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Le tour de France est la plus grande course cycliste du monde. Crée en 1903
par Henri DESGRANGE, directeur du journal l’auto, elle est aussi la première du
genre, devançant le Giro (1909) et la Vuelta (1935). Loin de n’être qu’une course
cycliste ordinaire, c’est une épreuve qui fonctionne comme un mythe et qui est
profondément inscrite dans notre culture. On l’a qualifié de « saga », d’épopée, de
passion nationale… . Fondé sur un récit mettant en scène des héros valeureux,
lancés dans une épreuve exceptionnelle et incarnant des valeurs auprès desquelles
le grand public va immédiatement trouver du sens, ce mythe moderne révèle les
représentations et les valeurs collectives de notre société.
Le tour de France
Après la seconde guerre mondiale arrivent des coureurs issus des milieux
ruraux (ouvriers ou paysans). Les amateurs vivaient leur participation comme une
aventure et cherchaient seulement à aller au bout de l’épreuve ce qui déjà
constituait un exploit (en 1903, sur les 77 partants seulement 14 finissent le tour).
Ces amateurs étaient divisés en deux groupes: quelques dilettantes fortunés et
beaucoup de passionnés possédant une forte connaissance technique. Les
bourgeois s’équipent à leurs frais, tandis que certains de ces amateurs sont
« sponsorisés » par leur village, leur canton ou leur département qui organise une
collecte afin de leur permettre de prendre le départ à Paris.
Jusqu’en 1914, court qui veut le tour de France. Les meilleurs coureurs sont
cependant les professionnels équipés par des marques de cycles pour lesquelles ils
courent tout au long de l’année. Les amateurs sont toutefois les plus nombreux à
prendre le départ (110 sur 136 coureurs en 1910).
Le tour de France
Les articles font plus que raconter la course, ils créent une épopée. « Il faut des
héros » écrit Desgrange ( L’Auto, 4 juillet 1907). Ainsi, s’élabore un ressort fondamental de la
course : la création d’un espace mythique. Cette stratégie visant à alimenter une légende
populaire passe par une héroïsation des hommes que l’on désigne comme les géants de la
route, les forçats. Pour cela, le journal l’Auto n’hésite pas à échafauder une dramatique de la
course. Il la crée parfois de toute pièce, au travers de récits de course dont le but est de
susciter et d’orienter l’admiration du coureur envers ces êtres qui seraient « d’un autre sang,
d’une autre chair que la notre » (L’Auto, 1 juillet 1904). Ainsi, alors que la première étape du
tour 1904, courue entre Paris et Lyon se soit déroulée sans faits notables, Desgrange révèle
dans son texte, des incidents, des attaques. Garin, vainqueur en 1903 et favori de l’épreuve y
est présenté comme un coureur héroïque, répondant sans faillir à « une véritable meute qui,
la nuit, l’attaque sans cesse, le tâte, guette ses défaillances » (L’Auto, 27 juillet 1904). Il est
ainsi qualifié de « superbe bête de combat » (Ibid), car, écrit encore Desgrange, « il faut des
héros » (Ibid).
Ainsi, les hommes sont régulièrement magnifiés, tel Pottier, vainqueur au ballon
d’Alsace en 1906, immortalisé par un monument que Desgrange fait ériger au sommet du col
deux ans plus tard.
Le tour de France
Cette légende du tour se nourrit encore des monuments qui sur son
parcours racontent les faits de course. Ainsi, une plaque est installée à
Sainte-Marie de Campan, rappelant l’accident de Christophe et sa
réparation solitaire. Une autre, rappelle la mort de Simpson dans le
Ventoux. Desgranges lui-même est honoré par une tour de pierre érigée
au sommet du Galibier en sa mémoire.
Le tour de France
1912
Source : Gallica