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UNE
CONTRIBUTION D’ANDRÉ JOURDES
Avec la décentralisation, le nouveau rôle de l’Etat, c’est une place à trouver pour les
associations dans les politiques contractuelles : d’aménagement du temps de
l’enfant, du temps libre, de la culture, dans la lutte contre l’exclusion, de la politique
de la ville et dans celle des collectivités territoriales…
J’ai la faiblesse de penser que ce détour, cette interrogation vient à son heure :
Parce que se rouvre le chantier d’une réelle formation des enseignants pour une
nouvelle génération (près de 50% des enseignants prendront leur retraite dans les
10 ans à venir),parce que nous vivons dans un monde marchand qui a tendance à
ne reconnaître toute structure, fut elle éducative ou associative, qu’aux seules
prestations de service fournies.
Quand le présent s’obscurcit, quand le futur est incertain, la perte de mémoire par
les associations, la méconnaissance par les citoyens et les pouvoirs publics de ce
qui a fondé et fonde leur action volontaire sont dramatiques non seulement à l’égard
des enjeux de société auxquels elles ont voulu répondre et mais surtout à l’égard de
ceux que nous devons affronter.
J’ai choisi de vous inviter à un survol très schématique au fil du temps : du rêve
ambitieux pour une République à naître, à la nécessité de faire société aujourd’hui
pour construire une issue démocratique aux crises actuelles. J’ai conscience des
risques de simplifications de cette approche et peut être des difficultés à s’y repérer
pour les non familiers du sujet, espérons que nous pourrons les dépasser. Le mot
éducation populaire apparaît et prend toute sa dimension à la Libération, mais ce
mouvement s’est manifesté au cœur du xix ème siècle et ses fondements
historiques en tant que mouvement d’idées remontent aux Lumières et à la
Révolution
Condorcet
Condorcet conçoit un idéal éducatif : l’instruction publique doit être le premier
devoir d’une société républicaine
Dans le rapport qu’il présente le 21 avril 1792 à l’assemblée nationale il déclare «
Puisque l’instruction libère les hommes de l’ignorance, elle doit être aussi universelle,
égale et complète que possible. Universelle pour les enfants, égale pour les femmes
et les hommes, les pauvres et les riches, permanente pour les adultes : telle doit être
l’éducation qu’une Nation libre proposera pour former des citoyens libres, égaux et
fraternels…. …Il s’agit de préparer des hommes qui connaîtront leurs droits et qui
n’obéiront qu’à leur raison seule, pour éviter que le genre humain reste partagé
entre deux classes : celle des hommes qui raisonnent, celle des hommes qui
croient. Celle des maîtres et celle des esclaves ».
Des années durant, des centaines de conférenciers de la Ligue parcourent tous les
soirs le pays pour populariser l’idée qu’une république peut être fondée en raison
par des citoyens égaux en droit sans avoir besoin de recourir à une transcendance
pour son organisation Cette action favorisera l’adoption de deux lois fondamentales
celle de 1901 sur le droit d’association, celle de 1905 séparation des Eglises et de
l’Etat. Par ces interventions et des actions quotidiennes les campagnes seront
gagnées à la République
Durant la guerre de 14-18 s’instaure l’union sacrée contre l’ennemi extérieur, mais à
la fin de la guerre les affrontements des deux France reprennent. Le militantisme
enseignant succède à celui de notables éclairés. L’Ecole par les activités péri et post
scolaires devient le centre de la vie éducative sociale et culturelle de communes ou
de quartiers : Les amicales laïques ouvertes aux milieux populaires, réunissent
enseignants parents et amis de l’Ecole pour la soutenir, la défendre et compléter son
action par des activités éducatives ,culturelles, et sociales pour l’accueil de tous les
enfants. et des cours d’adultes La Ligue devenue confédération générale des
œuvres laïques d’éducation et de solidarité sociale anime au travers de ses
fédérations départementales des réseaux d’activités spécialisées UFOCEL cinéma
éducateur laïque, UFOLEA activités d’éducation artistiques UFOLEP (éducation
physique et sport) UFOVAL (colonies et œuvres de vacances).L’UFCV fédère les
œuvres de vacances proches de l’Eglise catholique. Parallèlement pour répondre
aux besoins matériels et moraux des 300 000 orphelins de guerre fréquentant l’Ecole
publique des militants créent une grande œuvre de solidarité les Pupilles de
l’Enseignement public.
