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Support de cours de la séance 1 du 02 août 2021

Objectifs pédagogiques
Ils sont au nombre de deux : illustrer les concepts d’éducation et de cultures, puis décrire les
liens entre la famille et l’école formelle, l’école formelle et la communauté qui l’abrite.

Introduction

Le cours sur les institutions éducatives à l’intention des futur(e)s enseignant(e)s du premier cycle
du secondaire vise à donner des compétences théoriques (connaissances) et pratiques dans la
découverte et dans l’exercice de la profession enseignante. Il s’agit de développer essentiellement
des sous-thématiques comme les relations entre éducation et cultures, les institutions et leurs
fonctions ou rôles ; les institutions éducatives traditionnelles et modernes ; l’évolution du rôle de
l’enseignant dans le contexte de l’information de masse et des outils TIC.

Les acteurs de l’éducation formelle que sont les enseignants et élèves ne devraient pas confondre
l’école et l’éducation, restreindre toute l’éducation à l’école formelle dans la mesure où la
scolarisation n’est pas la seule forme possible d’éducation. Souvent de nombreuses connaissances,
informations, formations ou le développement de certaines attitudes, opinions ou valeurs
personnelles ont pour origine d’autres sources ou moyens de communication autre que l’école
formelle.
«L’environnement social exerce une influence éducative ou formatrice inconsciemment et en
dehors de tout but prédéterminé» (DEWEY J., 1916, 1975)

«Ici d’ailleurs, on confond école et éducation : l’éducation est bien le moteur du


développement social et toutes les sociétés historiquement connues en ont été ou en sont
conscientes, elles qui, toutes, ont eu ou ont un système éducatif. Mais, la scolarisation n’est
pas la seule forme possible d’éducation : l’histoire et la sociologie de l’éducation nous
enseignent que l’école n’est que l’une des formes relativement récente et relativement
superficielle du phénomène éducatif» (GBIKPI-BENISSAN F., 2006a).

Au vu de l’évolution continue des contextes sociaux et éducationnels, la formation des enseignants


doit se transformer pour tenir compte de la diversité des modes de fonctionnement des principales
institutions éducatives (BÉGIN Y., 1978). La stratégie d’apprentissage dans la présente unité
d’enseignement consiste à partir du renforcement des notions d’éducation et d’institution et de la
description des institutions éducatives dans leur diversité, à analyser des rôles et des interrelations
possibles entre elles.

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1 Les concepts de base : éducation et la culture
1.1. L’éducation comme fait social
Dans le Dictionnaire actuel de l’éducation (Legendre R., 2005), on peut énumérer au moins cinq
définitions nuancées du concept d’éducation qui recoupe à la fois les termes processus,
apprentissage, acquisition (valeurs ou capacités), initiation, socialisation, l’individu ou la société.
Dans le cadre de ce cours, l’attention se focalise sur la dimension socio-collective et
institutionnelle plus que sur la dimension philosophique, psychologique ou individuelle de
l’éducation. L’éducation en tant qu’un fait social se traduit par :

« […] tous les mécanismes fonctionnels d’intériorisation de valeurs et d’assimilation de comportements, toutes
les modalités par lesquelles les structures tendent à intégrer les individus, et toutes les organisations par lesquelles
les systèmes de pouvoir travaillent, explicitement ou non, à conditionner ces individus au respect des hiérarchies,
impliquent des phénomènes d’éducation ou de formation. Ceux-ci vont donc bien au-delà de l’activité manifeste
de l’école, au sens le plus extensif, et de l’influence des parents qui apprennent consciemment et inconsciemment
à leurs enfants « ce qui se fait » et « ce qui ne se fait pas ».
(…) Le phénomène éducatif dans sa plus haute généralité, le fait de former et d’être formé, constitue à la limite
une dimension de toute activité sociale. » (Janne H., ″Préface″, A. Gras, 1974, Sociologie de l’éducation, textes
fondamentaux, Larousse).

La substance, l’éducation comme fait social est un processus d’acculturation, c’est-à-dire, selon
UNESCO, « l’adaptation d’un individu ou d’un groupe aux modèles culturels propres à une
société » (Gaston Mialaret, 1979). Dans ce cas, l’acculturation est synonyme socialisation qui est
similaire de l’enculturation (entrer dans la culture), qui signifie l’apprentissage par un sujet de sa
propre culture. L’éducation est un processus de socialisation de la jeune génération : « l’éducation
consiste en une socialisation méthodique de la jeune génération » (E. Durkheim, 1922, Éducation
et sociologie, Alcan, 1966, 1973, PUF).

1.2. La ou les culture(s) des groupes sociaux


Il s’agit ici de la culture des groupes sociaux dans la diversité. La culture est «ce tout complexe
comprenant à la fois les sciences, les croyances, les arts, la morale, les lois, les coutumes et les
autres facultés et habitudes acquises par l’homme dans l’état social » (Tylor, 1871). Il ressort que
la culture est un produit de l’éducation (apprentissage) permettant à l’être humain de s’adapter à
son milieu social et naturel. Ce faisant, elle varie beaucoup et se manifeste dans des institutions,
des formes de pensée et des objets matériels (Herskovits J. M., 1950).

Les éléments de la culture (attitudes et comportements) s'imposent aux individus selon le milieu
social dans lequel ils sont nés ou au sein duquel ils vivent habituellement (Durkheim). Cette
affirmation est illustrée par le fait qu’un même enfant soumis durablement à une autre culture
aurait des comportements différents. Les manières d'agir, de sentir, de penser constituent un
ensemble lié. Les différents éléments composant une culture sont donc liés. Ainsi lorsqu'un
élément de la culture se modifie, cette modification a des répercussions sur d'autres éléments. À
titre d’exemple, le cas de la langue en tant qu’élément et véhicule de la culture peut-être cité.
Perdre une langue implique une perte d’éléments culturels et inversement, apprendre une langue
implique une acculturation.

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2 La famille

La famille est une des premières institutions sociales. Elle organise le mode de satisfaction du
besoin social de reproduction démographique. Elle se compose souvent de trois générations :
grands-parents, parents et enfants. Du point de vue socio-éducatif, la famille est la base de
développement. Elle est le foyer de l’éducation (aux bonnes valeurs ou manières) et doit contribuer
à former de bons citoyens.

