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UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI

(UAC)
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FACULTE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
(FASHS)
********
Master Etudes Prospective

Cours : Culture et Développement

Exposé

CORRUPTION ET DEVELOPPEMENT

Membre de l’exposé :
1- N’OUEMOU Amandine
2- DAVI Babylas
3- -KASSA Niminoua
4- SOVOEDA P. Christ-Roi
Bertin
5- GOGOHUNGA Cédric

Responsable du cours
Dr TOGBE Codjo Timothée
Maître-Assistant/CAMES

Année académique : 2023-2024

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Plan

Introduction

I. Clarification des concepts


I.1. Corruption
I.2. Développement
I.3. Prospective
II. Causes de la corruption
III. Influence de la corruption sur le développement
IV. Corruption et développement en prospectives
V. Influence de la culture sur la corruption et le développement

Conclusion

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Introduction

La corruption est un sujet récurrent et en proie à de larges médiatiques, qui


crée quotidiennement des scandales tout autour du monde, provoquant l’indignation des
populations. Si la corruption provoque tant d’agitations, c’est qu’elle renvoie à des
perceptions éthiques et morales uniques à chaque société, qui modifient l’implication des
habitants dans la lutte contre ce phénomène. Mais les dénonciations, les procès, et les
condamnations de la corruption par la société ne reflètent pas sa compréhension. Si au-dehors,
le sujet semble en apparence très simple dans sa logique, ses mécanismes profonds et surtout
le coût que la corruption induit pour les sociétés ne reste que trop méconnus : si la
disparition de fonds par la corruption n’est pas synonyme de destruction de richesses, la
corruption engage en revanche un processus alternatif de redistribution des richesses qui se
fait au détriment des masses, au profit de quelques initiés.

Face à ce constat, la corruption, longtemps considérée comme tabou malgré la


diffusion de théories depuis les années 60, engendre depuis une vingtaine d’année une
préoccupation toute particulière au niveau international. Les années 90 ont marqué un
tournant dans le débat concernant l’explication du développement des pays : à des théories
fondées sur l’organisation politique du pays se sont succédé des études portant sur
l’importance décisive de la gouvernance des institutions et sur la qualité des infrastructures

Avec l’entrée dans le nouveau millénaire, la communauté internationale s’est fixée


en
septembre 2000, 8 objectifs : les Objectifs du millénaire pour le Développement de l’ONU, à
atteindre d’ici 2015. La corruption, de par son caractère omniprésent devient alors l’objet
d’une lutte pour la satisfaction de ces objectifs. Du détournement des aides humanitaires,
comme le scandale du programme de l’ONU « Oïl For Food » en Irak en 1995 par exemple,
aux détournements de fonds handicapant gravement le financement d’activités essentielles
comme l’économie, mais aussi l’éducation, la santé, la justice, et le développement durable, la
corruption est pointée du doigt.
Afin de mieux comprendre le lien entre corruption et développement, il convient
de clarifier les concepts, de montrer les causes de la corruption et son influence au
développement. Aussi, il sera question de montrer le lien qui existe entre la culture, la
corruption et le développement.

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I. Clarification conceptuelle

Corruption

La corruption vient du latin « corrumpere », qui signifie briser complètement, détériorer,


physiquement ou moralement. C’est la perversion ou le détournement d'un processus ou d'une
interaction entre une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur, d'obtenir des
avantages ou des prérogatives particuliers ou, pour le corrompu, d'obtenir une rétribution en
échange de sa bienveillance. Elle conduit en général à l'enrichissement personnel du
corrompu. C'est une pratique qui peut être tenue pour illicite selon le domaine considéré
prenant la forme d’un contrat informel.

De façon générale, la corruption peut se définir comme l'agissement par lequel une personne
investie d'une fonction déterminée, publique ou privée, sollicite ou accepte un don, une offre
ou une promesse en vue d'accomplir, retarder ou omettre d'accomplir un acte entrant, d'une
façon directe ou indirecte, dans le cadre de ses fonctions.

