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DU MÊME AUTEUR
Chez Jacques Grancher, Éditeur :
(en collaboration avec Dominique Venner)
LES ARMES BLANCHES DU Ille REICH (1977)
Chez d'autres éditeurs :
COMMENT ÇA MARCHE ? LES AÉROGLISSEURS, LE CONCORDE, etc. René Touret (1967)
LA VIE AVENTUREUSE DES GRANDS AVIATEURS. René Touret (1973)
LES ARMES BLANCHES MODERNES. André Balland (1971)
L'HABIT DU CHEVAL : selles et brides. L'Office du Livre - Vilo (1975)
LE LIVRE DES ARMES ET ARMURES. Hier et Demain (1977)
Enpréparation :
VINGT SIÈCLES DE TOILETTES FÉMININES EN FRANCE. Adepte
CASQUES
ET
COIFFURES MILITAIRES
FRANÇAIS
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CHRISTIAN-H. TAVARD
CASQUES
ET
COIFFURES MILITAIRES
FRANÇAIS
INTRODUCTION
Encore qu'il n'en reste aucun témoignage, il semble logique que l'homme
préhistorique se soit protégé la tête, aussi bien des intempéries que du soleil et des
coups ; sans doute, avec un bonnet de fourrure. En tous cas, les plus anciennes
figurations présentant desguerriers sumériens d'Our enMésopotamie, casqués de cuir,
remontent à 2 500 ans avant J.-C., tandis que quelques siècles plus tard, les soldats
égyptiens se protégeaient le crâne par une épaisse perruque de laine. Par ailleurs, les
pharaons, émanations des Dieux sur Terre, se coiffaient de tiares symbolisant leur
prédominance hiérarchique, d'où la tradition du chef se distinguant par un casque ou
une coiffure plus décorée et luxueuse.
En fait, aucours des siècles, la coiffure duguerrier remplit plusieurs fonctions, se
complétant souvent l'une l'autre. Sa fonction primordiale était tout d'abord
protectrice, par sa matière et sa conformation, mais aussi par sa décoration ayant aussi
bien des caractères religieux que hiérarchiques qu'effrayants pour l'adversaire.
Encore que, par bravades, nombre deguerriers anciens dédaignaient de se coiffer
d'un casque, celui-ci était d'une absolue nécessité pour la protection de la fragile tête
humaine siège de quatre de nos sens. La racine étymologique, sans doute d'origine
populaire, de « tête » n'est-elle pas le mot latin «testa », qui désignait un pot-de-
terre. Ce «casque » toujours porté en tenue de campagne, fût pourtant abandonné
pendant environ deux siècles, àla suite du développement des armes à feu portatives à
partir du début du XVIe siècle, pour être remplacé par le «béret », le «chapeau », le
«bonnet à poil », le «bonnet de police », puis le «shako », la «casquette », le
ccképi », etc.
C'est cette évolution à travers les siècles que nous nous sommes donnés comme
but de développer, aussi bien à travers l'Histoire militaire, les modes - pas toujours
fonctionnelles - et les coutumes. Nous avons tenté de donner un maximum
d informations sur cette longue marche à travers une vingtaine de siècles, sans pour
cela croire que l'ouvrage soit exhaustif. En effet, comme l'a écrit le talentueux
uniformologue Rigo, il y a quelques années : «ce qui m'amuse est d'entendre certains
érudits, heureusement assez rares, affirmer tout connaître sur le Ier Empire, alors queje
suis fermement persuadé que cela n'est pas possible à l'heure actuelle ». Il en est de
même pour les autres époques, y compris les récentes.
