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E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 1

UNIVERSITE CATHOLIQUE DU CONGO


FACULTE DE MEDECINE
B.P. 1534
KINSHASA/LIMETE

EDUCATION A LA CITOYENNETE
L1

Notes de cours EN ELABORATION

Professeur Félicien MpukuLaku

ANNEE ACADEMIQUE 2022-2023


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Pourquoi un cours d’éducation à la citoyenneté ?


Objectifs :
 Acquérir les valeurs citoyennes : la ponctualité, la politesse, le respect des autres et du
bien commun, la tolérance, l’humanitarisme, la solidarité, le civisme, la civilité,
l’intégrité, la fraternité, l’excellence, le patriotisme, la transparence, le sens de la
gratuité, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et de
l’environnement, etc. ;
 Acquérir des compétences pour se conduire d’une manière responsable envers les
personnes en charge de l’autorité et envers les autres, et surtout dans son métier en
exerçant sa citoyenneté de façon éthique ;
 Acquérir les qualités d’un nouveau type d’homme ;
 Cultiver les valeurs jugées positives et promotrice de la dignité humaine, de l’intérêt
général, de la diversité, de l’humanisme et d’une société juste.

Canevas
L’architecture de notre cours comprend les axes majeurs suivants :
Introduction
Chap.1. Définition et clarification des concepts
Chap.2. Droits et devoirs du citoyen
Chap.3. Citoyenneté et civilité
Chap.4. Fonctions et formes de l’Etat
Chap.5. Intellectuel congolais face au défi du développement de la nation
Chap.6. Culture de l’écocitoyenneté
Conclusion
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INTRODUCTION

Qu’est-ce qu’une citoyenneté et pourquoi   nécessite-t-elle une éducation ? Qu’est-ce


qui pourrait justifier aujourd’hui la nécessité d’une éducation à la citoyenneté ? Né il y a
quelque 2500 ans en Grèce, le citoyen est-il encore une figure pertinente de l’existence digne
d’un homme1?

Il nous semble que l’institution d’un cours d’éducation à la citoyenneté dans le cursus
de formation formation des étudiants ne relève pas du pur non-sens. Au contraire, cela se
justifie par la détérioration des valeurs morales et par le manque de civisme, c’est-à-dire les
antivaleurs et l’incivisme qui sont tacitement, voire ostentatoirement érigées en normes
régulatrices de notre société. NgomaBinda explique cette situation lorsqu’il écrit : « Si le
Congo demeure pauvre et sous-développé après près d’un demi-siècle d’indépendance et en
dépit de ses énormes richesses matérielles, humaines et intellectuelles, c’est parce que,
fondamentalement, ses dirigeants ont gravement manqué de civisme »2. En d’autres termes,
au-delà du problème de moral et d’éthique qui entraîne fatalement la perte de capacité de
féconder nos potentialités pour donner naissance à un type d’homme nouveau, il y a un
problème d’éducation aux valeurs citoyennes et de participation responsable. Tout congolais
soucieux de son avenir et de celui de son pays sait qu’il est devenu insignifiant, à la limite un
« indésirable ». Cette situation doit nous inquiéter afin de nous aider à prendre conscience de
notre responsabilité.
En effet, le manque de culture citoyenne qui caractérisait déjà de la 2 ème République, a
généré une crise une crise généralisée de la société congolaise et qui, dans une certaine
mesure, est responsable de son sous-développement. Car c’est bien d’abord l’homme
congolais qui est en crise avant d’être lui-même au cœur d’une crise multisectorielle. Il s’agit
d’une crise de modèle, d’identité, de personnalité. Bref, une crise de l’homme congolais qui
se manifeste à travers tous les secteurs de la vie nationale (académique, économique,
religieux, culturel, sanitaire, etc.) et n’épargne aucune couche sociale.
La nécessité d’éducation se justifie aussi au regard du contexte actuel de
mondialisation/globalisation, de sociétés pluralistes et multiculturelles secouées par des crises
à diverses manifestations (violence, vandalisme, braquage, guerre tribale, corruption, drogue,
décrochage scolaire, démission parentale, etc.).

Ainsi, éduquer à la citoyenneté à l’école ou à l’université et, dans une étroite relation
partenariale avec d’autres «co-éducateurs », c’est préparer le futur adulte à exercersa
responsabilité dans les domaines politique, social, économique, culturel et écologique, en
référence aux valeurs de la démocratie et des droits de l’homme. Même la situation actuelle
de notre pays où le tribalisme sape l’élan d’une existence humaine digne et où la politique ne
semble plus être l’affaire du citoyen et où la souveraineté ne s’exerce plus en son nom, avec

1
D. COLLIN, Qu’est-ce qu’un citoyen ? Dans Grand dictionnaire de la philosophie, p. 136-138.
2
P. NGOMA-BINDA, La participation politique. Ethique civique et politique pour une culture de paix, de démocratie et de bonne
gouvernance. Kinshasa, Ifep, 2005, p. 12.
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des mandats électifs moins rigoureux, réclame avec urgence l’éducation à la citoyenneté. Il se
constate une l’hégémonie d’une caste des politiciens sur les mandats électifs et la haute
administration. Le peuple au nom de qui le pouvoir s’exerce se trouve voué au mépris. Ainsi,
« exclus du débat politique, exclus de la Souveraineté qui pourtant s’exerce en leur nom,
exclus de la préparation du vote et du contrôle des lois »3. Avec la métamorphose du
libéralisme en autoritarisme, « un dispositif de contrainte et de hiérarchisation s’esquisse,
analogue à celui des anciens empires »4. La conséquence est sans appel : « Nous entrons dans
un règne qui vise, comme jadis à parachever son hégémonie par l’exaltation des fantaisies des
puissants, l’abaissement de citoyens libres et l’écrasement des indigents" »5. Cette hégémonie
s’accompagne des crises morales multiformes.
Voilà qui impose la nécessité d’une éducation à la citoyenneté pour que chaque
homme et chaque femme puisse exercer sa citoyenneté, s’engage et pose des actes qui
tiennent compte du groupe et conduisent à la responsabilité, à la solidarité et au respect
mutuel. Il s’agit précisément de la connaissance et de discernement qui favorisent un
engagement citoyen par rapport à la gestion de la cité.

3
Citoyen, Citoyenneté, Civisme
https://bibifa.wordpress.com/2011/09/14/citoyen-citoyennet-civisme/?
4
Ib.
5
Ib.
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CHAPITRE I : DEFINITION ET CLARIFICATION DES CONCEPTS

Le concept de citoyenneté est un concept de base pour saisir l’économie essentielle de


ce qu’est la culture citoyenne. Cependant, l’étude du civisme ou de la citoyenneté renvoie à
l’examen de quelques concepts connexes dont l’intelligence facilite l’appréhension du
civisme et de la participation citoyenne qui sont des notions intimement liées à la culture
citoyenne. Et parmi ces concepts nous en avons entre autres les concepts de citoyen, de
civilité, de civisme, de cité, de patrie, de nation, d’Etat, d’Etat de droit, de la société civile, de
parti politique, de patriotisme, de la communauté internationale, de la bonne gouvernance, des
droits de l’homme, etc.
Avant d’aborder ces concepts, nous allons dire un mot sur l’éducation à la
citoyenneté telle que nous l’envisageons dans le cadre de ce cours.

I.1. Education à la citoyenneté

Du latin Ex-ducere, éducation signifie sortir hors ou conduire hors de. Ainsi, par
éducation, nous entendons un processus de reconstruction et de reconstitution mentale et
morale en vue d’une insertion sociale réussie. L’éducation consiste en effet à extirper les
germes du mal et les habitudes négatives enracinés en l’homme afin de laisser fleurir les
germes du bien avec une nouvelle mentalité respectueuse et promotrice des valeurs morales et
patriotiques.
Par-delà son étymologie6 et son histoire7, l’éducation est plus que le dressage de
l’homme du monde ou la production des diplômes. Ainsi, avant de définir l’éducation, nous
partirons, comme le fait Reboul, de ses dérivés ou synonymes : élever, enseigner et former.

Elever ne se rapporte à l’éducation qu’au sens restreint, pour l’essentiel celle de la


famille, qui est une éducation spontanée, comme, par exemple,  une mère qui dorlote son
bébé. Elle l’éduque, « car elle éveille sa conscience de l’autre et développe, avant tout
langage, son aptitude à communiquer ; mais la mère ne programme pas cela et même ne le
sait pas ; sa tendresse est éducative, mais à son insu »8.

6
Selon Olivier Reboul, p. 16 : « on a prétendu qu’éduquer provenait du latin educere, « faire sortir », « mettre dehors ». C’est inexact. Le
terme vient d’un autre verbe, educare, qui signifie élever les animaux ou des plantes et, par extension, avoir soin des enfants. L’étymologie
est toujours dangereuse » !
7
Ib., p. 16-17 : « En français du XIXè siècle, « éducation » a surtout le sens de savoir-vivre, ce qui implique l’adaptation aux normes de la
classe « supérieure », à ses symboles, ses valeurs, ses mots de passe, mais aussi une réelle maîtrise de soi  ; l’homme éduqué est celui qui sait
se tenir, au double sens de garder son sang-froid. Tout différent est le mot anglais, education, ce faux ami, dont le sens s’est introduit
subrepticement chez nous. Education signifie l’enseignement comme institution, le système scolaire et universitaire ; an educatedperson est
quelqu’un d’instruit, ce qui ne veut pas dire bien élevé … »
8
O. REBOUL, La philosophie de l’éducation, p. 17.
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Enseigner, par contre, désigne une éducation intentionnelle, c’est-à-dire « une activité
qui s’exerce dans une institution, dont les bits sont explicites, les méthodes plus ou moins
codifiées, et qu’assurent les professionnels »9.

Ainsi, élever et enseigner sont des activités différentes, et parfois exclusives l’une de l’autre.
C’est pourquoi, il est difficile de faire les deux en même temps et de les confier à une seule
personne10.

Former : La formation, qu’elle soit technique, professionnelle, militaire, sportive, en tous les
recyclages, est la préparation de l’individu à telle ou telle fonction sociale. Pour ne pas la
confondre avec l’enseignement, la langue actuelle nous suggère un rapport d’exclusion :
« ‘‘On enseigne quelque chose à quelqu’un’’, ‘‘on forme quelqu’un à quelque chose’’. La fin
de l’enseignement, ou du moins son objet, est l’élève. L’objet de la formation est la fonction
sociale : c’est le futur secouriste, le futur employé ou le futur médecin qui importe »11.

Comme on peut le remarquer, élever, enseigner, former, apparemment synonymes, ont entre
eux des rapports d’exclusion. Mais, Max Weber les considère comme des idéaux :
« Concrètement, il est possible, voire souhaitable, de les unir. Ainsi, à l’école maternelle, on
élève tout en préparant à l’enseignement ; à l’université, on enseigne tout en assurant des
formations professionnelles ; de même celui qui se prépare au métier de pianiste reçoit à la
fois un enseignement et une formation »12.

. Mais alors, où trouver le concept qui permettrait de les unir ? Reboul s’appuie, une fois de
plus, sur le langage : « Dans l’éducation familiale, dans l’enseignement et dans les
formations, on apprend. On peut donc apprendre qu’apprendre est le verbe qui correspond au
substantiféducation, qui non seulement unifie les trois termes mais leur apporte un « plus ».
En effet, celui qui apprend quelque chose, depuis la natation jusqu’à l’algèbre, apprend
toujours aussi à devenir, du moins en partie, « meilleur » »13. En ce sens, l’éducation qui
permet le développement des potentialités d’un être humain, l’aide à devenir meilleur ; c’est
lui apprendre à être homme. Pour cette raison, elle se situe entre la nature et la culture.

En effet, comme le note Reboul, « tout ce qui rend l’homme humain : le langage, la
pensée, les sentiments, les techniques, les sciences, les arts, la morale, l’homme l’a parce qu’il
l’a appris »14.  En d’autres termes, l’homme serait naturel en tant qu’animal, culturel en tant
qu’humain ; nous n’aurions d’autre point commun que notre corps. Par conséquent, il y a une
nature humaine universelle qui consiste précisément en la possibilité d’apprendre.

Pour Reboul, « l’importance du concept de nature humaine est de montrer qu’en


éducation tout n’est pas possible, que l’éducateur rencontre une résistance qu’il ne peut ni
méconnaître ni forcer sans ruiner l’éducation »15. Car, éduquer, « ce n’est pas fabriquer des
9
Ib.
10
Cf. Ib., p. 18 : Les parents ne peuvent accomplir les deux activités ensemble. De même aussi, un maître n’est pas un père, une maîtresse
n’est pas une seconde mère ; leur rôle n’est pas d’aimer ni de se faire aimer ; ils sont là pour faire apprendre.
11
Ib., p. 18.
12
Ib., p. 19.
13
Ib., p. 20.
14
Ib., p. 21.
15
Ib., p. 22.
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adultes selon un modèle, c’est libérer en chaque homme ce qui l’empêche d’être soi, lui
permettre de s’accomplir selon son « génie » singulier »16. On comprend alors que « la nature
humaine est ce qui exige d’être éduqué ; elle est aussi ce qui fait que l’éducation ne peut pas
tout. Inversement, si l’éducation ne peut pas tout, on ne peut rien sans elle »17.

En conclusion, « l’’éducation est l’ensemble des processus et des procédés qui


permettent à tout enfant humain d’accéder progressivement à la culture, l’accès à la culture
étant ce qui distingue l’homme de l’animal »18. Par conséquent, être citoyen n’est pas de
l’ordre de la nature, mais de l’éducation. On le devient.

Quant à la citoyenneté, est tout simplement la qualité d’être citoyen (qui a une


conscience de sa place dans la société, des responsabilités que cela lui impose, et des
obligations et contraintes que son existence même impose aux autres et à la collectivité) ou la
pleine reconnaissance aux personnes de leur statut ou de leur qualité du citoyen. La
citoyenneté se définit alors à la fois d’un point de vue juridique, mais aussi comme un mode
de comportement et une participation active et quotidienne à la vie de la société.Selon Dénis
Collin, « nous usons et abusons du vocabulaire de la citoyenneté. Alors que la plupart des
grandes démocraties subissent un vaste mouvement de désintérêt à l’égard de la chose
publique, les actes les plus ordinaires de la vie sociale doivent, pour avoir quelque valeur, être
affublés du qualificatif « citoyen ». La politesse, le respect, la tolérance, le souci des
« exclus », l’humanitarisme, voilà les traits de cette nouvelle citoyenneté.

« La citoyenneté n’est possible que là où il existe un espace public, là où les hommes
se rencontrent directement, là où la parole est action. Ce qu’exprime la citoyenneté grecque,
c’est une certaine conception de la vie digne d’un homme, une vie qui n’est pas enfermée
dans la sphère privée, mais s’exprime d’abord dans l’espace public. Cela signifie que les
intérêts privés – aussi importants soient-ils en pratique – ne peuvent dominer la vie publique.
D’où la condamnation comme « contre nature » de ce qu’Aristote nomme « chrématistique »,
c’est-à-dire l’activité consacrée à la recherche de l’argent pour lui-même »19.

La citoyenneté renvoie, en ce sens, à la reconnaissance de la capacité des individus


qui se mettent en situation non seulement de revendiquer leurs droits civiques et politiques,
leurs droits économiques, sociaux et culturels, les droits collectifs mais aussi qui sont en
position de respecter leurs devoirs. Une citoyenneté responsable est celle dont la qualité se
traduit par l’adhésion des individus aux valeurs démocratiques de l’Etat de droit et de la
bonne gouvernance: égalité, participation, représentativité, volonté d’ouverture de
transparence et de responsabilisation.
La citoyenneté recouvre ainsi trois éléments : civil, politique et social. L’élément civil
comporte les droits nécessaires pour assurer la liberté individuelle. L’élément politique
implique le droit de participer à l’exercice du pouvoir politique. L’élément social, lui,
suppose un ensemble de droits au bien-être, à la sécurité et à une vie d’être humain civilisé.

