Introduction générale • QU’EST-CE QUE LA SOCIOLOGIE DU DROIT ? À cette question, il n’est pas de réponse simple. Si ce nouveau champ de connaissance, qui a émergé il y a plus d’un siècle, est aujourd’hui en plein essor, il est loin d’être homogène. La sociologie du droit – ce que les Anglo-Saxons désignent couramment comme les « socio-legal studies » – reste à cet égard profondément marquée par sa double paternité juridique et sociologique. Elle englobe aussi bien les travaux de juristes mobilisant les sciences sociales pour interroger le système juridique et judiciaire, les « jurissociologues », que des chercheurs en sciences sociales faisant du droit et de la justice leur objet d’investigation privilégié. De Weber à Durkheim en passant par Tönnies, Marx et Tocqueville les pères fondateurs de la sociologie ont certes prêté une attention soutenue au phénomène juridique dans leurs ouvrages, y reconnaissant une clef indispensable de compréhension de la vie sociale. Mais c’est à un juriste qu’est généralement attribué l’acte de naissance de la « sociologie du droit ». Pour avoir été l’un des premiers auteurs à publiciser ce terme, E. Ehrlich est ainsi souvent considéré comme une référence fondatrice Qu’ils soient juristes ou sociologues, ces précurseurs proposent alors une voie d’analyse novatrice sur le droit. Ils ouvrent une perspective alternative au positivisme juridique, lequel envisageait le droit comme un système clos, autoréférentiel et parfaitement autonome tant à l’égard de la société que du politique. Tandis que la sociologie naissante voit dans le droit une des clefs d’intelligibilité du social, les juristes, de leur côté, reconnaissent dans le droit un phénomène trop enraciné dans l’histoire et la société pour être abandonné à la pure abstraction juridique. Les uns et les autres se retrouvent ainsi sur un plus petit dénominateur commun : la nature éminemment sociale du droit. Parce qu’il est immergé dans la société, sa compréhension et son explication ne peuvent faire l’économie de la prise en considération des logiques sociales, historiques, culturelles, politiques et économiques dont il est le produit. Grosso modo, la sociologie du droit peut donc être définie comme un domaine de connaissance visant à élucider les rapports réciproques qu’entretiennent le droit et la société. Ce cours qui s’adresse aux étudiants du premier semestre du droit privé a pour objectifs de les aider à découvrir la sociologie de façon générale et la sociologie du droit de façon particulière, ou encore approfondir leur connaissance en la matière. Partie I. Initiation à la sociologie générale : Histoire, objets et méthodes Introduction La sociologie a émergé comme nouveau savoir, puis comme discipline universitaire au cours du XIXe siècle. Certaines conditions (politiques, économiques et sociales) ont paru justifier la production de connaissances objectives sur le monde social ; pourtant la discipline ne s’est pas imposée sans peine ni résistances Certaines objections adressées à la sociologie ont porté dès son émergence – et portent parfois encore sur sa prétention à « faire de la science » : il s’agit de se demander sous quelles conditions la sociologie peut être une science et de s’interroger sur d’éventuelles spécificités des sciences humaines, sociales… par rapport aux autres disciplines qui généralement leur préexistent. Comment la sociologie s’est-elle progressivement imposée comme discipline scientifique ? Quels obstacles a-t-elle dû surmonter ? La sociologie a édifié au fil du temps des méthodes d’investigation propres, susceptibles de recueillir des données sur le monde social et de les confronter ainsi aux propositions théoriques. Étudier les conditions d’apparition de la sociologie revient ainsi à s’interroger sur les conditions sociales et historiques qui ont favorisé l’émergence d’un nouveau savoir sur le monde social. Axe I : L’avènement de la sociologie : Aux origines philosophiques de la sociologie Sans doute l’interrogation portant sur les principes devant régir l’organisation des sociétés humaines existe bel et bien avant l’apparition de la sociologie à proprement parler : la tradition philosophique qui unit la cité idéale de Platon, la Politique d’Aristote, ou encore le Prince de Machiavel, tout en recherchant généralement un régime « idéal », cherche à dégager les mécanismes gouvernant les relations sociales et politiques. Pourtant, ce n’est réellement, qu’au cours du XVIIIe siècle, qu’émerge une interrogation sur les « lois » devant gouverner l’ordre social (Comte et Saint Simon). I. L’héritage grec
