Vous êtes sur la page 1sur 10

L’ÉDUCATION ENTRE CULTURE SCIENTIFIQUE

ET ENSEIGNEMENT MORAL
KOFFI Lopez Emmanuel Oscar /Maître-Assistant
École Normale Supérieure d’Abidjan
koffilopez@live.fr

INTRODUCTION

L’éducation est l’une des activités les plus essentielles de toute société humaine.
Aujourd’hui, avec la crise des valeurs et le regain des tensions dans le monde, la question de
son fondement se pose : quel devrait-être le socle de toute pratique éducative ? Dans cette
interrogation, se joue en réalité le débat sur les principes au cœur de l’action éducative : la
science, la culture et les valeurs. Le monde moderne étant un monde de science et de
technique, que doit être l’éducation dans un tel espace ? Comment fonder un enseignement
moral sur la culture scientifique ? L’éducation peut-elle se passer de l’éthique ? Comment
dans un environnement marqué par le culte de la technocratie est-il possible d’allier la
science, la culture et les valeurs au fondement de la dignité humaine ?

I- SENS ET SIGNIFICATION DU CONCEPT D’ÉDUCATION

L’éducation peut être perçue comme une transmission de compétences, de


comportements et de valeurs. Si la compétence renvoie à l’idée de capacité, alors définir
l’éducation comme une acquisition d’aptitude, c’est l’assimiler à l’instruction, à la formation
et à l’enseignement. L’instruction est une action visant à faire de l’individu un être habile,
savant et cultivé. Avec la formation, il est question de créer en donnant l’être et la forme. Il
s’agit de façonner en redonnant une apparence, un statut. Quant à l’enseignement, il signifie
mettre une marque, faire reconnaître, distinguer. L’enseignement est le processus qui conduit
à l’obtention de connaissance de nature à distinguer le permis de l’interdit, le bien du mal.

La représentation de l’éducation comme transfert de compétence s’observe chez de


nombreux philosophes. Platon (1966) estime que l’action éducative est une activité
incontournable parce qu’elle participe à la formation des dirigeants de la cité : Gardiens,
Juges, Magistrats, Philosophe-Roi. Il définit l’éducation comme la plus haute activité
formatrice du citoyen. Rousseau (1964) la conçoit de la même manière : « On façonne les
plantes par la culture et les hommes par l’éducation ». L’éducation est le processus qui
conduit à la transformation des traits de caractères de l’individu, pour en faire un être utile à
la société. Chez Kant (1992) on retrouve la conception de l’éducation comme instruction.
L’être humain, contrairement aux animaux qui dès leur naissance ont la possibilité d’user de
toutes leurs facultés pour survivre, n’en ait pas capable. Il a besoin, pour y parvenir, d’être
instruit. Arendt (1972) assimile l’éducation à l’enseignement : « On ne peut éduquer sans en
même temps enseigner ». L’éducation s’identifie, chez elle, à l’enseignement. Toutefois,
précise-t-elle, il est possible d’enseigner sans éduquer et l’enseignement sans éducation est
dangereux, puisqu’il dégénère en une rhétorique émotionnelle et sans valeurs.

D’un autre point de vue, l’éducation peut être saisie comme l’ensemble du processus qui
octroie aux jeunes générations des connaissances ou types de comportements déterminés.
L’éducation est ainsi un procédé d’acquisition de comportement. Le comportement se définit
comme un ensemble de réactions observables chez un individu ou un groupe social. Il
désigne la manière de se conduire face à une situation et renvoie aux habitudes propres à tout
être humain. L’éducation se définit comme une transmission de comportement parce que sa
mission essentielle est de faire acquérir des règles de conduites propres à une société.

La question qui se pose est la suivante : quel type de comportement l’éducation est-elle en
droit de transmettre ? Kant (1992) répond à cette interrogation, en arguant qu’il est de son
devoir de conférer à l’individu un comportement empreint d'humanisme. L’éducation, est le
processus permettant à l’homme de passer de la nature à la culture, de la barbarie à la
civilisation, de l’animalité à l’humanité. Cette perception n’est pas différente de celle de
Durkheim (1966) : « L’éducation a pour objet de superposer, à l’être individuel et asocial que
nous sommes en naissant un être entièrement nouveau. Elle doit nous amener à dépasser
notre nature animale ». Le travail de l’éducation permet à l’homme d’échapper à sa nature
animale et de libérer les sociétés de l’emprise de la coutume propre à l’état de sauvagerie.