16
Ib., 24.
17
Ib., p. 25.
18
Ib., p. 27.
19
DENIS COLLIN, Qu’est-ce qu’un citoyen ?, p. 136.
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Trois principes fondent alors la citoyenneté20 :

- Responsabilité sociale et morale : il s’agit d’apprendre, dès le plus jeune âge, à se


conduire avec confiance, d’une manière responsable, moralement et socialement,
envers les personnes en charge de l’autorité et envers les autres. Les gens ont des
droits et des devoirs.
- Engagement dans la vie de la cité : apprendre à s’impliquer dans la vie et dans les
préoccupations des communautés, y compris apprendre en s’engageant dans des
actions locales au service des gens.
- Education au politique : apprendre en quoi consiste la vie publique et comment y
prendre part ; comment l’influencer, par le savoir, le savoir-faire et les valeurs.

Ainsi, malgré les défis que soulève la démocratie, les inégalités sociales et économiques, la
diversité des modes de vie, l’éducation à la citoyenneté apparaît donc comme une entreprise
de fabrication de l’identité collective et individuelle reposant sur : le respect de l’autre et de
soi-même ; l’appel au dialogue, au consentement, à la règle, à la défense des droits
démocratiques et à l’ouverture sur le monde sans perdre ses racines ; la construction des
défenses de la paix et de la cohésion sociale ; la promotion de la justice et la garantie de la
sécurité entre les êtres humains.

A la lumière de ce qui précède, l’éducation à la citoyenneté peut être considérée


comme un processus destiné à préparer les étudiants à jouer pleinement leur rôle de citoyen,
c’est-à-dire dans la vie politique, sociale et culturelle. En d’autres termes, l’éducation à la
citoyenneté est un processus à travers lequel les étudiants qui sont des citoyens pourront
acquérir les attitudes progressistes leur permettant non seulement de s’acquitter de leurs
devoirs de citoyen mais aussi de bénéficier de leurs droits civils et politiques.
En fait, « l’éducation à la citoyenneté au sens large peut être entendue comme
l’éducation à la fois à la capacité de vivre ensemble de manière harmonieuse dans la société
et à la capacité de se déployer à la fois comme personne et comme citoyen, sujet  de droits et
de devoirs, libre, responsable, solidaire, autonome, inséré dans la société et capable d’esprit
critique et de questionnement »21.
Au niveau académique et scolaire, l’éducation à la citoyenneté permet aux étudiants et
aux élèves à prendre conscience de leur rôle de citoyen par la connaissance des institutions
politiques, administratives, économiques et sociales. Elle leur apprend qu’ils proviennent
d’une histoire, qu’ils ont des droits reconnus mais aussi des devoirs. Elle développe
l’honnêteté, le courage, l’amour de la République. C’est donc un processus éducatif par lequel
on fait acquérir à un citoyen des connaissances, attitudes et comportements responsables.

L’éducation à la citoyenneté permet de former des citoyens actifs et responsables


capables du « vivre ensemble » et du « faire ensemble » en développant chez eux des qualités,
des attitudes et des comportements leur permettant de transcender les particularismes qui
freinent le fonctionnement démocratique et la cohésion sociale.
20
Rob Van Otterdijk, Tilburg, Les principes de l’éducation à la citoyenneté
21
Pourquoi l'éducation à la citoyenneté ?
Http://www.enseignement.be/index.php?page=27451&navi=4105
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I.2. Citoyen
Dans sens étymologique, le citoyen est un substantif d’origine latine (civis) qui est
entendu comme l’habitant de la cité, de la ville ou comme membre d’un Etat du point de vue
de ses devoirs et de ses droits civils et politiques. Le concept de citoyen est intimement lié au
civisme. En effet, le citoyen est à la fois facteur et agent par excellence du civisme. Et le
civisme s’adresse au citoyen et doit son efficacité à la capacité ou à l’engagement des citoyens
à en faire valoir « le vade mecum » de leur conduite.
Définissant le citoyen, le Vocabulaire juridique22donne les sens suivants :

- Membre d’une cité ou d’un groupement politique. C’est le sens général. Il est parfois
synonyme de national ou ressortissant d’un Etat ;
- Personne qui, dans un Etat démocratique, participe à l’exercice de la souveraineté, ne
soit dans la démocratie indirecte par l’élection de représentants, soit dans la
démocratie directe par l’assistance à l’assemblée du peuple, (…), soit dans la
démocratie semi-directe par le jeu du référendum ou de l’initiative populaire. On parle
de ce fait du droit du citoyen, par opposition au droit de l’homme, pour signifier les
droits de participer au gouvernement de la cité, ex. électorat, éligibilité ;
- Ainsi, partant de l’étymologie, Dénis Colin23 définit le citoyen comme celui qui vit
dans une cité gouvernée par des lois.

Dans un sens voisin se trouve un autre terme latin « civitas » qui désigne l’ensemble
des habitants d’une ville. Face à la civitas, les citoyens possèdent les droits et les devoirs qui
sont dits civiques. Cela signifie que le citoyen est, de manière générale, celui participe à la
gestion des affaires publiques du pays, à tous les niveaux ou à certains d’entre eux. Ces
affaires publiques sont celles de l’Etat dont il est ressortissant ou celui où il réside. En RDC,
le citoyen est, conformément à la Constitution, tout individu possédant la nationalité et
jouissant de ses droits civils et politiques.
Le concept de civisme qui dérive de l’adjectif civique et connaîtra son premier usage
français en 1770. L’idée qui sous-tend le concept de citoyen est celle d’une communauté
d’hommes habitants une cité et qui, de ce fait, impose un ensemble de règles et de
convenances admises que chacun est tenu de respecter pour une vie harmonieuse, solide et
pour le bien de chacun et de tous.

22
G. CORNU (dir.), Vocabulaire juridique. Paris, PUF, 1987.
23
D. COLLIN, Qu’est-ce qu’un citoyen ? Dans Grand dictionnaire de la philosophie, p. 136.
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Le concept de citoyen a évolué dans l’histoire de l’humanité. La Grèce antique établissait


des distinctions plus ou moins discriminatoires entre citoyens. Certains étaient supérieurs et
d’autres inférieurs. Aristote est allé jusqu’à dénier la qualité de citoyen aux personnes de
basse classe (les pauvres, les esclaves et même les femmes étaient indignes de jouir de droits
civiques et de participer à la gestion des affaires de la cité). En fait, la société grecque ou
athénienne du 5è siècle avant Jésus-Christ comprenait 3 catégories d’habitants :
a) Les citoyens qui étaient des hommes libres athéniens de père et de mère ayant fait leur
service militaire. Seule cette catégorie jouissait pleinement des droits civils et
politiques.
b) Les métèquesétaient des étrangers habitant Athènes mais étaient privés des droits civils
et politiques.
c) Les esclavesétaient des habitants ravalés au rang des choses, privés de tout droit et
suspendus aux humeurs de leurs maîtres.
A côté de la Grèce, il faut évoquer l’idée de citoyenneté dans l’empire romain. La
Rome antique distinguait 3 catégories d’habitants :
a) Les patriciens : ce sont des nobles et des privilégiés, descendants de Romulus et
Remus que les légendes présentent comme premiers ancêtres romains. Cette catégorie
bénéficiait de tous les droits.
b) Les plébéens 
C’est la classe inférieure essentiellement composée de marchands et d’artisans
régulièrement victimes des discriminations civiques.
c) Les esclaves : ce sont des habitants chosifiés et réduits au rang des ustensiles.
Disons que la citoyenneté chez les romains n’était pas accordée à tout le monde. Puisque
cet empire était constitué de plusieurs cités, tout membre était régi par le droit de sa
communauté et préservait le statut lui reconnu par ce droit. L’intégralité de la citoyenneté
romaine était accordée aux seuls habitants des cités de droit romain. Mais, comme dans la
Grèce antique, dans l’hindouisme et le judaïsme, les esclaves, les femmes et les affranchis ne
jouissaient pas de la qualité de citoyen.

Depuis le 17è et le 18è S, les révolutions française, anglaise et américaine ont entraîné
une grande mutation dans l’approche du concept de citoyenneté. La déclaration
d’indépendance des colonies-unies d’Amérique assemblées en congrès continentale à
Philadelphie le 04 juillet 1776 affirme l’égalité des droits reconnus à tous les hommes, alors
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que la révolution française du 14 juillet 1789 affirme la liberté, l’égalité et la fraternité. Elle
remplace le terme discriminatoire de monsieur par celui de citoyen.
Depuis ces événements, la société moderne reconnaît la qualité de citoyen à tous les
habitants de la cité ou pays sans distinction ni discrimination. Et du point de vue civique, tous
les citoyens sont égaux en droit et au regard de la loi.
En RDC, la citoyenneté n’est devenue effective qu’en 1960, c’est-à-dire à l’occasion
de l’accession de notre pays à la souveraineté, le moment où le congolais cessait d’être
assujetti au roi belge et la structure de la société congolaise dépouillée de ses classes
discriminatoires. Pour NGOMA BINDA, le premier acte de civisme attendu d’un citoyen est
de se reconnaître citoyen, c’est-à-dire de se considérer comme un individu vivant
nécessairement dans une communauté qui lui est supérieure, vis-à-vis de laquelle il a des
obligations et le droit d’attendre que celle-ci garantisse ses prérogatives. Le second acte de
civisme est de reconnaître et de respecter les droits des autres citoyens. Ce respect des
droits des autres constitue le fondement de la paix, de la concorde et de l’harmonie dans la
société. La citoyenneté va de paire avec un sentiment de solidarité et de responsabilité de la
destinée heureuse ou malheureuse de sa communauté nationale et même de l’humanité tout
entière. En tant que membres ou habitants d’une cité, les citoyens possèdent des droits à faire
valoir en même temps que des devoirs à respecter. Sous cet angle, on peut dire : « on ne naît
pas citoyen, on le devient ».
I.3. Cité
Le terme cité vient du latin « civitas » et correspond à la « polis » grecque. Il désigne
la cité ou la communauté sociale dans laquelle le citoyen mène son existence. On peut
résumer les traits et les principes au moyen desquels la cité se définit en ces termes :
l’existence d’un groupement humain, c’est-à-dire d’un groupement d’hommes et de femmes
ou encore des citoyens. Cela signifie qu’il n’y a pas de cité sans habitants. Mais les citoyens
qui constituent une communauté donnée ne doivent pas vivre comme des sujets monadiques
(isolés). Ils doivent au contraire cultiver le sens d’un peuple qui a le même destin et une
volonté commune de vivre ensemble.
La cité est donc l’espace géopolitique au sein duquel les citoyens, par l’exerce de leurs
activités, sont appelés à participer à la gestion collective de la respublica. Cette participation
du citoyen à la gestion collective de la chose publique peut se faire de différentes manières :
soit par exemple par le commandement, soit par le respect des règles et des convenances en
dehors desquelles aucun citoyen ne saurait être civilisé, c’est-à-dire membre de la cité
respectant les prescrits du civisme au sein de la cité.
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Au sens moderne, la cité peut avoir 3 acceptions :


 La cité comme patrie
 La cité comme nation
 La cité comme Etat
1° La cité comme patrie
La patrie désigne la terre de ses pères ou de ses ancêtres. Ce concept renvoie à la terra
patria. Il évoque une succession discontinue des générations sur une même terre. L’idée de la
patrie est en relation avec le lien aux ancêtres dont les descendants héritent la terre. Ainsi, la
patrie est la terre natale d’un citoyen, d’une communauté géographique et sociale qui y habite
du fait que ses parents et ses ancêtres y ont vécu. En la considération comme la terre de ses
ancêtres, le citoyen est effectivement lié à sa patrie puisque c’est le lieu où repose l’esprit de
ses ancêtres. Et cette terre de ses ancêtres on ne peut ni l’abandonner ni l’hypothéquer sous
quelques prétextes que ce soient.
Dans ce sens, la patrie désigne un bien commun inaliénable. Il n’y a pas une meilleure
expression pour un chef politique d’un pays agressé que de demander à ses chers compatriotes
de défendre la patrie. Il s’ensuit que l’idée de patrie va de paire avec un sentiment
d’attachement profond, d’amour et même de vénération qui va jusqu’à l’acceptation
volontaire de sacrifice suprême que recommande la défense de sa patrie. Ce sentiment
d’amour, d’attachement profond et même de vénération s’appelle patriotisme. En d’autres
termes, le patriotisme ne signifie : amour de la patrie ou aimer son pays, en être fier, agir pour
lui jusqu’à consentir le sacrifice suprême, le désir, la volonté de se vouer. C’est un sentiment
qui se crée dans chaque citoyen pour l’influencer ou l’amener l’ennemi enclin à attenter à la
sécurité du pays.
Le patriotisme n’est pas synonyme de tribalisme, de racisme et moins encore de
xénophobie ou de fanatisme. Au sens moderne, le patriotisme signifie l’ouverture à
l’universalité. Il s’articule sur le particularisme et l’universalisme.

2° La cité comme nation


Etymologiquement, le concept nation vient de nasci qui signifie naître. De ce fait, la
nation a quelque chose à avoir avec ceux qui ont une origine commune. Si la patrie renvoyait
à une terre commune, la nation renvoie spécialement aux hommes qui ont une origine
commune c’est-à-dire à l’appartenance à une communauté au sein de laquelle on est né. Cela
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 13

signifie que si la patrie lie un peuple par la terre, la nation unit par la naissance dans une
communauté donnée.

Au sens moderne, la nation renvoie à une communauté humaine autonome et


politiquement organisée c’est-à-dire une communauté dirigée par une autorité dont la
souveraineté est légitimement reconnue par la communauté dont elle préside à la destinée.

