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UNIVERSITE DE L’UELE

ANNEE ACADEMIQUE 2023-2024

Unité d’Enseignement :

Education à la Citoyenneté
Destiné aux étudiants de L1 Médecine

C.T François-Xavier BAKPIONGBA TINGBA


1

Table des matières


INTRODUCTION......................................................................................................................2
Objectifs du cours....................................................................................................................2
CHAPITRE I: QUELQUES CONCEPTS CLES DE L’EDUCATION A LA
CITOYENNETE.........................................................................................................................3
CHAPITRE II : DE L’ETAT......................................................................................................8
II.1 : l’Etat et la société...........................................................................................................8
II.2 : éléments constitutifs d’un Etat.......................................................................................9
II.3 : Principaux organes.........................................................................................................9
II.4 : Formes de l’Etat...........................................................................................................10
II.5 : Régimes politiques.......................................................................................................11
II. 6 : Régimes politiques et parti politique...........................................................................12
II.5 : les cultures politiques...................................................................................................13
CHAPITRE III. DE L’ETAT CONGOLAIS............................................................................16
1 : éveil du nationalisme congolais d’avant l’indépendance.................................................16
II.2 : Les drapeaux et hymne national...................................................................................21
II.3 : état des lieux de l’éducation à la citoyenneté en RDC.................................................21
CHAP. IV : LES DOMAINES D’INTERVENTION POUR UN DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE........................................................................................................................26
IV. 2 : Les domaines d’intervention pour le développement économique d’un pays...........29
CHAPITRE V : PERSPECTIVES POUR UNE CITOYENNE RESPONSABLE EN RDC. .32
V.1 : piliers de la démocratie................................................................................................32
V.2 : Des valeurs de référence de l’agent public de l’Etat ...................................................33
V.3 : initiation à la nouvelle citoyenneté...............................................................................34
V. 4 : les partenaires/cibles...................................................................................................35
CONCLUSION.........................................................................................................................36
2

INTRODUCTION
Dans tous les pays du monde, la question de la citoyenneté et donc de l’éducation à la
citoyenneté resurgit chaque fois que la société s’interroge sur ses fondements, la pérennité du
contrat social. Pour certains, cette question devrait se résoudre, par le retour dans l’école à
l’enseignement de la morale, aux valeurs traditionnelles que sont le goût de l’effort, l’esprit de
la discipline, la soumission à la loi, la conscience de ses devoirs.
A l’opposé, on peut voir dans l’éducation à la citoyenneté, un moyen d’adapter l’instruction
scolaire aux exigences de la démocratie moderne, fondée sur la participation, l’initiative, le
débat critique.
Ainsi donc, l’éducation à la citoyenneté est une affaire de formation des citoyens qui ont leur
mot à dire dans la gestion de la « cité » aussi bien en se donnant les moyens d’accéder aux
connaissances, d’acquérir des compétences et les qualifications nécessaires à la vie future. Il
est un gage d’intégration des jeunes dans la société 1 laquelle intégration suppose la
connaissance des leurs passé, présent et des perspectives éventuelles pour leur avenir.

Objectifs du cours

A l’issu de ce cours, tout étudiant qui l’aura suivi avec succès devra être capable de :
- Fournir des définitions claires des termes de base utilisés dans le cours à savoir :
civisme, citoyen, Etat, patriotisme, nationalisme, etc. ;
- Avoir une idée sur le contenu de l’Etat ;
- État des lieux de l’éducation à la citoyenneté en RDC ;
- Les domaines d’intervention pour le développement économique d’un pays ;
- Les perspectives pour une citoyenneté responsable.