Malgré cela, quelques spécialistes très «calés », chercheront sans doute la faille
dans notre ouvrage, l'imprécision, l'erreur, la coquille d'impression toujours possibles,
ou, gardant précieusement «sous le coude » le document non encore divulgué, se
feront un plaisir sadique de contrer l'auteur d'un travail qu'ils n'auront pas eu, eux-
mêmes, le courage de réaliser. Pour éventuellement leur répondre —et ceci sans leur
en vouloir —nous ne citerons qu'une phrase de La Bruyère dans «Les Caractères »
(1688) :«Il n'y apoint d'ouvrage si accompli qui ne fondit tout entier au milieu de la
critique, si son auteur voulait en croire tous les censeurs qui ôtent chacun l'endroit qui
leur plaît le moins ».
Outre le fait que notre ouvrage intéresse son lecteur et lui apporte des
informations qu'il ignorait, nous souhaitons qu'il lui donne l'idée d'écrire lui-même un
article, ou même un livre - chaque chapitre et même chaque paragraphe pouvant faire
l'objet d'une étude plus détaillée -. Ce sera pour moi une grande satisfaction de savoir
que ce livre aura donné naissance a au moins une étude plus approfondie.
Christian H. Tavard.
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Chapitre 1
DES GAULOIS
AUX CAROLINGIENS
LE CASQUE NORMAND
XIe et X I I siècles
Ce casque des piétons de Charlema-
gne annonçait, par la forme de sabombe
ogivale, le casque tronconique normand.
Apparu en France au Xesiècle, il fut
porté jusqu'au XIIe, entre autres par les
Normands ayant envahi l'Angleterre,
comme le montre la fameuse tapisserie
de la Reine Mathilde, à Bayeux. Doté
d'un « nasal » et d'un « couvre-nuque »
carré assez peu développé, ce type de
casque coiffe tous les guerriers de cette
tapisserie. Il semble être d'origine scan-
dinave, encore que les Vikings portaient
des casques assez tourmentés et très
décorés. Certains d'entre eux avec
^ garde-joues », « nasal » et « couvre-
nuque », étaient surmontés d'un dragon
ou autre animal mythique ; d'autres
portaient des cornes se rejoignant au
centre, et un autre modèle était muni
d'une mentonnière ornée d'une rangée
de grosses perles entourant le visage du
guerrier. Enfin un autre type — garan-
tissant l'homme jusqu'au bas du visage
Cette figuration de Geoffroy IV Plantage- — portait un « cimier » semblable à celui Casque à nasal, garde-joues, et couvre-nuque du
net, duc d'Anjou et de Normandie (1129- du casque de dragon au XVIIIe siècle. La XIIesiècle du Musée de l'Armée de Paris. Trouvé
1151), le montre coiffé d'un « heaume en plupart de ces défenses de tête Vikings près d'Abbeville (Somme) au milieu du XIXesiècle.
pointe », dérivé de celui des Vikings, et étaient en bronze, mais quelques-unes
comparable à ceux portés par les chevaliers étaient en fer.
rhénans du XIIe siècle. Plaque en émail
champlevé conservée au Musée du Mans.
Photo X. Quant aux casques normands, Viol- anciennement conservé à Strasbourg, où
let-le-Duc pensait qu'ils étaient « proba- il fut brûlé en 1870. Deux autres types
blement de fer, avec rebras (renfort) de de casques y figurent, coiffant des
cuivre, lorsqu'ils se composaient de chevaliers en cotte de mailles.
