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Tronc commun/Droit Privé

Module: « Introduction à la sociologie du


droit »
Semestre 1

Pr. DANANE Hassan

Année universitaire: 2023/2024


Introduction générale
• QU’EST-CE QUE LA SOCIOLOGIE DU
DROIT ?
À cette question, il n’est pas de réponse simple. Si ce
nouveau champ de connaissance, qui a émergé il y a
plus d’un siècle, est aujourd’hui en plein essor, il est
loin d’être homogène. La sociologie du droit – ce que
les Anglo-Saxons désignent couramment comme les «
socio-legal studies » – reste à cet égard profondément
marquée par sa double paternité juridique et
sociologique.
Elle englobe aussi bien les travaux de juristes
mobilisant les sciences sociales pour interroger le
système juridique et judiciaire, les «
jurissociologues », que des chercheurs en
sciences sociales faisant du droit et de la justice
leur objet d’investigation privilégié. De Weber à
Durkheim en passant par Tönnies, Marx et
Tocqueville les pères fondateurs de la sociologie
ont certes prêté une attention soutenue au
phénomène juridique dans leurs ouvrages, y
reconnaissant une clef indispensable de
compréhension de la vie sociale.
Mais c’est à un juriste qu’est
généralement attribué l’acte de
naissance de la « sociologie du droit ».
Pour avoir été l’un des premiers auteurs
à publiciser ce terme, E. Ehrlich est
ainsi souvent considéré comme une
référence fondatrice
Qu’ils soient juristes ou sociologues, ces
précurseurs proposent alors une voie d’analyse
novatrice sur le droit. Ils ouvrent une perspective
alternative au positivisme juridique, lequel
envisageait le droit comme un système clos,
autoréférentiel et parfaitement autonome tant à
l’égard de la société que du politique. Tandis que
la sociologie naissante voit dans le droit une des
clefs d’intelligibilité du social, les juristes, de leur
côté, reconnaissent dans le droit un phénomène
trop enraciné dans l’histoire et la société pour
être abandonné à la pure abstraction juridique.
Les uns et les autres se retrouvent ainsi sur un plus
petit dénominateur commun : la nature éminemment
sociale du droit. Parce qu’il est immergé dans la société,
sa compréhension et son explication ne peuvent faire
l’économie de la prise en considération des logiques
sociales, historiques, culturelles, politiques et
économiques dont il est le produit.
Grosso modo, la sociologie du droit peut donc être
définie comme un domaine de connaissance visant à
élucider les rapports réciproques qu’entretiennent le
droit et la société.
Ce cours qui s’adresse aux étudiants du
premier semestre du droit privé a pour
objectifs de les aider à découvrir la
sociologie de façon générale et la
sociologie du droit de façon
particulière, ou encore approfondir leur
connaissance en la matière.
Partie I. Initiation à la sociologie générale :
Histoire, objets et méthodes
Introduction
La sociologie a émergé comme nouveau
savoir, puis comme discipline universitaire
au cours du XIXe siècle. Certaines
conditions (politiques, économiques et
sociales) ont paru justifier la production de
connaissances objectives sur le monde
social ; pourtant la discipline ne s’est pas
imposée sans peine ni résistances
Certaines objections adressées à la sociologie ont
porté dès son émergence – et portent parfois encore
sur sa prétention à « faire de la science » : il s’agit de se
demander sous quelles conditions la sociologie peut
être une science et de s’interroger sur d’éventuelles
spécificités des sciences humaines, sociales… par
rapport aux autres disciplines qui généralement leur
préexistent. Comment la sociologie s’est-elle
progressivement imposée comme discipline
scientifique ? Quels obstacles a-t-elle dû surmonter ?
La sociologie a édifié au fil du temps des
méthodes d’investigation propres,
susceptibles de recueillir des données sur le
monde social et de les confronter ainsi aux
propositions théoriques.
Étudier les conditions d’apparition de la
sociologie revient ainsi à s’interroger sur
les conditions sociales et historiques qui
ont favorisé l’émergence d’un nouveau
savoir sur le monde social.
Axe I : L’avènement de la sociologie : Aux
origines philosophiques de la sociologie
Sans doute l’interrogation portant sur les principes
devant régir l’organisation des sociétés humaines
existe bel et bien avant l’apparition de la sociologie à
proprement parler : la tradition philosophique qui
unit la cité idéale de Platon, la Politique d’Aristote, ou
encore le Prince de Machiavel, tout en recherchant
généralement un régime « idéal », cherche à dégager
les mécanismes gouvernant les relations sociales et
politiques. Pourtant, ce n’est réellement, qu’au cours
du XVIIIe siècle, qu’émerge une interrogation sur les
« lois » devant gouverner l’ordre social (Comte et
Saint Simon).
I. L’héritage grec