CHAPITRE I : QUELQUES CONCEPTS CLES DE L’EDUCATION A LA


CITOYENNETE
1. Le civisme
Le civisme est le sens que doit avoir tout et chacun sur ses devoirs, ses droits et ses
responsabilités des citoyens d’un Etat. Un bon citoyen doit faire preuve de civilité, c’est-à-
1
Actes du séminaire de formation sur l’éducation à la citoyenneté responsable, BHCNU/D-H, RDC, sept. 2005.
3

dire de la courtoisie, de la politesse, de l’amabilité, de la serviabilité, d’une bonne


éducation.
Bref, il doit faire preuve de bonne manière généralement reconnue à une personne civilisée.
D’où l’importance de la notion de la civilisation.
L’amour de patrie (cité) disait NAPOLEON : « Est la vertu de tout homme civilisé ».
Traditionnellement, la notion de civilisation comporte un jugement de valeur. Tout
groupement humain n’est pas naturellement civilisé. Un peuple n’est pas réputé civilisé que
s’il satisfait à certaines conditions :
 Niveau d’instruction et d’éducation, mœurs policées (raffinées), observance des règles
juridiques, … ;
 Il faut aussi qu’il produise des œuvres d’arts qui honorent l’humanité.
Le civilisé est celui qui atteint un degré élevé dans l’échelle des êtres humains en ce sens qu’il
se distingue de sauvage et du primitif.
Depuis les Grecs de l’Antiquité qui appelaient l’individu de « Barbare » tout ce qui ne porlait
pas leur langue était étrangère à leur civilisation.
La notion de la civilisation implique ainsi l’idée d’une humanité partagée entre deux classes
inégalement évoluées dont la première seule accomplirait toutes les possibilités de la nature
humaine.
N’étant liée à une doctrine raciste, cette conception n’exclut pas que les sociétés moins
avancées puissent elles aussi accédées à la civilisation. Les peuples qui prétendent l’avoir
édifiée et qui s’en portent garants estiment qu’il est de leurs devoirs de l’enseigner aux autres
de gré ou de force. Ce fut là une dimension proclamée de la colonisation, mais aussi sa
justification.
L’Europe a pensé sincèrement apporter la civilisation aux autres continents. Ainsi, se
propageant à la surface du globe une civilisation nécessairement unique et universelle de sorte
que la civilisation ne pouvait s’exprimer qu’au singulier.
Dans cette optique, la civilisation n’avait rien d’empreinte aux traditions des autres peuples.
C’est ainsi que les Européens apportaient aux peuples colonisés, en même temps leurs
langues, religions, techniques, coutumes, ustensiles ménagers, habitudes alimentaires,
divertissements, sports, hygiènes jusqu’à leurs coutumes même s’ils n’étaient pas adaptés aux
conditions climatiques.
Une conception toute différente s’est progressivement faite et a largement supplanté la
conception européenne traditionnelle.
4

L’expérience du monde contemporain a remis en question la définition simpliste entre


« civilisé » et « non civilisé ». L’on s’est rendu compte que la réalité n’était pas ainsi simple
qu’on croyait.
En effet, les récents travaux des historiens, des anthropologues, des ethnologues et des
politologues ont démontré que les populations réputées sauvages avaient des institutions
conformes à des règles morales et sociales et respectaient certaines valeurs éthiques.
Mais aussi les événements comme les Deux Guerres Mondiales et l’excès qu’ils les ont
accompagnés ont démontré que même les nations hautement et anciennement civilisées
n’étaient pas à l’abri des actes barbares et qu’il n’y avait pas toujours corrélation entre les
progrès de la civilisation et la conduite morale et civique.
Ainsi, la notion de la civilisation n’a guère encore tenu pour unique et absolu. De ce fait, elle
implique maintenant pluralité et relativité.
Toutefois, dans l’usage courant, l’acceptation récente n’a pas encore complètement évincé la
plus traditionnelle : on ne s’étonnera donc pas d’avoir celle-ci prendre le dessus à la suite du
complexe d’infériorité consciemment ou inconsciemment développé par les peuples
anciennement colonisés eux-mêmes. On relève encore le même complexe d’infériorité dont
souffrent les ruraux vis-à-vis de citadins qui, par le fait d’accéder aux commodités qu’offre le
milieu urbain s’estiment plus civilisés que leurs compatriotes demeurant au village.