plusieurs pièces rivées, et de cuivre, s'ils Les uns ont leurs pointes légèrement
étaient d'une seule pièce ». Il basa son recourbées vers l'avant, forme que l'on
affirmation sur un heaume conique du retrouve sur l'émail champlevé représen-
XIIe siècle, tronqué au sommet, fait de tant Geoffroy-le-Bel Plantagenet. Sur
cuivre rouge battu qui conservé au cette magnifique oeuvre d'art datant de
Musée de l'Armée de Paris, comporte 1145-1150, on remarque que le
une petite ouverture d'aération à son «heaume » était peint, mais qu'il ne
sommet. Un autre casque normand du comportait pas de nasal. Par contre, le
même musée - trouvé près d'Abbeville, troisième modèle représenté sur le ma-
au milieu du siècle dernier - a, par nuscrit de H. de Landsberg a aussi une
contre, une calotte elliptique avec un pointe recourbée vers l'avant avec, en
léger rebord autour. Il paraît dater du plus, un masque métallique. Celui-ci,
début du XIIe siècle et, outre le nasal, outre les trous des yeux et une nervure
comporte des garde-joues » et un cr cou- de protection du nez, était percé au bas
vre-nuque » mobile. L'anneau de suspen- de trous pour la respiration. C'est la
sion de ce dernier devait servir à fixer première reprèsentation médiévale du
une écharpe flottante, tout comme celle « ventaille y), imité des casques degladia-
Casque tronconique normand de fer et nouée au « couvre-nuque », sur certains teurs. Existaient aussi des « ventailles »
cuivre, tel que l'a restitué Viollet-le-Duc casques de la Tapisserie de Bayeux. Ce en mailles, qui ne laissaient que les yeux
d'après la Tapisserie de Bayeux ; sur sa genre de calotte ovoïde se retrouve - à découvert et se laçaient tout autour de
partie antérieure, un appendice comparable mais en beaucoup plus élevée - sur le l'ouverture du «camail ». Ce laçage se
au «nasal » de la face protégeait la nuque manuscrit du XIIe siècle « Hortus deli- faisait à l'aide de «laz » de soie, très
du guerrier. «Dictionnaire raisonné du
Mobilier français ». ciarum » dû à Herrade de Landsberg, résistants, et ne pouvait céder qu'à un
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Sceau de la commune de Soissons en 1228, montrant son «maire » armé de pied en cap. Son
heaume à nasal est du type normand tronconique déjà coiffé au temps de la conquête de
l'Angleterre. Archives nationales.
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LE « HEAUME FERMÉ »
X I I I - X I V siècles
«Leheaumenormandy),outre l'incon-
vénient de peser sur la tête, présentait
celui plus grave de ne pas préserver la
figure, les tempes et la nuque ; le
«camail maclé»garantissait, il est vrai,
nuque et tempes. C'est pourquoi fut
créé, vers 1200, un «heaumeenclochey),
dont le contour descendait jusqu'au cou.
Il s'agissait d'une reprise du casque de
piéton représenté sur lejeu d'échecs «de
Charlemagne ». Laplus anciennefigura-
tion du«heaumeencloche»estvisiblesur
un chapiteau du cloître de Figeac, en
Dordogne, datant des années 1200.
Cette nouvelle défense de tête préfi-
gurait le ceheaume cylindrique » apparu
vers 1240. Généralement plat sur le
dessus, puis légèrement bombé, il coiffa
les chevaliers jusque vers la fin du
XVesiècle. Dit aussi «heaumeclassique »
ou «en poty), il reposa d'abord sur la
«coiffe à armery), puis, sa partie infé-
rieure s'allongeant, il finit par s'appuyer
entièrement sur l'encolure, vers le milieu
du XIVesiècle. La tête pouvait alors —
très relativement —s'y mouvoir d'un
côté àl'autre. Al'origine - vers le milieu
du XIIIe siècle - il fut d'abord muni
d'une face articulée sur deux charnières
verticales placées latéralement, permet-
tant demieuxvoir etderespirerlorsqu'il
était ouvert. Ce lourd «ventaille » de-
vait alors gêner considérablement le
chevalier, son « heaume y), posé sur le
haut de la tête, ayant une fâcheuse
tendance à pencher de côté. Une solu-
tion d'ouverture par le haut fut trouvée
plus tard, mais les chevaliers préféraient
un heaume d'une seule pièce, qu'ils
posaient sur leur «coiffe à armer y),
«Grand heaume » de joute ayant dû appartenir à un chevalier d'un ordre religieux, si l'on s'en seulement quelques minutes avant le
réfère à la croix ajourée de la «bavière ». Photo Jean Marquis. combat : c'est ce quemontre une minia-
ture du «Roumans d'Alixandre » vers
1240. En effet, ils devaient étouffer de
chaleursurtout enAfrique, autemps des
VIle, et VIlle croisades.