Le groupe multidisciplinaire du Conseil de l’Europe sur la corruption a également sa propre


définition, selon elle, la corruption est une rétribution illicite ou tout autre comportement à
l’égard des personnes investies de responsabilité dans le secteur public ou le secteur privé, qui
contrevient aux devoirs qu’elles ont en vertu de leur statut d’agent d’Etat, d’employé du
secteur privé, d’agent indépendant ou d’un autre rapport de cette nature et qui vise à procurer
des avantages indus de quelque nature qu’ils soient pour eux-mêmes ou pour un tiers. En plus
de cette définition, nous avons une dernière qui tient compte de l’aspect relationnel et qui est
de prime à bord sociologique. Voici ce qu’elle nous apprend : « la corruption est la perversion
ou le détournement d’un processus ou d’une interaction avec une ou plusieurs personnes dans
le dessein, pour le corrupteur d’obtenir des avantages ou des prérogatives particulières ou,
pour le corrompu, d’obtenir une rétribution en échange de sa complaisance. » Selon Jain : « la
corruption est un acte dans lequel le pouvoir public est utilisé à fins personnelles d’une
manière contraire aux règles du jeu ».
Pour Nye (1967) est sans doute la plus citée : « la corruption est le comportement qui s'écarte
des obligations formelles inhérentes à une fonction publique pour en tirer un avantage privé
(personnel, famille proche, clique privée), en termes d'argent ou de statut ; ou qui enfreint des
règles interdisant l'exercice de la Banque mondiale : la corruption est le fait d’utiliser sa
position de responsable d’un service public à son bénéfice personnel. Banque asiatique de
développement : “Tout comportement par lequel les agents du secteur public et privé

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obtiennent un enrichissement impropre et illicite qu’il soit personnel ou à l’avantage de
relations, ou qu’ils le provoquent en profitant de leur position. Les fautes causées par une
mauvaise interprétation ou une incompétence ne relèvent pas de la corruption à moins qu’elles
ne soient motivées par un gain personnel.
Développement
Le « développement » n'est qu'une des formes du changement social et ne peut être
appréhendé isolément. L'analyse des actions de développement et des réactions populaires à
ces actions ne peut être disjointe de l'étude des dynamiques locales, des processus endogènes,
ou des processus « informels » de changement. De même, la socio-anthropologie du
développement est indissociable de la socio-anthropologie du changement social. (J-P. Olivier
de sardan)
Prospective
La prospective est une anticipation pour éclairer l'action présente, c'est-à-dire la décision, à la
lumière des futurs possibles et souhaitables. La prospective s'appuie donc sur les trois temps :
passe, présent et futur, car il s'agit de réfléchir sur le passé pour éclairer les choix du présent et
se préparer à l'action à venir, en faisant un pas de cote qui permet de se poser les bonnes
questions, parfois décaler, pour sortir des visions binaires. L’objectif est de construire le
présent en fonction de l’avenir (et non l’inverse).
Le philosophe Gaston BERGER a défini la prospective « a la française » a la fin des années
50, comme étant une attitude (ou posture) avant d’être une discipline et une méthode.
Il identifiait 5 fondamentaux :
 Voir loin : se tourner vers l’avenir, intégrer les dynamiques du changement et ne pas
être que rrétrospectif *
 Voir large : associer des compétences, responsabilités et points de vue différents –
exercice pluridisciplinaire, à construire en équipe pour mobiliser l’intelligence
collective
 Analyser en profondeur : rechercher les facteurs déterminants, significatifs,
réinterroger le passe *
 Prendre des risques : développer une pensée « libre », non conformiste, qui présente
des paris raisonnes sur l’avenir
 Penser à l’homme : la prospective s’attache à l’homme, aux acteurs car, au bout de
chaque décision, il n’y a non pas un objet, un concept ou un principe, mais un être
humain.

