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Thierry ARNAL
STAPS Valenciennes
Critérium de natation
Puteaux 1898
Source : Gallica (BNF)
Thierry ARNAL
STAPS Valenciennes
Les premiers de ces bains, aménagés sur la seine au XVIIIe siècle, sont principalement
constitués d’un bateau à fond plat, appelé toue . Le bateau amarré au quai ou à la berge d’où il est
accessible par une traverse de bois, est recouvert d’une toile qui, sur un côté, s’étend en dehors du
bateau et vient s’attacher à des pieux enfoncés dans la rivière formant ainsi la limite du bain
proprement dit. ... Des échelles fixées au flanc de la toue permettent de descendre dans l’eau, et le fond
de la Seine, dans la limite des pieux, est sablé et dressé de telle sorte que l’on puisse s’y baigner sans
danger . Ces bains, relativement ouverts sur l’extérieur et collectifs ne conviennent toutefois pas à tous.
Certains baigneurs, issues de catégories sociales favorisées, ne souhaitent pas se baigner à la vue de
tous ou encore se mêler au gens du peuple. Ils peuvent alors fréquenter un autre type d’établissement
appelé gores. Ils sont faits de « petites tentes, constituées de quatre pieux recouverts d’une toile, un
autre pieu étant planté au milieu de l’espace pour se soutenir dans l’eau. Sous la Monarchie de Juillet,
le bain reste d’ailleurs une pratique dont la distribution sociale est très inégale : « la plupart d’entre eux
(83 sur 101 en 1839) sont situés sur la rive droite de la Seine, celle des quartiers les plus riches (à
l’exclusion du faubourg Saint-Germain). Et bon nombre se sont installés, après 1830, à l’ouest de la rue
Saint-Denis où s’étendent les nouveaux quartiers de la bourgeoisie.
Une toue
Thierry ARNAL
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Ce sont les bains chinois, installés par Turquin près du pont des Tourelles qui vont
donner naissance, à la première école de natation parisienne. Le bassin n’a alors rien
d’extraordinaire. Cependant, l’existence de cette école de natation manifeste un début de
distinction entre l’activité physique qu’est la nage, qui peut alors se dérouler en bassin collectif, et
des soins de propreté, plus privés, qui gagnent peu à peu la discrétion des cabinets de toilette. Sur
le même principe, d’autres écoles de natation vont s’installer su la Seine tout au long du XIXe
siècle. Les deux premières tenues par M. Petit et Deligny se composent d’un bassin entouré par
plusieurs bateaux amarrés entre eux. Un pont, jeté au milieu de l’école, la partageait en deux
bassins ; aux quatre coins de ces bassins, des échelles plongeait dans l’eau pour faciliter l’entrée et
la sortie. Des deux cotés sur les flancs des bateaux de construction s’étendaient des filets
solidement fixés ; à l’extrémité des claies épaisses et serrées formaient une clôture protectrice
A l’image de l’école Deligny, les bains publics, souvent luxueux, sont des
institutions élitistes. Les prix d'entrée dans ces bains sont élevés et correspondent à 3 à 5 fois
le salaire d'un ouvrier journalier. En 1790, Paris compte environ 150 baignoires, 300 en 1800.
L'Ecole Impériale de natation est "un modèle parfait d'aménagement commode, de propreté,
de gout et de bonne tenue. Au milieu du XIXe siècle, il mesure 106 mètres de long sur 30 de
large, contient 350 cabinets, seize salles dans chacune desquelles vingt personnes se tiennent à
l'aise. Il comprend également des salons réservés, pour les princes. Dans l'établissement, "on
se baigne, on boit, on cause, on fume". L'établissement vend 1200 cigares par jour. selon
Chapus, "le cigare est l'indispensable complément de ce plaisir du bain froid, qui prend, grâce
à cet accessoire, tout le charme des rêveries et des nonchalances de l'orient".
Dès le début du XIXe siècle, des bains ouvrent également dans d'autres villes françaises
révélant la présence d'une pratique limitée mais bien réelle . Il existe aussi des écoles de
natation pour femmes.
Peu à peu, au cours du XIXe siècle, le bain tiède va remplacer le bain froid. Il entre
progressivement dans l’arsenal des moyens de prévention des maladie, notamment après
l’épidémie de choléra qui frappe Paris en 1832. . A Paris, la première piscine couverte, chauffée
et construite en dehors de la Seine, rue Chateau-Landon , sera ouverte en 1884 à l’initiative de
Paul Christmann, président de la Société des Gymnases Nautiques.
La piscine est
inaugurée le 8 juillet 1884 par
un concours de natation. Elle
accueille plus de 200.00
baigneurs la première année
dont 1000 apprennent à nager
Le mardi est le jour
réservé aux dames.
