La sociologie et la sociologie du sport

I. La naissance de la sociologie et la sociologie du sport

La sociologie : comprendre le fonctionnement des sociétés, pour l’améliorer ?

« Nous estimerions que nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne
devaient avoir qu’un intérêt spéculatif. Si nous séparons avec soin les problèmes théoriques
des problèmes pratiques, ce n’est pas pour négliger ces derniers : c’est, au contraire, pour
mieux les résoudre. »
Emile Durkheim (1858-1917), fondateur de la sociologie en France

1. Contexte d’émergence et caractéristique de la sociologie

La sociologie est une des branches des « sciences sociales » qui font partie des
« sciences humaines ».

Elle est issue de la sociologie sociale.

La nouvelle discipline que constitue la sociologie apparaît en lien avec l’apparition de la

société industrielle moderne, qui se constitue dans le courant du XIXème siècle et est à
l’origine de nombreux phénomènes de société.

Trois très importantes transformations sociales (centrales dans la naissance de la

sociologie) se produisent en effet à cette époque :
- L'enracinement progressif de la démocratie en France et la naissance de l’Etat
républicain
- La révolution industrielle
- La révolution scientifique

L’enracinement de la démocratie en France et la naissance de l’Etat républicain

La période est marquée par de très importants conflits idéologiques entre conservateurs,
libéraux, révolutionnaires…

La république correspond à l'époque à un régime nouveau.

La sociologie participe par ses réflexions théoriques à l’apparition de cette identité politique
moderne (cf fondation d’une morale républicaine), elle a pour objectif de comprendre la
société pour mieux la gouverner

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La révolution industrielle

La révolution puis l’apparition au XXeme siècle du Taylorisme et du Fordisme : Des

changements culturels profonds.

Apparition de réflexions :
- Sur les conditions de travail au sein des entreprises
↪ Sociologie du travail
- Sur les conséquences du développement industriel et de l’urbanisation (exode rural)
↪ études sur les conditions de vie souvent misérables des nouvelles populations
urbaines.

La révolution scientifique

Développement de la physique, de la chimie et de la biologie moderne

Diffusion dans la société d’une nouvelle culture cartésienne, rationaliste et positiviste.

Diminution de l’influence de la philosophie et de la religion comme modèle d’approche de la

réalité sociale, au profit de l’approche scientifique de la sociologie.

Dans ce nouveau contexte la sociologie va se développer

La sociologie : étude de tout ce qui se rapporte à la vie en société (influence de la société

sur l’individu, comportement des individus en société…)

Deux types d’approches principales en sociologie :

- Celles des grands théoriciens (Marx, Durkheim, Weber, Simmel puis Parsons,
Bourdieu, Boudon, Crozier au XXème siècle…)
- Les approches sectorielles (parmi lesquelles la sociologie du sport)

Chaque domaine élabore ses propres théories, terminologie (notions et concepts) et

méthode pour parler de son objet.

Mais les sociologues spécialisés s’inscrivent plus ou moins explicitement dans les débats
qui structurent la sociologie générale.

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Les pères fondateurs de la sociologie un héritage théorique toujours vivant

Karl Marx (1818-1883) (matérialisme historique, lutte des classes…)

Max Weber (1864-1920) (sociologie compréhensive, idéaltype)

Emile Durkheim (1858-1917) (holisme, définition du “fait social”)

Une approche holiste du social est plus que la somme des partis qui composent ce tout.
Avant d'être des individus autonomes qui ont une identité propre et individuelle, il faut
aborder les individus comme des êtres sociaux.

nous ne sommes pas des individus autonome, nous sommes très influencé par la société
Le fait social est le fait qu’il est extérieur au conscience individuelle et qu’il exerce une
contrainte sur les consciences individuelles. Elles sont produites de l’autorité morale de la
société.
ex : Ne pas venir faire cours ou ne pas venir en cours en maillot de bain.
Il y a bien des règles que la société nous impose. Une norme sociale s’impose à nous.

