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INTRODUCTION

La question de socialisation et de citoyenneté se pose actuellement à peu près partout dans le


monde, mais elle est devenue incontournable face à la crise d’autorité et de gouvernance qui
sévit dans l’Etat, à la violation des droits humains dans notre pays, aux menaces de paix dans
le monde et de survie de l’humanité et face aux problèmes environnementaux. C’est pourquoi
le Cursus formatif des Sciences de l’Education de notre Université a inclus des visées, des
contenus et des pratiques d’éducation à la citoyenneté. L’éducation à la citoyenneté constitue
un moyen pour assurer la construction du lien social dans des sociétés caractérisées par
l’individualisme et le pluralisme des cultures et des valeurs. L'éducation à la citoyenneté est
étroitement reliée à une éducation à la paix, à la démocratie, aux droits humains et à
l’environnement. Chaque personne humaine est un être social

Objectif

 Analyser les enjeux du développement de la personne humaine comme être social,


 Réfléchir sur la responsabilité de l’Ecole et des éducateurs dans la formation de la
conscience citoyenne chez tous,
 Clarifier le sens d’une éducation à la citoyenneté dans le contexte actuel.

Chapitre 1 – Former un citoyen

1. Le besoin de la socialisation
a. Nationalité et citoyenneté
b. L’individu comme acteur du développement de la communauté
c. Intégration dans la communauté locale, nationale et internationale
2. Les grands axes de l'éducation à la citoyenneté
a. La participation citoyenne
b. L’Eco-citoyenneté (éducation à l’environnement)
c. La question du respect et de la protection des Droits humains
d. L’instauration de l’Etat de droit (ses caractéristiques)

Chapitre 2 – L’éducation à la citoyenneté: une réponse au problème du vivre-ensemble

1. La montée de l’individualisme et l’affaiblissement du sentiment de solidarité


sociale
2. Education à la citoyenneté : un moyen pour renforcer le lien social
3. La responsabilité politique, juridique et morale : fondement de l’agir citoyen
Chapitre 3 – Éduquer à la citoyenneté et contribuer à la formation du jugement moral

1. Vivre ensemble ou suicide collectif ?


2. L’individualisme : le plus grand virus à abattre
3. L’immoralité systémique
4. Le jugement moral et éthique au centre la formation de la conscience citoyenne
5. L’imbrication de la formation morale et citoyenne

Chapitre 4 – La question de l’éducation aux valeurs civiques à l’Ecole


1. La question de valeurs dans le système éducatif
2. La responsabilité des enseignants et éducateurs dans l’éducation civique
3. Le rôle des parents dans la construction sociale de l’individu

CONCLUSION
Bibliographie

1. France Jutras, L’éducation à la citoyenneté : Enjeux socioéducatifs et pédagogiques,


Québec, 2010.
2. BILLIER, Jean-Cassien. Introduction à l’éthique, presses universitaires de France,
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3. MALINOWSKI, Bronislaw. Une théorie scientifique de la culture, Paris : Maspero,
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4. FRANCOIS,PierreEnocque.PolitiqueséducativesetinégalitésdeschancesscolairesenHa
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5. GILLES,Alain.État,conflitetviolenceenHaïti,uneétudedanslarégiondel'Artibonite,Port-
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15. http://baytalhikma.wordpress.com/2011/03/22/l%E2%80%99education-aux-valeurs-
face-aux-defis-de-la-mondialisation
16. http://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie_de_l
%27%C3%A9ducation#La_question_des_valeurs
17. http://www.eduscol.education.fr/cid45612/competence.html
INTRODUCTION

On dénote, presque dans tous les pays, un affaiblissement de la conscience citoyenne chez les
gens : faible participation aux élections, mépris pour les valeurs citoyennes, manque du sens
du devoir chez les politiciens, manque d’engagement collectif pour le bien commun
(environnement, la paix, le développement durable), une violation plus fragrante des droits
humains et un individualisme triomphant qui nie l’aspect social ou communautaire, etc.La
solution au sérieux problème de citoyenneté devrait nécessairement passer par l’éducation des
enfants et des jeunes. L’école doit être le premier lieu de formation citoyenne des individus.
En ce sens, les éducateurs ont un rôle primordial à jouer dans l’éveil de l’exercice de la
citoyenneté des jeunes. Ils ont la responsabilité de préparer leurs élèves à exercer leurs
droitset leurs devoirs civiques. Ils ont aussi la responsabilité de les préparer à s’impliquer et à
exercer leur rôle de citoyen au niveau local, national et international. Voilà au moins un motif
majeur d’un cours à la citoyenneté dans votre cursus formatif, comme futurs responsables de
l’éducation des jeunes.
De plus, l’absence du sens de citoyenneté touche aussi les universitaires comme jeunes. En ce
sens, les étudiants en Science de l’Éducation doivent également percevoir leur palier
d’éducation comme moment charnière du développement de leur pensée critique et participer
aux réflexions qui se font sur les thématiques de la citoyenneté. Il faut mettre met l’emphase
sur l’importance de la formation à la citoyenneté des jeunes universitaires qui, bien souvent,
n’ont pas été bien préparés à exercer leurs droits et leurs devoirs en tant que citoyen. Un cours
d’éducation à la citoyenneté prend un sens tout à fait spécifique au moment où certains
étudiants viennent d’atteindra à peine l’âge de la majorité.Michel Venne (2005/2006) affirme
lui-même l’importance d’amorcer l’éducation à la citoyenneté à l’école et de la poursuivre à
l’âge adulte.
Dans une faculté de Sciences de l’Education, cette formation citoyenne ne devrait pas être
comprise comme faisant partie d’une seule discipline ou d’un seul cours. L’éducation à la
citoyenneté est d’abord et avant tout transdisciplinaire (Brossard, 1998). Devant ce défi
sociétal qu’est celui de l’engagement citoyen des jeunes, les étudiants en Sciences de
l’Éducation ont donc un rôle à jouer et des questions à se poser. Comment les étudiants en
Science de l’Education pourraient-ils mieux se préparer à former les enfants et les jeunes qui
leur seront confiés à devenir des citoyens engagés? Comment pourraient-ils favoriser le
passage de la sensibilisation à l’action? En effet, l’apprentissage de la citoyenneté passe avant
tout par la pratique de la citoyenneté (Van Neste, 1998).
Ce cours vise également à développer chez l’étudiant sa conscience de vivre dans un monde
globalisé (Gaudelli et Fernekes, 2004). Dans un tel contexte, l’emphase est mise sur
l’importance des droits humains. Les étudiants sont appelés à réfléchir et prendre conscience
de leur propre rôle de citoyen. Si l’éducation aux droits humains ne peut éliminer toute
violation à ces droits, elle peut certainement être un moyen visant cette fin (Ibid., p. 25).
Chaque étudiant doit saisir cette occasion pour recevoir une solide formation citoyenne, mais
aussi transformer le milieu universitaire en un milieu de vie démocratique, ouvert à la
diversité où il participe à tout ce qui se fait.«La meilleure façon d’apprendre est certainement
de pratiquer une activité» (Venne, 2005/2006, p. 60), d’où l’importance de lier les
apprentissages théoriques à une pratique d’engagement. Pour Michel Venne, il s’agit là des
conditions nécessaires pour que la pratique citoyenne devienne partie intégrante de la vie des
individus une fois sortis du cadre scolaire. Il est donc évident que l’éducation à la citoyenneté
doit se réaliser dans un contexte où l’enseignant et ses élèves sont actifs. «L'existence d'un
lien entre l'enseignement et l'expérience vécue à l'école est donc une condition primordiale à
une éducation à la citoyenneté réussie. C'est la fréquence des occasions de pratiquer la
citoyenneté qui donne aux élèves un environnement propice à l'éducation à la citoyenneté»
(Poudrier, 2005, p. 53). Il est nécessaire de rendre l’exercice citoyen concret.
Chapitre 1 – Former un citoyen

Il ne faut pas confondre le fait d’être une bonne personne par opposition au fait d’être un bon
citoyen. La bonne personne aide son prochain, respecte les droits d’autrui et obéit aux lois. Le
bon citoyen, lui, s’impliquera de manière active dans la vie publique et politique (Ibid.).
Westheimer (2003) décrit cette même réalité en opposant le citoyen responsable au citoyen
participatif. «Si le citoyen responsable donne des conserves pour les sans-abri, le citoyen
participatif, lui, organise la collecte» (Westheimer, 2003). Il existe également un troisième
type de citoyen, celui épris de justice. Ce dernier analyse le système social, économique et
politique et cherche des solutions aux problèmes qu’il rencontre. Westheimer affirme que, une
fois le temps venu de définir le programme d’éducation à la citoyenneté à mettre en place, les
éducateurs doivent reconnaître ces diverses formes de citoyenneté. Il invite donc les
éducateurs à prendre conscience qu’il existe autant de façon d’enseigner à être citoyen que de
façon de l’être.
Être citoyen ne peut plus se limiter au droit et au devoir de voter. Être citoyen renvoie à des
préoccupations de plus en plus «glocales» (quand les solutions globales passent par la
valorisation de l’action locale). En ce sens, l’éducation citoyenne, une fois bien définie,
participe non seulement à la constitution d’une société plus engagée, mais elle participe à une
revalorisation des savoirs en construction.

1. Le besoin de la socialisation
a. Nationalité et citoyenneté

La notion de nationalité renvoie spécifiquement à un principe qui lie un individu ou un groupe