Au Ve siècle av. J.-C, les sophistes sont, en Grèce, les


premiers à offrir une réflexion critique sur l’organisation
de la société. En son sens premier, le terme de sophiste
désigne ceux qui détiennent compétence et sagesse
(sophia). Puis, progressivement, ce terme sert à qualifier
des intellectuels comme Gorgias de Leontium, Hippias
d’Élis ou Protagoras d’Abdère qui professent de cité en
cité, l’art de la persuasion par la parole (La Rhétorique).
Les sophistes fustigent l’esclavage et usent abondamment
de l’arme critique. Platon et Aristote vont s’opposer,
chacun à sa manière, aux sophistes.
1. Platon et la cité idéale
Platon (427-348 av. J.-C.) apparaît sur la scène
historique après la chute de la démocratie athénienne.
Marqué par les turbulences politiques de son temps
(notamment la condamnation à mort de Socrate dont
il fut l’élève), il cherche avant tout, les moyens de
parvenir à la cite idéale, modèle de société s’échappant
au désordre et à l’usure du temps. Pour y parvenir, cet
aristocrate athénien rédige La République, Les Lois,
Mais l’apport de Platon ne se réduit pas à ces deux
ouvrages. Il nous a laissé de nombreux autres écrits
dont un nombre important sous formes de dialogue
(Apologie de Socrate, Protagoras).
L’originalité de Platon est de soutenir
d’abord, à l’encontre de Parménide et de
Héraclite, qu’il existe un monde des Idées,
lequel monde est stable et parfait dont la
réalité n’est que le reflet changeant. Dans ce
monde des Idées se trouve la justice en soi,
principe auquel les hommes doivent adhérer
durant leur passage sur la terre en vue de
bâtir une société idéale et assurer le salut de
leur âme.
De l’immense héritage platonicien dans
tous les domaines du monde on ne
retiendra ici qu’un seul élément de
philosophie sociale et politique, est
passé dans la sociologie dont il a
constitué une pièce essentielle. Il
s’agit : 1/De la conception
dichotomique de la structure des
classes
Le dualisme des classes
La conception selon laquelle les sociétés sont
divisées en deux classes sociales antagonistes
trouve, en effet, une des premières expressions
chez Platon. Bien avant Marx, Platon avait déjà
posé le problème de classe en termes
d’affrontement. Dans toute société, il y a
toujours deux classes qui se battent : les non-
possédants contre les possédants, les gouvernes
contre les gouvernants, les pauvres contre les
riches…
Le dualisme des classes, tel que Platon le
concevait, est important dans la dynamique
du changement social. En effet, aucune
société ne peut exister sans l’existence de
conflits sociaux qui, à leur tour, vont
générer le changement social. Si, par
exemple, la voix des dirigées se réduit à celle
des dirigeants, la dynamique de changement
social sera bloquée.
2. Aristote
L’œuvre d’Aristote (v. 384-322) présente des
innovations capitales par rapport à la philosophie
platonicienne. Alors que cette dernière recourt
encore volontiers à la contemplation et à la
méditation, l’aristotélisme pose définitivement les
principes de la pensée philosophique rationnelle. Sa
démarche repose fondamentalement sur l’examen
analytique, la démonstration logique et le
raisonnement sociologique dans l’observation de la
vie de la cité
L’approche d’Aristote se fonde non sur la
contemplation comme chez Platon, ou la
déduction comme chez Socrate, mais sur
l’observation. L’approche positive commence
avec Aristote. La philosophie aristotélicienne
adresse une critique sévère à l’idéalisme
platonicien considéré comme trop éloigné des
réalités humaines. Elle ne croit notamment pas à
l’existence d’un monde immuable des « Idées
» qui, comme le pense Platon, serait supérieur au
« monde sensible » des hommes et de la nature.
Elle est aussi une pensée « positive »
(ou réaliste) dans la mesure où c’est par
le biais de l’observation et de la
comparaison qu’elle cherche à
comprendre le monde, puis à identifier
des solutions susceptibles d’améliorer la
vie humaine. L’œuvre d’Aristote pose à