L’objectif de Durkheim est de théoriser les règles de fonctionnement de la société dans une
démarche scientifique très cartésienne.

Georg Simmel (intérêt pour les petites interactions sociales, réflexion sur l'amélioration de la
qualité des décisions politique)

Il avait un intérêt pour les petites réflexions sociales.

ex : mode, art, echanges de rue, les visites médicales (comment on s’adresse à son
médecin et inversement etc)
Il va s'intéresser a des choses qui paresse des petits détails mais qui pour lui définisse notre
appartenance à la société.

Simmel est donc un précurseur des interactionnisme american

Il s'intéressait beaucoup au changement social et à la politique, il s'intéressait à la

démocratie participative comme outil pour améliorer la qualité des décisions politiques, pour
limiter les effets néfastes de la bureaucratie…

→ Les clivages entre ces pères fondateurs sont toujours structurants pour la discipline
aujourd'hui, en sociologie générale comme dans le cas de la sociologie du sport.

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2. La sociologie du sport : développement tardif

La constitution de la sociologie du sport est beaucoup plus tardive que celle de la sociologie
générale.

Dans la première moitié du XXe siècle, les approches du sport privilégient l’aspect moral,
philosophique, médicale ou pédagogique (ex : sociologue : Montherlant
pédagogue : Tissier et Hebert.
Des idéologues : coubertin
calua et…

Dans les années 1950-1960, premiers signes d’institutionnalisation d’une sociologie du

sport :
- Magnane (“sociology of sport”, 1964) Meynaud (“sport et politique”, 1966), Bouet
(“Signification du sport” 1968), Création de l’international committee for the sociology
of sport
- Lien avec plusieurs changements sociaux majeurs à l'époque dans tous les pays
développés : augmentation du niveau de vie, généralisation des congés payés,
construction d’installations sportives ou de loisirs touristiques.
- Rôle de l’etat marque en frange de le dev de la pratique sportive

Mais une certaine réticence est perceptible face à la constitution de réflexions sociologiques
sur le sport : l'idéologie sportive s’oppose à la production de recherches sociologiques.

Les premières approches empiriques et théoriques du sport viennent contredire cette

idéologie :
- enquête INSEE de 1967 on constate qu’on est pas tous égaux face au sport, le sport
est un phénomène de riche à cette époque. Le sport est soumis à un ensemble de
déterminations sociales.
- Travaux critiques dans la mouvance de mai 1968
- Brohm considère le sport comme un appareil idéologique servant au contrôle des
masses dominées.

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Le développement de la sociologie du sport à partir des années 1980

- Les premiers travaux sociologiques ou socio-historiques de P. Bourdieu (il va fonder une

nouvelle sociologie de la culture (la manière de manger, de se loger etc) et le sport dans
cette perspective la lui est intéressante). Il joue un rôle crucial dans la sociologie du sport
même s' il n'était pas sociologie du sport.

→ Bourdieu, en fondant une nouvelle sociologie de la culture, dont le sport fait partie
(sociologie de la culture dite “au sens large”), va jouer un rôle crucial dans ce
développement.

- Quelques événements marquants :

- a partir de 1975 : Structuration progressive de la filière STAPS
- 1978 : Option sociologue pour le diplôme de l’INSEP
- 1981 : Publication de « Sport et société », sous la direction de C. Pociello
- 1981 : Parlebas, « Contribution à un lexique commenté en sciences de l’action
motrice »
- 1983 : Création de la « Société française de la société du sport »

A partir des années 1990, ouverture des recherches avec le développement

d’approches plus thématiques et spécifiques que dans la période précédente.

