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DU MÊME AUTEUR
Chez Jacques Grancher, Éditeur :
(en collaboration avec Dominique Venner)
LES ARMES BLANCHES DU Ille REICH (1977)
Chez d'autres éditeurs :
COMMENT ÇA MARCHE ? LES AÉROGLISSEURS, LE CONCORDE, etc. René Touret (1967)
LA VIE AVENTUREUSE DES GRANDS AVIATEURS. René Touret (1973)
LES ARMES BLANCHES MODERNES. André Balland (1971)
L'HABIT DU CHEVAL : selles et brides. L'Office du Livre - Vilo (1975)
LE LIVRE DES ARMES ET ARMURES. Hier et Demain (1977)
Enpréparation :
VINGT SIÈCLES DE TOILETTES FÉMININES EN FRANCE. Adepte

OUVRAGES DEJA PARUS


DANS LA COLLECTION « UNIFORMES DE L'HISTOIRE »
Collection Bucquoy :
La Garde Impériale : Troupes à pied
La Garde Impériale : Troupes à cheval
Les Cuirassiers
L'Infanterie de ligne et l'Infanterie légère
La Cavalerie légère
Dragons et Guides
J.-R. Bory
Les Régiments suisses au service de la France
J. Calpini
Les Milices valaisannes
Richard de Filippi
Les coiffures militaires du Troisième Reich

Maquette:Michel Grancher, Philippe Normand.


CO1981byJacquesGrancher.éditeur - Paris
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CASQUES
ET
COIFFURES MILITAIRES
FRANÇAIS
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CHRISTIAN-H. TAVARD

CASQUES
ET
COIFFURES MILITAIRES
FRANÇAIS

Jacques Grancher, éditeur


98, rue de Vaugirard
75006 PARIS
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INTRODUCTION
Encore qu'il n'en reste aucun témoignage, il semble logique que l'homme
préhistorique se soit protégé la tête, aussi bien des intempéries que du soleil et des
coups ; sans doute, avec un bonnet de fourrure. En tous cas, les plus anciennes
figurations présentant desguerriers sumériens d'Our enMésopotamie, casqués de cuir,
remontent à 2 500 ans avant J.-C., tandis que quelques siècles plus tard, les soldats
égyptiens se protégeaient le crâne par une épaisse perruque de laine. Par ailleurs, les
pharaons, émanations des Dieux sur Terre, se coiffaient de tiares symbolisant leur
prédominance hiérarchique, d'où la tradition du chef se distinguant par un casque ou
une coiffure plus décorée et luxueuse.
En fait, aucours des siècles, la coiffure duguerrier remplit plusieurs fonctions, se
complétant souvent l'une l'autre. Sa fonction primordiale était tout d'abord
protectrice, par sa matière et sa conformation, mais aussi par sa décoration ayant aussi
bien des caractères religieux que hiérarchiques qu'effrayants pour l'adversaire.
Encore que, par bravades, nombre deguerriers anciens dédaignaient de se coiffer
d'un casque, celui-ci était d'une absolue nécessité pour la protection de la fragile tête
humaine siège de quatre de nos sens. La racine étymologique, sans doute d'origine
populaire, de « tête » n'est-elle pas le mot latin «testa », qui désignait un pot-de-
terre. Ce «casque » toujours porté en tenue de campagne, fût pourtant abandonné
pendant environ deux siècles, àla suite du développement des armes à feu portatives à
partir du début du XVIe siècle, pour être remplacé par le «béret », le «chapeau », le
«bonnet à poil », le «bonnet de police », puis le «shako », la «casquette », le
ccképi », etc.
C'est cette évolution à travers les siècles que nous nous sommes donnés comme
but de développer, aussi bien à travers l'Histoire militaire, les modes - pas toujours
fonctionnelles - et les coutumes. Nous avons tenté de donner un maximum
d informations sur cette longue marche à travers une vingtaine de siècles, sans pour
cela croire que l'ouvrage soit exhaustif. En effet, comme l'a écrit le talentueux
uniformologue Rigo, il y a quelques années : «ce qui m'amuse est d'entendre certains
érudits, heureusement assez rares, affirmer tout connaître sur le Ier Empire, alors queje
suis fermement persuadé que cela n'est pas possible à l'heure actuelle ». Il en est de
même pour les autres époques, y compris les récentes.
Malgré cela, quelques spécialistes très «calés », chercheront sans doute la faille
dans notre ouvrage, l'imprécision, l'erreur, la coquille d'impression toujours possibles,
ou, gardant précieusement «sous le coude » le document non encore divulgué, se
feront un plaisir sadique de contrer l'auteur d'un travail qu'ils n'auront pas eu, eux-
mêmes, le courage de réaliser. Pour éventuellement leur répondre —et ceci sans leur
en vouloir —nous ne citerons qu'une phrase de La Bruyère dans «Les Caractères »
(1688) :«Il n'y apoint d'ouvrage si accompli qui ne fondit tout entier au milieu de la
critique, si son auteur voulait en croire tous les censeurs qui ôtent chacun l'endroit qui
leur plaît le moins ».
Outre le fait que notre ouvrage intéresse son lecteur et lui apporte des
informations qu'il ignorait, nous souhaitons qu'il lui donne l'idée d'écrire lui-même un
article, ou même un livre - chaque chapitre et même chaque paragraphe pouvant faire
l'objet d'une étude plus détaillée -. Ce sera pour moi une grande satisfaction de savoir
que ce livre aura donné naissance a au moins une étude plus approfondie.
Christian H. Tavard.
6
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Chapitre 1

DES GAULOIS
AUX CAROLINGIENS

eu de monuments ou de pièces figures géométriques constituant de pe-


Iauthentiques peuvent nous don- tits cimiers. Remarquons que les cornes
ner une idée de ce que furent les étaient particulièrement prisées, et
p casques gaulois. Si l'on en croit n'avaient sans doute pas encore la
certaines sculptures, on peut en déduire signification qu'on leur donne actuelle-
qu'ils furent longtemps à combattre têtes ment pour un homme. En fait elles
et torses nus, n'ayant adopté le casque devaient être censées donner à celui qui
qu'au contact des grecs et des romains. les arborait la force de l'auroch peuplant
De plus, il faut se rappeler en perma- les forêts gauloises. Le dieu celtique
nence que l'histoire de la Gaule débuta Cernunnos n'est-il pas représenté avec
vers le XXIe siècle av. J. -C. quand les une imposante ramure decerf ornant son
Galls, ou Celtes, s'y établirent, et qu'à la chef ?
suite il y eut l'invasion des Kimris au D'autres casques en bronze, ou plus
VIe siècle, puis des Belges au IVe siècle, rarement en fer, étaient de fabrication
enfin des Romains, d'abord au IIe siècle, strictement indigène. De forme généra-
puis enfin de Jules César, entre 58 et 51 lement pointus, ils se terminaient —
av. J.-C. Or, la plus ancienne époque commesur le modèle conservé auMusée
d'utilisation du bronze se situe entre des Antiquités de St-Germain-en-Laye
1 800 et 1 500 ans av. J.-C., alors que Typique casque en bronze de la Gaule —par un empilage de petites boules. Le
celle du fer date d'entre 750 à 450 av. cisalpine avec «crête » médiane et tubes même musée conserve aussi un autre
J.-C. Ces deux métaux étaient encore porte-plumes latéraux. Musée du Louvre, modèle àbombe ogivale comportant une
rares, et leur transformation demandait photo Musées Nationaux. partie horizontale en forme de visière,
un degré de technicité que n'avaient pas mais qui pourrait être aussi un couvre-
encore atteint nos lointains ancêtres. Il nuque (?). D'autres de formes similaires
est donc logique de penser que ce furent ayant aussi été retrouvés, on peut penser
les chefs qui commencèrent à se coiffer que ce modèle était assez courant en
des casques pris à l'ennemi, en l'occur- Gaule. Un autre plus conique, rappelle
rence souvent ceux des légionnaires les casques assyriens du XIIe siècle av.
romains. Leurs artisans les modifiaient à J.-C. imitant les bonnets de feutre ou de
leur convenance, en y ajoutant des cuir pointus portés par les guerriers
cornes de bronze, mais aussi des ailes, ou mèdes, ou perses. Ceci peut s'expliquer
sur le sommet : des rouelles, ou autres par le fait que les Celtes étant d'origine
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Datant de 400 ans avant J.-C., ce casque


de cuivre italo-gaulois est une pièce rare,
qui fut mise en vente à l'Hôtel Drouot en
1971. Avecsa visière, et son tymbre pointu,
il présente une nette ressemblance avec
l'un des casques du Musée de Saint-
Germain-en-Laye. Hauteur: 145mm.

