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EDUCATION A LA CITOYENNETE
L1
Canevas
L’architecture de notre cours comprend les axes majeurs suivants :
Introduction
Chap.1. Définition et clarification des concepts
Chap.2. Droits et devoirs du citoyen
Chap.3. Citoyenneté et civilité
Chap.4. Fonctions et formes de l’Etat
Chap.5. Intellectuel congolais face au défi du développement de la nation
Chap.6. Culture de l’écocitoyenneté
Conclusion
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INTRODUCTION
Il nous semble que l’institution d’un cours d’éducation à la citoyenneté dans le cursus
de formation formation des étudiants ne relève pas du pur non-sens. Au contraire, cela se
justifie par la détérioration des valeurs morales et par le manque de civisme, c’est-à-dire les
antivaleurs et l’incivisme qui sont tacitement, voire ostentatoirement érigées en normes
régulatrices de notre société. NgomaBinda explique cette situation lorsqu’il écrit : « Si le
Congo demeure pauvre et sous-développé après près d’un demi-siècle d’indépendance et en
dépit de ses énormes richesses matérielles, humaines et intellectuelles, c’est parce que,
fondamentalement, ses dirigeants ont gravement manqué de civisme »2. En d’autres termes,
au-delà du problème de moral et d’éthique qui entraîne fatalement la perte de capacité de
féconder nos potentialités pour donner naissance à un type d’homme nouveau, il y a un
problème d’éducation aux valeurs citoyennes et de participation responsable. Tout congolais
soucieux de son avenir et de celui de son pays sait qu’il est devenu insignifiant, à la limite un
« indésirable ». Cette situation doit nous inquiéter afin de nous aider à prendre conscience de
notre responsabilité.
En effet, le manque de culture citoyenne qui caractérisait déjà de la 2 ème République, a
généré une crise une crise généralisée de la société congolaise et qui, dans une certaine
mesure, est responsable de son sous-développement. Car c’est bien d’abord l’homme
congolais qui est en crise avant d’être lui-même au cœur d’une crise multisectorielle. Il s’agit
d’une crise de modèle, d’identité, de personnalité. Bref, une crise de l’homme congolais qui
se manifeste à travers tous les secteurs de la vie nationale (académique, économique,
religieux, culturel, sanitaire, etc.) et n’épargne aucune couche sociale.
La nécessité d’éducation se justifie aussi au regard du contexte actuel de
mondialisation/globalisation, de sociétés pluralistes et multiculturelles secouées par des crises
à diverses manifestations (violence, vandalisme, braquage, guerre tribale, corruption, drogue,
décrochage scolaire, démission parentale, etc.).
Ainsi, éduquer à la citoyenneté à l’école ou à l’université et, dans une étroite relation
partenariale avec d’autres «co-éducateurs », c’est préparer le futur adulte à exercersa
responsabilité dans les domaines politique, social, économique, culturel et écologique, en
référence aux valeurs de la démocratie et des droits de l’homme. Même la situation actuelle
de notre pays où le tribalisme sape l’élan d’une existence humaine digne et où la politique ne
semble plus être l’affaire du citoyen et où la souveraineté ne s’exerce plus en son nom, avec
1
D. COLLIN, Qu’est-ce qu’un citoyen ? Dans Grand dictionnaire de la philosophie, p. 136-138.
2
P. NGOMA-BINDA, La participation politique. Ethique civique et politique pour une culture de paix, de démocratie et de bonne
gouvernance. Kinshasa, Ifep, 2005, p. 12.
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des mandats électifs moins rigoureux, réclame avec urgence l’éducation à la citoyenneté. Il se
constate une l’hégémonie d’une caste des politiciens sur les mandats électifs et la haute
administration. Le peuple au nom de qui le pouvoir s’exerce se trouve voué au mépris. Ainsi,
« exclus du débat politique, exclus de la Souveraineté qui pourtant s’exerce en leur nom,
exclus de la préparation du vote et du contrôle des lois »3. Avec la métamorphose du
libéralisme en autoritarisme, « un dispositif de contrainte et de hiérarchisation s’esquisse,
analogue à celui des anciens empires »4. La conséquence est sans appel : « Nous entrons dans
un règne qui vise, comme jadis à parachever son hégémonie par l’exaltation des fantaisies des
puissants, l’abaissement de citoyens libres et l’écrasement des indigents" »5. Cette hégémonie
s’accompagne des crises morales multiformes.
Voilà qui impose la nécessité d’une éducation à la citoyenneté pour que chaque
homme et chaque femme puisse exercer sa citoyenneté, s’engage et pose des actes qui
tiennent compte du groupe et conduisent à la responsabilité, à la solidarité et au respect
mutuel. Il s’agit précisément de la connaissance et de discernement qui favorisent un
engagement citoyen par rapport à la gestion de la cité.
3
Citoyen, Citoyenneté, Civisme
https://bibifa.wordpress.com/2011/09/14/citoyen-citoyennet-civisme/?
4
Ib.
5
Ib.
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Du latin Ex-ducere, éducation signifie sortir hors ou conduire hors de. Ainsi, par
éducation, nous entendons un processus de reconstruction et de reconstitution mentale et
morale en vue d’une insertion sociale réussie. L’éducation consiste en effet à extirper les
germes du mal et les habitudes négatives enracinés en l’homme afin de laisser fleurir les
germes du bien avec une nouvelle mentalité respectueuse et promotrice des valeurs morales et
patriotiques.
Par-delà son étymologie6 et son histoire7, l’éducation est plus que le dressage de
l’homme du monde ou la production des diplômes. Ainsi, avant de définir l’éducation, nous
partirons, comme le fait Reboul, de ses dérivés ou synonymes : élever, enseigner et former.
6
Selon Olivier Reboul, p. 16 : « on a prétendu qu’éduquer provenait du latin educere, « faire sortir », « mettre dehors ». C’est inexact. Le
terme vient d’un autre verbe, educare, qui signifie élever les animaux ou des plantes et, par extension, avoir soin des enfants. L’étymologie
est toujours dangereuse » !
7
Ib., p. 16-17 : « En français du XIXè siècle, « éducation » a surtout le sens de savoir-vivre, ce qui implique l’adaptation aux normes de la
classe « supérieure », à ses symboles, ses valeurs, ses mots de passe, mais aussi une réelle maîtrise de soi ; l’homme éduqué est celui qui sait
se tenir, au double sens de garder son sang-froid. Tout différent est le mot anglais, education, ce faux ami, dont le sens s’est introduit
subrepticement chez nous. Education signifie l’enseignement comme institution, le système scolaire et universitaire ; an educatedperson est
quelqu’un d’instruit, ce qui ne veut pas dire bien élevé … »
8
O. REBOUL, La philosophie de l’éducation, p. 17.
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Enseigner, par contre, désigne une éducation intentionnelle, c’est-à-dire « une activité
qui s’exerce dans une institution, dont les bits sont explicites, les méthodes plus ou moins
codifiées, et qu’assurent les professionnels »9.
Ainsi, élever et enseigner sont des activités différentes, et parfois exclusives l’une de l’autre.
C’est pourquoi, il est difficile de faire les deux en même temps et de les confier à une seule
personne10.
Former : La formation, qu’elle soit technique, professionnelle, militaire, sportive, en tous les
recyclages, est la préparation de l’individu à telle ou telle fonction sociale. Pour ne pas la
confondre avec l’enseignement, la langue actuelle nous suggère un rapport d’exclusion :
« ‘‘On enseigne quelque chose à quelqu’un’’, ‘‘on forme quelqu’un à quelque chose’’. La fin
de l’enseignement, ou du moins son objet, est l’élève. L’objet de la formation est la fonction
sociale : c’est le futur secouriste, le futur employé ou le futur médecin qui importe »11.