L’Eglise catholique organise l’ACJF par milieu de vie : jeunesse agricole catholique
jeunesse étudiante chrétienne, jeunesse ouvrière catholique dont l’action formera
les cadres du courant du catholicisme social.
Du traumatisme de la grande guerre naîtront de nouvelles initiatives, les
mouvements d’éducation nouvelle. Devant les haines nationalistes manifestées lors
du premier conflit mondial et ses drames humains, des éducateurs ont ressenti
l’importance de l’école pour l’éducation à la paix : Il s’agit d’affirmer les droits des
enfants à l’existence en tant que personne, de créer les conditions de leur libération
et de leur autonomie « Comment pouvons nous accomplir ce miracle de préparer
des enfants à être de libres citoyens, en leur apprenant 20 ans durant à n’être que
des sujets soumis à une autorité extérieure ? »
Parce que chacun est éducable, ces mouvements veulent privilégier la découverte,
l’expérimentation, les démarches favorisant l’autonomie, la pratique individuelle de
l’activité, le travail manuel comme instrument de développement de l’intelligence «
comprendre c’est se sentir capable de faire », l’organisation coopérative de la vie
scolaire. C’est la naissance de l’Ecole moderne Freinet, la création du GFEN, de
l’Office central de la coopération à l’école et aussi des Equipes Sociales.
Jean Zay
Avec Jean Zay (1) le ministère de l’instruction publique s’élargit à l’éducation
nationale et aux Beaux Arts (création du Palais de la découverte, du Musée des arts
et des traditions populaires). L’obligation scolaire sera prolongée jusqu’à 14 ans,
l’éducation physique entre dans les horaires, création de l’USEP commission
sportive scolaire de l’UFOLEP. Avec les congés payés Léo Lagrange sous secrétaire
d’Etat encourage le développement des loisirs sportifs touristiques culturels, il invite
à la popularisation du cinéma, de la lecture, du théâtre.
Alors que dans des pays voisins s’organise l’embrigadement de la jeunesse, il
affirme « Aux jeunes, il ne faut pas tracer un seul chemin, mais ouvrir toutes les
routes » C’est le temps des auberges de jeunesse, clubs de loisirs, des colonies, des
vacances pour tous, la création des CEMEA centres d’entrainement aux méthodes
d’éducation active et de la confédération « Jeunesse au plein air »
A côté des choix politiques forts: législation sociale, organisation des services
publics, construction de la sécurité sociale, l’éducation populaire en mobilisant 1/7
d’une classe d’âge contribuera dans les communes à changer la vie . L’ambition
politique sera revue à la baisse, c’est une politique de la jeunesse et des sports qui
sera organisée ; mais grâce à des créateurs conseillers d’éducation populaire, au
financement de la formation de cadres les réseaux nouvellement créés se
développeront fortement dans tout le pays.
Avec les Foyers Ruraux, les MJC ,les Centres Sociaux c’est le passage de la
simple association volontaire aux premières « institutions d’éducation populaire »
L’éducation ouvrière se consacre à la formation des militants syndicalistes , elle se
prolongera dans le mouvement familial ou le mouvement de consommateurs. Les
comités d’entreprise récemment créés jouent aussi un rôle de médiateurs culturels
pour l’accès au Théâtre National Populaire, ou au Festival d’Avignon.
Le ministère de la culture créé par André Malraux, veut favoriser la découverte des
œuvres capitales de l’humanité par le développement des institutions culturelles.
Cette action se développe sans liaison avec l’éducation artistique relevant de
l’Education Nationale ; les pratiques amateurs restant du domaine de la Jeunesse
et des Sports signeront une séparation préjudiciable entre culture et éducation
populaire.