En somme, il est de la nature de l’éducation de conférer des comportements empreints


d’humanisme ; et c’est pourquoi O. Reboul (2001) l’entrevoit comme « l’ensemble des
processus et des procédés qui permettent à tout enfant d’accéder progressivement à la culture,
l’accès à la culture étant ce qui différencie l’homme de l’animal ». Sous un autre aspect,
l’éducation peut être perçue comme une transmission de comportement civique. À ce propos,
Blais (2002) se pose la question suivante : De quoi est-il question lorsqu’il s’agit d’éduquer ?
S’agit-il de former à la civilité, d’introduire à la socialité ou d’élever à la moralité ? Après
réflexion, elle se rend compte qu'il est question d’un peu de tout cela à la fois, d’évidence,
dans une configuration qu’on ne connaissait pas. L’éducation se définit comme un processus
d’acquisition de comportement civique parce qu’elle a partie liée avec les notions de justice,
de tolérance, de solidarité, de non-violence, d’altruisme, de démocratie, de culture commune,
de respect de l’autre. Elle s’oppose aux pratiques de nature à fragiliser le lien social :
extrémisme, xénophobie, racisme, violence, égoïsme, individualisme, ingratitude.
L’éducation se présente comme une diffusion de normes et valeurs indispensables à la vie en
société. La valeur se définit comme le caractère de ce qui a du prix, et qui par conséquent, fait
l’objet d’une grande considération. Pour Forquin (1994), elle est la qualité de ce qui est
appréciée. Elle est tout ce qui rend une personne digne d’estime ; elle renvoie à l’idée
d’excellence, de positivité. Ce n’est donc pas sans raison qu’elle est assimilée au bien, à la
vertu. La définition de l’éducation comme valeur s’observe chez Plutarque (1870) : « une
bonne éducation est la source de toutes les vertus ». Dans cette assertion se trouve exprimée
le caractère de l’éducation comme développement des valeurs sociales.

La vie en société est faite de règle. La dignité de l’homme réside dans sa capacité à se
conformer aux lois de la nature. L’indépendance à l’égard de la loi est sauvagerie, tandis que
la discipline soumet l’homme aux exigences de l’humanité et lui fait sentir le poids de celles-
ci. L’éducation peut être également perçue comme une source des valeurs de progrès : « La
bonne éducation de la jeunesse est le garant le plus sûr de la prospérité de l’État ».
L’éducation est le moteur du progrès social. On comprend avec Touraine (1995) que le
changement « n’est pas l’œuvre d’un despote éclairé, d’une révolution populaire ou de la
volonté d’un groupe de dirigeant ; mais bien l’œuvre de la Raison elle-même et donc surtout
de la science, de la technologie et de l’éducation ». Dewey (1958) voit en l’éducation le
moteur du progrès de la société : l’éducation est un progrès social ; elle n’est pas une
préparation à la vie, mais elle est la vie elle-même. Cette idée résume pour l’essentiel toutes
ces définitions, car en fin de compte, il s’agit avec l’éducation de « préparer chacun à vivre
pour autrui afin de revivre dans autrui ». (A. Comte, 1928).

II- L’ÉDUCATION ET LA CULTURE SCIENTIFIQUE

Antoine Furetière (1978) entrevoie l’éducation comme le soin qu’on prend d’élever les
enfants et de cultiver leur esprit pour la science. L’éducation, au regard de cette idée, a la
culture scientifique pour mission. La culture désigne tout ce que l’on acquiert par expérience.
Elle renvoie à l’ensemble des traditions, des valeurs, des techniques et institutions propres à
une société. Elle est selon M. Blais (2002), « ce par quoi l’existence humaine s’élève de la
pure animalité, et au-dessus de la simple nature ». La culture est aussi cet ensemble complexe
de formes symboliques que toutes les sociétés élaborent pour comprendre et aménager le
monde commun. Pour E. Tylor (1871), « la culture désigne ce tout complexe comprenant les
sciences, les croyances, les arts, la morale, les lois, les coutumes et autres facultés et
habitudes acquises par l’homme à l’état social ». La culture représente tout ce que nous
n’avons pas à la naissance et qui nous ai donné par l’expérience. Elle est ce qui reste
lorsqu’on a tout perdu. Du latin sciencia de scire qui signifie savoir, la science, se définit
comme toute connaissance rationnelle établie à partir de l’observation, de l’expérimentation
et du raisonnement. Elle est un ensemble cohérent de connaissances relatives à certaines
catégories de faits, d’objets ou de phénomènes obéissants à des lois et vérifiées par une
méthode expérimentale. Elle se présente comme un domaine de la connaissance présentant
les caractères de rigueur, d’exigence et d’objectivité.