Comme on peut le remarquer, élever, enseigner, former, apparemment synonymes, ont entre
eux des rapports d’exclusion. Mais, Max Weber les considère comme des idéaux :
« Concrètement, il est possible, voire souhaitable, de les unir. Ainsi, à l’école maternelle, on
élève tout en préparant à l’enseignement ; à l’université, on enseigne tout en assurant des
formations professionnelles ; de même celui qui se prépare au métier de pianiste reçoit à la
fois un enseignement et une formation »12.
. Mais alors, où trouver le concept qui permettrait de les unir ? Reboul s’appuie, une fois de
plus, sur le langage : « Dans l’éducation familiale, dans l’enseignement et dans les
formations, on apprend. On peut donc apprendre qu’apprendre est le verbe qui correspond au
substantiféducation, qui non seulement unifie les trois termes mais leur apporte un « plus ».
En effet, celui qui apprend quelque chose, depuis la natation jusqu’à l’algèbre, apprend
toujours aussi à devenir, du moins en partie, « meilleur » »13. En ce sens, l’éducation qui
permet le développement des potentialités d’un être humain, l’aide à devenir meilleur ; c’est
lui apprendre à être homme. Pour cette raison, elle se situe entre la nature et la culture.
En effet, comme le note Reboul, « tout ce qui rend l’homme humain : le langage, la
pensée, les sentiments, les techniques, les sciences, les arts, la morale, l’homme l’a parce qu’il
l’a appris »14. En d’autres termes, l’homme serait naturel en tant qu’animal, culturel en tant
qu’humain ; nous n’aurions d’autre point commun que notre corps. Par conséquent, il y a une
nature humaine universelle qui consiste précisément en la possibilité d’apprendre.
adultes selon un modèle, c’est libérer en chaque homme ce qui l’empêche d’être soi, lui
permettre de s’accomplir selon son « génie » singulier »16. On comprend alors que « la nature
humaine est ce qui exige d’être éduqué ; elle est aussi ce qui fait que l’éducation ne peut pas
tout. Inversement, si l’éducation ne peut pas tout, on ne peut rien sans elle »17.
« La citoyenneté n’est possible que là où il existe un espace public, là où les hommes
se rencontrent directement, là où la parole est action. Ce qu’exprime la citoyenneté grecque,
c’est une certaine conception de la vie digne d’un homme, une vie qui n’est pas enfermée
dans la sphère privée, mais s’exprime d’abord dans l’espace public. Cela signifie que les
intérêts privés – aussi importants soient-ils en pratique – ne peuvent dominer la vie publique.
D’où la condamnation comme « contre nature » de ce qu’Aristote nomme « chrématistique »,
c’est-à-dire l’activité consacrée à la recherche de l’argent pour lui-même »19.
16
Ib., 24.
17
Ib., p. 25.
18
Ib., p. 27.
19
DENIS COLLIN, Qu’est-ce qu’un citoyen ?, p. 136.
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Ainsi, malgré les défis que soulève la démocratie, les inégalités sociales et économiques, la
diversité des modes de vie, l’éducation à la citoyenneté apparaît donc comme une entreprise
de fabrication de l’identité collective et individuelle reposant sur : le respect de l’autre et de
soi-même ; l’appel au dialogue, au consentement, à la règle, à la défense des droits
démocratiques et à l’ouverture sur le monde sans perdre ses racines ; la construction des
défenses de la paix et de la cohésion sociale ; la promotion de la justice et la garantie de la
sécurité entre les êtres humains.
I.2. Citoyen
Dans sens étymologique, le citoyen est un substantif d’origine latine (civis) qui est
entendu comme l’habitant de la cité, de la ville ou comme membre d’un Etat du point de vue
de ses devoirs et de ses droits civils et politiques. Le concept de citoyen est intimement lié au
civisme. En effet, le citoyen est à la fois facteur et agent par excellence du civisme. Et le
civisme s’adresse au citoyen et doit son efficacité à la capacité ou à l’engagement des citoyens
à en faire valoir « le vade mecum » de leur conduite.
Définissant le citoyen, le Vocabulaire juridique22donne les sens suivants :
- Membre d’une cité ou d’un groupement politique. C’est le sens général. Il est parfois
synonyme de national ou ressortissant d’un Etat ;
- Personne qui, dans un Etat démocratique, participe à l’exercice de la souveraineté, ne
soit dans la démocratie indirecte par l’élection de représentants, soit dans la
démocratie directe par l’assistance à l’assemblée du peuple, (…), soit dans la
démocratie semi-directe par le jeu du référendum ou de l’initiative populaire. On parle
de ce fait du droit du citoyen, par opposition au droit de l’homme, pour signifier les
droits de participer au gouvernement de la cité, ex. électorat, éligibilité ;
- Ainsi, partant de l’étymologie, Dénis Colin23 définit le citoyen comme celui qui vit
dans une cité gouvernée par des lois.
Dans un sens voisin se trouve un autre terme latin « civitas » qui désigne l’ensemble
des habitants d’une ville. Face à la civitas, les citoyens possèdent les droits et les devoirs qui
sont dits civiques. Cela signifie que le citoyen est, de manière générale, celui participe à la
gestion des affaires publiques du pays, à tous les niveaux ou à certains d’entre eux. Ces
affaires publiques sont celles de l’Etat dont il est ressortissant ou celui où il réside. En RDC,
le citoyen est, conformément à la Constitution, tout individu possédant la nationalité et
jouissant de ses droits civils et politiques.
Le concept de civisme qui dérive de l’adjectif civique et connaîtra son premier usage
français en 1770. L’idée qui sous-tend le concept de citoyen est celle d’une communauté
d’hommes habitants une cité et qui, de ce fait, impose un ensemble de règles et de
convenances admises que chacun est tenu de respecter pour une vie harmonieuse, solide et
pour le bien de chacun et de tous.
22
G. CORNU (dir.), Vocabulaire juridique. Paris, PUF, 1987.
23
D. COLLIN, Qu’est-ce qu’un citoyen ? Dans Grand dictionnaire de la philosophie, p. 136.
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Depuis le 17è et le 18è S, les révolutions française, anglaise et américaine ont entraîné
une grande mutation dans l’approche du concept de citoyenneté. La déclaration
d’indépendance des colonies-unies d’Amérique assemblées en congrès continentale à
Philadelphie le 04 juillet 1776 affirme l’égalité des droits reconnus à tous les hommes, alors
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que la révolution française du 14 juillet 1789 affirme la liberté, l’égalité et la fraternité. Elle
remplace le terme discriminatoire de monsieur par celui de citoyen.
Depuis ces événements, la société moderne reconnaît la qualité de citoyen à tous les
habitants de la cité ou pays sans distinction ni discrimination. Et du point de vue civique, tous
les citoyens sont égaux en droit et au regard de la loi.
En RDC, la citoyenneté n’est devenue effective qu’en 1960, c’est-à-dire à l’occasion
de l’accession de notre pays à la souveraineté, le moment où le congolais cessait d’être
assujetti au roi belge et la structure de la société congolaise dépouillée de ses classes
discriminatoires. Pour NGOMA BINDA, le premier acte de civisme attendu d’un citoyen est
de se reconnaître citoyen, c’est-à-dire de se considérer comme un individu vivant
nécessairement dans une communauté qui lui est supérieure, vis-à-vis de laquelle il a des
obligations et le droit d’attendre que celle-ci garantisse ses prérogatives. Le second acte de
civisme est de reconnaître et de respecter les droits des autres citoyens. Ce respect des
droits des autres constitue le fondement de la paix, de la concorde et de l’harmonie dans la
société. La citoyenneté va de paire avec un sentiment de solidarité et de responsabilité de la
destinée heureuse ou malheureuse de sa communauté nationale et même de l’humanité tout
entière. En tant que membres ou habitants d’une cité, les citoyens possèdent des droits à faire
valoir en même temps que des devoirs à respecter. Sous cet angle, on peut dire : « on ne naît
pas citoyen, on le devient ».