D'assez nombreux exemplaires de ce
«heaumeenpot »sont conservés dans les
musées et collections, dont l'un au
Musée de l'Armée de Paris. Il était
généralement fait de trois parties rivées
l'une sur l'autre : un devant, un derrière
et undessus. Cedernier, très légèrement
conique, était renforcé par une croix
soudée à chaud, une autre - dont les
branches horizontales étaient percées de
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portées dans lesjoutes et tournois jusqu'à «tymbre » ogival, dans l'ensemble plus
la fin du XVesiècle. ramassé, naquit vers la fin du
Pour remplacer le «heaume en pot », XIIIe siècle. Sur sa face, une ouverture
au fond plus ou moins plat, apparut vers triangulaire ne laissait apparaître que les
la fin du XIIIe siècle, et aussi bien en yeux et le nez de l'homme d'armes.
France qu'outre-Manche, le «grand Muni d'un « ventaille » articulé sur des
heaume à ailettes ». Sa calotte très haute, pivots latéraux, il permettait de cacher
et ogivale déviait la lame del'épée. Cette presqu'entièrement le visage du cheva-
défense était complétée par les «ailet- lier. Celui-ci voyait grâce à un espace
tes », faites de deux plaques de fer laissé découvert entre le haut du (cven-
rectangulaires fixées à la base du taille »et le frontal de la calotte. En fait,
«heaume » et tombant sur les épaules l'homme devait baisser légèrement la
avec comme but évident de dévier les tête pour pouvoir véritablement
coups d'épée. Précédemment ces «ailet- « voir ». Remarquons que ce «heaume à
tes » étaient seulement attachées aux ventaille » réapparaît à l'époque actuelle
épaules, mais elles pivotaient alors trop dans le «casque à mentonnière », utilisé
facilement. par nombre de motocyclistes, encore que
Ces différents types de heaumes, les fabricants n'aient sans doute jamais
donnaient aux chevaliers un aspect eu connaissance du «heaume » du
particulièrement redoutable. Comme l'a XIIIe siècle. « Cervelière » faite de plaquettes rivées,
souligné Viollet-le-Duc, il était «propre Une autre miniature du «Roumans portées vers 1250 (d'après le Roman
à inspirer la terreur à de pauvres diables d'Alixandre »montre une variante de ce d'Alexandre) et (en-dessous) «chapel» du
début du XIIIesiècle (d'aprèsle manuscrit
à peine vêtus. Aussi n'était-il pas besoin premier (cheaume à ventaille »), et com- latin «Psalm »). Dessins de Viollet-le-Duc.
de beaucoup de ces hommes d'armes bine l'ancien «heaume à vue», et celui à
pour faire fuir quelques centaines de « ventaille » relevable. Il se particularise
paysans ». Et d'ajouter que «sur leurs par son « ventaille »), ne protégeant
grands chevaux normands, ces hommes qu'une ouverture dégageant la bouche et
paraissaient des êtres surnaturels ; en facilitant la respiration. En réalité, il
effet, lorsqu'ils chargeaient, le bois devait être un ancien «heaume enpot »
abaissé, leur choc devait être terrible ». modifié, car le « ventaille » —apparu
Pourtant, ce «heaume à ailettes » ne aux environs de 1300 pour compléter la
semble pas avoir été longtemps utilisé ; il «cervelière » — n'était pas une nou-
était trop lourd à la tête et disparut à la veauté ; on l'appelait, alors, « viaire ».
fin du XIIIe siècle. Dans le courant de la première partie
Un autre modèle de »heaume » à du XIVe siècle, le «heaume »commença
à reposer sur les épaules, —et la tête
toujours coiffée d'une «cervelière » —
pouvait alors s'y mouvoir latéralement.