Cette restitution, d'après des sculptures


gauloises, montre un cavalier celto-romain
orientale, amenèrent avec eux un type du début de notre ère coiffé d'un casque à
crête décoré d'ailes. Gravure du XIXe
particulier de coiffure ; ce genre de siècle. « Casque à pointe »celte en bronze, datant
du Deuxième Age de Fer (450 avant J.-C.
casque était renforcé par une crête - début de notre ère), trouvé dans la
transversale, contournant la pointe. Un « tombe à char » de Berru (Marne). Musée
exemplaire —au Musée Masséna, à des Antiquités Nationales, St-Germain en
Laye. Photo Jean Marquis.
Nice —porte de chaque côté, et dans la
continuité de la crête, trois tubes hori-
zontaux dans lesquels devaient se planter
des plumes de rapace : un semblable est
conservé au Musée du Louvre, à Paris. autres peuples, barbares des Grandes
Certains de ces casques étaient peu Invasions du Vesiècle, n'en avaient
esthétiques, tel celui de bronze présen- pratiquement pas, qu'ils soient germains,
tant la forme d'un pot renflé, avec un celtes »en bronze, de la période wisigoths, francs, alains, suèves, ostro-
bord circulaire et quatre arêtes rayon- «deCasques
la Tène ou Deuxième Age du Fer (à goths, burgondes ou autres, y compris
450 avant J.-C. jusqu'à l'an 1). A les Huns. Ils se faisaient gloire de
nantes. L'expression de «pot y), utilisée partir de: exemplaire
du XIVe au XVIIIe siècle pour désigner gauche trouvé à Vadenay dans combattre sans arme défensive hormis
la Marne. A droite, de face : autre casque
les casques lourds, aurait parfaitement datant de la Tène // (300 à 150avant J.-C.). un bouclier, et seuls quelques chefs
Il est décoré de deux bandes de fer émaillé, coiffaient le casque. C'était, semble-t-il,
convenu pour le désigner. On retrouve la séparées
même forme chez ceux des premiers «triscèlespar une zone dorée et ornée de
». Musée des Antiquités Nationa- plus pour marquer leur rang, et exhiber
siècles de notre ère, portés par les les St-Germain-en-Laye - Photo Jean un trophée pris àun adversaire malchan-
guerriers anglo-romains, ou bretons. Marquis. ceux, que pour se protéger.
Un casque gaulois célèbre est celui de
la «Légion des Alouettes », dont nom- Casques carolingiens du IXesiècle avec crête de cuir. Présentés par Violet-le-Duc dans son
bre de manuels scolaires de la fin du . «Dictionnaire raisonné du mobilier français », celui de gauche est conservé depuis 1867 à Milan,
mais sans crête, tandis que le second à droite est restitué d'après des miniatures du «Livre des
XIXe siècle, et du début du notre ont Évangiles », et de la ceBible de Saint-Martin-de- Tours », conservés à la Bibliothèque Nationale de
donné la figuration. Cette légion montée Paris.
auxiliaire des romains aux premiers
siècles de notre ère, était, paraît-il,
coiffée d'un casque gaulois àpointe, avec
arête médiane et deux ailes se déployant
transversalement. Sur d'autres docu-
ments, elles étaient plantées presque
verticalement. Etaient-elles réellement
prélevées sur un volatile, ou étaient-elles
en bronze fondu ? La question reste
posée, mais il est plus plausible de penser
que la seconde formulation est la bonne.
Si les Gaulois coiffèrent le casque, les
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AU TEMPS Casque à garde-joues ostrogoth découvert