Le ministère des affaires sociales contribuera à la naissance et à la multiplication
des travailleurs sociaux, accompagnera la création de centres sociaux et de foyers
de jeunes travailleurs, le secteur médicosocial connaîtra une forte croissance alors
que le ministère de la justice développera la prévention spécialisée
La France se modernise :le nombre d’ingénieurs passe de 24 000 à 51000, une forte
demande de cadres intermédiaires se manifeste ce qui motivera la prolongation de la
scolarité, la création du collège unique qui achoppera sur la définition d’un socle de
compétences techniques et professionnelles, cette formation restant une voie à part.
Cette modernisation révèle aussi « les problèmes de désadaptation que pose au
travailleur et au citoyen modernes la civilisation nouvelle dans la quelle nous venons
d’entrer brutalement » Il y a nécessité d’éducation permanente.
Après les lois sur la promotion sociale qui introduisent le congé d’éducation ouvrière
et le congé cadre jeunesse , en 1971, l’éducation permanente devient une obligation
nationale « qui veut favoriser la promotion sociale par l’accès aux divers niveaux de
la culture, de qualification professionnelle et la contribution au développement
culturel économique et social » Le projet est ambitieux mais en pratique c’est surtout
une formation professionnelle continue permettant l’adaptation des travailleurs aux
changements des techniques et des conditions de travail qui sera mise en œuvre.
Au début des années 80 les politiques s’élargiront à l’insertion des jeunes et la
formation des chômeurs. Les fédérations d’éducation populaire y trouveront un
nouveau domaine d’intervention. La Ligue créera plus tard l’INFREP .
Les avancées les plus importantes seront les dispositions du Vème Plan qui sera
doté d’un programme de construction d’équipements socioculturels qui verra leur
multiplication sur tout le territoire et la création d’un fonds interministériel FONJEP
pour financer des postes d’animateurs permanents et leur formation.
Cette orientation et ces évolutions verront aussi des conflits éclater entre les
pouvoirs publics et les grandes fédérations d’éducation populaire. Si ceux-ci
apprécient l’action sociale et éducative que les fédérations mènent auprès de la
jeunesse, ils goûtent moins la part d’agitation , de remise en question ou de «
subversion » que porte cette conception de l’animation socio culturelle. Les
communes posent quant à elles la question de la place de l’animateur dans la cité et
du contrôle de l’action de ces nouveaux professionnels, de cet « impossible métier »
L’emploi quasi exclusif de ces animateurs permanents par les fédérations
d’éducation populaire sera interrogé. Il en ira de même pour leur formation où
interviendront de plus en plus les centres publics de formation d’animateurs des
CREPS, et les IUT carrières sociales
Les propositions globalisantes de la Ligue, pas plus que celles du CNAJEP.ne sont
retenues. Les secteurs de l’éducation, de l’animation socioculturelle, de l’action
culturelle, de la formation permanente, de l’action sociale évoluent séparément.
L’école dans les quartiers prioritaires, la réussite au collège sont au cœur des
nouvelles politiques. Après les manifestations de l’enseignement privé à Versailles
ni l’opinion ni le pouvoir politique n’entérinent l’organisation du service public unifié
laïque d’éducation
Réveiller la citoyenneté Devant le retard qu’a pris la réflexion sur les évolutions de
la société la Ligue invite à créer des “ Cercles Condorcet ”, des clubs de citoyens,
des universités d’éducation permanente, qui dans un souci de dialogue et
d’ouverture, favoriseront réflexions et débats pour comprendre ces évolutions, et
inviteront à peser sur l’avenir en train de se faire. C’est aussi le temps des cafés
philos, cafés citoyens, des groupes de réflexion militante, des universités populaires
Avec la Ligue des droits de l’homme et neuf autres associations est créé Civisme et
Démocratie, pour revitaliser le civisme et dynamiser la démocratie (campagnes pour
l’inscription sur les listes électorales, soutien des journées mémorielles, centre de
ressources pédagogiques). Ce sera aussi l’appui à la Nouvelle Encyclopédie.
Permettre aux « jeunesses » de prendre leur place sera l’’objectif des Juniors
associations, de l’AFEV, d’ANIMAFAC, de l’ANACEJ, des Petits Débrouillards, la
Ligue avec « les jeunes aquitains s’engagent » autant de portes ouvertes à une
nouvelle génération pour sa préparation à la citoyenneté démocratique.
