Vous êtes sur la page 1sur 62

PAGE DE PRESENTATION DE COURS

Intitulé de l’enseignement : Expression écrite et orale en français


Titulaire : Professeur Hippolyte MIMBU Kilol

1.Public visé
Etudiant-e-s de la première année du premier cycle universitaire ,Facultés :
Communications sociales, Droit, Economie et développement, Philosophie, Sciences
informatiques, Sciences politiques, Théologie

2. Objectifs ou acquis pédagogiques (Learning outcomes)


A la fin de ce cours de perfectionnement, les étudiant-e-s seront capables :

- de composer un titre juste et plein;

- de construire un plan ;

- d’argumenter , de convaincre et de persuader ;

- de résumer un livre, une conférence ou tout autre texte ;

- de rédiger un rapport, un compte rendu, un procès- verbal, un cv et une lettre


de motivation ;

- de communiquer correctement leur pensée ;

- d’évaluer un exposé, une conférence.

Bref, ils auront amélioré quatre compétences : expression écrite, expression orale,
compréhension, capacité de synthèse.

3. Intérêt de l’atteinte de ces acquis pour les apprenants


• Savoir communiquer sa pensée à l’oral et par écrit est une des qualités
indispensables de la majorité de cadres politiques, économiques, culturels ou
religieux. Les étudiants ont donc intérêt à améliorer leurs compétences
linguistiques et communicationnelles.
• Le français est la langue de l’enseignement et la langue officielle de la RDC,
sa maîtrise est un atout nécessaire.
Les techniques argumentatives acquises grâce à cet enseignement
interviennent dans n’importe quelle langue humaine. Pour tous les étudiants qui
aspirent à jouer les rôles des dirigeants, quels que soient leurs champs
disciplinaires ( Droit et Science politique, Economie, Philosophie, Théologie ),
« évaluer le travail des collaborateurs, diffuser l’information, donner son
opinion, écrire, recevoir et donner des coups de téléphone, écouter, lire et

1
s’informer »(d’après Calvo-Ryba, 2006) cité par Valérie Claire PETIT,
Leadership. La science et l’art de la direction d’entreprise, Montreuil, 2013
,p.19) constituent des rôles quotidiens indispensables qu’ils seront appelés à
remplir. Or comme le montre la liste des objectifs de ce cours , tous ces rôles y
sont couverts .

4. Mode d’évaluation des acquis d’apprentissage

Evaluations formatives pour 1/3 des points : la fin de chaque module comprend une
série de questions d’évaluation et d’autoévaluation des apprenants. Le cours est
sanctionné par un examen final écrit (évaluation sommative) comptant pour 2/3 des
points. Pour leur autoévaluation, les étudiants-es se baseront sur la grille proposée
par le Cadre européen commun pour les langues : apprendre, enseigner, évaluer,
Strasbourg, Unité des politiques linguistiques, 2005, p.26-27(en ligne).

5. Méthodes pédagogiques
Enseignement mixte (Blended learning) associant des exposés magistraux introductifs
(de l’enseignant) en présentiel aux activités individuelles et en groupe des apprenants
en l’absence du professeur. Pour les apprenants, l’expression orale consiste entre
autres à préparer et à prononcer des conférences de 10 à 15 minutes devant
l’enseignant et les autres étudiants(es). Ceux-évaluent chaque prestation suivant une
des grilles vues en classe (Meyer, Ravotto).

6. Plan et déroulement de l’enseignement


1. Le titre et les plans (séances 1 et 2)

2. Les signes écrits (Séance 3)

3. L’argumentation (Séance 4 et 5 et TPE)

4 Le résumé (Séance 6 )
5 L’expression orale et la prise de parole en public (Séance 7)

6 L’écriture professionnelle (Séance 8 et 9)

NB. La correction de plus de 500 copies d’examens des étudiants de Première année
licence LMD 2019-2020 a révélé : 1. @La plupart des apprenants construisent des
phrases kilométriques. Ils ne contrôlent pas la qualité ni le contenu de ces phrases.
2. Pour la conjugaison, beaucoup emploient un participe passé après un verbe modal
exemple Je sais compté(faute). Corrigé : Je sais compter( à l’infinitif).

TP à envoyer à : tp.eoe@ucc.ac.cd

2
Bibliographie

BARIL Denis, Techniques de l’expression orale et écrite, 11e éd. actualisée, Paris,
Dalloz, 2008, 345p.

Bien écrire et parler juste. Guide pratique d’expression et de communication, Paris,


Bruxelles, Zurich, Sélection du Reader’s Digest, 1987, 511p.

BLANC RAVOTTO Mireille, Expression orale et expression écrite en français, Paris,


Ellipse, 2005, 208p.

BLEIN Bernard, Prendre la parole en public, Paris, France Loisirs, 2012, 159p.

BOULARES Michel et PREROT Jean-Louis, Grammaire progressive de français.


Niveau avancé avec 400 exercices, Paris, Clé International, 1997 (2004), 192p.

COLIN Jean-Paul, Nouveau dictionnaire des difficultés du français, Paris,


Kliencksieck, 2014, 549p.

CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS ,


Directoire sur l’homélie, Cité du Vatican , 2014, disponible sur :
scjef.org/biblio/Documents_actualite/Homelie_Directoire_sur_2014.pdf( consulté le 22
juillet 2018)

CONSEIL DE L’EUROPE, Cadre européen commun de référence pour les langues :


apprendre, enseigner , évaluer (1DVD), 2005, Strasbourg, 2005, 196p. en ligne :
www.coe.int/lang-CECR

DALY John, Savoir défendre ses idées… et influencer les autres, traduit de l’anglais
(américain) par Michel le Séach, Paris , ARS/Nouveaux Horizons, 2014 (édition
originale anglaise 2011), 392 p.

Dictionnaire de l’Académie Française (Voir site www.academiefrancaise.fr ), 9e éd. (en


cours de publication depuis 1986), 8e éd. (1932-1935).

FERREOL Gilles et FLAGEUL Noël, Méthodes et techniques de l’expression écrite et


orale, Paris, Armand Colin, 2008 (1996),p.63-81 Résumé et commentaire

GIQUEL Françoise, Réussir le résumé de texte, Paris les Editions d’organisation,


1990,200 p.

Grand Dictionnaire français-anglais, anglais-français, Paris, Larousse, 2010, 2367p.


Voir le guide de communication, p.1077-1200

3
GREVISSE Maurice, Le français correct. Guide pratique des difficultés, 6e éd., revue
par Michel LENOBLE-PINSON, Bruxelles, De Boeck, Duculot, 2009,512p.

GREVISSE-GOSSE, Nouvelle grammaire française, 3e éd., Bruxelles, De Boeck et


Larcier, 1995

TIMBAL-DUCLAUX, L’expression écrite. Ecrire pour communiquer, 6e éd Paris, ESF


Editeur, 1994.

INTRODUCTION

Maîtriser les techniques de base de la communication écrite ou verbale, c’est


important, mais insuffisant pour atteindre les objectifs de ce cours. Les étudiants
devront en outre fréquenter les meilleurs écrivains francophones. Il s’agit de lire et de
relire, d’analyser et de résumer les textes remarquables par la correction, la perfection,
l’harmonie et la musique de leur langue française.

Conçu comme un entraînement efficace, ce cours comprend de nombreux exercices


à la fin de chaque chapitre.

Ce cours relève de plusieurs disciplines: la grammaire, la stylistique, la logique et la


(nouvelle) rhétorique. Définie comme technique de mise en œuvre des moyens
d’expression, la rhétorique est née, selon la tradition, en Grèce. Le philosophe grec
Aristote fut le premier à théoriser cette discipline en la situant entre la dialectique —
science du raisonnement (logique) et la grammaire — science du langage. Aristote et
Cicéron distinguent cinq phases dans la production d’un discours:

1) «Invention» : c’est l’étape de la recherche des idées , des exemples et des


arguments se rapportant au sujet à traiter.
2) la «Disposition» : c’est l’étape de l’ordonnancement de ces idées selon les lois
psychologiques et logiques afin de soutenir sa thèse et de convaincre.
3) 1’ « Elocution» :c’est la mise en forme verbale des idées.
4) « Memoria . » Préparation mentale consistant à mémoriser son discours. C’est
la mise en bouche de son texte.
5) 1’ «Action» : c’est la performance du discours devant le public. Cette dernière
partie s’accompagne de la mémoire et des moyens mnémo-techniques. La voix
et les gestes y jouent un grand rôle. A ce sujet lire : ROBRIEUX Jean-Jacques,
Rhétorique et argumentation, 3e édition ,Paris, Armand Colin,p.26-32 : Les
cinq parties de la rhétorique.

4
Ces cinq parties forment les principaux chapitres de manuels de l’art de parler . Elles
constituent, mutatis mutandis, les étapes d’élaboration et de réalisation d’un projet de
recherche scientifique: collecte des informations (voir recherche documentaire de
l’Université d’Avignon), le traitement de la documentation, la rédaction et la
soutenance publique.

Conformément à cette subdivision classique, le plan de ce cours devrait commencer


et par un chapitre qui nous apprendrait les techniques de la collecte de l’information et
de la documentation. Mais cet enseignement ne reprend pas ce chapitre, car il figure
nécessairement dans le cours d’initiation à la recherche. C’est pourquoi nous
commençons par la technique du plan qui relève de la disposition, seconde étape
préconisée par Aristote. Pour la recherche et l’organisation des idées, lectures
obligatoires de Gilles FERREOL et Noël FLAGEUL, Méthodes et techniques de
l’expression écrite et orale, Paris, Armand Colin, 2008 (1996), p.21-41.

Sur l’utilité de la préparation : CARNEGIE Dale, L’art de parler en public et de


persuader dans les affaires, traduit de l’américain par Maurice Beerblock et Marie
Delcourt, 2e édition, Paris, Amiot/Dumont, s.d .,p. 34-39 : La préparation source de
confiance en soi.

Chapitre. 1 : COMMENT COMPOSER UN TITRE ET DRESSER UN PLAN ?

1. Le titre1

Tout écrit pertinent nécessite un titre, toute conférence, car les lecteurs se décident
d’acheter un livre dans la mesure où le titre les intéresse. C’est pourquoi il importe
d’apprendre à composer des titres pleins et accrocheurs et d’éviter des titres creux ou
insignifiants.

Exemples : Tchad: Recul des troupes d’Hussein Habré: titre plein

. La situation militaire au Tchad : titre creux, car il ne nous apprend rien de


précis.

1TIMBAL-DUCLAUX, L’expression écrite. Ecrire pour communiquer, 6e éd Paris, ESF


Editeur, 1994, connaissance du problème, p.43-65, est notre référence principale
pour tout ce chapitre.

5
- Nord Kivu: un million et demi de personnes en fuite, appel de Benoît XVI. Les
atrocités systématiques: titre plein, car nous avons une idée précise de ce dont
l’article ainsi intitulé traitera.

Voici comment trouver les titres pleins: il y a cinq règles et douze moyens (procédés)
pour un titre plein. Voici les cinq règles ou recommandations à observer en vue du
choix judicieux d’un titre.

1. Le titre doit être attractif ou séduisant et donner envie au lecteur de lire le livre
.
2. Il pique sa curiosité et éveille son intérêt. Un titre doit être intéressant.
3. Actualité du titre .Il faut un titre dont le lien à l’actualité politique, économique,
sociale , culturelle ou religieuse est acquis. Exemple : La foi chrétienne hier et
aujourd’hui.
4. Clarté. Recherchez des titres clairs, compréhensibles et évitez des titres
obscurs.

5. Les titres négatifs sont à proscrire, à bannir.

En plus de ces cinq règles, voici les indications précieuses pour choisir un titre
pertinent ou plein : un bon titre peut revêtir la forme d’un paradoxe, d’une
question, d’un néologisme, d’un mot à double sens, de fraction d’une citation
célèbre, d’un ensemble de mots constituant rimes, assonnance et allitération,
d’une inversion des mots d’une formule bien connue, etc.

1.Le paradoxe (ou oxymore) : Un paradoxe est une affirmation ou un raisonnement


qui contredit une affirmation généralement admise »(ROBRIEUX, Rhétorique et
argumentation, 3 e édition, Paris , Armand colin, 2012(2000), p.98. Mais en réalité ce
n’est pas une longue affirmation paradoxale que les auteurs choisissent mais un
groupe de quelques « mots antithétiques dans un même syntagme ». Ce groupe
s’appelle exactement oxymore.

Exemples -le silence éloquent ; - cris silencieux. La pauvreté, richesse des peuples.
Un crime au paradis titre d’un film TV5, le 9/12/2012 à 22h. Les saints vont en enfer,
titre d’un roman de Cesbron(1952). L'Utilité de l'inutile (Belles Lettres, 2014), titre d’un
livre de Nuccio Ordine.

Martin Bernal, Black Athena , Les racines afro-asiatiques de la civilisation classique,


Paris, PUF, 1996.

Jack Goody, Le vol de l’histoire. Comment l’Occident a imposé le récit de son passé
au reste du monde, Paris, 2006.

La voix des sans voix.

6
Absence partout présente , titre d’un morceau choisi de extrait d’une lettre d’Yves
Bonnefoy à André du Bouchet, depuis Cambridge(USA), le 7 avril 1967. (Courriel des
Belles(Paris) à H. Mimbu Kilol, le 10 avril 2020)

2.L’interrogation précise un titre peut consister en une question.

Exemples : Isidore Ndaywel (dir.) , Quelle politique culturelle pour le Zaïre ? .

Où va l’université au Congo-Kinshasa ? titre d’un livre publié chez


l’Harmattan en 2016.

3.Les chiffres ou les nombres peuvent intervenir dans un titre :

Exemples. - Nord Kivu : un million de déplacés.

-Stephen Covey, Les sept habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils
entreprennent.

- Jean-Paul Guedj, Les 50 règles d’or pour prendre la parole en public, Paris,
Larousse, 2013.

4. Un néologisme peut aussi constituer un titre

Exemples :. Le désordinateur , La Négritude ( 1933).

5. Le double sens

Exemple : Le parasite:

qui vit aux dépens de


-
qui trouble la communication
-
Ma cuisinière fume
6. Les rimes, allitérations et assonance
Le mot allitération désigne la « répétition d’une même sonorité consonantique
dans une suite de mots voisins ou dans un vers. Lorsqu’une sonorité vocalique
est répétée, on parle d’assonance » Kokelberg, Les techniques du style,
p.114. Assonance signifie « répétition remarquable d’un phonème
vocalique » ; « la rime est l’homophonie entre au moins deux vers , de la
dernière voyelle accentuée et de tout ce qui la suit phonétiquement »2

Ex - Leurres et lueurs (B. Diop)

-Pastiches et postiches, titre d’un livre d’Umberto Eco, Paris, Grasset, 1992.

2 Pour ces trois définitions : BERGEZ , Daniel ,GERAUD Violaine et ROBRIEUX Jean-Jacques, Vocabulaire de
l’analyse littéraire , 2e édition, Paris, Armand Colin, 2012,p.19, 46 et 219.

7
- Fiction et diction, titre d’un livre de Gérard Genette, Paris, Seuil , 2004.

- Vérité et sévérité

-Twice and nice

-Twice as nice

-Avec fortain on n’a plus faim.

-Communiquer change avec orange

7. Le détournement des formules célèbres. Il s’agit de formuler un titre en reprenant


avec une légère transformation un titre d’un livre déjà existant et bien connu, ou d’une
formule partagée. Exemples :

-L’Afrique est mal partie, titre d’un livre célèbre de Réné Dumont(1962)

-L’Afrique peut-elle partir ? titre d’un livre de Meister (1966 ) -


-L’Afrique est-elle si bien partie ? Titre d’un livre de l’économiste et géographe Sophie
Brunel (2015).

Georges Balandier, L’Afrique ambiguë, Paris, Plon, 1957.

Cheikh Hamidou Kane, L’Aventure ambiguë, Paris, 1961.