a Ravenne (Italie), et d'un modèle similaire
DES MEROVINGIENS à d'autres - mérovingiens et vikings -
ET DES CAROLINGIENS datant de la même époque. Conservé au
«Kunsthistorischen Museum » de Vienne.
V - X siècles
La documentation figurative man-
quant presque totalement pour l'époque
mérovingienne (481 - 752), on peut
penserquelesguerriers francs deClovis,
Clotaire, Dagobert, Charles Martel et
autres, ne portaient pas plus de casques
que leurs ancêtres barbares du début de
l'ère chrétienne. Pourtant, commeon en
voit figurer à partir du IXesiècle sur les
premières enluminures de manuscrit, il
est logique de croire que le port d'une
défense de tête ne fut pas le fait d'une
génération spontanée. Les casques appa-
raissant sur ces primitives illustrations
carolingiennes durent apparemment être
portés précédemment sous les Mérovin-
giens.
Ceux de la période carolingienne « Le livre des Evangiles » exécuté pour
suivante (741 - 987) peuvent se classer le roi de Lotharingie, Lothaire 1er
en deux catégories : avec ou sans bords. (840 - 855). Y sont représentés des
Seuls les modèles n'en ayant pas domi- cavaliers et des piétons coiffés d'un
nèrent et créèrent une lignée aboutissant casque de forme curieuse, que l'on a
au «heaume» de l'époque capétienne d'abord cru fait de trois panneaux. Sa
(987 - 1108). Le casque avec bord ne visière relevée en pointe au-dessus du
survécut pas au Xesiècle, sans doute front préfigure celle relevée des « mo-
parce quepeu stable, quand le guerrier y rions » du XVIe siècle. Avec ses bords
recevait un coup d'épée. Les deux évasés tombant obliquement et proté-
modèlesconnus perpétuaient la tradition geant efficacement les côtés de la tête, il
gréco-latine du cimier, l'un et l'autre en présente par ailleurs une certaine ressem-
étant munis, comme le prouvent, aussi blance avec certains casques modernes
bien un exemplaire conservé en Italie suisses ou allemands des cinquante der-
que des manuscrits de l'époque. Le nières années. Si l'on se réfère aux Casque tronconique à nasal - sans doute
en bronze - coiffé par les hommes
premier, aux formes des plus modernes miniatures de « La Bible » dite de d'armes de Charlemagne par-dessus un
—si l'on peut dire —fut trouvé en Charles le Chauve, les soldats coiffés de camail de peau armé de tuiles de fer.
Restitué par Viollet-le-Duc, d'après des
1867 dans unetombegallo-italique près ce casque constituaient sa garde person- pions du Jeu d'échecs dit «de Charlema-
deSesto Galende. Il est fait de pièces de nelle. Ceci permet de penser que les gne »conservé au Cabinet des Médailles de
bronze rivées, sur unebombehémisphé- casques carolingiens à cimier ou crête la Bibliothèque Nationale de Paris.
rique renforcée d'une bande médiane : servaient de distinctive aux corps d'élite.
sonbord large, et presque horizontal, est A partir du Xe siècle, on ne trouve
rapporté. Il se particularise par deux pratiquement plus trace de cimier, que
oeillets fixés surlebandeau, enprolonge- l'on peut considérer comme décoratif,
ment de la bande de renfort ; logique- mais qui avait aussi l'utilité d'amortir les
ment —si l'on en croit aussi bien coups de taille. Par contre, les casques « à nasal »gréco-béotien, mais avec des
Viollet-le-Duc que les manuscrits —ils hémisphériques ou légèrement en dôme, «garde-joues » moins développés vers
servaient à fixer une bande de cuir devinrent courants. Certains étaient sans l'avant. Il coiffe les piétons du jeu
portant un «cimier »coloré en forme de doute en cuir renforcé de bandes de d'échecs dit cede Charlemagne ».
feuille d'acanthe, outrès approximative- bronze disposées en croix, avec un tour Qu'ils soient hémisphériques ou ogi-
mentdecrête de dragon, ou decoq. On de tête en même métal : leurs sommets vaux ces casques —tout comme plus
retrouve cette décoration sur un autre étaient décorés de la figuration d'un tard les « heaumes » —étaient portés par
casque carolingien figuré sur deux ma- sanglier, ou encore d'un simple bouton. dessus le camail ». Ce dernier était
nuscrits du IXesiècle : «La Bible de A la même époque apparut un casque à constitué par la cagoule formant la partie
Saint-MartindeTours »datant durègne bombe ogivale, enveloppant la tête du supérieure de la broigne » ou —par la
deCharles 1erleChauve(840 - 877), et guerrier jusqu'à mi-cou comme le casque suite - du , haubert » de mailles.
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LE CASQUE NORMAND
XIe et X I I siècles
Ce casque des piétons de Charlema-
gne annonçait, par la forme de sabombe
ogivale, le casque tronconique normand.
Apparu en France au Xesiècle, il fut
porté jusqu'au XIIe, entre autres par les
Normands ayant envahi l'Angleterre,
comme le montre la fameuse tapisserie
de la Reine Mathilde, à Bayeux. Doté
d'un « nasal » et d'un « couvre-nuque »
carré assez peu développé, ce type de
casque coiffe tous les guerriers de cette
tapisserie. Il semble être d'origine scan-
dinave, encore que les Vikings portaient
des casques assez tourmentés et très
décorés. Certains d'entre eux avec
^ garde-joues », « nasal » et « couvre-
nuque », étaient surmontés d'un dragon
ou autre animal mythique ; d'autres
portaient des cornes se rejoignant au
centre, et un autre modèle était muni
d'une mentonnière ornée d'une rangée
de grosses perles entourant le visage du
guerrier. Enfin un autre type — garan-
tissant l'homme jusqu'au bas du visage
Cette figuration de Geoffroy IV Plantage- — portait un « cimier » semblable à celui Casque à nasal, garde-joues, et couvre-nuque du
net, duc d'Anjou et de Normandie (1129- du casque de dragon au XVIIIe siècle. La XIIesiècle du Musée de l'Armée de Paris. Trouvé
1151), le montre coiffé d'un « heaume en plupart de ces défenses de tête Vikings près d'Abbeville (Somme) au milieu du XIXesiècle.
pointe », dérivé de celui des Vikings, et étaient en bronze, mais quelques-unes
comparable à ceux portés par les chevaliers étaient en fer.
rhénans du XIIe siècle. Plaque en émail
champlevé conservée au Musée du Mans.
Photo X. Quant aux casques normands, Viol- anciennement conservé à Strasbourg, où
let-le-Duc pensait qu'ils étaient « proba- il fut brûlé en 1870. Deux autres types
blement de fer, avec rebras (renfort) de de casques y figurent, coiffant des
cuivre, lorsqu'ils se composaient de chevaliers en cotte de mailles.
plusieurs pièces rivées, et de cuivre, s'ils Les uns ont leurs pointes légèrement
étaient d'une seule pièce ». Il basa son recourbées vers l'avant, forme que l'on
affirmation sur un heaume conique du retrouve sur l'émail champlevé représen-
XIIe siècle, tronqué au sommet, fait de tant Geoffroy-le-Bel Plantagenet. Sur
cuivre rouge battu qui conservé au cette magnifique oeuvre d'art datant de
Musée de l'Armée de Paris, comporte 1145-1150, on remarque que le
une petite ouverture d'aération à son «heaume » était peint, mais qu'il ne
sommet. Un autre casque normand du comportait pas de nasal. Par contre, le
même musée - trouvé près d'Abbeville, troisième modèle représenté sur le ma-
au milieu du siècle dernier - a, par nuscrit de H. de Landsberg a aussi une
contre, une calotte elliptique avec un pointe recourbée vers l'avant avec, en
léger rebord autour. Il paraît dater du plus, un masque métallique. Celui-ci,
début du XIIe siècle et, outre le nasal, outre les trous des yeux et une nervure
comporte des garde-joues » et un cr cou- de protection du nez, était percé au bas
vre-nuque » mobile. L'anneau de suspen- de trous pour la respiration. C'est la
sion de ce dernier devait servir à fixer première reprèsentation médiévale du
une écharpe flottante, tout comme celle « ventaille y), imité des casques degladia-
Casque tronconique normand de fer et nouée au « couvre-nuque », sur certains teurs. Existaient aussi des « ventailles »
cuivre, tel que l'a restitué Viollet-le-Duc casques de la Tapisserie de Bayeux. Ce en mailles, qui ne laissaient que les yeux
d'après la Tapisserie de Bayeux ; sur sa genre de calotte ovoïde se retrouve - à découvert et se laçaient tout autour de
partie antérieure, un appendice comparable mais en beaucoup plus élevée - sur le l'ouverture du «camail ». Ce laçage se
au «nasal » de la face protégeait la nuque manuscrit du XIIe siècle « Hortus deli- faisait à l'aide de «laz » de soie, très
du guerrier. «Dictionnaire raisonné du
Mobilier français ». ciarum » dû à Herrade de Landsberg, résistants, et ne pouvait céder qu'à un
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coup de taille porté en sciant. Comme


l'indiquent les vers d'une chanson de
geste :
... Sun elmeadorli destaçatdelchief»
«... At brant d'acer l'entrenchant cinq
des laz y),
le «heaume » conique ou hémisphérique
était lacé au «camail » par des cordons
de soie : c'est ce que l'on désignera plus
tard, vers le XVIe siècle, sous le terme
«d'aiguillette ».
En fait, ces trois types de «heaumes »
étaient plus germaniques que français, le
manuscrit étant bavarois d'origine. Mais
il est hors de doute que les heaumes
français étaient presque semblables.
Ainsi, au début du XIIIe siècle, le
«heaume conique à nasal » était encore
porté dans le centre de la France. C'est
ce que prouvent certaines sculptures des
portails des cathédrales de Paris et de
Chartres, sur lesquelles se remarque le
«nasal » coulissant verticalement,
comme sur les bourguignottes » des
XVIe et XVIIe siècles, ainsi que sur les
casques polonais de la même période ; il
permettait dedégagerle visage endehors
du combat.
Ce «heaume »dont le bord arasait les
sourcils, reposait sur la périphérie de la
tête, laquelle était protégée par une
«"coiffe à armer » en peau rembourrée.
Malgré cette disposition, le «heaume »
conique vacillait facilement sous l'effet Cette scène extraite de la Tapisserie de Bayeux montre un chevalier normand - le duc Guillaume
de Normandie, semble-t-il - relevant son casque tronconique au cours de la bataille de Hastings
d'un coup de taille, blessant souvent le (octobre 1066). Cliché Giraudon.
nez. Il était très fatigant à porter, son
simple poids enserrant le contour de la
tête.

Sceau de la commune de Soissons en 1228, montrant son «maire » armé de pied en cap. Son
heaume à nasal est du type normand tronconique déjà coiffé au temps de la conquête de
l'Angleterre. Archives nationales.
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LE « HEAUME FERMÉ »
X I I I - X I V siècles
«Leheaumenormandy),outre l'incon-
vénient de peser sur la tête, présentait
celui plus grave de ne pas préserver la
figure, les tempes et la nuque ; le
«camail maclé»garantissait, il est vrai,
nuque et tempes. C'est pourquoi fut
créé, vers 1200, un «heaumeenclochey),
dont le contour descendait jusqu'au cou.
Il s'agissait d'une reprise du casque de
piéton représenté sur lejeu d'échecs «de
Charlemagne ». Laplus anciennefigura-
tion du«heaumeencloche»estvisiblesur
un chapiteau du cloître de Figeac, en
Dordogne, datant des années 1200.
Cette nouvelle défense de tête préfi-
gurait le ceheaume cylindrique » apparu
vers 1240. Généralement plat sur le
dessus, puis légèrement bombé, il coiffa
les chevaliers jusque vers la fin du
XVesiècle. Dit aussi «heaumeclassique »
ou «en poty), il reposa d'abord sur la
«coiffe à armery), puis, sa partie infé-
rieure s'allongeant, il finit par s'appuyer
entièrement sur l'encolure, vers le milieu
du XIVesiècle. La tête pouvait alors —
très relativement —s'y mouvoir d'un
côté àl'autre. Al'origine - vers le milieu
du XIIIe siècle - il fut d'abord muni
d'une face articulée sur deux charnières
verticales placées latéralement, permet-
tant demieuxvoir etderespirerlorsqu'il
était ouvert. Ce lourd «ventaille » de-
vait alors gêner considérablement le
chevalier, son « heaume y), posé sur le
haut de la tête, ayant une fâcheuse
tendance à pencher de côté. Une solu-
tion d'ouverture par le haut fut trouvée
plus tard, mais les chevaliers préféraient
un heaume d'une seule pièce, qu'ils
posaient sur leur «coiffe à armer y),
«Grand heaume » de joute ayant dû appartenir à un chevalier d'un ordre religieux, si l'on s'en seulement quelques minutes avant le
réfère à la croix ajourée de la «bavière ». Photo Jean Marquis. combat : c'est ce quemontre une minia-
ture du «Roumans d'Alixandre » vers
1240. En effet, ils devaient étouffer de
chaleursurtout enAfrique, autemps des
VIle, et VIlle croisades.
D'assez nombreux exemplaires de ce
«heaumeenpot »sont conservés dans les
musées et collections, dont l'un au
Musée de l'Armée de Paris. Il était
généralement fait de trois parties rivées
l'une sur l'autre : un devant, un derrière
et undessus. Cedernier, très légèrement
conique, était renforcé par une croix
soudée à chaud, une autre - dont les
branches horizontales étaient percées de
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fente pour la vue - renforçant le devant ;