- Développement de travaux relevant de la sociologie du sport au sein des grands

organismes de recherche publics (INSEE, CREDOC, CNRS) et privés (dans une optique
plus managériale ou de marketing…)

- Développement d’une sociologie des organisations sportives (Gasparini, Pichot, Chifflet)

- Analyse de la culture et des techniques sportives par Vigarello, des processus d’innovation
et de changement (Midol), développement de la socio-économie du sport (Michon), de
l’analyse des logiques qui sous tendent la consommation de biens sportifs (Ohl)...

- Analyse de la professionnalisation des organisations sportives, du travail des sportifs

professionnels (Fleuriel et…)

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II. La sociologie : une discipline plurielle
Dès les origines de la sociologie tout le monde n’est pas d’accord sur la manière de faire de
la sociologie. La science n’est pas une science unifié
Les clivages qui sont plutôt de manière théorique
les clivages qui sont plutôt de manière méthodologique
1. Des clivages théoriques
Objectivisme / Holisme
Les sociologues objectivistes cherchent à
établir des régularités objectives, c'est-à-
dire des lois, des systèmes de relations…
indépendantes des consciences et des
volontés individuelles.
-> Les comportements individuels sont
considérés comme le produit des structures
sociales.
-> Holisme méthodologique : le “tout” social
et culturel n’est pas de même nature que
les éléments qui le composent (individus,
groupes restreints).
Exemple Durkheim, Marx.
Matérialisme
Pour les matérialistes, les réalités
matérielles (la place dans les “rapports de
production chez Marx) induisent les
comportements, les attitudes et les valeurs
des individus. La pensée est conçue
comme produit du monde réel
exemples :
Marx
- “l'être social des hommes détermine leur
conscience”
- déterminisme de l'économie
(l'infrastructure) sur le système des
institutions et les idéologies (la
superstructure)
Bourdieu : les goûts sportifs
Subjectivisme / individualisme
(méthodologique)
Les sociologues subjectivistes pensent que
le social est incompréhensible si on ne
s’attache pas à comprendre les logiques
d'action des individus.
-> L’individu n'est pas que le produit des
structures : il n’est pas possible d'étudier un
fait social sans la prise en compte du sujet
agissant, de la signification qu’il donne à
l'action.
-> Individualisme méthodologique : les
phénomènes sociaux sont conçus comme
le produit des actions individuelles.
exemple : Weber, Simmel, Boudon
Idéalisme
Pour les idéalistes, le monde des idées
existe et a sa propre réalité . La pensée, les
représentations que les individus se
construisent pour agir permettent
d’expliquer les phénomènes sociaux.
Exemple : Weber
- on doit tenir compte des sentiments, des
valeurs, des représentations du monde et
des systèmes religieux pour comprendre le
fonctionnement des sociétés.
- Exemple 1 : la rationalité en valeur (agire
en fonction de la valeurs et de principes
éthiques auxquels on adhère)
- exemple 2 : le rôle d’une éthique
religieuse protestante dans le
développement du capitalisme
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 approche macrosociologique approche microsociologique

Approche qui privilégie l’étude d’institutions Approge

ou de structures sociales de grande taille
(groupes, classes, société globale) X.VOIR DIAPO.X

méthodes quantitatives souvent privilégiées

Exemple Durkheim, Marx

La sociologie comme étude de la stabilité la sociologue comme étude du changement

de la société social

figure de la reproduction centrale Intérêt pour les mécanismes explicatifs du

changement
jeu de domination éternelle : derrière une
apparence de changement se cache la identification de ruptures
reproduction du même
exemple : Marx, Durkheim, Weber, Simmel
exemple : Bourdieu

2. Des clivages méthodologiques

Aujourd'hui, depuis quelques décennies. Faire de la sociologie c’est faire des enquêtes (des
observations).

- Malgré les clivages théoriques, point commun entre (presque) tous les sociologues
aujourd'hui : l’analyse sociologique d’un phénomène doit s’appuyer sur l’analyse de données
empiriques.

- La constitution de ces « corpus », guidée par des problématiques de recherche, peut être
réalisée au travers d'enquêtes quantitatives ou qualitatives.

