l’université (dimension stratégique). La
sociologie sort de l'amateurisme, édictes des règles, et devient scientifique. Marcel Mauss, François
Signant...
Il était le père de famille de la sociologie, il avait une famille autour de lui. Ça devient un enjeu
politique car ça permet d'avoir des informations statistiques sur la population.
I) Une sociologie déterministe
A) Le passage des sociétés trad aux sociétés industrielle : solidarité
organique et solidarité mécanique.

Dans ces recherches de doctorat : De la division du travail sociale paru en 1893, Durkheim
s'interrogent sur le passage d'une société traditionnelle à une société industrielle. Il est inquiet de la
société qui l'entoure.
Elle constitue la première œuvre de sociologie scientifique avec une démonstration rigoureuse puis
avec une seconde œuvre « Le suicide ».

Cette œuvre vise à établir une loi d'évolution des sociétés et à établir un processus de
transformation des modes de solidarité sociale.
Et pour repérer ces transformations de la société il va prendre un indicateur qui est le droit. Pour lui
le droit c'est un moyen de saisir les évolutions qui vont concerner ce qui l'occupent, c'est la
solidarité sociale.

Définition : La solidarité sociale est un phénomène tout moral, qui, par lui-même, ne se prête pas à
l'observation exacte ni, à la mesure. Pour procéder tant à cette classification qu'à cette comparaison,
il faut donc substituer au fait interne qui nous échappe un fait extérieur qui le symbolise et étudier le
premier à travers le second. Ce symbole visible, c'est le droit.
C'est un lien social invisible qui relie les individus et qui fait société.

A partir de cet indicateur il va analyser et regarder l'évolution des différentes sortes de droits, les
classer et les comparer. Et regarder les différentes sortes de solidarités sociales qui correspondent à
ces évolutions.

Il constate que les individus sont de plus en plus différenciés, autrement dit que les consciences
individuelles s'autonomisent de plus en plus ou de façon croissante. Il constate aussi une montée de
l'individualisme.

Il va être amené à se pencher sur les thèses qui existent, celles des économistes, comme Adam
Smith (1 siècle plus tôt) ou des thèses psychologiques de ses contemporains comme celles du
psychologue G. Tarde.
Ces différentes thèses proposent des explications individualistes, elles ont le même regard que lui
qui dit qu'il y a une autonomisation des individus.
Des explications individualistes veut dire que cette autonomisation est expliquée par les individus
eux-mêmes. L'autonomisation des individus à pour cause que les individus y trouvent un intérêt.

C'est une source d'enrichissement globale pour ces auteurs (Smith & Tarde), les individus vont
chercher le bonheur individuellement en se différenciant les uns des autres. Pourquoi il y a une
division du travail ? → Parce que les individus y trouvent un intérêt.
Durkheim n'est pas convaincu par ces explications individualisantes parce que pour lui la société
n'est pas le résultat des actions des individus qui vont chercher leur intérêt personnel.
Pour lui, l'autonomisation et la division du travail ne peuvent être rechercher que dans le social,
c'est-à-dire dans une transformation globale de la société qui va toucher l'individu au plus profond
de lui-même dans son rapport au monde.

Ces explications reposent sur un processus social. C'est un processus par lequel les individus se
différencient de plus en plus en même temps que progresse la division du travail et ceux dans toutes
les sphères de la vie sociale (économie, administration, justice, science...).
Dans une société qui va être de plus en pus spécialisée les individus vont se spécialiser entre eux,
se différencier de plus en plus, et cela va les rendre interdépendant, les uns par rapport aux autres.

→ C'est le PROCESSUS D'INDIVIDUATION

Définition: Le processus d'individuation est l’émergence de conscience individuelle et le désir pour


les individus de se singulariser de leur semblable. Il entraîne des transformations entre les individus.

Durkheim n'est pas le seul à parler de cela, Carl Jung en parle aussi.

Jung le définit comme : La prise de conscience qu'on est distinct et différent des autres, et l'idée
qu'on est soi-même une personne entière, indivisible. L'individuation est tâche de la maturité.
C'est un processus intérieur.