humain à une communauté politique établie sur un territoire défini. La nationalité est le statut
juridique, qui représente le pays auquel appartient un individu.
Le droit du sol et le droit du sang (jus soli et jus sanguinis en latin) sont deux manières, toutes
deux très anciennes, d’acquérir la nationalité d’un pays. Le droit du sol (jus soli en latin) est la
règle de droit attribuant une nationalité à une personne physique en raison de sa naissance sur
un territoire donné, avec ou sans conditions supplémentaires. Le droit du sol se distingue du
droit du sang (jus sanguinis en latin) par lequel les enfants héritent à leur naissance de la
nationalité de leurs parents.
Il faut noter que ces attributions de nationalité par la naissance sont différentes des procédures
de naturalisation par lesquelles un État confère sa nationalité à un étranger.
Sur la base de dispositions constitutionnelles, chaque État définit les critères permettant de
déterminer qui peut être le ressortissant du pays.
Ainsi le jus-sanguinis détermine le statut juridique et identitaire du citoyen haïtien. La
nationalité haïtienne s’acquière par filiation, par le droit du sang, selon l’art. 11 de la
Constitution haïtienneL’institution s’est également attardée sur l’article 11 de la Constitution
haïtienne qui stipule : «possède la nationalité haïtienne d’origine, tout individu né d’un père
haïtien ou d’une mère haïtienne qui eux-mêmes sont nés haïtiens et n’avaient jamais renoncé
à leur nationalité au moment de la naissance ». C’est dire que toute personne née de mère ou
de père haïtien, en quelque point de la planète que ce soit, acquiert automatiquement la
nationalité haïtienne.En peu de mots, l’individu, indépendamment de son pays de naissance,
est Haïtien pourvu que l’un de ses parents soit Haïtien. Le fait d’être né en Haïti ne confère à
quiconque le statut d’Haïtien quand aucun lien de sang n’existe entre l’individu et l’un de ses
parents. D’autres pays, comme les États-Unis, appliquent le droit du sol pour l’acquisition de
la nationalité. Un enfant né de parents haïtiens qui résident aux États-Unis a de fait la double
nationalité haïtienne et américaine.
Cependant ce droit du sang ne contraint nullement cette personne à un attachement ou à une
relation particulière avec la République d’Haïti dont elle détient la nationalité. Pour que la
nationalité soit harmonieuse et agissante, il faut qu’elle soit revendiquée, entretenue et se
teinte d’un nationalisme avéré qui intègre pleinement l’individu à la communauté à laquelle il
appartient.
2. La citoyenneté
La notion de citoyenneté tient compte des liens qui existent entre l’État protecteur et le
citoyen. La citoyenneté peut être définie comme la jouissance des droits civiques attachés à la
nationalité, c'est-à-dire la jouissance de l'ensemble des droits privés et publics qui constituent
le statut des membres d'un État donné qui les reconnaît comme tels. Dans ce sens, le citoyen
est celui qui, appartenant à l’Etat en question, dispose de droits (droit de voter, d'être élu, de
travailler, de résider, de payer des impôts, et de participer activement à la fonction
publique…), est soumis à des devoirs et doit respecter les lois au nom de l'intérêt général. Par
exemple, on dit d'un électeur qui vote qu'il accomplit « son devoir de citoyen ».
La citoyenneté contrairement à la nationalité ne s’octroie pas, elle se mérite. Elle s’enveloppe
de vertus morales et civiques.
Selon cet art. 11 de la Constitution, les Haïtiens dont les parents ont à un moment ou l’autre
de leur vie opté pour une autre nationalité, ne pourront jamais jouir de certains droits civils et
politiques.« Seuls les nationaux en raison de la filiation devraient pouvoir accéder à certaines
fonctions : Président, sénateur, Premier ministre, etc. Et ce, après avoir renoncé à leur 2e
nationalité au cas où ils en auraient une ».
L’article 12 stipule qu’aucun étranger ou qu’aucun Haïtien naturalisé ne doit prévaloir sa
nationalité étrangère en Haïti. De ce fait, le Haïtien naturalisé a droit de se doter d’un CIN et
d’un passeport haïtiens s’il entend être un citoyen Haïtien pour qu’il soit encore Haïtien
lorsqu’il est en Haïti. Il peut se porter ou se portera constitutionnellement candidat avec son
passeport haïtien sans l’obligation de déclarer son autre nationalité, car sa nationalité
étrangère n’a aucune force légale en Haïti selon l’article 12 de la constitution.
Selon les articles 16 et 17 de la constitution, les avantages principaux liés à la citoyenneté sont
les droits de s’inscrire au programme du nouveau secondaire, d’attendre l’université, de voter,
d’être voté et de recevoir une nomination présidentielle.
La nationalité s’acquiert par la naissance ou l’adoption, le mariage ou la descendance tandis
que la citoyenneté s’agit d’une relation juridique spécifique entre un État et une personne à
travers laquelle un individu devient un citoyen pour bénéficier de certains droits et
responsabilités d’un ou de plusieurs Etats.
3. Quelles sont les valeurs attachées à la citoyenneté ?
Outre un statut juridique et des rôles sociaux, la citoyenneté se définit aussi par des valeurs.
On peut en évoquer au moins trois, qui lui sont traditionnellement attachées :
 la civilité : il s’agit d’une attitude de respect, à la fois à l’égard des autres citoyens (ex.
: politesse), mais aussi envers les divers bâtiments et lieux de l’espace public (ex. :
transports publics). C’est une reconnaissance mutuelle et tolérante des individus entre
eux, au nom du respect de la dignité de la personne humaine, qui permet une plus
grande harmonie dans la société ;
 le civisme : il consiste, à titre individuel, à respecter et à faire respecter les lois et les
règles en vigueur, mais aussi à avoir conscience de ses devoirs envers la société. De
façon plus générale, le civisme est lié à un comportement actif du citoyen dans la vie
quotidienne et publique, qui le conduit à agir pour que l’intérêt général l’emporte sur
les intérêts particuliers ;
 la solidarité : dès lors que les citoyens, dans une conception classique, ne sont pas de
simples individus juxtaposés, mais un ensemble d’hommes et de femmes attachés à un
projet commun, la solidarité s’impose. Elle correspond à une attitude d’ouverture à
autrui, illustrant le principe républicain de fraternité. Dans ces conditions, la solidarité,
qui consiste à venir en aide aux plus démunis, directement ou par le biais des
politiques publiques (ex. : impôt redistributif), est très directement liée à la notion de
citoyenneté.

Ces trois valeurs donnent à la citoyenneté tout son sens, en ce qu’elle ne se limite pas à
l’exercice ponctuel du droit de vote, mais qu’elle est mise en acte au quotidien.

b. L’individu comme acteur de développement de la cité

La citoyenneté est perçue comme la manifestation d’une identité commune ou le fait pour un
individu, pour une famille ou pour un groupe d’être reconnu officiellement comme citoyen,
c’est-à-dire membre d’une ville, en y jouissant de ses droits et en accomplissant ses devoirs.

En effet, la citoyenneté ne se définit pas uniquement d’un point de vue juridique par la
possession de la nationalité et de ses droits civiques et politiques. Elle se définit aussi comme
une participation à la vie de la cité.La notion de citoyenneté est soumise à une conditionnalité
qui soumet l’individu à des devoirs, des engagements et des responsabilités civiques envers
cet État ou la communauté où il vit. Le citoyen dans la cité a des obligations citoyennes
(voter, construire la démocratie, participation à la vie publique nationale). C’est seulement en
accomplissant ses obligations qu’il peut prétendre et s’honorer d’être citoyen. On peut donc
déduire que la citoyenneté est un état d’esprit qui se manifeste par le respect des règles et des
lois du pays.
La citoyenneté procure un sentiment d'appartenance à une même communauté nationale ainsi
que la possibilité d'une participation active à la vie publique et politique. Dans la démocratie
athénienne, la citoyenneté avait un double sens : l’appartenance à un groupe politique et la
participation civique.
Plus qu’une simple appartenance à une communauté politique organisée autour d’un État, la
citoyenneté désigne l’exercice des droits et des responsabilités que nous avons en tant que
citoyens vis-à-vis de notre communauté.

Les droits des citoyens que nous sommes sont civils, politiques, économiques, sociaux et
culturels. Afin de mieux jouir d’eux, nous avons pour responsabilité d’obéir aux textes qui
régissent notre communauté, de nous instruire, de travailler pour participer à la construction
de notre nation, de payer nos taxes, d’aimer et de servir notre patrie.

Les trois valeurs fondamentales attachées la citoyenneté, à savoir le civisme, la civilité et la


solidarité ont comme objectif commun : développer chez le citoyen le sens de la
responsabilité envers sa cité. Chacune d’elles font du citoyen l’acteur d’une vie harmonieuse
et épanouie au sein de la communauté locale, nationale et internationale. Chacun doit
découvrir et exercer efficacement ses rôles au sein de la communauté dans laquelle il vit.
Chaque citoyen doit aussi s’impliquer dans les causes qu’il souhaite défendre dans sa
communauté.

Si le civisme se traduit par une attitude de respecter du citoyen envers les lois et les règles en
vigueur, par la prise de conscience de ses droits et devoirs envers la société. Les différentes
expressions de son absence peuvent-être regroupées en quatre catégories :

- Incivisme de conviction : Ses responsables dénient à l’État tel qu’il existe toute légitimité et
trouvent justifié d’en saper les fondements ; d’où la légitimation de la contrebande, de la
fraude fiscale, de l’insubordination, de l’occupation illégale de l’espace publique, etc.

- Incivisme de misère : Qualifié d’autodéfense compréhensible par certaines personnes, il


pose la question du comment se considérer comme citoyen à part entière d’une société qui ne
nous assure ni travail, ni éducation, ni santé, ni protection.

- Incivisme d’État : Il relève des rapports entre l’État et les citoyens. L’État est ici représenté
par un monstre lointain qui fait peu pour convaincre les citoyens qu’ils sont coresponsables de
la politique de la cité. Ils sont donc plus considérés comme des sujets que des copropriétaires
de la cité.
- Incivisme de comportement : Le plus fréquent d’entre tous, il consiste à l’expression du non-
respect des textes et règles de bienséance dans le quotidien. Aggravé par le mimétisme
(pourquoi ne pas faire comme eux puisqu’ils s’en sortent plutôt bien ?), il s’illustre entre
autres très bien par le non-respect du code de la route, la corruption, etc.

Toutes les autres valeurs attachées à la citoyenneté s’opposent mutuellement à


l’individualisme et à l’indifférence. Elles représentent une vertu du citoyen qui a le sens de
ses obligations politiques, sociales et morales, et n’a point besoin d’y être contraint pour les
accomplir. Le civisme est inséparable du sentiment d’appartenance à une communauté dont
les membres sont solidaires. La communauté serait en contradiction avec elle-même si elle
n’inclut le rôle des citoyens dans son fonctionnement, si elle ne s’organise pas de manière à ce
que chaque citoyen soit acteur et responsable à tous les niveaux de la vie publique et sociale :
santé, éducation, loisir, environnement, gouvernance politique, etc. Mais, tout cela dépend de
l’importance accordée à l’éducation et à l’instruction des générations.

Cependant, les citoyens n’ont aucun rôle obligatoire juridique à jouer. En ce sens, le statut
juridique de citoyen est un statut de liberté. Un citoyen peut choisir de participer (citoyen
actif) ou non (citoyen passif) à la vie publique. L’obligation civique est dite morale.