Faire du vivre ensemble la question centrale d’une société plus diverse Les
migrations de la fin des trente glorieuses, ont modifié notre pays qui a eu du mal à
se reconnaître société multiculturelle. Le message de la Marche pour l’Egalité et
contre le racisme des jeunes issus de la diversité française des quartiers urbains
réclamant leur pleine reconnaissance et une place à part entière aura du mal a être
entendu , alors qu’il attire l’attention sur les promesses non tenues de la République.
Dans ces évolutions de la société l’Islam devenait la deuxième religion de France.
Une commission pluraliste avec des membres d’horizons spirituels ou religieux
différents engage un travail sans amalgame et sans concession sur « Islam et
laïcité » Colloques, rencontres, contributions se succèdent pour approfondir les
conditions de compatibilité de la pratique de l’islam et des lois de la République
Remettre l’Ecole au cœur d’un projet de société. La loi de 1989 avait affirmé que
« le droit à l’éducation doit être garanti à chacun afin de lui permettre de développer
sa personnalité, d’élever son niveau de formation initiale et continue, de s’insérer
dans la vie professionnelle, d’exercer sa citoyenneté » Ces ambitions resteront très
mal connues et la loi partiellement appliquée.
Pendant plus de dix ans ces chantiers ont mobilisé la Ligue pour contribuer à
redonner sens et corps à une éducation populaire de notre temps. Si son objectif
final est de faire vivre la citoyenneté et parier sur la souveraineté populaire, il s’agit
d’abord de donner confiance à chacun pour qu’il puisse trouver une place, épanouir
ses possibilités et puisse participer à la vie sociale. Cette éducation populaire est
une démarche solidaire avec les milieux populaires, pour qu’ils prennent confiance
dans leurs capacités et leur propre pouvoir d’agir pour prendre place et participer à
la vie de la société, leur permettant d’être reconnus dans leur vie singulière, leurs
cultures et leurs droits
Une éducation populaire, qui sur tous les territoires crée des possibilités
d’épanouissement (culture, sport loisirs, vacances), suscite, la curiosité, l’ouverture
culturelle, l’esprit critique, l’engagement, la mise en mouvement des idées autour
d’une démarche « connaître, comprendre, débattre, juger, agir, entreprendre », en
interrogeant les inégalités et les conditions d’un développement soutenable.
La crise aggravant les situations sociales, limitant les moyens des politiques
publiques ou des choix politiques contraires vont créer une situation difficile pour les
associations Les crédits ministériels baissent, certains vont voir des coupes très
fortes, le FASILD (fonds d’aide pour la solidarité et la lutte contre les discriminations)
va être réorganisé au profit de plusieurs agences mettant à mal les nombreuses
actions de solidarité coordonnées dans les quartiers.
Dans notre société les valeurs collectives sont affaiblies, les institutions fragilisées et
contestées, les injustices sont criantes et chaque individu revendique une place
croissante et singulière; plus autonomes, les individus sont aussi plus fragilisés,
sommés d’être toujours plus responsables, plus performants ils se retrouvent
souvent isolés et impuissants, à la merci des mages ou « coaches » de toute nature.
Mais si la planète est une, comment rendre visible aux hommes et aux femmes de
notre terre patrie, au-delà des différenciations en nations, langues, cultures et
religions, leur commune appartenance à l’humanité ? Leur définitive
interdépendance dans une communauté mondiale de destin ?