Quelle qu’en soit l’idée, le terme nation est inséparable d’une volonté de vivre
ensemble qui regroupe les membres d’une communauté établie sur un même territoire, parlant
une langue reconnue par tous, partageant les mêmes valeurs, poursuivant les mêmes idées et
soudée par la volonté collective de se réaliser ensemble. Il s’en dégage donc le sentiment
d’amour, d’attachement envers sa communauté et de solidarité envers les membres de ladite
communauté. C’est dans ce contexte que se développe le nationalisme.
Le nationalisme peut avoir un sens péjoratif lorsqu’il devient synonyme d’intégrisme
et entraîne un sentiment d’exclusion et de négation des différences. Mais il y a un sens positif
du nationalisme qui désigne la préférence accordée à sa propre nation, l’exaltation de l’idée et
de la réalité nationale.
3° La cité comme Etat
L’Etat est le sens moderne de la cité. Il peut désigner aussi bien l’entité nationale
(Etat-nation) que l’autorité dirigeante. On parle alors d’Etat gouvernement. Considéré du
point de vue de la nation, l’Etat implique l’existence d’un groupement humain établi sur un
territoire bien défini et sur lequel s’exerce un pouvoir politique.
Par rapport au gouvernement, l’Etat désigne l’appareil gouvernemental, l’ensemble
des personnes et es institutions exerçant le pouvoir politique dans un pays souverain. Ce
pouvoir politique ne s’exerce pas de n’importe quelle manière. Il s’exerce de telle sorte que le
bien de tous soit assuré. Cela signifie que l’Etat est chargé de réaliser le droit du groupement
humain dont il préside à la destinée. Il doit assurer les conditions d’une vie meilleure dans des
institutions justes. De nos jours, le concept d’Etat est de plus en plus lié au droit et on parle
d’Etat de droit.
Face à la cité, le citoyen a des devoirs civiques dont le premier se résume dans l’amour
de sa communauté d’existence. Un amour qui va de paire avec le respect des lois, la
soumission aux seules lois capables de réglementer les relations entre les citoyens et les
citoyennes, les différents groupes afin d’instaurer l’harmonie, la concorde et la paix pour tous
dans la cité.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 14

I.4. Civilité et civisme

On entend par civilité l’attitude de respect à l’égard des autres citoyens mais aussi à
l’égard des bâtiments, biens et lieux publics (route, université, église, hôpital...). C’est
également une reconnaissance mutuelle et tolérante des individus entre eux, au nom du
respect du caractère sacré de la vie humaine, et de la dignité de la personne humaine, qui
permet une plus grande harmonie dans la société.
Quant au terme civisme, il désigne le dévouement du citoyen envers la collectivité.
Autrement dit, c’est un état d’esprit qui se traduit par un comportement positif. Une vertu du
citoyen qui a le sens de ses devoirs sociaux et politiques et n’a pas besoin d’y être contraint
pour les accomplir. Le civisme consiste, à titre individuel, à respecter et à faire respecter les
lois de la société, de la cité, de la communauté ou pays dans lequel on vit, mais aussi à avoir
conscience des valeurs patriotiques et de ses devoirs envers sa société. De façon générale, le
civisme est lié à un comportement actif du citoyen dans la vie quotidienne et publique. Il
consiste à agir pour que l’intérêt général l’emporte sur l’intérêt particulier.

I.5. Etat de droit

L’Etat de droit n’est pas synonyme d’un Etat légal, c’est-à-dire un Etat dont les lois
organisent la vie sociale et auquel tous les citoyens y compris les éventuels récalcitrants sont
soumis. Un Etat de droit de droit n’est pas également synonyme d’un Etat constitutionnel
caractérisé par la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire).

Lorsqu’on parle d’Etat de droit on fait allusion essentiellement à un Etat qui respecte
les droits de l’homme et les libertés fondamentales.
1° Pour le Professeur MBAMBI Michel, l’Etat de droit est celui qui reconnaît au peuple le
droit de participer, par ses représentants élus, à la gestion de la chose publique et où le
souverain primaire impose un contrôle et des sanctions qui obligent toutes les couches
sociales et les institutions à la bonne gouvernance. Cette définition montre que la notion
d’Etat de droit intègre les exigences de démocratie, de promotion de droit de l’homme et de
bonne gouvernance.

2° Pour sa part, Mampuya résume les éléments fondamentaux de tout Etat de droit en ces
termes :
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 15

a) La légitimité des gouvernants acquise après élection par le souverain primaire ; 


b) La reconnaissance et la promotion des droits de l’homme ;
c) La gestion transparente de la chose publique par le contrôle de l’action
gouvernementale soumise à la responsabilité politique, civile et pénale des
gestionnaires ;
Ces trois éléments constituent le noyau dur à partir duquel pouvait être défini l’Etat de
droit. Celui-ci ne se caractérise pas seulement par la participation du peuple à la gestion de la
respublica (aspect de démocratie) et par le contrôle propre à l’Etat démocratique, il ne se
confond pas non plus à la bonne gouvernance dans un Etat qui est guidé par une rationalité
économique et politique propre à l’Etat moderne. L’Etat de droit s’oppose à un Etat où règne
l’arbitraire, le bon plaisir du prince ; bref, l’Etat où certaines personnes, autorités ne voient
pas leurs activités et pouvoirs encadrés, limités par le droit. Il peut être résumé par la
formule : « Nul n’est au-des sus de la loi ». En d’autres termes, les lois doivent être connues
(publiques), personne ne peut y échapper, s’appliquer réellement et, la transgression de la loi
doit entraîner des sanctions.

I.6.La bonne gouvernance

Par bonne gouvernance, nous entendons simplement un mode de gestion des


ressources tant économiques, sociales, naturelles que politiques au profit du droit de la nation.
Mais ce n’est pas tout. Cette gestion doit reposer sur la reconnaissance effective de la
primauté du droit sur la gestion transparente et efficace des affaires publiques, sur l’adoption
des règles démocratiques et la promotion d’un droit durable et participatif.
N.B. : La bonne gouvernance n’est pas une exigence imposée seulement aux acteurs
politiques. Elle est l’affaire de tous les citoyens et se donne comme un impératif civique.

I. 7.Le parti politique


Le parti politique est un groupement des citoyens partageant le même idéal de vie et
qui décide à conquérir le pouvoir afin de traduire dans le concret cet idéal de société qui
apportera la paix, le bonheur et la prospérité à l’ensemble de la communauté nationale.
Cette définition montre que le parti politique n’est pas une association tribale ou basée
sur un lien culturel. L’adhésion à un parti politique n’est pas une affaire familiale, pas une
association des originaires de. L’idéal d’un parti politique c’est le projet de société. Le parti
politique doit être considéré comme un haut lieu d’initiation à la culture citoyenne. Mais le
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 16

parti politique n’est pas l’unique cadre de l’exercice de l’influence citoyenne sur la gestion de
la chose publique.

I.8.La société civile


Nombreux sont des citoyens qui n’ont rien à voir avec le pouvoir ou ne militent pas au
sein d’un parti politique et ne visent nullement la conquête d’un exercice du pouvoir politique.
Ils constituent la grande classe de ceux qui composent la société civile au sein de laquelle on
trouve donc des personnes (hommes et femmes) qui s’engagent pour le droit et le bien-être de
chacun et de tous. Si elle est bien organisée, la société civile, armée de vigilance, constitue
l’instance de pression et e contrôle soucieuse d’orienter toute l’action socio-politique vers le
respect des droits de l’homme, l’instauration d’un Etat de droit et la réalisation d’un
développement durable et participatif. Ainsi peut-elle servir de contre poids du pouvoir et
annoncer et dénoncer tous les abus sociaux au point d’amener les dirigeants à reconsidérer ou
à revoir certaines de leurs orientations politiques. On peut dire que la société civile est
constituée de forces sociales qui ne s’identifient ni à l’Etat ni aux partis politiques. Et qui dit
forces sociales veut nécessairement dire organisations, structures, associations qui ont une
base sociale.
I.9. Communauté internationale
Aucune nation ne peut évoluer aujourd’hui en vase clos. Le monde est de plus en plus
un village planétaire au point que les joies et les peines des uns ne sont pas sans impact sur les
autres. L’idée de communauté internationale n’est pas sans lien avec cette conscience de
solidarité et de coresponsabilité qui est allée jusqu’à créer un droit d’ingérence internationale.
La communauté internationale comprend :
 Les organisations internationales comme association des Etats institués par des traités ;
 Les organisations non gouvernementales ;
 Des firmes multinationales ;
 Des individus qui émergent de par leur expérience, leur charisme ou leur notoriété et
influencent la politique internationale, contribuent au développement de la paix à
travers le monde et surtout dans les pays en confit.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 17

CHAPITRE II : DROITS ET DEVOIRS DU CITOYEN

Dans le chapitre précédent, nous avons vu que le citoyen en tant que membre ou
habitant de la civitaspossède des droits à faire valoir en même temps que des devoirs. Si les
devoirs relèvent de sa responsabilité, les droits doivent par contre être garantis par l’Etat. La
jouissance de son droit qui est une faculté va de pair avec l’accomplissement du devoir qui est
une obligation.
Dans ce chapitre, nous allons aborder cette question du rapport entre le citoyen et
l’Etat à travers les notions de droit et de devoir du citoyen.

II. 1. Droits du citoyen


Le droit du citoyen est l’ensemble des prérogatives et/ou facultés dont jouit un individu
dans un Etat. Il peut être également défini comme quelque chose auquel un individu a une
réclamation juste. Toute communauté politiquement organisée reconnaît des droits et impose
des obligations à ses membres pour le bien de chacun et de tous.
Mais la problématique actuelle des droits du citoyen ou de l’homme remonte au
XVIIIe S de notre ère avec les révolutions française et américaine. Depuis le XIIIe S ap. J.C.,
on peut signaler quelques textes laissés par les anglais qui constituent, pour la société
moderne, des références précieuses en matière des droits de l’homme :
En 1215 : Magna carta qui serait le premier texte rédigé par les anglais émigrés en France, en
révolte contre le roi Jean sans terre.
En 1629 : PetitionofRights écrit par les anglais
En 1688 : Bill of Rights également rédigé par les anglais contre l’absolutisme du pouvoir.
En 1776 : Déclaration de l’indépendance des USA (Etats Unis d’Amérique) à Philadelphie.
En 1789 : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen adoptée par l’assemblée
constituante française du 27 juin.
1789-1791 : Déclaration des droits des américains et les dix premiers amendements de la
constitution des USA.
1948 : Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée et proclamée par l’assemblée
générale des Nations Unies le 10 décembre à New York.
1981 : Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, texte adopté le 27 juin à
Nairobi.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 18

Le titre II de la constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février


2006 modifiée le 20 janvier 2011 porte sur les droits humains, les libertés fondamentales 24 et
les devoirs du citoyen et de l’Etat, les droits civils et politiques, les droits économiques,
sociaux et culturels.
De tous ces documents, la Déclaration universelle des droits de l’homme est
considérée comme la source principale des droits de l’homme. Elle affirme notamment le
droit à la vie, à la liberté, à la souveraineté, à l’éducation, à la sécurité sociale, au travail, au
repos et au loisir, le droit de ne pas retenir quelqu’un en esclave ou en servitude, de ne pas
faire subir à quelqu’un la torture ou le traitement inhumain, d’être traité de façon égale devant
la loi, d’être protégé contre forme de discrimination, à la nationalité, de ne pas être
arbitrairement arrêté, détenu ou exilé, à la propriété privée, à la liberté de pensée, de
conscience et de religion, droit à la liberté d’opinion et d’expression, droit d’association
pacifique, d’exercer ses droits et devoirs civiques, le droit d’asile…
De ce qui précède, on relever que, dans la Constitution de la RDC, le droit de vote25, le
droit à l’éducation, le droit à la santé, le droit à la vie privée, le droit à la protection civile, le
droit à la sécurité civile, le droit au développement, sont desdroits fondamentaux de
l’exercice de la citoyenneté. Par exemple, le droit à la vie privée, c’est le droit fondamental
qu’a tout individu au respect et à la préservation d’une partie de sa vie qu’il peut soustraire au
regard d’autrui. Cette vie privée englobe la vie familiale et conjugale, la vie quotidienne à
domicile, l’état de santé de la personne, sa vie intime, amoureuse, ses relations amicales, ses
loisirs ainsi que sa sépulture. En clair, cette protection contre toute intrusion revêt plusieurs
aspects : protection de son domicile (la police ne peut y pénétrer que dans certains cas fixés
par la loi), le secret professionnel et médical (un médecin ne peut révéler les éléments du
dossier médical d’une personne sans son consentement), la protection de son image
(interdiction de reproduire l’image de quelqu’un sans son autorisation. La production n’est
pas une photographie), la protection de son intimité, la protection contre les écoutes
téléphoniques ; les données à caractère personnel.

II.1.2. Devoirs du citoyen


24
Les libertés fondamentales représentent l’ensemble des droits subjectifs (les droits que chacun peut s
donner) considérés comme primordiaux pour la protection du citoyen et la promotion de l’Etat de droit. Parmi
ces libertés, on peut signaler : la liberté syndicale, liberté de circulation, liberté d’opinion et d’expression,
liberté d’association, liberté de croyance, liberté de réunion et de manifestation.
25
Le vote est un des droits civiques de base dans une démocratie participative. Il permet aux citoyens d’un Etat
d’exprimer leur volonté par le biais d’un scrutin et participer indirectement à la prise de décision politique. Le
droit de vote est également un devoir et est, juridiquement, une obligation. Voter est un droit civique, c’est
aussi un droit de la personne.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 19

Outre les droits, le citoyen a aussi des devoirs envers la cité. Le terme « devoir »
désigne tout acte ou toute conduite considérée comme s’imposant moralement ou légalement
à un individu indépendamment de ses considérations personnelles. On fait la distinction entre
un devoir juridique et un devoir moral. Le premier est une obligation qui pèse sur un individu,
et ce dernier est tenu de l’observer, sous peine d’être sanctionné par la loi. Par contre, pour le
second, la non- exécution est sanctionnée par la réprobation morale et ne fait pas l’objet d’une
poursuite en justice. Ici, c’est la conscience qui me fait le reproche. Quels sont alors les
devoirs du citoyen ?
A. Devoirs du citoyen envers soi-même
- Répercussion des actes individuels sur le bien commun ;
- L’obéissance spontanée et empressée aux lois justes ;
- L’amour du travail ;
- Le patriotisme
- L’intégrité dans l’exercice de ses fonctions ;
- La connaissance du pays ;
B. Devoirs du citoyen envers sa nation
- Loyauté : la déférence sans servilité que le citoyen a envers les autorités et les
institutions du pays ;
- La fierté nationale : l’enthousiasme et l’admiration sans chauvinisme pour son
pays, ses valeurs et ses succès ;
- Le devoir de s’acquitter de ses obligations fiscales ;
- Le devoir de servir sa communauté nationale en mettant ses capacités physique
et intellectuelle à sa disposition ;
- Le devoir de défense du territoire national ou de défendre son pays ;
- Le devoir de solidarité ;
- Le devoir de protéger, de défendre et promouvoir l’environnement ;
- Le devoir de témoigner en cas d’un fait dont on a eu connaissance ;
- Le devoir de concourir à la sécurité et à la paix dans le territoire national.

C. Devoirs du citoyen envers sa famille


- Le devoir de faire enregistrer ses enfants à l’Etat civil ;
- Le devoir d’élever et d’éduquer ses enfants ;
- Le devoir de respecter et assister ses parents.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 20

D. Devoirs du citoyen envers autrui


- Respecter et considérer ses semblables sans discrimination ;
- Assister toute personne en danger.

A la lumière de ce qui précède, on peut dire qu’être citoyen est davantage une tâche
qu’un simple état ou un statut acquis une fois pour toutes. Etre citoyen comporte des
exigences civiques et éthiques : il s’agit de cultiver au quotidien des valeurs reconnues
comme promotrices du bien commun, de respecter les droits et les devoirs de chacun, de
regarder la nation comme une entité dont la supériorité s’affirme par l’autorité incontestable
de la loi, et comme leader de se reconnaitre responsable du destin de son peuple et de
l’humanité tout entière ; de travailler pour l’avènement d’une société meilleure et plus juste.
En ce sens, la culture citoyenne constitue l’âme de la personnalité citoyenne des habitants
d’une société. Et cette culture citoyenne se manifeste concrètement par l’amour du citoyen
envers sa patrie, au moyen d’un ensemble de sentiments, d’attitudes et d’actes spécifiques.
NGOMA BINDA ramène les multiples manifestations du civisme à deux grandes
formes du comportement civique : la participation politique et le nationalisme. Tout citoyen
digne de ce nom cherche à influencer la conduite des affaires publiques. Pour cela, il pose des
actes par lesquels il agit directement ou indirectement sur la gestion de la chose publique. Il
s’agit d’une décision libre et noble fondée sur la volonté de collaborer à l’avènement du bien-
être commun.
Pourquoi participer à la vie politique de son pays ? Aristote disait que l’homme est
animal politique, c’est-à-dire que l’homme ne peut pas échapper à la vie politique car celle-ci
est indispensable pour la survie de la société. La participation politique répond donc à un
besoin vital. C’est un exercice auquel aucun citoyen digne de ce nom ne peut déroger. En
effet, l’idéal de la politique est moral. Car cet idéal se fonde sur l’impératif de la solidarité.
Tout le monde ne peut pas participer de la même à la tâche de la transformation qualitative de
la société. Chacun y va avec tout son savoir et s’y engage dans son secteur d’activités. De
cette façon, il existe différentes formes de participation politique. Nous en retenons trois à la
suite de NGOMA BINDA :
1° Participation politique directe
Cette forme de participation politique passe par l’exercice des fonctions politico-
administratives par lesquelles le citoyen est directement impliqué dans la gestion de la chose
publique. C’est le cas des dirigeants et des gouvernants (ministres, président, gouverneur,
administrateur de territoire). Une exigence civique pèse sur cette catégorie des citoyens :
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 21

l’usage correct de l’autorité qui va de paire avec l’application à l’accomplissement des


tâches relatives à cette autorité sans le moindre abus possible.