- Sain et sauf (formule célèbre)— ceints et sauf

- Garde-corps (formule bien connue) — garde-cœur

« Je vous salis ma rue » (Jacques Prevert ).t Ici il y a une transformation de


« Je vous salue Marie», prière bien connue.

« Nulle pâte ailleurs » nom d’un restaurant à Liège Formule détournée=


Nulle part ailleurs.

De Père en flic , titre d’un film (comédie musicale). Du père en fils

La loi du plus fort, titre d’un livre Noam Chomsky,Ramsey Clark et Edward
W.Said, 2002. Cf. La raison du plus fort

8. L’inversion des mots clés. Dans ce cas, il s’agit de formuler un titre qui reprend les
mots principaux d’un titre déjà publié mais selon un ordre inverse par rapport à celui
qui régit les mêmes mots dans le titre imité.

Exemples. La philosophie de la misère (Titre d’un livre de Proudhon)

- La misère de la philosophie (Titre d’un livre de Marx)

-De la vie dans son art ( Livre d’Anny Duperey)

-De l’art dans sa vie ( Livre de Nina Vidrovitch)


8
9. La fraction des citations célèbres. Ce type de titre n’est rien d’autre qu’une partie
d’une phrase , une sentence ou une citation d’un auteur de renom.

Exemples

- Tambola na mokili…

-- La raison du plus fort...

- Tant va la cruche à l’eau.. (à la fin elle se casse).

10. Utilisation de tous les signes de ponctuation et la conjonction « ou »

Exemple : G20: l’Afrique exclue

Georges Ngal, Giambatista Vico ou le viol du discours africain,

Tout le monde mérite d’être riche ou ce que vous n ‘avez jamais appris à
l’école à propos de votre argent.

Aimé Césaire, un homme à la recherche d’une patrie!

Kamerun ! Kamerun !

Antériorité des civilisations nègres. Mythe ou vérité historique ?Titre d’un


livre célèbre du savant sénégalais Cheikh Anta Diop.

11. La longueur d’un titre constitue parfois une bonne approche.

Ex. - Comment réussir dans les affaires avec une intelligence moyenne sans se
fatiguer ?

12. Titre image. Des titres qui font image attirent aussi des lecteurs : ils présentent un
aspect poétique. Image signifie ici « ce qui évoque une réalité ( en raison d’un rapport
de similitude, d’analogie » ( Le Petit Robert, 2016)

Exemple : Valentin Yves Mudimbe, L’Odeur du père, Paris, Présence africaine, 1982.

Valentin Yves Mudimbe, Entre les eaux, Paris, Présence africaine, 1975.

Un titre peut combiner beaucoup d’éléments vus ci-dessus.

9
Exemple. Cheminements. Carnets de Berlin (avril-juin 1999), titre d’un livre de Valentin
Yves Mudimbe.

En conclusion, considérez comme un péché intellectuel grave de rédiger un texte sans


titre. Avant de choisir un titre plein, établissez un catalogue (=une liste) de plusieurs
titres possibles et retenez le meilleur en fonction des critères vus ci-dessus. Prenez
comme exemple la littérature française ou les grands journaux français. Il vaut mieux
choisir le vrai titre à la fin de tout le travail. Il est conseillé aux étudiants de laisser les
numéros 4 et 5 ci-dessus aux journalistes.

Bref, le bon titre est celui qui donne du sujet traité l’image la plus juste et la plus précise.
La plus juste, parce qu’il doit définir le sujet et la plus précise, parce qu’il doit indiquer
la manière dont l’auteur entend le traiter, l’angle sous lequel il l’aborde.

Exemple : Bimwenyi Oscar K., Le discours théologique négro-africain. Problèmes des


fondements.

Ici, le titre indique le sujet (discours négro- africain) et l’angle sous lequel l’auteur
l’envisage (Théologie fondamentale).

Du point de vue de l’orthographe, la grammaire nous impose de d’employer l’italique


pour citer les titres de livres.

Exercice d’autoévaluation.

1.Notez le numéro de la mauvaise réponse. Un titre plein d’un livre peut être
1.Paradoxal, 2. Dialectique. 3. Jeu de sons. 4. Une citation incomplète. 5. Mot à double
acception.

2. A quel type appartient le titre suivant :

Le bel immonde, titre d’un roman de Valentin Yves Mudimbe.

3. Sous quelle catégorie classer le titre suivant : SUMATA C. et al, « Images et


usages de l’argent de la diaspora congolaise : Les transferts comme vecteur
d’entretien du quotidien à Kinshasa. », in Ordre et désordre à Kinshasa : Réponses
populaires à la faillite de l’Etat, Paris, l’Harmattan, 2004.

2. Plan

Objectif: au terme de ce chapitre, vous serez capables d’organiser et d’ordonner ou


de structurer vos pensées et vos idées.

Pour atteindre cet objectif, apprenons à construire le plan d’un livre, d’un article ou
d’une communication orale (discours).

Importance du plan

10
Le plan est indispensable à celui qui écrit ou parle pour communiquer sûrement sa
pensée. De même pour que le récepteur, auditeur ou lecteur saisisse la signification
exacte d’un discours, il doit s’efforcer d’en percevoir le plan. Le Petit Robert définit le
plan comme la disposition, l’organisation des parties d’un livre (ouvrage) considérée
après coup (abrégé ou résumé) ou élaboré avant la composition.

De façon plus simple, le plan est l’ordre dans lequel un auteur expose ses idées et ses
arguments dans une intervention écrite ou orale.

Techniques ou méthodes du plan

La méthode de l’élaboration du plan consiste en trois opérations: choisir, regrouper et


ordonner.

Ces trois opérations se font en fonction de l’objectif visé par l’émetteur du message.

1. Choisir: c’est fixer un objectif à la communication envisagée. Qu’est-ce que je


vise dans cette communication? Exemple. exposer, informer, comparer, réfuter,
persuader....Selon le but, le plan varie.
2. Regrouper: une fois fixé, l’objectif permet de regrouper les idées par famille ou
idées-guides en vue d’information. Il s’agit de rassembler intelligemment,
d’ordonner et de catégoriser les différents éléments constitutifs de sa pensée.

Les titres des sections, les transitions et les enchaînements (passage de paragraphes,
de chapitres) sont donnés.

3. Ordonner: cette étape consiste à construire l’unité et la cohérence des


différentes familles d’idées forces (maîtresses). Ordonner, c’est aussi distinguer
(l’introduction, le corps et la conclusion).

L’introduction dont la longueur correspond à 1/6 ou à 1/10 de l’ensemble de la


communication doit:

a. justifier le sujet;
b. le situer dans le temps et dans l’espace (si nécessaire);
c. le délimiter (en définissant les termes polysémiques);
d. annoncer le plan ou les grandes articulations du travail.

La conclusion

De même longueur que l’introduction, elle comprend deux parties. La première résume
la quintessence (l’essentiel) du travail. La deuxième partie ouvre une perspective : elle
indique dans quel sens la réflexion peut continuer sur le sujet traité.

Le corps de l’exposé

11
Il comprend deux ou trois grandes subdivisions, subdivisées elles-mêmes en d’autres
parties.

Neuf types de plans:

Un plan tout fait n’existe pas. Tout plan doit s’adapter aux circonstances de la
communication. Un plan ne s’improvise pas. La logique impose la conformité à certains
types de plans employés dans la culture occidentale depuis plus de deux mille ans.

En voici quelques-uns:

- 1.plan linéaire
- 2.plan par opposition
- 3.plan dialectique
- 4.plan cravate ou universel
- 5.plan par catégories
- 6.plan concentrique
- 7.plan en éventail.
- 8. Combinaison de certains de ces plans= plans combinés (pensons au
vêtement kizoba-zoba dans la culture congolaise)
- 9. Plan IMReD (Introduction, Méthodes, Résultats et Discussion) : ce type de
plan est obligatoire pour la communication des résultats de la recherche
scientifique , en particulier dans les sciences « pures » comme la biologie, et
d’autres. Voir le cours de Méthodologie de la recherche.
- L’écriture scientifique au Bénin Guide contextualisé, livre publié sous la direction
de ASSOGBADJO Achille Ephrem, Cotonou, 2011, p. ? rubrique 2.3.3

Ces désignations ou ces noms de plan varient légèrement d’un manuel ou d’un auteur
à un autre. Mais la réalité demeure pratiquement la même.

Exercice d’auto-évaluation

Soulignez l’adjectif intru. Le plan d’un livre peut être descriptif, topographique, spatial,
catégorique, universel, concentique, éventuel, binaire, tripartite, dialectique.

1) Le plan linéaire

Est celui qui suit le mouvement en tenant compte soit du temps, soit de l’espace. Il
peut être narratif, descriptif ou chronologique.

1.1. Plan suivant l’espace

Le plan linéaire spatial (topographique) se réalise quand l’auteur décrit un local, un


pays ou une installation en énumérant les différents éléments selon leur succession

12
dans l’espace, exemple. de la gauche vers la droite, de bas vers le haut ou depuis
l’entrée vers le fond.

Exemple . Pour décrire le campus de Limete de l’UCC nous pouvons dire : après
l’entrée vous avez l’amphithéâtre à droite, ensuite un bâtiment à deux étages jusqu’à
un couloir qui constitue la limite entre ce premier bâtiment à deux étages et le bâtiment
administratif. Du côté gauche, après l’entrée dans l’enceinte du campus, vous avez
d’abord un bâtiment tout nouveau isolé, etc.

1.2. Plan suivant la ligne du temps

Le plan chronologique décrit les faits en suivant l’ordre dans lequel ils se sont produits
dans le temps.

Ex. NDAYWEL è Nziem Isidore, Histoire générale du Congo. De l’héritage ancien â la


République Démocratique du Congo, Bruxelles/Paris, Duculot, Afrique Edition, 1998.

Chapitre 1: L’espace, les hommes et la culture

2. Le Congo ancien méridional


3. Le Congo ancien septentrional
4. Vers le temps nouveau
5. Le temps nouveau
6. Vers le Congo contemporain
7. Le Congo contemporain

2) Le plan par opposition

Il est construit sur une opposition et ordonne sa matière en s’appuyant soit sur une
véritable opposition, ex. homme-femme; soit sur une comparaison; soit sur une
alternative. Ce plan a souvent deux parties: ex. avantages - inconvénients., raison pour
laquelle il est aussi appelé plan binaire. Lorsqu’il y a une comparaison entre deux
éléments, l’un des trois points ci-dessous peut intervenir:

1. les parentés
2. les différences
3. les divergences
Il y a des différences notables et divergences fondamentales: l’inclusion, les
corrélations, les différences, les parentés, l’intersection (l’opposition, la conciliation).

3) Le plan catégoriel (par catégories) ou le plan thématique

Les catégories sont les regroupements des éléments selon leurs affinités (thèmes,
affinités). Par ex. en chimie, il y a des propriétés physiques, chimiques ; en géographie:

1ère partie: géographie physique: géologie, climat, végétation, population

13
2e partie: Les sols et le secteur agricole

3e partie: Les mines et le secteur industriel

4e partie: Le secteur tertiaire: commerce et échange extérieur

En histoire :

- Évolution politique
- Évolution économique
- Évolution sociale
- Évolution culturelle. Exemple : La Revue Congo-Afrique organise son plan
selon ces catégories : politique, économie, société et culture.

Ce sont des catégories obligatoires dans ces domaines. Cependant, un auteur peut
être amené à créer des catégories selon lui.

4) Le plan cravate (problème-cause-solution)

Parfois appelé plan universel. Il est basé sur un raisonnement de type causal:

- les faits ou les situations


- les causes ou les origines
- les remèdes ou les conséquences.
Ou bien situations - causes - résolutions

Une autre forme de ce type de plan :


Que savons-nous?
Que voulons-nous?
Que pouvons-nous ? (pouvoir économique, biologique, ...)

Une troisième forme:


- d’où venons-nous?
- Où en/qui sommes-nous?
- où allons-nous ? (Gaunguin)

Ce plan est souple et peut s’adapter. Que constate-t-on? analyse de la situation


(Question, Quid ?). D’où cela vient-il ? Origine de cette situation. Que doit-on faire ?
les solutions.

5) Le plan dialectique

Il est aussi appelé plan classique. Il a trois parties:

1. thèse
2. antithèse
3. synthèse

14
Une autre forme de ce plan:

1. analogie = opinion 1 Les Egyptiens anciens étaient des blancs.


2. opposition = opinion 2 Non, les Egyptiens n’étaient pas de blancs mais des
nègres.
3. retournement = conciliation. . Les Egyptiens étaient composés des Noirs et des
Blancs.

Ex. N’y a-t-il que ce qui dure qui ait de la valeur?


1. Thèse: c’est ce qui se prolonge dans le temps et qui dure qui a de la valeur. Ex.
conquête
2. Antithèse: Seul l’instant qui n’a pas d’épaisseur temporelle et qui ne dure pas a
de la valeur.
3. L’éternité: i.e. ce qui surpasse le temps donne sens et valeur à la durée et à
l’instant et l’unifie .
6) Le plan concentrique
Est celui qui part graduellement d’un fait précis pour s’étendre graduellement à
d’autres faits ou d’autres réflexions d’intérêt croissant jusqu’à un énoncé d’intérêt
général. Ex. Morphologie du conte africain.

7) Le plan en éventail

Consiste à appliquer le plan à des domaines différents. Beaucoup de livres américains


fournissent 5 à 20 exemples pour tirer une leçon.

Ex.1 Bible, le chapitre 15 de l’Evangile selon saint Luc : un homme retrouve une de
ses cent brebis perdues, une femme retrouve une de ses dix pièces d’argent perdue,
un père retrouve un de ses deux fils perdus. Leçon ?

Ex.2. Matthieu 24, 45-51 à 25,1-46 ; exemples successifs d’un serviteur fidèle et
intelligent, de dix jeunes filles dont cinq imprudentes, de trois serviteurs dotés de
talents, le retour glorieux du Fils de l’homme.

Certains auteurs émettent des réserves par rapport aux deux derniers plans qu’ils
considèrent comme des anti-plans.

8) La combinaison des différents types de plan peut se faire

Ex. GAISE R. et NDAYWEL I.Mgr Monsengwo : 25 ans d’épiscopat au service de la


vérité, la justice et la paix. I. Mgr Monsengwo, pasteur infatigable, Paris/Kinshasa,
Karthala/Médiaspaul, 2008:

I. Messes de Noël (catégories et chronologie)

1. Noël 1988
2. Noël 2007
II.Messes de Pâques 200 1-2006
III.Mariages 2005-2008

15
9. Plan IMReD. Très utilisé dans la communication des résultats de la recherche
scientifique , le plan Introduction, Méthodes, Résultats et Discussion. De là le sigle
IMReD.ou IMRaD a signifiant and (=et, en français ).

Sur ce chapitre, lire l’exposé de B. Meyer, Maîtriser l’argumentation, Paris,


Armand Colin, 2002, p.191-198.

Autre lecture recommandée :

Chapitre 2. L’EXPRESSION ECRITE.

Obligation de photocopier le chapitre 2 de la Nouvelle grammaire française de


GREVISSE-GOOSSE. Livre disponible dans la bibliothèque de l’UCC.

1. Ecriture
2. orthographe
3. Signes de ponctuation
4. La phrase et le paragraphe
5. La correspondance

Pour une écriture de qualité, tout rédacteur, c’est-à-dire quiconque écrit ou rédige des
textes doit disposer de deux types d’instruments de travail au moins:

1. un dictionnaire de langue
2. une bonne grammaire française.

Ces livres indispensables aident à vérifier l’orthographe et à assurer la correction


grammaticale de tout écrit. Aucun rédacteur: professeur, écrivain, journaliste,
chercheur, philosophe ou étudiant, ne peut s’en passer, peu importe qu’il soit français
ou francophone. A cet effet, voici quelques références utiles

La grammaire:

- Grevisse-Goosse, Le bon usage., Paris, Gembloux, Duculot, chercher la


dernière édition en date
- Grevisse-Goosse, Nouvelle grammaire française, 3 éd., Bruxelles, De Boeck et
Larcier, 1995.
- Oubois J. et Lagane L., La nouvelle grammaire du français, Paris, Larousse.
Choisir la dernière édition
- Grodet J., Pièges et difficultés de la langue française, Paris, Bordas, 1988.

