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Des recherches sur l’enfance au profit d’une anthropologie de l’école

par Julie DELALANDE

| Presses Universitaires de France | Ethnologie française

2007/4 - Tome XXXVII


ISSN 0046-2616 | ISBN 2-13-056087-6 | pages 671 à 679

Pour citer cet article :


— Delalande J., Des recherches sur l’enfance au profit d’une anthropologie de l’école, Ethnologie française 2007/4,
Tome XXXVII, p. 671-679.

Distribution électronique Cairn pour les Presses Universitaires de France.


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Des recherches sur l’enfance


au profit d’une anthropologie de l’école
Julie Delalande
CERSE, Université de Caen Basse-Normandie

RÉSUMÉ
Comment l’anthropologie de l’école s’enrichit-elle de recherches sur l’enfance quand on sait que l’école est non seulement
un lieu de transmission d’un savoir mais également un lieu de vie ? L’article montre aussi comment ces travaux sur l’enfance
empruntent autant à la sociologie qu’à l’anthropologie, tout en précisant l’apport spécifique de cette dernière. Les métho-
dologies d’enquêtes fondées sur une observation participante, et le concept de culture, font apparaître l’ethnologie comme
une discipline de réflexion sur l’Autre. Dans cette optique, les enfants sont alors considérés comme un groupe social et
culturel, et non plus regroupés selon une approche « adultocentrique » qui raisonne en termes de classes d’âge.
Mots-clés : Anthropologie de l’école. Anthropologie de l’enfance. Cour de récréation. Culture enfantine. Méthodes d’enquête.
Julie Delalande
Université de Caen Basse-Normandie – Campus 1
Département des Sciences de l’éducation
CERSE (Centre d’études et de recherche en sciences de l’éducation)
Esplanade de la Paix
BP 5186
14032 Caen Cedex France
jdelalande@atol.fr

Si le développement d’une anthropologie de l’école des réflexions passées et actuelles de disciplines voisines
peut être envisagé à partir de l’étude de l’institution pour penser l’école. De ce fait, tout en pointant les
scolaire, il peut être éclairé par une fenêtre sans doute spécificités de la discipline, elle encourage une approche
secondaire, mais qui aujourd’hui se développe, celle de pluridisciplinaire de l’école et de ses occupants.
l’anthropologie de l’enfance ou plutôt de la socio-anthro-
pologie de l’enfance. Du côté du regard porté sur les
enfants, il semble en effet que, si l’on peut s’intéresser ■ Dépasser une approche
aux spécificités de l’apport de l’anthropologie sur l’objet
d’étude, la recherche francophone sur l’enfance tente de « adultocentrique » des enfants
s’inscrire aujourd’hui dans une approche pluridiscipli- au sein de l’école
naire. Celle-ci rassemble, autour de ces deux disciplines,
des chercheurs originaires d’autres disciplines qui pren- • L’héritage du XIXe siècle
nent comme objet d’étude les enfants, tels que des phi-
losophes ou des géographes sociaux. L’école a longtemps été étudiée, par l’ensemble des
Dans cet article, je propose de donner quelques repè- disciplines des sciences sociales, pour ce qu’elle est avant
res sur l’évolution d’une socio-anthropologie de l’école tout aux yeux de la population : une institution sociale
dans son lien avec un regard renouvelé sur l’enfance, visant à transmettre aux enfants, ici considérés comme
tant du côté du sens commun que des scientifiques, des élèves, les connaissances jugées nécessaires pour leur
avant de présenter quelques-uns de mes propres terrains formation de futurs adultes, et visant plus largement
qui, bien que relevant d’une anthropologie de l’enfance, l’éducation de ces jeunes individus. Pour Émile Durk-
se tiennent dans des écoles. Leur présentation et la réfé- heim, un des « pères » de la sociologie française, l’école
rence à ceux de chercheurs travaillant sur le même objet est un lieu permettant une « socialisation méthodique »
devraient permettre de suggérer comment l’anthropo- [1922] des enfants qui « ne sont pas encore mûrs pour la vie
logie se nourrit des héritages de sa discipline, mais aussi sociale » [1911]. S’il écrit que la classe est une « petite