La famille est la première institution éducative pour trois raisons essentielles : historique,
géographique et pédagogique. Au plan historique et géographique, il y a la famille étendue et la
famille restreinte. Au plan pédagogique, l’éducation familiale est fondamentale et universelle. Elle
assure la socialisation. Ainsi, l’éducation familiale se concentre sur la transmission du savoir-être,
essentiellement la première socialisation dont les valeurs morales et humaines.

De nos jours, en Afrique, les modernités (occidentales) aidant, l’on rencontre deux types de
familles de par la composition : la famille nucléaire dite moderne (père, mère et enfants) et la
famille traditionnelle ou élargie. Toutefois, la famille traditionnelle reste encore majoritaire. Outre,
ces deux types de la famille, il existe de plus en plus, notamment dans les grandes villes, des
monoparentales (autour de la mère par exemple) et des familles recomposées.
3 La famille

La famille et l’école formelle ont un objectif commun à propos de l’école formelle : il s’agit de
faire d’assurer la réussite scolaire de l’élève et préparer au mieux son intégration socio-
professionnelle dans le société. Ce faisant, la famille et l’école (l’administration de l’école) doivent
intentionnellement coopérer et jouer des rôles de partenaires dans un partenariat de
complémentarité.

En famille, il domine ou doit dominer l’éducation aux valeurs ou aux vertus sociales d’intégration
(socialisation), tandis que l’école formelle à la force de l’instruction sur la base d’un curriculum et
assure mieux le développement des compétences certifiables chez l’élèves.

Au-delà de la famille, l’ensemble de la communauté qui abrite une école formelle doit coopérer et
participer au bon fonctionnement de l’école afin valoriser l’institution scolaire au sein de la
communauté, de soutenir le travail des enseignants et de contribuer à motiver plus les élèves pour
la réussite.

Lorsque les liens de coopération et de partenariat (actions et responsabilités complémentaires) sont


fonctionnels, il en résulte ce que l’on appelle la communauté éducative. Elle nous rappelle un peu
le cas des communautés en milieu traditionnel dans lesquelles l’éducation de l’enfant est aussi une
préoccupation collective.

L’administration scolaire au niveau central, puis surtout les chefs d’établissement doivent
travailler à promouvoir les liens fonctionnels entre l’école et la famille, puis entre l’école et sa
communauté, car trop souvent les familles démunies (matériellement et symboliquement) n’en ont
pas toujours conscience et cela agit défavorablement sur les résultats scolaires dans les milieux
défavorisés.
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Support 1 de la séance 3 du 16 aout 2021

(support de cours)

La pédagogie interculturelle

La sociologie interactionniste considère la culture, en lien avec l’éducation, comme étant une
organisation de différences internes. Par rapport à cette approche, l'éducation interculturelle est
pensée comme la transmission d'un savoir pluriel et critique, résultant d'interactions, de
réciprocités ou plus globalement d'intersubjectivités. Elle s'adresse à tous les élèves, au-delà de
leurs différences. Le pluralisme est promu comme valeur et finalité de l'éducation, comme clé
de voûte entre l'universel humain et la singularité s'exprimant par les différences.

La pédagogie en situation de multi culturalité consiste à prendre conscience de la diversité


culturelle dans l’apprentissage pour favoriser la réussite et l'épanouissement de tous.

L'éducation multiculturelle peut être considérée comme une approche basée sur des valeurs et
des croyances démocratiques, en affirmant un pluralisme culturel dans des sociétés
culturellement diverses et un monde interdépendant. Elle permet de développer des
compétences interculturelles, de favoriser le développement personnel et de lutter contre
certaines formes de discrimination comme le racisme (Bennett, 1999, p. 11).

L'éducation multiculturelle peut donner lieu à une réflexion afin que l'élève comprenne mieux
ce qui se passe dans son groupe d'appartenance, développe une analyse critique des différentes
formes culturelles, situe son identité culturelle dans la reconnaissance et l'acceptation de la
diversité, et essaie d'agir pour améliorer ses conditions de vie (Garcia Castano & Granados
Matinez, 1999, p. 79).
Support 1 de la séance 4 du 23 aout 2021

(support de cours)

Les institutions sociales

« On peut (...) appeler institutions, toutes les croyances et tous les modes de conduite institués
par la collectivité.» (Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, 1871, pp. XXII-XXIII).

Le terme « institution » provient du latin institutio équivalant à « ce qui est institué, les normes
et les règlements». Elle indique ainsi une idée d'œuvre lancée par quelques individus ou une
somme de règles convenues ou acceptées pour un but défini ou entendu. Il s’agit de ce qui est
institué dans les sociétés humaines en termes de structures ou de superstructures.

« Les institutions sont des émanations de la société civile, c’est pourquoi elles se justifient à
partir des courants idéologiques dominants. Elles n’ont de légitimité qu’en référence à un
modèle consensuel donc implicite » (Daniel Gayet, 2006, p. 13 à 221).

Dans le langage courant, le terme institution n’apparait pas assez clair. La sociologie
contemporaine la définie par l’usage que l’on en fait, par exemple en se référant à des
formations ou organisations sociales complexes qui ont vocation à se reproduire elles-mêmes
comme la famille, la langue, l’éducation, la communauté, le lignage, le clan, tribu, ethnie,
nation, la religion, les media (griot), le marché (échanges), le droit (lois et règlements), le
gouvernement, les comportements ou pratiques admises (us, coutume, rites ou rituels, etc.), les
conventions (mariage, fiançailles, etc.), les valeurs, la prison, les organisations ou les systèmes
d’organisation, etc. (Stephen Palmer, 2004)2. Ainsi, Jonathan Turner (Turner 1997: 6) définit
les institutions sociales comme

“a complex of positions, roles, norms and values lodged in particular types of social structures and
organising relatively stable patterns of human activity with respect to fundamental problems in producing
life-sustaining resources, in reproducing individuals, and in sustaining viable societal structures within
a given environment.” Pour Anthony Giddens says (Giddens 1984: 24): “Institutions by definition are
the more enduring features of social life.” 3

Très souvent, les institutions sont des formes d’organisation (Scott 2001). Mieux, nombre
d’institutions sont des systèmes d’organisation. Le communisme et le capitalisme, par exemple,
sont des types particuliers d’institution économique. Il est à noter que les institutions sont
hiérarchisées, certaines institutions organisent ou créent d’autres institutions. Ces institutions

1
Daniel Gayet, Familles et institutions in Connexions 2006/2 (no 86), pages 13 à 22.
2
http://stephendpalmer.com/major-societal-institutions-roles/
3
["Un complexe de position, les rôles, les normes et les valeurs introduites dans certains types de structures
sociales et d'organisations, de modèle relativement stables, de l'activité humaine à l'égard des problèmes
fondamentaux, dans la production des ressources de maintien de la vie, dans la reproduction des individus, et
dans la pérennisation des structures sociales viables dans un environnement donné]
cardinales sont appelées des méta-institutions. La royauté, le gouvernement, les organisations
multilatérales comme les Nations unies ou la CEDEAO sont des méta-institutions.