I. 2. La cité et le citoyen
Le terme « cité » rappelle la politique dans l’antiquité grecque. En effet, la vie politique des
Grecs d’alors était conditionnée tout entière par l’existence de la cité, la Polis qui joue le
même rôle que les « Etats-Nations modernes ».
Il n’y avait pour les Grecs de cette époque de la civilisation que la cité considérée comme un
don des dieux au même titre que le blé.
La cité servait à distinguer les Grecs civilisés des autres peuples barbares et incultes. Ce qui
frappait dans l’organisation de la cité, c’est l’emprise que la cité elle-même, quelque soit sa
forme ou son régime, exercée sur les citoyens. L’habitude de la cité n’y est à la fois les
protecteurs de la cité et le modèle de citoyen. Et les fêtes religieuses y étaient assimilées à
des fêtes municipales que nous pouvions appeler aujourd’hui des « fêtes nationales ».
Toute la vie du citoyen grec était marquée par son intégration à la cité ; toutes ses activités
s’inscrivaient dans ce cadre : œuvre d’art destinée à embellir ou à célébrer la cité, œuvre
littéraire ou philosophique destinée à l’immortaliser, etc.
5

C’est le rôle civique d’un citoyen dans la cité qui était très prépondérant dans la Grèce
Antique.
A l’époque, disait PERICLES, être citoyen était déjà une fonction et tout citoyen était
d’abord et avant tout engagé dans les affaires de la cité soit pour commander, soit pour obéir.
Pour ce dernier, celui qui se désintéresse des affaires de la cité doit être considéré non comme
un citoyen, mais comme un être intitule.
S’agissant de nos Etats modernes, particulièrement ceux d’Afrique noire, force nous est de
reconnaître qu’ils sont loin de jouer le même rôle que les cités grecques antiques qui
deviennent un modèle à suivre.
I. 4. la nation et le nationalisme
Le sens à donner au terme « Nation » est assez complexe. Il mêle de nombreux éléments
suivants :
- Certains définissent la « Nation » par le sol, le cadre géographique et son influence sur
les hommes. La théorie des frontières naturelles et celle des climats dérivent de cette
option ;
- D’autres comme FICHTE définissent la « Nation » par la langue instrument de
communauté fondamentale qui donne à un groupement humain sa cohésion ;
- D’autres encore définissent la Nation par la race.
A ces trois conceptions matérialistes s’opposent des conceptions spirituelles.
Ainsi beaucoup de musulmans parlent de la « Nation arabe » qui serait la communauté de tous
les musulmans. Beaucoup de Français libéraux tentent de définir la nation française comme la
patrie des « droits de l’homme ». La France ne serait plus elle-même, si elle cessait de les
défendre et de les promouvoir.
- D’autres encore définissent la « Nation » comme une volonté de vouloir vivre
ensemble comme une communauté de destin.
Mais c’est la définition par la culture qui est plus grande et la plus exacte. Elle n’exclut pas
les précédentes. Elle englobe à les rectifiant.
La culture se caractérise essentiellement par les proportions et les formes qu’elle revêt dans
une société donnée ; chacun des éléments résultant elles-mêmes de l’histoire.
A la lumière de tout ce qui précède, la « Nation » peut être définie comme une communauté
stable historiquement constituée des langues, des territoires, des vies économiques et des
formations psychiques se traduisant par une communauté des cultures.
6