c. Intégration dans la communauté locale, nationale et internationale

Toute réflexion sur la citoyenneté doit prendre en compte l’enracinement social des individus,
leur distance par rapport à la société existante. L'exercice de la citoyenneté suppose
l’intégration des individus concernés à la vie communautaire et sociale, l’incorporation des
individus à sa société. Cette intégration est nécessaire pour favoriser la cohésion et le vivre
ensemble dans la société. Il existe des instances d’intégration, comme la famille, l’école et le
travail.
Dans la cadre de la citoyenneté, le concept intégration désigne toutes les formes de
participation à la vie collective par l'activité, le respect de normes communes, les échanges
avec les autres, les comportements familiaux, culturels et religieux. L’intégration consiste
aussi en un engagement à éliminer toutes les formes de discrimination entre les différents
acteurs de la société, a réduire les inégalités sociales afin d’intensifier leurs échanges et
d’accélérer leur croissance.On montre ainsi que la réflexion sur la citoyenneté doit prendre en
compte l'enracinement social des individus.
Se pose le problème d’intégration des individus dans la prise des décisions qui leur
concernent directement, pour ne pas imposer des normes d’un groupe ou d’une culture
dominante. Il faut mettre en place une politique d’intégration, qui consiste en un « processus
spécifique par lequel il s’agit de susciter une participation active à la société nationale
d’éléments variés, tout en acceptant la subsistance de spécificités culturelles, sociales et
morales, en tenant pour vrai que l’ensemble s’enrichit de cette variété et de cette complexité
».
L’intégration repose sur une adhésion à des valeurs et des normes communes. Les
valeurs sont des éléments abstraits auxquels on attache beaucoup de prix. Civilisations,
cultures et personnes se réfèrent à des « valeurs » ; elles ne sont toutes de même niveau.
Certaines fondées sur la raison prétendent à l'universalité ; pour beaucoup elles seules
méritent vraiment le terme de valeurs, en cela elles diffèrent et surpassent les « valeurs de
référence » spécifiques à chaque culture. Les valeurs peuvent être l’objet de certaines normes
qui relèvent des façons de se comporter dans la vie sociale au quotidien : le respect de la loi
sous toutes ses formes et des personnes chargées de l'appliquer ; le respect de la liberté des
autres. D'autres relèvent de formes de sociabilité issues d'une histoire commune et évoluent.
L'intégration est d'abord une attitude d'accueil. Toute intégration commence par une politique
d'accueil de la part de la communauté principale car c'est elle qui se situe en position de force,
définit les normes et les valeurs de référence. Cette intégration est un processus normal. La «
communauté principale » désigne d'abord l'Etat mais pas seulement ; tous les membres de la
communauté peuvent ou doivent se sentir concernés et impliqués à titre individuel ou
collectif, à travers les associations d'aide aux exclus. L'intégration, ou son refus, est donc
avant tout un acte politique.
L'intégration suppose aussi la volonté de s'intégrer. Il ne peut y avoir d'intégration sans le
vouloir et donc sans des actes significatifs, l'apprentissage et la pratique des normes et des
valeurs de la société d'accueil. Toute ségrégation spatiale et sociale, tout communautarisme,
subis ou volontaires sont en contradiction avec l'intégration. L'intégration est un processus qui
se heurte à des tendances contraires, à des résistances de groupe.
Pour s’intégrer à la société et renforcer le lien social, on distingue en général trois grandes
instances d’intégration :la famille, l’écolele travail. Les sociologues les appellent instances de
socialisation, c'est – à -direles institutions ou groupes qui transmettent la culture d'une société,
ses normes et ses valeurs.
La famille est une instance primordiale de socialisation car elle assure la socialisation
primaire, celle qui permet aux individus de s’approprier les normes et les valeurs dominantes
de leur société, leur permettant ainsi de s’y intégrer. Son rôle est tel, qu’on retrouve son
influence dans un grand nombre de comportements de l’adulte (niveau d’études, choix du
conjoint, etc.). Malheureusement, on constate lamontée de l’individualisme dans les relations
familiales, l’instabilité de l’institution familiale (divorce, précarité
économique/sociale/culturel).
L’école est une aide indispensable à la famille dans le processus d’intégration. Elle lutte
contre tous les particularismes (religieux, ethniques, culturels, sociaux, etc.) afin de former un
citoyen neutre, disposant d’un jugement critique sur son environnement social. Elle a ainsi
pour mission de fournir un socle commun de connaissances à tous les élèves,
indépendamment de leurs appartenances familiales, culturelles sociales, etc. Les
connaissancescommunes transmises par l’école (en particulier la langue, l’histoire, la
géographie) permettent de construire une identité nationale. L’Ecole n’a pas uniquement la
vocation de transmettre unique du savoir, mais aussi des valeurs. En sortant de l’école, les
individus auront reçu des valeurs et des normes communes, facilitant leur intégration dans
l’ensemble culturelle que constitue la nation.
Le travail intègre en fournissant un statut. Le travail contribue à l’intégration sociale comme
moyen de substance, comme pourvoyeur d’un statut, parfois source d’épanouissement
personnel et d’expression de soi (pour ceux qui exercent une activité qu’ils ont choisie par
goût) et de contribution à la construction de la société. Le rapport au travail dépend en effet de
la profession exercée et des conditions de travail. Cependant, l’activité professionnelle, ou son
absence, est toujours constitutive de l’identité individuelle et conditionne l’intégration sociale.
Le travail intègre en fournissant des protections sociales. L’emploi permet aux individus de
contribuer au financement d’un système d’assurances sociales et d’en bénéficier quand ils en
ont besoin: l’intégration par le travail passe alors par la mise en œuvre d’un système de
solidarité qui lie les actifs et les inactifs. De même, être employé c’est aussi bénéficier de tout
un système de protection juridique (le droit du travail) construit pour rétablir l’asymétrie de
pouvoir qu’il y a entre un salarié et un patron.

2. Les grands axes de l'éducation à la citoyenneté


a. La participation citoyenne : apprentissage participatif comme illustration

L’exercice de la citoyenneté doit permettre à chaque personne de devenir acteur de la société.


La pratique citoyenne repose sur des espaces de participation ouverts à tous. L’apprentissage
participatif en est l’illustration la plus parfaite. Il consiste à associer les apprenants en les
rendant acteurs d’une formation ou d’un atelier.
Selon son origine, le mot participation implique un engagement au dialogue, un certain
partage du pouvoir. Du bas latin participatio, -onis, ce substantif aurait comme signification
l’« action d'avoir part, de participer à ». Le citoyen est celui qui est appelé à participer aux
affaires de la cité.
Du point de vue technique, la participation citoyenne peut se définir comme un processus
d’engagement obligatoire ou volontaire de personnes ordinaires, agissant seules ou au sein
d’une organisation, en vue d’influer sur une décision portant sur des choix significatifs qui
toucheront leur communauté. 7). L’exercice de la citoyenneté doit permettre à chaque
personne de devenir acteur de la société.
Le citoyen introduit avec la démocratie. La démocratie est le régime politique où ni un
individu (monarchie) ni un groupe (oligarchie) ne s’approprie pas le pouvoir, ses titulaires
sont désignés par le peuple, par voie d’élection périodiques et sont contrôlés par lui. La
démocratie est caractérisée par la participation des citoyens à la gestion des affaires de la Cité,
au pouvoir. La participation citoyenne est le fondement de la démocratie dans un pays, car
chacun doit participer à la démocratie, à différents niveaux et de différentes façons. Elle est
fondée sur l’idée que toute personne concernée par une décision a le droit de prendre part au
processus décisionnel. Le droit à la participation citoyenne en son article 25 du Pacte
International relatif aux droits civils et politiques stipule que tout citoyen a le droit et la
possibilité de prendre part à la direction des affaires publiques.
Cette participation peut avoir lieu ou non dans un cadre institutionnalisé et être organisée sous
l’initiative des membres de la société civile (recours collectif, manifestation, comités de
citoyens) ou des décideurs (ré-férendum, commission parlementaire, médiation).
Les dispositifs institutionnalisés obligatoires sont juridiquement définis et obligent les
personnes à participer, à défaut de quoi elles sont passibles de sanctions généralement
appliquées sous forme d’amende ou d’emprisonnement. Par exemple, c’est le cas, sous
plusieurs juridictions, des élections, des référendums, des sommations à comparaître et des
recensements. Les dispositifs institutionnalisés volontaires sont juridiquement ou
administrativement définis et invitent les personnes à participer, tout en les laissant libres de
le faire. C’est le cas, par exemple, des commissions parlementaires, des débats publics, des
commissions d’enquête et des audiences publiques. Enfin, les dispositifs non institutionnalisés
sont des formes moins rigides de participation que prennent des personnes, qu’il s’agisse
d’individus, de groupes organisés ou de rassemblements spontanés.
Il faut montrer que la participation des citoyens est le fondement de la démocratie et que
chacun doit participer à la démocratie, à différents niveaux et de différentes façons.
- La participation citoyenne, un principe directeur vital de la gouvernance démocratique.
Elle est fondée sur l’idée que toute personne concernée par une décision a le droit de
prendre part au processus décisionnel.
- Par exemple, voter aux élections ou se porter candidat constituent des moyens officiels de
participer à l’évolution des affaires publiques, il faut apprendre aux jeunes à enrichir et à
renouveler la démocratie, à défendre les droits des citoyens et à promouvoir la paix et
favoriser dans le cas échéant la transition vers la démocratie.
- Le droit à la participation citoyenne en son article 25 du Pacte International relatif aux
droits civils et politiques stipule que tout citoyen a le droit et la possibilité de prendre part
à la direction des affaires publiques.
- Demande à tes apprenants d’engager une discussion sur les élections malhonnêtes
organisées en Haïti durant diverses périodes. Tu intervins en tant que personne-ressource
pour les aider à mener pour construire définitivement une société démocratique en Haïti.

b. Education à l’environnement : Éco-citoyenneté

Dénition du concept '' Éco-citoyenneté''. Ce concept est tiré de deux autres concepts : écologie
et citoyenneté
Citoyenneté
 a) Qualité de citoyen : Acquérir la citoyenneté haïtienne.
 b) Situation positive créée par la pleine reconnaissance aux personnes de leur statut de
citoyenneté. Celui-ci dispose, dans une communauté politique donnée, de tous ses
droits civils et politiques.
Écologie
 Science qui étudie les interactions des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-
organismes) avec eux et avec leur environnement, ainsi qu'avec les autres êtres
vivants. L’ensemble des relations qu’entretiennent les êtres vivants entre eux
(biocénose) et avec leur milieu de vie (biotope) s’appelle écosystème.
 Écologique : Qui respecte l'environnement.
 Écologisme : Position dominée par le souci de protéger la nature et l'homme lui-même
contre les pollutions, altérations et destructions diverses issues de l'activité des
sociétés industrielles.
L'écocitoyenneté
Le mot « écocitoyenneté » renvoie au terme grec oïkos (maison, habitat, milieu de vie) et à la
citoyenneté, mais de manière participative et politique, afin de protéger ensemble un intérêt
général et la cité publique. Elle est la conscience écologique d'appartenir à un environnement
(terre, continent ou pays selon l'échelle) qui garantit l’existence de l’homme citoyen, ce qui
implique pour lui des droits et des devoirs par rapport à un territoire. Par exemple : le droit de
jouir d'un environnement sain et le devoir de ne pas le polluer pour conserver cet
environnement sain. Il s'agit d’un comportement individuel ou collectif qui consiste à mettre
en pratique les règles et les principes destinés à préserver l'environnement.
En somme, le concept d’écocitoyenneté est en partie issu de la prise de conscience des
impacts des activités humaines sur les écosystèmes et de la volonté de favoriser la
participation du citoyen aux choses de la cité, mais surtout aux choses dont il est le seul
responsable. Elle se fonde aussi sur la reconnaissance par l’homme de sa responsabilité vis-à-
vis de la destruction de son milieu et sur sa capacité à mettre en œuvre un comportement et
des gestes qui feront de lui un citoyen actif, réactif et un consommateur averti soucieux de la
préservation de son environnement.

Éco-citoyenneté et environnement
L’éco-citoyenneté fait référence à l’écologie et à la citoyenneté. Il est très important de
souligner que la citoyenneté s’exerce aussi vis-à-vis de l’environnement et de la nature. Le
citoyen a des devoirs envers la planète sur laquelle il vit, et l’environnement dans lequel il
évolue. Ces devoirs sont indispensables, car ils sont le garant du maintien des ressources
vitales de la Terre. Il s’agit donc pour chaque citoyen de se comporter quotidiennement en
acteur de la préservation de l’environnement, en accomplissant des éco-gestes dans la vie de
tous les jours. L’éco-citoyen trie ses déchets, économise l’énergie, protège la nature,
consomme de façon responsable (activités de débats).