I.3. Cité
Le terme cité vient du latin « civitas » et correspond à la « polis » grecque. Il désigne
la cité ou la communauté sociale dans laquelle le citoyen mène son existence. On peut
résumer les traits et les principes au moyen desquels la cité se définit en ces termes :
l’existence d’un groupement humain, c’est-à-dire d’un groupement d’hommes et de femmes
ou encore des citoyens. Cela signifie qu’il n’y a pas de cité sans habitants. Mais les citoyens
qui constituent une communauté donnée ne doivent pas vivre comme des sujets monadiques
(isolés). Ils doivent au contraire cultiver le sens d’un peuple qui a le même destin et une
volonté commune de vivre ensemble.
La cité est donc l’espace géopolitique au sein duquel les citoyens, par l’exerce de leurs
activités, sont appelés à participer à la gestion collective de la respublica. Cette participation
du citoyen à la gestion collective de la chose publique peut se faire de différentes manières :
soit par exemple par le commandement, soit par le respect des règles et des convenances en
dehors desquelles aucun citoyen ne saurait être civilisé, c’est-à-dire membre de la cité
respectant les prescrits du civisme au sein de la cité.
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signifie que si la patrie lie un peuple par la terre, la nation unit par la naissance dans une
communauté donnée.
Quelle qu’en soit l’idée, le terme nation est inséparable d’une volonté de vivre
ensemble qui regroupe les membres d’une communauté établie sur un même territoire, parlant
une langue reconnue par tous, partageant les mêmes valeurs, poursuivant les mêmes idées et
soudée par la volonté collective de se réaliser ensemble. Il s’en dégage donc le sentiment
d’amour, d’attachement envers sa communauté et de solidarité envers les membres de ladite
communauté. C’est dans ce contexte que se développe le nationalisme.
Le nationalisme peut avoir un sens péjoratif lorsqu’il devient synonyme d’intégrisme
et entraîne un sentiment d’exclusion et de négation des différences. Mais il y a un sens positif
du nationalisme qui désigne la préférence accordée à sa propre nation, l’exaltation de l’idée et
de la réalité nationale.
3° La cité comme Etat
L’Etat est le sens moderne de la cité. Il peut désigner aussi bien l’entité nationale
(Etat-nation) que l’autorité dirigeante. On parle alors d’Etat gouvernement. Considéré du
point de vue de la nation, l’Etat implique l’existence d’un groupement humain établi sur un
territoire bien défini et sur lequel s’exerce un pouvoir politique.
Par rapport au gouvernement, l’Etat désigne l’appareil gouvernemental, l’ensemble
des personnes et es institutions exerçant le pouvoir politique dans un pays souverain. Ce
pouvoir politique ne s’exerce pas de n’importe quelle manière. Il s’exerce de telle sorte que le
bien de tous soit assuré. Cela signifie que l’Etat est chargé de réaliser le droit du groupement
humain dont il préside à la destinée. Il doit assurer les conditions d’une vie meilleure dans des
institutions justes. De nos jours, le concept d’Etat est de plus en plus lié au droit et on parle
d’Etat de droit.
Face à la cité, le citoyen a des devoirs civiques dont le premier se résume dans l’amour
de sa communauté d’existence. Un amour qui va de paire avec le respect des lois, la
soumission aux seules lois capables de réglementer les relations entre les citoyens et les
citoyennes, les différents groupes afin d’instaurer l’harmonie, la concorde et la paix pour tous
dans la cité.
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On entend par civilité l’attitude de respect à l’égard des autres citoyens mais aussi à
l’égard des bâtiments, biens et lieux publics (route, université, église, hôpital...). C’est
également une reconnaissance mutuelle et tolérante des individus entre eux, au nom du
respect du caractère sacré de la vie humaine, et de la dignité de la personne humaine, qui
permet une plus grande harmonie dans la société.
Quant au terme civisme, il désigne le dévouement du citoyen envers la collectivité.
Autrement dit, c’est un état d’esprit qui se traduit par un comportement positif. Une vertu du
citoyen qui a le sens de ses devoirs sociaux et politiques et n’a pas besoin d’y être contraint
pour les accomplir. Le civisme consiste, à titre individuel, à respecter et à faire respecter les
lois de la société, de la cité, de la communauté ou pays dans lequel on vit, mais aussi à avoir
conscience des valeurs patriotiques et de ses devoirs envers sa société. De façon générale, le
civisme est lié à un comportement actif du citoyen dans la vie quotidienne et publique. Il
consiste à agir pour que l’intérêt général l’emporte sur l’intérêt particulier.
L’Etat de droit n’est pas synonyme d’un Etat légal, c’est-à-dire un Etat dont les lois
organisent la vie sociale et auquel tous les citoyens y compris les éventuels récalcitrants sont
soumis. Un Etat de droit de droit n’est pas également synonyme d’un Etat constitutionnel
caractérisé par la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire).
Lorsqu’on parle d’Etat de droit on fait allusion essentiellement à un Etat qui respecte
les droits de l’homme et les libertés fondamentales.
1° Pour le Professeur MBAMBI Michel, l’Etat de droit est celui qui reconnaît au peuple le
droit de participer, par ses représentants élus, à la gestion de la chose publique et où le
souverain primaire impose un contrôle et des sanctions qui obligent toutes les couches
sociales et les institutions à la bonne gouvernance. Cette définition montre que la notion
d’Etat de droit intègre les exigences de démocratie, de promotion de droit de l’homme et de
bonne gouvernance.
2° Pour sa part, Mampuya résume les éléments fondamentaux de tout Etat de droit en ces
termes :
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parti politique n’est pas l’unique cadre de l’exercice de l’influence citoyenne sur la gestion de
la chose publique.
Dans le chapitre précédent, nous avons vu que le citoyen en tant que membre ou
habitant de la civitaspossède des droits à faire valoir en même temps que des devoirs. Si les
devoirs relèvent de sa responsabilité, les droits doivent par contre être garantis par l’Etat. La
jouissance de son droit qui est une faculté va de pair avec l’accomplissement du devoir qui est
une obligation.
Dans ce chapitre, nous allons aborder cette question du rapport entre le citoyen et
l’Etat à travers les notions de droit et de devoir du citoyen.
Outre les droits, le citoyen a aussi des devoirs envers la cité. Le terme « devoir »
désigne tout acte ou toute conduite considérée comme s’imposant moralement ou légalement
à un individu indépendamment de ses considérations personnelles. On fait la distinction entre
un devoir juridique et un devoir moral. Le premier est une obligation qui pèse sur un individu,
et ce dernier est tenu de l’observer, sous peine d’être sanctionné par la loi. Par contre, pour le
second, la non- exécution est sanctionnée par la réprobation morale et ne fait pas l’objet d’une
poursuite en justice. Ici, c’est la conscience qui me fait le reproche. Quels sont alors les
devoirs du citoyen ?