Le nationalisme quant à lui est entendue comme un sentiment humain par lequel tout
homme se sent particulier de sa nation, dan son pays et s’estime en droit de défendre ses
intérêts et ses valeurs.
I. 5. La patrie et le patriotisme
Par définition, la patrie est le territoire habité par les citoyens d’un Etat animés de même idéal
et mus par une volonté commune de vivre ensemble et de défendre jalousement leurs
territoires, héritage de leurs ancêtres, même au prix de leurs vies.
La patrie, l’Etat, le Pays et la nation traduisent la même réalité : le territoire. Mais la patrie se
distingue de trois autres par le degré le plus élevé d’attachement à la terre des ancêtres.
Ainsi le patriotisme n’est rien d’autre que le sentiment naturel d’attachement irréductible à
sa patrie. Dans les Etats modernes, la patrie est symbolisée par le drapeau en vers lequel tout
et chacun est tenu d’adopter une attitude de respect.
Le salut au drapeau qui oblige tous les passants à marquer un état d’arrêt obligatoire n’est rien
d’autre que l’hommage que les nationaux rendent à leur patrie et qui doit être perpétué de
génération à générations.
Dans le même ordre d’idée, il est vivement recommandé à chaque citoyen de connaître par
cœur l’hymne national de son pays.
I. 6. Education à la citoyenneté
La citoyenneté, qualité du citoyen, est à la fois un statut et une identité.
Comme ensemble des droits définis juridiquement et fondement de la légitimité dans les
sociétés démocratiques, la citoyenneté est un statut. Elle est une identité dans la mesure où
elle repose sur un sentiment d'appartenance à une collectivité et donc une source de lien
social. Façonnée par l'Etat-Nation, la citoyenneté distingue l'espace privé, lieu d'identification
familiale, religieuse, ou professionnelle de l'espace public où s'exprime de façon prioritaire
l'appartenance à la communauté nationale.
La citoyenneté, expression d'une culture républicaine, se conçoit comme un processus
intégrateur des composantes individuelles de la Nation dans une dynamique commune ; une
démarche d'insertion des personnes physiques et morales dans les prescrits normatifs et les
symboliques de la souveraineté nationale. Elle se concrétise dans la volonté assumée des
Congolais d'accomplir leur devoir civique en participant sans y être contrains à la réalisation
de l'intérêt général.
7

C'est au XVIIIe siècle que parallèlement au développement des théories contestant le pouvoir
monarchique, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 a cristallisé pour la
première fois et de manière irréversible le concept de citoyen.
Dans la Grèce antique et chez les anciens Romains, la qualité de citoyen n'était reconnue qu'à
ceux qui participaient à un certain niveau aux affaires de la cité, sans qu'elle ne soit un attribut
universel ou un droit propre à chaque individu. Elle était octroyée à certains membres
éminents de la communauté. Vue sous cet angle, la citoyenneté apparaît dans ce contexte
comme un processus d'incorporation des classes inférieures à une oligarchie initiale.
La citoyenneté moderne est tout à fait autre chose. Elle représente ce que Rasalvallon a appelé
la révolution de l'égalité. Le citoyen est devenu cet homme universel doté des "droits naturels,
sacrés et inaliénables " (Préambule de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen).
Il existe aujourd'hui quatre types de citoyenneté : la citoyenneté civile, la citoyenneté
politique, la citoyenneté socio-économique et la citoyenneté culturelle.
- La citoyenneté civile donne à l'individu des droits qui relèvent des libertés individuelles et
du droit à la justice ;
- La citoyenneté politique implique le droit de vote et la participation à l'exercice du pouvoir
politique -,
- La citoyenneté sociale et économique s'exprime en termes des relations entre individus à
l'intérieur de la communauté nationale, avec le marché du travail. Il s'exprime aussi en termes
de niveau/qualité de vie garantie et de sécurité sociale. C'est la dernière étape d'une évolution
en progrès continuel
- La citoyenneté culturelle se rapporte à un patrimoine culturel commun, une prise en compte
de la diversité culturelle impliquant une reconnaissance des droits collectifs de chaque
composante de la Nation et la revendication du droit à la dignité couplée à celle du droit au
savoir, à la formation et à l'information2.
CHAPITRE II : DE L’ETAT

2
www.KongoTimes.info - RDC : Précisions de MENDE sur le sens et les objectifs exacts du
concept citoyenneté20/06/2012 02:25:00, Thursday, February 07, 2013
8

