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Histoire du dopage

Thierry ARNAL
STAPS Valenciennes
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Histoire du dopage

Le dopage est un fait social qui va bien au-delà de l’espace du sport. Il est
omniprésent dans la société. Le recours à la cocaïne, aux amphétamines, aux
stimulants divers ou aux antidépresseurs ne sont pas rares chez les écrivains, les
militaires, les managers, les cosmonautes et même chez les étudiants. Chez tous, et
en particulier chez le sportif, il révèle les exigences d’une société concurrentielle
qui érige le dépassement de soi en valeur essentielle. Il n’est d’ailleurs réellement
condamné que dans le sport parce que ce dernier a été fondé sur plusieurs mythes :
pureté de l’effort, égalité des chances, incertitude des résultats, activité saine et
naturelle.
Longtemps accepté ou tenu sous silence, le dopage dans le sport, que nous
pourrions définir comme une aide artificielle à la performance, fait désormais
l’objet d’un profond désaveux, moral, politiques et médiatique. Malgré cela, le
dopage s’est fortement étendu durant les années 1990, passant d’une pratique
artisanale à une pratique organisée. La conversion du sport à l’économie de marché,
l’arrivé d’argent privé, l’évolution de la pharmacologie, mais aussi l’arrivée
d’internet, ont contribué à accentuer le phénomène. Il existe désormais une
économie du dopage mondialisée avec des pays producteurs, des laboratoires de
fabrication des produits et des consommateurs.
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Selon Milon de Crotone, (6ème siècle avant


JC), au cours des jeux antiques, les athlètes auraient
cherché à améliorer leurs performances en
augmentant leurs forces physiques grâce à la
consommation de grandes quantités de viande. Ainsi,
les sauteurs mangeaient de la viande de chèvre en
raison des aptitudes au saut de cet animal. Les
lanceurs préféraient la viande de bœuf, animal
reconnu pour sa force. Ces pratiques étaient interdites
et sanctionnées.

Milon de Crotone
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Mais, c’est surtout à la fin du 19e siècle, vers 1890, que des
pratiques s’apparentant au dopage moderne apparaissent. Ce que l’on
appelle alors Doping est notamment en usage dans les courses de
chevaux ; rapidement la pratique s’étend aux cyclistes qui doivent
accomplir des efforts longs et solitaires : les produits utilisés sont la
cocaïne et la strychnine. Par exemple, l’Américain Thomas Hicks
consomme de la strychnine et de l’alcool lors de sa victoire au
marathon des JO de 1904 à Saint-Louis (il vivra tout de même jusqu’à
76 ans). C’est son entraineur qui la lui fournit. voici ce qu’il déclare :
« A 7 miles (environ 11 km) du stade, Hicks fut victime d’une grave
défaillance. je décidai alors de lui injecter un milligramme de sulfate
de strychnine et de lui faire boire une large rasade de cognac français.
Il repartit tant bien que mal et il fallut avoir recours à une seconde
injection à 4 miles (environ 6,5 km) du but, pour que Hicks reprenne
un semblant de rythme de course et termine son parcours ».
Thomas Hicks Inutile de dire que Hicks arriva sur le stade dans un état lamentable.
Mais cela ne choqua personne. Voici ce que rapporte le rapport
officiel : « Le marathon a démontré, du point de vue médical, que les
drogues peuvent être très utiles aux athlètes en cours d’épreuve ».
A titre de comparaison, Spiridon Louis, le vainqueur du marathon des
JO d’Athènes avait bu un verre de vin aux 30 km.
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Plus rarement, à l’époque,


sont utilisées l’héroïne ou la morphine.
C’est d’ailleurs cette dernière qui
semble être à l’origine du premier
décès d’un sportif pour cause de
dopage : celui du cycliste gallois
Arthur Linton, alors âgé de 29 ans, en
1896. A l’époque, cependant, le
doping n’est pas vraiment incriminé et
l’on évoque surtout le surmenage
auquel seraient confrontés les sportif
engagés dans des épreuves
d’endurance.