Toutefois, il existe des institutions qui ne constituent pas des organisations et qui ne nécessitent
pas un système d’organisation particulier. C’est le cas, par exemple, de la langue ou des totems
pour une communauté donnée.

Par ailleurs, les institutions sociales sont aussi synonymes d’agents de socialisation. À titre
d’exemple, la famille, la religion, le groupe des pairs, les médias, etc. sont des institutions
sociales autant que des agents de socialisation.

En outre, les institutions sociales du point vue sociologique étudiées ici, ne se confondent pas
forcément aux institutions sociales au sens de solidarité collective ou de protection sociale telle
que prônée par les conventions des Nations unies. Les institutions sociales de solidarité peut
être considéré comme un « ensemble de règles et structures organisationnelles sur (et à partir
de laquelle) la politique sociale est gérée »4 dans un pays. Cette politique sociale concerne
souvent les personnes vulnérables comme enfants, femmes, personnes âgées, personnes
sinistrées ou victimes de catastrophes naturelles ou industrielles.

En somme, l’idée d’institution implique l’idée d’une organisation ou d’un système de normes
consciemment établi ou établi de fait par un groupe pour une finalité donnée. Il s’en suit qu’une
éducative constitue un régime social, établi en vue transmettre des valeurs et des savoirs entrant
dans la formation (qualités et capacités morales, physiques et intellectuelles) des jeunes
générations dans le cadre de la vie sociale.

4
Carlos Maldonado, 2018 ; Cours international sur la protection sociale, Port-au-Prince, Haïti.5-16 Mars 2018.
FES 420 : institutions éducatives

Support du cours de la 5e séance, entre 31 aout et 5 sept. 2021

Les rôles sociaux de l’école

L’école formelle est d’abord une institution sociale. Comme les autres institutions sociales
(coutume, chefferie, mariage, couvent, religion, etc.), elle participe au bon fonctionnement de
société. Ce faisant, l’école est une institution stratégique qui participe à l’autonomie et la
souveraineté des société.

En particulier, au niveau collectif, l’école assure la promotion et la transmission des attitudes


et comportements (valeurs, compétences) requis par la société. Elle assure le développement et
la promotion des valeurs (morales, sociales et économiques) et des compétences
multidisciplinaires (savoir et savoir-faire) nécessaires au fonctionnement quotidien des
institutions sociales (santé, armée, administration publique, économie, ingénierie civile, etc.),
etc.

Au niveau individuel, l’école :

- achève la socialisation de l’élève entamée dans la famille ;


- développe les talents et la personnalité de l’individu ;
- assure la maturité (contrôle psychosocial ) sociale de l’individu
- prépare à l’intégration citoyenne ;
- participe, améliore le statut social de l’individu ;
- prépare l’insertion (avoir et exercer un métier), puis l’intégration socio-professionnelle
de l’élève.

John Dewey (1859-1952) écrit dans le Credo pédagogique, :L'éducation est un processus de
vie, et non une préparation à la vie.[…] L'éducation est un apprentissage social. Elle nous aide
à grandir et à vivre (en société). Gérard Deledalle résume la théorie pédagogique de John Dewey
par les principes suivant1e:

1. L'éducation est un processus par lequel une communauté transmet à ses enfants ses
acquis et ses projets, de façon à assurer sa survie, préserver sa continuité et permettre
son développement.

1
Logique. la théorie de l'enquête la théorie de l'enquête De John Dewey
par Gérard Deledalle, 2003, https://www.leslibraires.fr/livre/71193-logique-la-theorie-de-l-enquete-la-theorie-
de--john-dewey-presses-universitaires-de-france
2. L'école est une institution sociale : le lieu où l'enfant apprend à vivre en société, quelle
que puisse être la société de demain. C'est pourquoi l'éducation est une vie et non une
préparation à la vie.
3. L'objet de l'éducation n'est pas de transmettre un savoir, mais de permettre à l'enfant
d'exercer ses activités sociales.

Pour Dewey l’école est une institution aussi vitale pour la société que pour l’individu . La
société devrait se perfectionner par son école, puis par l’école la société peut se donner à la fois
des individus et des citoyens « parfaits ».

« De nos jours, le territoire à conquérir n'est pas physique, mais moral. L'époque des
terres vierges qui semblaient s'étendre à l'infini est révolue. Les ressources inutilisées
sont humaines plutôt que matérielles. Les terres en friche sont les hommes et les femmes
adultes qui n'ont pas de travail, les hommes et les femmes jeunes qui se butent à des
portes fermées là où, autrefois, ils auraient pu tenter leur chance. La crise qui, il y a cent
cinquante ans, réclamait de l’inventivité en matière sociale et politique, nous la vivons
aujourd'hui sous une forme qui exige plus de créativité » (John Dewey, Creative
democracy, 1939).

Attention.

Dans le contexte actuel, du Togo, par exemple, en un erreur de jugement s’est installée dans les
perceptions. Cette erreur procède de l’histoire (coloniale) du pays. Il s’agit de oir dans l’école
le moyen exclusif pour trouver un emploi formel salarié. Et si l’école ne permet plus cela, elle
devient inutile. L’insertion, puis l’intégration socio-professionnelle ne constituent qu’un des
rôles sociaux de l’école comme décrits ci-dessus. Visiblement, elles ne sont pas les plus
importante au niveau collectif, car avant de travailler et de s’épanouir individuellement, il faut
que la situation et le fonctionnement globales de votre société (institutions, valeurs, paix,
libertés, etc….) résultant de l’éducation reçues par tous vous le permettent.