A. Devoirs du citoyen envers soi-même
- Répercussion des actes individuels sur le bien commun ;
- L’obéissance spontanée et empressée aux lois justes ;
- L’amour du travail ;
- Le patriotisme
- L’intégrité dans l’exercice de ses fonctions ;
- La connaissance du pays ;
B. Devoirs du citoyen envers sa nation
- Loyauté : la déférence sans servilité que le citoyen a envers les autorités et les
institutions du pays ;
- La fierté nationale : l’enthousiasme et l’admiration sans chauvinisme pour son
pays, ses valeurs et ses succès ;
- Le devoir de s’acquitter de ses obligations fiscales ;
- Le devoir de servir sa communauté nationale en mettant ses capacités physique
et intellectuelle à sa disposition ;
- Le devoir de défense du territoire national ou de défendre son pays ;
- Le devoir de solidarité ;
- Le devoir de protéger, de défendre et promouvoir l’environnement ;
- Le devoir de témoigner en cas d’un fait dont on a eu connaissance ;
- Le devoir de concourir à la sécurité et à la paix dans le territoire national.
A la lumière de ce qui précède, on peut dire qu’être citoyen est davantage une tâche
qu’un simple état ou un statut acquis une fois pour toutes. Etre citoyen comporte des
exigences civiques et éthiques : il s’agit de cultiver au quotidien des valeurs reconnues
comme promotrices du bien commun, de respecter les droits et les devoirs de chacun, de
regarder la nation comme une entité dont la supériorité s’affirme par l’autorité incontestable
de la loi, et comme leader de se reconnaitre responsable du destin de son peuple et de
l’humanité tout entière ; de travailler pour l’avènement d’une société meilleure et plus juste.
En ce sens, la culture citoyenne constitue l’âme de la personnalité citoyenne des habitants
d’une société. Et cette culture citoyenne se manifeste concrètement par l’amour du citoyen
envers sa patrie, au moyen d’un ensemble de sentiments, d’attitudes et d’actes spécifiques.
NGOMA BINDA ramène les multiples manifestations du civisme à deux grandes
formes du comportement civique : la participation politique et le nationalisme. Tout citoyen
digne de ce nom cherche à influencer la conduite des affaires publiques. Pour cela, il pose des
actes par lesquels il agit directement ou indirectement sur la gestion de la chose publique. Il
s’agit d’une décision libre et noble fondée sur la volonté de collaborer à l’avènement du bien-
être commun.
Pourquoi participer à la vie politique de son pays ? Aristote disait que l’homme est
animal politique, c’est-à-dire que l’homme ne peut pas échapper à la vie politique car celle-ci
est indispensable pour la survie de la société. La participation politique répond donc à un
besoin vital. C’est un exercice auquel aucun citoyen digne de ce nom ne peut déroger. En
effet, l’idéal de la politique est moral. Car cet idéal se fonde sur l’impératif de la solidarité.
Tout le monde ne peut pas participer de la même à la tâche de la transformation qualitative de
la société. Chacun y va avec tout son savoir et s’y engage dans son secteur d’activités. De
cette façon, il existe différentes formes de participation politique. Nous en retenons trois à la
suite de NGOMA BINDA :
1° Participation politique directe
Cette forme de participation politique passe par l’exercice des fonctions politico-
administratives par lesquelles le citoyen est directement impliqué dans la gestion de la chose
publique. C’est le cas des dirigeants et des gouvernants (ministres, président, gouverneur,
administrateur de territoire). Une exigence civique pèse sur cette catégorie des citoyens :
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Droits Devoirs
Politiques - De vote pour tout citoyen de plus de - De civisme qui fait que le
citoyen se doit d’exercer sa
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Dans ce chapitre, il s'agira de confronter la citoyenneté à la civilité. Les deux sont liées
à une culture dont l’intériorisation ne va pas de soi. C’est pourquoi, il nous faudra, d’une part,
de lever certains amalgames. Alors que les incivilités relèvent de troubles de la société civile,
la citoyenneté appartient, elle, au champ politique et juridique. D'autre part, même si à un
moment donné, la citoyenneté constitue un statut juridique bien défini, elle ne cesse de subir
nombre de transformations historiques dans ses diverses dimensions et acquiert par là un
fondement culturel au sens sociologique du terme, au même titre que la civilité.
Ainsi, la citoyenneté est-elle un idéal universel qui serait par là inné dans tout
homme ? Certes non, si on rappelle que la démocratie avec laquelle elle est en étroite relation
n'est généralisée ni dans l'espace aujourd'hui (moins de la moitié des Etats du monde actuel),
ni dans le temps. En effet, elle a connu des éclipses parfois très longues (plus de mille ans
entre son "invention" par la Grèce antique et sa redécouverte à partir de la Renaissance en
Europe ) ou particulièrement dramatiques (le "retour à la barbarie" par les fascismes et
totalitarismes de l'entre-deux guerre au XXème siècle).Cet idéal a aussi connu de profondes
transformations : la démocratie des Cités grecques antiques était directe , mais comportait une
minorité de citoyens; quant aux nouvelles démocraties nées au XVIIIème siècle (aux Etats-
Unis d'Amérique en 1776 ou en France en 1789), elles sont représentatives, organisées dans le
cadre d'Etats-nations, mais elles connaitront un élargissement continuel des droits civils,
politiques et sociaux des citoyens (garanties judiciaires aux personnes, établissement
progressif du suffrage universel, mise en place d'un Etat -Providence).
Mais au-delà de ces avatars historiques, on peut dégager quelques grands principes communs,
qu'on peut qualifier de valeurs citoyennes.
26
Ce chapitre reprend le chapitre quatrième des notes du cours d’Education à la citoyenneté du professeur Julien MUMPWENA qui se réfère
à A. CHANEL, Citoyenneté & civilité aujourd’hui : quelques éclaircissements.
http://www.ac-grenoble.fr/ecjs/ecjs2/citoyennete.htm
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Il s'agit d'abord d'une éthique de l'intérêt général (désigné aussi comme souci d'un bien
commun ou comme recherche d'un optimum social) par l'organisation d'un espace public
commun aux concitoyens (la Res-publica, la chose publique) qui peut se concevoir à
différents niveaux : local, national, mondial.... Cet espace public est créé par le rassemblement
libre des hommes (et femmes) auquel ils participent dans une égalité de droits.
Cette conception du corps politique comme association d'hommes libres n'a rien de
"naturel" et les conceptions contractualistes du lien politique sont modernes et se sont
imposées souvent contre de fortes résistances : les révolutions politiques modernes, comme
celle de 1789 par exemple, sont souvent accompagnées de guerres civiles. Encore aujourd'hui,
cette construction volontaire d'un "ordre organisé" de la société et d'un bien commun est
récusé par la pensée économique ultra-libérale,, qui lui oppose un "ordre naturel,
inintentionel", celui de "la main invisible" du marché.
Ensuite, cet espace public citoyen a une dimension spécifique : il est égalitaire. Et c'est
cette égalité de droits et de dignité qui soude cette communauté de concitoyens: le symbole
moderne en est le suffrage universel, avec son principe "un homme = une voix" , qui est en
rupture avec les autres types de liens sociaux, généralement inégalitaires (en économie
marchande, c'est le principe "un franc=une voix"; de même, pour le lien communautaire, les
groupes sociaux dont les individus sont membres ne sont en général pas égaux en dignité,
notamment pour les "minorités", souvent socialement disqualifiées).
espace socio-politique de large dimension comme la nation (ce qui peut aller jusqu'au
sacrifice suprême -"mourir pour la Patrie"- en cas de menace extérieure.
De façon générale, on désigne par civisme l'ensemble des attitudes marquées par
l'attachement et l'engagement des individus aux principes de la citoyenneté, notamment dans
leur versant "devoirs et responsabilités" envers la vie collective (on parle aussi d'esprit
civique).
peuvent entrainer un quartier entier ou un établissement scolaire dans des dérives plus
clairement violentes. Le terme est donc un terme technique, ce n'est pas un concept éthique.