Alors que Durkheim dit : À mesure que les sociétés deviennent plus vastes et surtout plus
condensées, une vie psychique d’un genre nouveau apparaît […] les personnalités particulières se
constituent, prennent conscience d’elles-mêmes, et cependant cet accroissement de la vie psychique
de l’individu n’affaiblit pas celle de la société, mais ne fait que la transformer.
C'est un processus intérieur mais aussi sociale, extérieur.
Les transformations de la société ont conduits à une division du travail, le fait que les individus soit
de plus en plus autonome les uns par rapport aux autres dans leur profession. Et dans un même
temps ont aboutis à l'envie des individus de se singulariser intérieurement.

Ces transformations de la société n'empêche pas la cohésion sociale.

L’émergence des consciences individuelles est imbriquée aux transformations de la société. Il y a


une corrélation entre un phénomène sociale et un phénomène psychique.

Définition de corrélation en sociologie : Ils parlent souvent de corrélation entre deux variables s’ils
constatent que la distribution de certaines variables ne se fait pas par hasard, c’est-à-dire si les
valeurs de l’une dépendent des valeurs de l’autre.
Il va y avoir une distinction entre :

La solidarité mécanique =
Elle caractérise les sociétés dites primitives ou traditionnelles où les individus sont marqués par
leur similitude, leur ressemblance.
La solidarité mécanique résulte de la proximité. Les individus vivent ensemble dans la
communauté, le poids du groupe est très important (la famille, le travail) ils partagent donc des
valeurs communes très fortes, la conscience collective est élevée.
Son indicateur le droit, nous dit que le droit répressive (aujourd'hui pénal) est prédominant. Aucun
écart à la norme n'est toléré car en remettant en question la conscience collective c'est la cohésion
sociale dans son ensemble qui est remise en question.
Dans ces sociétés, les individus sont peu spécialisé. Il y a une faible division du travail.

La solidarité organique =
Elle prévaut dans les sociétés dites modernes où l'individualisme est plus important et tant à faire
disparaître la conscience collective. Dans ces sociétés la différenciation des activités l'emportent sur
leur ressemblance, similitude. Dans ces sociétés il y a une forte division du travail et les individus
sont fortement différenciés les uns par rapport aux autres.
Le droit restitutif (aujourd'hui civil), la réparation l'emporte sur la répression.
La cohésion sociale est produite par la complémentarité des fonctions sociales.
Au fond, la solidarité mécanique correspond à l'évolution des sociétés, qui deviennent de plus en
plus grandes, il y a une complexification des relation sociales. Il y a toujours un lien sociale présent
mais produit par la complémentarité des positions, mais malgré tout il peut être plus fragile. Parce
que ça produit de la fragmentation.

La division du travail est source de cohésion sociale et elle différencie les individus, car ils sont
rendu complémentaire les uns par rapport aux autres. Ils sont contraints de vivre les uns avec les
autres de part leur complémentarité, c'est parce que cette division du travail est morale. Autrement
dit, elle va contraindre les individus à vivre les uns avec les autres. Si des individus font société, s’il
existe du lien social, on le doit surtout à un facteur moral et social (et non à une somme d’intérêts
individuels)

La morale ici est entendu dans un sens large, comme un ensemble de règles qui préside aux
relations des individus. L’existence de la division du travail tient à un caractère morale parce qu'au
fond les individus sont tenus moralement de se plier à certaines exigences, règles.

Durkheim envisage la morale comme l’ensemble des « règles qui président aux relations des
hommes formant une société ».
B) La socialisation : l'importance de l'école

La question de la socialisation est abordé par Durkheim dans « L'évolution pédagogique en


France », 1938. Cette œuvre n'est pas considéré comme fondamental chez Durkheim, mais c'est
dans ce livre qu'il pose les bases de l'éducation. La question de l'éducation est centrale dans son
œuvre. Durkheim veut travailler sur les institutions sociales dans l'école.