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société » [1925], c’est du fait du professeur qui organise et dans leur rapport aux adultes. La sociologie de l’école
la vie de cette communauté qui, sans sa présence, tour- se libère d’une restriction aux questions d’éducation
nerait au désordre. Le discours tenu au XIXe siècle par pour s’intéresser aux élèves acteurs dans le processus
les pédagogues et éducateurs à propos de la cour de éducatif et à l’école comme lieu de vie. La sociologue
récréation insiste sur la nécessité de diriger les jeunes Suzanne Mollo est l’une des premières en France à poin-
gens quand ils s’amusent, afin de ne pas laisser s’installer ter la nécessité pour les scientifiques d’étudier l’école du
« les jeux de mains, les bandes, les coteries, l’inaction, en un point de vue des enfants et de leurs relations entre eux.
mot, le désordre » [Nadaillac et Rousseau, 1891]. La Elle écrit : « Les relations sociales entre enfants, dont personne
récréation est valorisée en ce qu’elle permet la motricité n’aurait l’idée de nier l’importance, sont bien maltraitées à
et l’hygiène de vie, mais le jeu libre doit rester sous le l’école, qui est peut-être pour l’enfance la seule institution
contrôle vigilant des adultes. permettant l’apprentissage de la vie entre pairs… Qui pourrait
Tous ces éléments apportent de précieuses informa- répondre à ces simples questions : comment l’enfant voit-il
tions sur la perception des enfants dont nous sommes l’école ? Comment s’y perçoit-il ? » [Mollo, 1974 : 117.]
les héritiers et qui a conditionné notre action éducative. Du côté des concepts, le développement d’une socio-
La socialisation entre enfants est nuisible car elle détruit logie attentive au travail de l’individu comme acteur per-
le travail de l’éducateur. Seule une socialisation verticale, met de sortir d’une vision fonctionnaliste où les individus
des adultes vers les enfants, est souhaitable. Par consé- sont agis par les institutions sociales. L’enfant est perçu
quent, les relations libres entre enfants doivent être limi- comme acteur de sa socialisation. À l’école, le concept de
tées. Si, depuis, le courant pédagogique de l’éducation « métier d’élève » [Perrenoud, 1994] met au jour les
nouvelle a valorisé les relations horizontales dans compétences de celui-ci et le sens qu’il donne à son travail
l’apprentissage scolaire et dans la vie à l’école, et si quotidien. La notion d’« expérience sociale » [Dubet, 1994]
aujourd’hui s’affiche la volonté politique de mettre insiste sur la manière dont chaque enfant interprète son
l’élève, ou même l’enfant, « au centre du système éducatif » métier et développe des compétences pour répondre aux
(selon la loi d’orientation de 1989), cette valorisation exigences de ce métier d’élève. En étant attentif à l’expé-
du jeune individu n’empêche pas une représentation rience enfantine, les chercheurs sont amenés à décloison-
essentiellement « adultocentrique » de l’école et de ner les lieux de vie des enfants, tel qu’en témoigne le
l’enfance, c’est-à-dire fondée sur les préoccupations des concept d’« enfant messager » (« go-between ») entre l’école
adultes et voyant en l’enfant un futur adulte plus qu’un et la famille [Perrenoud, 1987]. Au-delà de l’école, c’est
être au présent [James et Prout, 1990]. donc au « métier d’enfant » [Sirota, 1998] que l’on aboutit,
concept permettant aussi d’inclure les exigences du
groupe de pairs pour comprendre la manière dont chacun
• Le renouvellement du regard porté sur l’enfance compose à partir des codes sociaux et culturels des diffé-
L’évolution du regard sur l’école, amorcée dans les rents groupes auxquels il appartient.
années 1970, vient sans doute d’une évolution des rap- Si les dimensions sociale et culturelle sont présentes
ports entre générations. En France, l’histoire de l’école dans la recherche sociologique, une prédominance de la
[Prost, 1981] comme la sociologie de la famille [De première s’explique par l’histoire de la discipline, préoc-
Singly, 2004] montrent comment l’on est passé, entre cupée par les questions de socialisation. Ce que ces évo-
1970 et 1990, d’un mode de relation autoritaire à un lutions permettent, c’est donc principalement une
rapport compréhensif ouvert au dialogue. La Conven- transformation du concept de socialisation, celle-ci
tion internationale des droits de l’enfant et sa ratification n’étant plus perçue comme une simple action des adultes
par la France en 1989 constituent des éléments révéla- sur les enfants, un façonnage de l’individu, mais comme
teurs d’une prise en compte de l’intérêt de l’enfant. le travail de chaque individu qui se socialise, qui devient
L’influence des travaux de puériculture et plus encore donc acteur de sa socialisation.
de la psychanalyse et de la psychologie a permis une
évolution des mentalités et des pratiques. De l’enfant
« dressé » à l’« enfant-sujet », celui-ci devient une per- • … et des ethnologues
sonne, un interlocuteur. La dimension culturelle est surtout développée par les
recherches des ethnologues, héritiers d’une forte atten-
tion à ce qui constitue l’Autre dans son altérité, sa
• Du côté des sociologues… culture. Depuis les travaux de l’anthropologue améri-
L’évolution des théories sociologiques suit l’évolution caine Margaret Mead et ses travaux comparatifs entre le
sociale autant qu’elle y participe. Le regard scientifique système éducatif américain et celui de Nouvelle-Guinée
s’adapte en effet à une société en changement, invente notamment [1930], l’attention est portée sur le rapport
de nouveaux concepts et de nouvelles méthodes d’en- entre culture et personnalité, c’est-à-dire sur la manière
quête, et par conséquent donne une analyse renouvelée dont on « enculture » l’individu. Alors que les psycho-
des enfants, dans leur dimension d’êtres en construction logues de l’époque, dont Jean Piaget, construisent