Au Ve siècle av. J.-C, les sophistes sont, en Grèce, les
premiers à offrir une réflexion critique sur l’organisation de la société. En son sens premier, le terme de sophiste désigne ceux qui détiennent compétence et sagesse (sophia). Puis, progressivement, ce terme sert à qualifier des intellectuels comme Gorgias de Leontium, Hippias d’Élis ou Protagoras d’Abdère qui professent de cité en cité, l’art de la persuasion par la parole (La Rhétorique). Les sophistes fustigent l’esclavage et usent abondamment de l’arme critique. Platon et Aristote vont s’opposer, chacun à sa manière, aux sophistes. 1. Platon et la cité idéale Platon (427-348 av. J.-C.) apparaît sur la scène historique après la chute de la démocratie athénienne. Marqué par les turbulences politiques de son temps (notamment la condamnation à mort de Socrate dont il fut l’élève), il cherche avant tout, les moyens de parvenir à la cite idéale, modèle de société s’échappant au désordre et à l’usure du temps. Pour y parvenir, cet aristocrate athénien rédige La République, Les Lois, Mais l’apport de Platon ne se réduit pas à ces deux ouvrages. Il nous a laissé de nombreux autres écrits dont un nombre important sous formes de dialogue (Apologie de Socrate, Protagoras). L’originalité de Platon est de soutenir d’abord, à l’encontre de Parménide et de Héraclite, qu’il existe un monde des Idées, lequel monde est stable et parfait dont la réalité n’est que le reflet changeant. Dans ce monde des Idées se trouve la justice en soi, principe auquel les hommes doivent adhérer durant leur passage sur la terre en vue de bâtir une société idéale et assurer le salut de leur âme. De l’immense héritage platonicien dans tous les domaines du monde on ne retiendra ici qu’un seul élément de philosophie sociale et politique, est passé dans la sociologie dont il a constitué une pièce essentielle. Il s’agit : 1/De la conception dichotomique de la structure des classes Le dualisme des classes La conception selon laquelle les sociétés sont divisées en deux classes sociales antagonistes trouve, en effet, une des premières expressions chez Platon. Bien avant Marx, Platon avait déjà posé le problème de classe en termes d’affrontement. Dans toute société, il y a toujours deux classes qui se battent : les non- possédants contre les possédants, les gouvernes contre les gouvernants, les pauvres contre les riches… Le dualisme des classes, tel que Platon le concevait, est important dans la dynamique du changement social. En effet, aucune société ne peut exister sans l’existence de conflits sociaux qui, à leur tour, vont générer le changement social. Si, par exemple, la voix des dirigées se réduit à celle des dirigeants, la dynamique de changement social sera bloquée. 2. Aristote L’œuvre d’Aristote (v. 384-322) présente des innovations capitales par rapport à la philosophie platonicienne. Alors que cette dernière recourt encore volontiers à la contemplation et à la méditation, l’aristotélisme pose définitivement les principes de la pensée philosophique rationnelle. Sa démarche repose fondamentalement sur l’examen analytique, la démonstration logique et le raisonnement sociologique dans l’observation de la vie de la cité L’approche d’Aristote se fonde non sur la contemplation comme chez Platon, ou la déduction comme chez Socrate, mais sur l’observation. L’approche positive commence avec Aristote. La philosophie aristotélicienne adresse une critique sévère à l’idéalisme platonicien considéré comme trop éloigné des réalités humaines. Elle ne croit notamment pas à l’existence d’un monde immuable des « Idées » qui, comme le pense Platon, serait supérieur au « monde sensible » des hommes et de la nature. Elle est aussi