La notion d'incivilités permet la mise en place de stratégies préventives plus efficaces que la
seule répression et permet aussi de mieux saisir la construction du sentiment d'insécurité, en
écoutant mieux les victimes. Face à ces agressions incontrôlées et imprévisibles contre les
biens et les personnes, les individus, notamment les plus faibles physiquement ou
socialement, se sentent alors démunis, dépossédés de toute maîtrise personnelle sur leur
environnement social et abandonnés des pouvoirs publics ("Mais que fait donc la police?").
Elle s'explique ensuite par un relâchement de l'autorité parentale, relativisée chez les
enfants par d'autres modèles normatifs proposés par les médias notamment, et délaissée par
les parents eux-mêmes qui répugnent à des relations autoritaires dans le foyer qu'on souhaite
d'abord hédoniste.
Il faut alléguer aussi la désorganisation sociale de certains quartiers due au déclin des
encadrements associatif, syndical et politique traditionnels en milieu populaire, anomie
sociale amplifiée par un fait qui touche particulièrement les familles d'origine immigrée :
l'autorité parentale peut y être fortement décrédibilisée face aux modèles culturels des classes
moyennes véhiculés par les médias ou l'école et intériorisés par les enfants. Tout ceci laisse
place alors à " la galère" de certains jeunes, et à des comportements violents : violence
"utilitaire" ou violence expressive (exprimer et expulser sa "rage").
On voit ici que les incivilités des jeunes sont aussi un effet en retour d'une certaine
"violence institutionnelle" qu'ils subissent et à laquelle ils réagissent par cette forme de révolte
sociale. En effet, les institutions (Etat, Ecole, Entreprises,... ) ne parviennent pas à organiser
une intégration sociale satisfaisante pour ces populations marginalisées qui voient donc leurs
droits fondamentaux mal respectés : droit au travail mis à mal par le chômage "structurel" des
parents immigrés qui, souvent peu qualifiés, sont les premiers frappés par les difficultés
d'adaptation aux changements technologiques sur le marché du travail; égalité des chances
remise en cause de fait par les ségrégations scolaires "structurelles" des enfants d'origine
populaire qui peuvent peu compter sur le capital culturel de leurs familles pour tirer
équitablement leur épingle du jeu dans la compétition scolaire qui acquiert un rôle accru dans
le classement social des individus : cette compétition/sélection est paradoxalement le corolaire
de la massification de l'école par laquelle tout le monde passe dorénavant, au nom de la
démocratie et de la méritocratie, et elle devient source "structurelle" de frustration sociale
pour ceux qui y échouent , en décalage avec les espoirs suscités.
Enfin, comme dernière cause "sociétale" à la montée des incivilités, on peut noter
l’affaiblissement du contrôle des institutions, policières et judiciaires, qui, débordées par
d'autres priorités, délaissent ces petites infractions. Or, on sait qu'une norme sociale ou
juridique longtemps non réprimée finit par perdre sa valeur contraignante et donc normative...
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 27
On voit que dans tous les cas, ces incivilités ne ressortissent pas (ou pas seulement) de
comportements déviants individuels de "sauvageons" mettant en péril "la civilisation" et qu'un
ordre moral plus répressif devrait redresser (on parlait naguère de "maison de redressement"
ou "de correction"), mais elles trouvent leurs source dans le fonctionnement même de notre
société et de nos institutions sociales, qui produisent de la ségrégation et de l'exclusion
sociales et, en retour, des formes de révolte sociale chez les jeunes marginalisés.
Le sentiment d'insécurité ainsi engendré provoque à son tour dans la population deux
réactions possibles, toutes deux anti-citoyennes : soit une poussée de violence, anti-jeune,
xénophobe ou raciste pouvant aller jusqu'à des pratiques "d'auto-défense" dangereuses et
illégales, soit un repli peureux sur soi, un retrait de la vie collective ("Exit") jugée trop
désorganisée et dangereuse, freinant toute participation citoyenne, électorale, associative ou
syndicale. Ainsi, a contrario, la civilité apparaît sous cet angle comme une condition
nécessaire de la citoyenneté.
En résumé, on voit que si citoyenneté et civilité ont des points communs (la vie dans l'espace
public opposée à la vie en privé), elles ne se confondent pas : la première a une dimension
politique, civique (elle concerne l'organisation et le fonctionnement des pouvoirs officiels et
des contre-pouvoirs dans la "Cité", communale ou nationale), l'autre n'a qu'une dimension
civile, inter-personnelle concernant la vie quotidienne des quartiers ou de l'école. Pourtant,
elles sont en partie reliées : les incivilités sont source d'un sentiment d'insécurité dans l'espace
public, peu propice à des engagements civiques dans la vie collective; réciproquement,
l'engagement civique des habitants, parents, enseignants, dans des actions collectives fortes
apparait comme un des meilleurs remèdes possibles aux problèmes des incivilités. Dans tous
les cas, toutes deux paraissent plus que jamais indispensables aux sociétés démocratiques et
doivent, en conséquence, être mises au cœur des préoccupations de certaines instances de
socialisation dans leur mission de régulation sociale, et on pense en premier à l'école.
27
Nous nous référons à A. CHANEL, Citoyenneté & civilité aujourd’hui : quelques éclaircissements.
http://www.ac-grenoble.fr/ecjs/ecjs2/citoyennete.htm
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 28
Ces deux liens (citoyen et marchand), en tension, se combinent aux liens traditionnels
communautaires (fondés sur l'intensité et l'immédiateté des interactions personnelles, comme
dans la famille, le voisinage, les communautés religieuses, les associations affinitaires, etc...)
pour tisser ensemble le réseau complexe d'interrelations entre individus qui constitue les
"sociétés modernes" (au sens sociologique du terme).
Dès lors, le lien citoyen apparaît comme un principe régulateur et intégrateur plus que
jamais nécessaire dans le monde moderne mis à l'épreuve du développement du lien
marchand et des mutations du lien communautaire. On comprend alors qu'il doit être mis au
coeur des préoccupations de certaines instances de socialisation dans leur mission de
régulation sociale.
Le lien citoyen est une force de régulation sociale pour contrebalancer les tendances
différentialistes et inégalitaires qui marquent les deux autres types de liens sociaux qui ont des
effets centrifuges parallèlement à leur force intégratrice (centripète): c'est évident pour les
liens marchands dont l'intensité est proportionnelle à la capacité de création de valeur
monétaire des producteurs et au pouvoir d'achat des consommateurs -"Dis-moi combien tu
gagnes, je te dirai qui tu es!"-. Mais c'est aussi vrai en partie pour les liens communautaires :
les communautés ethno-culturelles incluent certes leurs membres à l'intérieur, mais en même
les séparent des autres et les pratiques catégorielles ou ethnicistes rendent plus difficile le
rassemblement de tous autour d'un bien commun.
Plus précisément, comme l'a bien montré Serge Berstein dans son histoire des
"démocraties libérales", c'est cette appartenance citoyenne qui pousse les uns (les plus
démunis ) à demander à bénéficier de meilleurs droits effectifs et incite les pouvoirs politiques
(à légitimité démocratique ) à les prendre en considération et à en faire accepter les efforts
nécessaires aux autres (les mieux lotis) pour les mettre en oeuvre.
l'économie et des flux migratoires ne peuvent que favoriser, directement ou par réaction,
l'affirmation d'identités diverses, transnationales ou de repli sur de petites "tribus"
émotionnelles. Il se joure ici une nouvelle dimension du combat démocratique qui se joue: la
démocratie culturelle, permettant à chacun d'être reconnu dans sa différence d'identité, cette
revendication du droit à la différence devant naturellement se doubler de sa contrepartie, qui
est de reconnaître celle de l'autre, dans une réciprocité égalitaire.