Devant cette fracture du monde comment ne pas souligner les enjeux du Sommet
RIO +20 où les réseaux mondiaux d’ONG et les plates formes associatives
nationales se mobilisent pour la transition vers un changement de civilisation
rendant compatible développement économique, organisation des solidarités,
gestion raisonnable des ressources et protection de l’environnement, se conjuguant
avec une gouvernance collective et responsable de la planète, d’indispensables
régulations politiques visant à redonner à la finance le rôle de moyen et non de fin
Comment enfin relever le défi culturel de la définition d’autres indicateurs que celui
de la seule mesure de la croissance du PIB, en particulier ceux du développement
humain, des empreintes écologiques , ceux enfin d’une autre mesure de la richesse
pour une politique de civilisation dont Gandhi dans sa sagesse posait les limites
infranchissables «La terre a assez de ressources pour répondre aux besoins de tous
ceux qui la peuplent mais ne peut supporter l’avidité de tous »
Comment peuvent-ils avoir les capacités et les moyens d’être acteurs de leur vie,
d’agir et de décider et participer en citoyens à l’heure du désenchantement
démocratique et de la montée des populismes , dans un monde où la Nation et le
Peuple ont perdu une grande partie de leur force fédératrice et mobilisatrice pour le
progrès commun et sont maintenant enrôlés pour la fermeture aux autres ? Plus que
jamais l’enjeu est la démocratie, le pari l’éducation populaire. Un pari qui ne se limite
pas à notre pays, partout dans le monde, sous des appellations différentes, il motive
des engagements dont les acteurs doivent pouvoir se reconnaître autrement que
dans la nébuleuse de l’éducation non formelle des textes internationaux.
Dans ce monde en métamorphose s’il s’agit de faire société pour mieux vivre
aujourd’hui, il est indispensable de réintroduire le long terme en politique pour
l’avenir même de l’humanité.
Condorcet entrevoyait un avenir radieux « Nos espérances sur les destinées futures
de l’espèce humaine peuvent se réduire à trois questions : la destruction de
l’inégalité entre les nations, le progrès de l’égalité dans un même peuple et le
perfectionnement réel et continu de l’homme » Il pariait pour cela sur la « formation
d’hommes qui n’obéiront qu’à leur raison seule »,garantie en soi du bien public, car
pour des encyclopédistes « Nos descendants devenant plus instruits, deviendront
en même temps plus vertueux ! »
Jean Macé avait diagnostiqué que l’indifférence, tout autant que l’ignorance,
devaient être mises au premier rang de nos malheurs, rappelant que « quand on
est en République, il n’est pas permis de ne s’occuper que de soi… La République
n’est pas un mol oreiller sur lequel on puisse dormir » A son dernier congrès il
précisait le devoir que les citoyens ont les uns envers les autres : « N’y a-t-il pas
enfin l’enseignement pratique de la grande, de la suprême école de la vie qui peut
se distribuer à tous les âges et qu’on se doit entre citoyens rendus solidaires par la
communauté de souveraineté ? »
Armatya Sen rappelle à ces porteurs d’une vision exigeante de la citoyenneté, les
pré requis indispensables : une approche par les capacités qui vise le
développement des « capabilités » de tous les hommes et toutes les femmes, c’est-
à-dire à la fois de leurs capacités mais aussi des moyens et des ressources qui leur
permettent d’avoir une réelle liberté de choix de leur parcours de vie …
La possibilité d’une autonomie économique est la condition de base pour être
réellement acteur de sa vie, première étape de l’accession à la citoyenneté
Refusant fatalité et résignation devant l’impérieuse nécessité de sortir la crise de ce
monde sans souveraineté, confiants dans les ressources et les capacités de notre
pays et de ses citoyens ,voulons nous collectivement et démocratiquement décider
de ce que nous voulons faire de ce que l’histoire a fait de nous et qui ressemble à un
avenir pour cette génération et les suivantes ?
Ariane Mnouchkine dans son spectacle « l’Eveil », dont le titre est en soi tout un
programme, nous rappelle que l’histoire n’existe pas en dehors de nous : « Nos
vies se situent à chaque instant à une période historique : soit on décide dès
l’enfance (…) de participer à l’histoire, soit on décide que l’histoire se fait sans nous,
on met la tête dans un trou noir et on ne bouge pas …On peut être une fourmi sans
histoire, on peut être une fourmi historique. » Si c’était cela l’indispensable utopie de
l’éducation populaire ? et si c’était cette utopie qu’il nous appartient de faire vivre ?
André Jourdes
(1) Pour Jean Zay, la République repose avant tout sur le civisme et l’intelligence des
citoyens, c’est-à-dire sur leur éducation intellectuelle et morale. […] Contre la
conservation sociale mais aussi contre les utopies révolutionnaires, la politique est
ce mouvement par lequel l’humanité s’approfondit et devient en quelque sorte plus
digne d’elle-même. » (Antoine Prost).