Dictionnaire de langue:

- Le Petit Robert I, Paris, le Robert (Choisir la dernière édition). 2018


- Dictionnaire du français contemporain, Paris, Larousse (Choisir la dernière
édition).
- Dictionnaire Larousse, Paris.
16
- Le grand Larousse illustré , Paris, Larousse, 2014.

Pour compléter ce chapitre, tout étudiant doit se procurer impérativement ne serait-ce


que par photocopie, le chapitre 2 de Grévisse-Goosse, Nouvelle grammaire française,
1995, pp. 30- 43.

2.1. Ecriture et orthographe

2.1.1. Ecriture

La langue écrite en français possède un alphabet de 26 lettres et des signes auxilliaires


( accents, trémas, la cédille, l’apostrophe, le trait d’union, des symboles) et les signes
de ponctuation.

Du point de vue du dessin, chaque lettre revêt deux formes: la minuscule et la


majuscule. L’écriture imprimée distingue:

- les capitales (FACULTE DE THEOLOGIE),


- les italiques que l’on emploie entre autres quand on cite textuellement les
paroles de quelqu’un, ou pour reproduire le titre d’un livre, d’une revue;
- les grasses, c’est pour attirer l’attention sur les mots importants. Ex.. La
ponctualité est de rigueur à l’université.
- Parmi les 26 lettres, il y a 6 lettres voyelles (a, e, j, o, u, y) et 20 lettres
consonnes

2.1.2. L’orthographe

L’orthographe c’est l’art d’écrire correctement, sans faute. C’est l’ensemble de


fonctions données aux lettres et aux autres signes écrits. Il existe deux sortes
d’orthographe:

1. l’orthographe d’usage (les mots en eux-mêmes tels qu’ils sont écrits dans les
dictionnaires Ex . La dictée et non la dicté.
2. l’orthographe de règles ou grammaticale concerne les accords grammaticaux,
il s’agit de l’orthographe exigée par les règles de la grammaire.
.Ex . Les hommes sages et non les hommes sage.

2.1.2.1. Orthographe et prononciation

En français, on n’écrit pas exactement comme on prononce. Pour l’écriture, nous


avons 26 lettres et 34 phonèmes (sons).

a. un digramme ou trigramme peut représenter un seul phonème. Ex. heure, eux,


agneau, beau ;
b. Nous pouvons avoir une même lettre ou un digramme qui se prononce
différemment (phonème).

17
Ex. cage gare

Cire gêne

c. Un même phonème peut être présenté de plusieurs manières dans l’écriture


selon les mots.

Cage Vin képi

Femme étain car

Symbole quel

orchestre

NB: Devant les consonnes b, p, m, on écrit m et non n. ex. imbuvable, emporter,


emmener. Excepté bonbon, bonbonne.

Il y a des lettres muettes: ex. baptême, petit, corps...

La lette C revêt deux valeurs principales:

1. elle se prononce [k) devant o, u, a. ex. canif, curé, cochon...


Il en va de même devant une consonne ou à la fin du mot: bec
2. elle se prononce [s] devant e, j, y, oe, ae, Ex. cela, merci, cyber, cité, etc.
1) Pour que q se prononce [k] devant e et u, on écrit le digramme qu Ex.
queue caudal, turque, bibliothèque, communiquer
2) Deuxièmement, pour que C se prononce [k), on intervertit e et u dans le
mot comme cercueil, cueillir, écueil
3) Pour que C se prononce [s] devant o, u, a on place une cédille sous la
lettre c. Ex. nous perçons, reçu, aperçu, ça, garçons, français.
Deuxièmement, l’Académie française maintient: douceâtre à côté de
douçâtre.

La lettre g se prononce de deux manières:

1) [g] devant o, u, a et une consonne. Ex. gosse, aigu, gamin (Moyen


mnémotechnique ( G devant l’Organisation de l’Unité Africaine : O.U.A.)
2) [z] devant e, i, y
3) ex. genre, gifle, Egypte
4) g suivi de e, i, y ne se prononce [g] que lorsque il en est séparé u. ex.
longue, longueur, naviguer

Pour indiquer que g se prononce [z] devant o, u, a, on utilise le digramme ge. Ex.
nageons, gageure, vengeance, rougeole, geôle.

L’emploi des majuscules

N’importe quel mot s’écrit avec l’initiale en majuscule dans les quatre cas suivants:

18
1) au début d’un texte
2) après un point
3) au début d’une phrase citée après deux points: ex. Habituellement, de
tels regards font dire à l’interlocuteur : «A quoi pensez-vous donc?»
(Proust.)
4) au début de chaque vers.

NB: Les points de suspension, d’interrogation, d’exclamation ne sont pas suivis de la


majuscule, sauf s’ils terminent une phrase.

Certains noms commencent toujours avec une lettre majuscule indépendamment de


leurs places dans la phrase:

1. noms propres ; noms des lieux ; prénoms ; fêtes chrétiennes.


2. noms d’habitants d’un pays ou d’un continent: un Congolais; un Africain.

NB : En français, les noms des jours et des mois commencent avec une
lettre minuscule.

3. Les titres des livres, oeuvres d’art, rues, monuments, bateaux, les
points cardinaux, des régions prennent majuscule. Ex. La Mise au
tombeau, Les responsables de l’Eglise Catholique
4. Les adjectifs commencent avec majuscule lorsqu’ils précèdent un nom
dans le titre d’un livre. Ex. Nouveau Testament; Ancien Testament.

NB : Saint commence avec majuscule dans les noms des villes, des rues, d’églises,
des fêtes. . . ex. Je suis de la paroisse Saint-Albert ; Librairie Saint Paul. Mais saint en
minuscule c’est le saint lui-même. Ex. Prier saint Charles Lwanga.

Les signes de ponctuation

A compléter par l’étudiant…

Liste des signes de ponctuation

Nom du signe Signe de


ponctuation

Point .
point d’interrogation ?
point d’exclamation !
points de suspension …
point-virgule ;
deux-points :

19
Virgule ,
Astérisque *
trait d’union -
Tilde ~
Tiret –
Apostrophe ‘
barre oblique /
Crochets []
Chevrons <>
guillemets français «»
guillemets ‘’
allemands
guillemets anglais “”
Parenthèses ()
Accolades {}
Perluète ou &
esperluette
pied-de-mouche ¶
points de conduite ……………

http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=3319 (Page lue le 14/09/2017)

Le paragraphe

C’est un ensemble de phrases unies par l’énoncé et le développement d’une idée


principale. Le paragraphe idéal (5 à 25 lignes) comprend trois parties:

- une tête qui énonce l’idée principale de façon claire et concise.

- un corps, c’est-à-dire le développement de l’idée principale qui progresse de


façon logique;

- une fin qui correspond à une récapitulation sommaire et forme la transition avec
la suite.

J. GUITTON, philosophe français enseignait cette doctrine du paragraphe en ces


termes:

- on dit qu’on va la dire (tête);

- on la dit (corps);

- on dit qu’on l’a dit (fin).

Exemple d’un bon paragraphe, lire Concilium, n°262, 1995, p. 35.

SECULARISATION ET NATIONALISME

20
par Miklos TOMKA

Les théories de la modernisation et de la sécularisation décrivent l’histoire universelle comme


un processus continu de rationalisation et de »désenchantement ». Il s’agirait d’une évolution
irréversible en ligne droite dans l’ensemble. La religion, les idéologies, les valeurs doivent être
remplacées par la pragmatique et la rationalité des faits, plus d’un auteur pense pouvoir affirmer
la nécessité historique de la déchristianisation et la disparition générale de la religion. D’autres
considèrent simplement la « privatisation » de la religion et donc son refoulement, son retrait
hors de la sphère publique de la société, comme une loi naturelle. Ce qui concerne les affaires
publiques et la politique doit être libre de toute valeur. La libération de la logique des faits
augmentera leur efficacité fonctionnelle. Une même orientation de pensée suppose la
disparition du national et en particulier des nationalismes. L’histoire récente ne semble pas, à
vrai dire correspondre à ces attentes.

La phrase

Pour les étudiants débutants, la règle suivante s’impose: une idée, une phrase.

- Préférer des phrases simples ,c’est-à-dire composées d’un sujet, d’un verbe et
d’un complément. Les qualités d’une bonne phrase sont: la clarté, la précision
et la concision.

- Rechercher une structure logique de rédaction : chaque phrase est préparée


par une phrase qui l’annonce, et chaque phrase en appelle une autre. En
principe, une phrase doit comporter entre 20 à 25 mots.

Exemple de concision:

Le livre que j’ai acheté vient de l’Université Catholique du Congo (=13mots)

Mon livre vient de l‘Université Catholique du Congo ( =9 mots). Cette phrase est
préférable à la précédente.

Ils cédèrent parce qu’on leur promit formellement qu’ils ne seraient pas punis. (=13
mots)

Ils cédèrent à une promesse formelle d’impunité. (=8 mots)

La correspondance

JOUETTE A., Le savoir-écrire. Guide pratique de correspondance, Paris, Edition


Solar, 1989, 417 p.

1. Le papier

Seulement un papier blanc pour la correspondance officielle du format 21 x 29,7.


Aucune rature n’est permise. Pas de papier parfumé. Si vous employez plusieurs
papiers pour une même lettre, il faut les numéroter à partir de la deuxième page.
L’encre sera bleue (ou noire si vous utilisez un ordinateur).

21
2. Adresse

Il est conseillé d’indiquer votre nom et adresse à gauche en haut de la page,votre


numéro de téléphone et le courriel. Un seul sujet doit être abordé dans une seule lettre.
L’essentiel du message est résumé dans le dernier paragraphe. Il est conseillé de
garder une copie dans les archives.

3. L’enveloppe

Il faut relire la lettre avant de l’envelopper. L’enveloppe sera d’un format presque
équivalent à celui du papier. Le pli sera glissé au bas de l’enveloppe.

4. L’adresse du destinataire

Les postes (exigent) ont des règles dans la présentation des adresses. Ex. une
adresse s’écrit sur 2 à 6 lignes. Entre la dernière ligne et le bord de l’enveloppe, il faut
laisser une bande vierge de 2 cm. Sur la première ligne de l’adresse, évitez une
abréviation. La correction exige qu’on écrive Monsieur, Madame en toutes lettres. Pour
une femme mariée, on écrira par ex. Madame Michèle Obama; Madame Winnie
Mandela, Madame Olive Kabila, etc. L’expéditeur doit écrire son adresse au dos de
l’enveloppe. Cela facilite le retour éventuel de la lettre à son auteur.

5. Le style

Le style doit s’adapter au correspondant.

= Exposer avec clarté

Ecrire

= Convaincre avec sincérité

Si l’on parle d’une tierce personne dans la lettre, il convient de dire Monsieur, Madame
X si la personne est proche du destinataire. Si elle est éloignée, on écrit M., Mme.

6. Formules de politesse

Ces formules varient selon les destinataires: pour un ami, un collègue = Amicalement,
affectueusement votre, etc.

Pour une lettre officielle, les formules varient selon qu’il s’agit d’un président, d’un
ministre, d’un député, d’un doyen, d’un professeur d’université...

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Sénateur (député)
Monsieur le Doyen,
Ex. - Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’hommage de mon profond respect.

22
CHAP.3. L’ARGUMENTATION3 : ART ET TECHNIQUES

Objectifs

Grâce à ce chapitre, l’étudiant sera capable :

1) De développer des arguments afin de convaincre et de persuader au cours


d’un débat ou par ses écrits ;
2) D’analyser l’argumentation d’un adversaire ;
3) De réfuter les arguments de ses adversaires (c’est-à-dire de contre-attaquer,
de découvrir les points faibles de l’argumentation adverse).
4) De délibérer

3Ce chapitre se base principalement sur BARIL Denis, Techniques de l’expression écrite et orale, 11e
éd. actualisée, Paris, Dalloz, 2008, p. 85-131. Mais, comme le lecteur le constatera, d’autres livres y
ont largement contribué, en particulier l’ouvrage fondamental de PERELMAN. Voir aussi
http://www.etudes-litteraires.com/argumentation.php( consulté le 17.02.2011) et surtout
ROBRIEUX Jean-Jacques, Rhétorique et argumentation, « e édition, Paris, Armand Colin, 2012 (2000
pour la 1ère édition).

23
Intérêt de ces objectifs ?En démocratie, la maîtrise des techniques argumentatives
constitue un atout majeur. Car la force, la contrainte physique ou psychologique ne
sont pas acceptables pour agir sur les êtres humains. Seule la force des arguments
compte, c’est-à-dire la force de la parole et de la raison. C’est pourquoi savoir
communiquer est une des qualités indispensables de tout leader politique,
économique, culturel ou religieux qui veut réussir.

En outre, l’argumentation est aussi nécessaire dans les discussions techniques et


scientifiques et dans les négociations commerciales.

Savoir argumenter est indispensable à quiconque délibère pour prendre des décisions
fondées.Lire SAINT AUGUSTIN, Confessions,8,11,25-29.

Enfin, maîtriser l’argumentation constitue un moyen efficace pour se protéger. Car,


comme le note justement Olivier REBOUL, « le seul moyen de n’être pas manipulé
par le discours des autres, celui des individus ou des institutions, c’est de connaître
les techniques qui le rendent persuasif. »

Définition : un argument, une argumentation, qu’est-ce ?

« On peut définir l’argument comme une proposition destinée à en faire admettre une
autre »(Olivier REBOUL , Introduction à la Rhétorique,2001,p.100)

Selon Denis BARIL (2008), « un argument est donc un raisonnement plus ou moins
explicite, par lequel nous nous efforçons de persuader quelqu’un, c’est-à-dire de lui
faire acquérir ou modifier une opinion, de lui faire entreprendre ou infléchir une
action. »

Exemples :

1) Honore ton père et ta mère, tu auras une longue vie sur terre.
2) « Tu devrais acheter une maison de campagne à N’sele. Tu pourrais y aller
chaque week-end ; tu aurais toujours quelque chose à bricoler. D’ailleurs tous
les professeurs de l’université Catholique le font et Monsieur l’Abbé Recteur dit
que c’est une bonne chose. J’ai lu aussi la Revue Congo-Afrique ne parle que
de ça. »

Trois arguments au moins : celui des professeurs, de l’Abbé Recteur et de la revue


Congo-Afrique.

3. « Une société qui affame ceux qui la nourrissent court à sa perte. Il est grand temps
de changer de système. » (Oxfam)

Qu’est-ce que l’argumentation ?

L’argumentation « est constituée d’une série d’arguments reliés (simplement


accumulés parfois) qui tendent tous à obtenir l’acquiescement, l’accord, la croyance

24
en la vérité, la justesse, l’utilité de ce que nous soutenons contre ce que soutient notre
adversaire. » (Jean BELLENGER)

Bref c’est un « ensemble d’arguments qui tendent à une même conclusion . » (Le Petit
Robert, 2016).

Exemple 1 : « La conduite en état d’ébriété est un comportement criminel. On sait que


les conducteurs ayant absorbé de l’alcool encourent un risque d’accident corporel
supérieur à celui encouru par les conducteurs à jeun, car l’absorption d’alcool réduit
les temps de réaction. Or une réactivité réduite multiplie par trois la probabilité
d’accident corporel. Toutefois la seule conscience d’avoir absorbé une infime quantité
d’alcool peut inciter certains conducteurs à une exceptionnelle prudence et leur
permettre d’éviter les accidents. »(Grand Dictionnaire français-anglais, anglais-
français, Paris, Larousse, 2010,p.1192)

Il est important de distinguer dans une argumentation l’idée centrale ou l’opinion que
l’orateur ou l’écrivain veut communiquer à son auditoire ou lecteur d’une part et les
propositions employées (arguments)) destinées à appuyer et soutenir cette idée . Dans
l’argumentation qui précède l’auteur veut que ses lecteurs adhèrent à cette idée
principale : « La conduite en état d’ébriété est un comportement criminel »

Toutes les autres propositions ne sont que des arguments, des raisons destinées à
faire accepter son idée principale. Et comme nous les voyons, ces propositions sont
connectées par des mots mis en gras ».