Arthur Linton
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Les Frères Pélissier
Ces pratique ne sont alors
pas vraiment caché. En 1924, lors de
tour de France, le journaliste Albert
Londe recueille le témoigne des Frères
Pélissier .
Au début du XXe siècle,
l’alcool fait aussi partie de la panoplie
des produits dopants. En 1920, à
Anvers (JO) l’entraineur américain fait
boire à ses athlète une mixture
composée d’un mélange de sherry et
d’œufs durs.
Un autre produit, appelé
Trinine, est utilisé par les nageurs
japonais lors des JO de 1932 à Los
Angeles. Ils remportent toutes les
courses sauf une alors que les nageurs
américains sont favoris. Les soupçons
se portent sur leur entraineur qui est
également un brillant chimiste.
Francis et Henri Pélissier, vélodrome Buffalo, 1924
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Plus répandues, les amphétamines arrivent


dans l’espace des sport à partir de 1936. L’éphédrine,
notamment, découverte en 1895 ou la benzédrine,
synthétisée en 1927. Il est possible qu’elle aient été
utilisées dès les JO de Berlin en 1936 mais c’est après la
seconde guerre mondiale, que leur usage se généralise.
Très en vogue, pendant la guerre, chez les pilote de la
Royal Air Force elles se propagent dans le milieu de
l’Alpinisme. Elles réduisent la souffrance et stimulent le
Charly Gaul
psychisme de ceux qui tentent de gravir les sommets
himalayens de plus de 8000 mètres. Elles sont
également très prisées du peloton cycliste. En 1959, les
douaniers interceptent, quelques jours avant le départ du
Tour, un lot d’amphétamines destinées à Charly Gaul,
vainqueur de l’épreuve en 1958. En 1960, l’Italien
Gastone Nencini, qui gagne le Tour, recevait chaque
jours des perfusion de Cortisone (il avait déjà gagné le
Giro en 1957 et meurt à 50 ans).

Gastone Nencini
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Plus connue encore, l’histoire de Tom


Simpson, qui succombe, en 1967, lors de l’ascension du
mont Ventoux d’une crise cardiaque provoquée par
l’absorption d’amphétamines et d’excitants.

Les amphétamines feront encore de


nombreuses victimes. En 1970,Yves Mottin, un cycliste
de 23 ans et retrouvé mort dans son lit deux jours après
avoir remporté une épreuve de cyclo-cross.

Tom Simpson
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Plus répandus et efficaces, les stéroïdes anabolisants qui sont à l’origine du scandale
Ben Johnson, le sprinter canadien, lors de JO de Séoul en 1988. Les anabolisants sont
découvertes entre 1869 et 1889 par le grand physiologiste français Edouard Brown-Séquard.
Il va s’injecter, ainsi qu’à 3 hommes en mauvaise condition physique, des broyats de
testicules de chien et de cochon d’inde. Il constate alors un gain de force et de vitalité. Mais, il
faut attendre les années 1920 pour que ces expériences soient reprises.
En 1935, une substance appelée testostérone est extraite de testicules de taureaux.
rapidement synthétisée, la substance est utilisée dès 1942 sur un trotteur.
La testostérone est ensuite utilisée par les haltérophiles russes lors des jeux de 1952.
Mais les cures peuvent avoir des effets secondaires indésirables et elle sera en partie
remplacée , en 1958, par les stéroïdes anabolisants.