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Michel GODET, économiste, titulaire jusqu’en 2014 de la chaire de prospective stratégique
du CNAM (Conservatoire national des Arts et Métiers) précisait qu’il faut de la rigueur et de
l’imagination, donc mobiliser le cerveau gauche et le cerveau droit, pour développer cette «
indiscipline intellectuelle » (selon Pierre MASSE, commissaire au Plan du General de
Gaulle).
Créée en 1963, la DATAR (Délégation a l'aménagement du territoire et a l'action régionale)
va contribuer à faire évoluer la vision et les méthodes de la prospective et à l’institutionnaliser
a travers l’État planificateur. On ne cherche pas à prédire le futur mais à partager des visions
de l'avenir, des choix souhaitables et des orientations pour le présent. La prospective consiste
à élaborer les évolutions possibles de la question étudiée à travers une réflexion sur les
chaînes de causalités (cause-effet) de différentes possibilités, à imaginer des stratégies
permettant la réalisation des futurs les plus souhaitables, ainsi que le calendrier des actions à
entreprendre. Elle conduit d’abord à élaborer un système global de variables sur lesquelles
fonder le raisonnement
II. Causes de la corruption
Depuis la fin des années quatre-vingt-dix, la Banque a contribué à la réalisation de centaines
de projets dans de nombreux pays et dans toutes sortes de secteurs, afin d’aider ces pays à
lutter contre la corruption. Certains bénéficiaires ont marqué des points dans ce domaine,
d’autres pas. Il en est de même des projets financés par la Banque mondiale pour appuyer les
efforts nationaux de lutte contre la corruption. D’après Mohamed Abdoullah Haïdara la
corruption est engendrée par de nombreux facteurs sociaux :
Nous les classons ici en trois groupes qui sont :
Les facteurs socio-culturels, les facteurs parentaux et amicaux et ceux formels. Les facteurs
socio-culturels sont en fait une perversion du rôle des institutions sociales qui jadis servaient
de régulateurs des relations inter-groupales telles que le cousinage à plaisanterie, les
plaisanteries inter- générationnelles, les classes d’âge ainsi que les pactes liant les différents
groupes ethniques et localités du pays. Ces institutions étaient conçues pour permettre aux
groupes sociaux de vivre en harmonie et en paix et de favoriser le dialogue inter et
intragénérationnel, mais on les a transformées aujourd’hui en instruments de pression morale
ouvrant ainsi la porte à la corruption. Il s’agit donc d’une perversion du rôle de ces
institutions.
Les liens parentaux et amicaux sont des liens qui peuvent facilement jouer le rôle de
catalyseur de la corruption. Ce sont des relations qui se tissent dans le cadre des petits groupes
avec une charge émotionnelle très intense et qui, de ce fait, peuvent drainer les individus dans

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des situations de corruption. D’ailleurs l’une des formes de corruption les plus répandues est
le népotisme qui tire son origine linguistique du mot neveu en latin. Concernant les liens
amicaux, ils sont presque de la même nature sociologique que les relations parentales, c’est-à-
dire qu’ils se passent au sein des groupes restreints comme les ‘grins, des réseaux d’amitié
etc.
Le troisième et dernier facteur est lié aux systèmes d’hiérarchie de nature bureaucratique. Ces
derniers sont des organisations formelles, ce qui veut dire selon R. K. MERTON que, c’est
une structure sociale rationnellement montée avec les normes de conduites clairement définies
et fonctionnellement en rapport avec ses intentions propres. La bureaucratie est du dire de
Salvador GINER Le prototype d’organisation formelle. Son idéal- type présente selon Max
WEBER les caractéristiques suivantes : la rationalité des décisions, l’impersonnalité des
rapports sociaux, la routine des tâches et la centralisation de l’autorité. Il existe cependant de
traits structurels qui sont entre autres :
-des zones fixes et officielles de juridiction pour les membres des institutions
bureaucratiques ;
- un système gradué et hiérarchique d’autorité centralisée ; - un système central de registres ;
- un ensemble de capacités ou de compétences administratives ;
-une activité de l’employé que l’on considère comme officielle, et qui définit rigoureusement
le procédé à suivre dans chaque cas.
Structure sociale et répartition des richesses.
La corruption est plus présente dans les sociétés inégalitaires ou pauvres. Là où la
misère est la plus tenace, la corruption est une solution de survie pour certains travailleurs qui
perçoivent un niveau de salaire très bas. Et parallèlement, ce sont ces mêmes pays où les
droits sont les moins protégés. Il n’est alors pas surprenant qu’il y ait une réponse positive à la
corruption lorsqu’il s’agit de bénéficier de tel ou tel service essentiel, ou encore, de bénéficier
gratuitement d’un service payant à cause de favoritismes ou de pratiques clientélistes, en
particulier entre les « élites ».
La faiblesse du système judiciaire.
Le système judiciaire à un rôle dans la corruption, comme s’y attend Becker (1968).
Le rôle du système légal est très important dans la qualité de la gouvernance et ses
conséquences sur le développement (North 1990, Easterly et Levine 1997). De solides bases
légales avec une bonne protection du droit de propriété et du droit des contrats sont capitales
pour offrir un cadre approprié à l'activité économique, et pour prévenir et punir la corruption.