Les Éco-gestes et l'écocitoyenneté


Un éco-geste est une action de la vie de tous les jours (aller au travail, faire la cuisine, se
laver, jardiner, faire ses courses) qui va prendre en considération les valeurs du
développement durable : la protection de l'environnement, l'équité sociale, la solidarité, le
principe de responsabilité et de précaution. Chacun peut accomplir des éco-gestes très
facilement dans sa vie quotidienne.
Adopter un comportement éco-citoyen, c'est simple: il s'agit surtout de prendre conscience des
conséquences sociales ou environnementales de chacune de nos actions et de changer ses
mauvaises habitudes en Haïti ou à l'étranger. Les éco-gestes s'appliquent à la maison, au
travail, à l'école, en faisant ses courses ou son marché, dans ses déplacements, en faisant son
jardin, en vacances etc. Éteindre les lumières, économiser l'eau, utiliser des transports propres,
trier ses déchets, consommer de façon responsable. Les actions sont multiples, nous pouvons
préserver la planète, les êtres vivants qui y vivent et ne pas compromettre la qualité de vie des
générations futures. L'éco-citoyen doit s’informer sur les bonnes pratiques à accomplir,
sensibilise son entourage aux éco-gestes et essaie de faire évoluer les mentalités et de faire
changer les comportements.
La démarche éco-citoyenneté ne concerne pas seulement les particuliers : toutes les
organisations, entreprises, collectivités, institutions doivent mettre en œuvre des actions éco-
citoyennes.

Éco-citoyenneté et développement durable


Les actions de l'éco-citoyen constitue une démarche qui conduit à s'adapter aux valeurs du
développement durable permettant d’envisager un modèle de société démocratique, viable à
long terme qui aurait réconcilier activité économique performante, développement humain et
préservation des ressources naturelles pour les générations futures (Activités de débats et jeu
de rôles sur la consommation de beaucoup de ressources que la planète ne peut pas nous offrir
et la production de déchets que la planète ne peut pas absorber).
Les inquiétudes environnementales : la pollution de l’air, la désertification, la fonte des
banquises, la montée du niveau des océans, les catastrophes naturelles. Donc, il y avait donc
la préoccupation de préserver de la planète.
«Le Développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs et correspond aux
devoirs des générations actuelles de transmettre un monde vivable, viable et reproductible»
(Commission mondiale sur le développement et l’environnement de l’ONU, 1987). Le
développement durable suppose un dialogue entre les générations actuelles et futures, une
solidarité entre les générations dans la poursuite de la recherche du développement.
Le développement durable est envisagé suivant trois principaux aspects : l’aspect écologique,
l’aspect social et l’aspect économique (d’Apres Y. Veyret et P. Anould, l’atlas des
développements durables, Ed. Autrement, 2008).
L’aspect social consiste à prendre des mesures pour améliorer les conditions des vies des
populations en luttant contre toutes les formes d’inégalités sociales : les inégalités face à
l’éducation, contre la faim, contre la pauvreté, face aux soins de santé.Il s’agit de satisfaire les
besoins en santé, en éducation, en alimentation et d’habitats.
L’aspect économique consiste à améliorer des conditions humaines et économiques de la
population par la création d’emplois, la recherche et l’innovation (technologie), la formation
universitaire et professionnelle tout en préservant les ressources minérales, les ressources
fossiles (pétrole), les ressources végétales (les forets). Il s’agit de créer des richesses et
favoriser l’innovation et la recherche.
L’aspect environnemental consiste à préserver les ressources naturelles et énergétiques et la
diversité des espèces, préserver la qualité de l’environnement.

c. Education aux respects des droits humains

Droit humains / Droits fondamentaux


1. Les concepts : droit humains et droits fondamentaux
La notion de « Droits de l’Homme », issue dans son acception universaliste de la
Déclaration Universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations-
Unies le 10 décembre 1948, présente le mérite essentiel de placer l’individu et la personne
humaine au centre du Droit par rapport à d’autres systèmes (environnement, animaux,
etc).
L’expression «droit fondamentaux » se réfère aux plusieurs strates de droits humains:
droits individuels (visant à protéger la sphère de l’autonomie), droits sociaux et enfin
droits de la personne humaine.

2. Définition
On a défini les « droits humains » comme « les principes universels d’équité et de justice» ou
les « droits moraux universels inhérents à la personne humaine ». Ils sont les droits
inaliénables de tous les êtres humains, sans distinction aucune, notamment de race, de sexe,
de nationalité, d’origine ethnique, de langue, de religion ou de toute autre situation. La notion
de Droits humains relève du droit naturel, c’est-à-dire que l’Homme possède un ensemble de
droits inhérents à sa nature même, autrement ditintimement liée à la personne
humaineindépendamment de toute institution publiqueet que l’on ne peut méconnaître sans
porter atteinte à celle-ci. Les droits humains incluent le droit à la vie et à la liberté. Tous ont le
droit d’exercer leurs droits humains sur un pied d’égalité et sans discrimination.
De plus, ces notions ont un contenu différent, les libertés publiques sont des Droits humains
définis, garanties et protégéespar des pouvoirs publics et constituent des pouvoirs de choix.

3. Les caractéristiquesdes droits humains

Les droits humains sont « universels, inviolables, inaliénables ».


 Universels, parce qu'ils sont présents dans tous les êtres humains, sans aucune
exception de temps, de lieu et de sujets, et donc, ils sont valables à toute époque et en
tout lieu.
 Inviolables, en tant qu'« inhérents à la personne humaine et à sa dignité » et parce qu' «
il serait vain de proclamer des droits, si l'on ne mettait en même temps tout en œuvre
pour assurer le devoir de les respecter, par tous, partout, et pour tous ».
 Inaliénables, dans la mesure où « personne ne peut légitimement priver de ces droits
l'un de ses semblables, quel qu'il soit, car cela signifierait faire violence à sa nature ».
Personne n’a le pouvoir de les accorder ni de les retirer.

4. Instruments internationaux de Droits humains

L’Assemblée générale des Nations Unies a créé un ensemble standard de normes universelles
et internationalement protégées auquel toutes les nations du monde peuvent aspirer et
souscrire. Il s’agit de droits largement acceptés, qui incluent les droits civils, culturels,
économiques, politiques et sociaux. Les fondements de ces normes sont la Charte des Nations
Uniesadoptée par l’Assemblée générale de l’ONUle 26 juin 1945, à San Franciscoet la
Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptés le 10 décembre 1948, à Paris. Définie
comme étant l’idéal commun à atteindre pour tous les peuples, la DUDH a été adoptée
contient 30 articles qui énumèrent les droits dont tous les êtres humains devraient jouir dans
tous les pays.
D’autres instruments juridiques ont complété ou approfondir la DUDH élaborant des normes
spécifiques visant les femmes, les enfants, les personnes handicapées, les minorités et les
groupes les plus vulnérables qui sont désormais protégés contre les discriminations qui ont
longtemps prévalu dans nombre de sociétés.Trois d’entre eux ont donné une force plus forte
aux droits de l’homme :
1) Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ;
2) Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ;
3) Le Protocole facultatif se rapportant à ce dernier.

5. Fondement des droits humains : dignité humaine et égalité fraternelle


Deux valeurs clés constituent le fondement de l’idée des droits de l’homme ; la première est
celle de la dignité humaine et la deuxième celle de l’égalité.
La racine des droits de l'homme doit être d’abord recherchée dans la dignité qui appartient à
chaque être humain. Cette dignité, connaturelle à la vie humaine et égale dans chaque
personne, se perçoit et se comprend avant tout par la raison. Le fondement naturel des droits
apparaît encore plus solide si, dans une lumière surnaturelle, on considère que la dignité
humaine, après avoir été donnée par Dieu et avoir été profondément blessée par le péché, a été
assumée et rachetée par Jésus-Christ à travers son incarnation, sa mort et sa résurrection.
Ensuite, toutes les personnes ont la même dignité (cf. art 1 de la Déclaration universelle des
droits de l’homme). La dignité de chaque homme constitue le fondement de l'égalité et de la
fraternité radicales entre les hommes, indépendamment de leur race, nation, sexe, origine,
culture et classe sociale. Seule la reconnaissance de la dignité humaine peut rendre possible la
croissance commune et personnelle de tous. Pour favoriser une telle croissance, il est
particulièrement nécessaire de soutenir les plus petits, d'assurer effectivement des conditions
d'égalité entre l'homme et la femme, et de garantir une égalité objective entre les diverses
classes sociales devant la loi.
Ainsi, d’une certaine façon, les droits de l’homme définissent ces normes sans lesquelles une
vie ne serait pas digne; et leur universalité découle du fait que, à cet égard, tous les humains
sont égaux.
Et ces deux fondements sont fort peu sujets à controverse. C’est pourquoi l’idée de droits de
l’homme bénéficie du soutien non seulement de toutes les cultures dans le monde, mais
également de tous les gouvernements civilisés et de toutes les grandes religions. Il est reconnu
de façon quasiment universelle que le pouvoir de l’Etat ne peut être ni illimité, ni arbitraire; il
doit au contraire être limité, au moins de manière à permettre à tous les individus relevant de
sa juridiction de vivre selon certaines exigences minimales de dignité humaine.
6. Classification des droits humains
Les droits humains peuvent être repartis en trois catégories :
1) Les droits civils et politiques ou droits de première génération
Les droits civils sont les droits des citoyens à la liberté et à l’égalité : le droit à la
liberté ; à l’égalité. à la pratique ou non d’une religion ; à la protection contre
l’agression et la torture, à la non détention sans jugement, à la vie, à un procès
équitable et régulier.
Les droits politiques sont les droits des citoyens de participer à la vie politique de leur
localité et de leur société : le droit de vote, de libre pensée, d’accès à l’information ; de
libre participation à des réunions et assemblées, d’adhésion à des partis politiques, des
syndicats ou à autres organisations.
2) Droits économiques et sociaux ou de droits de deuxième génération.
Les droits économiques et sociaux offrent au peuple la possibilité de participer à la vie
sociale, économique et culturelle de la communauté. Ces droits concernent la manière dont les
gens vivent et travaillent ensemble, les choses essentielles à la vie comme la nourriture, le
logement et les soins de santé ainsi que les pratiques culturelles.
Exemples de droits sociaux : a) le droit de ne pas subir de discrimination fondée sur la race, le
sexe, la préférence sexuelle ou la religion ; b) le droit de se marier et de fonder une famille ; c)
le droit à la vie privée ; d) le droit au loisir ; e) le droit à l’éducation ; f) le droit aux soins de
santé.
Parmi les exemples de droits économiques, l’on trouve : a) le droit au travail ; b) le droit au
logement ; c) le droit à un niveau de vie décent ; d) le droit à une pension si on est âgé ou
handicapé. Les droits culturels se réfèrent aux droits de s’exprimer, d’être éduqué dans sa
langue, de pratiquer sa religion, de vivre selon ses coutumes et ses traditions.
3) Droits à L’environnement et au Développement
Tout individu a le droit de vivre dans un environnement sain, non pollué et protège de toute
forme de destruction. Tout Etat a le droit de choisir son modèle de développement en vue
d’assurer le bienêtre de sa population.