2° Participation politique semi-directe


La participation politique n’est pas seulement l’apanage des dirigeants et des
gouvernants. Tout citoyen est appelé à s’y impliquer de l’une ou de l’autre manière. Par
exemple, en participant aux activités publiques, aux travaux collectifs, aux réunions et
rassemblements convoqués par l’autorité politique (légitime). C’est ce qu’on appelle
participation semi-directe. Elle peut s’illustrer par deux types d’actes :
a) le devoir d’exercer son droit de vote (le vote est à la fois un droit et un devoir). Cela
signifie qu’il faut participer aux différentes élections qui permettent de désigner les
acteurs de la vie politique et administrative. C’est donc le seul moyen par lequel le
citoyen exerce une influence décisive sur la vie politique de sa communauté ou
société. La participation au vote est un droit inaliénable par lequel chaque citoyen
exerce sa souveraineté en tant que source et détenteur du pouvoir. C’est un acte de
lourde responsabilité qui engage toute personne qui voudrait faire triompher un projet
de société qu’il juge rationnel et juste et porteur d’un développement durable. Nul ne
peut donc s’y dérober. Loin d’être une contrainte, la participation citoyenne aux
élections est un lieu d’expression libre et souveraine de la vie politique d’un citoyen.
b) Militer au sein d’un parti politique

3° Participation politique indirecte


Nous pouvons relever trois formes d’expression de cette participation :
 Faire montre de la conscience professionnelle
 L’engagement politique ou intellectuel c’est-à-dire la prise de position orale ou écrite
dans le but d’amener tous ceux qui ont entre leurs mains la gestion du pays de s’en
acquitter de manière rationnelle et avec conscience ;
 Les groupes de pression : les syndicats, les patronats, les Eglises, les auxiliaires de
justice (avocats), la société civile (toutes les associations apolitiques), etc.
Résumons dans le tableau suivant la question des droits et devoirs du citoyen.

Droits Devoirs
Politiques - De vote pour tout citoyen de plus de - De civisme qui fait que le
citoyen se doit d’exercer sa
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 22

18 ans responsabilité politique


- D’éligibilité (obligation d’électeur)
- De défendre le pays en cas
d’agression extérieure
- D’accepter le rôle de juré en
matière d’un procès de cours
d’Assise
Socio- - A la protection sociale, à la sécurité - De payer l’impôt, les taxes pour
économiques sociale financer les activités de l’Etat.
- Lié au travail qui se traduit par le
versement des prestations sociales
diverses (assurances, chômage,
retraite) et par la fixation d’un
SMIG
Culturels - De créer une association et y - D’exercer ses droits dans les
participer limites fixées par la loi.
- D’appartenir à un syndicat et de
manifester
- De faire la grève
- A la liberté de conscience et
d’expression

En bref, l’homme qui ne participe pas à la construction et à la défense des intérêts de


son pays ne mérite pas à proprement parler le titre de citoyen. Seul celui qui se reconnaît dans
les préoccupations de sa patrie en se comportement en conséquence peut avoir l’honneur
d’être appelé citoyen, avec tous les privilèges ou droits y afférant.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 23

Chap. III. CITOYENNETE ET CIVILITE26

Dans ce chapitre, il s'agira de confronter la citoyenneté à la civilité. Les deux sont liées
à une culture dont l’intériorisation ne va pas de soi. C’est pourquoi, il nous faudra, d’une part,
de lever certains amalgames. Alors que les incivilités relèvent de troubles de la société civile,
la citoyenneté appartient, elle, au champ politique et juridique. D'autre part, même si à un
moment donné, la citoyenneté constitue un statut juridique bien défini, elle ne cesse de subir
nombre de transformations historiques dans ses diverses dimensions et acquiert par là un
fondement culturel au sens sociologique du terme, au même titre que la civilité.

3.1. La culture citoyenne, une réalité multidimensionnelle


Les auteurs s'accordent à analyser la citoyenneté selon trois dimensions : c'est d'abord
un idéal, c'est à dire des valeurs mobilisatrices; c'est ensuite un ensemble articulé de normes
politico-juridiques, c'est à dire de droits et de devoirs qui se légitiment les uns les autres et
sont garantis par le pouvoir politique, sachant que celui-ci s'exerce encore pour l'essentiel
dans le cadre de l'Etat-nation; c'est enfin un certain nombre de pratiques effectives des
citoyens pour participer activement à l'animation de la vie collective dans la Cité. Valeurs,
normes et conduites sociales effectives : voilà bien les éléments d'une culture au sens
sociologique du terme, qui n'a rien de "naturel", qui est au contraire variable selon les lieux et
les époques, et apparaît donc comme un "construit" historique qui devra en conséquence être
acquis et transmis pour survivre et se développer.

Ainsi, la citoyenneté est-elle un idéal universel qui serait par là inné dans tout
homme ? Certes non, si on rappelle que la démocratie avec laquelle elle est en étroite relation
n'est généralisée ni dans l'espace aujourd'hui (moins de la moitié des Etats du monde actuel),
ni dans le temps. En effet, elle a connu des éclipses parfois très longues (plus de mille ans
entre son "invention" par la Grèce antique et sa redécouverte à partir de la Renaissance en
Europe ) ou particulièrement dramatiques (le "retour à la barbarie" par les fascismes et
totalitarismes de l'entre-deux guerre au XXème siècle).Cet idéal a aussi connu de profondes
transformations : la démocratie des Cités grecques antiques était directe , mais comportait une
minorité de citoyens; quant aux nouvelles démocraties nées au XVIIIème siècle (aux Etats-
Unis d'Amérique en 1776 ou en France en 1789), elles sont représentatives, organisées dans le
cadre d'Etats-nations, mais elles connaitront un élargissement continuel des droits civils,
politiques et sociaux des citoyens (garanties judiciaires aux personnes, établissement
progressif du suffrage universel, mise en place d'un Etat -Providence).

Mais au-delà de ces avatars historiques, on peut dégager quelques grands principes communs,
qu'on peut qualifier de valeurs citoyennes.

26
Ce chapitre reprend le chapitre quatrième des notes du cours d’Education à la citoyenneté du professeur Julien MUMPWENA qui se réfère
à A. CHANEL, Citoyenneté & civilité aujourd’hui : quelques éclaircissements.
http://www.ac-grenoble.fr/ecjs/ecjs2/citoyennete.htm
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 24

3.1.1. Les valeurs citoyennes

Il s'agit d'abord d'une éthique de l'intérêt général (désigné aussi comme souci d'un bien
commun ou comme recherche d'un optimum social) par l'organisation d'un espace public
commun aux concitoyens (la Res-publica, la chose publique) qui peut se concevoir à
différents niveaux : local, national, mondial.... Cet espace public est créé par le rassemblement
libre des hommes (et femmes) auquel ils participent dans une égalité de droits.

Cette conception du corps politique comme association d'hommes libres n'a rien de
"naturel" et les conceptions contractualistes du lien politique sont modernes et se sont
imposées souvent contre de fortes résistances : les révolutions politiques modernes, comme
celle de 1789 par exemple, sont souvent accompagnées de guerres civiles. Encore aujourd'hui,
cette construction volontaire d'un "ordre organisé" de la société et d'un bien commun est
récusé par la pensée économique ultra-libérale,, qui lui oppose un "ordre naturel,
inintentionel", celui de "la main invisible" du marché.

Ensuite, cet espace public citoyen a une dimension spécifique : il est égalitaire. Et c'est
cette égalité de droits et de dignité qui soude cette communauté de concitoyens: le symbole
moderne en est le suffrage universel, avec son principe "un homme = une voix" , qui est en
rupture avec les autres types de liens sociaux, généralement inégalitaires (en économie
marchande, c'est le principe "un franc=une voix"; de même, pour le lien communautaire, les
groupes sociaux dont les individus sont membres ne sont en général pas égaux en dignité,
notamment pour les "minorités", souvent socialement disqualifiées).

3.1.2. Un ensemble de normes concrètes, concernant les droits et les devoirs

Cet ensemble de valeurs citoyennes (Egalité, Liberté et aussi Responsabilité, qui


apparaît comme la contrepartie nécessaire de la liberté) va alors s'incarner dans un ensemble
de normes concrètes qui concernent les droits et les devoirs des citoyens, articulés les uns aux
autres pour former un statut juridico-politique garanti pour l'essentiel dans le cadre d'un Etat-
nation. A ce titre, il est lui-aussi variable selon les époques et les pays. Il faut rappeler ici la
célèbre classification de T.H. Marshall qui distingue les droits civils (comme la liberté de
conscience et de pensée, le droit à un procès équitable, le droit de propriété...), les droits
politiques (droits de participer à l'élection des dirigeants politiques sur la base d'un suffrage
universel et égal, droit d'être candidat à l'éligibilité aux fonctions politiques, droit de concourir
pour les emplois publics) et enfin les droits socio-économiques (droit de se syndiquer, droit au
travail, à la santé, à l'éducation.).

En résumé, la citoyenneté apparaît comme un principe d'inclusion qui intègre dans la


même unité politique, la nation démocratique, l'ensemble des citoyens, malgré et au-delà de
leurs différences de race, de religion, de profession, d'âge ou de région, réunis dans une même
"communauté de citoyens" à horizon universel (on parle aussi en ce sens d'homme "abstrait",
sans identité autre que celle d'homme dans sa condition humaine universelle). Cette
appartenance et cette participation citoyennes sont alors source d'identité collective, sous la
forme d'un sentiment national de solidarité capable de transcender les intérêts particuliers et
les identités spécifiques : par là, il permet de réguler les inégalités et conflits internes à un
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 25

espace socio-politique de large dimension comme la nation (ce qui peut aller jusqu'au
sacrifice suprême -"mourir pour la Patrie"- en cas de menace extérieure.

3.1.3. Un ensemble de "pratiques citoyennes".

La citoyenneté recouvre aussi un ensemble de "pratiques citoyennes", notamment de


participation à la vie publique de la Cité, que ce soit localement, nationalement ou même dans
l'espace mondial. Cette participation peut prendre des formes "conventionnelles", comme la
participation aux élections ordonnancées par les gouvernements, ou "non conventionnelles",
dans le cadre d'actions collectives autonomes ( protestations publiques par voie de pétition ou
manifestations ) ou d'adhésion à des associations à vocation locale (associations de quartiers),
socio-professionnelle (confédérations de syndicats de salariés) ou internationale (Greenpeace,
Amnesty International,..). Ces pratiques actives de participation à la vie collective, à
l'initiative des citoyens, sont aussi parfois appelées "citoyenneté par le bas", par différence
avec une "citoyenneté par le haut", plus "passive" car instituée par les dirigeants.

De façon générale, on désigne par civisme l'ensemble des attitudes marquées par
l'attachement et l'engagement des individus aux principes de la citoyenneté, notamment dans
leur versant "devoirs et responsabilités" envers la vie collective (on parle aussi d'esprit
civique).

4.2. Incivilités versus civilité ?


Une nouvelle thématique est souvent évoquée, plus ou moins légitimement, à ce
propos : la montée des incivilités auxquelles les médias et les pouvoirs publics veulent
opposer le remède de la prévention, à côté de celui de la répression, fondée notamment sur un
renforcement du rôle de l'Ecole à travers "l'éducation à la citoyenneté". Face à cette nouvelle
"croisade" contre les "sauvageons", il faut d'abord réaffirmer qu'il y a des amalgames sources
de désillusions possibles. En effet, si le phénomène de la délinquance est bien cerné par tous,
les "incivilités", elles, semblent l'être moins. L’incivilités, c’est le non-respect des règles de
la vie commune dans les lieux publics, avec des actes comme les gestes obscènes, les insultes,
les menaces et les dégradations qui sont le lot quotidien des grandes villes et qui sont source,
avec la délinquance, de la montée d'un sentiment d'insécurité. Ce sont des "désordres civils"
qui troublent l'ordre en public et sont la négation de la civilité: celle-ci est alors définie
comme attachement des individus à un ensemble de codes et de normes du "vivre ensemble
au quotidien" dans l'espace public, qui permettent en conséquence des rapports de
cohabitation pacifique et confiante. On peut noter que si cela commence déjà certainement par
le respect d'un code minimal de politesse dans les interactions publiques par lequel on
reconnait l'existence des autres et de leurs droits légitimes (comme par exemple le droit à ne
pas être bousculé ou enfumé dans les transports en commun), cependant, les incivilités vont
plus loin que la simple impolitesse : elle concernent surtout les "petites violences" aux biens
ou aux personnes qui, bien que juridiquement sanctionnables, ne peuvent faire l'objet d'un
recours effectif aux autorités officielles ( police et justice), sauf à mettre un gendarme derrière
chaque personne. Selon Eric Debarbieux, ce concept est un concept de la criminologie
américaine qui veut attirer l'attention sur l'importance que revêtent dans la construction de la
délinquance les petites atteintes à la sécurité, les micro-victimisations qui en s'additionnant
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 26

peuvent entrainer un quartier entier ou un établissement scolaire dans des dérives plus
clairement violentes. Le terme est donc un terme technique, ce n'est pas un concept éthique.
La notion d'incivilités permet la mise en place de stratégies préventives plus efficaces que la
seule répression et permet aussi de mieux saisir la construction du sentiment d'insécurité, en
écoutant mieux les victimes. Face à ces agressions incontrôlées et imprévisibles contre les
biens et les personnes, les individus, notamment les plus faibles physiquement ou
socialement, se sentent alors démunis, dépossédés de toute maîtrise personnelle sur leur
environnement social et abandonnés des pouvoirs publics ("Mais que fait donc la police?").

Les causes de cette montée des incivilités sont d'abord le développement de la


tolérance vis à vis des déviances mineures : elle est en relation notamment avec une plus
grande mobilité géographique qui, en diminuant les relations d'interconnaissance, affaiblit la
pression sociale tant chez ceux qui l'exercent que chez ceux qui la subissent.

Elle s'explique ensuite par un relâchement de l'autorité parentale, relativisée chez les
enfants par d'autres modèles normatifs proposés par les médias notamment, et délaissée par
les parents eux-mêmes qui répugnent à des relations autoritaires dans le foyer qu'on souhaite
d'abord hédoniste.

Il faut alléguer aussi la désorganisation sociale de certains quartiers due au déclin des
encadrements associatif, syndical et politique traditionnels en milieu populaire, anomie
sociale amplifiée par un fait qui touche particulièrement les familles d'origine immigrée :
l'autorité parentale peut y être fortement décrédibilisée face aux modèles culturels des classes
moyennes véhiculés par les médias ou l'école et intériorisés par les enfants. Tout ceci laisse
place alors à " la galère" de certains jeunes, et à des comportements violents : violence
"utilitaire" ou violence expressive (exprimer et expulser sa "rage").