Chez Platon, la science se définit en opposition à la sensation, puisqu’elle est changeante


et illusoire. Pour Aristote, elle est la connaissance démonstrative des causes. De ce fait, elle
est nécessaire et universelle. Kant refuse de définir la science uniquement par la méthode.
Pour lui, il n’y a de science que de ce qui peut faire l’objet de l’expérience partagée par les
hommes. Pour Popper, la science suppose le rapport à un objet interne. Ce rapport est
primordial, car il distingue la science de ce qui ne l’est pas. Du point de vue de Bernard,
parler de science nécessite trois étapes nécessaires : la formulation d’une théorie, la
construction d’une hypothèse et les moyens techniques permettant de la corroborer ou de la
réfuter.

En somme, la science apparaît comme un ensemble de connaissances, de concepts, de


protocoles expérimentaux, de savoir-faire et techniques qui permettent de produire des
connaissances universelles. Quelle signification pourrait avoir l’expression culture
scientifique ? Et quelle relation serait-il possible d’établir entre l’éducation et la culture
scientifique ? Parler de culture scientifique, c’est faire allusion aux connaissances en rapport
à la science et la culture. La culture scientifique serait ainsi l’opposé parfait de la mythologie
ou même de la révélation. Elle renverrait au culte de la rationalité technoscientifique. Avec
elle, l’homme a recours pour l’explication des faits, non pas au hasard ou à nécessité ; mais
bien plutôt à la logique mathématique, aux jeux des causes et des effets. Dans la culture
scientifique, se trouve posé le principe suivant lequel le plus grand livre de la nature est écrit
en langage mathématique. Tout est nombre. La compréhension du monde est possible à
l’esprit humain, puisqu’ il est organisé suivant des principes mécanicistes. Le secret n’existe
plus dans la mesure où tout ce qui a une existence peut faire l’objet de connaissances à
travers l’usage de la Raison. On en arrive à la contestation des forces obscures qui guideraient
le monde et commanderaient aux hommes leur action. Il n’est plus besoin d’avoir recours à
une quelconque mythologie pour expliquer les événements qui se produisent au quotidien,
mais à la rationalité technoscientifique. Celle-ci suppose que rien ne peut ne provenir de rien.
Tout a une cause. La culture scientifique est donc une culture qui se détache de la foi, du
divin, des esprits, de la métaphysique, pour ne faire confiance qu’en la Raison et ses
possibilités. Aussi, existe-t-il un lien étroit entre l’éducation et la culture scientifique car
l’éducation a partie liée avec la science et la culture. De fait, toute éducation a pour objet de
transmettre à l’individu le savoir afin d’en faire un érudit. Il s’agit notamment de le faire
sortir de l’obscurantisme intellectuel, du fanatisme religieux, le pessimisme pathologique.

Le but de l’éducation est de libérer l’homme des obstacles à son épanouissement. Le rejet
des dogmes et la revendication de l’autonomie de la conscience par rapport aux traditions
susceptibles de conduire au maintien des valeurs statiques constituent un des pans du travail
de l’éducation dans son processus de libération de l’homme des forces asservissantes d’une
part et du conditionnement et de l’assujettissement de l’autre. (M. Njimon Soulé, 2012).

L’éducation est un effort fourni pour faire sortir l’homme des ténèbres de la superstition.
Elle est un moyen pour développer l’esprit critique. Cet esprit s’exerce comme la prise de
conscience par l’homme de la liberté d’agir de son propre chef et la capacité de négation de
tout enfermement dans une logique préhistorique. Il existe un lien étroit entre l’éducation et
la civilisation technoscientifique, car elle a pour rôle de faire passer l’homme d’un état
complet d’ignorance à un état de connaissances lui permettant de s’assumer pleinement dans
la société. Aujourd’hui, cette fonction épistémique de l’éducation est décriée.

