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Autour du cirque
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Les Pyramides humaines sont une pratique courante dans le monde, mais quelques-unes
ont atteint des proportions considérables. Les pyramides des Marocains sont un spectacle,
tant dans leur pays que dans nos cirques. Les autres sont des jeux populaires. Les pyramides
de la région de Mumbai (Inde), ont un but : récupérer le contenu d'un pot suspendu au-
dessus de la rue. Celles des Vénitiens, tradition aujourd'hui disparue, et celles des Catalans
ne servent à rien, elles sont construites pour elles-mêmes. Les castells catalans ont dépassé
l'impossible et atteint 10 hauteurs. Toutes ces constructions nécessitent une technique très
élaborée, et ont un vocabulaire spécifique.
On peut voir sur la place Jamaa El Fna à Marrakech un spectacle traditionnel composé de
danses, de sauts, puis de pyramides humaines, rythmé par une musique spécifique, par des
acrobates en costume traditionnel, rouge et vert en satin brodé. Ce sont les membres d'une
ancienne confrérie du Sud du Maroc : les Oulad Sidi Ahmed Ou Moussa, qui ont fait de
l'acrobatie leur métier au XIXe siècle. Parmi leurs constructions, la Pyramide ou Borj dans
laquelle il y a autant de niveaux que d'éléments à la base ; La Porte, Tiflout, un mur plan
constitué de colonnes, avec les petits acrobates suspendus par les bras entre chaque
colonne ; L'Écartement, Ibbjaken, mur plan qui peut être très long puisque constitué de tous
les acrobates, les éléments du deuxième niveau debout sur les cuisses de ceux du premier
niveau dont les jambes sont fléchies et écartées.
Dès les années 1820, ces acrobates marocains sont partis travailler dans les cirques aux États-
Unis, puis en Europe, et notamment en Allemagne à partir de 1850. Des groupes s'exercent
aussi à Tanger, sur les plages, espérant être remarqués par des entrepreneurs de spectacle.
Dans les programmes de cirque, ils exécutent des sauts, et des exercices de portés en V : un
seul acrobate supportant au-dessus de lui plusieurs autres.
Le dimanche et certains jours de fête, sauf en hiver, on peut voir sur les places des villes et
villages de Catalogne des pyramides humaines. Celles des Castellers, désormais célèbres,
mais aussi celles des Falcons, dont l'origine est gymnique : les premiers groupes de Falcons
ont été créés en 1932 après des rencontres avec les Sokols (faucons), gymnastes tchèques.
Les Falcons construisent l'Escala, un mur triangulaire ; la Pira, dans laquelle les participants
sont disposés en croix, deux se faisant face, appuyés penchés sur les épaules des deux
autres ; la Piràmide drets, une tour qui ressemble aux constructions marocaines.
Certaines figures ont des points communs avec les castells : ainsi la Torreta est adaptée de la
Muixeranga d'Algemisi, une de ces danses anciennes d'origine religieuse qui se concluent par
une petite tour et seraient à l'origine des castells. Dans toutes les figures des Falcons,
l'élément au sommet se tient debout les bras en croix, mimant le vol du faucon ; dans la
Torreta, il se tient en équilibre unipédale.
Le jour où a lieu sur la place de la ville l'actuació, on voit, précédés de la musique des
Grallers, arriver les Castellers. Hommes et aussi femmes, ils portent des pantalons blancs et
la couleur de leur chemise indique de quelle troupe, colla, ils font partie. Certains arrivent
superposés en une colonne, c'est le pilar caminat. Puis sur la place commencent les diverses
constructions, qui ont pour base au sol la pinya : c'est une masse de gens à l'assemblage très
technique, mais à laquelle s'ajoute qui veut des personnes de la foule. Une construction de
deux colonnes s'appelle dos ou torre ; au-delà, ce sont les différents castells (littéralement
châteaux). La dénomination de chaque construction est simple : un premier chiffre indique le
nombre de colonnes, le second le nombre de niveaux, exemple 3/8, « tres de vuit », veut dire
une tour de 3 colonnes sur huit niveaux. On ajoute le nom du contrefort au-dessus de la
pinya, lorsqu'il y en a un : folre au 2e niveau, manilles au 3e niveau. Depuis 1998, les castells
les plus hauts atteignent 10 niveaux ! Les participants grimpent ensemble étage par étage
(certaines constructions se montent par en-dessous, per sota). Au sommet de tous les
castells, deux enfants, l'aixecador, accroupi penché en avant – on dit qu'il « voit le trou de
l'enfer », et c'est d'ailleurs lui qui le premier distingue une faiblesse cause d'écroulement – et
au-dessus de lui, l'enxaneta, qui couronne la construction et la prolonge vers le ciel en levant
un bras. À ce moment-là, la construction est dite carregat, achevée. Mais elle doit être encore
descarregat, démontée sans chute, pour que la réussite soit complète. C'est tout le processus
de construction et de démontage qui est intéressant et émouvant à suivre, avec l'oscillation
qui parcourt en permanence le castell, la montée progressive, puis la descente, fluide et
rapide, de l'enxaneta, de l'aixecador, enfin des niveaux l'un après l'autre. L'actuació, se
termine par le pilar al balcò : chaque colla monte une colonne qui s'avance vers l'ajuntament,
la mairie, et l'enxaneta est hissé par les édiles au balcon.
En savoir plus
Album sur les pyramides humaines dans Gallica
Guyot-Daubes dans Les Hommes-phénomènes, Paris, 1889, chapitre XXVI : « Les Pyramides
humaines», p. 211.
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