Exemple africain. : Lire C.A.DIOP , Nations nègres et culture. De l’Antiquité nègre


égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique Noire d’aujourd’hui, 4e édition, Paris,
Présence africaine, 1979 : chapitres IV et V. arguments pour et contre l’idée d’une
Egypte africaine.

Les différents types d’arguments utilisables (Baril 2008)

Suivant l’ordre alphabétique, citons :

1. Analogie (argument par) ;


2. Autorité (argument d’autorité) ;
3. Cause (argument causal) ;
4. Définition et description ;
5. Dilemme ;
6. Efficacité ;
7. Etapes/gaspillage ;
8. Evaluation ;
9. Exemple (modèle, illustration, généralisation, induction) ;
10. Fins et moyens ;
11. Personne et actes ;

25
12. Règle de réciprocité (argument a pari) ;
13. Règle de justice ;
14. Règle du précédent ;
15. Symbole ;
16. Tout et parties ;
17. Transitivité ;
18. Sorite.

Parcourons ces différents types d’arguments pour apprendre à les utiliser à bon
escient et à les réfuter lorsqu’ils sont utilisés par l’argumentation de nos adversaires.

1. L’Analogie (métaphore, image, comparaison)

Ce type d’argument englobe aussi la comparaison, l’image et la métaphore. L’analogie


consiste en une similitude de rapports entre deux ou plusieurs éléments.

Selon le Robert : Le raisonnement par analogie est celui qui conclut d’une
ressemblance à une autre. En latin a simili .Concrètement ceux qui veulent décrire
pour un auditoire/un interlocuteur une réalité spirituelle, le mécanisme d’un objet, le
fonctionnement d’une machine que ce dernier ne connaît pas, comparent cette réalité
spirituelle , ce nouvel outil ou cette nouvelle machine à un objet bien connu de
l’interlocuteur.

Exemples :

1)- J’ai mis mon fils à l’école parce que l’extérieur que vous avez arrêté nous
envahissait lentement et nous détruisait. Apprenez-lui à arrêter l’extérieur.

- Nous l’avons arrêté.


- L’extérieur est agressif. Si l’homme ne le vainc pas, il détruit l’homme et fait de
lui une victime de tragédie. Une plaie qu’on néglige ne guérit pas, mais s’infecte
jusqu’à la gangrène. Un enfant que l’on n’éduque pas régresse. Une société
qu’on ne gouverne pas se détruit. L’Occident érige la science contre le chaos
envahissant, il l’érige comme une barricade »( Cheikh HAMIDOU KANE,
L’Aventure ambiguë, récit. Préface de Vincent Monteil, Paris, Julliard, 1961, p.
91.)

Pour faire comprendre la nécessité de l’éducation, de la science et donc de l’école, le


narrateur recourt à plusieurs analogies – l’extérieur, la plaie, la société qui agressent
l’homme. Il faut la science pour les maîtriser.

Je crois au soleil même quand il ne brille pas


Je crois en l’amour même quand je ne le sens pas

26
Je crois en Dieu même quand il se tait ( Je crois .Petit catéchisme catholique,
Madrid, 1999 ,p.8)
3) « Vous savez bien que dans les courses du stade, tous les coureurs prennent
le départ, mais un seul gagne le prix. Alors vous, courez de manière à
l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ;
ils le font pour gagner une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour
une couronne qui ne se fane pas. » Lettre de saint Paul aux Corinthiens 9, 24-
25.

4 « En Afrique un vieillard qui meut est comme une bibliothèque qui brûle. »
( Amadou Hampâté Bâ, en 1960 , devant l’UNESCO.

5 Autre exemple :

« L’homme au regard de la divinité, écrit Héraclite, est aussi puéril que l’enfant l’est au
regard de l’homme. »( cité par PERELMAN (1997), p.129.)

« La métaphore est une analogie condensée, grâce à la fusion du thème et du phore. »


(Ibid., 133).

Analogie : A est à B comme C est à D

Métaphore : « A de D »

« C de B »

Analogie : « La vieillesse est à la vie ce que le soir est au jour »

Métaphore : « La vieillesse du jour »

« Le soir de la vie »

« La vieillesse est un soir »

Rôle de l’analogie dans l’argumentation

L’analogie joue plusieurs rôles dans l’argumentation. En voici les trois principaux :

1. Expliquer ou vulgariser ;
2. Prouver ;
3. Valoriser ou dévaloriser. Exemples Baril 2008 : 93

Exemples de dévalorisation par l’analogie : « Un an de recherche pour ce résultat,


c’est la montagne qui accouche d’une souris »

L’analogie valorise, donne de l’importance à une personne ou à un événement dans


l’exemple suivant :

27
« Sans l’action anticoagulante de la publicité, la société de consommation risquerait
l’arythmie, voire l’infractus. » (G. Elgozy in Baril 2008 : 93)

NB : Il est recommandé de ne pas utiliser trop de comparaisons, d’images ou


d’analogie dans une argumentation.

2. Argument d’autorité

L’argument d’autorité consiste à appuyer l’idée que l’on veut faire adopter à son
auditoire sur le prestige d’un auteur, d’un livre ou d’une institution respectable. Ce
prestige peut être dû à la compétence, à la fonction, à l’âge ou au rang occupé dans
la société.

Ex. « Le droit à la vie est l’un des droits fondamentaux reconnus à tout homme par la
Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 (art. III). Le croyant ajoute, avec
Ambroise Paré : Dieu seul est maître de vie et de mort. » (argument employé par un
prêtre dans un article contre la peine de mort.) Baril, 2008 : 115.

En lingala : Bakoko baloba : introduit un argument d’autorité s’appuyant sur la sagesse


des Anciens.

3. La cause

Ce type d’argument se base sur un raisonnement causal, c’est-à-dire il s’agit de


rechercher les causes d’un phénomène, ou de déterminer ses effets, ses
conséquences. De là, les deux parties de ce paragraphe.

3.1. L’argumentation vise à rechercher et à prouver la cause

Exemple : Voici un fait B, soit un cadavre. Dans mon argumentation, je cherche un fait
A comme la cause de ce meurtre.

A ------------------------------------> B

Et je m’efforce de prouver que A est la cause de B.

3.2. L’argument pragmatique

« L’argument pragmatique est celui qui permet d’apprécier un fait par ses
conséquences ». Autrement dit, c’est le raisonnement par les conséquences.

« J’appelle argument pragmatique un argument des conséquences qui apprécie un


acte, un événement, une règle ou toute autre chose, en fonction de ses conséquences
favorables ou défavorables ; on transfère ainsi tout ou partie de la valeur de celles-ci
sur ce qui est considéré comme cause ou obstacle » (PERELMAN Chaïm ,
Rhétoriques. Avant-propos de Michel Meyer, 2e édition, Bruxelles, Editions de l’ULB,
2012, p.19) . Voici un exemple emprunté à Hume cité par le même auteur :

28
« Peut-on prononcer un éloge plus fort d’une profession telle que le commerce ou la
manufacture que de noter les avantages qu’elle procure à la société ; et un moine ou
un inquisiteur n’enrage-t-il pas quand nous traitons son ordre d’inutile ou de pernicieux
à l’humanité ?» (HUME, Enquête sur les principes de la morale, cité par PRELMAN,
ibid)

Comment fonctionne ce type d’argument ? Sachant que A entraîne B comme


conséquence, l’orateur « argumente pour prouver que B est prévisible, qu’il faut donc
(si B est inquiétant) tout faire pour l’éviter. »

Ex. « Si je ne dis pas aux Diallobé d’aller à l’école nouvelle, ils n’iront pas. Leurs
demeures tomberont en ruine, leurs enfants mourront et seront réduits en esclavage.
La misère s’installera chez eux et ils seront pleins de ressentiments… » Cheikh
Hamidou KANE, L’aventure ambiguë, Paris, Julliard,1961, 44

Ce discours montre les conséquences négatives qu’entraînerait la décision d’interdire


l’école aux enfants africains, en l’occurrence les enfants des Diallobé, peuple du
Sénégal : la précarité de l’habitat (leur ruine), la mort, l’esclavage et la misère. Pour
éviter toutes ces conséquences mortelles, il faut donc prendre la décision d’envoyer
les enfants à l’école.

Un autre ex.« Alors, les évêques ont proposé qu'il faille tenir compte de la lettre de l'Accord
mais aussi de l'esprit. En clair, par rapport à la lettre de l'accord, c'est le président du Conseil
des sages qui est président du Conseil National de suivi. Par rapport à l'esprit, ce n'est pas
automatique. La personne doit être objet d'un consensus. «Qu'est-ce que la médiation peut
faire de plus sinon proposer une voix qui peut mettre ensemble? Si les uns et les autres, pour
des raisons d'orgueil personnel, préfèrent sacrifier le pays, exposer le pays qui est déjà au bord
de l'implosion économique, les évêques ont la parole. Ils n'ont pas de fouet, ils n'ont pas
d’armes. Voilà la triste réalité. Je crois qu'ils vont écouter la voix de la raison. Ils doivent
finalement penser à leurs parents qui sont victimes de cette situation politique dans la mesure
où ça affecte terriblement l'économie. Il faut manquer le cœur pour ne pas tenir compte de
cela» a regretté le prêtre.(Abbé Nshole, Secrétaire général de la CENCO, le 27 mars 2017)

4. Définition et description

« Définir un mot, c’est donner sa signification ou ses significations »

La définition c’est l’action de définir, de caractériser, de décrire un objet. Comment la


définition ou la description peut-elle être employée dans une argumentation ?

Définir un concept revient souvent à choisir parmi ses caractéristiques, ses


significations. Et dans l’argumentation, l’orateur choisit ses éléments caractéristiques
ou ses définitions en tenant compte de ce qu’il veut prouver. En ce sens, la définition

29
ou la description choisie appuie l’opinion de l’orateur, devient un argument. La
définition constitue un argument efficace.

Exemple exercice 15 Baril, 2008 : 120 .

Autre exemple : Un professeur enseigne dans plusieurs facultés : Droit, Economie,


Lettres, Théologie, Sciences informatiques, etc. Convoqué par un magistrat et invité à
décliner son identité, il choisit de se présenter comme professeur à la Faculté de Droit
de l’Université X parce que face à un magistrat enseigner à une Faculté de Droit
compte . Mais un professeur d’économie ou des Lettres ne rend pas aussi vigilant que
celui du Droit.

5. Dilemme

Le dilemme se dit d’un raisonnement dans lequel deux options différentes ou


contradictoires sont proposées à quelqu’un, ces deux options impliquant chacune les
mêmes conséquences indésirables.

L’argumentation consiste premièrement à bloquer ou à enfermer quelqu’un dans un


dilemme, c’est-à-dire une situation dans laquelle les deux issues sont dangereuses
pour lui et deuxièmement, à lui présenter comme solution celle préconisée par
l’orateur, la troisième solution par rapport aux deux impliquées dans le dilemme.

Exemple : « Un directeur de société cherche à recruter un fonctionnaire de l’Etat. Pour


le convaincre, il argumente en ces termes : « Votre situation de fonctionnaire restera
toujours médiocre. Ou bien vous vous contentez de votre traitement (salaire). Ou bien
vous faites des heures supplémentaires et l’Etat vous en reprend, par l’impôt, une
grande partie. Pour mener une existence plus large, venez chez nous vous aurez des
avantages plus substantiels. »

Exemple populaire africain : Une famille ne veut pas que le jeune homme Malungu

épouse sa fille. Elle pose la condition suivante : jeune homme, pour épouser notre fille,
apporte-nous, au titre de la dot, une bête qui n’est ni mâle ni femelle.

Comme le jeune homme est dans l’impossibilité de trouver une bête asexuée, il
renoncera au mariage, c’est-à-dire il se conformera au refus de la famille de sa fiancée.
Il va consulter ses parents, ceux-ci comprennent rapidement le refus poli des parents
de la fiancée d’accorder leur fille en mariage. Mais ils adoptent la même attitude
courtoise et suggèrent un autre dilemme à leur fils.

Il s’agit d’envoyer à la belle famille le message suivant : Nous avons effectivement


trouvé la dot exigée. Une bête qui n’est ni mâle ni femelle. Venez la chercher. Mais ne
venez ni le jour ni la nuit.

30
Un mouvement ésotérique désireux de contraindre un jeune à demeurer membre . A
cet effet, le gourou lui dit : « Si tu veux renoncer à ce mouvement dans lequel tu viens
d’être initié, tu devras choisir entre la folie ou la mort. Ou bien entre le cancer et le
sida. »

Ce dernier exemple montre aussi que le dilemme peut malheureusement servir à la


manipulation.

6. Efficacité ( cf. argument pragmatique)

Ce type d’argument se rapproche de l’argumentation par les conséquences déjà vu ci-


dessus. L’argument que nous avons appelé pragmatique. Il « consiste à recommander
ou à déconseiller une mesure, une décision, etc. en s’appuyant sur les conséquences
favorables ou défavorables qu’elles entraînent (ou entraîneront) (BARIL, 2008 : 97)

Les utilitaristes emploient souvent ce type d’argument, car pour eux c’est le résultat
qui compte. « Je prends aujourd’hui les cieux et la terre comme témoins de cette mise
en garde : j’ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis
donc la vie pour que tu vives, et ta race aussi après toi. » (Deut. 30, 19)

7. Argument des étapes, du gaspillage

Ce type d’argument a pour but d’encourager quelqu’un ou un auditoire à poursuivre le


travail commencé, à persévérer dans la poursuite de son objectif. Il consiste
concrètement à montrer qu’il est possible d’atteindre une à une des étapes ou des
résultats partiels qui rapprochent de l’objectif final. Au lieu d’aller de A en D, cet
argument amène l’auditoire d’abord de A en B, puis de B en C et enfin en D.

Ce type d’argument peut aussi consister à montrer que les efforts, les
investissements, ou les étapes déjà réalisés jusqu’à présent seraient perdus
inutilement, gaspillés si l’on ne persévérait pas. Il faut donc éviter ce GASPILLAGE.
Ce type d’argument a été utilisé par le Président de l’Assemblée Nationale lors du
débat sur le contrat chinois.

L’Union Européenne, qui a déjà investi des millions de dollars pour les élections et la
démocratisation du Congo, risquerait de perdre tout cet investissement, si elle
abandonnait le Congo à cause du contrat sino-congolais.

Par cet argument, le Président voulait inciter l’Union européenne à continuer à


soutenir et à aider le Congo. Nous pouvons dire aujourd’hui que cet argument a produit
des effets positifs.

Ces mots anglais montrent l’utilité de cet argument

“Nothing is particulary hard if you divide it into small jobs » Henry Ford cité par
ADAIR John, Effective leadership. How to be a successful leader ,( s.l.), Pan Books,
2009 (1983),p.86

31
8. Evaluations

Les arguments basés sur les évaluations s’apparentent à une notion de mesure. Ces
arguments se présentent sous les formes différentes, à savoir celles de comparaisons
vraies ou mesurables, celles de sacrifices ou celles de probabilités.

8.1. Comparaisons vraies ou mesurables

Ex. Un client entre dans un magasin et se montre indécis devant plusieurs machines
à laver, la vendeuse du magasin argumente :

« Prenez celle-ci ; elle est plus résistante et peut laver une plus grande quantité de
linge. » La capacité de cette machine à laver une grande quantité d’habits est
contrôlable, vérifiable. Il n’en est pas de même pour sa résistance.