Par contre, son porteur ne pouvait
baisser le chef sans être obligé d'incliner
tout le torse, ce qu'il faisait forcément
dans la position de charge «lance
abaissée ». Ce «heaume » —tel ceux du
temps de Crécy (1346) —était attaché
au milieu du dos du haubert par une
boucle, où passait une courroie rivée à sa
base antérieure : il était alors dit «lacé »,
par réminiscence avec le laçage du
«heaume conique »normand. Le haut de
son «t)lmbre »était ogival tandis que, par
la disposition de sa « vue», il annonçait
le «heaume à tète de crapaud y). En effet,
sa face en étrave de navire —pour
dévier les fers de lance —dépassait « Heaume » de cuir bouilli du landgrave
largement la base de la calotte. Cette d'Alsace vers 1340 (église Saint-Guillaume
« Barbute » lacée au «camail », avec «nasal» « vue » n'était utilisée que pour charger, de Strasbourg) avec « vue de fer », et
relevable se fixant au frontal au moment du
combat. Dessin de Viollet-le-Duc, d'après sculpture
un « ventaille » à ouverture latérale « bavière » relevable protégeant le bas du
visage, l'ensemble étant porté par-dessus
tombale de Berchtoldus V(fin du XIIIesiècle) en la permettant de voir avant le combat sans une «barbute » lacée au «camail ». Dessin
cathédrale de Fribourg-en-Brisgau. incliner le torse. Viollet-le-Duc.
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LE BASSINET
XIV - XV siècles
Le « heaume lacé » constituait donc la
protection presque parfaite, puisqu'il
protégeait en plus le cou. Malheureuse-
ment, il était lourd et coûteux, et n'était
porté que par des chevaliers fortunés.
Les autres, ou la piétaille, devaient se
contenter de la simple «•cervelière , dont
la protection — sans être illusoire —
était moins efficace, puisqu'elle laissait le
visage découvert. En effet, avant la
création de l'arme à feu — et hormis
l'utilisation des armes de trait ou de jet
- le combat se déroulait de très près,
avec des armes blanches, d'hast, ou de
coups. Or, les coups les plus dangereux
n'étaient pas forcément ceux 'd'estoc,
n'ayant généralement comme résultat
que de renverser l'adversaire, mais ceux
portés à l'horizontale, ou en oblique. S'il .
n'entamait pas le « heaume y), le choc
brisait par contre-coup le nez ou la
« Grand bassinet » de la fin du XVIe siècle à mâchoire. D'autre part le « heaume
«tymbre » ovoïde, ayant peut-être appartenu à fermé », malgré divers essais de ventila-
Jean de Salins. Musée du Palais des États de tion, était particulièrement étouffant et
Bourgogne a Dijon. Photo Jean Marquis. difficilement portable un long temps.
Les « marteleurs » devaient donc trouver
un autre type de casque, qui tout en
protégeant mieux, améliorât aussi bien la
vision, que la respiration. L'idée en
naquit vers 1300, quand l'un d'eux —
ou, pourquoi pas, un chevalier ? —eut
l'idée d'adjoindre à une « cervelière » une
protection mobile de la face, relevable
hors du combat. Ce fut, paraît-il,
l'origine du « bassinet », que l'on ortho-
graphiait aussi « bacinet ».