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L’existence de lois compliquées, ambigües ou inapplicables favorisent également la
corruption.
Le rôle de l’opinion publique.
Tel que l'a dit le Premier Ministre Nehru : « Crier sur les toits que tout le monde est
corrompu crée une atmosphère de corruption. Les gens sentent qu'ils vivent dans un climat de
corruption et le deviennent eux-mêmes. ». Le monde qui entoure l’homme, et notamment la
psyché nationale est un facteur favorisant le phénomène de mimétisme et de prophétie auto-
réalisatrice. Ce fort mimétisme des pratiques de corruption entre individus peut se refléter
également dans le voisinage entre les pays
La démocratie est-elle moins vulnérable?
Selon Charap et Harms 3, la corruption dépend fortement du régime politique du pays.
Ce constat est intuitif : les démocraties seraient potentiellement moins touchées que les
dictatures. Cependant, le problème est plus complexe, et ce postulat a d’abord été démenti par
Rasmusen et Ramsayer en 1994, avec une expérience sur l’achat des votes4. Selon Mo
(2000),
le canal de corruption qui impacte le plus négativement sur la croissance est l'instabilité
politique, à hauteur de 53% : mais il existe des démocraties bien plus instables que certains
régimes autoritaires, avec par exemple l’Inde et Singapour. Enfin, selon, Aidt (2003), le
comportement bienveillant d’un Etat n’est pas nécessairement lié à un enrayement de la
corruption. En effet, s'il est intuitif que des dirigeants malveillants engendrent plus de
corruption, il prouve que dans certaines circonstances, un gouvernement bienveillant ne
luttera pas nécessairement contre la corruption, dans la mesure où son contrôle et sa
répression peuvent engendrer plus de coûts que de bénéfices. Dès lors, le caractère
démocratique ou totalitaire d’un pays est très relatif dans la compréhension du phénomène de
la corruption
III. Influence de la corruption sur le développement
La corruption est un phénomène qui influence le développement et par ricochet empêche
l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD). Elle est maintenue et perpétrée par
les systèmes politiques, les réalités socioculturelles et les logiques d’actions aussi bien
divergentes que contradictoire. Ainsi, une diversité d’auteurs se positionne pour démontrer
comment est-ce que la corruption peut non seulement influencer négativement le
développement mais également intérêts personnels des acteurs impliqués.
Des liens entre Corruption et Gouvernance.

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S’il existe bien un lien unissant la Corruption et la Gouvernance, il faut bien comprendre que
ce sont-là deux notions distinctes. Cependant, le fait de lutter contre la corruption, ne signifie
pas seulement "lutter contre la corruption"
En menant une nouvelle campagne, ou en créant simplement de nouveaux bureaux de lutte
contre la corruption ou en modifiant encore et toujours les textes de loi (lesquels, souvent, ne
sont pas appliqués). Il serait préférable de comprendre la corruption dans le contexte plus
large de la gouvernance. Dans ce contexte, on peut considérer d'autres dimensions
importantes
- Telles que l'Etat de droit, la protection du droit à la propriété, la liberté de la presse, le
combat politique, le financement transparent des campagnes, etc.
- Qui à leur tour affectent la corruption et auxquelles il faut s'attaquer directement. Il est
important de connaître les cadres au sein desquelles les problèmes de gouvernance
s'expriment, et quels sont les principaux facteurs qui expliquent que l'on obtienne des
institutions faibles qui génèrent des situations de corruption, et quels sont les principaux
facteurs politiques et les intérêts particuliers qui contribuent à l'émergence de la corruption
dans un pays. Le rôle des mécanismes de participation électorale, à la disposition des
citoyens, et qui peuvent leur permettre de réduire les cas de corruption, est particulièrement
important dans ce contexte.
 Idéologie et Globalisation : des facteurs influençant la Corruption
Les faits ne confirment pas ces concepts populaires, qui ne sont parfois que des mythes. Rien
ne prouve que la culture influence la corruption ; il n'est donc pas acceptable d'être moins
rigoureux vis-à-vis de la corruption en prenant les facteurs culturels pour prétexte. La
corruption est un cancer, quel que soit l'environnement dans lequel elle se développe; elle
génère des coûts excessivement élevés pour la société en général et les pauvres en particulier.
Des études anthropologiques montrent bien que même des agriculteurs analphabètes vivant
dans des zones rurales sont en mesure de faire la distinction entre un cadeau et un pot-de-vin.
De même, bien que des facteurs historiques puissent expliquer l'évolution de la gouvernance
et des institutions d'un pays, il n'y a là aucun déterminisme ; preuve en est que des pays d'une
même région et ayant des antécédents historiques, culturels et linguistiques très similaires
peuvent évoluer de façon très différente sur le plan du développement institutionnel, de la
gouvernance et de la lutte contre la corruption (D. Kaufmann, 2003).
Moins de prospérité : la corruption freine la croissance économique, nuit à l’état de droit et
entraîne un gaspillage de compétences et de précieuses ressources. Lorsque la corruption est
omniprésente, les entreprises hésitent à investir face au coût nettement plus élevé de l’activité