Aussi, les enseignants doivent toujours être des acteurs de promotion de l’éducation, notamment
l’éducation aux valeurs et à l’engagement vertueux dans la société, mais si l’école n’arrive pas
momentannéement à assurer l’insertion sociale des sortants par l’emploi formel.
FES420, Institutions éducatives
Séance 7 sur description/identification des institutions éducatives traditionnelles

Support de cours

1. Les institutions éducatives traditionnelles

Les institutions éducatives traditionnelles sont bien nombreuses : la famille, le clan et le lignage, les
classe d’âge, les couvents, la communauté, la chefferie, le mariage, le baptême d’enfant (sortie du
nouveau-né), les funérailles, etc. Il y a des IE liée à l’organisation sociale et à la parenté (clan,
lignage, famille), puis des IE liées à la hiérarchisation de la société par âge (classes d’âge, initiations,
mariage, etc.).

1.1 La famille

La famille est une des premières institutions sociales. Elle organise le mode de satisfaction du besoin
social de reproduction démographique. Elle se compose souvent de trois générations : grands-
parents, parents et enfants. Du point de vue socio-éducatif, la famille est la base de développement.
Elle est le foyer de l’éducation (aux bonnes valeurs ou manières) et doit contribuer à former de bons
citoyens.

La famille est la première institution éducative pour trois raisons essentielles : historique,
géographique et pédagogique. Au plan historique et géographique, il y a la famille étendue et la
famille restreinte. Au plan pédagogique, l’éducation familiale est fondamentale et universelle. Elle
assure la socialisation. Ainsi, l’éducation familiale se concentre sur la transmission du savoir-être,
essentiellement la première socialisation dont les valeurs morales et humaines.

De nos jours, en Afrique, les modernités (occidentales) aidant, l’on rencontre deux types de familles
de par la composition : la famille nucléaire dite moderne (père, mère et enfants) et la famille
traditionnelle ou élargie. Toutefois, la famille traditionnelle reste encore majoritaire. Outre, ces deux
types de la famille, il existe de plus en plus, notamment dans les grandes villes, des monoparentales
(autour de la mère par exemple) et des familles recomposées.

NB : la formation de la famille procède par la formation d’un couple mari-femme suivant plus ou moins les étapes de
fiançailles, de la dot et du mariage. Il existe plusieurs types de mariages, notamment dans le contexte des pays d’Afrique
subsaharienne comme le Togo : coutumier, mariage civil, religieux, concubinage ou «le mariage à crédit», les mariages
mixtes (avec des européens ou asiatiques).

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1.2 Le clan et le lignage

En anthropologie, on s'accorde aisément sur la définition des lignages s'il s'agit de groupes de
filiation unilinéaire, qu'ils soient agnatiques ou utérins, mais les avis divergent à propos des groupes
de filiation indifférenciée ; certains n'y voient que des groupes de parents et non des lignages.
Venant du droit romain, «agnat» (en latin agnatus) désigne dans l'anthropologie contemporaine un
système de descendance reposant uniquement sur la lignée mâle (par opposition à «cognat», qui
qualifie la parenté par les femmes). Le critère de résidence commune et d'autorité (dérivé de la loi
romaine) ayant été abandonné, « agnat » s'entend désormais absolument, sans qu'il soit fait référence
à des organisations ou à des groupes. Souvent, le terme «patrilinéaire» est utilisé comme synonyme
d'agnatique.

Le rôle éducatif du clan et du lignage. L’éducation clanique et lignagère porte principalement sur le
savoir-être clanique et lignager. Elle porte aussi sur le savoir-faire lorsque le clan ou le lignage est
spécialisé dans un métier donné : clan des forgerons, clan des guérisseurs, etc.

1.3 Les classes d’âge


Les classes d’âge désignent les individus d’une même parenté, en général de même sexe et de même
génération, qui, souvent après avoir subi ensemble une ou des initiations, se reconnaissent comme
groupe auquel revient un rôle dans le fonctionnement d'un système social. En général, pour avoir
partagé les mêmes épreuves, ils sont très solidaires entre eux et ne sont pas censés se « se trahir »
ou se sentent obligés moralement de se soutenir (inconditionnellement). Elles sont cycliques ou
linéaires. Elles assurent l’apprentissage collectif d’un savoir-être social, à travers une éducation
civique pratique.

1.4 Les couvents ou les initiations

L’initiation, une institution sociale qui marque le passage de l’enfance à l’état d’adulte. Elle consiste
en une transmission collective de la somme des connaissances et des comportements élémentaires
indispensables à la vie en société.

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FES420 : Institutions éducatives
Séquence 8 sur les institutions éducatives modernes