7. Spécification des droits humains

Le droit à la vie
Le premier droit spécial dans ces listes est le droit à la vie, depuis sa conception jusqu'à sa fin
naturelle, qui conditionne l'exercice de tout autre droit et comporte, en particulier,
l’inacceptation de toutes formes d’atteintes à la vie humaine.Ce droit à la vie signifie non
seulement que personne n’a le droit d’ôter la vie de quelqu’un, mais aussi qu’il y a certains
aspects de notre vie, de notre être, qui devraient être inviolables et intouchables, parce qu’ils
sont essentiels à notre existence, à ce que nous sommes et à qui nous sommes ; ils sont
essentiels à notre humanité et à notre dignité humaine.
Le droit à la vie d’un individu ne dépend pas de la promesse d’un tiers de ne pas le tuer: sa vie
en dépend peut-être, mais en aucun cas son droit à la vie. Le droit à la vie de cette personne ne
dépend que d’une seule chose: son statut d’être humain.
Que dire de l’avortement, de la peine de mort ?
« Le droit à la vie dont fait partie intégrante le droit de grandir dans le sein de sa mère après la
conception; puis le droit de vivre dans une famille unie et dans un climat moral favorable au
développement de sa personnalité; le droit d'épanouir son intelligence et sa liberté par la
recherche et la connaissance de la vérité; le droit de participer au travail de mise en valeur des
biens de la terre et d'en tirer sa subsistance et celle de ses proches; le droit de fonder librement
une famille, d'accueillir et d'élever des enfants, en exerçant de manière responsable sa
sexualité, le droit de vivre dans la vérité de sa foi et conformément à la dignité transcendante
de sa personne » (st Jean Paul II, Centesimusannus).
Le droit à la liberté
Une place de choix est accordée à la liberté humaine. La liberté est dans l'homme un signe de
la dignité sublime de chaque personne humaine. Mais cette «liberté s'exerce dans les rapports
entre les êtres humains. Chaque personne humaine, créée à l'image de Dieu, a le droit naturel
d'être reconnue comme un être libre et responsable. Tous doivent à chacun ce devoir du
respect. Le droit à l'exercice de la liberté est une exigence inséparable de la dignité de la
personne humaine ». Il ne faut pas restreindre le sens de la liberté, en la considérant dans
une perspective purement individualiste et en la réduisant à un exercice arbitraire et
incontrôlé de l'autonomie personnelle: « Loin de s'accomplir dans une totale autarcie du
moi et dans l'absence de relations, la liberté n'existe vraiment que là où des liens réciproques,
réglés par la vérité et la justice, unissent les personnes ». La compréhension de la liberté
devient profonde et vaste quand elle est protégée, même au niveau social, dans la totalité de
ses dimensions.
La valeur de la liberté, en tant qu'expression de la singularité de chaque personne humaine, est
respectée quand il est permis à chaque membre de la société de réaliser sa vocation
personnelle; de chercher la vérité et de professer ses idées religieuses, culturelles et politiques;
d'exprimer ses opinions; de décider de son état de vie et, dans la mesure du possible, de son
travail; de prendre des initiatives à caractère économique, social et politique. Le respect de la
liberté de chaque personne humaine doit advenir au sein d'un « contexte juridique
ferme », dans les limites du bien commun et de l'ordre public et, en tous les cas, à
l'enseigne de la responsabilité. Par ailleurs, la liberté doit aussi se manifester comme
capacité de refus de ce qui est moralement négatif, sous quelque forme que ce soit, comme
capacité de détachement effectif de tout ce qui peut entraver la croissance personnelle,
familiale et sociale. La plénitude de la liberté consiste dans la capacité de disposer de soi en
vue du bien authentique, dans la perspective du bien commun universel.
Droits et devoirs
Inséparablement lié au thème des droits de l'homme, est celui des devoirs de l'homme, auquel
toutes les législations du Magistère doivent donner un juste poids. La complémentarité
réciproque entre droits et devoirs, indissolublement liés, en premier lieu dans la personne
humaine qui en est le sujet titulaire, est plusieurs fois rappelée par des traités internationaux.
Ce lien présente également une dimension sociale: « Dans la vie en société, tout droit conféré
à une personne par la nature crée chez les autres un devoir, celui de reconnaître et de respecter
ce droit ». Toute affirmation des droits prévoit une responsabilité correspondante: « Ceux qui,
dans la revendication de leurs droits, oublient leurs devoirs ou ne les remplissent
qu'imparfaitement, risquent de démolir d'une main ce qu'ils construisent de l'autre ».
Droits humains des peuples
Le domaine des droits de l'homme s'est élargi aux droits des peuples et des nations. Le droit
international « repose sur le principe de l'égal respect des États, du droit à l'autodétermination
de chaque peuple et de leur libre coopération en vue du bien commun supérieur de l'humanité
». La paix se fonde non seulement sur le respect des droits de l'homme, mais aussi sur celui
des droits des peuples, en particulier le droit à l'indépendance. Les droits des nations ne sont
rien d'autre que « les “droits humains” considérés à ce niveau spécifique de la vie
communautaire ». La nation possède un « droit fondamental à l'existence »; à « garder sa
propre langue et sa culture, par lesquelles un peuple exprime et défend ce que j'appellerai sa
“souveraineté” spirituelle originelle »; à « mener sa vie suivant ses traditions propres, en
excluant naturellement toute violation des droits humains fondamentaux et, en particulier,
l'oppression des minorités »; à « construire son avenir en donnant une éducation appropriée à
ses jeunes générations ».
Chapitre 2 – L’éducation à la citoyenneté : une réponse au problème du vivre-ensemble
Parler d'éducation à la citoyenneté, c'est faire référence à l'apprentissage du "vivre ensemble",
qui est au centre de la construction et du maintien de nos sociétés. Il s'agit bien, au travers des
processus en jeu, et qui ne concernent d'ailleurs pas exclusivement les jeunes générations, de
mettre en œuvre les principes qui structurent notre société : démocratie, liberté, État de droit,
égalité, respect des droits de l'homme, fraternité, laïcité... Ces principes sont générateurs de
valeurs fondamentales : respect de la dignité humaine, pluralisme, non-discrimination,
tolérance, justice, solidarité, égalité femme/homme.
Les actions visant l'éducation à la citoyenneté revêtent des formes diverses dans
l'enseignement qui doivent notamment privilégier les activités qui stimulent la solidarité, la
coopération et la créativité, favoriser l'esprit critique et les débats argumentés et promouvoir
l'engagement en faveur de la construction du bien vivre et du bien-êtredes citoyens.C'est une
responsabilité collective qui vise à s'approprier les règles de la vie collective, du "vivre
ensemble".
Face à la pandémie de COVID 19, notre interdépendance et notre capacité à nous unir pour
résoudre ensemble un problème collectif n'a jamais été aussi apparent. Une Journée
internationale du vivre-ensemble dans la paix, adoptée par les Nations Unies en 2017 pour
célébrer un monde qui « promeut la paix, la tolérance, l'inclusion, la compréhension et la
solidarité » (Résolution 72/130 de l'ONU).
1. La montée de l’individualisme et l’affaiblissement du sentiment de solidarité sociale
L’individualisme est une notion polysémique. Dans un sens courant, généralement accepté,
l’individualisme est vu comme un repli sur soi, il est synonyme d’égoïsme et de rupture du
lien social. C’est un principe alors assimilé au « chacun pour soi », à la perte d’un sentiment
collectif et de solidarité.
Au sens politique, l’individualisme correspond à une conception de la vie en société dans
laquelle l'individu constitue la valeur centrale. Cette notion met alors l’accent sur la liberté de
l’individu, son autonomie et elle est donc liée au principe démocratique et à la Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen.
Dans un sens plus sociologique, l’individualisme correspond à une libération de l’individu par
rapport aux contraintes sociales. Il n’est plus seulement un membre du groupe parmi d’autres
mais une personne avec sa différence, des droits et des devoirs particuliers. L’individualisme
se comprend comme un affranchissement par rapport aux tutelles traditionnelles (sociales,
familiales, religieuses) à l’image de l’émancipation des femmes après la Seconde Guerre
Mondiale.
L’individualisme est ainsi considéré comme la doctrine selon laquelle l'individu constitue le
fondement de toute valeur. Poussée à bout, cette doctrine conclut que l'individu prime sur la
société, l’autonomie de l’individu par rapport au groupe et à la société.
La Cohésion sociale est la situation d'une société dans laquelle les individus sont unis par des
liens sociaux et par la solidarité (sentiment d'appartenance à la communauté qui nous conduit
à faire cause commune avec ses membres).
Le lien social est l’ensemble des liens culturels, sociaux et économiques qui relient les
individus dans leur vie quotidienne et qui assurent l’unité et la cohésion sociale. Ces liens
unissent les individus les uns aux autres et font qu'ils se sentent « tenus » les uns par les
autres, par des règles collectives, par des responsabilités envers le groupe auquel ils
appartiennent. Le lien social peut prendre la forme des relations familiales, de la citoyenneté,
de la solidarité au travail.
Tandis que l’individualisme est, au sens sociologique du terme La fin du second millénaire a
été marquée par l’émancipation de l’individu des différentes tutelles qui lui ont été imposées
par diverses institutions. Cette émancipation montre la montée de l’individualisme au cours de
cette période. Durant cette même période, surtout dans les sociétés dites occidental, nous
constatons un affaiblissement du lien social.. Nous observons donc une montée de l’un
(l’individualisme) et l’affaiblissement de l’autre (lien social) sur la même période. Peut-on
relier les deux phénomènes
Les effets de l'individualisme
Le XXème siècle fut un siècle marqué par la montée de l’individualisme. « L'enfer, c'est les
autres. »Par cette conclusion poignante à sa pièce Huis-clos, Sartre annonce la vague
d'individualisme qui va submerger les sociétés modernes au cours des années 1960.Si la
notion de « moi » est typique de l'être humain, elle s'est toujours intimement entrelacée avec
la culture grégaire également propre à notre espèce, l'une dominant l'autre selon la nature de la
situation rencontrée par l'individu ; l'actuelle montée en puissance de l'individualisme
bouleverse ces rapports dont l'équilibre se maintenait depuis l'aube de la civilisation humaine.
L’individualisme constitue ainsi une menace latente pour la cohésion sociale.
Selon Emile Durkheim, La montée de l'individualisme est ainsi à l'origine d'un repli sur soi de
l'individu et donc d'un recul de la cohésion sociale.L'individualisme est par essence un
système égoïste, dans lequel l'individu livré à lui-même et privé des repères collectifs établit
ses propres normes ; il a donc tendance à les adopter comme universelles et à rejeter ce
qu'impose l'autre, ce qui induit une montée d'incivilité : La compréhension et la solidarité
reculent, l'intérêt prime sur l'honneur et les sentiments dits nobles. Chacun peut constater,
dans la vie quotidienne, l'agressivité et l'impolitesse en recrudescence.
L’individualisme menace la cohésion sociale, ou l’anomie (situation sociale caractérisée par 1
perte des valeurs et repères collectifs)
Dans la famille, il serait responsables de la montée des divorces car les individus privilégient
leur bien-être personnel et n’hésitent plus à briser les liens familiaux. De plus, ceux-ci seraient
aussi fragilisés du fait de l’accroissement de l’autonomie revendiquée par les membres de la
famille (par exemple les enfants) ;
La montée de l'individualisme fait vaciller également la citoyenneté en provoquant une crise
du politique : l'individualisme correspond au repli des gens sur la sphère privée ; ils tendent à
se désintéresser de la sphère publique et des institutions collectives, et à oublier la valeur de la
liberté politique si durement conquise par nos aïeux.A. de Tocqueville parlait au XIXe siècle
d’un risque majeur pour la démocratie de voir les individus se replier dans la sphère privée, au
détriment de la sphère publique. Cela pouvait, selon lui, déboucher sur une forme de «
despotisme » où le pouvoir serait abandonné à des élites inamovibles.
2. Education à la citoyenneté : un moyen pour renforcer le lien social