Il va définir l'école par sa fonction de socialisation qui pour lui est indissociable du contexte socio-
politique qu'est le sien. Pour lui, la mission d'école c'est le renforcement de l'ordre républicain.
L’éducation est au centre d’un programme d’étude sur les institutions sociales, au même titre que la
famille, la religion, le droit et l’État.

L'éducation pédagogique en France a été édité post-mortum mais le contenue de son livre à
d'abord fait l'objet d'un cours qu'il a donnée depuis 1903 pour les futurs prof. Son livre est une
véritable sociologie historique de l’enseignement secondaire. On pensait que c'était une histoire des
doctrines sociologiques.

Il va étudier pour chaque période historique (MA, Renaissance, 17ème siècle...) les rapports qui
existe entre les structures sociales, les formes d'organisation du savoir et des idéaux pédagogiques.
L'école n'est pas juste le reflet des structures sociales, c'est une institution. Donc en tant
qu’institution elle a une histoire propre, elle ne va pas être le seul reflet de la société. Elle va
produire des choses spécifiques, ses propres règles, ses normes pédagogiques... Durkheim dit que
c'est en prenant en compte son histoire propre, créée, construite, fabriqué que l'on peut comprendre
les institution sociales d’aujourd’hui. Il faut revenir à la manière dont elle a été crée, à sa genèse.
C'est la perspectif génétique.

« Le présent dans lequel on nous invite à nous enfermer, le présent n’est rien en lui-même ; ce
n’est que le prolongement du passé dont il ne peut être séparé sans perdre en grande partie sa
signification »

Pour comprendre tout le phénomène sociale il faut passer par l'historisation, un moyen
d'appréhender l'institution scolaire.
Le passage par l'histoire est une démarche nécessaire car « cet homme du passé, nous ne le sentons
pas, parce qu'il est invétéré en nous. Il forme la partie inconsciente de nos-mêmes ».

La socialisation : en sociologie, la socialisation désigne le mouvement par lequel la société façonne


les individus vivant en son sein. En partant des individus, la socialisation se définit comme le
processus par lequel un être biologique est transformé en un être sociale propre à une société
déterminée » Bernard Lahire

Le rôle de l'éducation, selon Durkheim focalise sur deux institutions : la famille et l'école.

L'éducation est une socialisation méthodique de la jeune génération, toutefois selon lui, dans la
société actuelle qui est la sienne, l'institution clé de la socialisation c'est l'école et moins la famille.
Parce que pour lui dans les familles, au moment où il parle, il trouve qu'elles sont menacées par le
divorce et l'individualisme elle est est relativement fragilisé par rapport à celle qui est l'école. Mais
l'instance primaire est la famille.

Il va l'envisager comme une inculcation morale des parents envers les enfants. Pour lui, l'école va
être fondé sur un esprit de discipline, de l'attachement aux groupes sociaux et l'autonomie de la
volonté, c'est la fonction de l'éducation.
Durkheim nous parle de fonction de l'éducation : « chaque société, considérée à un moment
déterminée de son développement, à un système d'éducation qui s'impose aux individus. »
En tant qu'institution sociale spécifique avec des idéaux pédagogiques l'école va agir, s'imposer
aux individus. Il nous dit aussi que chaque société se fixe un certain idéale de l'Homme, de ce qu'il
doit être du point de vue intellectuel, physique et morale. Cette idéale c'est le principe même de
l'éducation .
L’institution scolaire du point de vue socio-pédagogique va produire une certaine représentation de
ce que doit être l'homme le citoyen et cela va avoir des effets sur le type de savoir inculqué. A
chaque période on a une représentation idéal de l'homme.

Pour lui l'éducation , la socialisation vise à perpétuer l'homogénéité sociale en fixant dans l’âme de
l'enfant des « dispositions fondamentales qu'exigent la vie collective ». Cette socialisation permet
l’acquisition d’une certaine attitude de l’âme dans un certain habitus de notre être moral.

Cet idéal de l'homme est historiquement situé. Par l'éducation, l'être biologique se mue en un être
sociale.