Support de cours
1 Les institutions éducatives modernes
Il s’agit des institutions fondamentalement éducatives dans les sociétés modernes. Nous entendons par sociétés
modernes les sociétés ouvertes, urbaines ou semi-urbaines. Les institutions fondamentalement éducatives dans
les sociétés modernes sont : le système scolaire formel, puis le système éducatif non-formel (les confessions
religieuses (couvents traditionnels, églises, mosquées, synagogue, etc.) groupes sociaux (associations de famille,
de clans, de ressortissants, les syndicats, les ordres professionnels, etc.), les médias de masse (NTIC ou TIC,
radiodiffusion, télévision, Internet, WhatsApp, etc.), les partis politiques, les musées, les bibliothèques, les
archives, les centres culturels, les muséums, etc.).
1.1 Le système scolaire formelle ou l’école formelle
Au sens courant, l’école formelle indique tout simplement l’école ou l’école du Blanc comme l’on entend parfois
dans le vernaculaire. Legendre R. (2005 :780) définit l’école formelle : forme d’organisation sociale, reconnue
légalement, se traduisant par un réseau d’établissement mis en place à des fins déterminées et régis par des
normes précises. Ainsi, dans l’administration scolaire (éducation formelle), institution désigne une forme
d’organisation sociale se traduisant par un réseau d’établissements scolaires de différents ordres (officiel, privé
confessionnel ou privé laïc, souvent tous publics). L’école formelle, c’est l’école officielle qui caractérise par
des critères d’âge, de formation, de diplômes, normes formelles, etc.
Hormis l’école formelle, il existe multiples et diverses institutions éducatives modernes : le système scolaire
formel, l’éducation non formelle incluant d’autres modes ou cadres d’éducation (éducation permanente ou
continue, les médias, la prison, les clubs ou mouvements de jeunesse, les associations socioculturelles ou
religieuses, etc.).
Il est nécessaire que les acteurs de l’école formelle, en premier lieu les enseignants, prennent en compte le fait
que le principal rôle de l’école formelle a bien évolué depuis les Lumières. Jadis, le rôle de l’école formelle fut
la diffusion des connaissances dont elle avait pratiquement le monopole. Or, de nos jours, ni l’école ni
l’enseignant n’ont le monopole des connaissances. Au vu de la multiplicité des sources de connaissances dans
le contexte actuel, le rôle de l’enseignant de l’école formelle devrait tendre davantage vers la supervision, la
structuration et la canalisation des connaissances vers plus de compétences et d’utilité sociale. C’est-à-dire que,
les institutions éducatives formelles devraient avoir davantage un rôle d’encadrement, de formation
méthodologique et de certification. Ce sont ces derniers rôles qui lui sont encore inaliénables de nos jours.
1.2 L’éducation non formelle
L’éducation non formelle (ENF) est l’une des trois modes d’éducation couramment admis. Hormis, ce mode
d’éducation, on a les modes formel et le mode informel1.
Au plan historique, l’émergence du concept date des années 1960, même si elle traduit une préoccupation très
ancienne. C’est en particulier dans les années 1970 que l’ENF a pris de l’importance. Elle constitue un centre
d’intérêt de différents domaines d’action et des disciplines académiques et fait objet de nombreuse recherche,
même si son contenu est souvent réduit à tort à l’éducation des adultes. Son émergence tient à quatre
considérations principales :

1
L’éducation formelle. C’est l’éducation qui se donne sur la base de programmes structurés dans des institutions scolaires officielles. L’existence des
examens sanctionnés par des diplômes reconnus nationalement et internationalement est la principale caractéristique de l’éducation formelle. L’éducation
informelle. C’est l’ambiance éducative découlant de toute situation ou de toute activité sociale. C'est un processus de toute la vie par lequel chaque individu
acquiert attitudes, valeurs, aptitudes et connaissances à partir des expériences quotidiennes, des influences et ressources de son environnement.
«L’environnement social exerce une influence éducative ou formatrice inconsciemment et en dehors de tout but prédéterminé» (DEWEY J., 1916, 1975).

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- l’échec ou inadéquation des systèmes scolaires classiques ;
- l’école n’est plus considérée comme le seul lieu d’enseignement et ne peut plus prétendre assumer seule les
fonctions éducatives de la société ;
- l’éducation et l’apprentissage ne sont plus synonymes de scolarité ;
- l’élargissement des conceptions et des visions sur l’éducation avec le mouvement de l’Éducation pour tous
(EPT).
Ce que l’on considère habituellement comme relevant de l’éducation sont des expériences d’apprentissage
organisées en séquences, ayant fait l’objet d’une préparation préalable et mises en œuvre sous le contrôle d’un
personnel qualifié, et ce dans l’intérêt des apprenants. En élargissant cette définition, on englobe dans l’éducation
tout ce qui tend à induire un changement dans les attitudes et dans les comportements des hommes et des femmes
en société.
Ainsi l’ENF peut être définie comme « toute activité éducative organisée en dehors du système d’éducation
formel établi et destiné à servir des clientèles et atteindre des objectifs d’instruction identifiables » (COOMBS
et al. 1973).
Il convient de relever que l'ENF est parfois confondue, sans doute à tort, à l'éducation tout au long de la vie,
l'éducation permanente, l'éducation informelle, l'éducation extrascolaire. L’éducation permanente, l’éducation
des adultes, laphabétisation, etc. sont des formes de l’ENF, tandis que l’éducation informelle est carrément un
autre mode d’éducation se distinguant bien des autres par l’absence d’intention éducative préétablie.
LABELLE (1976, cité par MUSA ALOKPO D., 2005) avait décrit l'ENF comme « toute activité éducative
systématique organisée et mise en œuvre en dehors du système formel en vue de promouvoir des types spécifiques
d'apprentissage à des sous groupes particuliers ». Ainsi, l’ENF n'est pas non plus caractérisée par la
fréquentation obligatoire, par les tests d'admission, la standardisation des curricula, de pré-requis, même par
l'exigence de l'obtention des certificats. L'ENF peut être planifiée et systématisée. Elle ne dépend pas forcément
des programmes officiels l'école formelle. Toutefois, dans la plupart des pays où les gouvernements ont adopté
des orientations et/ou des programmes pour l’ENF, notamment l'éducation des adultes.
La forme la plus connue de l’ENF, est l’alphabétisation (fonctionnelle) au point qu’on la réduise à cette dernière.
Historiquement, c’est l’alphabétisation en tant que formation des adultes qui a dominé les programmes de l’ENF
dans nos pays. Mais, les actions dans le domaine de l’alphabétisation ont été peu capitalisées, l’usage de
l’écriture et de la lecture, notamment en langues nationales n’étant pas intégré ou soutenu.

• L’alphabétisation
C’est avant tout l’action d'alphabétiser (faire apprendre à lire et à écrire) des personnes ou des groupes (adultes)
qui ne savent ni lire ni écrire. C’est l’enseignement ou l’apprentissage de base du code écrit (littératie et
numératie), généralement dans une langue maternelle, la langue dominante ou la langue d’usage d’une société
(CONFINTEA, 1997). C’est l’habileté ou la compétence dans l’utilisation du code écrit. Par extension, elle
désigne l’acquisition des compétences de base dans des domaines de savoirs ou dans des systèmes et contextes
de communication spécialisés. Exemple : alphabétisation informatique, musicale, etc.