Autre exemple : « Je vous recommande M. Kabwa pour ce poste de PDG : il est plus
compétent que M. Kambale. »

Troisième exemple : « Nous avons bien fait de nous lancer dans cette campagne
publicitaire, sans elle voici les marchés que nous aurions perdus. »

Quatrième exemple : « Le crime est le même ou de voler l’Etat ou de faire des


largesses contraires à l’ordre public. » CICERON, De Oratore, livre II, §172 cité par
Perelman, 1997 : 90

La force persuasive des arguments de ce type vient de l’idée sous-jacente que les
comparaisons pourraient être vérifiées, contrôlées, mesurées « que l’on pourrait
étayer son jugement par une opération de contrôle » Perelman, 1997 : 90

8.2. Le sacrifice comme mesure du résultat

Ce type d’argument consiste à mettre en évidence la valeur ou la grandeur du sacrifice


consenti ou que l’on est disposé à consentir afin d’obtenir le résultat souhaité. Type
d’argument souvent utilisé en économie et en politique.

Ex. Pour obtenir une augmentation des salaires, un syndicat décide de lancer une
longue grève (Baril, 2008 : 98).

La grandeur du sacrifice (grève de plusieurs semaines) est à la mesure du résultat


recherché (augmentation des salaires). L’orateur établit une sorte de proportion
mathématique entre le sacrifice et le résultat. (Perelman, 1997 : 92).

Exemple : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique…Sacrifier
l’unique fils u’on a montre la grandeur de l’amour de celui qui le donne.

8.3. Probabilités

32
Outre l’argumentation par le sacrifice, l’orateur recourt aussi aux probabilités non
calculables.

ex. « Puisque la qualité de nos jugements diffère non par le nombre de nos années
mais en raison de nos tempéraments et de notre faculté d’application, pourquoi ne pas
faire obligatoirement appel à l’expérience des deux générations afin que vous ayez la
possibilité de choisir dans tous les discours tenus les plus utiles conseils ? »
(Perelman, 1997).

Ce raisonnement se base sur l’idée que la probabilité d’opérer le meilleur choix est
beaucoup plus grande s’il y a plusieurs solutions parmi lesquelles il faut choisir.

En 1989, l’université de Poitiers, en France, conseillait à ses étudiants finalistes


d’écrire 40 lettres de demande d’emploi pour augmenter ses chances ou la probabilité
d’être embauché. de trouver un travail.

9. L’argumentation par l’exemple, l’illustration et le modèle

9.1. L’exemple

L’argumentation par l’exemple et l’illustration est présente dans la plupart des textes
écrits et des exposés oraux. De même l’argument par le modèle.

Les cours universitaires regorgent d’exemples, d’illustrations et de modèles.

Que recouvre, que signifie chacun de ces termes ? Comment les utiliser dans une
argumentation efficace ? L’exemple est utilisé comme une preuve, il sert à fonder une
règle, une vérité, un principe. « L’exemple toujours vivant de son pays était là, enfin,
pour lui prouver, dans ses moments de doute, la réalité d’un univers non occidental.
Adèle n’avait pas son pays des Diallobé. Lorsqu’il lui arrivait de percevoir en elle un
sentiment ou une pensée qui lui parut trancher sur la toile de fond de l’Occident, sa
réaction avait été, longtemps, de s’en écarter avec horreur, comme d’une
monstruosité. (…)

Samba Diallo venait, sans le savoir, de donner figure humaine à cette partie d’elle que
la jeune fille croyait sans visage. » Cheikh Hamidou Kane, L’Aventure ambiguë, 1961 :
170.

Le cas concret de l’existence réelle du Sénégal, pays des Diallobé, est une preuve
qu’un monde différent de l’Occident existe. Adèle née en Occident qui n’en est jamais
sortie vient enfin d’en être convaincue par Samba Diallo.

L’argumentation par l’exemple consiste à passer du cas particulier que constituent


précisément un ou quelques exemples vers une généralisation, à une règle générale.

Pour une argumentation efficace, l’exemple choisi doit répondre aux exigences
suivantes :

33
1) Que l’exemple choisi ne soit pas contesté ;
2) Retenir des exemples variés ;
3) Retenir des exemples familiers aux auditeurs.

9.2. Illustration

L’illustration diffère de l’exemple dans la mesure où elle rend présente dans la


conscience des auditeurs/lecteurs une règle déjà admise. Ainsi l’illustration fonctionne
comme un rappel. Tandis que l’exemple vise à faire admettre, à fonder la règle.

Nous dirions que l’exemple se situe en aval de celle-ci. Autrement dit, l’exemple sert
de preuve, l’illustration d’éclairage. « L’illustration doit surtout frapper l’imagination »
(Perelman, 1997 : 121).

Exemple : De DESCARTES, lire (Perelman, 1997 : 121-122).

9.3. L’argumentation par le modèle

« Le cas particulier au lieu de servir d’exemple ou d’illustration peut être présenté


comme modèle à imiter. »

Exemple :« Notre détermination d’envoyer la jeunesse noble du pays à l’école


étrangère ne sera obéie que si nous commençons par y envoyer nos propres enfants.
Ainsi je pense que vos enfants, mon frère, ainsi que notre cousin Samba Diallo doivent
ouvrir la marche. » Cheikh Hamidou Kane, 1961 : 48.

« Gens du Diallobé, dit-elle au milieu d’un grand silence, je vous salue. (…) je viens
vous dire ceci : moi, Grande royale, je n’aime pas l’école étrangère. Je la déteste. Mon
avis est qu’il faut y envoyer nos enfants cependant. » (Ibid. : 55 et 56).

L’Aventure ambiguë offre un bel exemple d’une argumentation (une série d’arguments
variés) dans le discours de la Grande Royale soucieuse de convaincre les Sénégalais
à envoyer leurs enfants à l’école. Les étudiants s’exerceront à nommer les différents
types d’arguments employés adressés au peuple. (Aventure ambiguë, 1961 : 55 (fin)-
58).

Second exemple de l’argumentation par le modèle : Bossuet présente Jésus comme


le modèle des rois. « … pour donner à tous les monarques qui relèvent de sa
puissance l’exemple de modération et de justice, il a voulu lui-même s’assujettir aux
règlements qu’il a faits, et aux lois qu’il a établies. » (Perelman, 1997 : 126).

Autre exemple :

GAISE Roger (op.) et NDAYWEL Isidore (éd.), 25 ans d’épiscopat au service de la


vérité, la justice et la paix (1980-2005). Tome I. Mgr Laurent Monsengwo, Pasteur

34
infatigable, Préface de Mgr Gianfranca RAVASI, Paris/Kinshasa, Editions Médiaspaul,
Karthala, 2008, p.565 §4

Entretien avec les évêques de France (Lourdes, 6 novembre 2005).

Tout le §4 justifie les prises de position de l’épiscopat congolais susceptibles d’irriter


les politiciens et les leaders économiques. « Il nous semble cependant impérieux
d’imiter l’exemple de Jésus-Christ, qui a prêché l’Evangile en tout lieu, y compris au
palais du Grand prêtre, chez Pilate, à Gethsemani, (…). Peut-être sa pratique devrait-
elle davantage nous inspirer et nous guider. »

Il est clair que tout en présentant Jésus comme le modèle qu’imitent les Evêques
congolais en critiquant le pouvoir politique et économique congolais, Mgr Monsengwo
s’efforce aussi de persuader l’épiscopat français de faire de même, c’est-à-dire de
prendre des positions critiques à l’égard de leur pouvoir politique et économique, bref
d’imiter Jésus, le modèle de tous les Evêques : « Peut-être sa pratique devrait-elle
davantage nous inspirer et nous guider. »

10. Fins et moyens

Le rapport moyen – fin est utilisé dans certains arguments. Ceux-ci peuvent se réduire
à trois cas majeurs. L’orateur prouvera l’une de trois affirmations suivantes :

1. Tel moyen est le meilleur pour réaliser tel objectif ;


2. Tel moyen permet d’envisager et d’atteindre un objectif (fin) ;
3. Tel objectif justifie tel moyen( ou sous sa forme courante : La fin justifie le
moyen).

N.B. Pour l’Université Catholique, en aucun cas, la personne humaine ne peut être
envisagée ni traitée comme un moyen. D’autre part, selon la même université et
l’Eglise, il n’est pas permis de faire le mal (moyen) pour en tirer le bien (fin).

Autrement dit, il ne suffit pas que la fin, l’objectif poursuivi soit bon ou acceptable, il
faut que le moyen utilisé soit aussi bon et acceptable.

La bonne intention est très importante, mais ne suffit pas. Il faut encore prendre les
moyens adéquats pour atteindre le bien visé.

C’est une bonne chose d’apporter de la nourriture à ceux qui ont faim. Mais si, pour le
faire, je vide le garde-manger du voisin pendant son week-end, mon acte est mauvais.
Ce que je fais, ici un vol, est un mal et le demeure malgré ma bonne intention. Celle-
ci n’innocente pas le vol, ni ne le transforme en bienfaisance.

La fin ne justifie pas les moyens. Ceux-ci doivent être cohérents avec l’action menée
et la bonne intention. Poser un acte mauvais, même avec la bonne intention, reste
moralement mauvais. »

35
LES EVEQUES DE France, Catéchisme pour adultes. L’alliance de Dieu avec les
hommes, Paris, Centurion, Cerf et autres, 1991, p. 300, §508.

11. La personne et ses actes

Le rapport entre une personne et ses actes, ses jugements, ses œuvres ou son
comportement est souvent utilisé dans l’argumentation. Celle-ci constate que « l’idée
que l’on se fait de la personne et la manière de comprendre ses actes sont en
constante interaction. » (Perelman, 1997 : 104). Qu’est-ce à dire ? Cette proposition
signifie deux choses :

1°) nous pouvons connaître une personne à partir de ses manifestations, ses actes,
ses œuvres, etc.

2°) nous pouvons prévoir, ou prédire le comportement, les jugements d’une personne
connue.

Exemples d’arguments basés sur le rapport personne – acte.

« Je connais bien le professeur de ce cours, M. Kasongo Alung, s’il vous a donné


échec, c’est que vous avez mal répondu, car il est juste et objectif. »

D’autre part, les actes influencent notre conception de la personne, l’image que nous
nous faisons de la personne.

Exemple : A partir de la prononciation française d’un individu, nous sommes capables


de déterminer sa province d’origine comme le prouve le cas suivant.

« Peu après ceux qui étaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : A coup sûr, toi aussi
tu es des leurs ! Et puis ton accent te trahit » Matthieu, 26, 73.

Dans la tradition africaine bantu, les aînés dans le village ont des critères, des
comportements pour distinguer un jeune homme sérieux d’un aventurier. Parmi ses
comportements figurent ceux-ci :

- lorsqu’il parcourt l’allée centrale du village, en regardant vers le haut tantôt à


gauche tantôt à droite, un jeune est aventurieux ;
- le comportement d’un jeune sérieux se remarque à son regard tourné vers le
sol.

N.B. Il ne s’agit pas ici d’une vérité scientifique, pas d’un savoir contrôlé, mais d’une
sagesse populaire.

Saint Benoît (Ve siècle ap. Jésus Christ) fait, à peu près, le même constat pour un
moine sérieux. Que les actes donnent, manifestent une personne ou son identité est
illustré par ce passage de la Bible.

36
Jean le Baptiste se pose des questions sur l’identité ou la personne de Jésus. Pour
se rassurer il envoie quelques-uns de ses disciples pour interroger Jésus lui-même.
Celui-ci demande aux envoyés de Jean de se baser sur ses actes, ses œuvres.

« Es-tu celui qui vient ou devons-nous attendre un autre ? » A ce moment-là Jésus


guérit beaucoup de gens de maladies, d’infirmités, et d’esprits mauvais et il donna la
vue à beaucoup d’aveugles. » puis il répondit aux envoyés : Allez rapporter à Jean ce
que vous avez vu et entendu : les aveugles retrouvent la vue… »

L’argumentation de ce type peut consister aussi à établir un rapport entre un individu


et son groupe d’appartenance. Il est de tel parti politique, de telle Eglise, donc il aura
sur ce sujet telle position.

exemple 2 : « Rien de ce qui n’est pas permis par la loi à toute l’Eglise, ne peut, par
aucun droit ecclésiastique, devenir légal pour aucun de ses membres. » (LOCKE cité
par Perelman, 1997 : 86).

12. Réciprocité

Cet argument se base sur le principe de symétrie .

Exemples : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse. »

« Prendre garde de ne jamais avoir à l’égard de misanthrope, les sentiments qu’on


les misanthropes à l’égard des hommes ; » Marc Aurèle, Pensées pour moi-même,
livre VII, LXV.

ROBRIEUX (2000,p.173 )note qu’en droit, cet argument « conduit à la loi du talion,
qui consiste à infliger au coupable le châtiment qui correspond le plus exactement
possible au préjudice causé à la victime »

13. Règle de justice (ou l’argument a pari)

Ce type d’argument exige que les cas semblables soient traités de la même
manière, qu’on leur applique un traitement analogue. « En droit, la règle de
justice suppose que les cas à traiter sont équivalents, c’est-à-dire simples à
identifier. C’est le principe selon lequel les mêmes règles s’appliquent à tous
les sujets de droit se trouvant dans les situations identiques » (ROBRIEUX,
2000, p.177)
14. Règle du précédent

Cet argument découle de l’argument a pari. Il se base sur un fait passé mais
considéré comme identique à un cas présent et demande en conséquence
d’appliquer le même traitement appliqué au cas passé, c’est-à dire précédent au
cas présent, actuel.

Exemple : En 2015 un étudiant a volé un bic. Il a été renvoyé. En 2018, une


étudiante vole un bijou. Son père demande à la direction de l’Université de

37
pardonner à sa fille et de la garder à l’université. Le chef d’établissement répond
qu’elle doit subir la même sanction que le voleur du bic de 2015.

15. Le symbole

Qu’est-ce qu’un symbole ? C’est un objet ou un fait naturel qui évoque ou représente
autre chose, un élément absent ou abstrait. Entre le symbole et l’élément symbolisé,
une liaison de coexistence existe. Il s’ensuit qu’une « action sur le symbole touche
directement le symbolisé » (Perelman 1997 : 1-14). Ainsi déchirer le drapeau du
Congo c’est porter atteinte à ce pays.

L’argument consiste à présenter un fait comme symbolique, c’est-à-dire attribuer à un


fait, à un acte, à un objet ou à un événement la valeur qu’ils n’avaient pas avant cette
argumentation.

Exemple : L’augmentation du prix du litre d’essence peut être présentée dans une
argumentation comme le symbole de la vie chère.

16. Le tout et ses parties

Des arguments peuvent être développés en s’appuyant sur les rapports entre un
ensemble et ses éléments constitutifs. Sur ce thème, deux sortes d’argument se
développent :

1. L’argumentation montre que ce qui vaut pour le tout vaut pour la partie
(argument d’inclusion)
Exemple : Un étudiant diplômé de l’Université Pédagogique Nationale(UPN),
quelle que soit sa branche de spécialisation, lettres ou sciences naturelles, a
une formation pédagogique. Cette affirmation peut servir d’argument pour
valoriser un étudiant formé à l’UPN.
Exemple 2 : Oscar Kashala, candidat à l’élection présidentielle de 2006, était
crédité de la confiance et de l’estime d’une partie de l’électorat parce qu’il venait
de l’Université de Harvard.
Kashala : un élément, partie
Harvard : ensemble, tout
2. L’argumentation peut consister à montrer que le tout est plus important que la
partie du point de vue de la quantité. A partir de là, deux procédés peuvent
intervenir :
a. Pour mettre en valeur un ensemble, par exemple une entreprise,
l’argumentation énumère ses différentes parties et en décrit les qualités.
L’Université Catholique du Congo doit être reconnue comme la meilleure
université du Congo. Croyez-moi. Car son corps académique est hautement
qualifié, ses infrastructures matérielles sont dignes d’une université, sa

38
bibliothèque est bien équipée, ses étudiants sont recrutés suivant des
critères de sélection rigoureux, l’esprit y est sain.
b. Le second procédé relatif au rapport (ensemble-partie) est utilisé pour
mettre en valeur un élément, une partie de l’ensemble. Pour défendre et
valoriser une thèse de doctorat dont il était le promoteur, le professeur V.Y.
Mudimbe disait :
Il y a de mauvaises thèses
Il y a de bonnes thèses
Il y a d’excellentes thèses
La thèse de doctorat de X n’est ni mauvaise ni bonne, elle est excellente.

