IV - L'ÉDUCATION PERMANENTE
De l'éducation populaire à l'éducation permanente;
de la démocratisation de la culture
à la démocratie culturelle
Lorsque. le 11 décembre 1945. le minblre de
l'Ins1ruc1ion publique. Camille Huysmans.
rencontre l'initia1ive d'un jeune parlementaire
liégeois. Hum RT RASSART, Cl qu'il décide de
proposer à la signa1ure du Prince Régen1, la
mise en place d'un Service nalional de la
Jeunesse, personne ne peul imaginer que c'csl
le premier pas dans la voie de la promo1ion de
la démocratie culturelle.
Jusqu'alors, Ioule l'aclion de l'Élal, des Pro­
vinces cl des Communes s·csl fondée csscn1icl­
lement sur la dêmocratisa1ion de la culture.
En 1921. Jules Demée a voulu rendre le livre
accessible à 1ous. Lïnstilution du Conseil
supérieur de l'Education populaire par la loi
du 3 anil 1929; la créa1ion. en 1936, de
l'Offioc nalional des Loisirs du Travailleur. cl
son rcmplacemcm. le 28 décembre 1939. par le
Service de l'Éduc:uion populuire et des Biblio­
thèques publiques... loutes ces mesures visenl
à conduire l'ensemble des hommes cl des
femmes de Belgique vers une aplitude ù
percevoir le beau, le bon. le jus1e qui ne leur
aurai! pas é1é donnée à suffisance par l'ensei­
gncmenl •ofTcrt' à leur enfance Cl ,i leur ado­
lescence. mais qu'ils n'ont pas néccssairemeru
suivi ou suivi avec fruit.
L'É1a1 le minis1ère de l'lns1ruc1ion pu-
blique n'accorde son sou1ien qu'aux :.cules
manifes1a1ions cullUrelles qui ne versent pas
dans la propagande politique et le prosélytisme
religieux. L'éduc;uion populuire es1 neu1rc:
elle est el ne peul ê1re que le prolongement
de l'école; l'arrê1é royal du 5 scp1cmbre 1921
traile des œm·res co111pléme111aires de l'école.
L'aulodidaxie esl mise à l'honneur. encore
qu'avec quelque prudence.
Le Service de la Jeunesse ouvre la porle à une
conception fondamentalement difTérenle.
Créé dans le grand bouillonncmcn1 libcnaire
et fra1emcl d'une fin de guerre. il dêtcnninc
des rapprochemenls enlre les jeunes du monde
entier cenes, mais plus encore entre ceux qui
ani111en1 nos propres mouvements de jeunesse.
Or, ces jeunes son1 da,an1age préoccupés de
politique que de culture. Issus pour la plupan
de la Résis1ancc. leurs responsables. naguère
fra1crnellemcn1 unis con1rc l'occupant nazi.
onl peine à s'opposer physiquement sur des
problèmes - la Question royale? quïls
préféreraien1 régler dans des déba1s de 1ypc
parlementaire. La fondation du Conseil na1io­
nal de la Jeunesse leur en donne l'occasion, el
les discussions qu'il au1orisc Je,, préparent à
des nou,cllcs formes de vie c1 d'ac1ion polili­
que. Beaucoup de ceux qui se formenl à
celle école de,iendront, 1rès vile. manda­
taires publics. et il ne faudru pas longlcmps
pour qu'ils accèdenl aux porlefeuilles mi­
nis1ériels.
Mais. en même 1emps qu'ils prenncm cons­
cience et pouvoir, ces dirigeants des mou­
vements de jeunesse prennent aussi leurs dis­
lances à l'égard de l'appareil des Panis poli-
1iques. lis se fom les défenseurs de progr.immcs
originaux. spécifiques. souvent dégagés des
303

MARCEL HICTER A SA TABLE DE TRAVAIL
( Pholo SJudio VnhasSRI, Bruxelles).
C0lllrJin1cs lrJdi1ionnellcs. HoMilcs aux in1cr­
ven1ions d'une autorilé souvct11 paternaliste.
ils se revendiquent d'une vision novatrice de la
Socié1é. Ils remc11en1 en cause l'école comme
1ou1e; les au1rcs s1ructures sociales. Ils préfi­
gurent mai 1968 dès la fin des années cin­
quamc.