LEGENDRE R. (2005) fait remarquer que pour cerner le concept d’alphabétisation, il faut tenir compte des
diverses réalités socio-économiques. Pour l’UNESCO (1978), une personne est complètement analphabète
lorsqu’elle est incapable de lire, d’écrire et de comprendre un court texte simple concernant son quotidien. Selon
le même organisme, une personne est analphabète lorsqu’elle est « incapable d’exercer toutes activités pour
lesquelles l’alphabétisation est nécessaire dans l’intérêt du bon fonctionnement de son groupe ».

Dans cette optique, l’alphabétisation vise à promouvoir l’égalité, la justice sociale et les droits humains. La
Déclaration de Persépolis (Paris, 1976) de l’UNSECO affirme que l’alphabétisation doit viser à éveiller chez
l’individu une conscience critique de la réalité sociale.

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1.3 Les écoles parallèles : l’ampleur des médias et réseaux sociaux
Les écoles parallèles renvoient à l’idée des écoles de substitution, des écoles alternatives, des écoles en addition
ou en superposition, en coexistence avec l’école formelle.

Les écoles parallèles induisent l’éducation parallèle, perçue comme une éducation accessoire, occasionnelle,
diffuse, spontanée, informelle, etc.

Les écoles parallèles évoquent le fait d’accéder à l’information, au connaissances ou même d’acquérir des
compétences partout, souvent en dehors de l’école (des classes) formelle et de la famille. Ce faisant, elle renvoie
souvent à l’influence de plus en plus grandissante des mass médias. Néanmoins, il convient de rappeler qu’elles
ne se réduisent pas seulement à celle-ci. En effet, elles traduisent un ensemble de processus de socialisation et
d’acculturation dans la vie quotidienne (UNESCO, 1979).

L’école parallèle (parallel school en anglais) selon Legendre 2005 (2005 : 479), indique l’ « Ensemble des
moyens et des institutions, autres que ceux appartenant au système d’éducation formel, dont se dote une société
pour parfaire et assurer la continuité de sa fonction éducative (médias, biliothèques, centres de loisirs, musées,
associations, etc. »

En somme, les écoles parallèles ne sont pas générées par les masses médias modernes uniquement. Elles sont
aussi l’œuvre de tout tissu social, des traditions éducatives plus ou moins solides, plus ou moins conscientes,
plus ou moins explicites que porte le groupe familial ou la communauté locale (UNESCO, 1979).

Du fait de l’existence et de l’ampleur croissante des écoles parallèles, l’UNESCO recommande la prise en
compte des principes pédagogiques généraux suivants :

- l’éducation est un processus continu se déroulant partout où se retrouve l’enfant. L’école formelle n’est
que l’un des endroits possible où l’enfant fait l’apprentissage ;
- il ne faut pas considérer les divers aspects de l’apprentissage enfantin de manière fragmentaire. Ainsi,
les expériences scolaires ne doivent donc pas être séparées des autres expériences de vie sociale ;
- Les enseignants de métiers ne doivent pas considérer l’éducation comme leur chasse gardée, ni l’école
comme leur seul et unique terrain. Il doivent considérer leur rôle comme plus étendu, c’est-à-dire,
comme consistant à faciliter l’apprentissage où qu’il se produise, etc.

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FES420, Institutions éducatives
Séquence 8 sur les fonctions et les rôles des institutions éducatives

Support de cours

1. Les fonctions et les rôles des institutions à portée éducative dans la société

En général, les institutions sociales sont comme des organes de la société dont le fonctionnement
concourent à la bonne socialisation des individus, au maintien de l’ordre, de stabilité, de la sécurité
et donc de la perpétuation de la société. En outre, elles contribuent à la protection sociale des
individus et des groupes.
Les institutions sociales constituent un tout complexe qui intègre les différentes normes (structures
et superstructures) d’une société dans une perspective de maintien des valeurs de base. Les
institutions constituent le moyen par lequel une société se perpétue dans le temps et dans une relative
stabilité. Elles servent à prévenir ou éviter au mieux les conflits. Elles régulent ainsi les rapports
sociaux entre les individus, puis des groupes entre eux. Daniel Gayet (2006) pense que « Leur rôle
est de mettre en pratique des principes de solidarité, d’égalité et de civilité. ».
“Sociologists often reserve the term "institution" to describe normative systems that operate in five
basic areas of life, which may be designated as the primary institutions. (1) In determining Kinship;
(2) in providing for the legitimate use of power; (3) in regulating the distribution of goods and
services; (4) in transmitting knowledge from one generation to the next; and (5) in regulating our
relation to the supernatural. In shorthand form, or as concepts, these five basic institutions are called
the family, government, economy, education and religion” [http://www.sociologyguide.com/basic-
concepts/Social-Institutions.php].
Bref, les institutions servent à répondre aux besoins sociaux de base des individus et des groupe, à
prévenir ou régler les conflits entre l’individus et la communauté et finalement rendre possible la
vie en groupe et la perpétuer.

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Des influences des institutions éducatives sur l’école formelle
Les institutions éducatives influencent et même déterminent la situation et l’évolution de l’école
formelle ou de l’école officielle. En particulier, c’est le cas de institutions éducatives bien connues : la
famille et la religion ou plutôt les familles et les religions.

Le contexte et les valeurs familiales influencent l’école formelle à travers le comportement scolaire
différencié des enfants issus de familles diverses. Pour observer de façon palpable l’influence des
familles sur l’école formelle, il faut d’abord remarquer que les familles dans une même localité ou dans
un même milieu géographique sont assez semblables entre elles, puis se différencient suffisamment
avec les familles des d’autres milieux géographiques. Ainsi, dans une région donnée ou dans un pays
donné, le comportement scolaire des enfants des familles urbaines est quelque peu distinguable de
celui des enfants issus des familles rurales, par exemple.

Il en est de même pour les religions. Par exemple, historiquement, en raison des doctrines (valeurs
religieuses) différentes, l’on a fini par constater que le monde anglo-saxon protestant est relativement
plus lettré ou plus scolarisé que le monde romain catholique, que les enfants musulmans sont
relativement moins intégrés à l’école occidentale que les enfants des familles protestantes ou
catholiques. Il en est de même des enfants des familles adeptes de la religion traditionnelle en Afrique
ou ailleurs face à l’école occidentale (cf. L'aventure ambiguë du Sénégalais Cheikh Hamidou Kane).

