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Module sur la citoyenneté

Plan du cours

I. Historique de la notion de citoyenneté

II. Définition et rôle du citoyen

III. Les valeurs attachées à la citoyenneté

IV. La citoyenneté en crise : La perte des valeurs citoyennes et morales au Sénégal

V. La restauration des valeurs citoyennes et morales : les parties prenantes

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I. Historique de la notion de citoyenneté
La citoyenneté1 prend sa source dans l’Antiquité. Le mot "citoyen" vient du latin civis
(celui qui a droit de cité), mais la qualité de citoyen est une invention des cités grecques. Ceux
qui en disposent ont ainsi le droit de participer à la gestion des affaires publiques. Son
principe essentiel pose que tous les citoyens sont égaux devant la loi (en grec, isonomia) et
interviennent donc, de manière égale, à la prise de décision politique. Les citoyens peuvent se
réunir dans un lieu unique afin de débattre des grandes questions intéressant la cité (guerres,
traités de commerce, élections à divers postes…). Mais la citoyenneté antique ne concerne
qu’une petite minorité. Ainsi, par exemple à Athènes, seuls 10% des habitants ont la qualité
de citoyens. Ce sont tous des hommes libres. Les femmes, les esclaves et les "métèques",
c’est-à-dire les étrangers, en sont exclus.

Au Sénégal, dans le contexte colonial qui l’a vue naître au milieu du 19e siècle, elle
n’a d’abord été exercée dans les rares établissements français du Sénégal que par quelques
milliers d’habitants. Elle sera ensuite juridiquement consolidée au début du 20e siècle dans les
quatre communes de plein exercice (Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar) avant d’être
étendue à tous les ressortissants de la colonie en 1946. À l’indépendance du pays, les
Sénégalais vont enfin se la réapproprier non pas pour la déconstruire, mais plutôt, semble-t-il,
pour l’adapter à l’évolution de la communauté politique.

II. Définition et rôle du citoyen

Le Citoyen est une personne qui jouit des droits civils et politiques dans l’État dont il a
la nationalité2 et qui a des devoirs envers cet État 3. En effet, Cela ne suffit pas de définir le
citoyen uniquement par ses droits politiques, encore faut-il qu’il soit en mesure de les exercer,
sinon la citoyenneté devient une forme vide. Pour être un citoyen, il ne suffit pas d’être le
détenteur de droits « théoriques », lorsqu’on n’est pas en mesure d’en jouir concrètement.

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La citoyenneté est l'état ou la qualité de citoyen. Elle permet à un individu d'être reconnu comme membre d'une
société, d'une cité dans l'Antiquité, ou d'un Etat aujourd'hui, et de participer à la vie politique

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La nationalité est donc une condition nécessaire de la citoyenneté. Est-elle pour autant une condition
suffisante ? Tous les nationaux ne sont pas citoyens. Comme nous l’avons vu le malade mental ou le fou ne peut
pas être citoyens, même s’ils sont nationaux

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Pour être citoyen au Sénégal il faut : Avoir la nationalité senegalaise ; Etre âgé de 18 ans ; Jouir de ses droits
civils et politiques en particulier le droit de vote.

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Dans ce cadre, la liberté et l’égalité semblent être des conditions nécessaires à l’existence du
citoyen (les esclaves ne peuvent pas être citoyens).

Un citoyen peut choisir de participer (citoyen actif) ou non (citoyen passif) à la vie
publique. Toutefois, un citoyen actif a un rôle essentiel à jouer, qui prend tout son sens avec
l’exercice du droit de vote. C’est à ce moment que le citoyen apporte sa contribution majeure
à la société. En votant, mais aussi en se faisant élire, il fait valoir son point de vue, change ou
confirme les gouvernants, ou encore (dans le cadre du référendum) décide des grandes
orientations de la politique nationale. Mais, en dehors des élections, les citoyens peuvent
également, de façon quotidienne, jouer un rôle important dans la société.

Par ailleurs, le citoyen doit apporter sa contribution et être active dans le


fonctionnement de la société. Les citoyens bénéficient de certains services publics ou privés
(école, hôpitaux, transports, etc.) ou d'infrastructures (routes, réseau d'eau ou d'électricité,
etc.). Ces activités ou constructions sont souvent organisées par l'Etat. Mais la population
aussi doit mettre en œuvre certaines activités, participé à leur gestion financière et leur
exploitation quotidienne. L’Etat ne peut pas tout faire. Il ne peut pas tout décider, tout
financer et tout gérer. Il a son rôle à jouer et doit l'assumer. Mais il ne peut pas assurer
l'ensemble des besoins de la population. Ce n'est pas possible et ce n'est pas souhaitable non
plus. Les citoyens doivent jouer un rôle actif dans la société. Les projets où la participation de
la communauté est forte, présentent beaucoup d'avantages. En effet, ces projets sont moins
coûteux, donc plus faciles à mettre en œuvre et ils répondent mieux aux besoins de la
population. Ils permettent de valoriser et responsabiliser les individus. La Civilisation
Nouvelle privilégie donc les projets collectifs.