une pensée « positive » (ou réaliste) dans la mesure où c’est par le biais de l’observation et de la comparaison qu’elle cherche à comprendre le monde, puis à identifier des solutions susceptibles d’améliorer la vie humaine. L’œuvre d’Aristote pose à cet égard les bases des sciences sociales (sociologie, sciences politiques …). En réaction contre la pensée politique fondamentalement idéaliste et utopiste de Platon, Aristote adopte une démarche que l’on peut qualifier de réaliste, très attentive à la diversité sociale. Parmi les points qui marquent l’œuvre d’Aristote, nous retenons les suivants : l’ordre naturel immuable et l’approche comparative. L’ordre naturel des choses L’opposition des deux philosophes grecs quant à l’organisation sociale et politique dérive de l’opposition entre leurs visions philosophiques du monde. Plus préoccupé de logique que de métaphysique, Aristote ne partage pas la théorie platonicienne des idées suivant laquelle il existe deux mondes : le monde invisible et supérieur de l’au-delà, duquel l’âme vient et où elle retourne après la dissolution du corps, et le monde visible d’ici-bas, qui est le seul monde réel… Selon Aristote, seul ce monde réel est à considérer. Et c’est ce monde qu’il importe de saisir par la connaissance, de rendre intelligible. Dans sa conception de l’ordre naturel immuable, Aristote conteste l’égalité des hommes et des femmes qui, selon lui, est en contradiction avec la nature. Selon Aristote, seul ce monde réel est à considérer. Et c’est ce monde qu’il importe de saisir par la connaissance, de rendre intelligible. Dans sa conception de l’ordre naturel immuable, Aristote conteste l’égalité des hommes et des femmes qui, selon lui, est en contradiction avec la nature. L’invention de la méthode comparative Dans la typologie des Constitutions, qui nous intéresse, ici, Aristote, se fait sociologue/politologue. Il part de l’analyse des régimes politiques, leurs dérives, et leur thérapie. La bonne santé d’une Constitution se mesure par sa conformité à l’intérêt général, sa pathologie ou sa dérive, quand l’intérêt d’un individu ou d’une caste se supplée à l’intérêt de la communauté. Le critère de typologie adopté chez Aristote est le nombre des détenteurs du Pouvoir. Quand c’est une seule personne qui détient le Pouvoir, il s’agit de Monarchie, si elle est exercée dans l’intérêt de la communauté, c’est alors, la Royauté, si elle est pervertie pour l’intérêt d’une seule personne, elle devient tyrannie. Si le Pouvoir est détenu par une minorité dans le sens du bien de la communauté, alors le régime est appelé aristocratie, s’il est perverti dans l’intérêt d’une minorité de riche, il devient oligarchie. Quand le pouvoir est détenu par le grand nombre, au profit de l’intérêt général, il est appelé politie ou démocratie modérée, si par contre, le pouvoir est exercé par les pauvres au bénéfice des pauvres seulement, il devient démocratie extrême, qui est autant mauvaise que la tyrannie ou l’oligarchie Aristote accorde un intérêt majeur à la comparaison des constitutions. Il obtient de cette manière toute une variété de modèles politiques. Il pose ainsi implicitement les bases d’une méthode comparative qui, aujourd’hui, est au centre de la démarche en sciences sociales. À l’aide des nombreux critères mis en balance, il établit en effet une analyse combinatoire des constitutions particulièrement fine. Il ne cessera de collecter, tout au long de sa vie, des informations sur l’organisation concrète des sociétés de son époque. On lui prête notamment la réalisation d’un monumental recueil sur 158 constitutions. Grâce à cette lecture croisée des sociétés, il est peut-être considéré, à cet égard, comme l’un des fondateurs de la science politique telle qu’elle se pratique aujourd’hui, suivant une démarche empirique fondée sur l’observation et la comparaison. II. Le Siècle des lumières : De Montesquieu à Condorcet Le siècle des Lumières ouvre la voie à une recherche sur les fondements rationnels de la société. L’œuvre de Montesquieu (1689- 1755) en fournit une illustration majeure. Avocat, puis conseiller au parlement de Bordeaux, Montesquieu se