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économique. Dans les pays corrompus qui possèdent d’abondantes ressources naturelles, la
population bénéficie rarement de ces richesses. La corruption fragilise également les
structures de sûreté et de sécurité telles que les services de police. Elle empêche les
populations, les pays et les entreprises de réaliser leur potentiel.
Moins de respect des droits : la corruption met en péril la démocratie, la gouvernance et les
droits de l’homme en affaiblissant les institutions publiques sur lesquelles se fondent les
sociétés justes et équitables. Les peuples autochtones et les femmes sont particulièrement
exposés à la corruption. En raison de leur exclusion géographique et sociale et de
l’impossibilité dans laquelle ils se trouvent d’accéder à la protection juridique dont
bénéficient d’autres membres de la société, leurs droits économiques, sociaux et culturels sont
menacés par la corruption
Moins de services : la corruption détourne des fonds destinés aux services essentiels que sont
notamment les soins de santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable, l’assainissement et le
logement. La corruption des fonctionnaires constitue une entrave majeure à la capacité du
gouvernement à satisfaire les besoins fondamentaux des citoyens. Dans les pays où l’aide
internationale est censée améliorer la qualité de vie, la corruption fait barrage aux efforts de la
communauté internationale et met en péril de futurs financements, l’éducation, l’accès à l’eau
potable, l’assainissement et le logement.
Moins d’emplois : lorsque l’attribution des postes ne relève pas du mérite mais du népotisme,
ce sont des perspectives qui se ferment. Pour les pauvres, les femmes et les minorités, la
corruption se traduit souvent par un accès encore plus restreint à l’emploi. En outre, du fait
qu’elle décourage les investissements étrangers, elle limite la création d’emplois. De ce fait,
deux auteurs ont décrit des exemples tendant à prouver l'efficacité de la corruption. Les
arguments en faveur de la corruption sont les suivants :
- La corruption peut corriger les erreurs d’un gouvernement
- La corruption peut accélérer les prises de décision
- La corruption lutte contre le problème de sélection adverse
- La corruption peut racheter des décisions jugées injustes
- La corruption incite l’Etat à centraliser ses activités, gagnant en clarté

La corruption reste un frein au développement. Concernant l'argument de l'accélération des


administrations, nous avons affaire à de nombreuses limites. Dans l’ouvrage « l’Afrique
malade d'elle-même », Tidiane Diakite déclare : « L'administration n'est pas un outil de

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développement en Afrique, c'est au contraire un énorme gouffre qui engloutit des sommes
énormes quotidiennement et sans le moindre apport ».