Nous arrivons donc à la formule suivante. L’éducation est l’action exercée par les générations
adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de
développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament
de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement
destiné...Il résulte de la définition qui précède que l’éducation consiste en une socialisation
méthodique de la jeune génération. » (Éducation et sociologie, p. 51).

Cette socialisation méthodique qu'est l’éducation, correspond au besoin pour toute société de
s'assurer les bases de ses « conditions d’existence » et de sa pérennité. Elle s'opère dès la naissance
au sein des familles mais c'est à la l'école qu'elle est imposé, c'est le lieu centrale de la cohésion
sociale. C'est là qu'est transmis les valeurs sociales qui vont être retraduites dans l'équipe de savoir.

Le processus de socialisation consiste donc en l’inscription de la norme dans la conscience


individuelle afin que les individus (Durkheim parle d’agents sociaux) en viennent à adopter le
comportement requis par la société pour maintenir un état de cohésion sociale.
Individuation et socialisation vont ensemble.
Une uniformité aussi universelle et aussi absolue est radicalement impossible ; car le milieu
physique immédiat dans lequel chacun de nous est placé, les antécédents héréditaires, les influences
sociales dont nous dépendons varient d’un individu à l’autre et par suite, diversifient les
consciences.
II. La crise de la cohésion sociale
La diversification des consciences individuelles, conséquences du processus de division du travail
social, peut produire un affaiblissement de l'emprise des normes sociales. Ce phénomène peut
aboutir à une remise en question des formes de solidarité dans la société.

La division du travail se pose de problème d'intégration, ça ne veut pas dire qu'il ne seront plus lié
ni qu'il n'y aura plus de solidarité. Pour autant, la diversification des consciences individuelles, qui
est produite par la division du travail peut produire un affaiblissement des normes sociales, de
l'emprise des normes sociales. Cette diversification peut quand même parfois aboutir à se problème,
de délitement de l'intégration, du lien sociale.
Pour décrire l'effet de basculement de l’affaiblissement des normes sociales, Durkheim utilise le
concept d'anomie.
L'anomie vient du grec (a-nomos) : c'est la situation dans laquelle se trouve les individus lorsque
les règles sociales qui guident leurs conduites et leurs aspirations perdent leur efficacité, sont
incompatibles entres elles ou lorsque, minées par les changement sociaux, elles doivent céder la
place à d'autres. Durkheim a montré que l'affaiblissement des règles imposées par la société aux
individus a pour conséquences d'augmenter l'insatisfaction.

Autrement dit l'individu qui n'est plus protéger par un ensemble de règles socialisatrice qui le
contraint et le protège est renvoyé à lui-même. Et cette situation n'est pas synonyme de liberté ou de
bonheur. Pour lui quand il n'y a plus ses règles il n'est plus protégé et contraint, il perds sa raison
d'être.

Durkheim pour comprendre ce phénomène d'anomie va décider se s’interroger sur un objet


spécifique. Pour analyser cette anomie il va analyser plusieurs objets et dans son œuvre on retrouve
plusieurs objets qui traite de ce sujet.
1. Le premier phénomène est le suicide, dedans Durkheim va mettre en œuvre des principes
méthodologiques propre à la sociologie. Il veut poser les fondements de cette science
nouvelle qu'est la sociologie.
2. Et le second, les formes de déviances.

Le suicide publié en 1897 et C. Baudelot et R. Establet, Durkheim et le suicide, Paris, PUF, 1984.
A) Le suicide

Le suicide est un objet fondateur en sociologie : « ce mal de l’infini, que l’anomie apporte partout
avec elle » .
C'est avec cette étude que Durkheim veut montrer par l'exemple comment on étudie un fait sociale
en utilisant une méthodologie qu'il a mise en œuvre dans son livre précédent « Les règles de la
méthode sociologique ».
Il se pose la question suivante : Comment étudier sociologiquement un fait social selon la méthode
définie dans les Règles de la méthode sociologique?

Durkheim, au delà du suicide, de la criminalité, et de la disparation des famille, pense et explique


que la sociologie pour exister doit avoir un objet qui lui est propre. Or pour Durkheim l'objet qui lui
est propre est : le fait social.