Outre la famille, l’Ecole est un moyen de socialisation. Toutes les sociétéssont traversées par
des enjeux complexes. La citoyenneté et les sentiments vécus qui découlent du fait national
sont deux choses différentes. La citoyenneté est garantie par l’État de droit et vice versa. Les
sentiments vécus qui découlent du fait national, eux, aussi forts et réels soient-ils, restent
subjectifs. Un cours sur la citoyenneté doit porter sur ce qui entoure l’institution et la pratique
de la citoyenneté, non pas faire mousser les sentiments subjectifs entourant le nationalisme
vécu. L’éducation à la citoyenneté pourrait pallier au désintérêt actuel.
La citoyenneté est à la fois le lien social le plus important, le plus abstrait et le plus fragile
pour un régime démocratique. Fragile, parce qu’il requiert que l’on adhère à des règles de
droit, non pas nécessairement parce qu’on les aime, mais parce qu’on considère le processus à
partir duquel elles sont établies comme plus légitime que le recours à l’arbitraire ou à la
violence. Abstrait, parce que comme la santé, la citoyenneté est ce que l’on prend pour acquis
quand elle nous accompagne, mais que l’on regrette lorsque l’on en est privé. Important, parce
qu’elle est le maillon du lien social qui tient les autres en place. C’est grâce à la citoyenneté
que l’on peut faire et défaire les autres liens sociaux dans le débat démocratique et non dans le
recours à la violence.
Transmettre des savoirs sur des enjeux complexes
Sur le fond, l’Education à la citoyenneté devra aborder les thèmes classiques et actuels de la
sociologie de la citoyenneté.
Les thèmes de l’Etat de droit, l’écocitoyenneté, la citoyenneté à l’ère numérique, les
sexualités et le consentement, le pluralisme, la déconfessionnalisation, la laïcité et les
phénomènes de radicalisation doivent être abordés.
Ce cours exigera que les enseignants reçoivent une importante formation notamment en
sociologie, en science politique et en histoire. On demandera ici aux enseignants d’encadrer et
de transmettre des savoirs sur des enjeux sur lesquels même les adultes ont beaucoup de
difficultés à débattre. Il faudra leur donner du temps, un accès à de la formation et reconnaître
la complexité de la tâche qu’ils ont à accomplir.
L’éducation à la citoyenneté poursuit deux principaux objectifs. Il s’agit, d’une part,
d’encourager la participation des habitants à la vie publique, suivant une dimension politique
de participation aux prises de décision concernant la société de résidence, et d’autre part,
d’éduquer ou d’intégrer les populations qui vivent dans la société.
L’injonction à « être citoyen » consiste donc à fabriquer des sujets politiques, intéressés par la
vie de la cité, et des sujets civiques, respectueux de certains modes de vie et des
fonctionnements de la vie en société. L’injonction à la citoyenneté se décline en une
injonction à la participation. Ainsi, les législations relatives à la Politique doivent cesse
renouveler cet impératif de participer aux décisions qui concernent la société et la mise en
œuvreet de produire de l’engagement politique, social ou culturel pour une communauté
locale (Murard, 2009).

L’objectif doit constituer une injonction à se comporter en citoyen, entre appel à la civilité et
incitation à l’engagement pour un monde commun.

3. La responsabilité : fondement de l’agir citoyen

Le mot responsabilité est souvent employé dans un sens juridique : il évoque alors une idée
d'obligation, voire de culpabilité par rapport à une faute commise. De nos jours, on cherche à
"se dégager" cette responsabilité ou à s’en protéger ("se couvrir") par une assurance. Mais le
mot est équivoque. Étymologiquement, le mot responsabilité vient du latin respondeo, ere : se
porter garant. La responsabilité consiste à être tenu de répondre de ses actes. Elle est une
condition essentielle de la liberté ou d’obligation et s’oppose au déterminisme. Seule une
personne, morale ou physique, peut être responsable. L’être humain est responsable de ses
actes en tant qu’il est un être libre et en tant qu’il a une obligation, ne serait-ce que morale. Un
être libre est celui qui a conscience des conséquences de ses actes et en répond ; il en va de sa
dignité : celui qui fuit sa responsabilité et n’assume pas ses décisions est indigne de sa liberté.
Dans le cas contraire, comme dans le cas du déterminisme qui nie l’existence de la liberté sur
la base que tout évènement est déterminé par la totalité des évènements antérieurs, on ne peut
le tenir responsable de ses actes. En effet, un individu irresponsable est un facteur de troubles
et un être humainement diminué.
En effet la responsabilité varie considérablement et peut se confiner à des aspects très
spécifiques, à des lieux où à des périodes de temps déterminés. Hors du lieu ou au-delà du
temps déterminé, la personne responsable est dégagée de toute responsabilité envers sa sphère
d’influence.
La responsabilité a des objets divers. Elle peut être politique, la responsabilité du
gouvernement. Ou juridique, elle est alors l'obligation de "répondre" d'un acte, ou d'une
abstention, en en réparant un dommage causé par son propre fait ou par le fait des personnes
dont on doit répondre, ou les choses que l’on a sous sa garde : la responsabilité civile et/ou en
subissant une peine suite à une infraction : la responsabilité pénale. Elle peut être morale, avec
pour seule sanction la voix intérieure de la conscience. C’est de cette responsabilité dont il est
question lorsque l'on parle de "prendre sa responsabilité", d'avoir "le sens des
responsabilités ».
Pour parler et définir ce qu'est véritablement la responsabilité en référence à l’Education à la
citoyenneté, il convient donc de voir ce qu'est le droit et le devoir dans son acception
courante.
Droit : du mot latin directum ce qui est juste. Au langage courant, de ce qui est autorisé ou
non et de ce que l'on peut moralement exiger pour soi-même. Devoir : du latin debere est
l'obligation, l'astreinte à. Au langage courant, l'obligation de travail et d'obéissance. Avec le
devoir premier qu'est le respect de la loi.
Si l'on accepte ces définitions du droit et du devoir, on peut remarquer que le droit est par
essence inné et le devoir est, lui, acquis.En effet, les droits fondamentaux précités sont ceux
que tout être humain posséder dès sa naissance pour survivre et avoir un développement juste.
De l'autre côté, le devoir est la connaissance/conscience de la loi et donc s'acquiert par
l'instruction de celle-ci au cours du développement de l'enfant et poursuivi pendant la vie
adulte.
Le devoir est acquis, mais étant une obligation, donc une action imposée, elle porte sur
l'aspect mécanique, répétitif et non réfléchi de l’acte au moment de sa réalisation.
Apparaît alors la définition correcte de la responsabilité :La responsabilité est la capacité de
répondre de ses droits et devoirs envers autrui.La revendication de sa condition d'être
responsable, implique la défense de ses droits et l'accomplissement de ses devoirs en
recherche d'équilibre.
En appliquant à la sociétéhaïtienne, cette définition de la responsabilité on s'aperçoit que le
monde se divise en trois groupes.D'un côté, les masses populaires revendicatrices de droits.De
l'autre, les forces policières et militaires, exécuteurs de leur devoir.Et au milieu les élites
responsables, manipulant les uns et dirigeant les autres, punissant les uns avec le bâton des
autres. Les citoyens s'affranchiront donc des élites qui les gouvernent le jour où ils
revendiqueront, prendront possession pour eux-mêmes, leurs droits ET leurs devoirs.
La responsabilité est une condition générale de la citoyenneté : on est tous responsables de
nos actes dans la société et des conséquences qui s’y découlent. On parle de la responsabilité
rétroactive, quand elle est prise en compte après l’accomplissement de l’acte, donc elle
comporte l'obligation de répondre du des actes du passé. Cette responsabilité est au cœur de la
responsabilité politique et juridique. C’est le fait de rendre justice aux victimes de cet acte du
passé qui engage ce type de responsabilité. Elle prospective quand elle se réfère à la nécessité
d'assumer à l'avance les conséquences d'un acte que l'on pose, d'une décision que l'on prend,
acte ou décision dans laquelle la personne s'engage au nom de certaines valeurs et en vue
d'une fin déterminée. C’est cette responsabilité qui fonde la notion de l’éthique de la
responsabilité. On la revendique comme un attribut essentiel de la personne, "suprême dignité
de l'unique". Elle est imputable aux actions futures d’une personne susceptibles d’affecter des
êtres dépendants directement de lui, soit qu’ils aient besoin de nous ou qu’ils se trouvent
menacé par nos actions. C’est donc la vulnérabilité ou la fragilité des êtres qui pourraient être
victime de cet acte, de façon et / ou indirecte, qui engage cette responsabilité.
LES PRINCIPALES RESPONSABILITÉS LIÉES À LA CITOYENNETÉ
Respecter les lois : Tous doivent obéir aux lois, même les personnes qui occupent des postes
supérieurs.
Répondre à ses propres besoins et à ceux de sa famille : Il est important pour les Canadiens et
Canadiennes d’avoir un emploi, de prendre soin de leur famille et de travailler fort. C’est ainsi
qu’ils contribuent à la prospérité du Canada.
Faire partie d’un jury : Quand une personne se retrouve au tribunal, le jury est un groupe de
personnes qui aident le juge à prendre une décision à savoir si la personne qui passe en
jugement est coupable ou non. Si tu reçois une lettre qui te demande de faire partie d’un jury,
tu dois répondre à cette lettre, et faire partie du jury si on te le demande.
Voter aux élections : Tu dois voter aux élections. Il y a trois types d’élections : fédérales (à
l’échelle du pays), provinciales ou territoriales, et locales (de la municipalité ou de la ville).
Offrir de l’aide aux membres de la communauté : Les citoyennes et citoyens canadiens font
souvent du bénévolat. Cela signifie qu’ils aident les autres sans être payés. C’est une bonne
façon d’acquérir des compétences utiles, de se faire des amis et de créer un réseau de
recherche d’emploi.
Protéger son patrimoine et l’environnement : Les citoyennes et citoyens du Canada doivent
tous contribuer à lutter contre le gaspillage et la pollution et protéger ainsi le Canada. Nous
voulons que la nature canadienne reste belle. Nous voulons aussi nous rappeler ce que nos
parents et grands-parents nous ont appris sur notre culture.

3. Éduquer à la citoyenneté et contribuer à la formation du jugement moral

1. Vivre ensemble ou suicide collectif ?

La cohabitation sociale, avec une personne aimée, des amis, colocataires ou ses enfants, est
paradoxale : elle nous fait tout vivre, tout le temps, avec des personnes qui en deviennent
désincarnées. Pourquoi vivre avec d’autres que soi est-il invivable ?

L’expression ‘le vivre-ensemble’, verbe et adverbe avec trait d’union, décrit le minimum vital
requis pour vivre en paix avec ses voisins, mais sans avoir à s’y investir outre mesure. La
communauté des Juifs hassidiques (hassidim comme des moines bouddhistes coupés
volontairement du monde) a le bon sens de ne pas imposer de contraintes à la majorité, ne
prépare pas d’attentats et paie ses impôts.Le ‘vivre-ensemble’ pourrait tout aussi bien
s’appeler le ‘vivre-à-côté appelle l’inclusion et l’intégration.

Il y a un ‘vivre ensemble’, verbe et adverbe sans trait d’union, qui décrivent l’action de vivre
au sein d’une communauté en adoptant ses valeurs et ses marqueurs culturels sans pour autant
se fondre en elle. Vivre ensemble, interchangeable avec ‘vivre avec’, prévoit, par exemple,
d’inviter les voisins pour des vivre des évènements malheureux ou heureux.