L’usage des anabolisants, qui développent la


masse musculaire, est très répandu chez les lanceurs et
chez les haltérophiles. Mais également dans d’autres
sports. En 2004, l’ancien champion de tennis John Mc
Enroe déclare avoir pris des produits, habituellement
destinés aux chevaux, durant six ans, au cours de sa
carrière.
Ben Johnson – Séoul - 1988
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Dans les années 1980, l’abus d’anabolisants continue à


faire des victimes. Parmi elles l’heptathlonienne Allemande (de
l’Ouest) Birgit Dressel. Elle meurt en 1987 suite à une usage intensif
de substance dopantes. La responsabilité des médecins qui la suivent
est alors invoquée. On lui aurait prescrit, en 6 ans, plus de 400
injections d’anabolisants.
La participation de certains médecins au dopage des
athlètes est une réalité qui s’organise selon deux modalités :
- Soit ils exercent dans une structure officielle au sein de
laquelle ils ont pour mission de préparer les athlètes
« biologiquement ».
- Soit ils agissent à titre privé et proposent à des
patients sportifs des programmes personnalisés de dopage.
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Pour les sports majeurs aux Etats Unis, (base-ball, BB, Football américain), de véritables
laboratoires fabriquent ces produits en grande série. Parfois, les Etats sont complices du dopage
de leurs athlètes. En RDA, par exemple, l’Etat a mis en place un système de dopage systématique
des sportifs à partir des années 1970. Jusqu’à l’effondrement du Mur de Berlin, en 1989, on
estime ainsi que dix milles athlètes ont été dopés, notamment en athlétisme et en natation : de
1968 à 1988, la RDA remporte ainsi 153 titres olympiques (seules les USA font mieux sur la
période. Les soviétiques aussi sont connu pour avoir instauré un dopage d’Etat. En 1988, à Séoul,
ils installent un laboratoire secret afin de vérifier, avant les compétitions, si leurs athlètes
pouvaient subir les contrôles sans être démasqués.
Cependant, dans la plupart des cas, l’utilisation de ces produits dopants par les sportifs est
empirique. Et souvent excessive. Par exemple, les cyclistes peuvent absorber un flacon de
Flower, une boisson à base d’arsenic, par jour, alors qu’il est prescrit à raison de 2 à 15 goutte
aux malades.
Les années 1960 sont celle d’une augmentation des conduites dopantes. Certaines
substances disparaissent : la strychnine, l’arsenic, mais d’autres comme la morphine continuent à
être utilisées, notamment lors du Tour de France. Les années 60, sont aussi celles de l’apparition
de nouveaux produits et d’une spécialisation des produits consommés. Apparaissent ainsi les
diurétiques et autres produits masquants, les anxiolytiques, les antidépresseurs et les béta
bloquants. Parmi ces derniers, le Propanol sera utilisé pour améliorer leur concentration et
diminuer leur temps de réaction visuelle, diminuer l’anxiété ou ralentir la fréquence cardiaque.
Les bétabloquants sont notamment utilisés dans des sports aussi divers que le tir au pistolet ou à
la carabine, le saut à ski, le bowling. les tireurs à l’arc l’utilisent lors des Jo de 1984 à Los
Angeles.
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Les corticoïdes, également, continuent à être largement
utilisés. Des grands champions, comme Eddy Mercx ont été
soupçonné d’y recourir . d’autres comme Jacques Anquetil ou
Bernard Thévenet reconnaissent en avoir consommé au cours
de leur carrière. Thévenet en prend pendant 3 ans mais cela
provoque sa chute et met fin prématurément à sa carrière. Les
haltérophiles aussi, prennent ce produit , souvent encouragés
ou obligés par leur entraineur.
Enfin, quoique confidentiel, l’usage de l’hormone de
croissance se généralise dans les années 1980. Puis, au milieu
des années 1990 apparait l’EPO qui se généralisera dans le
peloton (, 99% des cyclistes professionnels prendraient de
l’EPO à la fin des années 1990) cycliste et sera à l’origine de
l’affaire Festina, lors du Tour de France 1998. Marco Pantani,
vainqueur cette année là, meurt en 2004, semble-t-il d’un
overdose. Les années 1990 et 2000 sont d’ailleurs des années
noires pour le cyclisme. Ce dopage, plus scientifique que par
le passé, a, notamment une figure : celle du docteur Michele
Ferrari bien connu pour établir des protocoles
d’administration de produits aux champions cyclistes parmi
lesquels Lance Amstrong, Mario Cippolini ou Laurent
Jalabert. Il y a aussi le scandale Cofidis. La firme, au début
des années 2000, via une société écran basée au Luxembourg,
alimentait une caisse noire destinée à l’achat de produits
dopants.
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Le cyclisme n’est pas le seul sport touché. En 1998, 281 médicaments différents sont
retrouvés dans les vestiaires de la Juventus de Turin ; Plusieurs joueurs dont Zinedine Zidane
ont avoué avoir pris certains de ces médicaments.
Tous les sports sont touchés.
Selon le docteur américain Robert Kerr, spécialiste de médecine sportive, 90% des
sprinters de l’élite mondiale auraient recours au dopage.
Selon un rapport de l’association d’endocrinologues cliniciens américains de 2004,
60% de l’hormone de croissance vendue aux états Unis le serait à des fins illégales et
principalement destinée aux athlètes : sur les 65.000 américains qui en consomment
seulement 10.000 ont une justification thérapeutique.
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Il n’est pas facile de lutter contre le dopage. D’abord parce