III. Les valeurs attachées à la citoyenneté

Outre un statut juridique et des rôles sociaux, la citoyenneté se définit aussi par des valeurs.
En effet, une valeur c’est une qualité, un principe de vie, une manière d’être et d’agir que la
société reconnaît comme importante et qui rend le citoyen digne d’intérêt, d’estime, et
d’admiration dans son entourage. On peut en évoquer au moins trois, qui lui sont
traditionnellement attachées :

1. La civilité : il s’agit d’une attitude de respect, à la fois à l’égard des autres citoyens (ex. :
politesse), mais aussi envers les divers bâtiments et lieux de l’espace public (ex. : transports
publics). C’est une reconnaissance mutuelle et tolérante des individus entre eux, au nom du

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respect de la dignité de la personne humaine, qui permet une plus grande harmonie dans la
société ;

2. Le civisme : il consiste, à titre individuel, à respecter et à faire respecter les lois et les
règles en vigueur, mais aussi à avoir conscience de ses devoirs envers la société. De façon
plus générale, le civisme est lié à un comportement actif du citoyen dans la vie quotidienne et
publique, qui le conduit à agir pour que l’intérêt général l’emporte sur les intérêts
particuliers ;

3. La solidarité : dès lors que les citoyens, dans une conception classique, ne sont pas de
simples individus juxtaposés, mais un ensemble d’hommes et de femmes attachés à un projet
commun, la solidarité s’impose. Elle correspond à une attitude d’ouverture à autrui, illustrant
le principe républicain de fraternité. Dans ces conditions, la solidarité, qui consiste à venir en
aide aux plus démunis, directement ou par le biais des politiques publiques (ex. : impôt
redistributif), est très directement liée à la notion de citoyenneté

IV. La citoyenneté en crise : La perte des valeurs citoyennes et morales au Sénégal

S’il était jadis réputé être une terre de valeurs ancestrales, longtemps incarnées par des
générations d’hommes et de femmes issus de toutes les contrées de la nation et qui
s’identifiaient dans tous les secteurs de la vie (social, économique, culturel et cultuel,
politique …), le Sénégal est devenu aujourd’hui un terroir de prédilection des antivaleurs.
Terre d’illustres et dignes fils qui toute leur vie durant ont œuvré pour l’incarnation des
valeurs (bravoure, solidarité, dignité, discrétion, respect de soi et d’autrui, rigueur, etc.) qui
devraient être le ciment de notre cohésion sociale et le socle de notre développement
économique, le Sénégal s’en retrouve dépouillé de sa carapace qui le protégeait de toute
attaque ou agression déstabilisatrice. Espace d’éclosion intellectuelle, de démocratie et de
construction d’une citoyenneté active mais fortement ancrée aux us et coutumes léguées par
les anciens, ayant produit d’éminents hommes politiques, de science et de lettres, notre pays
croule impitoyablement sous le poids de la lâcheté, de la calomnie, de la médisance, de la
méchanceté et des coups bas, de l’hypocrisie et de la tricherie,…

En effet, les sénégalais s’expriment : la crise économique n’est pas le pire des maux dont
souffre le pays. L’ennemi public numéro un de notre cher Sénégal, c’est la Crise des valeurs.
Malheureusement lorsque des contre-valeurs jadis jugées comme des tares sont aujourd’hui

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érigées en principe (indiscipline et incivilité, sexualité précoce, manque de probité morale et
d’éthique, culte de l’amateurisme et de la médiocrité, dépravation des traditions,
occidentalisation de la société, crise de l’autorité, perte de l’unité familiale, développement
des tendances égoïstes et de l’esprit calculateur, etc.)

Par ailleurs, au Sénégal, les comportements, les faits et gestes de tous les jours sont largement
révélateurs d’une indiscipline et d’une incivilité caractérisée.
La triste vérité ressort d’un bref clin d’œil sur l’environnement immédiat (services publics,
hôpitaux, transports en commun, voies publiques, voisinage, etc.)
Combien de fois, en une seule journée, voit-on un chauffeur de transport en commun ou de
taxi forcer un feu tricolore, ou s’adonner à une course à la mort ? Craignant plus d’être arrêté
par un agent de la circulation et de perdre la clientèle, que de passer sur un piéton. Malgré le
désastre du bateau « Le Joola » dont le naufrage est commémoré chaque année, les
surcharges dans les « cars-rapides » et « Ndiaga Ndiaye » restent le maître mot, avec la
complicité des usagers eux-mêmes. Aucune règle, aucune directive, à part celles de l’apprenti
ou du chauffeur, n’est respectée. Chacun n’en fait qu’à sa tête et se suffit à lui-même, ignorant
volontairement le danger que constitue le tombeau roulant dans lequel il s’engouffre au
quotidien.
Ne font-ils pas des actes d’irresponsabilité et d’irréflexion ces piétons qui, faisant fi des
passerelles et autres passages protégés, mettent leur vie en péril ainsi que celle des autres ?