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l’image d’un enfant qui se développe par stades successifs travail de l’acteur, abandonnent en partie une métho-
en fonction de critères psychomoteurs quel que soit son dologie quantitative des années 1970 adaptée à l’analyse
lieu de vie, Margaret Mead et d’autres anthropologues tel du fonctionnement de l’école comme institution sociale,
Marcel Mauss en France [1937] ébranlent cette représen- et empruntent aux anthropologues leur méthode de
tation de l’enfant. Ils démontrent en effet, en présentant recueil de données. Celle-ci, d’abord adoptée par les
le développement et l’éducation d’enfants de contrées chercheurs américains de l’éducation aux États-Unis,
éloignées, comment chaque culture façonne le naturel, profite d’une large diffusion par le fait des travaux de
révise, réordonne et finalement donne un sens au repé- l’école de Chicago. La rupture des barrages théoriques
rage physiologique. Margaret Mead fragilise l’idée d’un et méthodologiques, en écho avec l’évolution du regard
déterminisme biologique en montrant notamment que porté par nos sociétés sur la population enfantine, sem-
les jeunes des îles Samoa ne connaissent pas de crise ble permettre la naissance d’une socio-anthropologie de
d’adolescence, démontrant que ce que l’on prenait pour l’enfance.
un phénomène naturel est relatif au contexte culturel Le titre de l’ouvrage de l’anthropologue Cléopâtre
[1928]. Si d’autres chercheurs ont remis en cause depuis Montandon et de la sociologue Françoise Osiek [1997],
la validité de ses conclusions sur l’absence de crise d’ado- L’éducation du point de vue des enfants, est révélateur de
lescence à Samoa [Freeman, 1983], les travaux de l’approche adoptée : délaissant l’attention portée sur ce
l’anthropologue américaine et d’autres après elle ont per- que l’on fait aux enfants, les chercheures s’intéressent à
mis de faire éclater le modèle d’un enfant unique dans la « ce que les enfants font de ce qu’on leur fait » [: 17]. Elles
diversité des cultures humaines. étudient la manière dont ils se représentent l’éducation
En France, la dimension culturelle valorisée dans les qu’ils reçoivent, dont ils l’interprètent et y réagissent.
travaux des anthropologues travaillant sur leur propre pays Elles croisent les questions de transmission des savoirs,
s’explique aussi par leur héritage des folkloristes qui, au des valeurs, les questions de structures éducatives plus
XIXe siècle, ont procédé à la collecte d’un folklore en train ou moins autoritaires et formelles, et celles d’une édu-
de disparaître sous l’effet de l’industrialisation. C’est dans cation visant l’orientation vers la société et le monde du
ce cadre que des données sur les jeux, comptines et autres travail. Philosophe de formation, Patrick Rayou a
productions enfantines sont recueillies [Baucomont, enquêté sur les lycéens [1998] puis sur les écoliers [1999]
1931], mais en étant malheureusement extraites de leur en inventant une méthodologie attentive à leur expé-
contexte social. Sur la période contemporaine, les eth- rience sociale au sein de l’établissement scolaire, captant
nologues dévient parfois de leur objet d’étude principal la manière dont, entre pairs, ils développent des compé-
pour proposer des données et analyses enrichissantes sur tences pour former une microsociété structurée sur des
le folklore enfantin, montrant l’intérêt de l’étude de valeurs et normes communes, une « cité invisible »
lycéenne, une « société de cour » d’école élémentaire. La
l’enfance pour la discipline [Augustins, 1988]. Dans la sociologue Anne Barrère [2003] a enquêté sur le travail
première moitié du siècle, Arnold van Gennep, considéré scolaire des lycéens, à l’école et hors l’école, en procé-
comme l’un des fondateurs de l’ethnologie française, est dant à des entretiens, mais en leur proposant également
l’un des premiers à dépasser le souci de conservation qui de tenir un journal de bord scolaire dans lequel ils pou-
anime ses prédécesseurs, en présentant l’univers des vaient noter leurs tâches objectives et leurs impressions
enfants dans sa dimension culturelle et sociale. Il écrit : personnelles au cours de ce travail. Elle a ainsi recueilli
« L’éducation de l’enfant, son instruction verbale et agie, se fait des informations très concrètes sur l’aspect invisible du
surtout par les autres enfants, et sans qu’il s’en doute, par une travail scolaire, sur leur façon d’aménager, dans leur
contrainte morale et imitative » [1943 : 167]. Dans les décen- espace intime, un temps et un lieu pour les devoirs à la
nies qui suivent, on trouve en Grande-Bretagne une ini- maison. Dans l’ouvrage à trois déjà signalé [Danic, Dela-
tiative assez similaire avec Iona et Peter Opie [1959 et lande, Rayou, op. cit.], les auteurs présentent des recher-
1969] qui ont collecté les traditions orales et les jeux des ches qui donnent à voir l’enquête de terrain de
jeunes Britanniques, dans les cours d’école et dans la rue. chercheurs qui travaillent sur l’école et qui souhaitent
capter le point de vue des élèves. Ils y privilégient des
approches qui montrent que « […] bien que très fortement
• Vers une approche socio-anthropologique ? encadré par les adultes, le monde scolaire ne serait pas ce qu’il
Sur la période contemporaine, la limite est plus floue est sans la contribution propre des enfants comme acteurs
entre le regard des sociologues et celui des anthropolo- sociaux » [: 68]. Tout en étant marqués par leurs milieux
gues porté sur les enfants au sein de l’école, car ils se sociaux d’origine, ces derniers sont très largement socia-
nourrissent des théories et concepts des uns et des autres lisés par les interactions avec leurs pairs d’âge.
et travaillent parfois de concert [Danic, Delalande, Ces quelques exemples de recherche révèlent ce
Rayou, 2006]. Les recherches se caractérisent par le fait qu’une attention scientifique à l’expérience d’élèves
qu’elles s’intéressent d’abord au point de vue des enfants engendre comme type de données et d’analyses, qui
et utilisent pour cela plus volontiers les méthodes eth- m’apparaissent caractériser la volonté de sortir d’un
nographiques. Les sociologues de l’école, attentifs au regard « adultocentrique ». Pour cela, les chercheurs sont