Lon.que Pu RRJ Wrc;,v. premier ministre de la
Culture franÇaisc à part entière. imagine son
Plan Quinquennal. tout son élat-major ou
presque csl issu du Conseil de la Jeunesse. E1 il
;e trouve en symbiose avec ceux qui. dans
d'autres cabine1s ministériels ou dans l'oppo­
silion. considèren1 qu'il es1 temps de meure en
place une IOUIC IIOU\Clle politique culturelle.
Homme de culture tr.iditionnelle. parfait hu­
maniste. le minis1re Wigny aura l'élégance de
ne pas imposer sa vision pcr.onnellc de l'Édu­
ca1ion permanente: il se bornera à défendre la
thèse que. ayam a11ein1 l'essentiel de leurs
objectifs. sur les plans économique et social,
le:, organisations syndicales doivent désor­
mais revendiquer, pour leurs affiliés. l'accès à
toutes les formes du savoir. C'est la dernière
fois que l'on en appellera. en termes aussi
précis. à la démocra1isa1ion de la culture.
304
Une noll\-elle conception s·es1 mise en place:
une politique cohérente de l'éducauon. de
l'eni,eignemem el de la culture doit ·promou­
voir une nouvelle image de l'homme. assurer
la formation de cito)cns libres c1 responsables,
capables de comprendre la socié1é qui les en­
toure et de prendre part à sa transformation·.
Un tel objectif présuppose un programme de
société démocratique composée non de ,ujets
mai:, de cito)·ens, non de mampulés mais d'ac­
tifs. non de consommateurs mais de créateurs.
non de diri� mais de responsables. Ce n'est
pas une démocratie formelle où les mas:,e:,
suivent des leaders: c·es1 une démocratie vé­
cue par chaque citoyen responsable du destin
de ses diverses communautés de vie quoti­
dienne. La culture) est partout. L'alternative
n'est pas entre la culture pour tous ou la
culture pour chacun. laquelle favoriserait les
différences. remplacerni1 la consomma1ion
indifîérencil-c par la consommalion sélective.
autonome et singulière, donnerail à chacun la
possibilité de 'fabriquer son humus culturel'.
Objectif impossible quand la marchandise
culturelle est objet de profil et, inversement.
quand l'État s'installe distributeur de culture
offic,elle, imposée à la 101ali1é des citoyens.
Nous disons. quant à nous: ni la culture pour
tous, ni la culture pour chacun mais la culture
par chacun et avec chacun dans une optique
de libre développement de tous.
Il n·y a pas de culture extérieure à l'homme.
pas de matière culturelle à quoi il faut faire
accèder le peuple, qu'il faut porter au peuple.
que l'on puisse lui contreplaquer. La cullurc
n'est ni la connaissance ni l'érudition ; la
culture est une at1i1ude, une volon1é de dépas­
sement personnel total. de son corps. de son
cœur. de son esprit. en vue de comprendre sa
situation dans le monde et d'in0échir son
destin: c'est la prisc de conscience du besoin
de s'exprimer et la maitrise du ou des moyens
de ce11c expression: c'est être l'homme du
terrain c1 non l'homme des gradins. l'homme
du jeu e1 non l'homme du spectacle. C'est
pourquoi la culture, sans les œuvrcs, est une
culture morte. On la fait surgir de tous et à
tous les niveaux. Le temps du loisir doit ê1rc le
 • . • te� acl s �t
al" e ·dusfre,.au planextr:a colaire. l'animation, la
1 on le t n 11 la con om- formmioiJ, la diffu·ion culturelle au bénéfice des
maüon .. de • 'homm, adult da1.1 WtlS le· domaine:·.- polilique .
n'est pa • r chose. qu'il philo. ophique . ociau. •. moraux, civiques. m·­
co •e i . ontraign nt ti tique., . iemifiqu s... •
ni r qui lui prèfab.ri.quent se Dè J 972 un. d6ci ion mini téric llc in u u
pl ; . l'homme c l d..: sec n�- 11 ntion de l'État • • .'munération
tmire. d • de battre pour la d pcrman l la premi.éF
réali.ati . reconna officiel! ·sité d un
,e développerne1
• •
. mme d ienl un but .adre p nncl d rga • • n
en soi u capita] humain limitent d'éd.1,,tcatioo penuanent me -
I.e p o lé bien lu Il du po ait d • e. en raj • · • • de
ca ita ut dé • o le force l'arrêli: al , - le
le oi t urées par • • 011 la ul :
. l· ê ._
, ait cm dé- tion o • ••
ud pem.nl paril' a ec le
d'v ntde oc.io�u ]ture
la personnalité. ]] faut dé-cou . . réer de on de leur
nou ea· oi ··ai • b soin d allocation de f. nclionnemem et d'un ,ub. ide­
l'Homm t or extensibl s·: traitement • payés par 1. tat.