livre à une critique féroce des mœurs de son temps dans les Lettres persanes (1721). Il imagine, dans cet ouvrage, une correspondance fictive entre des voyageurs persans parcourant l’Europe : ce procédé lui permet de railler les coutumes et usages qui lui paraissent injustifiés ou ridicules comme l’absolutisme royal et de jeter un regard distancié sur les modes de vie de ses contemporains, en recourant au regard fictif d’un observateur étranger. Montesquieu adopte ainsi une perspective comparative : les mœurs que nous croyons naturelles ne sont en fait que le résultat de conventions, d’arbitraires, susceptibles d’évoluer dans l’espace et le temps. Cette méthode le conduit à se demander : « Comment peut-on être Persan ? » à s’interroger sur la force des habitudes profondément ancrées en nous- mêmes. Une telle démarche, qui vise à proscrire toute tentation ethnocentrique, rejoint celle de l’anthropologie ou de l’ethnologie. Dans L’Esprit des lois (1748), Montesquieu édifie, en philosophe, une typologie des régimes politiques d’après le principe qui les anime : la République se fonde sur la vertu, la Monarchie sur l’honneur et le Despotisme sur la peur. Il cherche aussi à comprendre les correspondances existantes entre les lois sociales et politiques et les mœurs des sociétés auxquelles elles s’appliquent. Il peut ainsi écrire dans la préface : « J’ai d’abord examiné les hommes, et j’ai cru que, dans cette infinie diversité de lois et des mœurs, ils n’étaient pas uniquement conduits par leurs fantaisies. » Le siècle des Lumières peut être considéré, pour reprendre l’expression du philosophe allemand Ernst Cassirer (1874-1945), comme le « siècle de la critique ». L’esprit du temps accorde une place décisive à la raison, jugée capable de mettre au jour des phénomènes jusqu’alors inexpliqués. Condorcet (1743-1794), mathématicien et philosophe, auteur d’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (1792) qui, tout en célébrant le progrès de l’humanité, dont la Révolution française symboliserait l’aboutissement, s’assigne comme tâche de constituer une science de l’homme, appuyée sur les mathématiques. Ainsi il affirme qu’« il faudrait que la Raison, à travers les mathématiques qui contribuent si bien au progrès des sciences physiques, servent à présent le progrès des «sciences morales». Celles-ci concernent la société et les capacités intellectuelles et d’action de l’être humain. Axe II. La sociologie entre le positivisme et le constructivisme I. Le positivisme entre Comte et Durkheim Déjà Saint-Simon (1760-1825) utilise les expressions « science de l’homme » ou « physiologie sociale » pour analyser la société, comparée au corps humain, et qui « n’est point une simple agglomération d’êtres vivants, (…) la société, au contraire, est surtout une véritable machine organisée dont toutes les parties contribuent d’une manière différente à la marche de l’ensemble ». Le modèle est donc celui des sciences de la nature. Ancien secrétaire de Saint-Simon, August Comte manifeste un véritable enthousiasme envers la science qu’il croit capable de résoudre la plupart des problèmes auxquels l’humanité se trouve confrontée. Il apporte de nouvelles dimensions au contenu et à la méthode de cette science des lois sociales. En 1838, il invente le mot sociologie. La nouvelle discipline se définit comme la « vraie science de la nature humaine » se rapportant à « l’étude positive de l’ensemble des lois fondamentales propres aux phénomènes sociaux ». La doctrine positiviste incarnée principalement par Auguste Comte (1798- 1857) constitue un moment clé pour l’émergence des idées sociologiques. La sociologie, telle qu’il la conçoit, se voit ainsi assigner une mission : rendre compte des principes qui gouvernent les phénomènes sociaux. Sa vision de la société est empreinte d’organicisme (la société est pensée, par analogie, avec l’organisme humain). La société l’emporte sur l’individu, comme le tout l’emporte sur les parties; Certaines préoccupations méthodologiques de Comte, parmi lesquelles le refus d’une démarche purement spéculative au profit du recours à l’observation précédant l’édification de