D'une part, l'effet positif de la corruption sur la lenteur des administrations repose
sur l'hypothèse qu'un employé puisse avoir un impact réel sur un processus, ce qui n'est pas
toujours le cas. D'autre part, l'accélération supposée du processus peut selon Jain (2001)
impliquer plus d'erreurs, en d'autres termes, à vouloir faire plus, on fait moins bien. Enfin,
Myrdal (1968) et Banerjee (1994), poussent la logique de la corruption à son maximum : Si
un fonctionnaire peut être incité à travailler plus vite ou mieux en présence de pots-de-vin, il
peut s'y habituer et créer de lui-même des retards en réduisant son efficacité, afin de pouvoir
extorquer systématiquement une rente

IV. Corruption et développement en prospectives


La corruption est certes un obstacle majeur au développement économique et
social et à l’objectif mondial d’élimination de la pauvreté d’ici 2030, mais nous
savons que nous pouvons et devons faire bien plus pour la combattre. La corruption veut tout
simplement dire « voler les pauvres ». Elle entrave doublement la croissance et la prospérité
— non seulement dans l’acte de détourner les ressources des fins auxquelles elles étaient
destinées, mais par les effets à long terme de services qui ne sont pas fournis : des
vaccins qui ne sont pas reçus, des fournitures scolaires qui ne sont pas livrées, des routes qui
ne seront jamais construites. Il est temps à présent d’aller plus loin. Il faut inciter les
autorités, la société civile, le secteur privé et les organisations internationales s’engager sur un
nouveau programme qui s’inspire des appels à la transparence et à la responsabilité émanant
des citoyens, et qui s’appuie surtout les partenaires et les outils disponibles.
Premièrement, nous devons continuer à militer pour un surcroît d’information et de
transparence dans la gestion des fonds publics. Concernant la transparence radicale, il n’y
aura pas de régression. Nous devons faire en sorte qu’un surcroît de transparence favorise la
prévention et la divulgation d’actes de corruption dans les prochaines années. Pour l’avenir,
nous sommes disposés à soutenir de nouveaux accords internationaux qui permettront
d’établir des normes et des systèmes qui renforcent le partage d’informations entre les pays
afin d’empêcher la circulation illicite des fonds.
Deuxièmement, nous devons faire appel à l’innovation et à la technologie pour susciter le
changement partout dans le monde. La technologie peut nous aider à améliorer la prestation
des services et mieux surveiller la façon dont les ressources sont utilisées. L’instauration de
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cartes à puces en Inde sur la base de paramètres biométriques s’est traduite par une diminution
des montants détournés des fins auxquelles ils étaient destinés les montants que percevaient
les titulaires desdites cartes dans le cadre d’un programme d’emplois publics étaient
supérieurs de 35 % à ceux perçus par des bénéficiaires d’autres programmes, et leurs
paiements arrivaient 30 % plus vite. À Mindanao, aux Philippines, le suivi géo spatial et la
photographie numérique ont participé à la construction de routes dans les délais requis dans
des zones en proie à des conflits.
Troisièmement, nous devons redoubler d’efforts pour associer les populations et le secteur
privé. Alors que l’information devient plus accessible, il est inquiétant que l’espace réservé
aux citoyens et aux organisations non-étatiques pour exprimer leur désaccord rétrécisse le
plus souvent. Le décès d’activistes comme Berta Caceres, Nelson Garcia et bien d’autres au
Honduras a eu un effet dissuasif sur la mobilisation en faveur de la responsabilisation. Nous
devons tout mettre en œuvre pour protéger les défenseurs de la transparence.
Et enfin, nous savons que pour être efficaces, les initiatives de lutte contre la corruption
doivent s’appuyer sur une large coalition de personnalités de haut rang qui travaillent de
concert, aussi bien à l’intérieur qu’en dehors de l’administration. Alors que le dialogue
mondial sur la corruption se concentre souvent sur la situation dans le monde en
développement, les évènements récents mettent en lumière des politiques publiques et des
pratiques qui favorisent la corruption dans les pays développés. Des études montrent que des
avoirs acquis de façon illicite sont souvent mis à l’abri dans des pays développés, ce qui
appauvrit davantage les pays en développement. Etablir le lien entre la corruption, le
développement et la prospective revient à prendre en compte tous les aspects de la vie sociale
pour montrer en quoi la prospective pourrait être un outil important de lutte contre la
corruption et favorisant ainsi le développement durable des pays.
V. Influence de la culture sur la corruption
La culture de par son rôle éducatif, de socialisation et d’intégration, constitue une composante
essentielle dans la promotion et la lutte contre la corruption. A cet effet, elle module les
individues dans des réalités sociales et politiques tout en prenant en compte les contextes.
Les particularismes culturels et historiques.
Ces facteurs sont difficilement quantifiables, mais leur importance est significative.
La corruption se caractérise par un effet d’hystérèse très important. Cette théorie est
avancée notamment par Tirole (1996), selon qui la persistance de la corruption peut être due à
l'accumulation de la mauvaise réputation des générations passées, et l’on hérite du
comportement de ses prédécesseurs. La corruption engendre la corruption : il est plus difficile