Bref, à petite ou à grande échelle, les institutions éducatives ou plus généralement les institutions
sociales influencent l’école formelle officielle de plusieurs manières, la première étant le
comportement scolaire qu’adoptent les enfants issus de différentes familles ou de différents milieux à
l’école formelle.
Des notions sur l’éducation aux médias et à l’information (EMI, UNESCO)

1. L’éducation aux médias et à l’information selon l’UNESCO

Les mass médias modernes est une forme importante des écoles parallèles ci-dessus évoquées.
L’importance de leur influence sur l’information diffuse, la vie sociale et sur l’apprentissage est telle
qu’il se présente la nécessité d’instituer l’éducation aux médias.

L’éducation aux médias revoie à l’enseignement ou à apprentissage à propos des médias, en


particulier des médias de masse (presse, radio, télé, téléphone, Internet, smartphone/iphone ) à
l’époque contemporaine.

« Nous vivons dans un monde où la qualité de l’information que nous recevons détermine, en grande
partie, nos choix et nos actions, y compris notre capacité à jouir des libertés fondamentales et notre
capacité d’autodétermination et de développement. Les avancées techniques dans les
télécommunications entraînent une prolifération des médias et d’autres diffuseurs d’information grâce
auxquels les citoyens accèdent à une grande quantité d’informations et de savoirs. Un défi résulte de
ce phénomène, celui d’évaluer la pertinence et la fi abilité de l’information sans qu’aucun obstacle
n’empêche les citoyens d’exercer leurs droits à la liberté d’expression et à la liberté d’information.
C’est dans ce contexte qu’il faut considérer le besoin d’éducation aux médias et à l’information (EMI).
Cette éducation développe un vrai mouvement d’éducation civique qui fait des enseignants les agents
principaux du changement » (Unesco, 2012 : 13).

La citation de l’UENSCO ci-dessus ressort le fondement et les enjeux sociaux de l’information, des
médias et par suite de l’EMI pour les acteurs de l’éducation formelle, les enseignants en premier lieu.
Evidemment, promouvoir et enseigner l’EMI dans les classes formelles ou non formelles exigent que
les enseignants eux-même soient formés, sensibiliser et engagés les questions relatives à l’EMI. « Des
enseignants compétents dans ce domaine auront des capacités renforcées pour permettre à leurs
élèves d’apprendre à apprendre, d’apprendre de manière autonome, et d’apprendre tout au long de
leur vie » (Unesco, 2012 : 13).

David Buckingham (1998) définit l’éducation aux médias comme « l’enseignement et l’apprentissage
d’un savoir sur les médias. Son aboutissement est la littératie médiatique, les connaissances et les
habiletés acquises » (Media education, 1998). L’EMI (UNESCO, 2012), requiert la maîtrise de
l’information par l’enseignant, notamment àtravers les outils ou grilles d’analyse suivantes :
1. Définition et formulation des besoins en information. (exemple : un film, un communiqué,
etc.)
2. Localisation et accès à l’information
3. Évaluation de l’information
4. Organisation de l’information
5. Utilisation éthique de l’information
6. Communication et information
7. Utilisation des compétences TIC pour le traitement de l’information
Les compétences recherchées à travers l’EMI se focalisent sur :
1. Compréhension du rôle et des fonctions des médias dans les sociétés démocratiques
2. Comprendre les conditions dans lesquelles les médias remplissent leurs fonctions
3. Évaluation critique du contenu des médias à la lumière des fonctions médiatiques

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4. Utilisation des médias à des fins d’expression individuelle et de participation démocratique
5. Évaluation des compétences (y compris TIC) nécessaires pour produire du contenu en tant
qu’utilisateur.

L’EMI n’est pas une préoccupation nouvelle dans le domaine de l’éducation. Dans la littérature,
l’EMI a souvent pour synonymes ou équivalents : éducation aux médias ; maîtrise de l’information ;
sensibilisation à la liberté d’expression et d’information ; maîtrise documentaire ; compréhension de
l’actualité ; maîtrise de l’informatique ; initiation à l’Internet ; éducation numérique ; éducation au
cinéma ; éducation aux jeux ; éducation à la télévision ; décodage de la publicité.
Globalement, le programme d’EMI (UNESCO, 2012), vise à aider les enseignants à explorer et à
comprendre l’EMI à partir des points suivants :
1. Les fonctions des médias et autres diffuseurs d’informations, leurs modes de fonctionnement
et les conditions optimales nécessaires pour remplir convenablement ces fonctions.
2. Comment procéder à une évaluation critique de l’information dans son contexte de production
spécifique et large.
3. La notion d’indépendance éditoriale et le journalisme comme discipline de vérification.
4. Comment les médias et les autres diffuseurs d’information pourraient contribuer
rationnellement à promouvoir les libertés fondamentales et l’apprentissage tout au long de la
vie, en particulier pour ce qui concerne la façon dont les jeunes ont accès aux médias et à
l’information, les utilisent aujourd’hui, les sélectionnent et les évaluent.
5. L’éthique des médias et de l’information.
6. Les capacités, les droits et les responsabilités des individus en matière de médias et
d’informations.
7. Les normes internationales (Déclaration universelle des droits de l’homme), la liberté
d’information, les garanties constitutionnelles de la liberté d’expression, les limites
nécessaires pour prévenir les atteintes aux droits d’autrui (telles que les incitations à la haine,
la diffamation et le non-respect de la vie privée).
8. Ce que l’on attend des médias et d’autres diffuseurs d’informations (pluralisme et diversité
comme norme).
9. Les sources d’information et les systèmes de conservation et d’organisation.
10. Les processus d’accès, d’enquête et de détermination des besoins en informations.
11. Les outils de localisation et de recherche documentaire.
12. Comment comprendre, organiser et évaluer l’information, y compris la fiabilité des sources.
13. La création et la présentation de l’information dans divers formats.
14. La conservation, le stockage, la réutilisation, l’enregistrement, l’archivage et la présentation
de l’information dans des formats utilisables.
15. L’utilisation de l’information pour la résolution de problèmes ou pour la prise de décision
dans la vie personnelle, économique, sociale et politique. Bien qu’extrêmement important, ce
sujet est une extension de l’EMI en grande partie au-delà de la portée de cet enseignement.