lois, se retrouvent dans l’œuvre d’Émile Durkheim (1858-1917) qui formule le projet de doter la sociologie d’une méthode d’observation scientifique de la réalité sociale. Durkheim formule le projet de doter la sociologie d’un objet propre ainsi que d’une méthode d’observation. Asseoir la légitimité de la sociologie revient ainsi à délimiter le territoire du sociologue, autrement dit à lui conférer une raison d’existence, aux côtés des autres disciplines. L’un des préceptes durkheimiens les plus célèbres exposé dans Les règles de la méthode sociologique, « expliquer le social par le social », consiste à analyser un phénomène social à l’aide d’un autre phénomène qui en serait la cause, sans se référer explicitement ou implicitement à des explications extra- sociologiques. Durkheim insiste particulièrement sur la spécificité du fait social. Ce dernier se présente ainsi en situation d’extériorité par rapport aux consciences individuelles sur lesquelles il exerce une contrainte. Durkheim est souvent présenté comme un sociologue holiste, puisque, selon lui, l’analyse sociologique doit saisir l’influence produite par la société sur les comportements individuels. Il s’agit, en fait, non d’une doctrine mais d’une simple règle de méthode : le sociologue, s’il prétend être un scientifique, doit alors « considérer les phénomènes sociaux en eux-mêmes, détachés des sujets conscients qui les représentent ; il faut les étudier du dehors, comme des choses extérieures » C’est dans cet esprit que l’on doit comprendre la proposition de Durkheim de « considérer les faits sociaux comme des choses ». Le sociologue, à l’instar du physicien, doit se tenir à distance du phénomène qu’il étudie afin d’éviter d’y importer des prénotions. Pour Durkheim, l’objectivité des faits sociaux est une condition essentielle à l’application des méthodes positives. La première règle et la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses. Cette règle implique deux exigences essentielles : Ecarter les prénotions considérées comme un obstacle (épistémologique) à la connaissance scientifique. Et définir de façon objective les phénomènes sociaux étudiés. Ecarter les prénotions Durkheim affirme que les prénotions constituent un voile qui s’interpose entre les phénomènes sociaux et le savant. Ce voile lui masque la réalité. Les images utilisées par lui (voile, masque, « sortes de fantômes qui nous défigurent le véritable aspect des choses ») expriment une conception négative qu’il se fait de la Connaissance Commune (CC) Les faits sociaux sont objectifs car ils sont extérieurs aux individus Les faits sociaux sont objectifs car ils sont extérieurs aux individus, et parce qu’ils sont extérieurs aux individus, ils peuvent être traités comme des choses. Des faits sociaux comme les normes, les habitudes, la langue, les croyances etc., existent en dehors des individus car ils leur préexistent et leur survivent. Un des aspects de la démarche scientifique adoptée, à cet égard, se résume en effet dans la phrase suivante : « Tout fait à une cause » ; c.à.d. tout fait à des antécédents qui nous permettent de le comprendre et de le reproduire au moins dans nos pensées. Cela ne veut pas dire que toutes les causes soient scientifiques La causalité transcendante situe la cause du phénomène considéré en dehors du monde sensible ; ainsi le coronavirus est la manifestation de la colère du Dieu. La démarche scientifique refuse évidemment cette causalité. La causalité pour être scientifique doit relier un phénomène réel à un autre phénomène réel de telle façon que cette liaison permette de comprendre l’action de la cause sur l’effet, de telle façon que l’on puisse, au moins en pensée, reproduire l’effet en partant de la cause. Le Positivisme s'appuie sur trois postulats
Un postulat réaliste impliquant l'existence d'un réel
objectif, unique, et connaissable. D'où la possibilité le comprendre en toute objectivité et distanciation à travers l’observation.
Un postulat causal qui part de l’observation empirique
des faits pour arriver à l’explication des liens de causalités existants et à la construction des règles à portée universelle.