Thierry ARNAL
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Tandis qu'en France se développe la pratique des bains, un autre modèle, celui de la
natation sportive, apparaît en Angleterre. Certes, l'Angleterre a aussi ses bains dont le nombre est
important d'autant qu'en 1846 est voté au parlement un acte destiné à faciliter l'accès des lieux
d'hygiène à la classes ouvrière. les premiers Publics baths avaient vu les jour à Liverpool dès
1828. les bains anglais ne sont pas établis selon un modèle standard; certains comportent des
baignoires et des douches, d'autres des piscines. les plus populaires comprennent des lavoirs.
l'eau est tantôt froide, tantôt chaude. En 1878, les pouvoir publics votent une nouvelle loi pour
promouvoir non seulement le publics baths mais aussi les Swimming baths. Pour fonctionner ces
établissements ont besoin de professeurs de natation. sans diplômes ils n'ont d'autre choix pour
justifier leur fonction que de faire valoir leur réputation. Pour ces professionnels, le niveau de
rémunération est fonction de leur notoriété. c'est pourquoi, afin d'acquérir une certaine
renommée, ils participent à des compétition et à des exhibitions. Les défis, les concours, les
courses se multiplient et, relayés par les journaux, leurs exploits attirent public et clients. Très
vite, ces professionnels s'organisent et créent The National Swiming Society en 1837.
La NSS organise alors des compétitions. En 1838, 12 nageurs se défient lors d'une course
organisé dans une petite rivière qui traverse Hyde park. Elle est reconduite les années suivante
avec des évolutions (pré sélections par secteurs géographiques ou par ville avant la finale de
Londres). Peu à peu le temps est mesuré. On compare le record d'une année sur l'autre.
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Dès le milieu du XIXe siècle quelques clubs de natation existent en Angleterre. Ces
associations se constituent en continuité avec les structures universitaires telle que le Cambridge
University club, fondé en 1855, bien que la pratique de la natation soit très minoritaire à
l’université.
En 1869, une association des principaux clubs de Londres voit le jour pour devenir la
Swimming Association of Great Britain en 1873.
Les compétitions regroupent alors deux types de nageurs : les amateurs et les
professionnels.
Vers 1860, trois types de pratiquants se mesurent souvent dans les mêmes épreuves :
Des pratiquants qui pour des raisons hygiéniques ou récréatives participent à des
épreuves variées et qui considèrent la compétition comme un loisir
Une minorité, issue des grands collèges et des universités, qui promeuvent uniquement
des compétitions amateurs, c'est-à-dire dotées de prix et dépourvues de gains en espèces.
Peu à peu s’opère une distinction entre amateurs et professionnels. Des « Laws of
Amateur Swimming » sont élaborées en 1869 qui visent à définir une natation spécifiquement
amateur. Le titre d’amateur est alors interdit à quelqu’un qui a nagé pour de l’argent ou qui vit, à
un titre ou a un autre, de la natation. Il peut toutefois participer à une course open. Mais ce texte
est vivement critiqué. La règlement change encore en 1880 lorsque toute participation d’un
amateur or un prix en argent où à une manifestation où sont présents des professionnels, y
compris les courses open, lui fait désormais perde son statut.
Cependant, tous les amateurs n’adhèrent pas à cette orientation. Quant aux professionnels, ils
réagissent en créant une Professional Swimming Association dont le bureau se réunit chaque
mois. Toutefois, après 1891, la PSA semble ne plus avoir d’existence.
Dans les rangs amateurs, l’Amateur Swimming Union vient concurrencer la SAGB. Les deux
organisations s’opposent sur la définition de l’amateurisme avant de fusionner en 1886 en
fondant l’Amateur Swimming Association. Pour l’ASA le professionnel est désormais celui qui :
Dans le dernier quart du XIXe siècle en Angleterre, les nageurs qui adhèrent à ces
clubs sont des adultes engagés dans la vie active. Aussi, les épreuves se déroulent-elles en soirée
ou très tôt le matin. Certains galas se déroulent à 6h du matin. Ces fêtes sont populaires. Ainsi, le
gala annuel du Brighton SC ne regroupe pas moins de 194 candidats appartenant à 20 clubs
différents. Certains concours se déroulent devant 1500 à 2000 spectateurs. Les rencontres sont
toujours publiques et payantes. Elles sont fréquentes.
L’activité du nageur ne se réduit pas à la compétition. Il s’entraîne aussi sous la direction d’experts
rémunérés pour cette tâche.