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Questions de réflexion et de débats sur le rôle de l’enseignant dans
le contexte de l’information de masse

Comment canaliser les informations massives que possèdent les élèves en


savoir socialement utile, socialement pacifique, socialement non nuisibles ?
Identifier les repères d’une information quelconque et déduire ou induire les
implications sociales possibles
1. Identifier le contexte d’une information.
2. Identifier l’auteur d’une information.
3. Repérer l’intention de l’informateur.
4. Identifier le destinataire.
5. Apprécier à quel niveau l’information nous concerne ou pas.
6. Vérifier si l’information est phase ou en déphasage avec les lois relatives aux médias et à
l’information.
7. Apprécier en quoi l’information peut nous être bénéfique ou nuisibles.
8. Etc.
La pédagogie interculturelle, Esther Mügeli et Noémie Deschenaux, 2015

2.3.1. L’interculturalité

L’éducation interculturelle vise à l’égalité des chances de groupes majoritaires comme les minorités
au sein d’un environnement pluraliste comme le précisent Louise Lafortune et Edithe Gaudet (2000).
Elle permettrait une meilleure compréhension de la situation de culture dans les sociétés modernes
ainsi qu’une meilleure capacité à communiquer entre personnes issues d’un milieu culturel différent.
Elle est adaptée aux contextes et mécanismes psychosociaux et politiques d’un milieu donné pour
éviter la discrimination raciale ou des comportements hétéro phobiques. Ainsi, elle permet de créer
une identité et de développer la capacité d’interagir socialement.

Monique Honor (1996) reprend elle aussi dans son ouvrage la notion de la création d’un contexte
commun. Elle ajoute même « une pratique interculturelle consiste alors à créer une tierce culture
intermédiaire pour mettre en oeuvre des contextes communs. » (p.46). Son ouvrage insiste sur
l’importance de la construction des savoirs (ce qui n’est pas sans nous rappeler Vygotski, 1997) et
des stratégies pour y faire sens. Cet aspect est certes important mais sensible au fait que certains
élèves peuvent ne pas partager la même langue que celle parlée dans le milieu scolaire. Monique
Honor (1996) souligne l’importance de la communication par le langage qui est à mettre en commun
pour tous, mais sans oublier que la relation joue aussi une importance dans la communication et son
contenu. L’étude menée par Rosenmund et Verena Fries (2000) nous apprend que :

Jusqu’à présent, les stratégies interculturelles avaient plutôt tendance, dans le cas des communes
touchées par l’immigration, à s’emparer des connotations négatives dues à l’hétérogénéité, autrement
dit de l’hétérogénéité en tant que problème. Un tel phénomène se produit lorsque les autorités scolaires
formulent des stratégies et s’engagent à les suivre en tant qu’objectifs concrets de la formation
pratique. Ce n’est qu’à travers une telle démarche qu’ils peuvent apporter la preuve que le potentiel
dégagé par la pluralité culturelle est positif, qu’ils pourront l’utiliser comme « occasion d’apprendre
». (p. 19)

La pédagogie interculturelle permet aux élèves de s’ouvrir progressivement aux autres cultures, de se
décentrer sans stigmatisation, de reconnaître la diversité culturelle, de l’appréhender et de lutter contre
l’égocentrisme enfantin peu à peu ainsi que l’ethnocentrisme.

Tout ceci leur permettra de structurer leur personnalité en ayant pu, dès le plus jeune âge, se
confronter à l’autre, car c’est dans le miroir de l’autre qu’on arrive à se connaître soi-même.

Par la pédagogie interculturelle, l’enseignant va conduire ses élèves à construire progressivement des
compétences de décentration et leur permettre de construire une vision
du monde individuelle mais surtout collective. Et comme le fait remarquer Perregaux (1994) :

Il n’est pas indispensable d’accueillir de nouveaux élèves étrangers pour s’intéresser aux migrations,
à la diversité du monde et aux questions universelles partagées par les habitants de la terre. Cette
question est d’actualité dans toutes les classes (p. 84).

Autrement dit, nous devons faire de la pédagogie interculturelle en tout temps et être conscients que
toutes les opportunités sont bonnes pour communiquer sur la diversité culturelle.
2.3.2. La pédagogie coopérative

L’éducation à la citoyenneté propose le recours à des approches pédagogiques actives (interaction,


entraide, participation, respect des divers points de vues). La pédagogie coopérative va dans ce sens,
disent Louise Lafortune et Edithe Gaudet (2000). Lehraus (2002) définit dans son article la pédagogie
coopérative : Elle vise idéalement deux buts: apprendre à coopérer et coopérer pour apprendre.

Cette approche cherche d’une part à favoriser une éducation à des valeurs coopératives ; d’autre part
elle propose des principes, des outils et des stratégies permettant de mieux structurer le travail en
équipe afin d’en améliorer l’efficacité́ et de promouvoir des interactions constructives pour
l’apprentissage (p. 2).

Elle consiste donc à faire travailler les élèves ensemble en collaboration et trouver des solutions
ensemble. Pour pouvoir travailler de cette manière, les élèves doivent faire preuve de beaucoup de
décentration pour pouvoir adhérer aux idées de chaque membre du groupe. C’est un effort difficile
pour certains élèves vu l’égocentrisme enfantin qui prévaut, mais il est primordial de faire de la
pédagogie coopérative au quotidien avec les élèves dès leur plus jeune âge, afin que peu à peu ils
acceptent l’autre. Qui plus est, c’est une des capacités transversales mentionnées dans le Plan
d’Etudes Romand (PER), ce qui n’est sans doute pas négligeable.

Même si certains enseignants pensent ne pas faire de pédagogie interculturelle, par la pratique
de la pédagogie coopérative, ils développent chez leurs élèves des compétences en collaboration, en
décentration et en ouverture à l’autre, et donc par conséquent, ils travaillent tout de même la
pédagogie interculturelle à travers la pédagogie coopérative.

L’une des clés de la pédagogie coopérative est de communiquer fréquemment avec les élèves et gérer
les interactions entre ceux-ci. C’est ce qui va déterminer la culture, commune de la classe et donner
une ambiance respectueuse. De plus, il faut faire en sorte que les élèves qui depuis l’enfance ont vécu
avec une autre langue que celle utilisée en classe puissent accéder aux savoirs enseignés.

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