On voit ici que les incivilités des jeunes sont aussi un effet en retour d'une certaine
"violence institutionnelle" qu'ils subissent et à laquelle ils réagissent par cette forme de révolte
sociale. En effet, les institutions (Etat, Ecole, Entreprises,... ) ne parviennent pas à organiser
une intégration sociale satisfaisante pour ces populations marginalisées qui voient donc leurs
droits fondamentaux mal respectés : droit au travail mis à mal par le chômage "structurel" des
parents immigrés qui, souvent peu qualifiés, sont les premiers frappés par les difficultés
d'adaptation aux changements technologiques sur le marché du travail; égalité des chances
remise en cause de fait par les ségrégations scolaires "structurelles" des enfants d'origine
populaire qui peuvent peu compter sur le capital culturel de leurs familles pour tirer
équitablement leur épingle du jeu dans la compétition scolaire qui acquiert un rôle accru dans
le classement social des individus : cette compétition/sélection est paradoxalement le corolaire
de la massification de l'école par laquelle tout le monde passe dorénavant, au nom de la
démocratie et de la méritocratie, et elle devient source "structurelle" de frustration sociale
pour ceux qui y échouent , en décalage avec les espoirs suscités.

Enfin, comme dernière cause "sociétale" à la montée des incivilités, on peut noter
l’affaiblissement du contrôle des institutions, policières et judiciaires, qui, débordées par
d'autres priorités, délaissent ces petites infractions. Or, on sait qu'une norme sociale ou
juridique longtemps non réprimée finit par perdre sa valeur contraignante et donc normative...
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 27

On voit que dans tous les cas, ces incivilités ne ressortissent pas (ou pas seulement) de
comportements déviants individuels de "sauvageons" mettant en péril "la civilisation" et qu'un
ordre moral plus répressif devrait redresser (on parlait naguère de "maison de redressement"
ou "de correction"), mais elles trouvent leurs source dans le fonctionnement même de notre
société et de nos institutions sociales, qui produisent de la ségrégation et de l'exclusion
sociales et, en retour, des formes de révolte sociale chez les jeunes marginalisés.

Le sentiment d'insécurité ainsi engendré provoque à son tour dans la population deux
réactions possibles, toutes deux anti-citoyennes : soit une poussée de violence, anti-jeune,
xénophobe ou raciste pouvant aller jusqu'à des pratiques "d'auto-défense" dangereuses et
illégales, soit un repli peureux sur soi, un retrait de la vie collective ("Exit") jugée trop
désorganisée et dangereuse, freinant toute participation citoyenne, électorale, associative ou
syndicale. Ainsi, a contrario, la civilité apparaît sous cet angle comme une condition
nécessaire de la citoyenneté.

Réciproquement, le sens de la responsabilité civique des citoyens apparait comme un


des meilleurs remèdes possibles aux problèmes des incivilités : comme le rappelle Eric
Debarbieux au vu de l'analyse des multiples expériences européennes ou américaine mises en
place pour lutter contre les incivilités à l'école : " Le pragmatisme a plutôt comme
conséquence l'élaboration de programmes locaux bien ciblés, qui tentent de mobiliser les
habitants et l'ensemble de la communauté éducative....Lutter contre les incivilités, c'est
considérer d'abord que l'implication de tous, des équipes et des habitants, est légitime et
nécessaire". Ce que résume la formule de Sophie Body-Gendrot "Ensemble, cela fait la
différence".

En résumé, on voit que si citoyenneté et civilité ont des points communs (la vie dans l'espace
public opposée à la vie en privé), elles ne se confondent pas : la première a une dimension
politique, civique (elle concerne l'organisation et le fonctionnement des pouvoirs officiels et
des contre-pouvoirs dans la "Cité", communale ou nationale), l'autre n'a qu'une dimension
civile, inter-personnelle concernant la vie quotidienne des quartiers ou de l'école. Pourtant,
elles sont en partie reliées : les incivilités sont source d'un sentiment d'insécurité dans l'espace
public, peu propice à des engagements civiques dans la vie collective; réciproquement,
l'engagement civique des habitants, parents, enseignants, dans des actions collectives fortes
apparait comme un des meilleurs remèdes possibles aux problèmes des incivilités. Dans tous
les cas, toutes deux paraissent plus que jamais indispensables aux sociétés démocratiques et
doivent, en conséquence, être mises au cœur des préoccupations de certaines instances de
socialisation dans leur mission de régulation sociale, et on pense en premier à l'école.

 3.3. La citoyenneté, un principe démocratique intégrateur plus que jamais nécessaire


dans les sociétés modernes et notamment à l'Ecole27

27
Nous nous référons à A. CHANEL, Citoyenneté & civilité aujourd’hui : quelques éclaircissements.
http://www.ac-grenoble.fr/ecjs/ecjs2/citoyennete.htm
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 28

Comme le rappelle la sociologue Dominique Schnapper, les sociétés modernes,


démocratiques et productivistes, comportent deux principes d'intégration : la légitimité
démocratique du pouvoir politique et la centralité de l'activité économique. L'ordre politique
est justifié par les valeurs et les pratiques de la citoyenneté, notamment de l'égalité des droits.
L'ordre économique est organisé, quant à lui, autour de la participation directe ou indirecte
des individus à la production marchande des richesses même si leur contribution est très
inégalement productive et inégalement rémunérée. La société moderne est ainsi fondée
largement sur la dignité de l'individu-citoyen et sur l'efficacité du producteur, qui renvoie en
économie capitaliste aussi bien au travailleur qu'au détenteur de capitaux, ce dernier détenant
même le pouvoir ultime de décision.

Ces deux liens (citoyen et marchand), en tension, se combinent aux liens traditionnels
communautaires (fondés sur l'intensité et l'immédiateté des interactions personnelles, comme
dans la famille, le voisinage, les communautés religieuses, les associations affinitaires, etc...)
pour tisser ensemble le réseau complexe d'interrelations entre individus qui constitue les
"sociétés modernes" (au sens sociologique du terme).

Dès lors, le lien citoyen apparaît comme un principe régulateur et intégrateur plus que
jamais nécessaire dans le monde moderne mis à l'épreuve du développement du lien
marchand et des mutations du lien communautaire. On comprend alors qu'il doit être mis au
coeur des préoccupations de certaines instances de socialisation dans leur mission de
régulation sociale.

3.3.1. La citoyenneté, un principe régulateur et intégrateur plus que jamais nécessaire

Le lien citoyen est une force de régulation sociale pour contrebalancer les tendances
différentialistes et inégalitaires qui marquent les deux autres types de liens sociaux qui ont des
effets centrifuges parallèlement à leur force intégratrice (centripète): c'est évident pour les
liens marchands dont l'intensité est proportionnelle à la capacité de création de valeur
monétaire des producteurs et au pouvoir d'achat des consommateurs -"Dis-moi combien tu
gagnes, je te dirai qui tu es!"-. Mais c'est aussi vrai en partie pour les liens communautaires :
les communautés ethno-culturelles incluent certes leurs membres à l'intérieur, mais en même
les séparent des autres et les pratiques catégorielles ou ethnicistes rendent plus difficile le
rassemblement de tous autour d'un bien commun.

Plus précisément, comme l'a bien montré Serge Berstein dans son histoire des
"démocraties libérales", c'est cette appartenance citoyenne qui pousse les uns (les plus
démunis ) à demander à bénéficier de meilleurs droits effectifs et incite les pouvoirs politiques
(à légitimité démocratique ) à les prendre en considération et à en faire accepter les efforts
nécessaires aux autres (les mieux lotis) pour les mettre en oeuvre.

On voit ainsi comment la citoyenneté démocratique permet de réguler les inégalités et


conflits internes générés inévitablement par l'ordre économique, d'autant plus qu'on est dans
un régime de libéralisme économique régulé d'abord par les forces du marché. Mais le défi
n'est pas seulement socio-économique, il est aussi socio-culturel, à travers le développement
irrépressible des différences d'identités culturelles. La mondialisation des médias, de
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 29

l'économie et des flux migratoires ne peuvent que favoriser, directement ou par réaction,
l'affirmation d'identités diverses, transnationales ou de repli sur de petites "tribus"
émotionnelles. Il se joure ici une nouvelle dimension du combat démocratique qui se joue: la
démocratie culturelle, permettant à chacun d'être reconnu dans sa différence d'identité, cette
revendication du droit à la différence devant naturellement se doubler de sa contrepartie, qui
est de reconnaître celle de l'autre, dans une réciprocité égalitaire.

Enfin, d'autres défis, d'ordre environnemental, paraissent devoir exiger des réponses en
termes de citoyenneté, mais dans un cadre renouvelé à dimension mondiale, par-delà les
Etats-nations. En effet, les problèmes globaux d'environnement (comme les rejets de CO2 et
le réchauffement de la planète) se moquent des frontières nationales et mettent en cause ce
que l'on considère aujourd'hui comme le "patrimoine commun de l'humanité" ainsi que ne
cessent de le proclamer un certain nombre de "citoyens du monde" et comme le reconnaissent
les économistes qui commencent à raisonner en termes de Développement Durable. Cela
nécessite et légitime un certain nombre de réglementations publiques internationales
protectrices ainsi que des transferts financiers Nord-Sud pour aider les pays pauvres à la
préservation de ces ressources naturelles communes.

De même, ce nouvel espace d'action citoyenne, international, touche aussi les Droits
de l'Homme revendiqués comme devant être réellement universels par des organisations non
gouvernementales (ONG) qui s'affirment "citoyennes du monde" (comme Amnesty
International ou Médecins du Monde). A ce titre, elles ont milité et contribué à la création
d'un nouveau "droit d'ingérence" pour raison humanitaire sous contrôle de la communauté
internationale (ONU), ainsi qu'à l'émergence d'une justice pénale internationale (Tribunal
Pénal International habilité à juger les crimes contre l'humanité ou de génocide quand les
justices nationales s'avèrent défaillantes).

On mesure ainsi combien la citoyenneté reste une question vive du monde actuel, un
principe régulateur à réaffirmer mais aussi à enrichir et à adapter aux nouveaux contextes. Il
est donc tout aussi nécessaire d'en développer l'apprentissage chez les individus si on veut
qu'il oriente leurs conduites futures, ce qui est précisément le rôle des instances de
socialisation. 

3.3.2. La civilité et la citoyenneté doivent être apprises et pratiquées à l'Ecole

Pour former ces individus "égaux et différents" capables de vivre ensemble dans des
"sociétés en réseaux" multiculturelles, il ne faudra pas beaucoup compter sur les familles, les
médias ou les Eglises. Il faut donc se reporter largement sur l'Ecole afin qu'elle mette en
œuvre cette éducation à la civilité et à la citoyenneté: elle devra en conséquence s'adapter elle
aussi, y compris en important pour son propre fonctionnement le "modèle politique de la
citoyenneté", adapté à son contexte.

Mais il faut reprendre la chaîne socialisatrice à son début. Pour ce qui est des familles,
des médias ou des Eglises, leur influence sera de moins en moins capable de diffuser, comme
institutions, une culture commune capable de générer chez des individus une identité
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 30

collective qui facilite leur coexistence publique quotidienne (civilité) comme leur adhésion et
leur participation à un intérêt général (citoyenneté).

Pour l'influence des Eglises, par exemple, dont les dogmes et les rites religieux ont
longtemps été un ciment essentiel des sociétés dans l'histoire, il faut rappeler d'une part la
déprise forte des grandes religions traditionnelles et d'autre part savoir que la "recomposition"
des mouvements religieux se fait en compatibilité avec les sociétés modernes, sur le mode de
l'individualisation des croyances, dans un mouvement général de "religion à la carte" et de
religiosité diffuse où fleurissent des groupes émotionnels parfois aussi fusionnels qu'
éphémères. C'est donc là aussi une recomposition sur le mode de la mosaïque religieuse.

Alors, que faire pour créer ce vivre ensemble dans les "sociétés d'individus" sinon se
retourner vers l'Ecole ?En effet, l'école a déjà apporté sa réponse de longue date : la laïcité,
séparant bien l'espace public, commun et "neutre", de l'espace privé, dans lequel sont
renvoyées et cantonnées toutes les identités particulières.

A ce niveau, il s'agit d'apprendre à vivre ensemble (éducation à la civilité) à un public


de plus en plus diversifié et de moins en moins dominé par la logique de l'institution.

Certes, en guise de solution, on peut proposer aux élèves ou étudiants, un moyen


relativement classique : développer des cours d'éducation à leur civilité présente et à leur
citoyenneté future, en les articulant par un raisonnement progressif: l'apprentissage de la
civilité dans la petite cité introduisant à celui de la citoyenneté dans la grande; et cela si
possible par des méthodes pédagogiques innovantes et actives, basées notamment sur des
débats collectifs argumentés autour de dossiers personnellement constitués.

3.3.3 La citoyenneté à l’école pour une culture de participation et de cohésion sociale

Depuis l’Antiquité et la Renaissance, l’exercice de la citoyenneté, qui fait l’objet actuellement


de préoccupation de beaucoup de gouvernements, est intimement lié à la participation
politique. Mais dans un contexte de multiculturalité, cette éducation doit être repensée et
envisagée non seulement dans les termesd’une éducation républicaine à des valeurs mais
aussi comme une éducation ouverte aux différences 28. Cette citoyenneté impose aussi l’idée
d’une égalité formelle, c’est-à-dire d’une parité de participation, qu’elle soit interprétée
comme une formation démocratique de la volonté, d’une souveraineté populaire29, ou qu’on
la fasse coïncider avec l’ensemble des dimensions de l’appartenance de personnes à la vie
publique. Au-delà de ces deux dimensions, « l’idéal politique, centré sur la participation
active des citoyens à la vie et aux décisions politiques, implique que ces derniers sont des
entités égales notamment du fait de leur participation commune à la direction de l’Etat »30.

En d’autres termes, étant donné que la citoyenneté se définit par le droit et la


possibilité de participer aux processus de décision politique et d’influencer les choix
collectifs, il faudra faire en sorte que même ceux qui sont éloignés des zones de pouvoir et de

28
C. GUIBET LAFAYE, Participation, cohésion sociale et éducation à la citoyenneté.
29
J. HABERMAS, Droit et démocratie : entre faits et normes. Paris, Gallimard, 1997 (chap. 3)
30
C. GUIBET LAFAYE, o.c.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 31

prise de décision soient impliqués. En ces sens, l’éducation à la citoyenneté ne peut se


concevoir uniquement comme adhésion des citoyens aux valeurs de la République, mais
comme un outil qui leur donne les moyens de jouir de la citoyenneté politique, dans la
pluralité de ses dimensions. On comprend que la citoyenneté active et participative puisse
requérir des ressources cognitives, culturelles et sociales, que l’école peut, de quelque manière
fournir.

En effet, l’enjeu de l’éducation à la citoyenneté aujourd’hui est l’accès même à


l’éducation qui permettrait aux étudiants ou élèves d’accomplir et d’acquérir les aptitudes, les
capacités de se réaliser socialement afin d’être capables d’actions politiques. Faute d’une base
éducative et instructive, l’accès à la vie politique demeurera inévitablement inéquitable entre
les membres de la communauté politique, quelle que soit son extension. C’est dire que
« l’éducation à la citoyenneté ne peut plus aujourd’hui se penser dans les termes d’une
éducation aux vertus civiques et politiques, qu’elles soient républicaines et/ou européennes.
Elle doit se soucier de l’acquisition d’accomplissements permettant aux élèves et étudiants,
devenus adultes et responsables, de tirer avantage de leur statut politique de citoyen, de
participer à des processus de décision ayant des incidences sur leur existence31.