sous ces vues étaient percés une série de
trous permettant la respiration. Les
formes variaient légèrement d'un modèle
à l'autre, certains comportaient une arête
verticale sur la face avant pour faire
dévier les coups de lance. Sur un modèle
—figurant sur un manuscrit italien de la
fin du XIIIe siècle —la partie avant se
prolongeait même par une pointe des-
cendant jusqu'au sternum.
Comme on pourrait le croire en
voyant actuellement des «armures y), ou
«harnois blancplain »entièrement en fer
poli, les «heaumes » ne présentaient pas
de surfaces semblables. Au contraire, ils
étaient peints aux couleurs héraldiques
de leurs propriétaires, certains étaient
dorés et mêmeornés de couronnes, et de
pierres précieuses. Des «heaumes » ainsi
décorés furent portés dès le XIIe siècle,
et l'exemple le plus célèbre est celui de
Louis IX, en 1248, à Mansourah, lors
de la VIF Croisade. D'autres décors,
vers la fin du XIIIe, ornèrent les
heaumes d'une façon encore plus specta-
culaire. Il faut dire que ceux-ci n'étaient
utilisés qu'en tournois, montrant decette
façon aux spectateurs les «armes parlan-
tes » des différents concurrents. Ces
emblèmes faits de carton, de cuivre
repoussé ou de bois, étaient donc très
légers, et figuraient des personnages,
animaux, bêtes fantastiques, peintes au
naturel. Fixés par deux attaches au
sommet du «tymbre », ils rappelaient les
emblèmes des casques Vikings, Gaulois
et autres. Ces décorations héraldiques -
accompagnées, à partir d'une certaine
Cette remarquable étude d'Albrecht Dürer exécutée en 1514, présente les époque, d'un voile aux couleurs de la
différentes faces, et montre les nombreux laçages assemblant les pièces d'un
« heaume de tournoi » en tête de crapaud. Musée du Louvre. Photo Musées
dame des pensées du chevalier - furent
Nationaux de Paris.

Sous le « heaume »l'homme d'armes coiffe


un «camail de mailles », dit éventuelle-
ment «cervelière », qui, doublé de peau,
s'emboîtait exactement sur son crâne. A
gauche, un modèle représenté dans le
manuscrit «Roman du Saint-Graal » du
XIIIesiècle (B.N.), et à droite une « cerve-
lière », datant du milieu du même siècle,
conservée au Musée de l'Armée ; son détail
est montré dans son ensemble en A, tandis
que Bprésente un de ses anneaux rivé «à
'grain d'orge ». Dessins Viollet-le-Duc.
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portées dans lesjoutes et tournois jusqu'à «tymbre » ogival, dans l'ensemble plus
la fin du XVesiècle. ramassé, naquit vers la fin du
Pour remplacer le «heaume en pot », XIIIe siècle. Sur sa face, une ouverture
au fond plus ou moins plat, apparut vers triangulaire ne laissait apparaître que les
la fin du XIIIe siècle, et aussi bien en yeux et le nez de l'homme d'armes.
France qu'outre-Manche, le «grand Muni d'un « ventaille » articulé sur des
heaume à ailettes ». Sa calotte très haute, pivots latéraux, il permettait de cacher
et ogivale déviait la lame del'épée. Cette presqu'entièrement le visage du cheva-
défense était complétée par les «ailet- lier. Celui-ci voyait grâce à un espace
tes », faites de deux plaques de fer laissé découvert entre le haut du (cven-
rectangulaires fixées à la base du taille »et le frontal de la calotte. En fait,
«heaume » et tombant sur les épaules l'homme devait baisser légèrement la
avec comme but évident de dévier les tête pour pouvoir véritablement
coups d'épée. Précédemment ces «ailet- « voir ». Remarquons que ce «heaume à
tes » étaient seulement attachées aux ventaille » réapparaît à l'époque actuelle
épaules, mais elles pivotaient alors trop dans le «casque à mentonnière », utilisé
facilement. par nombre de motocyclistes, encore que
Ces différents types de heaumes, les fabricants n'aient sans doute jamais
donnaient aux chevaliers un aspect eu connaissance du «heaume » du
particulièrement redoutable. Comme l'a XIIIe siècle. « Cervelière » faite de plaquettes rivées,
souligné Viollet-le-Duc, il était «propre Une autre miniature du «Roumans portées vers 1250 (d'après le Roman
à inspirer la terreur à de pauvres diables d'Alixandre »montre une variante de ce d'Alexandre) et (en-dessous) «chapel» du
début du XIIIesiècle (d'aprèsle manuscrit
à peine vêtus. Aussi n'était-il pas besoin premier (cheaume à ventaille »), et com- latin «Psalm »). Dessins de Viollet-le-Duc.
de beaucoup de ces hommes d'armes bine l'ancien «heaume à vue», et celui à
pour faire fuir quelques centaines de « ventaille » relevable. Il se particularise
paysans ». Et d'ajouter que «sur leurs par son « ventaille »), ne protégeant
grands chevaux normands, ces hommes qu'une ouverture dégageant la bouche et
paraissaient des êtres surnaturels ; en facilitant la respiration. En réalité, il
effet, lorsqu'ils chargeaient, le bois devait être un ancien «heaume enpot »
abaissé, leur choc devait être terrible ». modifié, car le « ventaille » —apparu
Pourtant, ce «heaume à ailettes » ne aux environs de 1300 pour compléter la
semble pas avoir été longtemps utilisé ; il «cervelière » — n'était pas une nou-
était trop lourd à la tête et disparut à la veauté ; on l'appelait, alors, « viaire ».
fin du XIIIe siècle. Dans le courant de la première partie
Un autre modèle de »heaume » à du XIVe siècle, le «heaume »commença
à reposer sur les épaules, —et la tête
toujours coiffée d'une «cervelière » —
pouvait alors s'y mouvoir latéralement.
Par contre, son porteur ne pouvait
baisser le chef sans être obligé d'incliner
tout le torse, ce qu'il faisait forcément
dans la position de charge «lance
abaissée ». Ce «heaume » —tel ceux du
temps de Crécy (1346) —était attaché
au milieu du dos du haubert par une
boucle, où passait une courroie rivée à sa
base antérieure : il était alors dit «lacé »,
par réminiscence avec le laçage du
«heaume conique »normand. Le haut de
son «t)lmbre »était ogival tandis que, par
la disposition de sa « vue», il annonçait
le «heaume à tète de crapaud y). En effet,
sa face en étrave de navire —pour
dévier les fers de lance —dépassait « Heaume » de cuir bouilli du landgrave
largement la base de la calotte. Cette d'Alsace vers 1340 (église Saint-Guillaume
« Barbute » lacée au «camail », avec «nasal» « vue » n'était utilisée que pour charger, de Strasbourg) avec « vue de fer », et
relevable se fixant au frontal au moment du
combat. Dessin de Viollet-le-Duc, d'après sculpture
un « ventaille » à ouverture latérale « bavière » relevable protégeant le bas du
visage, l'ensemble étant porté par-dessus
tombale de Berchtoldus V(fin du XIIIesiècle) en la permettant de voir avant le combat sans une «barbute » lacée au «camail ». Dessin
cathédrale de Fribourg-en-Brisgau. incliner le torse. Viollet-le-Duc.
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« Heaume en tête-de-crapaud » à tymbre


fuyant, utilisé surtout en joute ou en tournoi
à la fin du XIVe et au début du XVesiècle.
Dessin de Viollet-le-Duc.