cet égard les bases des sciences sociales
(sociologie, sciences politiques …).
En réaction contre la pensée politique
fondamentalement idéaliste et utopiste de
Platon, Aristote adopte une démarche que
l’on peut qualifier de réaliste, très attentive
à la diversité sociale. Parmi les points qui
marquent l’œuvre d’Aristote, nous retenons
les suivants : l’ordre naturel immuable et
l’approche comparative.
L’ordre naturel des choses
L’opposition des deux philosophes grecs quant à
l’organisation sociale et politique dérive de
l’opposition entre leurs visions philosophiques du
monde. Plus préoccupé de logique que de
métaphysique, Aristote ne partage pas la théorie
platonicienne des idées suivant laquelle il existe deux
mondes : le monde invisible et supérieur de l’au-delà,
duquel l’âme vient et où elle retourne après la
dissolution du corps, et le monde visible d’ici-bas, qui
est le seul monde réel…
Selon Aristote, seul ce monde réel est à
considérer. Et c’est ce monde qu’il
importe de saisir par la connaissance,
de rendre intelligible.
Dans sa conception de l’ordre naturel
immuable, Aristote conteste l’égalité
des hommes et des femmes qui, selon
lui, est en contradiction avec la nature.
Selon Aristote, seul ce monde réel est à
considérer. Et c’est ce monde qu’il
importe de saisir par la connaissance, de
rendre intelligible.
Dans sa conception de l’ordre naturel
immuable, Aristote conteste l’égalité
des hommes et des femmes qui, selon
lui, est en contradiction avec la nature.
L’invention de la méthode comparative
Dans la typologie des Constitutions, qui nous
intéresse, ici, Aristote, se fait
sociologue/politologue. Il part de l’analyse des
régimes politiques, leurs dérives, et leur thérapie.
La bonne santé d’une Constitution se mesure
par sa conformité à l’intérêt général, sa
pathologie ou sa dérive, quand l’intérêt d’un
individu ou d’une caste se supplée à l’intérêt de
la communauté.
Le critère de typologie adopté chez
Aristote est le nombre des détenteurs
du Pouvoir. Quand c’est une seule
personne qui détient le Pouvoir, il s’agit de
Monarchie, si elle est exercée dans l’intérêt
de la communauté, c’est alors, la Royauté,
si elle est pervertie pour l’intérêt d’une
seule personne, elle devient tyrannie.
Si le Pouvoir est détenu par une minorité dans le
sens du bien de la communauté, alors le régime
est appelé aristocratie, s’il est perverti dans
l’intérêt d’une minorité de riche, il devient
oligarchie. Quand le pouvoir est détenu par le
grand nombre, au profit de l’intérêt général, il
est appelé politie ou démocratie modérée, si
par contre, le pouvoir est exercé par les pauvres
au bénéfice des pauvres seulement, il devient
démocratie extrême, qui est autant mauvaise
que la tyrannie ou l’oligarchie
Aristote accorde un intérêt majeur à la
comparaison des constitutions. Il
obtient de cette manière toute une
variété de modèles politiques. Il pose
ainsi implicitement les bases d’une
méthode comparative qui, aujourd’hui,
est au centre de la démarche en sciences
sociales.
À l’aide des nombreux critères mis en balance, il
établit en effet une analyse combinatoire des
constitutions particulièrement fine. Il ne cessera de
collecter, tout au long de sa vie, des informations sur
l’organisation concrète des sociétés de son époque.
On lui prête notamment la réalisation d’un
monumental recueil sur 158 constitutions. Grâce à
cette lecture croisée des sociétés, il est peut-être
considéré, à cet égard, comme l’un des fondateurs de
la science politique telle qu’elle se pratique
aujourd’hui, suivant une démarche empirique fondée
sur l’observation et la comparaison.
II. Le Siècle des lumières : De Montesquieu
à Condorcet
Le siècle des Lumières ouvre la voie à une
recherche sur les fondements rationnels de
la société. L’œuvre de Montesquieu (1689-
1755) en fournit une illustration majeure.
Avocat, puis conseiller au parlement de
Bordeaux, Montesquieu se livre à une
critique féroce des mœurs de son temps