Les enquêtes sociologiques quantitatives

- produisent des données standardisées (c'est-à- dire des infos dont la nature et les
modalités de codage sont strictement identiques d’un individu ou d'une situation à l'autre).

- Collecte :
- Généralement par questionnaire auprès d’un échantillon représentatif…
- …mais d’autres sources sont possibles.

- Analyse de ces données : méthodes statistiques -> Informations chiffrées -> Identification
de faits (régularisées, liens entre variables) et d’explications possibles.

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Deux grands types de données quantitatives :
- Les données “transversales”
- Les données “longitudinales” (beaucoup plus intéressante car elle permettent de voir
une évolution),

Pour obtenir ces dernières en sociologie :

- Pour obtenir des données longitudinales -> Il faut avoir des enquêtes transversales
et les reproduire à intervalle régulier. (légèrement modifier les méthodologies pour
qu’on puisse faire une comparaison).
- Pour obtenir des données transversales -> constitution de panels, on choisit un
échantillon choisi le plus intéressant dans une population donnée. Puis on interroge
ces personnes au fil du temps. (défaut = Les êtres humains sont mortels donc les
panels diminuent au fil du temps).

Les enquêtes sociologiques qualitatives

Se distinguent des enquêtes quantitatives par

- Leur focalisation sur un nombre réduit de ce cas
- L’attention accordée à une analyse en profondeur des processus et du sens que les
acteurs attribuent aux situations.

- Méthodes : entretien, observation directe, collecte documentaire, parfois utilisés dans le

cadre d’une enquête ethnographique.

Toutes ces méthodes peuvent être utilisées séparément ou combinées

(entretien+observation etc)

Qu’est ce qu’un entretien ?

- plus ou moins directif.
Directif = quelque chose qui ressemble à un questionnaire (terme anglais =
interview), cela permet de comparer discours par discours avec d’autres personnes
ayant passé un entretien.
Semi Directif = le questionné est libre dans l’ordre dans lequel il va répondre aux
questions puis on le laisse faire des digression (sans hors sujets) + grille d’entretien
qui n’est pas un questionnaire. On se laisse surprendre par le questionné en le
cadrant quand même.
Semi directif = entretien le plus utilisé. car le directif n’est pas forcément plus utile
qu’un questionnaire.

- individuel ou collectif
L’entretien sociologique classique est un entretien individuel et semi directif.
La parole est plus libre dans l’entretien individuel.
Dans certains cas, les entretiens collectifs sont intéressants car ils peuvent montrer
certains désaccords ou discussions entre les questionnés.

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Qu’est ce que l'observation directe ?
- Suppose des formes plus ou moins intenses de participation du sociologue à la
situation.
- Question de la perturbation induite par l’observation.

Exemple:
Pour faire de l’observation participante il faut s’inscrire en tant que participant dans le club
de sport ou en tant que STAPS devenir stagiaire en tant qu’entraineur.
Mais si on est entraîneur on aura plus le point de vue des entraîneurs et en tant que joueur
on aura plus le point de vue des joueurs. Il faut donc réfléchir en amont a ce qu’on désire
comme “réponses”

L’ethnographie :
- Méthode d'enquête développée au sein de l’anthropologie culturelle ou ethnologie,
mais dont se réclament également les sociologues (école de Chicago)
- Quelques traits caractéristiques :
- Le séjour prolongé dans la communauté étudiée (observation participante);
- La focalisation sur les activités quotidiennes;
- L'intérêt pour le sens que les acteurs attribuent à leur action;
- La production de comptes-rendus sur les phénomènes observés;
- Une présentation des interprétations mariant volontairement narration,
description et conceptualisation théorique.
- Exemple : Travaux sur la boxe de L. Wacquant

On peut bien sûr combiner ces méthodes les unes aux autres qu’elles soient qualitatives ou
quantitatives. (Qualiquanti)

Pour plus de détails voir le TD sur le Moodle.

FIn du Chapitre