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prêts à emprunter à la sociologie comme à l’anthropo- privilégié pour rencontrer des enfants, par exemple pour
logie, pour l’apport respectif de ces disciplines à une étudier le rituel de la petite souris qui passe apporter
meilleure compréhension de l’homme en société. une piécette ou un cadeau lorsqu’un enfant perd une
dent de lait. Lors d’une enquête sur ce thème, j’ai mené
des entretiens collectifs auprès d’enfants de 5 et 6 ans,
■ Une ethnologue dans l’école : afin de recueillir leur discours sur l’événement et sur le
personnage mythique de la petite souris. Armée d’un
des enfants, des acteurs, des terrains regard d’ethnologue, j’ai abordé les enfants comme une
population à part entière, pour recueillir leur point de
La recherche sur l’école s’enrichit donc, d’une part, vue sur ce rituel. Quelques travaux en ethnologie de
d’une recherche sur l’enfance qui prend en compte les l’enfance, comme l’étude de Georges Augustins sur les
élèves comme acteurs, parfois motivés par d’autres buts jeux de billes [op. cit.], m’ont incitée à creuser un
que ceux définis par l’institution scolaire. D’autre part, domaine peu exploré. Mon enquête ethnographique sur
la compréhension de l’école s’approfondit grâce à une les pratiques d’enfants dans des cours de récréation
approche pluridisciplinaire. À l’échelle d’un chercheur, d’écoles maternelles et élémentaires est nourrie des
les objets d’étude se redéfinissent aussi en fonction des principes classiques de l’ethnologie : un travail d’immer-
réalités du terrain, entendu à la fois comme lieu de sion de longue durée dans le groupe étudié, une appro-
réflexion et lieu d’échange avec des acteurs sociaux. Par che monographique et totalisante. L’objectif est de
la présentation d’éléments de mon propre parcours, on comprendre ce que des enfants vivent dans une cour de
comprendra comment peuvent se construire des points récréation, en faisant l’hypothèse globale qu’ils organi-
d’intersection entre un regard sur l’école et sur l’enfance sent ce moment partagé et l’habitent de pratiques qui
d’un côté, et entre les outils et concepts des sociologues leur sont propres. Le projet est celui d’une compréhen-
et des anthropologues de l’autre. sion globale de l’espace du point de vue de ses occu-
pants ; il vise à dégager les dimensions sociales et
culturelles du groupe.
• La mise en valeur de la dimension sociale et culturelle Une cour d’école peut être analysée comme une
des groupes de pairs microsociété, à l’intérieur de laquelle tout enfant doit
L’école peut parfois être prise comme terrain d’en- trouver sa place, par son intégration dans un jeu. La
quête, sans pour autant que la recherche porte sur l’ins- distribution des rôles dans le jeu crée des relations de
titution scolaire. Elle est alors conçue comme un lieu dépendance entre participants et construit un lien de