que certains sportifs peuvent estimer avoir intérêt à se doper. Si
un athlète ne redoute pas d’être pris et sanctionné, s’il n’a pas
peur des éventuelles conséquences sur sa santé et s’il à le
sentiment de ne pas vraiment tricher, alors il va lui être difficile
de résister au dopage car celui-ci peut lui faire gagner beaucoup
d’argent.
Pour un cycliste professionnel, par exemple, un
investissement annuel de 100 00 euros peut générer un revenu
brut de plusieurs millions. Avec son niveau de qualification
(souvent CAP), un emploi dans l’industrie lui rapporterait 15 000
euros par an.
Le sportif peut donc avoir un intérêt financier à se doper.
Mais ce n’est pas tout. D’autres logiques peuvent venir se
greffer sur l’aspect financier. Certains autres ressorts liés à la
pression du milieu sportif peuvent jouer un rôle dans la
construction psychologique de l’athlète.
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L’entourage du champion, ses entraineurs, sa fédération
peuvent l’inciter à augmenter ses performances ou lui reprocher
de ne pas le faire. Dans ce cas, le dopage peut être même vu, non
pas comme un comportement déviant mais comme un
comportement hyper-conforme aux codes du monde sportif. Le
sportif qui ne soumettrait pas à ces lois du milieu en serait alors
exclu. C’est un peu ce qui est arrivé à Christophe Basson lors du
tour de France 1998. En pleine tourmente de l’affaire Festina et
alors qu’il explique ne pas utiliser de produits illicites, il est peu à
peu mis au banc du peloton cycliste. En 1999, Lance Amstrong,
futur vainqueur le menace de représailles. personne ne le soutient,
ni ses équipiers, ni ses employeurs, ni la Société du Tour de
France, ni l’UCI. Il sera amener à quitter le monde du cyclisme
professionnel.
En fait tout ce passe comme si le dopage était légitime,
normal ; comme s’il faisait partie du métier.
Parfois, le dopage n’est pas lié à la recherche de
performances de haut niveau. L’individu peut se doper pour
respecter les codes d’un groupe, montrer qu’il est apte à y entrer.
Il s’agit alors d’un processus d’initiation et d’intégration qui
s’apparent à celui qui concerne d’autres types de consommation
(alcool, drogue, ...)
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Le dopage fait pourtant des ravages : l’espérance de vie des anciens
joueurs de football américain dépasse à peine 50 ans. c’est l’espérance de vie
la plus faible de toutes les professions aux états unis (20 ans de moins que la
moyenne) ;
Que dire de l’athlétisme et du décès de la sprinteuse Florence Griffith-
Joyner, double championne olympique à Séoul (100-200 m), à l’âge de trente-
huit ans. Elle avait, en quelques mois, augmenté sa masse musculaire de 10
kilos, ce qui n’est pas possible naturellement.
Alors que l’espérance de vie augmente, les cyclistes décèdent de plus
en plus jeunes.
Roger Rivière qui se faisait administrer par voie injectable du
solucamphre lors de son record du monde de l’heure en 1958 est mort à 40
ans. Hugot Kublet, à 39 ans. Plus récemment Marco Pantani et José Maria