Un fait social s’agit toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une
contrainte extérieure ; ou bien encore qui est générale dans l’étendue d’une société donnée, tout en
ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles.
Seul les faits sociaux sont des objets de la sociologie.

Les faits sociaux ont 3 critères:


• Extériorité : ils ne sont pas explicables par la psychologie des individus. Pour expliquer un
phénomène on ne va pas avoir recours au ressources intérieur de la personne, on va avoir
recours à des explications extérieur, sociales.
• Généralité : ils ne vont pas être spécifiques à un individu mais vont se retrouver chez plusieurs
individus qui vont connaître les mêmes contraintes
• Contrainte : nous incorporons le monde social (va avec l’extériorité). Ce monde sociale rentre
en nous et cela a des effets sur nos pratiques, nos représentations. La contrainte sociale en
sociologie est une limitation forcée du champ des possibles pour un acteur social, pour
un individu. Cette contrainte n’est pas nécessairement consciente.

Chez Durkheim : « De ce que les croyances et les pratiques sociales nous pénètrent ainsi du
dehors, il ne suit pas que nous les recevions passivement. En intégrant les institutions collectives,
en les assimilant, nous les individualisons, nous leur donnons plus ou moins notre marque
personnelle ».

« Tout ce qu’implique [la notion de contrainte sociale], c’est que les manières collectives d’agir ou
de penser ont une réalité en dehors des individus qui, à chaque moment du temps, s’y conforment.
Ce sont des choses qui ont leur existence propre. L’individu les trouve toutes formées et il ne peut
pas faire qu’elles ne soient pas ou qu’elles soient autrement qu’elles ne sont ; il est bien obligé d’en
tenir compte et il lui est d’autant plus difficile (nous ne disons pas impossible) de les modifier que,
à des degrés divers, elles participent de la suprématie matérielle et morale que la société a sur
ses membres.

Pour Durkheim, l’individu est en toute circonstance précédé par la société qui imprègne ses
manières de percevoir le monde qui l’entoure
La contrainte sociale n’est pas complètement claire dans l’œuvre. C'est à la fois des sanctions (des
peines prévues par les lois), mais aussi des lois morales intériorisées, sous la forme d’institutions
qui s’imposent à nous de l’intérieure de Durkheim En même tant qu'elles nous contraignent de
l'extérieur nous les aimons, on se les approprie.
COMMENT ÉTUDIER SOCIOLOGIQUEMENT UN FAIT SOCIAL SELON LA
MÉTHODE DÉFINIE DANS LES RÈGLES DE LA MÉTHODE SOCIOLOGIQUE?

Les faits sociaux ont des propriétés comme des phénomènes de la nature, et bien comme pour les
sciences de la nature on va étudier les faits sociaux.
Il faut considérer les faits sociaux comme des choses, ils ont des propriétés empiriques identifiables
et que, soumis comme le reste de la nature au principe du déterminisme, ils sont soumis à des lois.

Les traiter comme des choses c'est considéré qu'il y a des éléments, des données, observable de
l’extérieur qu'il va s'agir de décrire avec des indicateurs objectifs.
C'est-à-dire qu'il faut aussi renoncer à ce que Durkheim appelle les prénotions, ce voile qui
s'interpose entre nous et les choses. On va construire un vocabulaire spécifique.

Pour définir le problème sociologique on appelle suicide tout cas de mort qui résulte directement
ou indirectement d’un acte positif ou négatif accompli par la victime elle-même et qu’elle savait
produire ce résultat. Ces données observables de l’extérieur sont décrite à partir
d’indicateurs objectifs : il va consacrer ici l’usage de la statistique. Pour Bourdieu tout manière
d'aborder un objet signifie d'abord de construire notre objet, le définir.

Pour travailler le suicide, il va consacrer l'usage de la statistique.

Le suicide est un phénomène social « normal » (qui se produit dans la moyenne, des sociétés de
cette espèce), les taux de suicide évoluent relativement peu. C'est un phénomène régulier que l'on
retrouve au sein de chaque société.