L’ensemble de thèses est considéré ici comme comprenant trois sortes, trois parties
(mauvaise, bonne, excellente). L’argumentation élimine successivement les parties
pour insister sur celle qu’elle propose comme la plus crédible. Cet argument est
efficace pour la publicité : le leader de …

17. Transitivité (déduction, syllogisme)

L’argument de transitivité permet de passer de l’affirmation qu’une relation existe entre


un terme et un deuxième, entre ce deuxième et un troisième, à la conclusion selon
laquelle cette relation existe entre le premier et le troisième terme. (Cf. Perelman,
1997 : 85). Cette relation peut être celle d’égalité, d’inclusion, ou plus grand (« égal
à », « inclus dans », « plus grand que »)

Formellement, elle est exprimée par cette formule :

aRb bRc aRc

Comment lire ce schéma ?

Entre a et b, il existe une relation R

Entre b et c, il existe une relation R

Donc, entre a et c, il existe la même relation R.

Exemple : les amis de mes amis sont mes amis.

Dans le syllogisme, il s’agit d’affirmer la transitivité d’une relation d’inclusion ou


d’implication.

18. Sorite
Exemple : « Car ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés
à reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères ;
et ceux qu’il a prédestinés,
il les a aussi appelés ;
ceux qu’il a appelés il les a aussi justifiés ;
ceux qu’il a justifiés,

39
il les a aussi glorifiés. » (Rom 8, 29, Texte proposé par la LH , en la fête du
Sacré-Cœur, )
Un autre exemple de sorite : « Le mérite engendre la confiance ;
la confiance engendre l’enthousiasme ;
l’enthousiasme conquiert le monde » (Walter H. COTTIGHAM, cité par Dale
CARNEGIE, L’art de parler en public et de persuader dans les affaires, 2 e
édition, traduit de l’américain par Maurice BEERBLOCK et Marie DELCOURT,
Paris, Amiot/Dumont, s .d. p.108.
En lingala :
Bandeko boboto
Bondeko
Bondeko ,etc.

Conclusion

Ce chapitre a présenté une liste de dix-huit types d’argument souvent employés. Cette
liste n’est pas exhaustive. Mais savoir identifier les arguments énumérés ci-dessus
dans une communication écrite ou orale et pouvoir employer ces différents types dans
ses propres interventions écrites ou orales pour convaincre et persuader ses lecteurs
ou ses auditeurs, tel est l’objectif assigné aux étudiants par cette partie du cours. Les
étudiants sont désormais capables d’apprendre d’autres types d’argument dans les
livres signalés en particulier ceux de Perelman et de Jean-Jacques ROBRIEUX,
Rhétorique et argumentation, 2012 (2000)

Exercices pour l’auto-évaluation

1. Répondre à cette question par équipe de dix . Que chacun-e consulte toute personne
compétente : parents, amis, spécialistes, banquiers, professeurs, etc.

Pour traiter la question suivante en 2 pages A4 : Si vous recevez 1.000$ , 5.000$, 10.000$ ou
20.000$ au maximum en 2019 ou 2020 en RD Congo, à Kinshasa, au Congo central ou à Kinshasa,
quel est le meilleur investissement économique que vous pourriez en faire ? Expliquez et justifiez
votre choix . Notez bien chaque groupe choisit un des montants fixés entre 1000$ et 20.000$ ou
un autre montant situé entre 1000 et 20000$. Un montant par équipe de dix étudiants.

40
2. "Chaque jour que les élections ne sont pas organisées, c’est les femmes qui sont
violées, les enfants qui sont enrôlés dans les groupes armés. C’est important
d’organiser les élections en 2018. Si les élections ne sont pas organisées en 2018, la
RDC ne pourra pas compter sur l’appui de la communauté internationale et celui des
USA," a martelé Mme Halley au sortir de sa rencontre avec Corneille Nangaa, président
de la Céni.
Quel type d’argument Mme Halley, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU , en visite à
Kinshasa fin octobre 2017, a-t-elle utilisé pour convaincre le Président de la CENI
d’organiser les élections le plus tôt possible?

3. .Dans le passage suivant, quelle est la thèse à laquelle l’orateur veut obtenir
l’adhésion de son interlocuteur (auditoire) et quels sont les arguments :
identifiez le ou les) type (s ) d’argument et signalez les mots du début et de la
fin.

Ulitmatum des USA de Clinton à Mobutu

(Bill Richardson, envoyé spécial du Président Bill Clinton à Mobutu, le 29 avril 1997)

«… Nous pensons tous qu’il est temps que vous vous retiriez de la scène politique
avec honneur et dignité, pendant qu’il est encore temps. Nous vous garantissons votre
sécurité, celle de votre famille et de vos proches ; nous veillerons à ce que votre famille
politique et vos proches collaborateurs continuent leur activité politique dans le
nouveau cadre de la démocratie qui s’installe. Nous veillerons à ce que vos biens, tant
à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, ne soient pas touchés. Nous garantirons votre
survie avec les égards dus à un chef d’Etat. Nous avons besoin de votre réponse. Car
demain, nous allons donner le même message à Kabila.(…). Nous ne voulons pas voir
votre cadavre trainer demain dans les rues de Kinshasa.

Ces commentaires verbaux, le président Clinton n’a pas voulu les mettre dans la lettre
officielle qu’il vous adresse. (…) et que je vous donne maintenant. »

(H.Nganda, N.K.A., Ainsi sonne le glas. Les derniers jours du maréchal Mobutu, Paris,
éd. Gideppe, 1998, p.299-300 cité par Ndaywel è Nziem I., Nouvelle histoire du Congo.
Des origines à la République Démocratique, Tervuren/ Bruxelles, MRAC/ Le Cri
Edition/Afrique Edition, 2009, p.600.)

.’4. Quel type d’argument repérez-vous dans le passage suivant :

41
« Notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres,
malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. Tous
Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique
Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique
Esprit. »(1 Corinthiens12, 12-13.

5.« La Parole de Dieu nous invite clairement à « résister aux manœuvres du diable
(Ep.6,11) et à éteindre « tous les traits enflammés du Mauvais » . Ce ne sont pas
des paroles romantiques, car notre chemin vers la sainteté est aussi une luttte
constante. » (Pape FRANCOIS, Exhortation apostolique Gaudete et exsultate. Sur
l’appel à la sainteté dans le monde actuel (19.03.2018), n°162, Kinshasa, Médiaspaul,
2018, p.97

6. Texte proposé par Phillippe BRETON ? L’argumentation dans la communication, 4


e édition, Paris, La Découverte, 2006( 1996 , 1ère édition), p. 47.

7. « J’ai mis mon fils à l’école parce que l’extérieur que vous avez arrêteé nous
envahissait lentement et nous détruisait. Apprenez lui à arrêter l’extérieur.

-Nous l’avons arrêté.

-L’extérieur est agressif. Si l’homme ne le vainc pas, il détruit l’homme et fait de lui une
victime de la tragédie. » Cheikh HAMIDOU KANE, L’Aventure ambiguë, Paris Julliard,
1961, p.91.

Bibliographie sélective 4

ARISTOTE, La Poétique, Paris, Seuil, 1980

IDEM , Rhétorique, 3 tomes, texte établi et traduit par Médérie Dufour, Paris,
1967-1973.
BARTHES Roland, « L’ancienne rhétorique .Aide-mémoire » in
Communications 16, 1970, p.172-
223.

4Cette bibliographie ne comporte pas beaucoup de titres récents à cause de la pauvreté de bibliothèques du
Congo sur le sujet traité.

42
BARTHES Roland, « Analyse rhétorique », in Littérature et société, Bruxelles,
ULB, 1976, p.31-45.
BONAFUS Simone et al., Argumentation et discours politique, Antiquité grecque
et latine, Révolution française, monde contemporain, Rennes, P.U. de Rennes,
2003.
BERGEL Jean-Louis, Rhétorique juridique, Paris, P.U.F, 2001.
CHAIGNET A.E., La Rhétorique et son histoire, Vieveg, 1888.
CICERON, De l’orateur,T.I. Livre I, texte établi et traduit par Edmond
COURBAUD , Paris, Les Belles Lettres, 1922 ; T.II. Livre II, texte établi et traduit
par Edmond COURBAUD, Paris, Belles Lettres, (6etirage 2009) ;T.III. Livre III,
texte établi et traduit par Henri BORNECQUE et Edmond COURBAUD, Paris,
Belles Lettres, ( ?).
CICERON, Brutus5, texte établi et traduit J.MARTHA ,Paris, Belles Lettres, ( ?)

CICERON, L’Orateur. Du meilleur genre d’orateurs, texte établi et traduit par


A.YON,Paris, Belles Lettres, ( ?),
CICERON, De l’invention, texte établi et traduit G. ACHARD, Paris, Belles
Lettres, ( ?).
COUSIN J., Etudes sur Quintilien, 2 vol., Paris, Boivin,1935-1936.
DUMARSAIS C , Traité des tropes, Paris ,le Nouveau Commerce, 1977.
FONTAINE P., Les figures du discours, Paris, Flammarion, 1968.
FUMORALI Marc, L’Age de l’éloquence, Paris, Albin Michel, 1994
GENETTE Gérard, Figures, 5 vol., Paris, Seuil , 1966-1996.
HARIMAN Robert et BURY Laurent, Le pouvoir est une question du style, Paris,
Kliencksieck, 2009.
GRIZE J.B., Recherches sur le discours et l’argumentation, Genève, Droz,
1982,
GRIZE J.B., De la logique à l’argumentation, Genève/Paris, Droz,1982.
GROUPE u, Rhétorique générale, Paris, Larousse, 1970.
GUILLEMIN A.M., « Cicéron et Quintilien », in R.E.L., tome 37,1959.
KAPFERER J.N., Les chemins de la persuasion, Paris, Gauthier Villars, 1978
MATTHIEU-IZORCHE Marie Laure, Le raisonnement juridique : initiation à la
logique et à l’argumentation, Paris, P.U.F., 2001.
MEYER Michel, Questions de rhétorique, Paris, 1993.
MEYER Michel, Histoire de la rhétorique , des Grecs à nos jours, Paris, Librairie
générale française, 1999.
MICHEL A., Les rapports de la rhétorique et de la philosophie dans l’œuvre de
Cicéron, Louvain-Paris, Peeters, 2003.

PERELMAN Ch. et OLBRECHTS-TYTECA L., La nouvelle rhétorique .Traité de


l’argumentation, Paris, P.U.F., 1958.

5 Texte publié dans la collection Budé, qui ne nous a pas été accessible jusqu ‘à présent. Cela vaut aussi pour le
livre suivant.

43
PERELMAN Ch., L’Empire rhétorique. Rhétorique et argumentation, Paris, Vrin,
1997.
PERELMAN Ch., Logique juridique, Paris, Dalloz, 1999.
QUINTILIEN, Institution oratoire, 7 vol., texte établi et traduit par J. Cousin,
Paris, Les Belles Lettres, 1973-1980.
REBOUL Olivier, Introduction à la rhétorique, Paris, P.U.F., 1991.
REBOUL Olivier, La rhétorique, 6e éd., Paris, P.U.F., 1998
Rhétorique à Herenius, texte établi et traduit par G.ACHARD, Paris, Belles
Lettres,
ROBRIEUX Jean-Jacques, Eléments de rhétorique et d’argumentation, Paris,
Dunod, 1993.
ROBRIEUX Jean-Jacques, Rhétorique et argumentation, 3e édition revue et
augmentée, Paris, Armand Colin, 2010.
SALVASTRU Constantin, Le pouvoir du discours et le discours du pouvoir ,
Paris, L’Harmattan, 2005.
TACITE, Le dialogues des orateurs, Paris, Les Belles Lettres, 1985.
VANNIER G., Argumentation et droit, Paris, P.U.F., 2001.

Chapitre 4 : RESUMER UN TEXTE

Pour ce chapitre, lire :

44
GIQUEL Françoise, Réussir le résumé de texte, Paris les Editions d’organisation,
1990.
MORFAUX Louis-Marie et PREVOST Roger, Résumé et synthèse de textes. Méthode
et exercices corrigés, 6e édition, Paris, Armand Colin, 2004 (1988) :
p.45- 62 La méthode du résumé.

Gilles FERREOL et Noël FLAGEUL, Méthodes et techniques de l’expression écrite et


orale, Paris, Armand Colin, 2008 (1996),p.63-81 Résumé et commentaire.

Résumer un texte, c’est en dégager l’idée maîtresse pour le destinataire. “Le résumé
encore appelé contraction ou condensé, consiste à réduire en un nombre de mots
limités et précis le contenu d’un texte, en reproduisant fidèlement la pensée de l’auteur
et les grandes articulations de son raisonnement. “ (Gilles FERREOLet Noël
FLAGEUL, Méthodes et techniques de l’expression écrite et orale, Paris, Armand
Colin,1996, p.63.)

On peut résumer pour soi-même ou pour les autres: le chef hiérarchique, le public ,
l’école. Un résumé est révélateur des qualités de celui qui l’a rédigé:

1. la capacité de comprendre la pensée d’autrui


2. la capacité d’analyser
3. la capacité de synthétiser.
4. la capacité de communiquer par écrit (compétence en expression écrite).

Trois de ces quatre compétences correspondent aux compétences majeures


que ce cours nous aide à développer. Voir l’Introduction. De là vient l’intérêt de
ce chapitre.
Comment résumer?
Avant d’indiquer une méthode, précisons les critères d’un bon résumé :

1. la brièveté (concision)
2. la clarté
3. la fidélité.

Pour satisfaire ces trois exigences, comment résumer? Il y a plusieurs méthodes.


Nous en retiendrons ici deux.

Première méthode pour résumer : six étapes.

1.Lire et relire le texte à résumer au moins deux fois ;

2.Dégager l’idée maitresse du texte et les arguments qui la soutiennent ;

3.Recomposer le plan du texte à résumer ;

4.Supprimer toutes les idées inutiles, les répétitions,

45
5.Rédiger un texte clair, précis et fidèle ;

6.Ne pas chercher à imiter le style du texte original, éviter les parenthèses.

Le résumé doit être bref, fidèle à la pensée de l’auteur et il doit être compris par le
lecteur sans que celui-ci puisse recourir au texte initial.

En général, à la fin de votre résumé vous devez indiquer les références du


document résumé et le nombre de mots de votre propre résumé.

Ex. Antoine de SAINT-EXUPÉRY, Vol de nuit, Paris, Gallimard, 1931, p.10-11.

Deuxième méthode , MORFAUX Louis-Marie et PREVOST Roger, Résumé et


synthèse de textes. Méthode et exercices corrigés, 6e édition, Paris, Armand Colin,
2004 (1988) : p.45-61.
La méthode du travail de résumé préconisé par ces deux auteurs comprend trois
étapes :
1.La lecture et l’étude du texte à résumer ;
2 . La rédaction du résumé : rédiger de manière à être clair, fidèle et bref
3 .Le travail sur le style du résumé : il s’agit de veiller à la correction en éliminant les
fautes, en précisant les mots choisis, l’orthographe, la ponctuation.
Conformément à cette méthode , voici à titre d’exemple la répartition du temps pour
un examen de 3 ou deux heures.

Phases du travail Examen de 3h examen de 2h examen de 1h


Lecture du texte 30 minutes 20 minutes 10 minutes

Relevé du plan et 20 15 10
des idées

Etablissement du 40 25 12
plan du résumé

Rédaction du 80 50 20
résumé

Copie et relecture 10 10 8

Ces indications des phases de


donnent une travail de résumé ;
illustration concrète à chacun de
l’adapter ;

MORFAUX Louis-Marie et PREVOST Roger, Résumé et synthèse de textes.


Méthode et exercices corrigés, 6e édition, Paris, Armand Colin, 2004 , p .61

46
Recommandations pratiques pour obtenir la concision? Quelques cas à
distinguer.

1.Propositions relatives.