Jimenez, morts à 32 et 34 ans.
Florence Griffith-Joyner
Bien sûr, sont ici en cause les cadences infernales imposées aux
coureurs. Alors que Henry Pélissier a effectué en 24 ans de carrière cycliste
une distance en course de 52 000 Km à une moyenne de 25 km/h, Eddy
Merckx, un demi siècle plus tard et durant 13 saison à roulé 400 000 Km à la
moyenne de 37Km/h. jean Robic, avait 65 jours de course en 1946, Bernard
Hinault 250 en 1980.
Cela est vrai pour tous les sports : Kopa disputait 50 matchs par saison
dans les années 1950. Zidane 80.
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La première trace d’une réglementation anti-dopage date des JO de 1920 à Anvers. Dans le règlement
des concours, on peut lire : « Tous les concurrents, sans exception, devront présenter un certificat médical. Tout
coureur surpris sur le parcours en train d’absorber une drogue, suspecté de « doping » ou jugé incapable de
terminer l’épreuve, sera impitoyablement arrêté par les officiels ».
Très vite, les effets néfastes du dopage sur la santé des athlètes sont connus. En 1931 un médecin
allemand écrivait : « Un sportif amateur qui utiliserait des produits encourait des risques, car tous présentent
des inconvénients ou peuvent s’avérer nuisible à la santé » (Heitan H, Doping im Sport, 1931).
En 1939, la Société des nation, mère de l’ONU, publie un rapport sur le « doping » : « De nos jours, les
stimulants sont, pour les compétitions, d’un usage très répandu chez les sportifs.... Tout conseiller médical
sportif doit, naturellement, rigoureusement interdire tout agent dont on peut redouter une action nocive
quelconque ».
Ces publication insistent sur deux points : la préservation de la santé des athlètes et le respect de
l’éthique sportive.
La lutte contre le dopage se met alors timidement en place.
En mars 1938, lors de sa 35e session tenue au Caire, le CIO affirme : « L’usage de drogues ou de
stimulants artificiels, quels qu’ils soient, doit être fermement condamné et quiconque accepte ou offre un
produit dopant, sous quelque forme que ce soit, ne devrait plus être autorisé à participer à des rencontres
d’amateurs ou aux Jeux olympiques » (Bulletin officiel du CIO, 1938).
Dès 1952, aux Jo d’Helsinki, le ravitaillement de certains athlètes fait l’objet d’examens. On y cherche
des produits frauduleux. Des médecins se rendent encore dans les vestiaires des boxeurs, à la recherche de
produits dopants. Ils examinent le contenu de leurs thermos.
Mais il faut attendre 1962 pour que s’ouvre officiellement, à Florence, le premier laboratoire anti-
doping au monde. Dès la première année 875 footballeurs et 86 cyclistes sont contrôlés. 10 des premiers et 18
des seconds sont contrôlés positifs.
En ce qui concerne les grandes compétitions internationales, il faut cependant attendre les JO de 1968, à
Mexico, pour qu’un laboratoire officiel de contrôle antidopage soit mis en place.
Thierry ARNAL
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Entre temps, en 1965, les premières lois antidopage ont été