Si chaque suicide individuel est imprévisible, l’addition de ces suicides et le calcul d’un taux met
en évidence la stabilité du nombre de suicides. Il y a plus de suicides le jour que la nuit, plus l’été
que l’hiver, plus au début de la semaine qu’à la fin, plus quand on est protestant que catholique ou
juif. On a une mise en relation des taux de suicides avec l’âge, le sexe, le statut matrimonial, le lieu
de résidence.

Quelque soit le statut matrimonial, le lieu de résidence le sexe, le suicide croit avec l’âge.
• Les hommes sont plus concernés que les femmes
• Le suicide est plus fréquent à paris qu’en province
• Le mariage protège du suicide (plus les hommes que les femmes):

C’est la famille, comme micro société comprenant des parents et des enfants, qui protège du
suicide […] plus que la vie de couple entre les conjoints.

Cet effet tient à « l’intensité des sentiments collectifs qui caractérise les familles nombreuses, et
l’effet de ces sentiments collectifs sur les consciences individuelles : c’est l’effet de l’intégration du
groupe familial sur l’individu qui le protège du suicide en le protégeant de l’égoïsme ».

Les facteurs important qui protègent du suicide :

Le suicide varie de façon inverse à l'intégration de la société.


Quand la société est fortement intégré elle va maintenir les individus sous sa dépendance, elle va les
intégrer les éloigner du suicide. C'est le première facteur : l'intégration.

Le second facteur est la régulation. C'est la capacité des sociétés à fournir des règles que les
individus doivent suivre et leur fournissent des règles.
On a 4 types de suicides :
• Le suicide fataliste, régulation social excessive.
• Le suicide altruiste, il provient d'une intégration sociale excessive (ex : militaire)
• Le suicide égoïste, c'est la conséquence d'une trop faible intégration social. L'individu est
renvoyé à lui-même, il n'est plus rattaché à la société.
• Le suicide anomique, il caractérise l'affaiblissement des normes sociales sur l'individu. Il y
a un changement sociale qui est en train de se passer et qui passe à un affaiblissement des
normes. Les phases de postérité économique entraîne une augmentation des taux de suicide
car les attentes des individus sont surdimensionné.

Définition qu'il en donne :


Du haut en bas de l’échelle sociale, les convoitises sont soulevées sans qu’elles sachent où
se poser définitivement. Rien ne saurait les calmer, puisque le but où elles tendent est
infiniment au-delà de tout ce qu’elles peuvent atteindre. Le réel parait sans valeur au prix de
ce qu’entrevoient comme possibles les imaginations enfiévrées […] Dès lors que le
moindre revers survienne et l’on est sans force pour le supporter

B) La déviance comme révélateur des risques d'anomie.


Les déviances sont phénomènes sociaux où des agents sociaux sont conduits à ne pas respecter les
normes conduisant au non-respect des normes sociales formulés par la société. Les phénomènes
sociaux qui ne sont pas par essence « anormaux » ou « pathologiques ».

Un fait social est normal pour un type social déterminé, considéré à une phase donnée de
son développement, quand il se produit dans la moyenne des sociétés de cette espèce, considérées à
la phase correspondante de leur évolution. Il prends du recul sur le type normal.

Le type normal se confond avec le type moyen. Chaque société est amené à définir ce qui est
normal ou pathologique. Chaque société va être amené à dire ce qui est normal ou pathologique
mais pour le faire il va falloir mesuré ces phénomènes statistiquement (temps, évolution, taux...).
Un crime est un phénomène social ordinaire qui est définit par la réprobation sociale envers ces
phénomènes. Il ne saurait exister de société sans crime, puisque les sentiments collectifs ne peuvent
pas être identiques au sein d’une communauté donnée. La nature du crime varie en fonction de
l’état de la société : il n’y a pas une définition universelle du crime, puisque les sentiments collectifs
connaissent des évolutions importantes au cours du temps.
Le crime peut s’avérer utile pour la société : le crime est l’occasion pour la société de réaffirmer les
sentiments collectifs et la cohésion sociale. A fortiori, ils permettent parfois une certaine évolution
de la société.
Sur la période considérer il va noté qu'il y a une transformation des types de crimes produits et qu'il
y a une diminution des des homicides et une augmentation quand à l'atteinte aux biens. Pour lui il
met en relation l'évolution du phénomène avec l'évolution de la société. L'évolution des sociétés va
aboutir à des délinquances, des déviances. C'est l'individualisation qui produit ceci.