« Heaume » cylindrique, composé de 3 parties de


fer battu rivées l'une à l'autre, et renforcé de
bandes soudées à chaud. Conservé au Musée de
l'Armée de Paris, il est d'une grande rareté. Dessin
de Viollet-le-Duc.

Le chevalier ne le coiffait qu'au aussi d'excellents. Le (( heaume en pot )J,


moment de monter en selle, et devait reposant sur les épaules, présentait alors
alors être aidé par son «valet d'armes » une face en bec » à hauteur des « vues y).
qui le bouclait dans son dos. Unmodèle Sa partie frontale, beaucoup plus
comparable, à «ventaille » relevable —oblique, s'appuyait sur la « cervelière » ou
plus pratique que le précédent —ne la barbute y). De plus, un renfort en
présentait pasde«vuey),et était renforcé croix était soudé à chaud, marquant l'axe
àl'arrière par unebande de fer horizon- vertical et les « vites » qui y étaient
tale, rivée auniveaudela nuque, cepour percées. Utilisé pour la guerre tout au
la garantir des coups de masse donnés à plus jusqu'au début du XVe siècle, il
revers. Cette bande servait aussi à fixer continuera à l'être par la suite dans les
le voile qui —jouant le rôle de la « pas d'armes M. Sa forme ultime, plus
crinière des futurs «casquesà cimier» —élaborée, fut le heaume en tète de
servait à parer certains coups d'épée. Ce crapaud y).
renfort existait surtout sur les heaumes Ce fut vers 1380 que ce casque —
d'Italie du Nord, où nombre de cheva- dont le profil affectait d'assez près celui
liers français se fournissaient àprix d'or, de la tète de ce hideux batracien —fut
en raison de la qualité de la production. introduit en France, venant d'outre -
Dès le début du XIVesiècle, le Rhin. Il y fut très en faveur pendant plus
«heaume» fut graduellement remplacé de quarante ans. Sa partie frontale, très
par le ^bassinet »plus léger et emboîtant inclinée, se prolongeait vers sa calotte renforcer sa tenue, il était bouclé aussi
mieux la tète. Apartir de 1350-1370, ogivale. Sous la vue, la face inférieure bien sur le «plastron » que sur la
l'habileté des forgeurs leur permettait formait un bec, ajoutée par rivetage de «taille
dossière y). Comme le «heaume à ven-
den réaliser d'une seule pièce. Les plus chaque coté, et souvent renforcée par » de la fin du XIIIe siècle, le
renommés restaient ceux d'Italie septen- une bavière » perforée. L'excellent pro- f heaume tl tete de crapaud» avait son
trionale, mais les a marteleurs »français filage de ce curieux « heaume » faisait «tymbre très souvent orné de pièces
de Poitiers, Paris et Arras, ainsi que les que, la plupart du temps, le fer de la héraldiques spectaculaires et hautes en
«fèvres Mflamands, en produisaient lance y glissait facilement. De plus, pour couleurs.
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LE BASSINET
XIV - XV siècles
Le « heaume lacé » constituait donc la
protection presque parfaite, puisqu'il
protégeait en plus le cou. Malheureuse-
ment, il était lourd et coûteux, et n'était
porté que par des chevaliers fortunés.
Les autres, ou la piétaille, devaient se
contenter de la simple «•cervelière , dont
la protection — sans être illusoire —
était moins efficace, puisqu'elle laissait le
visage découvert. En effet, avant la
création de l'arme à feu — et hormis
l'utilisation des armes de trait ou de jet
- le combat se déroulait de très près,
avec des armes blanches, d'hast, ou de
coups. Or, les coups les plus dangereux
n'étaient pas forcément ceux 'd'estoc,
n'ayant généralement comme résultat
que de renverser l'adversaire, mais ceux
portés à l'horizontale, ou en oblique. S'il .
n'entamait pas le « heaume y), le choc
brisait par contre-coup le nez ou la
« Grand bassinet » de la fin du XVIe siècle à mâchoire. D'autre part le « heaume
«tymbre » ovoïde, ayant peut-être appartenu à fermé », malgré divers essais de ventila-
Jean de Salins. Musée du Palais des États de tion, était particulièrement étouffant et
Bourgogne a Dijon. Photo Jean Marquis. difficilement portable un long temps.
Les « marteleurs » devaient donc trouver
un autre type de casque, qui tout en
protégeant mieux, améliorât aussi bien la
vision, que la respiration. L'idée en
naquit vers 1300, quand l'un d'eux —
ou, pourquoi pas, un chevalier ? —eut
l'idée d'adjoindre à une « cervelière » une
protection mobile de la face, relevable
hors du combat. Ce fut, paraît-il,
l'origine du « bassinet », que l'on ortho-
graphiait aussi « bacinet ».
Quant à la « cervelière », elle fut coiffée
à partir du VIlle siècle, par-dessus le
camail »de peau ou de mailles. En fait,
c'était une simple calotte de fer emboî-
tant exactement le crâne jusqu'aux sour-
cils, qui pouvait être soit lacée au camail,
soit posée dessus. La « cervelière » clas-
sique était faite d'une seule plaque de fer
bombée, les plus sophistiquées étant
renforcées de bandes croisées, et d'un
tour de tête soudés à chaud. Par contre,
un autre type —surtout porté par les
piétons, avec la « brigantine » — était
constitué de plaquettes d'acier imbri-
quées, rivées sur une doublure de toile
ou de peau. Vers 1250, exista aussi un
Cette vue de face d'un « bassinet », du début du modèle d'une seule pièce, présentant la
XVesiècle, montre bien l'excellent profilage de cet forme d'un œuf coupé verticalement,
armement de tête sur lequel la plupart des coups
déviaient à dextre ou senestre. Collection du Musée une partie formant visière : naturelle-
du Cluny. Photo Joubert- Tallandier. ment, il était impossible de coiffer le
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((heaume»avec cette protection de tête.


Par contre, à la fin du XIIesiècle, et au
début duXIIIe, apparut une«cervelière »
non métallique, portée sous le «ca-
mail»; en peau, ou en grosse toile
rembourrée, elle présentait un bourrelet
sur soncontour. Unautre modèle, utilisé
à partir du milieu du XIIIe siècle, était
fait de mailles de fer, et comportait un
couvre-nuque ainsi que des jugulaires.
On le retrouve sous une forme un peu
différente, aussi bien chez les cosaques
du Caucase que chez les Maures. Au
Moyen-Age, elle se portait par-dessus
un serre-tête rembourré.
La protection faciale adjointe à la
«cervelière »était dite «viaire », et pou-
vait facilement s'enlever. Les premiers
furent souvent curieux, et peu satisfai-
sants si on les compare à ceux, très
sophistiqués, des «bassinets » du
XVe siècle. L'une des plus anciennes
représentations —découverte par Viol-
let-le-Duc —figure dans le manuscrit
«Miroir historial ,, daté des années
« Bassinet »à mézail ovoïde, porté avec une demi-
armure du type «gothique » 1440-1450 probable- 1300. Celle-ci montre un «viaire » en
ment d'origine viennoise. Musée du Palais des forme de groin se terminant par une
États de Bourgogne à Dijon. Photo Jean Marquis. arête descendant jusqu'à la poitrine. Les
coups de taille horizontaux étant préju-
diciables à cet important appendice, il
disparut au bout de peu d'années. A la
suite apparut, vers 1310, un nouveau
modèle présentant unbulbe àla hauteur
des yeux, percé de «vues» pour la
vision. Il se prolongeait vers le bas par
une ccbavette » protégeant le bas de la
figure et le cou. D'autres «viaires »
étaient aussi à becy),les uns et lesautres
étant :soit montéssur pivots permettant
de les relever, soit sur charnières,
s'ouvrant horizontalement. Ces premiè-
res tentatives de«bassinet »présentaient
uninconvénient majeur :tout commeles
«heaumes»ils reposaient sur la tête : le
bas du «viaire » —ne portant pas sur
une pièce rigide —encaissait donc mal
un coup horizontal.
Cenefut qu'au milieuduXIVesiècle,
sousJean II leBon(1350-1364)quefut
créée une pièce complémentaire, la
(cbavière y), sur laquelle venait s'appli-
quer le bas du «viaire ». Celui-ci n'était
alors plus monté sur une simple «cerve-
lière » —ses pivots étant situés au
niveau de la bouche —mais sur une
« Bassinet » à mézail nervuré présentant déjà les
formes de /'« armet ». XVe siècle. Photo Jean
(cbarbute », avec «couvre-nuque» des-
cendant jusqu'à mi-cou. Cet ensemble,
Marquis. (cbarbute-viaire-bavière » constituait en
réalité le premier modèle complet de
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«bassinet y).Signalons qu'un demi-siècle