1. Dès la maternelle, les cours


d’école sont le lieu de trans-
mission d’une culture enfan-
tine (photo de l’auteur).

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solidarité entre enfants qui, parti de l’activité ludique, élèves, amènent parfois le chercheur à intégrer ses ana-
la dépasse. À l’école maternelle, les enfants rencontrés lyses dans des problématiques sociales qu’il n’avait pas
organisaient beaucoup leurs relations de manière hié- prévues. La rédaction d’un ouvrage destiné aux parents
rarchique autour d’un leader, un « chef » (selon leur [Delalande, 2003] comme celle d’articles grand public
terme) qui décide à quoi on joue et qui participe, veille [Delalande, 2004] visent en ce sens à contrer une repré-
au bon déroulement du jeu et gère les conflits entre les sentation construite par les médias. Elle pousse le cher-
joueurs. Profitant de sa reconnaissance sociale par le cheur à proposer non plus seulement une connaissance
groupe, il se garde le meilleur rôle et prend plaisir à anthropologique de l’enfance, mais aussi une compré-
soumettre ses pairs à son autorité. L’observation des hension de l’école en tant que lieu de vie. Les enjeux
rapports enfantins dans une cour passe aussi par celle des d’une recherche sur l’enfance et sur l’école se rejoignent
relations entre filles et garçons, qui se donnent à voir alors. Une étude en cours sur le passage des élèves en
par des jeux qui séparent plus qu’ils ne réunissent les classe de sixième montre elle aussi les possibilités d’enri-
enfants des deux sexes. Mais la prédominance de jeux chissement réciproque entre ces deux champs de recher-
sexués, qui amène les uns et les autres à développer des che. Quelles transformations, dans les habitudes et les
compétences et des plaisirs spécifiques, n’empêche pas manières d’être des élèves, le changement d’établisse-
l’existence de jeux mixtes tels que ceux de l’« attrape », ment de l’école primaire au collège engendre-t-il ? Est-
des techniques d’approche telles que l’activité consistant ce, à l’image de ce que répètent les adultes, un moment
à « embêter les filles » ou encore d’histoires d’amour qui de grandissement ? Centrée sur le point de vue d’enfants,
impulsent une dynamique sociale essentielle à la l’enquête recueille leurs discours et leurs pratiques avant
compréhension des enjeux sociaux d’une cour d’école. l’entrée au collège et au cours de l’année de sixième,
Du côté des pratiques culturelles, le recueil de jeux mais en comparant leurs attentes et expériences à celles
et autres pratiques, leur transmission et transformation, de leurs parents. Les parents expriment leurs appréhen-
leur construction à partir d’éléments empruntés aussi sions personnelles face à ce qu’ils vivent comme une
bien au monde de l’enfance qu’à celui des adultes, mon- aventure, tant pour leur enfant que pour eux-mêmes.
trent l’intérêt heuristique de présenter les cours d’école Mais en même temps ils reprennent et s’approprient un
en tant que lieux de transmission d’une « culture enfan- point de vue socialement institué, que l’on retrouve chez
tine ». Je la définis comme l’ensemble des connaissances les enseignants, selon lequel le passage en sixième