Selon Durkheim, la transformation des types de déviances est :


« Aussi la diminution des homicides ne vient pas de ce que le respect de la personne humaine
contient comme un frein les mobiles homicides mais de ce les mobiles et les excitants sont moins
nombreux et moins intenses. Et ces excitants, ce sont les sentiments collectifs qui nous attachent à
des objets étrangers à l’humanité et à l’individu, c’est-à-dire qui nous attachent à des objets à des
groupes ou à des choses qui symbolisent ces groupes »
III ) Un travail Durkheimien contemporain : Les
accidents de la route
Matthieu Grossetête a travaillé sur les accidents de la route, et en 1972 première sécurité routière.
Par ailleurs, entre 1972 et aujourd'hui on constate une diminution des accidents de la route mais
depuis 2014 il y a une augmentation (environ 3%). Donc pour expliquer le phénomène de mortalité
routière les pouvoirs publics vont incriminer la conduite des individus (respectez les limitations de
vitesses, ne pas boire...).
Grossetête a travaillé sur les accidents de la route en regardant les statistiques principalement, et en
allant aux procès... En quoi son travail est Durkheimien ?
Face à ce problème on va mobiliser une méthodologie scientifique pour essayer de l'objectiver par
les statistiques. En prenant en compte les accidents de la route comme des faits sociales il va
montrer que les accidents de la route ne sont pas vraiment accidentelle, c'est-à-dire que si l'on
reprend la logique durkheimienne, ces accidents de la route vont obéir à des régularités statistiques
et vont demeurer le résultat prévisible de détermination sociale. Et ceux indépendament de leur
caractère individuel.

13% de la population concerne les ouvriers qui comptent eux dans plus de 22% des personnes
décédés. Si on isole le groupe des cadres sup, chef d'entreprises et professions libérales, qui sont
10% de la population, ils ne concercent eux que 2,9% des décès.
Depuis 40 ans les pouvoirs publics se concentrent sur la mortalité des jeunes. Or selon mathieu l'âge
ne change pas la question des différences sociales. 38% des accidentés morts avaient moins de
30ans, on monte à 50% pour la classe ouvrière. Donc les morts sont bien plus souvents jeunes

Mais les ouvriers se tuent eux-mêmes, donc ils sont en danger plus qu'ils sont dangereux. De plus,
il constate une sur-représentation des catégories favorisés dans les Tribunaux Généraux Instance
mais une sous-représentation des moins aisées. Pourquoi ? Parce que les cadres survivent (voitures
plus haute gamme, plus robuste, plus entretenu), ont un ABS et ne meurent pas.
Les cadres supérieurs se retrouvent dans les accidents impliquant des tiers alors que les ouvriers se
tuent tout seuls comme des grands.
Aussi dans les tribunaux, les cadres sup ont une certaine clémence : lorqu'il y a un cout humain et
des circonstancs aggravantes équivalentes, les ouvriers prennent plus cher avec des jugements
négatifs. Les ouvriers écopent des jugements négatifs presque 2x plus souvent (59% pour les
ouvriers vs 30% pour les cadres).

Les accidents de la route s'expliquent aussi par les conditions de vie des classes populaires et plus
généralement par la ségrégation sociale dans l'espace public. Cela doit être mis en relation avec
l'étalement urbain : embourgeoisement des centres-villes aboutissant à une relégation des classes
populaires en dehors des villes. Notamment dans les campagnes, dans les zones pré-urbianes, soit
loin des bassins d'emplois (ont + d'accidents sur leur lieu de travail, routes secondaires qui sont +
dangereuses).

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