plustôt, lemanuscrit«HistoireduSaint-
Graal Mmontre une petite «barbute »
dont la partie arrière se prolongeait par
trois lames d'acier descendant jusqu'aux
épaules. Elle était munie d'un «viaire »
assezmalconformé, puisque laissant une
ouverture pour la vue, entre sa partie
haute et le frontal. La«barbute » —dite
aussi «salade » en France —était un
casque typiquement italien, avec un
«tymbre» ogival, un «couvre-nuque»
descendant jusqu'au cou se prolongeant
enccgarde-joues »;celles-ci étaient appe-
lées «bujfes », «buffa y). Ce casque,
directement issu du modèle béotien de
l'Antiquité, n'avait par contre pas de
«nasal». Il estamusantdeconstater que
son nom vint de ce qu'il permettait de « Heaume à grilles de tournois », dont le « tymbre »
garder la barbe, qui était couramment était garni d'une calotte de cuir lacée sur lequel
portée enItalie, auXIVesiècle, alors que venaient se planter les emblèmes héraldiques -
dits «lambrequins » - du chevalier. D'après les
ce n'était pas le cas en France. Par miniatures du «Livre des Tournois » du roi René
contre, aunord desAlpes, et Angleterre, d'Anjou datant du XVesiècle.
la «barbute » était attachée à un «ca-
mail»de mailles, grâce à un système de
passants dans lesquels s'enfilait une
lanière de peau s'accrochant par des
« Bassinet » conique à mézail en pointe oeillets à ses deux extrémités. Ala base
porté sur un «camail » de mailles, vers du camail» —au menton —se
1350-1360. Ce dessin - présenté par trouvait une charnière portant un «na-
Viollet-le-Duc, d'après le manuscrit « Tite-
Live »de la Bibliothèque Nationale de Paris sal » de fer relevable s'accrochant au
- est à comparer à celui présenté de face frontal. Legisant deBerthold V, duc de
en page 16. Zâhringen, enlacathédrale deFreiburg-
inn-Breisgau (Allemagne) donne unbon
exempledecetype de«barbute »ànas-al
articulé.
Pour en revenir au bassinet» de la
seconde partie du XIVe siècle, celui-ci
présentait un viaire » —dit plus tard
ventaille », ou encore à tort «visière »
—étudié pourdévieraumieuxles coups
de lance ou d'épée. Les vuesy), faites
de deux fentes, ou encore d'une série de
trous rapprochés, étaient pratiquées sur
unearête horizontale n'arrêtant pasle fer
delanceoulalamedel'épée. En-dessous
seprofilait un museau enpointe, dans la
partie inférieure duquel étaient percés
des trous de ventilation. Parallèlement,
les bassinets JJitaliens, forgés àPavie et
Milan, avaient des formes similaires
pour le «tymbre» et le «viaire y), mais
Ce « bassinet » à tymbre et mézail bom-
pas de f bavière ». Dans sa forme fran-
bés, porté à la fin du XIVesiècle, se mouvait çaise, le f bassinet »avait la partie avant
à l'intérieur d'un «colletin » indépendant
maintenu par des courroies coulissantes,
par-dessus un «clavain » de mailles. Pré-
senté par Viollet-le-Duc d'après une minia-
ture du manuscrit de la Bibliothèque Natio-
nale de Paris «Chroniques d'Angleterre ».
18
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base, pour protéger le cou, est rivé un