A l’époque, la technique de la grenouille est la référence principale des maîtres
nageurs. Cela donne un ensemble de styles peu académiques. La plupart du temps, les bras
servent à maintenir la tête hors de l’eau. Pour des raisons d’efficacité, la technique de la
grenouille est progressivement abandonnée par les nageurs au profit de positions qui imposent
que le corps soit plus à plat sur l’eau. A la fin du siècle, le crawl est importé d’Australie par le
professionnel Cavill. Dans l’ensemble, la brasse et ses variantes restent cependant les techniques
les plus communes. Sa version sportive, reste cantonnée à la sphère des nageurs de compétition
jusqu’au début du XXe siècle.
Toujours dans le dernier quart du XIXe siècle, apparait le Water polo dans le but de
favoriser la motivation des équipes de natation. Initialement les règles sont floues, la présence du
gardien n’est pas systématique. En 1879, un code de jeu est diffusé à tous les clubs de Glasgow.
En 1888, un championnat voit le jour et ce sport connait un essor important à la fin du siècle.
Thierry ARNAL
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En 1898, il n’existe que trois sociétés de natation en France : La Libellule de Paris qui a
été créée en regroupant une dizaine de nageurs isolés de la capitale, les Tritons Lillois et les
Pupilles de Neptune de Lille.
L’activité de ces premières associations était nécessairement limitée par leur nombre, leur
recrutement restreint et leurs pratiques méconnues du grand public. Aussi, ces sociétés vont-
elles créer des liens avec les sociétés Belges de natation sportive qui ont été créées au sein des
clubs d’aviron dans le dernier quart du XIXe siècle. En 1895, le water-polo est introduit à
Bruxelles. Les Belges, plus que les Français, semblent reproduire les pratiques anglaises en
matière de natation. Les bourgeois Belges qui organisent le développement de ces pratiques
reconnaissent dans le water polo les valeurs qu’une classe moyenne active a développées en
Angleterre : l’initiative, le contrôle de soi, la formation d’hommes d’action. Ce modèle Belge va
servir de modèle aux clubs Lillois qui dès 1898 rencontrent le Brussels Swimming Club. Puis, le
water polo sera présenté à Paris, lors de l’exposition universelle de 1900.
Thierry ARNAL
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Toutefois, dans l’esprit du public, demeure la confusion entre amateurs et professionnels. Selon le
modèle anglais, qui est également celui de l’USFSA, est professionnel tout individu ayant reçu un prix
en argent. Or, ces professionnels ne sont en fait que des amateurs qui ne vivent pas de la natation.
Contrairement aux champions cyclistes ou aux stars de la natation anglaise, personne, en France, ne
peut vivre avec les revenus de la natation. Certains auteurs reprochent donc à l’USFSA, de
sanctionner de faux professionnels et de vouloir les empêcher de pratiquer la natation sportive. Tout
se passe comme si, avec cette définition très stricte de l’amateurisme, l’USFSA voulait écarter des
compétitions tous ceux qui n’ont pas les moyens de pratiquer uniquement pour le plaisir ou pour le
loisir. Les arguments des tenants d’un système « open » tournent autour du fait que les nageurs
français qui touchent quelques primes, ont un autre travail et n’ont donc rien à voir avec les véritables
professionnels que sont les stars anglaises. Au début des années 1900, Paulus, le meilleur français ,
qui est commerçant à Paris, est, selon les fédérations, tantôt considéré comme amateur, tantôt
comme professionnel.
Cette ambigüité apparait même au sein de l’USFSA puisque c’est l’un de ces membres, Georges
Moebs, qui créé la Société Nationale d’Encouragement de la Natation, en 1898. La Société considère
normal de « distribuer des prix en espèces ou en objets d’art ». Elle ne distingue donc pas vraiment
amateurs et professionnels.
Finalement, cette situation amènent chaque fédération à proposer des championnats soit amateurs,
soit professionnels. C’est le cas des championnats de France qui ne connaissent pas un vif succès,
contrairement aux épreuves cyclistes ou aux sports collectifs.
Thierry ARNAL
STAPS Valenciennes
Traversée de Paris
1913
Conclusion
On peut dire de l'implantation de la natation sportive en France qu'elle s'est faite selon
un modèle importé d'Angleterre et qui l'éloigne de ses premières formes de pratique soumises aux
exigences patriotiques, utilitaires ou hygiéniques. Le modèle sportif, codifié et structuré, se
propage en France malgré les résistances des professionnels de la natation, maitres nageurs et
sauveteurs qui le voient comme un danger menaçant leur propre identité. Il s'imposera
définitivement après la première guerre mondiale.
Bibliographie
Andrieu G. « Del’art de surnager au XIXe siècle dans la Seine », STAPS n°10, 1984.
Terret T., Naissance et diffusion de la natation sportive, 2000.
Vigarello G., Le propre et le sale, 1985.
Leçon de natation
1912