Pour obtenir la concision de nos phrases, il convient d’éviter entre autres l’usage
ou l’emploi fréquent et inconsidéré des pronoms relatifs qui, que, dont...

Voici comment supprimer les propositions relatives:

1) Nous pouvons remplacer une proposition relative par un nom apposé.

Ex. Les étudiants qui m’apporteront cette heureuse nouvelle

Les étudiants messagers de cette heureuse nouvelle

Ce général qui a délivré la patrie

Ce général libérateur de la patrie

Ce philosophe qui cherche à connaitre l’invisible

Ce philosophe explorateur de l’invisible.

2) Remplacer la proposition relative par un adjectif

Ex. Des positions qui ne s’accordent pas

Des positions discordantes

Une activité qui ne s’arrête pas

Une activité permanente

Une fièvre qui cesse et qui revient

Une fièvre intermittente

Une maladie qui se prolonge

Une maladie chronique

Une ferveur qui dure peu

Une ferveur passagère

Des manœuvres qui tendent à gagner du temps

47
Des manœuvres dilatoires.

3) Substituer à la proposition relative un participe (adj)

Ex. Les personnages qui portent un manteau rouge

Les personnages vêtus d’un manteau rouge

Les documents que votre juge ne connaît pas

Les documents inconnus à votre juge

L’aide que les enfants se prêtent les uns aux autres

L’aide mutuelle des enfants

4) On peut remplacer la proposition relative par un adjectif possessif

Ex. L’enthousiasme qui le pousse à agir sans réfléchir est dangereux.

Son enthousiasme irréfléchi est dangereux.

5) On peut remplacer une proposition relative par une préposition.

Ex. Les grévistes respecteront les consignes que leur donne le syndicat .

Les grévistes respecteront les consignes du syndicat.

6) On peut remplacer la relative par un infinitif

Ex. Nous regardons le soleil qui descend à l’horizon.

Nous regardons le soleil descendre à l’horizon.

2.Dans les cas autres que les propositions relatives, nous pouvons gagner en
concision en réduisant les subordonnées de la manière suivante: remplaçons le
verbe et ces subordonnées par:

2.1)Une proposition principale ou indépendante.

− J’étais fort satisfait parce que mon succès était inespéré.


− J’étais fort satisfait: mon succès était inespéré.

2.2)Par un nom:

− Elle avoua qu’elle aimait beaucoup la vitesse.


− Elle avoua son amour de la vitesse.

2.3) Par un adjectif:

- Cette personne qui ne voulait pas écouter les conseils des médecins.
- Cette personne sourde aux conseils.

48
3.La nominalisation

Il s’agit d’effectuer certaines transformations qui permettent de passer d’un type de


phrase à un autre. La transformation la plus courante est la nominalisation. Elle
consiste « à transformer une des propositions en un syntagme nominal (en un nom
accompagné d’un déterminant) et à l’insérer dans l’autre phrase comme sujet, objet
ou complément circonstanciel» (Dictionnaire du français contemporain).

Ex. Ses efforts sont inutiles, cela décourage Rachel.

L’inutilité de ses efforts décourage Rachel.

Cette escalade est facile, cela la fait réserver aux débutants


La facilité de cette escalade la fait réserver aux débutants.

Cet outil est maniable, cela le rend utile.


La maniabilité de cet outil le rend utile.

Le problème était simple, cela a surpris les candidats.


La simplicité du problème a surpris les candidats.

Cet individu est excentrique, cela se remarque au premier coup d’œil. L’excentricité
de cet individu se remarque au premier coup d’œil.

Ce parfum est délicat,


La délicatesse de ce parfum

EXERCICES

« L’intellectuel est un personnage bidimensionnel qui n’existe et ne subsiste comme tel que si
( et seulement si), il est investi d’une autorité spécifique, conférée par un monde intellectuel
autonome ( c’est-à-dire indépendant des pouvoirs religieux, politiques, économiques) dont il
respecte le lois spécifiques, et si (et seulement si ) il engage cette autorité dans les luttes
politiques. Loin qu’il existe , comme on le croit d’ordinaire, une antinomie entre la recherche
de l’autonomie (qui caractérise l’art , la science ou la littérature que l’on dit « purs ») et la
recherche de l’efficacité politique, c’est en accroissant leur autonomie (et, par là, entre autres
choses, leur liberté de critique à l’égard des pouvoirs) que les intellectuels peuvent accroître
l’efficacité d’une action politique dont les fins et les moyens trouvent leur principe dans la
logique spécifique des champs de production culturelle », Pierre BOURDIEU, Les règles de
l’art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Seuil, 1998, p.547.

49
Exercice : résumez le texte suivant en 50 mots.

“Il y a les intellectuels, il y a l’intelligentsia. Tous les individus qui relèvent de l’intelligentsia
sont des intellectuels. Mais les intellectuels ne relèvent pas tous de l’intelligentsia, loin de là.
Seuls relèvent de l’intelligentsia les intellectuels que, primo, leurs talents, leur capacité créatrice
ont rendu fameux et qui, secundo, ont le courage d’user de leur prestige pour intervenir dans la
vie publique de leurs pays, voire de plusieurs pays, cette démarche-là pouvant leur valoir soit
un surcroît de prestige, soit le mépris ou la haine de nombre de leurs concitoyens, mais leur
causant, le plus souvent, de graves ennuis, en provenance du pouvoir bien entendu . Telle est
du moins la définition que j’ai retenue de l’intelligentsia. Une définition aujourd’hui assez
commune, je crois. Mais j’y ajoute ce que voici : l’intelligentsia inspire et guide la majorité des
intellectuels dont elle est la « crème », en même temps qu’elle les honore, qu’elle les sanctifie
et qu’elle leur sert à l’occasion d’alibi ou de feuille de vigne. Elle le fait d’autant mieux que
passant, si l’on peut dire, au- dessus de leur tête, les débordant elle exerce avec ivresse, à son
insu ou à son corps défendant) une influence déterminante sur les éléments les plus éveillés, les
plus désintéressés ou les plus ambitieux de cet ensemble de péri-intellectuels que représentent
les grands élèves de l’enseignement secondaire et les étudiants, elle les transforme en une péri-
intelligentsia susceptible de la déborder elle-même, à délai plus ou moins bref ; quelles que
soient les circonstances , elle continue, à ne dépendre ni de l’ensemble des intellectuels, ni de
celui de péri-intellectuels ni de celui de sa péri-intelligentsia, elle demeure autonome par rapport
à eux tous, aussi autonome que par rapport aux détenteurs du pouvoir économique et financier,
du pouvoir militaire, du pouvoir judiciaire, du pouvoir théocratique, du pouvoir médiatique ou
du pouvoir politique, le Pouvoir, en un mot, aussi longtemps du moins qu’elle trouve en elle-
même la force de renouveler sa réflexion, de réagir sans bégayer à l’événement et de persister
à faire entendre sa voix, sa grande voix sur l’agora ».
YINGXIANG, Cheng, avec la collaboration de Claude CADARET, Dégel de l’intelligence en
Chine 1976-1989. Quatorze témoignages, Paris, Gallimard, 2004, p.10-11 (Collection
Témoins),p.10
Intellectuel selon FOUCAULT
Michel FOUCAULT, dans sa Volonté de savoir,
interpelle l'intellectuel en écrivant que son travail "ne
consiste pas à façonner la volonté politique des autres; son travail
consiste plutôt, à partir des enquêtes qu'il ou elle effectue dans son
domaine de recherches, à réexaminer les lieux communs et les
postulats, à remettre en question les façons habituelles de travailler
et de penser, à déconstruire le savoir traditionnel, à réévaluer les
règles et les institutions" ( cité par J. CHITTISTER, "Le feu sous les
cendres. Une spiritualité pour la vie religieuse contemporaine",
Québec, Bellarmin, 1998, p. 260).

50
Résumez le texte suivant en 150 mots.

Cheikh Anta DIOP

Devant toute la nouvelle génération de penseurs, philosophes, ethnologues et historiens négro-


africains que nous venons d’évoquer, le manque de place nous contraint à n’en citer que deux,
Cheikh Anta Diop et René Depestre. En 1956, Cheikh Anta Diop publiait Nations nègres et
culture qui affirmait l’origine nègre de la civilisation égyptienne. Cela provoqua un tollé dans
les milieux universitaires français (linguistes et égyptologues) à deux exceptions près : le
sociologue Gurvich et l’égyptologue Schwaller de Lubicz. Dans les milieux de la négritude, au
contraire, le livre soulevait l’enthousiasme. Il donnait un énorme contrepoids à cette race dite,
à l’époque, sans passé, sans histoire, sans civilisation autre qu’archaïque et primitive.

Cheikh Anta Diop traversa tous ces remous sans perdre un grain de son assurance. Mieux, il
poursuivit l’exploration de sa mine d’or : l’Egypte africaine. Il publia sans se presser : Unité
culturelle de l’Afrique noire (1960), l’Afrique noire précoloniale (1960), Antériorité de
civilisations nègres (1967), Parenté génétique de l’égyptien pharaonique et les langues négro-
africaines (1977), et enfin Civilisation ou barbarie (1981). Cheikh Anta Diop approfondissait
sa recherche en utilisant toutes les disciplines : archéologie, datation au carbone 14, études
chimiques sur la pigmentation des momies, études de linguistique comparative, et enfin dans
son dernier livre, l’étude détaillée de la culture égyptienne, dans ses aspects scientifiques et
religieux, ce qui n’avait été qu’ébauché dans son livre de 1956, où il s’appuyait davantage sur
des éléments extérieurs (physionomie négroïde de certains pharaons, témoignages des
historiens grecs, etc .). Et au fur et à mesure de ses publications nouvelles, ses travaux furent
reconnus par les égyptologues tant américains que russes, belges ou égyptiens. L’Ecole
française resta sur sa réserve-disons plutôt son allergie. Les travaux de Cheikh Anta Diop sont
surtout contestés sur les plans linguistique et ethnologique. Mais il faut remarquer que les
égyptologues français ne connaissent ni les langues ni les civilisations noires, et que les
ethnologues et linguistes africanistes ne connaissent pas grand-chose à l’égyptologie et ne
savent pas lire les hiéroglyphes. C’est donc un dialogue de sourds, Cheikh Anta Diop ne
trouvant pas d’interlocuteurs valables, les gens ne connaissent qu’une face du problème, alors
que lui connait les deux ; il lit couramment les hiéroglyphes et connait parfaitement le wolof,
sa langue maternelle. Il n’y a qu’un linguiste-ethnologue à Paris, qui puisse témoigner pour la
validité des travaux de Cheikh Anta Diop, avec la compétence nécessaire. C’est Luc Bouquiaux,
maître de recherches au C.N.R.S. ; il a d’abord fait des études sur la langue égyptienne. Ensuite
il a travaillé au Nigeria sur l’haoussa. Il a été frappé par les ressemblances structurelles entre
les deux langues, et en conséquence les théories de Cheikh Anta lui paraissent parfaitement
fondées. Du coté africain, Cheikh Anta Diop, depuis vingt-cinq ans, n’a pas cessé de fasciner
l’élite intellectuelle. Rares sont les professeurs d’universités africaines ou négro-africaines qui
passent à Dakar et ne demandent pas à rencontrer Cheikh Anta Diop. Pourquoi exactement ?
Quel est son rôle ? Pourquoi ce besoin non seulement de lire, mais de le voir et de discuter avec
lui ? Cela tient au rayonnement de sa personnalité. Je pense qu’il est pour les intellectuels noirs,
une espèce de pole, la référence exemplaire d’une quête à la fois historique, scientifique et

51
idéologique. D’une part son obstination, son travail acharné, son honnêteté intellectuelle ; et
d’autre part, son refus du compromis, son incorruptibilité, son courage sans défaillance ; tout
cela situe cet homme au sommet d’une génération de chercheurs et de professeurs pour qui il
incarne l’intellectuel non galvaudé, celui qui a su rester « pur ». Et, à des degrés divers, chacun
tente de lui ressembler, ou, tout au moins, lui rend hommage. 6 (626 mots)

Bernard-Henri Lévy, L’intellectuel contre la barbarie, extrait de La Barbarie à visage


humain, Grasset, 1979)

Rappel : lecture obligatoire de MORFAUX Louis-Marie et PREVOST Roger, Résumé et


synthèse de textes. Méthode et exercices corrigés, 6e édition, Paris, Armand Colin, 2004
(1988) .

Exemples

p.119-122 Jacques Rufilé : L’évolution biologique et l’évolution culturelle.

p.150-153 Bernard-Henri Lévy : L’intellectuel contre la barbarie.

Si les étudiants ne trouvent pas le livre susmentionné dans les bibliothèques, ils peuvent
en photocopier les pages indiquées à partir du livre du professeur.

Chapitre 5. EXPRESSION ORALE (BARIL ET BLANC-RAVOTTO)

L’expression orale c’est l’activité consistant à « transmettre des messages à l’aide d’un
langage en utilisant sa voix et son corps pour communiquer » Prendre la parole en public, p.1

1. La présentation

Les présentations constituent un moyen d’établir un contact avec les personnes que nous
rencontrons. Elles se font de manières différentes selon qu’on se présente soi-même ou qu’on
présente autrui, selon qu’il s’agit d’hommes ou de femmes.

1°) Se présenter

Pour un homme devant une femme, il suffit de dire son nom en inclinant légèrement la tête. Ex.
Mbulu

6Lilyan KESTELOOT, Anthologie négro-africaine .Panorama critique des prosateurs, poètes et dramaturges,
Vanves , EDICEF, 1992,p.441-443.

52
Pour une femme, se présenter consiste à dire son nom précédé de Madame. Ex. Madame Mbidi

Une jeune fille dit son prénom et son nom. Ex. Marie Mwanamayele

2°) Présenter autrui

La courtoisie nous exige de présenter les uns aux autres ceux et celles de nos relations qui ne
se connaissent pas. A ce sujet, la règle générale stipule de présenter les hommes aux femmes,
la personne la moins importante à la plus importante.

Ex. Je crois que vous vous connaissez Monsieur Mpoyi.

Puis-je vous présenter Monsieur Kasongo ?

Permettez-moi, Monsieur le Secrétaire Général, de vous présenter à Madame Olive Kabila.

Les réponses varient :

Quand la personne à qui on a été présenté est un égal:

− Bonjour Monsieur Mulumba.

Quand c’est une femme mariée, un homme répond:

− Madame, mes hommages.

A un homme d’un rang supérieur, la personne présentée répond:

− Honoré de vous être présenté.

Quand il s’agit d’une haute personnalité, la personne qui a été présentée répond:

− Mes respects.

Evitez de répondre: (« enchanté ». Ce mot est réservé aux supérieurs.

Quelques recommandations

− se tenir toujours débout pour une présentation;


− regarder dans les yeux la personne que l’on salue;
− ne pas remettre sa carte de visite à une femme se présentant;
− ne pas commencer à tendre la main à un supérieur ou à une femme.
2. La lecture à haute voix ( modèle : Lise Laure Etia, de TV5.)

Elle doit être audible, claire et vivante.

Pour que la lecture soit audible, le lecteur s’efforcera de bien articuler les consonnes.
Pour atteindre ce but, il faut s’exercer.

− Regarder l’auditoire.

53
Pour que la lecture soit claire, grouper les mots unis par le sens, respecter la
ponctuation et les liaisons nécessaires doivent être faites notamment celle qui permet
de distinguer le singulier du pluriel. Ex. Ils arrivent ( liaison obligatoire pour faire la
différence avec : il arrive).

Pour qu’elle soit vivante, il faut soutenir l’intérêt de l’auditoire. A cet effet, il convient
de changer de rythme et des tons. Pour les francophones, le rythme est d’environ
150 à 180 mots par minute, tandis que pour les anglophones de 125 à 150. ( DALY
John, Savoir défendre ses idées … et influencer les autres, traduit de l’anglais
(américain) par Michel le Seac’h, Paris, Nouveaux Horizons, 2014, p.348) ; Selon cet
auteur, « les personnes qui parlent plus vite que la normale sont considérées comme
plus compétentes et plus aimables ». Mais il conseille de ralentir lorsqu’on dit quelque
chose d’important. Le professeur Hippolyte Mimbu a constaté que la plupart des
étudiants congolais examinés prononcent 100 mots par minute. Ce rythme de lecture
est considéré comme lent au plan international. Les étudiants congolais ont donc
intérêt à s’exercer à lire plus de 100 mots par minute.