Le postulat de la distanciation objectiviste qui
implique l'indépendance vis-à-vis de son objet de recherche. II. La sociologie compréhensive chez Max Weber Le courant compréhensif : Il s'agit d'un courant défendant l’idée que la réalité sociale ne dispose pas d'une existence autonome par rapport aux systèmes de représentations et d'actions des acteurs sociaux. L'idée phare ici est que le monde social lui-même n’existe pas en dehors du sens que ne lui attribuons.
Le courant compréhensif a une longue date dans la
philosophie phénoménologique et existentielle, mais c'est plutôt à la tradition de la compréhension de Max weber que sont rattachés les ingrédients de ce courant. Alors que Durkheim opte pour une sociologie explicative, Max Weber cherche à fonder une sociologie compréhensive. Selon Weber, la sociologie a pour objet d’étudier les actions sociales. Pour ce faire, Weber commence par établir la distinction entre action et action sociale. Il définit une action comme étant toute conduite à laquelle un individu accorde une signification et une intentionnalité et une action sociale comme étant une action entreprise en tenant des réactions des autres. Le sociologue doit, dans cette optique, étudier les actions réciproques (les interactions) des uns et des autres. Contrairement à Durkheim qui croit que la méthode de la sociologie doit être calquée sur les sciences de la nature, Weber pense que la sociologie doit avoir sa propre méthode. D’où la différence entre les sciences de la nature qui étudient des phénomènes se répétant naturellement et qui sont souvent reproductibles en laboratoire et les sciences de la culture (dont la sociologie) qui étudient plutôt des phénomènes qui dépendent des intentions humaines. Selon Weber, le sociologue doit s’interroger sur les motivations des individus. Se situant dans le domaine de la culture et dans l’histoire, l’homme est un acteur doué de liberté, poursuivant des buts et donnant une signification a ses actions. De ce fait, il ne peut être l’objet des méthodes analytiques et généralisantes des sciences de la nature. À propos de la différence entre sciences de la nature et sciences de la culture, Simon (2000 : 421) nous dit ceci : « La thèse antipositiviste de l’autonomie, de la coupure méthodologique des sciences naturelles et des sciences humaines, des sciences des choses et des sciences de l’esprit, se situe dans la tradition de l’idéalisme allemand, qui avait, de longtemps, établi une distinction radicale entre le monde de l’homme et le monde de la nature. Plus directement, elle dérive en bonne part de la philosophie kantienne. Kant enseignait, en effet, que l’homme participe du monde des phénomènes en tant qu’objet, en tant que corps physique ; mais que l’aspect distinctif de l’être humain, ce qui le fait tel, ce ne soit pas son corps, c’est son esprit. Comme être spirituel, l’homme participe du domaine des idées en tant que sujet libre, même s’il est, comme corps physique, un objet soumis au déterminisme, aux lois de la nécessité. L’homme est homme par son esprit (son âme) et par sa liberté qui, en le mettant à part du règne de la nécessité dans la nature, lui assure l’initiative de ses actions et lui permet d’en répondre" Positivisme/Costructivisme L'opposition entre le positivisme et le constructivisme dans leurs visions, entraine des divergences dans l'entendement des phénomènes:
Pour le positivisme, l'objectif consiste à
expliquer les causes et les facteurs responsables. Exemple du suicide
Pour le constructivisme, l'objectif est de
comprendre les motivations et les intentions qui poussent les individus à agir. L'opposition entre le positivisme et le constructivisme dans leurs visions, entraine des divergences dans l'entendement des phénomènes:
Pour le positivisme, l'objectif consiste à expliquer les
causes et les facteurs responsables. Exemple du suicide;
Pour le constructivisme, l'objectif est de comprendre
les motivations et les intentions qui poussent les individus à agir.
Bilan de la Sociologie française contemporaine: Sociologie et psychologie - Sociologie et histoire - Ethnologie - Morphologie sociale - Sociologie juridique et économique