Le vivre-ensemble, c’est mieux que rien. Mais vivre ensemble en s’enrichissant


mutuellement, sans toutefois perdre de vue que certains méritent d’être intégrés pour mieux
vivre et agir.

Dans le milieu de vie, il peut y avoir des cas de mortalité pas maladie, par accident ou autre,
mais on peut être contraint à se tuer soi-même, le suicide. Imputer les suicides à la seule
vulnérabilité psychologique du suicidé, c'est comme si on voulait faire croire que la mort par
paludisme était seulement due à la vulnérabilité biologique de certains individus et non aux
eaux stagnantes infestées de moustiques. Lorsqu’on vit dans une société où chacun se
débrouille, lorsque la vie est réduite qu’uniquement qu’à la compétition : chacun pour soi, on
n'en veut rien savoir au nom d’une prétendue autonomie, on ne peut attendre que la mort.

2. L’individualisme : le plus grand virus à abattre par l’individualisation

Parler d'individualisation ne doit pas être confondu avec l'individualisme. L'individualisation


correspond à une culture du choix, chacun affirmant son autonomie, sa capacité d'orienter son
action sans être contrôlé et contraint. L'individualisme, c'est le culte du "chacun pour soi".

L’homme contemporain est de plus en plus jaloux de son autonomie. Il a plus nettement
tendance à considérer que ses choix concernant sa vie personnelle n’ont à recevoir aucune
justification ou approbation sociale. Il ne supporte plus de recevoir des ordres – ou ce qu’il
perçoit comme des ordres – sur ce qu’il doit faire.

Edith Stein a cherché à tracer une troisième voie différente à la fois d’un individualisme qui
détruit la communauté et finit par tuer l’individu et d’un socialisme qui, en niant l’individu,
finit par casser aussi la communauté :« L’individualisme souligne seulement le droit de
l’individu à l’épanouissement libre ; il ne connaît aucune communauté originelle, naturelle,
mais seulement des liens sociaux qui sont au service de l’utilité des individus et que ces
derniers fondent ou dissolvent selon leur libre choix, en vue de leurs objectifs. Cet
individualisme qui, au début des temps modernes, a commencé à devenir une de ses
caractéristiques a conduit à la dissolution des communautés organiques qui dominaient la vie
sociale : à la destruction de la famille, au morcellement du peuple. La vision contraire, que
nous pouvons appeler socialisme (sans la subordonner à aucun parti déterminé) ordonne et
subordonne entièrement l’individu à la collectivité. Les conséquences, nous les voyons dans
le manque de personnalités fortes et autonomes, dans la domination des produits industriels et
des clichés, non seulement dans les objets de consommation mais aussi dans le domaine
intellectuel : le règne de l’homme moyen et des idées communes – vides, inauthentiques, sans
cachet propre. »

Liberté, égalité et fraternité

103. La fraternité n’est pas que le résultat des conditions de respect des libertés individuelles,
ni même d’une certaine équité observée. Bien qu’il s’agisse de présupposés qui la rendent
possible, ceux-ci ne suffisent pas pour qu’elle émerge comme un résultat immanquable. La
fraternité a quelque chose de positif à offrir à la liberté et à l’égalité. Que se passe-t-il sans
une fraternité cultivée consciemment, sans une volonté politique de fraternité, traduite en
éducation à la fraternité, au dialogue, à la découverte de la réciprocité et de l’enrichissement
mutuel comme valeur ? Ce qui se passe, c’est que la liberté s’affaiblit, devenant ainsi
davantage une condition de solitude, de pure indépendance pour appartenir à quelqu’un ou à
quelque chose, ou simplement pour posséder et jouir. Cela n’épuise pas du tout la richesse de
la liberté qui est avant tout ordonnée à l’amour.

104. On n’obtient pas non plus l’égalité en définissant dans l’abstrait que ‘‘tous les êtres
humains sont égaux’’, mais elle est le résultat d’une culture consciente et pédagogique de la
fraternité. Ceux qui ne peuvent être que des partenaires créent des cercles fermés. Quel sens
peut avoir dans ce schéma une personne qui n’appartient pas au cercle des partenaires et
arrive en rêvant d’une vie meilleure pour elle-même et sa famille ?

105. L’individualisme ne nous rend pas plus libres, plus égaux, plus frères. La simple somme
des intérêts individuels n’est pas capable de créer un monde meilleur pour toute l’humanité.
Elle ne peut même pas nous préserver de tant de maux qui prennent de plus en plus une
envergure mondiale. Mais l’individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre. Il
nous trompe. Il nous fait croire que tout consiste à donner libre cours aux ambitions
personnelles, comme si en accumulant les ambitions et les sécurités individuelles nous
pouvions construire le bien commun (Pape Francois, Fratelli Tutti, n. 103-105)

3. L’immoralité systémique

Le mot "morale" vient du latin mos, mores et désigne les mœurs, la conduite de la vie, les
règles de comportement. Etymologiquement, il a donc un sens assez large: il renvoie à l'agir
humain, aux comportements quotidiens, aux choix existentiels. Et il fait penser spontanément
à des normes, des règles de comportement, des principes, des valeurs. La morale concerne
directement l’étude de l'agir humain. Tout ce qui rentre dans l’agir humain fait partie de la
morale.

C’est ainsi que, par suite de rapprochement étymologique, la dualité éthique et morale est
considérée comme des synonymes. Donc, étymologiquement il n’y a aucune distinction.
Alors que le mot moral vient du latin, le mot éthique vient du grec (ethos) qui désigne
également les mœurs, la conduite de la vie, les règles de comportement. Donc, le mot «
éthique » désigne étymologiquement la même réalité que le mot « morale ».

Toutefois, on attribue au mot « morale » une connotation religieuse et au mot « éthique » une
connotation scientifique. La morale se réfère aux traditions et aux croyances qui ont donné
naissance à des convictions qui permettent de distinguer le bien et le mal quand il s’agit d’agir
et c’est en fonction de ces convictions que l’on vient à juger si un comportement est bon ou
mauvais. La morale vient à être considérée comme la science de la distinction du bien et du
mal de l’agir humain en fonction d’une croyance, d’une tradition. A l’inverse, l’éthique n’est
pas liée à la religion, mais elle s’appuie sur le raisonnement et la réflexion pour définir des
normes du bien et du mal. L’éthique est donc constituée de principes généraux issus d’un
cadre de discussion ou d’un débat. L’éthique est donc une réflexion entre un certain nombre
d’acteurs sur ce qu’il faut faire pour bien agir dans une situation concrète.

L'immoralité peut se définir comme un rejet de l'éthique, c'est à dire d'une conduite réfléchie
selon des valeurs, mais elle conduit à la mort par ce que la vie est une valeur. L'immoralité
serait une tentative délibérée de faire le mal.

La morale est facile à définir: c'est la conduite selon des valeurs ou des normes. Par contre,
l'immoralité est plus problématique: est-ce la conduite sans référence à des valeurs, la
conduite selon de mauvaises valeurs ?

Se poser la question de l'immoralité nous incite à approfondir la définition de la moralité: est-


ce que quelqu'un qui ne suit des règles que par la crainte de la figure paternelle ou de la
sanction est moral? La morale peut-elle être un simple conformisme et l'immoralité un
anticonformisme?

Moralité et immoralité seraient alors réversibles selon le système de valeurs par rapport
auquel on se place. Mais la morale peut signifier un engagement personnel et réfléchi. Que
sera alors l'immoralité? Le non engagement? Un engagement irréfléchi? Un mauvais
engagement? Notre jugement serait encore relatif au système de valeurs dans lequel on se
place.

4. Le jugement moral et éthique au centre d’une conscience citoyenne

Qu’est-ce qu’un acte humain ?


L’acte humain est un acte libre et responsable. Il est le fruit de l’intelligence, de la volonté et
de la liberté du sujet qui le produit et engage le sujet jusqu’au fond de sa conscience. Il ne
s’agit donc pas de l’acte tel qui serait fait par un robot, l’acte physique tel qu’on peut le voir
de l’extérieur, mais tel qu’il naît du cœur de l’être humain. Le contraire de l’acte humain est
l’acte d’homme. L’acte d’homme est toujours un acte spontané et irréfléchi. Il est le fruit des
habitudes sclérosées, de la routine paralysante et de l’autoamnistie. Contrairement à l’acte
humain, l’acte d’homme ne peut rentrer dans le champ de la moralité.

Comment évaluer la moralité d’un acte humain ?

L’acte humain est constitué d’un objet, d’une fin et des circonstances. Pour évaluer la
moralité de l’acte humain, il faut le juger à partir de son objet, de sa fin et de ses
circonstances.

L’objet de l’acte est ce que la volonté choisit de faire, le bien vers lequel tend la volonté du
sujet.

La fin de l’acte ne désigne pas son arrêt, mais le but qu’elle vise. C’est la motivation profonde
qui pousse le sujet à agir, ce que le sujet saisit dans son action. Une fin mauvaise corrompt
l’action, même si son objet est bon en soi (faire quelque chose de bon, mais c’est pour faire
plaisir à …).

Les circonstances de l’acte, y compris les conséquences, sont les éléments secondaires d’un
acte moral. Elles sont l’ensemble des situations qui accompagnent un acte et qui permettent de
l’insérer dans le réel. Elles peuvent de temps, de lieux, de personnes. Elles contribuent à
aggraver, les circonstances aggravantes, ou à diminuer, les circonstances atténuantes, la bonté
ou la malice morale des actes humains (par exemple le montant d’un vol). [Circonstances
excusantes : circonstances qui excusent ; par. ex : la peur ou la crainte d’un danger imminent
et réel]. Elles peuvent aussi atténuer ou augmenter la responsabilité de l’agent (ainsi agir par
crainte de la mort, ou dans une situation de désespoir. Mais les circonstances ne peuvent de
soi, modifier la qualité morale des actes en eux-mêmes ; elles ne peuvent rendre ni bonne, ni
juste une action en elle-même mauvaise.

L’objet du choix peut à lui seul vicier l’acte. Il y a des comportements concrets [...] qu’il est
toujours erroné de choisir, parce que leur choix comporte un désordre de la volonté, c’est-à-
dire un mal moral. En général c’est par son objet que l’acte entre dans la catégorie des actes
bons ou des actes mauvais, dans la mesure où l’acte peut ou non être ordonné au vrai bien de
l’homme.

L’intention ne se confond pas avec l’objet de l’acte, une même action peut aussi être inspirée
par plusieurs intentions, comme de rendre service pour obtenir une faveur ou pour en tirer
vanité. Une intention bonne (par exemple : aider le prochain) ne rend ni bon ni juste un
comportement en lui-même désordonné (comme le mensonge et la médisance). La fin ne
justifie pas les moyens. Ainsi ne peut-on pas justifier la condamnation d’un innocent comme
un moyen légitime de sauver le peuple. « Par contre, une intention mauvaise surajoutée (ainsi
la vaine gloire) rend mauvais un acte qui, de soi, peut être bon ». On appelle parfois finis
operantis ou tout simplement fin de l’intention du sujet.