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Autant de fois, voit-on des vieilles personnes, jeunes et adultes satisfaire leurs besoins
naturels aux rebords des clôtures de maisons, de stades, d’usines, de sentiers, etc.Y’en a marre
de ces rappeurs sénégalais qui, dans leurs clips et textes, confondent Femme et débauche.
L’ATS (Ancien Type de Sénégalais) respectait, valorisait, protégeait la femme. Qu’en est-il
de ces étudiants et autres jeunes qui incendient ou caillassent des bus et biens d’autrui, alors
qu’ils sont censés être le « Sénégal de Demain » ?
Au sein des hôpitaux, négligence et insolence du personnel semblent constituer la règle.
Les formules de politesse (Bonjour, Pardon, Merci, S’il vous plaît), sont en voie de
disparition.
Les cours d’éducations civique et morale, s’ils sont toujours enseignés à l’école, qui
permettaient à l’enfant d’intégrer certaines notions de civisme, et de discipline ne servent plus
à grand-chose. Le déclin de la traditionnelle « éducation collective», le débat sur la
« correction ou non » de l’enfant, la fuite de responsabilité des parents constituent le faisceau
d’indices expliquant l’absence d’un « Code moral » pour jeunes et adultes d’aujourd’hui.

V. La restauration des valeurs citoyennes et morales : les parties prenantes

1. Famille

la cellule familiale est le lieu par excellence où l’enfant, dès son plus jeune âge, apprend à
assimiler les règles de vie en société.En effet, l’individu se trouve confronté dans la famille, à
un ensemble de mécanismes d’apprentissage social par lesquels il acquiert des connaissances,
des rôles, des devoirs et intériorise des valeurs, des normes, des représentations et des
pratiques responsables à travers l’éducation familiale. La famille étant la cellule de base de
l’apprentissage des vertus sociales, il revient ainsi aux parents d’assumer ce devoir de
communication envers leurs enfants

2. Ecole

Aujourd’hui, compte tenu des défis majeurs ou des ambitions qui nous interpellent, l’école ne
peut plus se permettre d’ignorer la formation des citoyens. C’est une exigence même pour elle
de former des citoyens, afin de mettre à la disposition de la société des hommes responsables
suffisamment éclairés pour assurer le développement du pays. L’école doit cesser de se
considérer comme un lieu de transmission de connaissances générales et techniques pour

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demeurer un lieu où «savoirs et pratiques s’entrecroisent pour former des citoyens informés et
actifs, conscients et responsables, critiques et mesurés, tolérants et ouverts».

3. Etat

Face à la crise des valeurs, à l’incivisme et à l’indiscipline qui touchent toutes les couches de
la population, il est urgent, d’intervenir, tant le mal semble s’agglutiner dans la vie des
sénégalais et présente un coût économique, social et moral important pour le pays. En réponse
à cette situation, l’Etat doit réagir en quoi faisant :

• Renforcer le tissu social


• Encadrer la punition à l’école en formant les enseignants sur les mesures alternatives
de correction ou de rappel à l’ordre.
• Insérer l’éducation citoyenne dans les programmes de formation;
• Mettre en place une charte du civisme qui se fixera comme objectif : d’inculquer et
développer les valeurs civiques et républicaines dans le cœur et l’esprit des citoyens
qui les conduiront à s’engager et participer activement à la préservation des valeurs et
biens communs

4. Médias

Ensuite, les medias eux aussi doivent participer à l’éducation à la citoyenneté des jeunes à
travers des écrits et des émissions. Ils constituent un tremplin à partir des acteurs qui les
animent pour développer la réflexion et favoriser l’évolution des mentalités et des
représentations.Les médias aussi constituent des canaux privilégiés pour divulguer des
informations qui contribuent à la prise de conscience et à un changement positif de
comportement des citoyens.

Au delà des médias, c’est la sociéte civile dans son ensemble qui doit jouer pleinement sa
partition. Il s’agit notamment des Organisations non gouvernementales (ONG), les
organisations de défense des droits humains, les syndicats, les associations professionnelles,
les groupes de femmes, les communautés religieuses et les autorités coutumières, les organes
de presse et les médias privés.

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5. Les partis politiques

Il est assigné aux instances politiques une responsabilité en ce qui concerne la formation
civique et politique des citoyens.Cette éducation civique et politique aide à approfondir les
rouages de la vie nationale et permet aux jeunes d’exercer pleinement leur citoyenneté.

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