Enfin, d'autres défis, d'ordre environnemental, paraissent devoir exiger des réponses en
termes de citoyenneté, mais dans un cadre renouvelé à dimension mondiale, par-delà les
Etats-nations. En effet, les problèmes globaux d'environnement (comme les rejets de CO2 et
le réchauffement de la planète) se moquent des frontières nationales et mettent en cause ce
que l'on considère aujourd'hui comme le "patrimoine commun de l'humanité" ainsi que ne
cessent de le proclamer un certain nombre de "citoyens du monde" et comme le reconnaissent
les économistes qui commencent à raisonner en termes de Développement Durable. Cela
nécessite et légitime un certain nombre de réglementations publiques internationales
protectrices ainsi que des transferts financiers Nord-Sud pour aider les pays pauvres à la
préservation de ces ressources naturelles communes.
De même, ce nouvel espace d'action citoyenne, international, touche aussi les Droits
de l'Homme revendiqués comme devant être réellement universels par des organisations non
gouvernementales (ONG) qui s'affirment "citoyennes du monde" (comme Amnesty
International ou Médecins du Monde). A ce titre, elles ont milité et contribué à la création
d'un nouveau "droit d'ingérence" pour raison humanitaire sous contrôle de la communauté
internationale (ONU), ainsi qu'à l'émergence d'une justice pénale internationale (Tribunal
Pénal International habilité à juger les crimes contre l'humanité ou de génocide quand les
justices nationales s'avèrent défaillantes).
On mesure ainsi combien la citoyenneté reste une question vive du monde actuel, un
principe régulateur à réaffirmer mais aussi à enrichir et à adapter aux nouveaux contextes. Il
est donc tout aussi nécessaire d'en développer l'apprentissage chez les individus si on veut
qu'il oriente leurs conduites futures, ce qui est précisément le rôle des instances de
socialisation.
Pour former ces individus "égaux et différents" capables de vivre ensemble dans des
"sociétés en réseaux" multiculturelles, il ne faudra pas beaucoup compter sur les familles, les
médias ou les Eglises. Il faut donc se reporter largement sur l'Ecole afin qu'elle mette en
œuvre cette éducation à la civilité et à la citoyenneté: elle devra en conséquence s'adapter elle
aussi, y compris en important pour son propre fonctionnement le "modèle politique de la
citoyenneté", adapté à son contexte.
Mais il faut reprendre la chaîne socialisatrice à son début. Pour ce qui est des familles,
des médias ou des Eglises, leur influence sera de moins en moins capable de diffuser, comme
institutions, une culture commune capable de générer chez des individus une identité
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 30
collective qui facilite leur coexistence publique quotidienne (civilité) comme leur adhésion et
leur participation à un intérêt général (citoyenneté).
Pour l'influence des Eglises, par exemple, dont les dogmes et les rites religieux ont
longtemps été un ciment essentiel des sociétés dans l'histoire, il faut rappeler d'une part la
déprise forte des grandes religions traditionnelles et d'autre part savoir que la "recomposition"
des mouvements religieux se fait en compatibilité avec les sociétés modernes, sur le mode de
l'individualisation des croyances, dans un mouvement général de "religion à la carte" et de
religiosité diffuse où fleurissent des groupes émotionnels parfois aussi fusionnels qu'
éphémères. C'est donc là aussi une recomposition sur le mode de la mosaïque religieuse.
Alors, que faire pour créer ce vivre ensemble dans les "sociétés d'individus" sinon se
retourner vers l'Ecole ?En effet, l'école a déjà apporté sa réponse de longue date : la laïcité,
séparant bien l'espace public, commun et "neutre", de l'espace privé, dans lequel sont
renvoyées et cantonnées toutes les identités particulières.
28
C. GUIBET LAFAYE, Participation, cohésion sociale et éducation à la citoyenneté.
29
J. HABERMAS, Droit et démocratie : entre faits et normes. Paris, Gallimard, 1997 (chap. 3)
30
C. GUIBET LAFAYE, o.c.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 31
Cette parité de participation dépend de deux conditions essentielles : «La première est
une condition objective, relative à la structure économique de la société et aux différences de
classe (i.e. à la structure sociale). Elle repose sur un principe de justice distributive. La parité
de participation dépend, d’autre part, d’une condition intersubjective attachée à l’ordre et aux
hiérarchies statutaires de la société définis par la culture dominante. Plus précisément, la
parité de participation suppose une parité dans la représentation politique et l’accès aux lieux
du politique, la remise en question des modèles hérités de valeurs culturelles et la
reconnaissance de cultures minoritaires. Elle appelle également des politiques culturelles et
éducatives de discrimination positive, une régulation des médias et de l’espace public,
l’encouragement du secteur associatif »32.
31
Cf. Ib.
32
C. GUIBET LAFAYE, o.c.
33
Ib.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 32
On comprend alors que l’éducation d’un citoyen est source de légitime de normativité.
En Europe, par exemple, les différentes formes de participation politique se déclinent « à
travers le vote, la participation à des syndicats ou à des associations, mais également à travers
la participation à des formes de démocratie délibératives et participative 37. C’est dire que « la
capacité normative de chacun est un moment décisif du processus d’élaboration des normes
publiques éthiques et politiques. L’exercice du pouvoir politique impose une exigence de
justification et de légitimation qui passe notamment par l’exposition des raisons des choix et
des décisions prises par les citoyens »38. Il se réalise, à travers ces processus participatifs, une
codétermination de politiques publiques par les citoyens.
Aussi, l’école peut contribuer à la formation d’une culture commune qui prend le sens
d’un partage de valeurs et de modes de vie commun. Il se forme dès lors une communauté
normative qui s’extériorise dans le respect mutuel et à l’estime réciproque entre citoyens.
Pour Caroline Guibet, la substance de cette culture commune serait constituée, non
principalement par des valeurs morales communes, mais par l’acceptation du pluralisme
raisonnable, en matière morale, culturelle et religieuse, et par les valeurs de la démocratie 39.
C’est pourquoi, il est nécessaire et décisif d’enseigner aux étudiants et aux élèves, les grandes
caractéristiques de leur propre culture et celles de la culture des autres membres de la société.
34
Ib.
35
C. GUIBET LAFAYE, Participation, cohésion sociale et éducation à la citoyenneté.
36
Ib.
37
Cf.Ib.
38
Ib.
39
Cf. C. GUIBET LAFAYE, Participation, cohésion sociale et éducation à la citoyenneté.
40
Ib.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 33
simple respect ou une intolérance indifférente »41. C’est dire que l’école jouerait ici un rôle
important, celui de former les futurs citoyens et les citoyens à la tolérance partielle, c’est-à-
dire à un état d’esprit qui porterait chacun à considérer la différence comme étant toujours
seulement partielle. L’école aiderait à penser une communauté de fins sociales et de valeurs
partagées.
L’Etat joue un rôle de plus en plus important dans les économies de tous les pays et
dans la régulation de vie en société. Il est appelé en premier lieu à avoir le soin du salut des
âmes et à promouvoir la dignité de la personne humaine. En dehors de ses fonctions
41
Ib.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 34
régaliennes telles que la police, la justice et la défense nationale, l’Etat prend en charge un
certain nombre de fonctions pour réguler la vie socio-politico-économique et culturelle du
pays.