II. 1. L’Etat et la société


La surface de la terre est divisée en nations dont la plupart, si pas tous, sont actuellement
membres de l’ONU. Chaque nation comporte des institutions gouvernementales lesquelles
constituent un Etat dont la configuration géographique est nettement définie.
Le mot « Etat » comporte deux sens différents :
- Il désigne soit l’ensemble des institutions gouvernementales d’une nation et l’on parle
de « l’Etat-gouvernement » ;
- Soit, l’ensemble des gouvernants d’une nation souveraine, soit la nation elle-même et
l’on parle alors de « l’Etat-nation ». Quant à la société, elle est entendue comme une
communauté humaine organisée. Pour étudier le rapport entre l’Etat et la société qu’il
régit, divers types d’analyses pourraient être utilisées avec profit.
Mais dans ce domaine, l’apport théorique le plus important est celui de MARXISME qui
fonde son approche sur le matérialisme dialectique d’inspiration hégélienne.
Hegel affirme que, suivant cette approche, l’évolution de la société résulte de l’évolution de la
condition matérielle de vie. A la base se trouvent des forces productives (instruments et
techniques de la production, force de travail). Ces forces productrices engendrent les rapports
de production que les individus nouent entre eux à l’occasion ou en fonction de production et
des rapports de production constituent l’ensemble de monde de production.
Sur le plan de la légitimité des relations entre l’Etat et la société ne peuvent être harmonisés
que si les citoyens sont respectés dans leurs droits et si les dirigeants situent leurs actions dans
un cadre légitime.
II. 2. Eléments constitutifs d’un Etat
1. Le territoire
Si petit soit le territoire, cet élément est indispensable à l’existence étatique. Les frontières
déterminent la limite du territoire qui peut être d’un seul bloc ou en plusieurs parcelles
quelques très éloignés les unes des autres. Le territoire comprend donc l’espace terrestre,
aérienne et maritime.

2. La population
9

C’est l’élément vital de l’Etat, sa substance et sa raison d’être. La population étatique se


compose d’une manière exclusive des Nationaux, c'est-à-dire de ceux qui ont la nationalité de
l’Etat considéré. Ceux qui, par leur naissance ou par leur comportement, sont considérés
comme digne de former la nation.
Dans les Etats démocratiques, les peuples souverains détiennent les pouvoirs. Ce peuple
souverain ne comprend nécessairement tous les nationaux mais simplement les citoyens c'est-
à-dire les nationaux qui participent aux pouvoirs de suffrages par les droits des votes : Les
électeurs.
3. Pouvoir politique
Le pouvoir dans l’Etat est un pouvoir institutionnalisé et souverain. C’est un pouvoir établi
par une autorité qui parle au nom de la collectivité, qui agit au service de celle- ci alors que
d’autre part, la majorité des membres de cette collectivité apporte son adhésion.
La volonté du souverain s’exprime en général dans la constitution de l’Etat.
En gros, chaque fois que le pouvoir ou gouvernement contrôle l’effectivité du territoire, on
parle de la souveraineté dans l’Etat.
3. Principaux organes
La tâche écrasante que constitue la gestion d'un Etat moderne aussi bien que les exigences
démocratiques imposent la division des tâches du pouvoir entre divers organes.
J.J. ROUSSEAU, lui -même, que l'on oppose trop volontiers sur ce point comme sur bien
d'autres à MONTESQUIEU, a dit : "Il n'est pas bien bon que celui qui fait les lois les
exécute..."
L'observation des faits relève que la quasi- totalité de la constitution distingue trois pouvoirs
ou fonctions confiées à des organes différents :
- Le pouvoir Législatif dont la mission est d’élaborer des lois (parlement) ;
- Le pouvoir exécutif s’occupe d’exécuter des lois (gouvernement) ;
- Le pouvoir Judiciaire : sa mission est de dire le droit, trancher les litiges (cours et
tribunaux).
II.4. Formes de l’Etat

Un Etat peut revêtir deux formes différentes : il peut être un état unitaire, c’est-à-dire,
centralisé, ou être un état composé, c’est – à – dire fédéral.