promulguées. La loi du 1er juin 1965 prévoit des sanctions pénales à
l’encontre des sportifs dopés et de ceux qui auront facilité le dopage.
Elle décrit également les procédures de contrôle antidopage. Puis, le
décret du 10 juin 1966 indique la liste des produits interdits.
le premier contrôle anti-dopage se déroule le 28 juin 1966, à
l’issue de la huitième étape du tour de France cycliste. Six coureurs,
tirés au sort, sont contrôlés. Le lendemain, six kilomètres après le
départ, les 122 coureurs de l’épreuve descendent de vélo pour
protester contre ces contrôles.
Les contrôles anti-dopage vont s’accentuer, en 1968, en
réaction au décès de Tom Simpson. Mais, si le nombre de contrôle
passe de 37 en 1966 à 1134 en 1975, ce sont presque exclusivement
les cyclistes qui sont visés. Ils demandent à ce que la lutte anti-
dopage soit étendue aux autres disciplines. En 1992, seulement 28%
des prélèvements seront effectués sur des cyclistes.
Thierry ARNAL
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En 1975, la loi « Mazeau » transfère le pouvoir de sanctionner les sportifs : les


sanctions ne seront plus pénales mais disciplinaires. ce dispositif est confirmé par la loi
« Avice » de 1984.
Puis, en juin 1989, est promulguée la Loi « Bambuck » relative à la prévention et à la
répression de l’usage des produits dopants à l’occasion des compétitions et manifestations
sportives. Conformément aux recommandations de la Charte européenne contre le dopage,
cette loi prévoit des actions de prévention en faveur des jeunes sportifs, l’information des
professionnels du sport ou de la santé, la mise en route de programmes de recherche sur les
effets des substances sur l’organisme humain et l’organisation d’un suivi médical spécifique
aux sportifs de haut niveau.
Peu à peu, le nombre de prélèvement augmente (7081 en 1995). la loi du 23 mars 1999,
dite loi « Buffet » prévoit un renforcement de ces contrôles et instaure le suivi biologique des
sportifs, c’est à dire des prélèvements sanguins réalisés au moins trois fois par an.
Malgré cet arsenal législatif, des possibilités pour les sportif de se doper avec la
complicité de médecins demeurent.
Thierry ARNAL
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Histoire du dopage

On peut toutefois se demander pourquoi le monde du sport est le seul où les conduites
dopantes soient réellement condamnée. Pourquoi le dopage des sportifs serait-il plus grave et
plus répréhensible que le dopage des managers, des militaires, des étudiants... ?
Probablement parce que le monde du sport agit comme un miroir de notre société. Il en
adopte les valeurs essentielles (égalité des chances, impartialité des arbitres, morale des acteurs,
méritocratie) et agit, selon les propos de Bernard Jeu, comme un contre-société mythique. C’est
à dire comme une contre-société idéale qui renverrait aux sociétés modernes et démocratiques
une image parfaite d’elles mêmes. Le sport doit donc donner une image de pureté car il a cette
fonction de présenter la compétition (sportive mais aussi sociale) comme juste, équitable,
nécessaire même, dans la mesure où elle permettrait à l’élite de s’imposer et garantirait, de la
sorte, une méritocratie porteuse de progrès. Le tout, dans la plus grande transparence et au
travers de résultats ou de performances incontestables. Bien sûr, cette image de pureté ne peut
supporter que la corruption ou le dopage la ternisse.
Dans ces conditions, tout ce qui peut entacher cette mythologie de la société parfaite
devient un danger pour la société dans son ensemble.
Thierry ARNAL
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Histoire du dopage

BIBLIOGRAPHIE

BOURG Jean-François, « Le dopage », in VIGARELLO Georges (dir), L’esprit sportif aujourd’hui,


Paris, Universalis, 2004.

LAURE Patrick, Le dopage, Paris, PUF, 1995.

LAURE Patrick, Histoire du dopage et des conduites dopantes, Paris, Vuibert, 2004.

MONDENARD (de) Jean-Pierre, Dopage aux jeux olympiques . La triche récompensée, Paris,
Amphora, 1996.

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