Quant à la « cervelière », elle fut coiffée
à partir du VIlle siècle, par-dessus le
camail »de peau ou de mailles. En fait,
c'était une simple calotte de fer emboî-
tant exactement le crâne jusqu'aux sour-
cils, qui pouvait être soit lacée au camail,
soit posée dessus. La « cervelière » clas-
sique était faite d'une seule plaque de fer
bombée, les plus sophistiquées étant
renforcées de bandes croisées, et d'un
tour de tête soudés à chaud. Par contre,
un autre type —surtout porté par les
piétons, avec la « brigantine » — était
constitué de plaquettes d'acier imbri-
quées, rivées sur une doublure de toile
ou de peau. Vers 1250, exista aussi un
Cette vue de face d'un « bassinet », du début du modèle d'une seule pièce, présentant la
XVesiècle, montre bien l'excellent profilage de cet forme d'un œuf coupé verticalement,
armement de tête sur lequel la plupart des coups
déviaient à dextre ou senestre. Collection du Musée une partie formant visière : naturelle-
du Cluny. Photo Joubert- Tallandier. ment, il était impossible de coiffer le
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L'ARMET
XV - XVII siècles
S'il était impossible de conserver le
« heaume » plusieurs heures d'affilée, le
bassinet » était encore trop lourd,
étouffant, et ne permettait toujours pas
de tourner la tête. Par contre, » l'armet »
plus léger, autorisait ce mouvement, et
était beaucoup mieux ventilé, malgré
qu'il entourât tête et cou de plus près. En
réalité, pour un homme d'aujourd'hui,
cette défense de tête serait tout aussi
lourde et étouffante que l'ancien
« beaume )J du XIIIe siècle. Son nom de
« armet » était en fait une contraction du
vieux mot français « beaumet », c'est-
à-dire petit heaume y), que les anglais
transformèrent en « helmet », ou casque.
Il fut la dernière défense de tête du « Armet à mézail »en 2 parties ; « vue »en haut, et
Moyen Age, et continua d'être porté «nasal» pointu en-dessous. Datant de 1440, il
comportait un «gorgerin » articulé permettant à la
jusqu'à 1650, par les cuirassiers de tête de se mouvoir latéralement. Cet «armet »
diverses armées européennes. Il figura faisait partie d'une armure conservée ancienne-
encore quelques décennies sur les peintu- ment à Pierrefonds, et maintenant au Musée de
l'Armée. Dessin de Viollet-le-Duc.
res représentant quelques grands person-
nages en demi-armures de parade. D'au-
tre part il constituait la pièce principale
du « tymbre » surmontant les blasons de
la noblesse française d'épée jusqu'à la
Révolution.
Pendant les deux siècles qu'il fût
porté, un grand nombre de variétés en
fut produit, d'autant plus que —faisant
partie du « harnois blanc plain », avec
lequel il était harmonisé —il suivra les
modes imposées par les « batteurs d'ar-
mures ». Jusqu'aux années 1470, il ne
subit pas de modifications majeures, et
resta en acier poli non bruni jusqu'à la
fin du siècle. Ce ne sera que vers 1500
qu'il se couvrira de gravures, ciselures,
décors en repoussé, dorures du plus bel
aspect, se transformant parfois en somp-
tueuses oeuvres d'art. «Armet à mézail » d'une seule pièce datant des
environs de 1470. Celui-ci comporte à l'arrière du
f L'armet » d'origine de la période «couvre-nuque », une rondelle dite « volet »,
1435-1470 se composait d'un «tym- celle-ci ayant fait dénommer ce type «armet à
bre » ou calotte, à l'arrière duquel était rondelle »: celle-ci servait à attacher une écharpe.
Dessin de Viollet-le-Duc.
rivé le couvre-nuque y). Sur les côtés de
ce dernier, environ au droit des oreilles,
était fixé le « ventaille », ou « menton- « Armet à crête et visière » du milieu du XVIIe
nière », s'ouvrant latéralement à droite siècle, présentant certaines caractéristiques du
ou à gauche ; y étaient aussi fixés les «morion » (Musée de Soleure).
pivots d'articulation du « mézail », qui « Armet savoyard » à timbre cannelé «à la
constituait le nez de l'armet. Ce « mé- maximilienne » du XVIe siècle (Musée Mas-
séna, Nice).
zail » était généralement pointu, avec
une arête médiane, mais par la suite il y « Armet à mézail » renforcé de nervures
en eut de bombés, cannelés, courbes, horizontales, d'origine allemande, faisantpartie
d'une demie armure dejoute (Musée Masséna,
etc... C'était dans le « mézail »qu'étaient Nice).
percés la « vue », et les fentes, ou trous Photos Jean Marquis.