Cette parité de participation dépend de deux conditions essentielles : «La première est
une condition objective, relative à la structure économique de la société et aux différences de
classe (i.e. à la structure sociale). Elle repose sur un principe de justice distributive. La parité
de participation dépend, d’autre part, d’une condition intersubjective attachée à l’ordre et aux
hiérarchies statutaires de la société définis par la culture dominante. Plus précisément, la
parité de participation suppose une parité dans la représentation politique et l’accès aux lieux
du politique, la remise en question des modèles hérités de valeurs culturelles et la
reconnaissance de cultures minoritaires. Elle appelle également des politiques culturelles et
éducatives de discrimination positive, une régulation des médias et de l’espace public,
l’encouragement du secteur associatif »32.

L’école pourrait alors contribuer à la reconnaissance sociale et la parité de


participation, dans la promotion des droits à une participation égale, dans la vie publique, en
éliminant les inégalités économiques et l’humiliation culturelle. Elle doit favoriser le respect
de soi lié aussi bien à des réalisations personnelles (à des accomplissements) et l’estime
sociale, la fierté d’appartenance sociale. L’école intervient ainsi au plan culturel, social et
dans l’ordre des valeurs reconnues socialement. Aussi, « elle doit pouvoir doter chacun des
moyens requis pour cette participation mais elle peut également intervenir sur la nature des
rapports interindividuels, en particulier sur les attitudes à l’égard des groupes sociaux
minoritaires ou marginaux, eu égard à la culture majoritaire du pays »33.

En effet, « la reconnaissance publique de chacun, dans sa singularité culturelle,


morale, de genre, suppose de vaincre la subordination statutaire de formes culturelles
minoritaires et de promouvoir des modèles de valeurs favorisant la parité de participation dans

31
Cf. Ib.
32
C. GUIBET LAFAYE, o.c.
33
Ib.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 32

la vie sociale »34. Surmonter des obstacles culturels ou sociaux, et même institutionnels, à la


parité de participation politique est un défi à l’intégration sociale de tous. Ainsi,  pour les
surmonter ces obstacles, « s’avèrent nécessaires une éducation au respect de l’autre et de la
différence, un enseignement des cultures dans leur diversité et un enseignement des valeurs
politiques, repensés à la lumière de la diversité culturelle de nos sociétés »35. En ce sens,
« l’éducation pour la parité de participation n’appelle pas seulement une éducation politique
du citoyen, individuellement considéré, mais aussi une éducation qui prenne en compte le
rapport que chacun a à l’autre tout comme les hiérarchies de valeurs culturellement instituées
qui entravent la parité de participation »36. Cela implique, évidemment, une reconnaissance
réciproque garantie juridiquement, qui aura comme conséquence, entre autres, un effort
coopératif d’une pratique civique à laquelle personne ne peut être forcé par des normes
juridiques.

On comprend alors que l’éducation d’un citoyen est source de légitime de normativité.
En Europe, par exemple,  les différentes formes de participation politique se déclinent « à
travers le vote, la participation à des syndicats ou à des associations, mais également à travers
la participation à des formes de démocratie délibératives et participative 37. C’est dire que « la
capacité normative de chacun est un moment décisif du processus d’élaboration des normes
publiques éthiques et politiques. L’exercice du pouvoir politique impose une exigence de
justification et de légitimation qui passe notamment par l’exposition des raisons des choix et
des décisions prises par les citoyens »38. Il se réalise, à travers ces processus participatifs, une
codétermination de politiques publiques par les citoyens.

Aussi, l’école peut contribuer à la formation d’une culture commune qui prend le sens
d’un partage de valeurs et de modes de vie commun. Il se forme dès lors une communauté
normative qui s’extériorise dans le respect mutuel et à l’estime réciproque entre citoyens.
Pour Caroline Guibet,  la substance de cette culture commune serait constituée, non
principalement par des valeurs morales communes, mais  par l’acceptation du pluralisme
raisonnable, en matière morale, culturelle et religieuse, et par les valeurs de la démocratie 39.
C’est pourquoi, il est nécessaire et décisif d’enseigner aux étudiants et aux élèves, les grandes
caractéristiques de leur propre culture et celles de la culture des autres membres de la société.

En clair, « l’apprentissage d’une culture commune plurielle, repensée à la lumière de


la diversité et de l’hétérogénéité des sociétés d’immigration et tournée vers le respect des
différences raciales, religieuses, intellectuelles … conférera aux singularités et aux
particularismes les moyens de se coordonner et de se comprendre »40. On comprend alors que
l’existence d’un pluralisme radical raisonnable au sein de nos sociétés appelle (…) non
seulement une éducation au dialogue et à l’ouverture à l’autre mais aussi la reconnaissance
des différences, au sens de la compréhension et de la valorisation de celles-ci, plutôt que leur

34
Ib.
35
C. GUIBET LAFAYE, Participation, cohésion sociale et éducation à la citoyenneté.
36
Ib.
37
Cf.Ib.
38
Ib.
39
Cf. C. GUIBET LAFAYE, Participation, cohésion sociale et éducation à la citoyenneté.
40
Ib.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 33

simple respect ou une intolérance indifférente »41. C’est dire que l’école jouerait ici un rôle
important, celui de former les futurs citoyens et les citoyens à la tolérance partielle, c’est-à-
dire à un état d’esprit qui porterait chacun à considérer la différence comme étant toujours
seulement partielle. L’école aiderait à penser une communauté de fins sociales et de valeurs
partagées.

CHAPITREIV : FONCTIONS-FORMES D’ETAT

L’Etat joue un rôle de plus en plus important dans les économies de tous les pays et
dans la régulation de vie en société. Il est appelé en premier lieu à avoir le soin du salut des
âmes et à promouvoir la dignité de la personne humaine. En dehors de ses fonctions
41
Ib.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 34

régaliennes telles que la police, la justice et la défense nationale, l’Etat prend en charge un
certain nombre de fonctions pour réguler la vie socio-politico-économique et culturelle du
pays.

4.1. Mission de l’Etat


L’Etat a la mission d’assurer aux personnes les conditions temporelles de leur
développement total. Un tel Etat possède dans son domaine une autorité qui lui appartient au
propre. A ce titre, il a compétence pour organiser, diriger, administrer la société et il a le droit
de faire respecter l’autorité dont il dispose pour l’exercice de cette compétence. Ainsi, on peut
dire que la fin immédiate de l’Etat est d’assurer le bien-être humain comme tel et cela en vue
du développement physique, intellectuel, matériel et moral pour lequel il doit mobiliser les
forces vives de la nation quelle que soit leur appartenance politique, philosophique ou
religieuse.

4.2. La composition de l’Etat


De manière théorique, l’existence de l’Etat est la résultante de trois éléments
constitutifs suivants :
 Un territoire, c’est-à-dire l’espace terrestre, maritime aérien, etc.
 Un gouvernement ;
 Une population.

4.3. Piliers de l’Etat


Les piliers sur lesquels repose l’Etat pour assurer son bon fonctionnement sont au
nombre de cinq :
1° La classe dirigeante compétente c’est-à-dire ayant reçue une formation intégrale et
disposant des aptitudes de bonne gouvernance, de démocratie, de sens de responsabilité ;

2° La justice impartiale afin d’éviter que l’impunité ne s’érige en mode de gestion d’un Etat ;
le trafic d’influence dont certaines personnes ont recours compte tenu de leur position sociale
au sein de la société ; de réprimander les actes qui vont à l’encontre des normes éthiques et
enfin pour assurer et construire la paix, la concorde nationale, l’Etat de droit et pour moraliser
la société ;
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 35

3° Une armée républicaine qui a pour mission d’assurer la sécurité des personnes et de leurs
biens, de veiller à l’intégrité du territoire national et de défendre cette dernière lorsqu’elle est
en péril, d’être au service du peuple et de la nation et non au service d’un régime dictatorial ;
une armée où des militaires formés non pas sur base ethnique, linguistique, géographique,
idéologique, mais sur la base du professionnalisme et de compétence ;
4° Une administration apolitique : qui doit être un instrument du développement d’un pays ;
5° Un pouvoir législatif qui doit constituer l’ensemble des organes représentant le corps
politique dans le système de la démocratie représentative et qui aura pour mission d’élaborer
et de voter des lois ainsi que de contrôler les actions du gouvernement.
4.4. Formes de l’Etat
Tous les Etats n’ont pas les mêmes degrés d’unification et même d’organisation c’est-
à-dire la même façon dont ils sont regroupés et organisés. Ainsi, on distingue
traditionnellement l’Etat unitaire et l’Etat fédéral. Dans un Etat unitaire, le pouvoir politique
est concentré ou assuré par une autorité centrale. On y trouve un seul gouvernement et un seul
parlement. Les décisions prises par ces instances sont exécutées dans tout le pays. Au niveau
national, le pouvoir, dans ce type d’Etat, est centralisé dans le pouvoir exécutif même si les
pouvoirs législatif et judiciaire peuvent constituer des contre-pouvoirs. L’Etat unitaire peut
être centralisé ou décentralisé.
- Etat unitaire centralisé : l’Etat conserve tous les pouvoirs politiques et il peut réduire
le degré d’autonomie des collectivités territoriales
- Dans l’Etat unitaire décentralisé, l’Etat délègue certaines de ses compétences à des
collectivités qui ont le rôle propre de décision.

Dans un Etat fédéral, au contraire, le pouvoir est déjà décentralisé au niveau national
mais qui possède une autonomie au niveau provincial en ce qui concerne les institutions.
L’Etat fédéral laisse l’autonomie des institutions aux Etats fédérés : parlement, gouvernement
et les organes judiciaires. On peut dénombrer 3 caractéristiques ou principes majeurs du
fédéralisme :

1° La distribution bitopique du pouvoir de gestion comme source du contrôle mutuel. De


façon générale, l’instance fédérale se réserve le domaine de la monnaie, des douanes, de la
diplomatie et de l’armée tandis que l’Etat fédéré s’occupe individuellement des autres
domaines pour lesquels il cherche les solutions appropriées aux problèmes qui se posent.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 36

2° Le principe d’autonomie : source de liberté et de responsabilité.


Ce principe affirme la nécessité de l’autonomie de l’Etat fédéré dans le système fédéral.
L’Etat fédéré doit jouir d’une autonomie politique qui l’autorise de se créer sa propre
constitution, laquelle organise son fonctionnement sur le plan économique, administratif,
judiciaire et culturel. Bien que jouissant de cette autonomie, l’Etat fédéré ne peut rien
entreprendre qui ne soit autorisé par la constitution fédérale.

3° Le principe de participation comme source d’unité et de paix. On l’appelle aussi le principe


de participation et de coopération. Ce troisième principe pose l’impératif de solidarité aussi
bien sur le plan horizontal que sur le plan vertical de la nation. Ainsi on parle de participation
verticale qui concerne la relation de co-responsabilité qui doit exister entre l’Etat fédéré et
l’Etat fédéral pour le bon fonctionnement des structures et des œuvres d’intérêt commun à
tous les deux.
Par ailleurs on parle de participation horizontale qui signifie l’impératif de collaboration entre
les Etats fédérés dans la mise en œuvre des projets d’intérêt commun au niveau économique,
culturel, administratif, judiciaire, etc.

4.5. Fonctionnement de l’Etat


4.5.1. Fonctions primaires
Les fonctions primaires sont celles qui résultent de la nature de l’Etat comme pouvoir
de contrainte. Trois formes de ces pouvoirs sont définies par Montesquieu : le pouvoir
exécutif renvoyant à la fonction exécutive, le pouvoir législatif qui renvoie à la fonction
législative et le pouvoir judiciaire qui renvoie à la fonction judiciaire.
La fonction exécutive est exercée par le gouvernement qui doit conduire la politique
générale de la nation et se charger de la gestion quotidienne de la république.
Quant à la fonction législative, elle relève de la compétence du parlement qui a entre
autres comme mission d’élaborer les lois et de contrôler le gouvernement.
La fonction judiciaire est exercée par les cours et tribunaux. A travers cette fonction,
l’Etat doit :
- Assurer la sécurité des personnes et des biens ;
- Veiller à l’ordre public par des lois bien adaptées ;
- Veiller à la justice équitable assurée par des magistrats et des tribunaux indépendants
et incorrompus ;
- Promouvoir un Etat de droit.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 37

4.5.2. Fonctions secondaires de l’Etat


Les fonctions secondaires de l’Etat concernent les domaines économiques,
sociopolitiques et culturels, les domaines du travail et le domaine de la bienfaisance.
L’économiste américain Richard MUSGRAVE définit 3 fonctions économiques de l’Etat :
 La régulation ou la stabilisation, c’est-à-dire l’Etat a la mission d’intervenir ou de
réguler par exemple le taux de change ;
 L’allocation des ressources ou affectation c’est-à-dire le pouvoir public doit intervenir
pour prendre en charge les biens collectifs, publics, réguler la concurrence, le
émissions de CO2 et créer des instances publiques qui doivent militer contre la
pollution et introduire une taxe carbone. Bien plus, l’Etat doit participer à l’allocation
des ressources par la mise en place de maintenance d’infrastructures du pays, le
ramassage des déchets, les écoles, les hôpitaux, la santé, les services d’Etat civil ;
 La distribution ou répartition qui a pour but de réduire les inégalités.

Dans le domaine sociopolitique, l’Etat doit songer aux adultes qui n’ont pas eu la
chance d’aller à l’école ou d’achever un cycle de formation. Il doit également assurer et
promouvoir le développement de la culture nationale, le sport et loisirs. Il doit protéger les
patrimoines nationaux. En ce qui concerne le domaine du travail, l’Etat a l’obligation de
donner du travail à tous les citoyens ou au moins à un plus grand nombre d’entre eux qui en
ont la capacité. Il doit également veiller pour que le travail soit réalisé dans des conditions qui
ne dégradent pas la personne humaine. Dans ce sens, l’Etat doit veiller à la sécurité sur le lieu
du travail et réglementer les heures du travail. Bien plus, il incombe à l’Etat l’obligation de
veiller à ce que le travail soit bien rémunéré c’est-à-dire des salaires fixés par la loi.

Enfin, par rapport à la fonction touchant la bienfaisance, l’Etat doit mener une série
d’actions de bienfaisance, lesquelles ne doivent être considérées comme des faveurs faites à la
population. C’est notamment le cas des vieillards, des orphelins, des indigents, les enfants dits
de la rue ainsi que la santé de la population qui doivent bénéficier ces genres d’actions.