L’accent est mis plus sur la formation de l’esprit critique que la formation à la vertu. La
conséquence en est qu’on assiste à la formation d’un monde en perte de repères et dépourvue
de valeurs sociales. La contestation de l’autorité, la dépravation des mœurs de même que le
rejet de la tradition sont des conséquences de cette crise de valeurs. Pour beaucoup, la cause
de cette situation est inhérente au système éducatif qui se préoccupe plus du volet scientifique
de la formation de l’individu que du volet civique et moral. Le résultat en est que nos sociétés
sont en proie à une crise d’éducation, traduite par la montée en puissance du terrorisme, de
l’intégrisme et du fondamentalisme. Les actes d’incivilités, de refus d’obéir à l’autorité, ne
sont que les formes de cette crise qui a pour origine une éducation centrées sur la
transmission des savoirs disciplinaires. Face à cette situation, il apparaît clairement que la
formation scientifique devrait avoir autant d’importance que l’enseignement moral, car en
réalité que vaut la science sans la morale ? Que vaut un grand scientifique dépourvu de
valeurs et de vertus ? Une telle personne n’est-elle pas un danger pour lui-même et pour
l’humanité ? La science, en elle-même, n’est rien sans la morale. C’est pourquoi, tout
processus d’enseignement-apprentissage ne devrait jamais perdre de vue la dimension éthique
de la formation. L’éducation lorsqu’elle n’est pas éclairée par les principes éthiques et
moraux conduit à la ruine de l’homme. Elle participe à l’anéantissement de la nature
humaine. Elle concourt à la mise en place de pensée ayant pour but la domination de
l’homme par l’homme. Une éducation sans vertu est un danger pour l’équilibre du monde car
elle conduit à l’aliénation mentale. Pour toutes ces raisons, il paraît essentiel d’accorder aux
compétences disciplinaires la même valeur que la formation à la vertu.

III- L’ÉDUCATION ET L’ENSEIGNEMENT MORAL

La problématique de la morale a fait débat et continue aujourd’hui encore de susciter


d’énormes interrogations. La question à l’origine de cette polémique se pose en ces
termes : l’homme naît-il avec des prédispositions au bien ou doit-il l’acquérir avec le
temps ? La morale est-elle inhérente à l’être humain ou devient-il un être moralement bon
par expérience et à mesure d’un apprentissage sérieux ? Tandis que pour certains la
morale ne peut ni s’enseigner ni se transmettre, pour d’autres encore plus nombreux, elle
est l’objet d’un long apprentissage de nature à conduire l’individu à la pratique du bien.

Au regard de ces positions antagonistes, on pourrait se poser les questions suivantes :


Qu’est-ce que la morale? Que peut-on savoir de l’éthique ? L’éducation peut-elle se
passer des principes éthiques et moraux ? Quelle doit-être la place de l’enseignement
moral dans le processus de formation du citoyen ? La crise actuelle à laquelle sont
soumises nos sociétés n’est-elle pas le fait d’un déficit d’éducation civique et morale ? Au
regard de la violation massive des Droits de l’homme, la réforme des programmes
scolaires ne s’impose-t-elle pas en vue d’accorder une large priorité à l’éducation à la
citoyenneté ? Du latin « mores » qui signifie coutume, habitude, la morale se définit en
rapport au bien et au mal. Elle traduit des prescriptions catégoriques et renvoie à des
traditions sociales. Elle s’assimile à des principes de bonnes conduites. Elle désigne tout
ce qui est en rapport à la vertu. Elle se préoccupe du bon et du mauvais, considérés
comme des valeurs relatives. L’éthique en revanche provient du latin « ethos » qui
signifie mœurs. Elle est une disposition à agir selon la vertu afin de rechercher la bonne
décision dans une situation donnée. Elle est une réflexion visant à déterminer le bien agir
en tenant compte des contraintes relatives à des situations déterminées.

À l’analyse, l’éthique et la morale ont des significations très proches. Toutefois, il est
possible de trouver une nuance entre ces deux concepts, puisque le crédo de la morale est
l’impératif tandis que celui de l’éthique est le questionnement permanent. L’éducation ne
peut nullement se passer des principes éthiques et moraux en raison des nombreux
dangers liés à l’absence de vertu dans le processus d’apprentissage. De fait, une éducation
sans vertu est une menace pour l’équilibre social. Une telle éducation est de nature à
conduire à la ruine de l’humanité. Cette expression signifie la fin de l’homme.

Toutefois, la fin dont il s’agit ici n’est pas la fin au sens de finalité ; mais bien au
contraire la fin au sens de finitude existentielle. La ruine de l’homme traduit l’éclipse de
l’humanité et celle-ci n’est rien d’autre que la cessation de la vie sur terre. Ruine prend le
sens d’anéantissement, de destruction. Une éducation dépourvue d’éthique pourrait
conduire à l’anéantissement de l’espèce, puisqu’elle participe à l’avènement de personnes
qui ne se préoccupent guère des conséquences de leur découverte sur la nature humaine.