dans les Lettres persanes (1721).
Il imagine, dans cet ouvrage, une
correspondance fictive entre des
voyageurs persans parcourant l’Europe :
ce procédé lui permet de railler les
coutumes et usages qui lui paraissent
injustifiés ou ridicules comme
l’absolutisme royal et de jeter un regard
distancié sur les modes de vie de ses
contemporains, en recourant au regard
fictif d’un observateur étranger.
Montesquieu adopte ainsi une perspective
comparative : les mœurs que nous croyons
naturelles ne sont en fait que le résultat de
conventions, d’arbitraires, susceptibles d’évoluer
dans l’espace et le temps. Cette méthode le
conduit à se demander : « Comment peut-on
être Persan ? » à s’interroger sur la force des
habitudes profondément ancrées en nous-
mêmes. Une telle démarche, qui vise à proscrire
toute tentation ethnocentrique, rejoint celle de
l’anthropologie ou de l’ethnologie.
Dans L’Esprit des lois (1748),
Montesquieu édifie, en philosophe, une
typologie des régimes politiques d’après
le principe qui les anime : la République
se fonde sur la vertu, la Monarchie sur
l’honneur et le Despotisme sur la peur.
Il cherche aussi à comprendre les
correspondances existantes entre les lois
sociales et politiques et les mœurs des
sociétés auxquelles elles s’appliquent. Il
peut ainsi écrire dans la préface : « J’ai
d’abord examiné les hommes, et j’ai cru
que, dans cette infinie diversité de lois et
des mœurs, ils n’étaient pas uniquement
conduits par leurs fantaisies. »
Le siècle des Lumières peut être
considéré, pour reprendre l’expression
du philosophe allemand Ernst Cassirer
(1874-1945), comme le « siècle de la
critique ». L’esprit du temps accorde
une place décisive à la raison, jugée
capable de mettre au jour des
phénomènes jusqu’alors inexpliqués.
Condorcet (1743-1794), mathématicien
et philosophe, auteur d’Esquisse d’un
tableau historique des progrès de l’esprit
humain (1792) qui, tout en célébrant le
progrès de l’humanité, dont la
Révolution française symboliserait
l’aboutissement, s’assigne comme tâche
de constituer une science de l’homme,
appuyée sur les mathématiques.
Ainsi il affirme qu’« il faudrait que la
Raison, à travers les mathématiques qui
contribuent si bien au progrès des sciences
physiques, servent à présent le progrès des
«sciences morales». Celles-ci concernent la
société et les capacités intellectuelles et d’action
de l’être humain.
Axe II. La sociologie entre le
positivisme et le constructivisme
I. Le positivisme entre Comte et Durkheim
Déjà Saint-Simon (1760-1825) utilise les
expressions « science de l’homme » ou «
physiologie sociale » pour analyser la société,
comparée au corps humain, et qui « n’est point
une simple agglomération d’êtres vivants, (…) la
société, au contraire, est surtout une véritable
machine organisée dont toutes les parties
contribuent d’une manière différente à la marche
de l’ensemble ». Le modèle est donc celui des
sciences de la nature.
Ancien secrétaire de Saint-Simon, August
Comte manifeste un véritable enthousiasme
envers la science qu’il croit capable de
résoudre la plupart des problèmes auxquels
l’humanité se trouve confrontée. Il apporte
de nouvelles dimensions au contenu et à la
méthode de cette science des lois sociales.
En 1838, il invente le mot sociologie.
La nouvelle discipline se définit comme
la « vraie science de la nature humaine »
se rapportant à « l’étude positive de
l’ensemble des lois fondamentales propres aux
phénomènes sociaux ». La doctrine
positiviste incarnée principalement par
Auguste Comte (1798- 1857) constitue
un moment clé pour l’émergence des
idées sociologiques.
La sociologie, telle qu’il la conçoit, se voit
ainsi assigner une mission : rendre compte
des principes qui gouvernent les
phénomènes sociaux. Sa vision de la société
est empreinte d’organicisme (la société est
pensée, par analogie, avec l’organisme
humain). La société l’emporte sur l’individu,
comme le tout l’emporte sur les parties;