D’autres fonctions de l’Etat apparaissent dans les domaines comme celui de la famille.
Ici, l’Etat est appelé à garantir le droit de mariage comme de divorce, mais il doit également
veiller à la stabilité, à la protection des mœurs, etc.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 38

CHAPITRE IV : LA DEMOCRATIE ET LES ELECTIONS

5.1. La démocratie

5.1.1. Définition
Le concept de démocratie est d’origine grecque (democratia). Il est constitué de demo
= peuple et de cratos= pouvoir, gouvernement, règne. Ainsi, au sens étymologique,
démocratie signifie gouvernement du peuple. Cette définition est ambiguë au point que le
président américain Abraham Lincoln a estimé devoir la préciser en disant qu’il s’agit d’un
gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Cette définition a l’avantage
puisqu’elle nous permet de comprendre la démocratie comme un pouvoir exercé au nom, par
et pour le peuple.
Du point de vue des idées politiques, la démocratie apparaît comme une forme de
gouvernement où le détenteur du pouvoir et son destinataire se trouve être le peuple. Il
convient de noter que cette forme de gouvernement est assise sur des structures
institutionnelles que sont notamment un gouvernement, un parlement dont les membres sont
en principe légitimement élus ainsi qu’une justice qui se veut impartiale. Ce sont ces
institutions qui garantissent le bon fonctionnement de cette forme de gouvernement. Sans ces
structures institutionnelles, la démocratie devient une pure illusion.
A la lumière de ce qui précède, nous pouvons retenir que la démocratie est un système
politique d’après lequel la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens. Selon
Georges Burdeau, la démocratie est intimement liée aux idées de la liberté. Pour Karl Popper,
la démocratie est une évaluation critique par le peuple.
Nous pouvons également comprendre la démocratie comme un système politique
destiné à mourir quand les citoyens qui constituent la majorité du peuple s’en désintéressent et
doutent de ses valeurs. La démocratie apparaît également comme un système qui assure la
participation des citoyens au choix politique et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir
et de contrôler les gouvernants ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s’avère
opportun.
La démocratie authentique a comme base un Etat de droit et une conception correcte
de la dignité de la personne humaine. Il est donc important que soient réalisées les conditions
nécessaires pour la promotion des personnes par l’éducation, la formation à un vrai idéal et
par les structures qui permettent la participation responsable des personnes à la gestion de la
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 39

respublica. Il est évident que le régime démocratique n’est pas un régime parfait ; son
avantage est que c’est un régime acceptable dans la mesure où il peut garantir la souveraineté
du peuple. La démocratie a ses imperfections. C’est pourquoi le principe de majorité, par
exemple, doit être soumis à des règles de justice sinon il devient une idolâtrie. Cela signifie
que le principe de la majorité devrait aller de paire avec le principe éthique de l’excellence.
Le principe de « libercratie » ou « particratie » devrait également aller de paire avec la
démocratie participative et délibérative basée sur une concertation permanente.

5.1.2. Les modalités de l’exercice de la démocratie


Ces modalités sont :
a) La décentralisation suffisante qui implique la démocratisation véritable des
institutions ;
b) La réduction des distances sociales et l’assouplissement des relations qui paralysent la
communication ;
c) Il faut enfin une place à la critique qui permet aux responsables de contrôler et, le cas
échéant, de modifier la ligne de conduite qu’ils se sont tracés ; car sans la critique, le
pouvoir est aveugle.

L’Etat démocratique responsable doit promouvoir la participation de tout citoyen dans


le processus du développement intégral de son pays. Et cette participation se base sur un
certain nombre des conditions :
- La première est l’éducation, car celle-ci constitue la clé de toute démocratie ;
- La deuxième va dans le même sens que la première. Il s’agit de l’information qui reste
un aspect de l’éducation. Celui qui n’est pas informé ou qui ne cherche pas à
s’informer des affaires de son pays ne peut pas prétendre à leur gestion. La démocratie
implique donc que le citoyen soit et puisse être informé des affaires du pays ;
- La volonté du citoyen de participer à la vie politique de son pays ;
- C’est qu’il existe un lien entre démocratie et bien matériel. Un Etat démocratique doit
garantir un minimum des moyens matériels à ses citoyens. C’est ainsi que parmi les
pays occidentaux qui connaissent une croissance économique très élevée (Suède,
USA, Allemagne…), on trouve des systèmes politiques plus démocratiques qu’en
Afrique où règne la pauvreté extrême.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 40

5.1.3. Les expressions du pouvoir démocratique

Parmi les expressions du pouvoir démocratique, nous avons :


a) Le régime présidentiel dont le présidentialisme américain constitue un modèle ;
b) Le régime semi-présidentiel qui se caractérise par l’existence d’un président élu au
suffrage universel qui est le chef de l’exécutif et d’un gouvernement dont l’action est
coordonnée par un premier ministre issu de la majorité. Parmi les exemples de ce
régime, on peut citer la France et le Portugal. C’est le président qui désigne le premier
ministre et les ministres ; il a le pouvoir diplomatique, le pouvoir de nomination et de
révocation sur proposition du premier ministre. A l’égard du parlement, c’est le
président qui ouvre et clôt par décret les sessions extraordinaires du parlement. A
l’égard du pouvoir judiciaire, c’est le président également qui nomme les membres du
conseil supérieur de la magistrature.
c) Le régime parlementaire ou multipartisme. Dans beaucoup de pays d’Europe
Occidentale notamment en France, on trouve ce genre de régime caractérisé par le
pouvoir étendu du parlement issu des élections. Ici le premier ministre n’est pas
nommé par un corps électoral mais par le chef de l’Etat dans le rang du parti
majoritaire.

5.1.4. Valeurs ou principes de la démocratie


a) Dignité de la personne humaine avec ses droits et devoirs ;
b) La liberté pour tous et la loi au-dessus de tous ;
c) La justice égale et garantie pour tous ainsi que la non-violence ;
d) Le respect de la minorité ;
e) Le dialogue et la recherche du consensus ;
f) Le devoir des élus de rendre compte au peuple souverain.
5.1.5. Education à la démocratie
Dans cet effort d’établissement ou de renforcement d’une société démocratique et de la
formation à la citoyenneté, formation des citoyens actifs, l’école doit être mise à contribution.
C’est dire que la question de la formation du futur citoyen se pose et, partant, celle de la
contribution de l’école à l’avancement du projet démocratique. L’école est alors visée comme
un lieu d’expression, de réflexion et d’action en lien avec les compétences de citoyenneté, lieu
où l’acculturation aux valeurs et aux connaissances relatives au fonctionnement social et
politique ainsi que celle relative aux droits et devoirs qui fondent l’agir des citoyens est
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 41

envisagée, mais aussi lieu où les pratiques de délibération et de participation sont


encouragées. Le but visé est de former des citoyens actifs et participatifs, des citoyens
autonomes pour une société à développer sur base des valeurs communes à promouvoir, de la
reconnaissance des droits et devoirs et des connaissances du fonctionnement sociopolitique.
C’est pourquoi, une éducation à la démocratie implique, entre autres 42:

 Une éduction à la responsabilité et à l’engagement


 Une éducation à la solidarité et à la coopération
 Une éducation à la prévention de la violence et à l’incivilité
 Une éducation à la honte
 Une éducation au travail et à l’économie (notre rapport à l’argent)
 Education sanitaire, à la beauté et à l'écologie
 Education à la conscience, à la raison et à la spiritualité

C’est donc une culture à acquérir, laquelle exige le respect de certains principes :

 Le principe de l'impératif éthique : NgomaBinda applique ce principe à la


politique. Il veut donc que tout acteur politique procède nécessairement, avant d'agir, à
un examen de conscience sans complaisance sur le degré de moralité de son action ou
agir, c'est-à-dire sur les répercussions morales, sociales et économiques et écologiques
de sa décision vis-à-vis de l'autre et de l'ensemble de la cité (...). Ainsi l'impératif
éthique en politique s'énonce de la manière que voici: "Agis de telle sorte que,
examinant rationnellement les conséquences de ton acte politique, ce dernier soit
pris comme modèle de sagesse et que jamais tu ne fasses aux autres ce qui aurait
des conséquences que tu n'accepterais jamais qu'on te fasse subir"43. Ce principe
veut que la morale soit liée à la politique comme les lèvres aux dents. Ainsi on évitera
de faire coller aux hommes politiques des étiquettes de menteurs, escrocs, immoraux,
etc. Voilà pourquoi le choix de certains politiciens doit tenir compte de leur intégrité
morale si l'on ne veut pas être dirigé par des bandits.

 Principe de justice politique: la justice politique signifie "l'exigence de donner à


chacun ce qui lui revient conformément aux règles rationnelles et sensées que faire de
façon consensuelle l'ensemble de l'humanité et de la société représentée par le pouvoir
politique ». Ce principe s'appuie sur la légalité (qui veut que tout agir doive se
soumettre à la loi) et sur l'égalité (stipulant, ici, que toutes les ethnies naissent libres).
Si ces deux fondements ne sont pas respectés, il y a plus de chance de voir surgir des
conflits. Voilà pourquoi la rétribution des biens et droits fondamentaux doit se faire de
façon juste. Car, la mal distribution des biens et du pouvoir politique a fait surgir
certaines associations tribalo-culturelles comme des champignons. Cela vaut aussi
pour certains partis politiques. Nous voyons la tribalité devenir l'ultime refuge et un
moyen de survie.

 Principe du compromis démocratique: Le compromis reste et restera une pièce


maîtresse du système politique qui se veut démocratique. Dans la vie sociale et surtout
politique, la nécessité de faire des concessions est de rigueur si l'on veut vivre en paix
42
Le développement de ces différents points fera l’objet d’un travail pratique par groupe.
43
NGOMA BINDA, Multi-ethnicité et gestion du pouvoir politique, dans HAMULI KABARHUZA(dir), Paix et résolution pacifique des
conflits durant la transition démocratique au Zaïre. Actes du colloque national tenu à Kinshasa du 22 au 26 août 1994.  Kinshasa,
CNONGD, 1996, p.15-27.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 42

avec les autres ethnies. C'est dans le cadre du dialogue authentique que le compromis
se dégage, car "la démocratie veut qu'il n'y ait pas de prétention irréductible et que
chaque partie consente  à prendre et à concéder à la fois".

 Principe du civisme ou de l'hospitalité interethnique : Vivant dans un pays multi-


ethnique, il est bon de prescrire et de pratiquer l'hospitalité inter-ethnique. Ce principe
favorise la cohésion nationale et crée un sentiment d’appartenance.  

 Principe de subsidiarité: Selon ce principe, chaque ethnie ou province ou entité


décentralisée étant responsable de sa destinée, personne ne peut imposer à l'autre une
destinée non voulue. L'on doit, par contre, encourager l'initiative privée.  

 Principe de la sanction sans complaisance : Politiquement, l'on doit punir avec


rigueur et conformément à la loi sans tenir compte de la provenance ethnique.  En outre, il faut rendre
hommage et encourager les actes civiques.

5.2. Les élections

La déclaration universelle des droits de l’homme en son article 21 alinéa 3 montre que
le fondement de tout pouvoir public ou politique est la volonté du peuple. Cette volonté doit
s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement au suffrage
universel égal et au vote secret suivant une procédure capable de respecter la volonté du
peuple.

5.2.1. L’aspect sentimental des élections

Certains citoyens optent pour tel parti politique ou pour tel candidat uniquement sur
base des raisons d’appartenance tribale, régionale ou simplement notamment le charisme de
leader. C’est ce qui se fait souvent dans des pays africains. Untel choix qui ne tient pas
compte des critères objectifs et moraux propres à une gestion rigoureuse de la chose publique
risque de laisser le pouvoir entre les mains des personnes inexpertes et immorales. Les
conséquences d’un tel choix sont connues : mauvaise gestion de la respublica caractérisée par
le tribalisme, le clientélisme, le détournement, la corruption, etc.

IV.2.2. L’aspect rationnel, intellectuel et moral des élections


E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 43

A côté de l’aspect sentimental des élections qui caractérise souvent les peuples
africains, dans les vieilles démocraties de l’Europe et de l’Amérique, les choix des dirigeants
sont dirigés par les principes objectifs suivants :
1° L’idéologie et le respect du projet de société ;
2° Le profil du candidat : la moralité, la vie sentimentale ou privée, la vie familiale et
professionnelle, sa compétence intellectuelle avérée, son attachement aux valeurs
patriotiques et morales (le bien commun, la grandeur, le souci de justice, l’honnêteté,
l’amour, le travail, etc.).

5.2.3. Nature et importance des élections


a. Les élections sont un droit et un devoir. Un droit reconnu par la déclaration universelle
des droits de l’homme et la constitution de notre pays. Un devoir pour chaque citoyen
parce qu’il doit participer à la bonne marche de la chose publique. De ce fait,
s’abstenir est une faute grave et une preuve d’irresponsabilité.
b. Les élections sont un signe de citoyenneté responsable et constructive. Toute personne
qui refuse d’exercer son droit d’électeur légitime la corruption et signe en quelque
sorte la mort de son pays. A un citoyen responsable, il n’est pas permis l’indifférence,
la peur du changement, le conformisme, le désespoir, etc.
c. Les élections sont un moyen d’action au-delà des simples paroles.
d. Nécessaire éducation et formation électorale.

Après avoir présenté brièvement la nature et l’importance des élections, nous pouvons
à présent saisir les élections comme choix fondamentaux.
1° Les élections constituent pour le peuple l’occasion de désigner ses dirigeants. Elles sont
donc un droit inviolable mais le peuple lui-même doit être mature.
2° Les élections constituent un moyen pour le peuple de participer à l’amélioration des
conditions de vie.
3° Les élections constituent le moment de tourner la page en toute vérité.
4° Les élections ne sont pas toutefois une panacée.
5° Les élections sont une manière de vivre, une culture et une mentalité. Et cela se manifeste
par 3 idées ou attitudes :
 L’idée de transparence
 L’idée de liberté
 L’idée de compromis.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 44

5.2.4. Modes de désignation


a) L’élection présidentielle : il existe plusieurs modes de désignation du président de la
république :
 élection par chambres législatives (sénat et parlement) ;
 par un collège spécial (les grands électeurs aux USA) et
 élection au suffrage direct ou indirect.
b) Election législative :
On peut distinguer 2 niveaux : le sénat et l’assemblée nationale.
Les sénateurs sont élus soit au second degré soit par un corps électoral spécial alors que les
députés sont élus par un suffrage universel direct.
5. 2.5. Quelques qualités requises pour les hommes appelés aux affaires
Publiques

1. Sens du bien commun et de la justice ;


2. La compétence : tout le monde n’est pas né pour être chef. La gestion du monde
moderne devient de plus en plus difficile et complexe. On doit donc exiger de celui qui
doit l’assumer un minimum de connaissances et une expérience suffisante ;
3. L’honnêteté et l’honorabilité : des hommes à moralité douteuse seront également des
politiciens douteux. La compétence seule ne suffit pas. Il faut y joindre des qualités
morales sérieuses : notamment la crainte de Dieu et de ses lois, l’honnêteté,
l’honorabilité, l’intégrité, le respect des autres et de leurs biens…

5.2.6. Revendication électorale


La question ici est celle de savoir que faire face à l’injustice.
1° Conditions pour une revendication légitime
a) La conscience ou la capacité qu’ont les pouvoirs publics d’apporter la réponse
adéquate aux problèmes soulevés
b) Avoir la conviction ou la preuve de mauvaise volonté à la base du refus des
gouvernants ou des autorités d’apporter des solutions légitimement attendues d’elles.
2° Les moyens légitimes d’une revendication légitime.
Plusieurs moyens peuvent être utilisés :
a) Le dialogue : moyen légitime et moralement recommandé. Il doit être fondé sur la
tolérance et doit être documenté
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 45

b) La dénonciation : le citoyen a le droit et l’obligation de dénoncer toutes les


manœuvres dilatoires et les actes répréhensifs. A cet égard, on peut adresser des lettres
à des autorités hiérarchiques et à la presse, on peut initier et signer des pétitions pour
revendiquer un droit ;
c) La grève : c’est une stratégie de revendication des droits. en tant que moyen de
pression, elle consiste dans l’arrêt temporaire du travail ;
d) La désobéissance civile est un moyen par lequel on peut revendiquer ses droits : refus
d’exécuter un ordre manifestement illégal.