Les actes intrinsèquement mauvais. – Les actes intrinsèquement mauvais sont donc ceux qui
«par eux-mêmes et en eux-mêmes ne peuvent être ordonnés à Dieu et au bien de la personne»,
ceux qui menacent la dignité humaine. Pour les actes intrinsèquement mauvais, aucune
circonstance ou intention ne peut changer leur qualification morale. Par raccourci on les
appelle aussi « mal intrinsèque ». Leur malice ne provient pas d’une volonté surajoutée ou
d’une qualification extrinsèque (comme cela pourrait être le cas pour ce qui est déclaré illicite
ici ou là tandis qu’en d’autres lieux ou époques cela était licite). Ces actes ont une contrariété
interne « avec le bien humain, le bien commun des personnes et, par-là, le Souverain Bien. »
La volonté ne peut être bonne en choisissant de tels actes.

De même, les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs
instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable : toutes ces
pratiques et d’autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu’elles corrompent la
civilisation, elles déshonorent ceux qui s’y livrent plus encore que ceux qui les subissent et
insultent gravement l’honneur du Créateur » (Concile Vatican II, Constitution pastorale
Gaudium et Spes § 27).

L’acte moralement bon suppose à la fois la bonté de l’objet, de la fin et des circonstances.

Une fin mauvaise corrompt l’action, même si son objet est bon en soi (comme de prier et de
jeûner « pour être vu des hommes »).

L’objet du choix peut à lui seul vicier l’ensemble d’un agir. Il y a des comportements concrets
[...] qu’il est toujours erroné de choisir, parce que leur choix comporte un désordre de la
volonté, c’est-à-dire un mal moral.
5. L’imbrication de la formation morale et citoyenne

L’enseignement moral et civique articule comme son nom l’indique un volet « moral » et un
volet « civique ». L’intérêt de cet enseignement réside donc dans la recherche et l’expression
du lien entre ces deux domaines différents, souvent divergents, parfois convergents. Le volet
« moral » renvoie à l’exercice de la morale, un ensemble de valeurs humaines reconnu comme
tel, essentiel à l’individu, à la société et à l’humanité, qu’étudient à l’école des disciplines
comme la philosophie. Le volet « civique » renvoie à l’exercice de la citoyenneté, dans le
cadre de la République définie par la Constitution, les libertés et droits fondamentaux et les
institutions, par les citoyens et les futurs citoyens.
Un premier point rappelle que le domaine de la morale ne relève pas seulement de l’intime, de
l’individuel, de la psychologie et du spirituel. La morale telle qu’elle s’est élaborée chez les
moralistes de l’époque moderne, les philosophes des Lumières, les penseurs républicains se
saisit à la fois du sujet individuel mais aussi des normes humaines devant gouverner les
sociétés démocratiques – au-delà même de leur organisation politique. Ici, le « moral » tend
vers le « civique ».
Un deuxième point concerne à l’inverse le domaine de la citoyenneté. Des règles, des normes
la définissent. Mais la citoyenneté, elle, repose aussi sur un ensemble de valeurs, à
commencer par celles qui s’inscrivent dans la devise républicaine. Ces valeurs, toutes
politiques qu’elles soient, relèvent du domaine de la morale. Elles déterminent les notions de
morale civique ou de morale laïque. Ici, le « civique » rejoint le « moral ».
Un troisième point insiste sur la manière dont la pensée philosophique, la pensée politique et
l’histoire contemporaine ont choisi de penser ensemble ces deux domaines de la morale et de
la citoyenneté afin de fonder l’idéal de la personne civique ou du citoyen pensant. À cet
égard, l’exploitation du riche corpus de textes des philosophes républicains de la fin du XIXe
siècle (Alain, Ferdinand Buisson, Charles Renouvier, Jean Jaurès, …) donne aux enseignants
les moyens d’appréhender et de transmettre cette solidarité de la morale et de la citoyenneté.
Un dernier point souligne comment, dans cette rencontre entre « moral » et « civique », se
joue une évolution capitale dans la philosophie et l’histoire de la République. L’altérité de la
personne, la culture de l’individu ont longtemps apparu aux yeux des républicains orthodoxes
comme un frein, voire une menace à l’acquisition de la citoyenneté et l’instauration d’une
véritable égalité civique. On vise à réconcilier les sphères de la morale individuelle et de la
citoyenneté publique, et même à démontrer que l’une ne va pas sans l’autre, que la
construction de l’une implique celle de l’autre et réciproquement.
Chapitre 4 – La question de l’éducation aux valeurs civiques à l’Ecole

1. La question de valeurs dans le système éducatif

L'éducation est donc indissociable de la question des valeurs, qu'elles soient implicites
etvécues "naturellement" ou bien qu'elles soient affirmées et justifiées fortement. Eduquer ne
concerne pas uniquement la transmission des savoirs, mais elle est une intentionnalité forte de
conduire l’enfant à un nouvel état considérécomme meilleur tant du point de vue des
comportements.

L’éducation aux valeurs est une composante essentielle de l’éducation scolaire. Les valeurs
déterminent, dans une large mesure, les normes, les attitudes et les conduitesdes individus
dans la société ; leur importance pour l’action éducative est primordiale. Tant que
l’institutionscolaire tend, non seulement à instruire, mais aussi à éduquer, les valeurs
doiventnécessairement y occuper une place de choix. Aussi longtemps que l’école cherche,
nonseulement à qualifier et à former les enfants et les jeunes mais aussi à en faire descitoyens
pleinement impliqués dans la dynamique de développement social, civique, etpolitique de leur
pays, l’éducation aux valeurs s’avère incontournable.

Les valeurs sont les convictions que nous considérons comme particulièrementimportantes
pour nous, celles qui constituent nos repères essentiels, qui nous serventpour effectuer nos
choix les plus cruciaux et qui orientent donc pour une large part nosactions et notre
comportement. Nos valeurs sont les éléments les plus stables de notrepersonnalité : C'est le
moteur qui nous fait agir et nous donne de l'énergie pourentreprendre. C’est le socle de la
confiance en soi. Les valeurs universelles sont Amour, Paix, Respect, Responsabilité,
Coopération, Liberté, Bonheur, Honnêteté, Humilité, Simplicité, Tolérance.

2. La responsabilité des enseignants et éducateurs dans l’éducation civique

De nos jours les valeurs de la citoyenneté s'apprennent à l'École, que ce soit à travers la vie
scolaire ou à travers des actions éducatives spécifiques. Elles sous-tendent au quotidien le
travail des enseignants dans leur classe. Cette éducation à la citoyenneté concerne l'ensemble
des adultes qui interviennent auprès des élèves.

L'École transmet les valeurs civiques et assumer plus efficacement sa fonction d'éducation
sociale et civique. Le socle commun de connaissances intègre cette mission fondamentale: il
s'agit de préparer les élèves à vivre en société et à devenir des citoyens
responsables,conscients des principes et des règles qui fondent notre démocratie et de
permettre aux élèves de devenir des acteurs responsables dans la société. Il s'agit de mettre en
place un véritable parcours civique de l'élève, constitué de valeurs,de savoirs, de pratiques et
de comportements dont le but est de favoriser uneparticipation efficace et constructive à la vie
sociale et professionnelle, d'exercer sa libertéen pleine conscience des droits d'autrui, de
refuser la violence.Dès l'école maternelle, l'objectif est de préparer les élèves à bien vivre
ensemble parl'appropriation progressive des règles de la vie collective.

Les enseignants et les éducateurs, de leur côté, doivent prendre conscience que l'instruction
civique, comme l’ensemble de matières dispensées, doit avoir pour but d'amener les élèves "à
la pratique raisonnée des principalesvertus individuelles et sociales comme la tempérance, la
sincérité, la modestie, la bonté,le courage, la tolérance et à leur inspirer l'amour du travail, le
goût de la coopération,l'esprit d'équipe, le respect de la parole donnée, la compréhension
d'autrui, l'amour du solnatal, les devoirs envers la famille et envers la patrie. Leur apport à
l’éducation civique des enfants n’est pas moindre. Tout enseignant ou éducateur doit ouvrir
l'enfant à cettedimension, jugée fondamentale, ou doit au contraire en tenir compte, mais
pourl'endiguer à l’aide des méthodes pédagogiques les plus appropriées. Ils doivent toujours
saisir le lien étroit qui existe entre instruction et valeurs et surtout la pertinence d’une culture
de valeurs civiques dans un contexte politique si critique et désastreux.

Il y a des valeurs civiques universelles communes que tous les systèmes


éducatifscontemporains « libres » doivent nécessairement promouvoir. L’on se
réfère,notamment, aux valeurs de la démocratie, impartialité, responsabilité,
intégrité,participation, coopération, attention, respect, excellence, liberté, tolérance…

• Les valeurs sociales/conventionnelles qui varient d’un groupe ou contexte social àl’autre ;

• Les valeurs individuelles (patience, Travail, intégrité, autodiscipline, etc.

• Les valeurs relationnelles (ou du vivre en société) telles que celles du partage, bonté,
coopération, tolérance, etc.

3. Le rôle des parents dans la construction sociale de l’individu

Le devoir d’éduquer les enfants revient avant tout aux parents etnon aux écoles. Celles-ci
représentent un complément nécessaire à latâche éducative des parents, qui peuvent
difficilement, seuls, mener àbien l’éducation de leurs enfants. L’école ne se substitue pas à
l’éducationparentale ; c’est pourquoi une collaboration mutuelle est nécessaire.
Comme l’écrivait PaulVI dans la Lettre ap. À maintes reprises au directeur général
del’UNESCO, M. René Maheu, le 08-12-1970 (LE 4 [1969-1972] col. 5937-5942 ; DC 68
[1971] 213-217) : « l’éducation est en effet plus que jamaisune oeuvre commune qui doit
mobiliser en sa faveur toutes les forcesvivantes de la grande communauté des hommes : la
famille d’abord, sansaucun doute ; les maîtres de tous genres, avec leur apport spécifique ;
lesgroupes socio-culturels et les associations professionnelles ; et finalementles communautés
ecclésiales. Tous doivent agir avec générosité et d’unemanière désintéressée pour réaliser
cette grande oeuvre au service dubien commun garanti par les pouvoirs publics » (no 16).
Selon le magistère le plus récent, Compendium de la doctrinesociale de l’Église, au n. 239, a
qualifié le droit-devoir desparents d’éduquer leurs enfants de droit « essentiel, vu son rapport
étroitavec la transmission de la vie » ; « originaire et primaire, par rapport audevoir
d’éducation d’autres personnes » et « irremplaçable et inaliénable »,c’est-à-dire « ne pouvant
pas être totalement délégué à autrui, ni usurpé parautrui ».
Ainsi, la famille, quelle que soit sa typologie, est le pilier sur lequel repose le développement
de l'individu.La famille a un grand impact sur la croissance des enfants. Sur leur
développement émotionnel et social. La famille modèle leur façon de penser, leur façon de
prendre des décisions, la façon dont ils se comportent et même leur perspective sur la vie.
L’environnement dans lequel un enfant grandit le définit comme une personne. Par
conséquent, l’importance de la famille dans son développement est essentielle.Avoir une
famille est un droit légitime et fondamental d’un enfant. C’est parce qu’à travers la famille,
les enfants apprennent les principes de base de la vie en commun.Les enfants apprennent aussi
les compétences nécessaires pour développer leur potentiel en tant qu’individus et pour faire
face à la vie adulte dans la société.
L’objectif premier de la famille devrait être de préparer l’enfant à une vie adulte heureuse et
réussie.Cet objectif est atteint grâce à une éducation intégrale qui leur permet de faire face aux
problèmes futurs de la meilleure façon possible, d’atteindre la sécurité émotionnelle et
économique, de respecter les autres et se respecter eux-mêmes, et enfin de consolider leur
estime de soi.

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