et des comportements attendu d’un enfant par ses pairs accompagne une transformation de l’individu.
pour son acceptation dans le groupe. La déclinaison du Du côté des enfants, l’enquête montre au CM2 une
concept de culture, central en anthropologie, pour dési- impatience à quitter une école et un groupe d’enfants
gner un savoir et des pratiques proprement enfantins, que l’on connaît trop bien, mélangée à la peur de
permet de sortir d’une analyse de la population enfan- l’inconnu et des grands du collège. En même temps,
tine comme simple groupe d’âge caractérisé par sa rela- leurs propos montrent leurs bonnes connaissances et leur
tion de domination et d’éducation face aux adultes ; il préparation à un nouveau fonctionnement, notamment
s’agit de penser les enfants dans leur altérité avec les au fait qu’il faudra abandonner le jeu pour se conformer
adultes, et d’adopter un point de vue clairement anthro- à l’attitude des collégiens qui discutent dans la cour :
« On va pas jouer, on va parler, parce qu’on a visité le collège
pologique. Mais l’étude ethnologique restreinte au et personne ne jouait, alors ça va faire un peu bête si on joue,
groupe des enfants ne doit pas occulter le cadre social on va être pris pour des bébés. » L’abandon du jeu semble
et relationnel plus large dans lequel évoluent les enfants. ainsi commencer en CM2, soit en adoptant par avance
Le risque existe en effet de transposer ce que l’ethno- cette attitude, soit en profitant des derniers mois à l’école
logie a parfois conduit à faire : considérer les groupes primaire pour jouer avec les plus jeunes « à la maîtresse »
étudiés comme des systèmes clos sur eux-mêmes, ou « au papa et à la maman ». Le jour de la rentrée en
imperméables aux changements et aux influences exté- sixième s’accompagne de troubles très clairement décrits
rieures. Les expressions « culture enfantine » et « société dans les rédactions demandées par les professeurs de
enfantine » sont donc utilisées pour conceptualiser des français. Un garçon écrit : « La veille de la rentrée j’ai très
pratiques enfantines sans gommer pour autant leur hété- peur et mal au ventre. J’ai peur parce qu’il y a les grands. Il
rogénéité et leurs interactions avec le monde des adultes y a aussi que je ne serai certainement pas avec mes copains de
[Delalande, 2006]. l’année dernière, enfin bref, j’ai peur. » Dans les premiers
mois, on cherche à rester avec ses anciens camarades de
• D’une anthropologie de l’enfance l’école élémentaire, à ne pas se perdre dans les nouveaux
locaux, et petit à petit on s’habitue : « Je suis contente
à l’école comme lieu de vie d’être en sixième parce qu’il y a beaucoup de choses qui chan-
Ces recherches sur l’enfance ne sont pourtant pas gent, c’est un peu difficile au début de s’intégrer mais une fois
déconnectées du lieu d’enquête où elles puisent leur qu’on a la technique, tout roule. » En prolongeant des rela-
matériau. Les acteurs sociaux eux-mêmes, ici les ensei- tions amicales anciennes tout en adoptant les manières
gnants des écoles choisies pour terrain et les parents des d’être du collège, les élèves de sixième aménagent leur