1. L'Etat unitaire
10

En effet, il n'y a qu'un seul centre d'impulsion politique et gouvernemental. Tous les individus
placés sous la souveraineté de l'Etat obéissent à une seule et même autorité.
L'Etat unitaire centralisé : Ici le pouvoir de l'exécutif est situé entre les mains de
l'Administration centrale ;
L'Etat unitaire décentralisé : C'est un principe de la répartition des pouvoirs est de mise
entre le pouvoir central et l'unité locale (provinces, chefferies).
La centralisation et la décentralisation possèdent des avantages et des inconvénients.

2. Etat fédéral

On le définit parfois comme un Etat composé d'Etats, Etat fédéral est une personne morale,
étatique au sein de laquelle plusieurs personnes morales, les Etats membres ou Etats fédérés
disposent des compétences propres dans le domaine constitutionnel, législatif, l'exécutif et
judiciaire.

N.B: Il convient de ne pas confondre l'Etat fédéral et l'Etat confédéral.

En effet, l'Etat fédéral ne constitue qu'une seule personne morale ; la confédération laisse
subsister la personnalité internationale à chacun de ses membres.
Dans le premier cas, il y a un phénomène de délégation interne des compétences
(Pouvoir) étatiques ; dans le second, la délégation est externe. Cette distinction est souvent
inconnue dans la pratique.

S’agissant de la RDC, toutes les formules classiques de forme de l’Etat ont déjà été
expérimentées. On est parti de la forme fédérale (sous la 1è République) au régionalisme
politique consacré par la dernière Constitution (3è République) en passant par l’Etat unitaire
par fois centralisé, par fois déconcentré ou encore décentralisé3.

3
F. TOENGAHO, Les Constitutions de la RDC : De Joseph KASA VUBU à Joseph KABILA, 2008, p. 235
11

II. 5. Régimes politiques

Le régime politique se définit comme la forme d’organisation du pouvoir au sein d’un


système politique. Le régime politique se réfère notamment à la constitution d’un état, au
mode de scrutin, à l’organisation du pouvoir entre les différentes composantes politiques du
système, etc.

1°. Le régime parlementaire

Produit de la longue lutte qui a opposé le roi et le Parlement en Angleterre, le régime


parlementaire tend à instaurer l’équilibre des forces entre l’exécutif et l’Assemblée.
Cet équilibre est recherché sur les bases suivantes :
a. Une division de l’exécutif en deux :
- Le chef de l’Etat est irresponsable devant l’assemblée, sauf responsabilité pénale pour haute
trahison, détournement de denier public, incitation à la haine, …
- Un gouvernement politiquement responsable devant l’assemblée et normalement soutenu
par sa majorité à l’assemblée. La responsabilité du gouvernement le conduit logiquement en
droit d’assurer la direction des affaires publiques, le chef de l’Etat n’exerçant qu’une
magistrature d’influence.
b. l’exécutif peut dissoudre l’assemblée
La dissolution de l’Assemblée apparaît comme la contrepartie du pouvoir qu’elle tient de
renverser le gouvernement. Ce droit est généralement réservé au chef de l’Etat par tradition.
Toutefois, ce pouvoir peut être aussi confié au chef de gouvernement.

2°. Régime présidentiel

Cette appellation a été inventée pour désigner le régime des Etats –Unis lorsque le président
joua un rôle essentiel à la tête de l’Etat. Dans ce régime, les pouvoirs législatif et exécutif sont
séparés. L’assemblée ne peut renverser le gouvernement comme ce dernier peut dissoudre
l’Assemblée.
Aux Etats – Unis par exemple, le président dispose d’un droit de veto qui lui permet de
s’opposer aux lois adoptées par le congrès, mais un vote à la majorité de deux tiers anéanti le
veto.
12

Si le congrès refuse le projet des lois émanant du président ou ce dernier a besoin de certaines
lois pour administrer, il ne lui reste à rechercher l’appui de l’opinion publique afin de
provoquer un changement d’attitude au congrès.

3°. Le régime semi – présidentiel

Est une catégorie de régime politique théorique par le juriste français Maurice
DUVERGER comme présentant les caractéristiques mixtes de deux autres grandes catégories.
Il est défini par 3 critères :
- Le chef de l’Etat est élu au suffrage universel direct c’est – à – dire, il partage de
responsabilités avec le chef de gouvernement ;
- Le chef de l’Etat a des prérogatives propres ;
- Le gouvernement est responsable devant le parlement.