Ma theèse en 180 secondes ; Tudiby.io Concours d’éloquence 2015.

3. Communication téléphonique

Le téléphone permet une communication directe et rapide entre deux personnes. Mais
il n’est pas l’unique moyen à notre disposition. C’est pourquoi, il ne faut pas empêcher
la communication viva voce ni la communication écrite. Il ne peut être utilisé à tout
propos et en tout temps. Il est recommandé d’utiliser les téléphones:

− pour prendre rendez-vous


− demander un renseignement
− donner une information.

-régler les questions urgentes: excuses, incidents, modification d’une activité...

Dans le pays où le téléphone existe depuis longtemps, le savoir-vivre en société


applique les règles suivantes:

− la communication téléphonique doit être brève (pas plus de 5 minutes);


− elle doit être opportune, c’est-à-dire au moment convenable ;
− elle doit être motivée, malgré les influences de la publicité et les avantages
accordés par les réseaux de télécommunication ;
− elle doit être préparée. A cet effet, il convient de distinguer 3 moments principaux:
• avant (rassembler devant vous papiers, bic, carnet...). La préparation
intellectuelle doit répondre à trois questions:
1. quoi (que vais-je dire ? = le contenu)
2. qui appeler? Quel numéro, ou quel service dans une institution ?
3. quand ? Tenir compte des heures favorables. En principe ne pas appeler
avant 6h30 ni après 22h30.

54
• pendant la communication
1. L’émetteur, si vous êtes émetteur ou l’appelant, après avoir formé le numéro
du correspondant, posez la question pour vous rassurer de l’identité de la
personne que vous cherchez. Ex. Est-ce Monsieur Mbulu?

Si vous vous êtes trompé, demandez pardon.

Si vous voulez parler longtemps, demandez au correspondant s’il a le temps pour cela.

2. Le récepteur: la personne appelée au téléphone se présente.

Ex. Ntumba au téléphone

Ici le Directeur de l’institut Africain des Sciences de la mission( Lorsqu’on


est reponsable)

Ici Nyimi de l’hôpital Saint Joseph (Lorsqu’on est simple employé).

Tous les deux éviteront de crier et d’être trop vite. Ils se garderont de vulgarités du
genre: c’est qui?

• Après la communication
− Notez l’essentiel, transmettre le message, s’il le faut.
− Préparez la lettre de confirmation si nécessaire: ex. Suite à notre entretien
téléphonique du 16 mars 2015, je vous …

Précaution à prendre à l’égard d’un tiers:

− Il faut s’excuser avant de prendre la communication surtout quand on est visiteur.


− Ne demandez pas l’identité de l’émetteur si vous êtes dans une maison où il y a
un téléphone fixe. Répondez: « N’éteignez pas, je vais le chercher ». Et par
courtoisie laissez la place à celui qui communique.
4. L’exposé oral : conférence, soutenance publique de mémoire, etc.
(Le guide béninois 2011 : p.38, n°2.5)

Le rapport peut prendre la forme orale quand il s’agit de rendre compte d’une action
dont on était chargé ou d’une étude qu’on a menée personnellement. Cette forme
d’exposé oral prend le nom d’exposé dans la mesure où le locuteur présente le fruit
d’une recherche sur un sujet qui intéresse l’auditoire. Il

y a deux phases à distinguer dans l’apprentissage de la technique d’un exposé oral:


la préparation et la présentation au public.

1°) La préparation initiale

Pour avoir une maîtrise de la parole en public un long entraînement est un préalable
incontournable comme en témoigne l’auteur suivant .

55
« La préparation, source de confiance en soi.

« Le meilleur moyen d’acquérir la confiance en soi consiste à préparer une chose si


parfaitement que l’on finisse par éprouver vraiment le besoin de dire : je ne puis avoir
que très peu de chance d’échouer. (Public Speaking To-Day, par LOCKWOOD-
THORPE.)

« Se fier à l’inspiration du moment, telle est la phrase fatale sur laquelle ont naufragé
maintes carrières pleines de promesses. Le chemin le plus sûr pour atteindre
l’inspiration, c’est encore la préparation. J’ai vu beaucoup d’hommes capables et
courageux échouer par manque d’assuidité. La maitrise dans l’art de parler ne peut
être obtenue que par la maitrise de son sujet. (LLOYD GEORGE).

[…]. Les hommes m’attribuent du génie. Tout mon génie consiste en ceci : Quand j’ai
un sujet à traiter, je l’étudie à fond. Nuit et jour, il est présent à mon esprit. Je l’explore
sur toutes ses faces. J’en deviens comme pénétré. Ensuite mes efforts sont ce qu’il
plaît aux gens d’appeler les fruits du génie. Ce ne sont que les fruits du travail, de la
réflexion. (Alexander HAMILTON.)

Durant chaque saison, depuis 1912, son plaisir, autant que les devoirs de sa
profession, ont amené l’auteur de cet ouvrage à écouter,au cours de chaque année,
quelque six mille et en faire de critique. Allocutions, discours, faits non par des élèves
de college, mais par ces hommes d’affaires, ou par des gens exerçant une profession,
des gens d’âge mûr. Si cette expérience a gravé une chose plus qu’aucune autre dans
son esprit, c’est à coup sûr celle-ci : qu’il est nécessaire et urgent de préparer un
discours avant de le prononcer, et d’avoir quelque chose de clair et de précis à dire,
une chose qui ne veut pas rester inexprimée. N’est-il pas vrai que vous êtes attiré
d’instinct vers l’orateur chez qui vous sentez qu’il a réellement, dans la tête comme
dans le cœur, un message qu’il désire ardemment transmettre à d’autres têtes, à
d’autres cœurs ? Là réside la moitié du secret de l’art de parler.

L’orateur qui se trouve dans cette sorte d’état mental, d’état émotif, découvre un fait
significatif : que son discours se fait presque tout seul, le fardeau léger à porter. Un
discours bien préparé est aux neuf dixièmes prononcé. »

Ce long extrait de CARNEGIE Dale, L’art de parler en public et de persuader dans


les affaires,(traduit de l’américain par Maurice Beerbloc et Marie Belcourt, 2e
édition, Paris, Amiot-Dumont, s.d ,p. 34-35) a été placé ici pour mettre en
exergue l’importance de la préparation avant de traiter un sujet dans un discours
ou une conférence publique.

Ces notes sont à compléter par un exposé oral du professeur basé sur : Prendre la
parole en public. Guide du formateur, document précieux du CNRS, Formation en
sciences humaines Domaine Communication. (Ce document est disponible sur la Toile
).

56
Avant de prendre la parole en public et en vue de la préparation lointaine de son
exposé, l’intervenant posera ou se posera notamment les questions suivantes :

1. De l’auditoire
▪ A qui s’adresse le discours (auditoire) ?
▪ Sa composition : sexe, âge, niveau d’instruction, valeurs et intérêts ; ses
attentes, auditoire homogène ou composite ?

2. De l’orateur
A quel titre prendrai-je la parole ? Comme spécialiste, conseiller, étudiant-e ?
▪ Y a-t-il d’autres intervenants ?

3. Des circonstances de prise de parole


▪ On ne parle pas à un anniversaire comme on fait une oraison funèbre, par
exemple.

4. Du temps disponible
▪ Il importe de connaître la durée de son temps de parole au moment de la
préparation afin d’y faire correspondre la longueur de son discours. Par exemple,
il arrive souvent qu’un conférencier consacre les ¾ de son temps à développer
les deux premières des trois parties de son exposé et manque de temps pour la
troisième et la dernière partie qui constitue le cœur de son exposé.

5. De la visite des lieux


▪ Il convient de visiter, bien avant l’intervention orale, la salle ou tout autre espace
réservé pour la conférence.
6. Avant de prendre la parole en public et après avoir préparé son discours, il est
vivement recommandé de se poser la question suivante : « S’il me fallait résumer
en une ou deux phrases toute ma conférence, quelles seraient cette ou ces deux
phrases ? »

Exemple :

« S’il m’avait fallu résumer sa thèse en une seule phrase, j’aurais dit qu’en supplément à ce
que les psychologues de l’époque avaient à dire sur la nature humaine, l’homme possède aussi
une nature supérieure et que celle-ci est insectoïde, c’est-à-dire qu’elle fait partie de son
essence. Et si j’avais pu disposer d’une seconde phrase, j’aurais souligné la nature
profondément holiste de la nature humaine, en contradiction avec l’approche newtonnienne-
atomiste-dissectrice-analytique des partisans du béhaviorisme et de la psychanalyse
freudienne. »

57
(MASLOW Abraham, Devenir le meilleur de soi-même, Besoins fondamentaux, motivation et
personnalité, traduit de l’américain par Lawrence Nicolaieff, Paris, Nouveaux Horizons-ARS,
2008, p.21)

7. Six moyens pour surmonter le trac. On appelle trac l’angoisse ou la peur qui s’empare
de nous lorsque nous prenons la parole devant un public. Selon les personnes, le trac se
manifeste de plusieurs manières : tremblements, transpirations, mouvements
involontaires de l’estomac, envie d’uriner, paralysie, etc . Compte tenu des
conséquences négatives du trac sur la prise de la parole , il importe d’apprendre à le
surmonter ou du moins à l’atténuer en utilisant un ou plusieurs des six moyens
suivants :
1. Se donner une bonne préparation avec un plan, mémoriser quelques phrases de
l’introduction
2. Bien respirer profondément et régulièrement
3. Se relaxer physiquement avant la prise de parole en public
4. Se relaxer mentalement en se rappelant des moments agréables de sa vie ( le jour
d’obtention de votre diplôme d’Etat, )
5. S’entraîner régulièrement en prenant souvent la parole (pour plus de détails sur
l’art de vaincre le trac, lire Le guide du formateur. Ecole Nationale des tehniciens
de l’équipement, Montpellier, en ligne…)

2. Préparation immédiate

Après quoi vient la partie que voici :

Il faut suivre les 5 recommandations suivantes:

1) bien utiliser le temps prévu (30’ — 60’), tenir compte du temps qui vous est
imparti par l’organisation;
proportionner le contenu au temps, chronométrer, c’est-à-dire ne pas être très
long ni très court. Sachez que le trac précède le début. Prévoir une certaine
marge (imprévu: les idées secondaires que vous pouvez laisser tomber sans
nuire à la compréhension). Faites deux ou plusieurs répétitions avec votre
montre à la main.
2) adapter votre exposé à l’auditoire. Demandez s’il s’agit d’informer alors il faut
captiver l’intérêt de l’auditoire. Ensuite, gardez-vous de deux excès:
• S’étendre sur les choses connues de l’auditoire.
• Passer rapidement sur ce que l’auditoire ignore.
• Supprimez tout jargon inutile, le verbiage. Méfiez-vous du vocabulaire
technique dans la mesure où il n’est indispensable ou alors il faut le
définir.
3) que faut-il noter? Evitez les notes trop sèches et en même temps d’écrire tout
l’exposé. Dressez un plan clair et détaillé, recherchez la formulation la plus

58
précise, si possible, utilisez les couleurs différentes, noter les chiffres et les
citations, les pages des livres ou des revues à l’aide d’un signet. Notez
intégralement l’introduction et la conclusion.
4) disposition matérielle, il faut écrire très lisiblement, aérer les notes, ne pas écrire
recto verso, bien paginer les papiers. Eviter les temps-morts.

3°) La présentation de l’exposé devant le public

Il importe de suivre les quatre recommandations suivantes :

1) Comme pour la lecture à haute voix, essayez de vous faire entendre. N’ayez
pas peur de demander si l’on vous entend bien. Articulez avec soin, ouvrez la
bouche, entraînez-vous plusieurs fois et plus vite chaque fois que la
précédente. Regardez l’auditoire, levez la tête et respirez tranquillement.
Efforcez-vous d’être clair et faites des liaisons nécessaires.
2) Efforcez-vous d’être vivant, changez des rythmes, variez les débits pour
souligner l’importance des mots. Les inflexions naturelles de la voix doivent être
respectées.
3) Restez 20 à 30 cm du micro. Evitez des bruits intempestifs des papiers, utilisez
des tableaux si possibles et préparez à l’avance croquis et schémas. Apprenez
à utiliser les présentations sur Powerpoint avec un vidéoprojecteur.
4) Règle d’or: captivez l’intérêt de votre auditoire et soyez à l’aise. Evitez les
expressions du genre: «Je vais vous parler de », « une conclusion va conclure
notre travail ». La conclusion doit être ferme et élégante, sans platitude
excessive. Elle doit souligner en une ou deux phrases le sens c’est-à-dire
l’idée maîtresse ou la thèse centrale de votre exposé. Utilisez de temps en
temps les exclamations et les interrogations et même un peu d’humour.

En résumé, pour réussir un résumé oral, il faut:

1. bien marquer et annoncer le plan dès le début

2. bien faire sentir les idées principales

3. ralentir les débits.

Pour un exposé , on peut aussi utiliser le Powerpoint ou des posters. A lire : CNRS,
Comment rédiger des posters

https://www.ipmc.cnrs.fr/~duprat/techcom/poster.htm

59
Comment évaluer la prestation d’un conférencier. La grille de Mireille BLANC
RAVOTTO(2005 : 62) comprend trois rubrique principales subdivisées chacune en
quelques points :

1 L’expression

2. La communication (interaction avec l’auditoire)

3. La mise en œuvre des idées.

Grille d’évaluation d’une intervention orale

EXPRESSION Bien Moyen Insuffisant

Articulation

Débit (cadence)

Correction de la langue

Précision du vocabulaire

Réponse par des phrases


complètes

COMMUNICATION

Prise en cpte de
l’auditeur(regards,gestes)

Aisance de la parole (tics,


lecture des notes ou

60
spontanéité, silences
pertinents ou non)

Ton (conviction-variété)

Attitude

MISE EN ŒUVRE DES


IDEES

Introduction claire

Annonce du plan ds
l’introduction

Hiérarchisation des idées

Pertinence des exemples

Adéquation avec le sujet(


attention aux digressions
et hors sujet)

Conclusion claire

NOM de l’étudiant(e)
évalué(e)

NOM de l’évaluateur
(trice).

Exercices

1.« Cette phrase dont on rencontre une réminiscence dans l’Imitation « III, 21, 1)
résume tout l’esprit des Confessions. Les passions éparpillent l’âme, l’intelligence se
disperse dans la variété des systèmes. C’est dans l’amour de Dieu, dans
l’assujettissement à la foi, que réside la véritable quiétude intellectuelle et morale. »

61
Commentaire de Pierre de LABRIOLLE de la phrase « tu excitas…donec requiscat in
te ».

Commentez cette pensée : « Les passions éparpillent..C’est dans l’amour de Dieu…


que réside la véritable quiétude intellectuelle et morale ».

2.Commentez l’une de deux pensées suivantes : « L’école nouvelle participait de la


nature du canon et de l’aimant à la fois. Du canon, elle tient son efficacité d’arme combattante.
Mieux que le canon, elle pérennise la conquête. Le canon contraint les corps, l’école fascine les
âmes. » ( Cheikh Hamidou Kane, L’Aventure ambiguë, Paris, Julliard, 1961, p.60 )

« On doit constater que l’empreinte laissée par les anciens dominants reste durablement inscrite
et conditionne encore nombre de préjugés, de falsifications ou de malentendus. Cela se lit dans
les programmes scolaires, mais tout autant dans la vie quotidienne, dont les besoins ou les désirs
sont « éduqués » par un ailleurs. » Franck COLLIN, Jean MOOMOU et Caroline SEVENO
(dir.), Eduquer en pays dominé ( Afrique, Amériques, Europe), Paris, Karthala, 2019, p.4 de
couverture)

62

Vous aimerez peut-être aussi