«colletin »endeux parties :une pectorale
et une dorsale, fixées par deux pivots au
bas de la cebarbute y), donnant ainsi à la
«nuquière » une certaine souplesse par
rapport au casque. Enfin, un court
cccamail » est rivé au contour inférieur
du cecolletin ». Si l'on en croit encore
Viollet-le-Duc, cette défense de tête
française était meilleure que sa soeur
italienne. Aussi, ce type de bassinet »
fut-il conservé jusqu'aux environs de
1430. Mais, dès le début du XVesiècle,
on chercha à l'améliorer, surtout dans la
forme du « viaire ». Celui-ci - en
raison de sa forme pointue — était
vulnérable àcertaines attaques : coups de
lance, d'épée ou de masse, dirigés de bas
en haut ou en oblique, lesquels étaient
aussi préjudiciables au cetymbre »ogival.
Aussi, les «batteurs d'armures » d'alors
—qui sous l'angle moderne, pourraient
être considérés comme de véritables
ingénieurs —créèrent dès la dernière
décennie du XIVe siècle, un autre type
de cebassinet y), de formes plus adéquates.
Première pièce complète du ceharnois
blanc plain » son époque de perfection
débuta vers 1380-1390. Il faisait tran-
sition entre le cebassinet » classique et
ffl'armet y), dont les premiers exemplai-
res apparurent vers 1435.
Cet ultime (cbassinet »était complète-
ment ovoïde, emboîtant la tête suivant
une ligne oblique, allant de la base du
« Bassinet » de la fin du XIVe siècle nez à la partie supérieure de l'occiput.
ou du début du suivant (entre 1390
et 1410). Vupar la gauche avec son
Son ceviaire » complètement arrondi,
«mézail » rabattu pour le combat et comportait deux vues »: une supé-
par la droite celui-ci étant relevé rieure, servant lors de la charge avec la
pourpermettre une meilleure vision,
sans avoir à l'enlever. Présentant la
lance en arrêt, et une, inférieure, pour la
forme la plus pure de ce type de
vision normale, renforcées de nervures
défense de tête, il fut dit «à bec de horizontales destinées à dévier les coups
passereau »en raison de la forme de d'estoc. A sa base, un loquet à ressort le
son «mézail » - à partir du XIXe
siècle. En fait, c'était une «barbute »
verrouillait sur le cecolletin »fait de deux
lacée ou rivée sur un «camail » sur lames de fer, articulé, qui, permettait de
les côtés de laquelle s'articulait le
«mézail ». Une «jugulaire », norma-
baisser légèrement la tête. Pourtant, ce
lement invisible sous le «camail » «bassinet » ovoïde —reproduit dans le
servait à bien maintenir ce «bassi- manuscrit Le livre de Guyron le Cour-
net » sur la tête de l'homme
d'armes. Photos copyright, Musée
tois » paru vers 1400-1410 —présen-
de l'Armée, Paris. tait encore un grave défaut : la jonction
entre la base du ceviaire », et le haut du
du«tymbre»beaucoup plus inclinée que pas le bas du cou, et ce ne fut que vers la <?gorgerin y), favorisait la pénétration
sur les modèlesitaliens. Il était aussi plus fin du XIVe siècle qu'apparut un modèle d'une pointe d'arme blanche. Comme le
perfectionné, puisque son «ventaille » avec colletin »fixé àla partie supérieure ceheaume lacé y), ce dernier modèle de
pouvait être enlevé de ses tourbillons, du corselet y). Sur celui - datant des c(bassinet »était bouclé par des courroies
n'étant fixé à chacun que par une environs de 1390 —du Musée de sur la poitrine, et dans le dos. Lourd et
goupille ; il suffisait de les faire sauter l'Armée de Paris, la face avant de sa peu souple, il fut peu à peu modifié et fit
pour l'enlever. bauière »présente une ouverture enca- place en moins de 40 ans à son descen-
Ce cebassinet »ne protégeait toujours drant les yeux, le nez et la bouche. Asa dant direct : cel'armet y).
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L'ARMET
XV - XVII siècles
S'il était impossible de conserver le
« heaume » plusieurs heures d'affilée, le
bassinet » était encore trop lourd,
étouffant, et ne permettait toujours pas
de tourner la tête. Par contre, » l'armet »
plus léger, autorisait ce mouvement, et
était beaucoup mieux ventilé, malgré
qu'il entourât tête et cou de plus près. En
réalité, pour un homme d'aujourd'hui,
cette défense de tête serait tout aussi
lourde et étouffante que l'ancien
« beaume )J du XIIIe siècle. Son nom de
« armet » était en fait une contraction du
vieux mot français « beaumet », c'est-
à-dire petit heaume y), que les anglais
transformèrent en « helmet », ou casque.
Il fut la dernière défense de tête du « Armet à mézail »en 2 parties ; « vue »en haut, et
Moyen Age, et continua d'être porté «nasal» pointu en-dessous. Datant de 1440, il
comportait un «gorgerin » articulé permettant à la
jusqu'à 1650, par les cuirassiers de tête de se mouvoir latéralement. Cet «armet »
diverses armées européennes. Il figura faisait partie d'une armure conservée ancienne-
encore quelques décennies sur les peintu- ment à Pierrefonds, et maintenant au Musée de
l'Armée. Dessin de Viollet-le-Duc.
res représentant quelques grands person-
nages en demi-armures de parade. D'au-
tre part il constituait la pièce principale
du « tymbre » surmontant les blasons de
la noblesse française d'épée jusqu'à la
Révolution.
Pendant les deux siècles qu'il fût
porté, un grand nombre de variétés en
fut produit, d'autant plus que —faisant
partie du « harnois blanc plain », avec
lequel il était harmonisé —il suivra les
modes imposées par les « batteurs d'ar-
mures ». Jusqu'aux années 1470, il ne
subit pas de modifications majeures, et
resta en acier poli non bruni jusqu'à la
fin du siècle. Ce ne sera que vers 1500
qu'il se couvrira de gravures, ciselures,
décors en repoussé, dorures du plus bel
aspect, se transformant parfois en somp-
tueuses oeuvres d'art. «Armet à mézail » d'une seule pièce datant des
environs de 1470. Celui-ci comporte à l'arrière du
f L'armet » d'origine de la période «couvre-nuque », une rondelle dite « volet »,
1435-1470 se composait d'un «tym- celle-ci ayant fait dénommer ce type «armet à
bre » ou calotte, à l'arrière duquel était rondelle »: celle-ci servait à attacher une écharpe.
Dessin de Viollet-le-Duc.
rivé le couvre-nuque y). Sur les côtés de
ce dernier, environ au droit des oreilles,
était fixé le « ventaille », ou « menton- « Armet à crête et visière » du milieu du XVIIe
nière », s'ouvrant latéralement à droite siècle, présentant certaines caractéristiques du
ou à gauche ; y étaient aussi fixés les «morion » (Musée de Soleure).
pivots d'articulation du « mézail », qui « Armet savoyard » à timbre cannelé «à la
constituait le nez de l'armet. Ce « mé- maximilienne » du XVIe siècle (Musée Mas-
séna, Nice).
zail » était généralement pointu, avec
une arête médiane, mais par la suite il y « Armet à mézail » renforcé de nervures
en eut de bombés, cannelés, courbes, horizontales, d'origine allemande, faisantpartie
d'une demie armure dejoute (Musée Masséna,
etc... C'était dans le « mézail »qu'étaient Nice).
percés la « vue », et les fentes, ou trous Photos Jean Marquis.
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« Armet à mézail à grille, doublé d'une visière


rabattable qui complétait les vues »; de fabrica-
tion anglaise, avec nervure de renfort du timbre
- Milieu du XVIe siècle. Collection Musée
Masséna. Photo Jean Marquis.

«Armet à mézail, à masque grotesque » de la


fin du XVIe siècle, dénommé «Zügusjoggeh),
destiné à porter, comme l'indiquent une patte
verticale et un verrouillage sur le haut du
timbre, un emblème héraldique. Musée de
Soleure. Photo Jean Marquis.

« Armet savoyarde à masque grotesque »


dont la visière faisant partie du mézail, annon-
çait la «bourguignotte », tandis que la «crête »
s'apparentait à celle des «morions » vers 1600.
Musée du Palais des Etats de Bourgogne. Photo
Jean Marquis.
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de ventilation. Une butée inférieure —


venant s'appuyer sur la tranche supé-
rieure du ceventaille » —l'empêchait de
descendre trop bas, tout en le verrouil-
lant pour qu'un coup intempestif ne
puisse le faire sauter. Certains compor-
taient deux parties : une supérieure avec
la cevue » permettant d'augmenter en la
relevant la vision, tandis que le cenasal »
restait abaissé. A ces pièces composant
cel'armet » proprement dit, venait
s'ajouter le «gorgerin », qui protégeait,
outre le cou, la gorge et le haut du dos.
C'était à lui que s'attachaient le
Très bel « armet »
de 1553 à « mé-
corselet y), la cedossière y), ainsi que les
zail » en 3 parties «spallières ». La majorité des «armets »
pouvant se relever parvenus jusqu'à nous ont perdu ce
séparément. En- «gorgerin y), encore que la jonction des
core que de travail
allemand, il aurait deux était parfaitement faite par un
pu être utilisé par ceOrle»inférieur. Celui-ci contournait le
un seigneur fran- cou à la base du couvre-nuque et du
çais, de nombreu-
ses armures ger-
ceventaille », et était engagé dans une
maniques étant rainure extérieure pratiquée dans la
alors importées en première lame du cegorgerin y). Celle-ci
France. Collection
«Museum für
était attachée à une seconde inférieure,
Deutsche Ges- puis à deux plus importantes pièces
chichte ». Berlin. formant le cecolletin »; constitué d'une
partie avant et d'une arrière, réunies par
des boutons, il portait à ses bords
supérieurs des crochets, ou cearrêts de
spallières y). Ces diverses pièces du cegor-
gerin », étaient réunies en dessous par des
courroies de cuir verticales, rivées à
chacune d'elles. Pour permettre sa pose,
le cegorgerin » s'ouvrait en deux suivant
la ligne des épaules.
Tous les cearmets »étaient constitués à
peu près de la même manière, mais
quelques différences se rencontraient, en
dehors du cemézail », en une ou deux
parties. Ainsi, sur certains, le ceven-
taille » s'ouvrait verticalement en deux
parties articulées au niveau des oreilles,
ce qui était nettement plus pratique
pour retirer l'armet ». Un modèle —
conservé au Musée de l'Armée à Paris,
daté de la fin du XVe siècle —comporte
en outre un frontal soudé àchaud, et une
CCrondelle » à la base du «tymbre y).
Celle-ci servait à préserver des coups de
revers, et masquait la jonction des joues
de f ventaille ». Elle fit dénommer ce
modèle : c,armet à rondelle y).

Vue arrière d'un splendide « armet » faisant partie d'une armure


maximilienne datant des années 1520-1530. Les nervures rayonnantes, ainsi
que la double crête suivant la courbure du «tymbre » renforçaient
considérablement la résistance du métal aux chocs. Collection «Museum für
Deutsche Geschichte ». Berlin.
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« Armet à mézail » avec celui-ci relevé, et son


« ventaille » ouvert, montrant comment l'homme
d'armes pouvait le coiffer. En-dessous, détail du
«couvre-nuque » montrant sa «rondelle ». Enfin à
gauche, détails du montage du «gorgerin ». Ce
casque est celui représenté fermé en bas à droite de
la page 20. Dessin de Viollet-le-Duc.

Très bel « armet à mézail » d'une seule pièce avec


doublure frontale d'acier gravé et doré. Le « ven-
taille »protégeant le menton s'ouvre en 2parties se
relevant vers le haut, au lieu d'être d'une seule
pièce comme sur le modèle courant de gauche.
Collection du Musée de l'Armée. Dessin de Viollet-
le-Duc.