CHAPITRE VI: L’INTELLECTUEL CONGOLAIS FACE AU DEFI


DU DEVELOPPEMENT

6.1. Le développement
Le concept de développement porte en lui une charge sémantique aux contours
imprécis c’est-à-dire il est difficile à définir ou pluridimensionnel. Parmi les conceptions que
les auteurs se font, il y a lieu de retenir 2 principales : la conception matérialiste et la
conception humaniste ou anthropologique.

6.1.1. Conception matérialiste du développement


Pour les tenants de cette tendance, le développement se définit en termes
d’accumulation des richesses matérielles obtenues grâce à une activité scientifique et
technique accrue. Dans ce sens, le développement est mesuré à travers deux paramètres qui
concourent à la croissance économique, à savoir : les richesses matérielles et les progrès
scientifiques et techniques.

6.1.2. La conception humaniste ou anthropologique du développement


Pour les auteurs de cette tendance que nous faisons nôtre, le développement est un
processus global et non secteur. Car il concerne aussi bien la collectivité dans la totalité de ses
composantes que l’homme dans l’intégralité de ses dimensions. Ainsi conçu, le
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 46

développement apparaît comme un mouvement qui va du moins-être au plus-être, du moins


parfait vers le plus parfait. En fait c’est un processus dynamique à travers lequel un groupe
humain poursuit par la transformation des cultures économiques, politiques, culturelles,
mentales et sociales, et selon les valeurs et le rythme propres à ce groupe, la réalisation
progressive de l’épanouissement des habitants qui le constituent. Cette définition contient
plusieurs aspects que nous mettons à présent en exergue :
1. Le développement suppose une vision du monde propre : tenir compte de la mentalité,
de la philosophie, de l’idéologie de ce peuple parce que chaque peuple a ses
problèmes ;
2. Le développement suppose toujours l’homme : c’est pour l’homme et par l’homme
que se réalise le développement. Le pape Paul VI disait : « l’homme est le fondement
et la finalité du développement. Le développement doit s’adresser à tout homme et à
tout l’homme » ;
3. Le développement est un phénomène relatif c’est-à-dire une fois qu’une étape est
atteinte, on est projeté vers l’étape suivante ;
4. Le développement suppose la prise en charge par chacun de sa propre promotion c’est-
à-dire chacun doit être artisan de son propre développement.
5. Le développement est une œuvre solidaire c’est-à-dire pour un problème qui se pose
dans la communauté, il faut faire participer tout le monde ;
6. Le développement est un idéal c’est-à-dire il est et reste une tâche qu’il s’agit
d’accomplir par un effort de tous.

Dans l’évolution de la compréhension du concept du développement, il faut considérer


4 moments importants :
 Le premier est celui où le concept développement était synonyme de croissance
économique.
 Le deuxième moment est intervenu à la fin des années 60 où l’on s’est rendu
compte que la croissance économique ne favorisait pas nécessairement
l’amélioration des conditions de vie des populations. C’est ainsi qu’à partir des
années 90 on parle de plus en plus du développement humain où il est question
de prendre en considération la relation de l’économie par rapport à l’homme.
 Le troisième moment intervient à la conférence de Rio de Janeiro sur
l’environnement en 1992, conférence qui a introduit la notion de durabilité. On
parle alors du développement durable pour évoquer la nécessité de prendre en
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 47

compte les besoins prioritaires de la génération actuelle tout en préservant les


besoins des générations futures. Il s’agit de considérer, dans tout projet de
développement, l’importante problématique de la préservation de
l’environnement.
 Aujourd’hui les concepts développement humain et développement durable ont été
fondus. Ainsi, on parle de plus en plus du développementhumain durable. Par
cette expression, il faut entendre le développement dans son sens global. Il s’agit
non pas d’un développement qui concerne un ou quelques-uns des aspects de la vie
de l’homme, mais d’un développement qui vise l’intégralité de la dimension de
l’être humain, c’est-à-dire il est à la fois économique, culturel, politique,
scientifique, technique et humaniste. C’est pourquoi on l’appelle développement
durable.

6.2. La responsabilité de l’intellectuel congolais

Beaucoup d’intellectuels congolais ressemblent à des économistes des chambres ou


des auditoires. D’autres sont dominés par des sentiments de type tribal, régionaliste,
idéologique ou même religieux, se montrant incapables de se dépasser afin de se situer sur le
plan où ils peuvent, avec une plus grande objectivité ou sérénité et un sens élevé de
responsabilité, envisager des réponses efficaces aux multiples problèmes qui se posent à leur
pays.

D’autres encore, associés au pouvoir par opportunisme et sans aucun idéal, se


caractérisent par un égocentrisme féroce au point qu’ils apparaissent aux yeux de la
population comme des véritables voraces indignes de la patrie. Ces attitudes ne sont pas celles
que la RDC attend de ses dignes fils qui constituent sa sève vivifiante à savoir l’intelligentia
congolaise. On pourrait distinguer trois dimensions sur base desquelles l’intellectuel congolais
devrait influer sur le devenir de son pays :

1° En tant que citoyen, il a des devoirs etb des droits qui découlent de sa qualité de citoyen.
Et parmi les obligations de tout citoyen, on peut relever la défense des intérêts majeurs de sa
patrie contre toute tentative de déstabilisation de quelle que origine que ce soit. Il est donc
tenu d’être patriote au vrai sens du terme c’est-à-dire un homme attaché à un pays et qui est
prêt à tout instant à participer à l’œuvre de sa reconstruction ;
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 48

2° En tant que leader, il n’est pas et ne devrait pas être comme n’importe quel citoyen
congolais ; il est censé connaitre mieux que les autres la cause qu’il a à défendre, à savoir la
patrie. C’est à lui qu’incombe la tâche de leader de la masse. Plus clairement, il doit être un
révolutionnaire au sens positif du terme c’est-à-dire un homme qui, par son action, participe
effectivement à la transformation des méthodes de lutte pour la sauvegarde des intérêts
nationaux ainsi que pour le progrès de sa patrie ;
3° En tant qu’animateur : il s’agit ici pour un intellectuel d’une communauté locale de :
 Démontrer par exemple comment il faut s’y prendre pour réaliser le progrès ;
 Donner aux autres le courage nécessaire non seulement pour commencer une
entreprise, mais aussi pour persévérer malgré les obstacles de tout genre ;
 Intervenir en cas de besoin auprès de la hiérarchie pour l’informer sur les problèmes
existants.

Bref, il doit avant tout veiller à faire prendre conscience par les membres de la nécessité
de les combler en comptant d’abord sur les moyens propres. Il doit également éveiller en eux
le sens de responsabilité dans la recherche des solutions à apporter aux problèmes posés.
Tout cela suppose de la part de l’intellectuel des qualités d’homme ouvert, patriote
conscient de sa place éminente dans le combat sacré pour la liberté et le développement du
pays. Cela suppose également que la jeunesse congolaise, élite de demain, prenne dès à
présent conscience de ses lourdes responsabilités et participe, dans la discipline, et par
l’accomplissement quotidien de son « devoir d’Etat » (notamment les études), à l’œuvre de la
défense et de la promotion de la patrie.
En tout état de cause, l’intellectuel au sens plein du terme et pas seulement le lettré ou
le diplômé devrait être un homme de vision ou un prophète capable de lire les signes des
temps au lieu de les subir.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 49

CHAPITRE VII : CULTURE DE L’ECOCITOYENNE


La citoyenneté, on l’a vu, est le lien social qui réunit une personne et l’Etat, et qui
permet à cette personne de bénéficier de ses droits et d’accomplir ses devoirs civiques et
politiques. Aujourd’hui être citoyen c’est aller au-delà de ses droits et devoirs civiques : c’est
être responsable et autonome, individuellement et collectivement. Cela implique en réalité le
respect du bien commun, la recherche de l’intérêt général, la solidarité, le respect de l’autre et
des droits de l’homme ainsi que le respect de l’environnement.

Le respect de l’environnement de même que sa promotion pour une gestion durable


des ressources naturelles dans l’intérêt du présent sans compromettre l’avenir est une
préoccupation actuelle, tant au niveau des collectivités territoriales, des Etats qu’à celui de la
planète entière. En effet, l’environnement est un patrimoine collectif qui conditionne notre
existence. Mais ce patrimoine est surtout une ressource limitée qui se dégrade et s’épuise. Dès
lors, il faut bien connaître l’environnement et son rapport avec notre existence afin de le gérer
de manière durable.

7.1. Ce qu’est l’environnement

L’environnement est l’ensemble des éléments physiques, chimiques et biologiques


naturels et/ou artificiels qui entourent un être humain, un animal, un végétal ou une espèce,
ainsi que des facteurs économiques, sociaux, politiques et culturels, qui interagissent et ont un
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 50

effet sur le processus de maintien de la vie, la transformation et le développement du milieu,


les ressources naturelles ou non et les activités humaine.

L’environnement comprend :

 La biosphère : êtres vivants, végétaux et animaux, la vie ; pédosphère : le ;


l’atmosphère : l’air ; l’hydrosphère : eau ; lithosphère : terre, la roche, pierre ;
 L’ensemble des substances organiques et non organiques de même que les organismes
vivants ;
 Les infrastructures et les autres productions humaines ;
 Les systèmes naturels en interaction ;
 Les conditions sociales, économiques, politiques et culturelles qui influencent la vie
des personnes et des sociétés.

7.1.1. Causes principales de la dégradation de l’environnement


Les principales causes sont :
 Les établissements dangereux, insalubres et incommodes, les déchets urbains (ordures
ménagères, emballages plastiques, etc.), les déchets industriels ou assimilés (huiles
usagées, eaux usées industrielles et artisanales, etc.), les pesticides et assimilés
(engrains, insecticides) ;
 Les pollutions atmosphériques (gaz des usines, fumées des véhicules, odeurs) ;
 La pollution des eaux et des sols (pollution radioactive, chimique et biologique) ;
 Les nuisances diverses (bruits et émissions sonores, fumées des cigarettes et pipes) ;
 La coupe abusive du bois ;
 Les pratiques culturales inadaptées (agriculture sur brûlis…) ;
 La divagation des animaux ;
 Le braconnage ;
 Les feux de brousse ;
7.1.2. Effet de serre et les principaux gaz à effet de serre ?

L’effet de serre est un processus naturel de réchauffement de l’atmosphère, un


phénomène naturel indispensable à la vie sur terre. Il est régulé par divers facteurs de
l’environnement (sol, océans, végétation). L’effet de serre n’est pas en soi nocif pour
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l’environnement. Sans lui, la température terrestre environnerait les – 18°C. Cependant,


un excès des gaz à effet de serre constitue un danger.
L’effet de serre est aujourd’hui perturbé par les gaz rejetés dans l’atmosphère et par
certaines activités humaines, pollution qui renforce l’effet de serre et entraîne un
réchauffement climatique dangereux pour l’environnement. Les principaux gaz à effet de
serre sont : le dioxyde de carbone, les vapeurs d’eau, l’oxyde nitreux, l’ozone, le méthane
et chlorofluorocarbures.

7.1.3. Les conséquences de la dégradation de l’environnement


La dégradation de l’environnement a pour conséquences majeures : la dégradation de
nos conditions de vie, une pluviométrie aléatoire, une insécurité alimentaire, des migrations
désordonnées, une dégradation dangereuse des ressources, et de diverses maladies. Le
désertification réduit les ressources naturelles et rend le coût économique et social indirect
subi plus élevé.

7.2. La culture de l’écocitoyenneté

L’écocitoyenneté tire son origine de deux mots, à savoir écologie et citoyenneté. Elle
fait allusion à l’écologie et montre que la citoyenneté s’exerce aussi vis-à-vis de
l’environnement et de la nature. C’est un en fait un concept qui identifie les actions
stratégiques et les comportements individuels et collectifs responsables, indispensables à la
protection, la préservation, la promotion de l’environnement pour un développement durable.

Cela signifie que le citoyen a des devoirs envers la planète sur laquelle il vit et
l’environnement dans lequel il évolue. Ces devoirs sont indispensables car ils sont les garants
du maintien des ressources vitales de la terre. La culture de l’écocitoyenneté part du postulat
que les individus ont les moyens de jouer un rôle déterminant dans la protection de
l’environnement en vue d’un développement répondant aux besoins du présent sans
compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs. Elle signifie donc
pour chaque citoyen de se comporter quotidiennement en acteur de la préservation de
l’environnement en accomplissant des éco-gestes dans la vie de tous les jours pour assurer
ainsi le développement durable.

7.2.1. Les stratégies permettant d’aboutir à la culture de l’écocitoyenneté


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Quatre piliers peuvent être retenus pour parvenir à l’écocitoyenneté, à savoir :

- l’éducation environnementale ;
- l’éducation à la citoyenneté ;
- la participation des acteurs à la valorisation des composantes de l’environnement ;
- la prise de conscience individuelle et collective sur la nécessité de préserver, protéger
et promouvoir l’environnement.
Celui qui pratique l’écocitoyenneté est un éco-citoyen. Quels sont les actions et
comportements éco-citoyens ?

7.2.2. Actions et comportements éco-citoyens

Estéco-citoyen celui qui trie ses déchets et économise l’énergie, protège la nature,
consomme de façon responsable. Il s’informe sur les bonnes pratiques à accomplir, sensibilise
son entourage aux éco-gestes et essaye de faire évoluer les mentalités et de faire changer le
comportement. En d’autres termes, l’éco-citoyen doit :
- planter des arbres et/ou des fleurs et les entretenir ;
- éviter les gaspillages de bois, d’eau, d’énergie, de consommables divers ;
- enfouir les déchets organiques dans la terre ;
- ne laver ou faire laver nos moyens de déplacement (vélos, motos, voiture) que
si c’est vraiment nécessaire ;
- éviter la coupe anarchique ou abusive du bois, la divagation des animaux et les
feux de brousses ;
- acheter des produits possédant le moins d’emballage plastiques possibles ;
- utiliser dans notre ménage, notre commerce, notre jardin maraîcher, nos
moyens de déplacement, etc., des produits non polluants ;
- produire le moins de déchets possibles ;
- récupérer tous les matériaux recyclables ;
- éviter les rejets de fumées de nos moyens de déplacement ;
- éviter les rejets des huiles de vidanges dans la nature ;
- faire sa cuisine avec des sources d’énergie respectueuses de l’environnement ;
- limiter les déchets que nous jetons dans la nature ;
- disposer de poubelles et y jeter nos déchets ;
- se renseigner sur les moyens les moins nuisant sur l’environnement ;
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- faire attention à l’endroit où nous jetons nos petites ordures (mouchoirs, coques
d’arachides, sachets d’eau, mégots de cigarette, etc.) ;
- montrer aux autres des astuces de récupération de certains déchets ;
- éteindre les lumières, les climatiseurs et les appareils électriques en quittant la
salle ou quand le besoin ne se fait plus sentir ;
- construire et entretenir une latrine ;
- maintenir propre nos concessions et leurs devantures ;
- utiliser le moins de papier et de produits dérivés du caoutchouc ;
- communiquer avec les autres individus et les informer sur les possibilités de
recyclage des déchets.

A dire vrai, l’écocitoyenneté consiste à construire, sur des bases écologiques, des
principes de la citoyenneté. Il s’agit, comme le dit le philosophe allemand Hans Jonas, d’agir
de façon que les effets de son action soient compatibles avec la permanence d’une vie
authentiquement humaine sur terre. C’est ce que le pape François appelle « la sauvegarde de
la maison commune.
Conclusion

Tout au long de ce cours nous avons cherché une seule chose : comment deveniret
vivre comme un bon citoyen, c’est-à-dire un citoyen digne de ce nom ?
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