Une telle éducation est néfaste car elle produit le conditionnement et


l’endoctrinement. Les victimes de celle-ci croient servir une cause juste, alors qu’elles
sont en réalité instrumentalisées. Aujourd’hui, le monde est confronté à une série de crise
sans fin du fait de l’enseignement de la haine du prochain, de la méfiance à l’égard de
l’autre et la pratique du crime pour se faire justice. Le terrorisme international n’est qu’un
des produits de cet enseignement basé sur l’extrémisme, la pratique de la violence.

La morale devrait avoir une place centrale dans le processus de formation de


l’individu afin de mettre fin à la crise de la modernité. Cette crise a trait aussi bien à la
déshumanisation de l’homme qu’au progrès dans la capacité d’anéantissement de
l’espèce. Elle apparaît dans la crise de l’autorité et se traduit par des actes
d’insubordination. Elle se révèle dans le refus de se plier aux exigences sociales et la
dépravation des mœurs. La dépravation des mœurs caractérise tous les comportements qui
défient toute règle de moralité. La crise de la modernité rime ainsi avec la perte des
repères. Elle est le fait de l’absence des modèles. Signifier que la morale devrait avoir une
place centrale dans le processus de formation de l’individu, c’est réaffirmer la nécessité
de réorganiser le système éducatif de sorte à accorder à la formation civique la même
importance qu’aux compétences disciplinaires. À ce niveau, l’éducation à la citoyenneté
semble être une solution appropriée, puisqu’elle n’est pas un simple concept d’éducation
mais un véritable projet de société qui vise un changement de mentalité. Elle organise le
vivre ensemble et renforce la cohésion sociale.

En somme, le processus enseignement-apprentissage ne peut nullement se passer des


principes éthiques et moraux. Pour mettre un terme à la crise des valeurs, qui connaît une
expansion fulgurante dans nos sociétés actuelles, il paraît essentiel d’accorder aux
compétences disciplinaires la même valeur que l’enseignement de la vertu. Il est
nécessaire de parvenir à cet équilibre afin de mettre fin aux dérives totalitaires qui
menacent l’homme en son essence. Pour le bien-être de l’humanité, il est important que
les pratiques pédagogiques soient élaborées à la lumière des valeurs morales.

CONCLUSION

Dans cette production, se trouve posée l’une des problématiques les plus importantes
de ce début du XXIe siècle : quel devrait être le socle de toute pratique éducative ? Si pour
certains, la science et la culture sont le fondement de l’action éducative, pour d’autres encore
plus nombreux, les valeurs sociales devraient caractériser l’acte d’enseigner. Toute éducation
privée d’éthique produit des personnes n’ayant aucun respect pour la dignité humaine et qui,
de ce fait, seraient à mesure de mettre en place des théories les plus élaborées aux fins de
l’anéantissement de la nature de l’homme. Pour parvenir à la protection du monde, les
pratiques pédagogiques devraient être élaborées conformément aux lois de l’humanité.

BIBLIOGRAPHIE

ARENDT, Hannah, 1972, La crise de la culture. Huit exercices de pensées politiques,


traduction de Jacques Bontemps et de Patrick-Lévy, Paris, Gallimard, coll. Folio essais.
DEWEY, John, 1958, Mon crédo pédagogique, traduction, traduction de Gérard Deladalle,
Paris,
PUF
DURKHEIM, Émile, 1966, Éducation et sociologie, Paris, PUF, coll. Quadrige.
ESSANE, Séraphin, 2001, Une sociologie de l’université en Afrique. Science et culture,
Abidjan, PUCI.
FORQUIN, Jean Claude, 1994, Dictionnaire pédagogique de l’éducation et de la formation,
Paris, Nathan.
FURETIÈRE, Antoine, 1978, Dictionnaire Universel, Paris, Le Robert.
HEIDEGGER, Martin, 1983, Lettres sur l’humanisme, texte allemand traduit par Roger
Munier, Paris, Aubier Montaigne, coll. Philosophie de l’esprit.
LITTRÉ, Paul-Émile Maximilien, 2007, Dictionnaire de langue française, Paris, Ateliers
Babouot.
KANT, Emmanuel, 1992, Traité de pédagogie, traduction de Jean Barni, Paris, Hachette,
coll. Œuvres et opuscules philosophiques.
PLATON, La république, 1966, traduction de Robert Bacou, Paris, Garnier Flammarion.
PLUTARQUE, 1870, Sur l’éducation des enfants, Paris, Hachette.
, REBOUL, Olivier, 1989, La philosophie de l’éducation, Paris, PUF, coll. Que sais- je ?
ROUSSEAU, Jean-Jacques, 1964, Émile ou de l’éducation, Paris, Gallimard, coll. Folio
Essais

Vous aimerez peut-être aussi