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676 Julie Delalande

2. À la fin de l’école élémen-


taire, les élèves profitent de
leurs derniers moments de
jeu, avant son abandon lors
du passage au collège (photo
de l’auteur).

passage déjà anticipé l’année précédente. Ainsi constate- confiance grâce à une enquête prolongée. Aux premiers
t-on de remarquables compétences à prendre en charge terrains fondés sur des observations de plusieurs mois
le passage, une lucidité sur les constantes et les change- suivies d’entretiens (en petits groupes à la maternelle,
ments d’un établissement à l’autre, sur les avantages et individuels pour les élèves de 8 ans) 2, ont succédé des
les inconvénients de chaque lieu. En témoigne l’atten- dispositifs qui visent à favoriser l’investissement des élè-
tion portée, avant même d’entrer au collège, à la modi- ves et à amoindrir les effets d’un enquêteur adulte. Pour
fication des rapports humains entretenus avec les l’enquête sur le passage de l’école au collège, un dispo-
enseignants, en passant du maître unique aux professeurs sitif est mis en place sur deux ans avec cinq enfants, avec
multiples. Certains élèves regrettent par avance que le leur accord et celui de leurs parents : un entretien col-
nombre de professeurs au collège entraîne la disparition lectif se déroule chez l’un d’eux, une première fois en
d’un lien quasi familial : « Cette année, on connaît plein de fin de classe de CM2, une deuxième fois lors du premier
trucs sur Sophie, ses enfants, son chien ; mais quand on ira au mois au collège, et une troisième en fin d’année de
collège, on saura le prénom des profs et c’est tout. On saura sixième. Des entretiens complémentaires ont lieu avec
pas s’ils sont mariés et s’ils ont des enfants. » En même leurs parents. D’autre part, un recueil de données par
temps, ils anticipent les avantages apportés par un ano- les enfants eux-mêmes est mis en place, une fois qu’ils
nymat et une massification qui rendent plus difficile le sont en sixième. Dans ces « ateliers d’apprentis reporters »,
contrôle des élèves : « Au self, c’est mieux parce que si on je forme ces quelques élèves au travail d’ethnographe :
fait une bêtise, ils nous voient pas parce qu’on est plus qu’à munis d’appareils photo jetables, de carnets, stylos et
la cantine. » magnétophones, ils enquêtent sur l’entrée en sixième
de leurs camarades. Nous réfléchissons ensemble au type
d’informations à recueillir, et ils s’interrogent entre eux
• À la recherche de méthodes d’enquête adaptées avant de se lancer dans l’interview de leurs pairs. Ils
D’une école à l’autre, les enquêtes amènent le cher- participent au dépouillement des entretiens. L’objectif
cheur à interroger la manière de recueillir le point de de l’atelier est la réalisation d’un petit journal à diffuser
vue d’enfants en réduisant le plus possible les effets de auprès des élèves de CM2 et de sixième dans l’idée que
leur relation hiérarchique avec les adultes 1. Si mes les premiers bénéficient du témoignage de leurs prédé-
recherches ont posé, dès leur origine, l’hypothèse qu’ils cesseurs et que les jeunes collégiens constatent qu’ils
possèdent un savoir non ou peu connu des adultes qu’il vivent les uns et les autres des émotions et des événe-
s’agit de découvrir, en faire la démonstration à des ments communs lors de leur initiation au collège. Pour
enfants suppose d’instaurer avec eux une relation de moi-même, l’atelier est l’occasion d’approfondir mes

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relations avec le groupe et de mener en parallèle l’en- plus « authentiques » [op. cit. : 114] entre élèves, et de
quête sur l’entrée au collège. saisir davantage leurs perspectives.
La méthodologie m’a été inspirée par le sociologue De son côté, le sociologue américain Gary Alan Fine,
britannique Andrew Pollard [1987] qui a pratiqué ce au sujet de ces « enfants collecteurs » [1999 : 137-138],
qu’il nomme une « approche collaborative » avec ses propres prévient des travers à éviter : exploiter les enfants qui
élèves de 11 et 12 ans (il était également enseignant). prendraient la place d’enquêteurs qui eussent été payés,
Ensemble, ils constituèrent un club à l’heure du déjeuner les mettre en situation de danger ou dans une posture
et le groupe d’enfants était chargé d’interviewer des délicate face à leurs pairs. En effet, leur mission doit être
élèves de leur âge et de commenter les analyses du cher-
cheur. Son intention était surtout d’avoir un meilleur précisément encadrée et leur recherche limitée et appro-
accès à leur culture que s’il avait lui-même mené priée à leur âge. La démarche propose cependant un
l’enquête, mais aussi de remédier au peu de temps dont intérêt tant pédagogique que scientifique : elle éveille
il disposait pour le faire, du fait de sa fonction d’ensei- ces enfants à un savoir qu’ils possèdent, les met dans une
gnant. Cette expérience a été d’autant plus bénéfique situation d’écoute face aux autres, et bien sûr elle témoi-
qu’ils se connaissaient bien et se respectaient. Elle lui a gne de la confiance que l’adulte leur porte et augmente
permis, comme à moi-même, de recueillir des dialogues par conséquent la confiance qu’ils ont d’eux-mêmes.

3. Au collège, dès la sixième,


la discussion remplace le
jeu sous peine de paraître
« bébé ». Mais la cour reste le
lieu de transmission d’une
culture de pairs (photo de
l’auteur).