Certaines préoccupations méthodologiques
de Comte, parmi lesquelles le refus d’une
démarche purement spéculative au profit du
recours à l’observation précédant
l’édification de lois, se retrouvent dans
l’œuvre d’Émile Durkheim (1858-1917)
qui formule le projet de doter la sociologie
d’une méthode d’observation scientifique de
la réalité sociale.
Durkheim formule le projet de doter la sociologie d’un
objet propre ainsi que d’une méthode
d’observation. Asseoir la légitimité de la sociologie
revient ainsi à délimiter le territoire du sociologue,
autrement dit à lui conférer une raison d’existence, aux
côtés des autres disciplines. L’un des préceptes
durkheimiens les plus célèbres exposé dans Les règles de
la méthode sociologique, « expliquer le social par le social »,
consiste à analyser un phénomène social à l’aide d’un
autre phénomène qui en serait la cause, sans se référer
explicitement ou implicitement à des explications extra-
sociologiques.
Durkheim insiste particulièrement sur la spécificité du
fait social. Ce dernier se présente ainsi en situation
d’extériorité par rapport aux consciences individuelles
sur lesquelles il exerce une contrainte. Durkheim est
souvent présenté comme un sociologue holiste,
puisque, selon lui, l’analyse sociologique doit saisir
l’influence produite par la société sur les
comportements individuels. Il s’agit, en fait, non d’une
doctrine mais d’une simple règle de méthode : le
sociologue, s’il prétend être un scientifique, doit alors «
considérer les phénomènes sociaux en eux-mêmes,
détachés des sujets conscients qui les représentent ; il
faut les étudier du dehors, comme des choses
extérieures »
C’est dans cet esprit que l’on doit comprendre la proposition
de Durkheim de « considérer les faits sociaux comme des
choses ». Le sociologue, à l’instar du
physicien, doit se tenir à distance du phénomène qu’il étudie
afin d’éviter d’y importer des prénotions.
Pour Durkheim, l’objectivité des faits sociaux est une
condition essentielle à l’application des méthodes positives. La
première règle et la plus fondamentale est de considérer les
faits sociaux comme des choses.
Cette règle implique deux exigences essentielles :
Ecarter les prénotions considérées comme un obstacle
(épistémologique) à la connaissance scientifique.
Et définir de façon objective les phénomènes sociaux
étudiés.
Ecarter les prénotions
Durkheim affirme que les prénotions
constituent un voile qui s’interpose entre les
phénomènes sociaux et le savant. Ce voile
lui masque la réalité. Les images utilisées par
lui (voile, masque, « sortes de fantômes qui
nous défigurent le véritable aspect des
choses ») expriment une conception
négative qu’il se fait de la Connaissance
Commune (CC)
Les faits sociaux sont objectifs car ils
sont extérieurs aux individus
Les faits sociaux sont objectifs car ils sont
extérieurs aux individus, et parce qu’ils sont
extérieurs aux individus, ils peuvent être
traités comme des choses. Des faits sociaux
comme les normes, les habitudes, la langue,
les croyances etc., existent en dehors des
individus car ils leur préexistent et leur
survivent.
Un des aspects de la démarche scientifique
adoptée, à cet égard, se résume en effet dans la
phrase suivante : « Tout fait à une cause » ; c.à.d.
tout fait à des antécédents qui nous permettent
de le comprendre et de le reproduire au moins
dans nos pensées. Cela ne veut pas dire que
toutes les causes soient scientifiques
La causalité transcendante situe la cause du
phénomène considéré en dehors du monde
sensible ; ainsi le coronavirus est la manifestation
de la colère du Dieu. La démarche scientifique
refuse évidemment cette causalité.
La causalité pour être scientifique doit
relier un phénomène réel à un autre
phénomène réel de telle façon que cette
liaison permette de comprendre l’action
de la cause sur l’effet, de telle façon que
l’on puisse, au moins en pensée,
reproduire l’effet en partant de la cause.
Le Positivisme s'appuie sur trois postulats