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d'assigner en justice un agent corrompu dans une société corrompue (Lui 1986, Cadot 1987,
Andvig et Moene 1990).
Différences ethniques, culturelles et religieuses.
Le rôle des traditions et des religions dans la compréhension de la corruption à été
exploré par Treisman (2000) qui conclut que le protestantisme a un effet négatif (bien que
moindre) sur la corruption. Dans la mesure où les religions façonnent les attitudes sociales
envers les valeurs familiales, de hiérarchie sociale, elles peuvent déterminer la tolérance des
pratiques de corruption. Certaines religions illustrent historiquement des pratiques de
corruption, citons par exemple les ventes des « indulgences » au XVIème siècle, qui étaient
supposées pardonner les pêchés, pratique largement dénoncée par Martin Luther. Il est
d’ailleurs amusant de citer Friedrich Nietzsche qui disait « le christianisme et l'alcool, les
deux plus grands agents de corruption. ». La religion peut également selon La Porta (1999)
avoir un impact sur la qualité du système légal : les pays majoritairement catholiques ou
musulmans ont une qualité de gouvernance réduite, et une tendance a moins remettre en cause
l’ordre établi, contrairement à des religions plus égalitaires ou individualistes ce qui par
extension, peut entrainer la corruption

Conclusion
La notion de corruption quelle que soit la définition disciplinaire (juridique, économique etc.),
montre une évidence, c’est qu’elle est un phénomène qui touche les relations sociales de
manière négative. Cette négativité consiste en une perversion ou une altération de ces
relations par l’agent qui abuse de sa position sociale ou par l’action d’une tierce personne qui
contraint moralement, financièrement et socialement l’agent à adopter un comportement lui
proférant des avantages sociaux. Dans cette relation sont engagés une personne ou un groupe
de personnes qui sert de corrupteurs envers un second groupe qui devient corrompu par
l’action du premier groupe. La relation se réalise par l’octroi d’un objet (en nature ou en
matériel), ou la mise en avant d’une quelconque relation sociale de la part du premier groupe

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vis-à-vis du second afin d’obtenir la faveur réclamée. On peut schématiser la relation comme
suit : Corrupteur → objet de corruption (relation sociale spécifique ou service) →
corrompu → faveur.
Ce schéma montre le processus de transformation des relations interindividuelles ou inter-
groupales en relations de profit pour les corrupteurs et les corrompus. Cette transformation est
en fait une rupture des relations sociales habituelles en relations dénaturées. Ceci rejoint
l’étymologie latine du mot corruption ‘rumpere’ qui signifie rompre, casser (Elaine BYRNE :
2009, 5). La corruption est le principal obstacle au développement économique et social dans
le monde. La corruption freine la croissance économique, nuit à l’état de droit et entraîne un
gaspillage de compétences et de précieuses ressources. Lorsque la corruption est
omniprésente, les entreprises hésitent à investir face au coût nettement plus élevé de l’activité
économique. Dans les pays corrompus qui possèdent d’abondantes ressources naturelles, la
population bénéficie rarement de ces richesses. La corruption fragilise également les
structures de sûreté et de sécurité telles que les services de police. Enfin, elle empêche les
populations, les pays et les entreprises de réaliser leur potentiel.

Références bibliographie
 Daniel Kaufmann, (2003) La Lutte contre la Corruption dans une Perspective globale
de Développement et de Gouvernance ; Quelques Leçons tirées d’Expériences vécues.
 Président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim Sommet sur la lutte contre
la corruption 2016 Londres, S’attaquer à la corruption pour créer un monde plus juste
et prospère12 mai 2016 Royaume-Uni
 LENGLET Roger, professeur corrupteur,éd,Gawsevitch,2007 MERTON Robert King,
social the or y and social structure, New York, Free Press, 1967

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