cré r le be,oîr1 de l 'ho développer ; a ri] ]'976 • oit la promulgation d\rn
uction per- dêcr t, ot • à runanimiti' du on ei] cuhur 1,
ma •• ,l o e nife�taaion qut ccen encore Je mou emcm : l ùre est
de • i d I nnalité de parfait mem éclairant pui ·qu'i I fi • les con.di�
ra h in cp ion. d mo- tion ·der connai ·a11ce el d'octroi de subr ·n-
bilité information, d'a h ique, d tion• cmx anisalion d'éducation pem1aneme
•
nature , nt. de. adult n général ,et au. organisation de
an t que 1omme ne liera pa pl'Omotio11 o io-.cultu1't!lle de tra ·ai/leur .
loi ir à r◊p[ fo réatrioe ••.i n fait, deux chal:,it '· ,1inent l'écono-
co mer la m à où I tr . mie du te prem e la reconnais.-
confond I' re créatrice de an , l ·b e1 orga 1· lion
' anoui.t. l. ontradiction ,b trnite ve d'éducation pem an ul actua-
temps I i.bre . • ré •• • • • 19" 9 197 ,
ri 01 • re . ( en
. n l 971, rédacteur d ulture et Com­ France, o ni n gou-
munawé (m"ni tère Ja ullure françai ) e n men, q i nt ien
écri ent : 'Il ) a dnquame ans que nous somme a riniüati • al ]
entrés dan l'Ere d I' :au arion penmmente. tirent l'e ·e1 de ku • c -
Au début. on ne le .mvait guèr . 011 parlait tout üon d m mbre • o i1
au plus, avec unJJt?lil air de Jau se modestie ou la dive1 éoJogique de o n
<{i jàt,we upériorlté, d'édûc:atior, populaire'. cause1 ain i. que la péct . it r� le en
•. ce moment le p e t vraim nt fran hi. tant qu outil iri • ·, fr.m déireloppemem
L;arrcté r. oyal du 16 juiJlct l n, ré ormant cuhr.,re/ plural . Liq
ccJuj du 5 pt.embre l 92 W , quitte délibérément a) prise . el une connai -
l ch mp la n utra iié pui qu'il 'adre. se. "a1, ritiqu de la ;
dan. or. artfolc aux a socü:11ion •. inslillltions b) capad a]y c de d'ac-
ou organi me· privé:·... ayant pour mi., io11 tion et d'é aluation �

305
 •• '
c Des ë llilud-• de t d p-ar- relle des travailleur et que 1 'on de •
tj ipati n ., li C: , é ono- dernier de r. etr conu-� ié 1
mi cultureUe c tatif permanent à la t
a o ri:alion t q organi a lion· repré eront
arr ro. au. de , ])·a a a,
plan, au profil d'une d'marche éduca-
• • l • l pa11 ouru de·
i !end ,\ cré r d • ique • el
r_ able 'par ·t m niqu • con le. r:i • c. 1e ,
le • micu • dapu e • aux o
} t au • lu .i r I n ] al
besm li· · le· pu •. pou o ub • il ur
_c II d écret _ l'a - plaoe • lé. _ , ]e d re
l ·on . ue organi.sat' omo- publiqu omm d c __ i. d
tion ulmrelle de tra a 'agit pop • • • - - • nü: i • lé�
de rencontrer u milieu popula à-dir ment démo ion
•
c O �. _um î i/ler1r. d la de l· if:.,
-lllb]ic 1 n ·ont pa récréa
p un 't nt upérieu.r, in. u olution de· condi-
u • ,lieur.\', . 'ar- tion di _ . ion fondf1m ·nta t-
tiscm • ant pas d: de la condition m11·nerc ont. d' le • • •
main d d . con- nouv IJe _étac
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joint • ,e1 de deux premiers • ç
at"gor 'mar- g-r .1 dj• a io�
ch de, i'e 1 cultureUe o i-
tendra a n d n�w lu � �
l'er ise) itua - réali _ra _ _ une authentique démocralie
tjo ue • ple, culll ute la b· e m·me
da _d he global , l en- d un lle de n "Odet •0
emble . détermin nt
iuuUÎO'D • l'altitud
impliqu • • 1 suffit de
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