2° La justice impartiale afin d’éviter que l’impunité ne s’érige en mode de gestion d’un Etat ;
le trafic d’influence dont certaines personnes ont recours compte tenu de leur position sociale
au sein de la société ; de réprimander les actes qui vont à l’encontre des normes éthiques et
enfin pour assurer et construire la paix, la concorde nationale, l’Etat de droit et pour moraliser
la société ;
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 35
3° Une armée républicaine qui a pour mission d’assurer la sécurité des personnes et de leurs
biens, de veiller à l’intégrité du territoire national et de défendre cette dernière lorsqu’elle est
en péril, d’être au service du peuple et de la nation et non au service d’un régime dictatorial ;
une armée où des militaires formés non pas sur base ethnique, linguistique, géographique,
idéologique, mais sur la base du professionnalisme et de compétence ;
4° Une administration apolitique : qui doit être un instrument du développement d’un pays ;
5° Un pouvoir législatif qui doit constituer l’ensemble des organes représentant le corps
politique dans le système de la démocratie représentative et qui aura pour mission d’élaborer
et de voter des lois ainsi que de contrôler les actions du gouvernement.
4.4. Formes de l’Etat
Tous les Etats n’ont pas les mêmes degrés d’unification et même d’organisation c’est-
à-dire la même façon dont ils sont regroupés et organisés. Ainsi, on distingue
traditionnellement l’Etat unitaire et l’Etat fédéral. Dans un Etat unitaire, le pouvoir politique
est concentré ou assuré par une autorité centrale. On y trouve un seul gouvernement et un seul
parlement. Les décisions prises par ces instances sont exécutées dans tout le pays. Au niveau
national, le pouvoir, dans ce type d’Etat, est centralisé dans le pouvoir exécutif même si les
pouvoirs législatif et judiciaire peuvent constituer des contre-pouvoirs. L’Etat unitaire peut
être centralisé ou décentralisé.
- Etat unitaire centralisé : l’Etat conserve tous les pouvoirs politiques et il peut réduire
le degré d’autonomie des collectivités territoriales
- Dans l’Etat unitaire décentralisé, l’Etat délègue certaines de ses compétences à des
collectivités qui ont le rôle propre de décision.
Dans un Etat fédéral, au contraire, le pouvoir est déjà décentralisé au niveau national
mais qui possède une autonomie au niveau provincial en ce qui concerne les institutions.
L’Etat fédéral laisse l’autonomie des institutions aux Etats fédérés : parlement, gouvernement
et les organes judiciaires. On peut dénombrer 3 caractéristiques ou principes majeurs du
fédéralisme :
Dans le domaine sociopolitique, l’Etat doit songer aux adultes qui n’ont pas eu la
chance d’aller à l’école ou d’achever un cycle de formation. Il doit également assurer et
promouvoir le développement de la culture nationale, le sport et loisirs. Il doit protéger les
patrimoines nationaux. En ce qui concerne le domaine du travail, l’Etat a l’obligation de
donner du travail à tous les citoyens ou au moins à un plus grand nombre d’entre eux qui en
ont la capacité. Il doit également veiller pour que le travail soit réalisé dans des conditions qui
ne dégradent pas la personne humaine. Dans ce sens, l’Etat doit veiller à la sécurité sur le lieu
du travail et réglementer les heures du travail. Bien plus, il incombe à l’Etat l’obligation de
veiller à ce que le travail soit bien rémunéré c’est-à-dire des salaires fixés par la loi.
Enfin, par rapport à la fonction touchant la bienfaisance, l’Etat doit mener une série
d’actions de bienfaisance, lesquelles ne doivent être considérées comme des faveurs faites à la
population. C’est notamment le cas des vieillards, des orphelins, des indigents, les enfants dits
de la rue ainsi que la santé de la population qui doivent bénéficier ces genres d’actions.
D’autres fonctions de l’Etat apparaissent dans les domaines comme celui de la famille.
Ici, l’Etat est appelé à garantir le droit de mariage comme de divorce, mais il doit également
veiller à la stabilité, à la protection des mœurs, etc.
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5.1. La démocratie
5.1.1. Définition
Le concept de démocratie est d’origine grecque (democratia). Il est constitué de demo
= peuple et de cratos= pouvoir, gouvernement, règne. Ainsi, au sens étymologique,
démocratie signifie gouvernement du peuple. Cette définition est ambiguë au point que le
président américain Abraham Lincoln a estimé devoir la préciser en disant qu’il s’agit d’un
gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Cette définition a l’avantage
puisqu’elle nous permet de comprendre la démocratie comme un pouvoir exercé au nom, par
et pour le peuple.
Du point de vue des idées politiques, la démocratie apparaît comme une forme de
gouvernement où le détenteur du pouvoir et son destinataire se trouve être le peuple. Il
convient de noter que cette forme de gouvernement est assise sur des structures
institutionnelles que sont notamment un gouvernement, un parlement dont les membres sont
en principe légitimement élus ainsi qu’une justice qui se veut impartiale. Ce sont ces
institutions qui garantissent le bon fonctionnement de cette forme de gouvernement. Sans ces
structures institutionnelles, la démocratie devient une pure illusion.
A la lumière de ce qui précède, nous pouvons retenir que la démocratie est un système
politique d’après lequel la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens. Selon
Georges Burdeau, la démocratie est intimement liée aux idées de la liberté. Pour Karl Popper,
la démocratie est une évaluation critique par le peuple.
Nous pouvons également comprendre la démocratie comme un système politique
destiné à mourir quand les citoyens qui constituent la majorité du peuple s’en désintéressent et
doutent de ses valeurs. La démocratie apparaît également comme un système qui assure la
participation des citoyens au choix politique et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir
et de contrôler les gouvernants ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s’avère
opportun.
La démocratie authentique a comme base un Etat de droit et une conception correcte
de la dignité de la personne humaine. Il est donc important que soient réalisées les conditions
nécessaires pour la promotion des personnes par l’éducation, la formation à un vrai idéal et
par les structures qui permettent la participation responsable des personnes à la gestion de la
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 39
respublica. Il est évident que le régime démocratique n’est pas un régime parfait ; son
avantage est que c’est un régime acceptable dans la mesure où il peut garantir la souveraineté
du peuple. La démocratie a ses imperfections. C’est pourquoi le principe de majorité, par
exemple, doit être soumis à des règles de justice sinon il devient une idolâtrie. Cela signifie
que le principe de la majorité devrait aller de paire avec le principe éthique de l’excellence.
Le principe de « libercratie » ou « particratie » devrait également aller de paire avec la
démocratie participative et délibérative basée sur une concertation permanente.
C’est donc une culture à acquérir, laquelle exige le respect de certains principes :
avec les autres ethnies. C'est dans le cadre du dialogue authentique que le compromis
se dégage, car "la démocratie veut qu'il n'y ait pas de prétention irréductible et que
chaque partie consente à prendre et à concéder à la fois".
La déclaration universelle des droits de l’homme en son article 21 alinéa 3 montre que
le fondement de tout pouvoir public ou politique est la volonté du peuple. Cette volonté doit
s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement au suffrage
universel égal et au vote secret suivant une procédure capable de respecter la volonté du
peuple.
Certains citoyens optent pour tel parti politique ou pour tel candidat uniquement sur
base des raisons d’appartenance tribale, régionale ou simplement notamment le charisme de
leader. C’est ce qui se fait souvent dans des pays africains. Untel choix qui ne tient pas
compte des critères objectifs et moraux propres à une gestion rigoureuse de la chose publique
risque de laisser le pouvoir entre les mains des personnes inexpertes et immorales. Les
conséquences d’un tel choix sont connues : mauvaise gestion de la respublica caractérisée par
le tribalisme, le clientélisme, le détournement, la corruption, etc.
A côté de l’aspect sentimental des élections qui caractérise souvent les peuples
africains, dans les vieilles démocraties de l’Europe et de l’Amérique, les choix des dirigeants
sont dirigés par les principes objectifs suivants :
1° L’idéologie et le respect du projet de société ;
2° Le profil du candidat : la moralité, la vie sentimentale ou privée, la vie familiale et
professionnelle, sa compétence intellectuelle avérée, son attachement aux valeurs
patriotiques et morales (le bien commun, la grandeur, le souci de justice, l’honnêteté,
l’amour, le travail, etc.).