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Ce type de pratiques semble relever de la célèbre de dispositifs incluant les enfants comme collaborateurs.
observation participante chère aux ethnologues, même Les travaux montrent aussi une ethnologie enrichie des
si, ici, la participation est double puisqu’elle concerne problématiques sociologiques, mais encore une recher-
l’enquêteur et les enquêtés. Auprès d’enfants, l’observa- che sur l’école approfondie par une connaissance de
tion participante est une technique qui, comme tout l’enfance. L’enquête est enfin l’occasion d’une réflexion
outil, doit faire l’objet d’une adaptation. Elle peut des acteurs sur leur expérience. La présence d’une eth-
s’entendre dans une acception proche de celle de son nologue dans l’établissement amène l’équipe ensei-
introducteur Bronislaw Malinowski, qui exposait en gnante à porter une attention aux enfants en des termes
1922 la nécessité de « planter sa tente au milieu du village » qui dépassent la dimension strictement éducative. Mes
afin de « saisir le point de vue de l’indigène » [1989 : 63]. On échanges avec les enseignants, leur lecture de mes écrits,
cherche ainsi à réduire la distance entre enquêteur et les invitent à aiguiser leur attention à un aspect du
enquêtés afin de diminuer les effets de l’ethnocentrisme : monde scolaire qui leur semble parfois secondaire : les
comprendre l’autre à partir de ses représentations et non relations entre élèves. Derrière celles-ci, c’est l’altérité
à partir des modes de pensée de la culture de l’enquêteur. de l’enfance face au monde des adultes qu’ils peuvent
Dans le cas des enfants, le fossé semble être avant tout saisir. En travaillant avec des enfants de l’école mater-
constitué par la différence d’âge. Derrière elle, ce qui nelle jusqu’au collège, je les amène à constater qu’ils ont
préoccupe le chercheur est le fossé social et culturel qui des savoirs que les adultes ignorent le plus souvent et
le sépare des enfants. Comment avoir accès à leur percep- qui intéressent l’enquêteur. En leur faisant découvrir
tion du monde et à la manière dont ils évoluent dans l’objectif de l’ethnologue, connaître l’Autre, et en pas-
celui-ci ? La pratique consistant à s’immerger dans le sant du temps avec eux afin d’apprendre d’eux quelque
milieu observé reste un outil adéquat. chose de leur univers, le chercheur leur propose un
rapport original avec un adulte. Il les amène aussi à une
démarche d’introspection sur leurs sentiments, leurs
• L’ethnologue à l’école, ou la mise en valeur de l’altérité expériences. Entrer dans une école, à mes yeux, c’est
L’ensemble des recherches présentées témoigne du donc d’abord faire de l’ethnologie de l’école, mais c’est
passage d’une méthodologie « classique » à une enquête certainement, du même coup, initier ses acteurs au
en quelque sorte « partagée », à travers l’expérimentation regard du chercheur. ■

Notes pées dans l’ouvrage déjà signalé : Danic, Dela-


lande, Rayou, 2006.
parents, afin de découvrir la spécificité du
regard des enfants par rapport à celui des
2. Ils ont reposé aussi sur des entretiens adultes, plus encore que de préciser des
1. Ces questions sont largement dévelop- formels et informels avec des enseignants et des informations.

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ABSTRACT
Research on childhood for an anthropology of the school
The article presents several reflexions and investigations allowing us to clarify how the anthropological study of school life can be
enriched by research on childhood. This research has captured the importance of relationships between students and their point of
view concerning the school not only as a place to learn but also as a place to socialize. This article shows how childhood research
equally borrows from sociology as anthropology, while specifying the contribution of latter ; with its concept of culture and the
specific methodology of participant observation. More over, it is the specific approach of ethnology as a discipline which reflects on
the « Other », that helps research on school life. This approach presents children as a social and cultural group instead of only focusing
on an « adultocentric » approach that reduces children to an age bracket.
Keywords : Anthropological study of school life. Anthropological study of childhood. Playground. Children’s culture. Methods of
investigation.

ZUSAMMENFASSUNG
Kindheitsstudien als Grundlage einer Schulanthropologie
Dieser Artikel beschäftigt sich, ausgehend von der Annahme, dass die Schule nicht nur ein Ort der Wissensvermittlung sondern
ebenso Lebensmittelpunkt ist, mit der Frage, wie die Schulanthropologie von Kindheitsstudien profitieren kann. Zudem zeigt die
Autorin, wie Arbeiten über Kindheit sowohl von auf die Soziologie als auch auf die Anthropologie (und deren spezifische Heran-
gehensweisen) zurückgreifen. Dabei zeigen Umfragen, die auf der Methode einer partizipativen Beobachtung gründen und das
Konzept der Kulturforschung einbeziehen, inwiefern Ethnologie als Disziplin, das Nachdenken über den Anderen einschließt.
Entsprechend werden Kinder als eigenständige soziale und kulturelle Gruppe wahrgenommen und nicht mehr ausschließlich einer
« erwachsenenzentrierten » Herangehensweise entsprechend in bestimmte Altersklassen eingeteilt.
Stichwörter : Schulanthropologie. Kindheitsanthropologie. Pausenhof. Kindheitskultur. Umfragemethoden.

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