Quant au régime politique, la RDC est partie du régime parlementaire (1è République) pour
basculer sur le régime présidentiel (2è République) avant d’expérimenter plusieurs fois le
régime semi-parlementaire ou semi-présidentiel pendant la Transition et en ce début de la 3è
République. La fécondité intellectuelle de la classe politique congolaise a fait ses preuves
dans ce domaine par l’instauration, après le Dialogue Inter congolais de Sun City, d’un
régime spécial de type « 1+4 » jamais connu ailleurs4.

II. 6. Régimes politiques et parti politique

Selon Georges BURDEAU, un parti politique est : « Tout groupe d’individu qui, professant
les mêmes vues politiques, s’efforcent de les faire prévaloir, à la fois en y ralliant le plus
grand nombre possible de citoyens et en cherchant à conquérir le pouvoir, ou du moins, à
influencer ses décisions ».
L’art. 2 de la loi n°04/002 du 15 mars 2004 définit le parti politique comme : « Une
association de personnes physiques de nationalité congolaise qui partagent la même idéologie
et le même projet de société, en vue de conquérir et exercer démocratiquement et

4
F. TOENGAHO, op. cit. p. 235
13

pacifiquement le pouvoir. Les partis politiques concourent à l’expression du suffrage, à la


formation de la conscience nationale et à l’éducation civique ».

NB : Un parti unique c’est un parti seul et détenant la réalité du pouvoir. C’est l’exemple du
régime autoritaire des nombreux pays du tiers monde, le régime communiste.

S’il n’y a qu’un seul parti politique, l’organisation constitutionnelle est tout à fait secondaire.
Le parti unique en détient tout le rouage. S’il y a un parti majoritaire au pouvoir, face à un ou
plusieurs autres, l’organisation constitutionnelle reste encore relativement secondaire, elle
devient importante s’il y a aucun parti majoritaire ; l’art du gouvernement devient l’art des
ententes et des compromis, les recettes constitutionnelles susceptibles de faciliter l’action
Gouvernementale présentent alors leur plein intérêt.
Un regard sur le recueil fait découvrir que la RDC, en espace de 48 ans (aujourd’hui 53 ans)
d’existence comme Etat Indépendant et souverain, a connu 10 Constitutions et environ 25
modifications (26 actuellement), alors qu’un pays comme les Etats-Unis d’Amérique n’aura
connu qu’une seule Constitution et à peine une vingtaine d’amendement en 232 ans5.
III. 5. Les cultures politiques
La démocratie étant d’abord et avant tout une pratique fondée sur la culture, celle-ci est
entendue comme un ensemble d’attitude, de connaissances et d’orientations à l’égard d’un
système politique déterminé. C’est à partir de cette définition que se dégagent les trois
dimensions de la culture politique, à savoir : les dimensions cognitive, affective et évolutive.
a) La dimension cognitive.
Elle implique que chaque individu possède une carte cognitive plus au moins précise de
phénomène politique. Qu’il sache plus au moins qu’elles sont les institutions politiques de son
pays, quels sont les hommes et les femmes qui remplissent le rôle d’autorité, comment classer
les partis politiques, quelles sont les orientations de divers syndicats, etc.
Les enquêtes menées en RDC et dans la plupart de pays sous-développés d’Afrique et d’Asie
montrent que la dimension cognitive reste très limitée dans les pays. Et même dans certains
pays développés, cette dimension demeure, toute proportion gardée, assez limitée.