Après avoir présenté brièvement la nature et l’importance des élections, nous pouvons
à présent saisir les élections comme choix fondamentaux.
1° Les élections constituent pour le peuple l’occasion de désigner ses dirigeants. Elles sont
donc un droit inviolable mais le peuple lui-même doit être mature.
2° Les élections constituent un moyen pour le peuple de participer à l’amélioration des
conditions de vie.
3° Les élections constituent le moment de tourner la page en toute vérité.
4° Les élections ne sont pas toutefois une panacée.
5° Les élections sont une manière de vivre, une culture et une mentalité. Et cela se manifeste
par 3 idées ou attitudes :
L’idée de transparence
L’idée de liberté
L’idée de compromis.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 44
6.1. Le développement
Le concept de développement porte en lui une charge sémantique aux contours
imprécis c’est-à-dire il est difficile à définir ou pluridimensionnel. Parmi les conceptions que
les auteurs se font, il y a lieu de retenir 2 principales : la conception matérialiste et la
conception humaniste ou anthropologique.
1° En tant que citoyen, il a des devoirs etb des droits qui découlent de sa qualité de citoyen.
Et parmi les obligations de tout citoyen, on peut relever la défense des intérêts majeurs de sa
patrie contre toute tentative de déstabilisation de quelle que origine que ce soit. Il est donc
tenu d’être patriote au vrai sens du terme c’est-à-dire un homme attaché à un pays et qui est
prêt à tout instant à participer à l’œuvre de sa reconstruction ;
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 48
2° En tant que leader, il n’est pas et ne devrait pas être comme n’importe quel citoyen
congolais ; il est censé connaitre mieux que les autres la cause qu’il a à défendre, à savoir la
patrie. C’est à lui qu’incombe la tâche de leader de la masse. Plus clairement, il doit être un
révolutionnaire au sens positif du terme c’est-à-dire un homme qui, par son action, participe
effectivement à la transformation des méthodes de lutte pour la sauvegarde des intérêts
nationaux ainsi que pour le progrès de sa patrie ;
3° En tant qu’animateur : il s’agit ici pour un intellectuel d’une communauté locale de :
Démontrer par exemple comment il faut s’y prendre pour réaliser le progrès ;
Donner aux autres le courage nécessaire non seulement pour commencer une
entreprise, mais aussi pour persévérer malgré les obstacles de tout genre ;
Intervenir en cas de besoin auprès de la hiérarchie pour l’informer sur les problèmes
existants.
Bref, il doit avant tout veiller à faire prendre conscience par les membres de la nécessité
de les combler en comptant d’abord sur les moyens propres. Il doit également éveiller en eux
le sens de responsabilité dans la recherche des solutions à apporter aux problèmes posés.
Tout cela suppose de la part de l’intellectuel des qualités d’homme ouvert, patriote
conscient de sa place éminente dans le combat sacré pour la liberté et le développement du
pays. Cela suppose également que la jeunesse congolaise, élite de demain, prenne dès à
présent conscience de ses lourdes responsabilités et participe, dans la discipline, et par
l’accomplissement quotidien de son « devoir d’Etat » (notamment les études), à l’œuvre de la
défense et de la promotion de la patrie.
En tout état de cause, l’intellectuel au sens plein du terme et pas seulement le lettré ou
le diplômé devrait être un homme de vision ou un prophète capable de lire les signes des
temps au lieu de les subir.
E d u c a ti o n à l a c i t o y e n n e t é | 49
L’environnement comprend :
L’écocitoyenneté tire son origine de deux mots, à savoir écologie et citoyenneté. Elle
fait allusion à l’écologie et montre que la citoyenneté s’exerce aussi vis-à-vis de
l’environnement et de la nature. C’est un en fait un concept qui identifie les actions
stratégiques et les comportements individuels et collectifs responsables, indispensables à la
protection, la préservation, la promotion de l’environnement pour un développement durable.
Cela signifie que le citoyen a des devoirs envers la planète sur laquelle il vit et
l’environnement dans lequel il évolue. Ces devoirs sont indispensables car ils sont les garants
du maintien des ressources vitales de la terre. La culture de l’écocitoyenneté part du postulat
que les individus ont les moyens de jouer un rôle déterminant dans la protection de
l’environnement en vue d’un développement répondant aux besoins du présent sans
compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs. Elle signifie donc
pour chaque citoyen de se comporter quotidiennement en acteur de la préservation de
l’environnement en accomplissant des éco-gestes dans la vie de tous les jours pour assurer
ainsi le développement durable.
- l’éducation environnementale ;
- l’éducation à la citoyenneté ;
- la participation des acteurs à la valorisation des composantes de l’environnement ;
- la prise de conscience individuelle et collective sur la nécessité de préserver, protéger
et promouvoir l’environnement.
Celui qui pratique l’écocitoyenneté est un éco-citoyen. Quels sont les actions et
comportements éco-citoyens ?
Estéco-citoyen celui qui trie ses déchets et économise l’énergie, protège la nature,
consomme de façon responsable. Il s’informe sur les bonnes pratiques à accomplir, sensibilise
son entourage aux éco-gestes et essaye de faire évoluer les mentalités et de faire changer le
comportement. En d’autres termes, l’éco-citoyen doit :
- planter des arbres et/ou des fleurs et les entretenir ;
- éviter les gaspillages de bois, d’eau, d’énergie, de consommables divers ;
- enfouir les déchets organiques dans la terre ;
- ne laver ou faire laver nos moyens de déplacement (vélos, motos, voiture) que
si c’est vraiment nécessaire ;
- éviter la coupe anarchique ou abusive du bois, la divagation des animaux et les
feux de brousses ;
- acheter des produits possédant le moins d’emballage plastiques possibles ;
- utiliser dans notre ménage, notre commerce, notre jardin maraîcher, nos
moyens de déplacement, etc., des produits non polluants ;
- produire le moins de déchets possibles ;
- récupérer tous les matériaux recyclables ;
- éviter les rejets de fumées de nos moyens de déplacement ;
- éviter les rejets des huiles de vidanges dans la nature ;
- faire sa cuisine avec des sources d’énergie respectueuses de l’environnement ;
- limiter les déchets que nous jetons dans la nature ;
- disposer de poubelles et y jeter nos déchets ;
- se renseigner sur les moyens les moins nuisant sur l’environnement ;
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- faire attention à l’endroit où nous jetons nos petites ordures (mouchoirs, coques
d’arachides, sachets d’eau, mégots de cigarette, etc.) ;
- montrer aux autres des astuces de récupération de certains déchets ;
- éteindre les lumières, les climatiseurs et les appareils électriques en quittant la
salle ou quand le besoin ne se fait plus sentir ;
- construire et entretenir une latrine ;
- maintenir propre nos concessions et leurs devantures ;
- utiliser le moins de papier et de produits dérivés du caoutchouc ;
- communiquer avec les autres individus et les informer sur les possibilités de
recyclage des déchets.
A dire vrai, l’écocitoyenneté consiste à construire, sur des bases écologiques, des
principes de la citoyenneté. Il s’agit, comme le dit le philosophe allemand Hans Jonas, d’agir
de façon que les effets de son action soient compatibles avec la permanence d’une vie
authentiquement humaine sur terre. C’est ce que le pape François appelle « la sauvegarde de
la maison commune.
Conclusion
Tout au long de ce cours nous avons cherché une seule chose : comment deveniret
vivre comme un bon citoyen, c’est-à-dire un citoyen digne de ce nom ?
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BIBLIOGRAPHIE