Un postulat réaliste impliquant l'existence d'un réel


objectif, unique, et connaissable. D'où la possibilité le
comprendre en toute objectivité et distanciation à travers
l’observation.

Un postulat causal qui part de l’observation empirique


des faits pour arriver à l’explication des liens de causalités
existants et à la construction des règles à portée universelle.

Le postulat de la distanciation objectiviste qui


implique l'indépendance vis-à-vis de son objet de
recherche.
II. La sociologie compréhensive chez
Max Weber
Le courant compréhensif
: Il s'agit d'un courant défendant l’idée que la réalité sociale
ne dispose pas d'une existence autonome par rapport aux
systèmes de représentations et d'actions des acteurs
sociaux. L'idée phare ici est que le monde social lui-même
n’existe pas en dehors du sens que ne lui attribuons.

Le courant compréhensif a une longue date dans la


philosophie phénoménologique et existentielle, mais c'est
plutôt à la tradition de la compréhension de Max weber
que sont rattachés les ingrédients de ce courant.
Alors que Durkheim opte pour une sociologie
explicative, Max Weber cherche à fonder une
sociologie compréhensive. Selon Weber, la
sociologie a pour objet d’étudier les actions
sociales. Pour ce faire, Weber commence par
établir la distinction entre action et action sociale. Il
définit une action comme étant toute conduite à
laquelle un individu accorde une signification et une
intentionnalité et une action sociale comme étant
une action entreprise en tenant des réactions des
autres. Le sociologue doit, dans cette optique,
étudier les actions réciproques (les interactions) des
uns et des autres.
Contrairement à Durkheim qui croit que la
méthode de la sociologie doit être calquée sur les
sciences de la nature, Weber pense que la
sociologie doit avoir sa propre méthode. D’où la
différence entre les sciences de la nature qui
étudient des phénomènes se répétant
naturellement et qui sont souvent reproductibles
en laboratoire et les sciences de la culture (dont
la sociologie) qui étudient plutôt des
phénomènes qui dépendent des intentions
humaines.
Selon Weber, le sociologue doit s’interroger
sur les motivations des individus. Se situant
dans le domaine de la culture et dans l’histoire,
l’homme est un acteur doué de liberté,
poursuivant des buts et donnant une
signification a ses actions. De ce fait, il ne peut
être l’objet des méthodes analytiques et
généralisantes des sciences de la nature.
À propos de la différence entre sciences de la nature et sciences
de la culture, Simon (2000 : 421) nous dit ceci :
« La thèse antipositiviste de l’autonomie, de la coupure méthodologique des
sciences naturelles et des sciences humaines, des sciences des choses et des
sciences de l’esprit, se situe dans la tradition de l’idéalisme allemand, qui
avait, de longtemps, établi une distinction radicale entre le monde de
l’homme et le monde de la nature. Plus directement, elle dérive en bonne
part de la philosophie kantienne. Kant enseignait, en effet, que l’homme
participe du monde des phénomènes en tant qu’objet, en tant que corps
physique ; mais que l’aspect distinctif de l’être humain, ce qui le fait tel, ce
ne soit pas son corps, c’est son esprit. Comme être spirituel, l’homme
participe du domaine des idées en tant que sujet libre, même s’il est, comme
corps physique, un objet soumis au déterminisme, aux lois de la nécessité.
L’homme est homme par son esprit (son âme) et par sa liberté qui, en le
mettant à part du règne de la nécessité dans la nature, lui assure
l’initiative de ses actions et lui permet d’en répondre"
Positivisme/Costructivisme
L'opposition entre le positivisme et le
constructivisme dans leurs visions, entraine des
divergences dans l'entendement des
phénomènes:

Pour le positivisme, l'objectif consiste à


expliquer les causes et les facteurs responsables.
Exemple du suicide

Pour le constructivisme, l'objectif est de


comprendre les motivations et les intentions qui
poussent les individus à agir.
L'opposition entre le positivisme et le constructivisme
dans leurs visions, entraine des divergences dans
l'entendement des phénomènes:

Pour le positivisme, l'objectif consiste à expliquer les


causes et les facteurs responsables.
Exemple du suicide;

Pour le constructivisme, l'objectif est de comprendre


les motivations et les intentions qui poussent les
individus à agir.

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