«Armet de joute »fixe avec « mézail »d'une seule


pièce. Le «mézail »ne comporte aucune ventilation
à gauche, celle-ci n'étant assurée à droite que par
une perforation dans un volet ouvrant. Le «mante-
let à armer » couvrant l'épaule, et le bras gauche
remplace «l'écu » pour parer les coups de lance.
Armure faite à Augsbourg vers 1580. Collection
Armurerie de la Tour de Londres.
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LE « CHAPEL DE FER »
XIII - XV siècles
Coiffant la grande majorité des hom-
mes de pied du Moyen Age, ce casque
n'était autre qu'une «cervelière »dotée de
bords, et était déjà utilisé dans l'Anti-
quité. Au XIIe siècle, il affectait la forme
d'un cepot »haut-de-forme, avec un petit
bord incliné, et se portait par-dessus le
«camail »;certains étaient mêmeencuir
bouilli. Il était dit suivant les époques et
régions : ^capeldefer », «chapeline », ou
encore hanepier ». Comme il était plus « Piéton » des ar-
léger, et surtout moins étouffant que le mées de Charles V
«heaume », nombre de chevaliers du vers 1372, coiffé
XIIIe siècle le coiffèrent même au com- d'un « chapel de
Montauban » par-
bat, comme l'a rapporté le sire de dessus un «ca-
Joinville dans son «Histoire de Saint- mail » de mailles.
Aquarelle de Fran-
Louis »: « Ainçois separti di nostre est çois-Roger de Gai-
touz sens, et s'adreça vers les Sarrasins, son gnières (1642-
gamboison vestu, son chapel defer en teste, 1715) au Cabinet
des Estampes B.N.
songlaive (lance) desouz l'essele... »Coiffé Photothèque Tal-
aussi bien par les nobles que par les landier.
arbalétriers ou les pionniers, le «chapel»
de cette époque était constitué de trois apparut un modèle plus galbé, avec une
pièces de fer : dessus, tour de coiffe et nervure dans l'axe du cetymbre y), et un
bords rivés entre eux. Pour mieux tenir ceavantail » se prolongeant en une
sur le camail, il était maintenu par des pointe avant.
crochets, ou par une mentonnière y). Au LecechapeldeMontauban »apparut au
cours du XIIe siècle, il se modifia en début du XVesiècle. Il présentait,
s'aplatissant graduellement, la conicité comme le précédent, une nervure mé-
du «tymbre », aussi bien que des bords diane et une visière en pointe, dans
dits ceavantail », étant de plus en plus laquelle étaient ménagées deux cevues »
oblique. Puis, au mileiu du XIVe siècle, permettant —quand il était abaissé —
de voir tout en protégeant le visage. Les
chroniques et manuscrits décrivent ou
montrent différents cechapetsdeMontau-
ban », dont beaucoup sans cevues ». On
peut se demander pourquoi cette déno-
mination, si ce n'est parce que les
forgerons de cette ville du Périgord s'en
firent une spécialité. Il y a près d'un
siècle que les érudits de la région se sont
posé la question sans avoir trouvé la
réponse. En 1880, dans le «Bulletin de
la Société Archéologique du Tarn-et-
Garonne », H. de France signalait que
cePersonnejusque-là, croyons-nous, n'avait
à Montauban parlé depièces d'armures y).
Le même auteur citait M. de Barante
qui, dans l'« Histoire des ducs de Bour-
gogne Mrapporta qu'en 1392 «lejour où
le roi Charles VI dans la forêt du Mans,
rencontra le fou qui eut une si grande
« Chapel de fer » dans le style dit « de Montau-
ban ». Dans cette vue par-dessus l'on remarque
influence sur le reste de sa vie, le bruit que
que le «couvre-nuque » (en haut) est nettement fit la lance d'un page en tombant sur un
plus étroit que la « visière ». Collection Musée de « casque de Montauban », queportait un
Soleure. Photo Jean Marquis. seigneur de l'escorte, augmenta la terreur
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« Chapel de fer »
bourguignon préfi-
gurant le « mo-
rion », provenant
du butin pris sur « Chapel de fer »
le champ de batail- à « tymbre » en
le de Grandson pointe, dans le
(1476). Musée du style dit « de Mon-
Palais des États de tauban ». Collec-
Bourgogne à Dijon. tion du Musée -
Photo Jean Mar- de Soleure. Photo
quis. Jean Marquis.

du roi ». D'après l'érudit montalbanais, ainsi. Mais laquelle ? En effet, les


ce casque aurait été inventé avant 1300, manuscrits présentent différents modèles
mais ce ne fut qu'en 1312, sous de ces c(chapeaulx de Montauban y), dont
Philippe-le-Bel, que l'on trouva une beaucoup sans « vues y). Certains « cha-
trace certaine du casque, ou «chapeau de pets », relevés par Viollet-le-Duc sur des
Montauban y). Son nom roman «capelde miniatures du « Miroir Historial » des
fer », paraît bien le rattacher à ce pays. environs de 1440, étaient extrêmement
Par ailleurs l'auteur anonyme du curieux et s'éloignaient beaucoup de
a Costume militaire des Français en ceux classiques précités. D'une part, le
1448 » les décrit ainsi: «Des chap- cctymbre » finissait en pointe recourbée
peaulx de Montaulban son rons en teste, à vers l'arrière, d'autre part un frontal se
unecresteau meilleuquifait tout du longde terminant par une longue corne pointait
la haulteur dedeux doiz, et tout autoury a au-dessus, tandis qu'à l'avant s'avançait
ungavantal dequatre oucinq doiz delarge un bec effilé formant « nasal ».
enforme de manière de chappeau ». D'autres « chapels » des années 1420-
Quant à H. de France, il n'a pu 1440 moins bizarres et parfaitement
émettre que des suppositions sur les équilibrés, différent des précédents, et
activités métallurgiques montalbanaises par contre présentaient la particularité
aux XIIIe et XIVe siècles : «La seule d'être portés avec une « bavière-colletin ».
trace qui nousparaît être restée estpeut-être L'un haut-de-forme, et cannelé, avait un
l'ancien nomd'une partie de la rue Saint- petit bord ; de plus, la « bavière-colletin »
Louis, qui était appelée autrefois «carriéra l'accompagnant était complétée par un
de la Fauria ». L'angleformépar cette rue «garde-nuque » montant haut. L'autre
aveccelle du Vieux-Palais et des Cordeliers modèle était à « tymbre »bombé, et très
se nommait «canto de la Fauria y). Incon- conique ; « l'avantail »étant très incliné,
testablement, ces mots doivent se traduire l'ensemble formait comme un toît sur la
par, «rue de la Forge » et «coin de la tête de l'homme d'armes. Ce casque
Forge y). Quelle était donc cetteforge assez était, le plus souvent porté par des
importantepourdonnerainsison nomà une piétons, mais on constate, d'après les
rue et à un carrefour ? Ce nepouvait sans miniatures examinées, que les chevaliers
doute être uneforge vulgaire »!!... D'autre le coiffaient également pour combattre à
part, le nom fréquemment employé de pied, pratique courante à l'époque. Une
«capel defer » indique une provenance variante de ce dernier « chapel » présen-
languedocienne, et engageà nepas croire tant une arête centrale, était surtout
qu'il fût d'importation anglaise dans portée pour monter à l'échelle d'assaut :
cette région, comme pourrait le faire son « avantail » atteignant la carrure du
supposer sa longue occupation par les
Anglais. Si cela avait été le cas, ils
n'auraient pas manqué de lui laisser un
nomanglais. Cependant, par une coïnci- « Chapel de fer »
dence étrange, sa fabrication paraît avoir dans le style dit
«de Montauban »,
été abandonnée àl'époque de leur départ dont la vue par-
(1422). La question reste posée, aucune dessus figure en
pièce d'archives n'ayant pu être retrou- page précédente.
Collection du Mu-
vée prouvant la fabrication de ces sée de Soleure.
casques, pourtant ce n'est certainement Photo Jean Mar-
pas sans raison qu'ils ont été dénommés quis.
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HÉRISSEY A ÉVREUX (EURE)
N° 28717
Dépôt légal : 4e trimestre 1981.

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