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LE « CHAPEL DE FER »
XIII - XV siècles
Coiffant la grande majorité des hom-
mes de pied du Moyen Age, ce casque
n'était autre qu'une «cervelière »dotée de
bords, et était déjà utilisé dans l'Anti-
quité. Au XIIe siècle, il affectait la forme
d'un cepot »haut-de-forme, avec un petit
bord incliné, et se portait par-dessus le
«camail »;certains étaient mêmeencuir
bouilli. Il était dit suivant les époques et
régions : ^capeldefer », «chapeline », ou
encore hanepier ». Comme il était plus « Piéton » des ar-
léger, et surtout moins étouffant que le mées de Charles V
«heaume », nombre de chevaliers du vers 1372, coiffé
XIIIe siècle le coiffèrent même au com- d'un « chapel de
Montauban » par-
bat, comme l'a rapporté le sire de dessus un «ca-
Joinville dans son «Histoire de Saint- mail » de mailles.
Aquarelle de Fran-
Louis »: « Ainçois separti di nostre est çois-Roger de Gai-
touz sens, et s'adreça vers les Sarrasins, son gnières (1642-
gamboison vestu, son chapel defer en teste, 1715) au Cabinet
des Estampes B.N.
songlaive (lance) desouz l'essele... »Coiffé Photothèque Tal-
aussi bien par les nobles que par les landier.
arbalétriers ou les pionniers, le «chapel»
de cette époque était constitué de trois apparut un modèle plus galbé, avec une
pièces de fer : dessus, tour de coiffe et nervure dans l'axe du cetymbre y), et un
bords rivés entre eux. Pour mieux tenir ceavantail » se prolongeant en une
sur le camail, il était maintenu par des pointe avant.
crochets, ou par une mentonnière y). Au LecechapeldeMontauban »apparut au
cours du XIIe siècle, il se modifia en début du XVesiècle. Il présentait,
s'aplatissant graduellement, la conicité comme le précédent, une nervure mé-
du «tymbre », aussi bien que des bords diane et une visière en pointe, dans
dits ceavantail », étant de plus en plus laquelle étaient ménagées deux cevues »
oblique. Puis, au mileiu du XIVe siècle, permettant —quand il était abaissé —
de voir tout en protégeant le visage. Les
chroniques et manuscrits décrivent ou
montrent différents cechapetsdeMontau-
ban », dont beaucoup sans cevues ». On
peut se demander pourquoi cette déno-
mination, si ce n'est parce que les
forgerons de cette ville du Périgord s'en
firent une spécialité. Il y a près d'un
siècle que les érudits de la région se sont
posé la question sans avoir trouvé la
réponse. En 1880, dans le «Bulletin de
la Société Archéologique du Tarn-et-
Garonne », H. de France signalait que
cePersonnejusque-là, croyons-nous, n'avait
à Montauban parlé depièces d'armures y).
Le même auteur citait M. de Barante
qui, dans l'« Histoire des ducs de Bour-
gogne Mrapporta qu'en 1392 «lejour où
le roi Charles VI dans la forêt du Mans,
rencontra le fou qui eut une si grande
« Chapel de fer » dans le style dit « de Montau-
ban ». Dans cette vue par-dessus l'on remarque
influence sur le reste de sa vie, le bruit que
que le «couvre-nuque » (en haut) est nettement fit la lance d'un page en tombant sur un
plus étroit que la « visière ». Collection Musée de « casque de Montauban », queportait un
Soleure. Photo Jean Marquis. seigneur de l'escorte, augmenta la terreur
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« Chapel de fer »
bourguignon préfi-
gurant le « mo-
rion », provenant
du butin pris sur « Chapel de fer »
le champ de batail- à « tymbre » en
le de Grandson pointe, dans le
(1476). Musée du style dit « de Mon-
Palais des États de tauban ». Collec-
Bourgogne à Dijon. tion du Musée -
Photo Jean Mar- de Soleure. Photo
quis. Jean Marquis.
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