b) La dimension affective

5
Ibidem
14

Elle résulte de la charge affective que porte toute valeur sociale. Moins évident dans la
dimension cognitive, elle ne détermine pas moins les attitudes politiques. Elle consiste en une
admiration ou à un attachement à la personne d’un leader ou personnalité politique
indépendamment de son programme d’actions ou de son projet de société.
LENINE, STALINE, MUSSOLINI, HITLERE, DE GAULE, John KENEDY a suscité une
admiration personnelle, indépendamment de tout jugement rationnel sur la politique menée.
On trouve le même phénomène en RDC (M’zee L-D KABILA) et dans la plupart de pays
africains ou l’attachement a un leader obéit davantage à des critères d’ordre sentimental ou
tribal qu’au programme politique cohérent.
c) La dimension évaluative
Quant à celle-ci, le jugement de valeur porté sur la politique est fondamental. Chacun
apprécie la vie politique par référence à une échelle de valeurs hiérarchisée et souvent
subjective.
Ainsi, tel homme d’affaires n’apprécie pas tel projet gouvernemental parce que celui-ci va à
l’encontre de ses intérêts égoïstes. L’intérêt supérieur de la nation étant relégué au second
plan.
L’on distingue ainsi trois types (modèles) de culture politique qui sont : les cultures politiques
paroissiale, de subjection et de participation.
a) Culture politique paroissiale
Dans la culture politique paroissiale, les membres du système politique sont peu conscients,
peu sensibles aux phénomènes nationaux. Ils sont orientés pour l’ensemble vers un sous-
système politique plus limité, plus restreint (village, ethnie, province, etc.) ils ignorent l’Etat-
nation. Ce trait est caractéristique de nombreux Etats post coloniaux composés pour essentiel
des groupes ethniques hétérogènes à la suite du découpage arbitraire de l’Afrique en 1885.
En RDC, l’on a vu se développer au lendemain de l’accession du pays à l’indépendance et qui
ne reconnaissait l’autorité du gouvernement centrale de Léopold ville : le KATANGA qui
avait la cessation et qui comptait garder jalousement les acquis de son indépendance. Le Sud
du KASAÏ qui s’était soustrait de l’autorité du gouvernement en se proclamant « empire » et
la « Province Orientale où était installé le gouvernement du Congo ».
b) La culture politique de sujétion
Dans cette culture, les membres du système politique sont conscients de son existence, mais
restent passifs, résignés. Ils entendent des autorités politique certains services, lesquels ils ne
peuvent rien.
15

Le système politique leur est extrême et lointain comme on le voit, la culture politique de
sujétion correspond à une structure autoritaire et centralisée.
c) La culture politique de la participation
Enfin dans une culture politique de la participation, les citoyens sont conscients de leurs
moyens d’action sur le système politique de leurs possibilités d’infléchir les cours des
événements politiques en exerçant leur droit de vote et de grève par plusieurs personnes ou
une manifestation des protestations lorsque leurs droits sont violés. Donc seule la culture
politique de participation correspond à une culture politique démocratique.

CHAPITRE III. DE L’ETAT CONGOLAIS


16

III.1. Eveil du nationalisme congolais d’avant l’indépendance


En tant qu’idée politique, le nationalisme apparut tardivement en RDC. On ne trouve aucune
revendication publique et explicite avant 1956. Toutefois, en 1956, KASA VUBU fit
sensation à Léopold ville-Kinshasa lorsqu’il parla, dans un discourt du droit du premier
occupant.
Ce discours attaqué avec une certaine tendance l’étendue des concessions accordées aux
grandes compagnies aux missions au Bas-Congo.
Ce n’est qu’en 1958, deux ans avant l’indépendance que la pensée nationaliste prit forme.
Deux événements verint l’aider à passer du stade de l’expression assez vague des buts à
atteindre.
Ce fut d’abord l’Exposition Universelle de Bruxelles à 1958 où furent conviés quelques
notabilités congolaises dont les « évolués » et des chefs coutumiers. Elle met les Congolais en
contact avec les divers courants de la pensée nationaliste ; en Afrique francophone et avec le
groupe de la Gauche nationaliste anticolonialiste en Belgique.
On organisa des débats où l’on encourageait plus les Congolais à suivre une ligne militante
sans équivoque qu’à faire un examen nuancé et timide de la situation coloniale.
L’autre événement fut la constitution, toujours à 1958, du groupe de travail chargé de
formuler un plan de décolonisation du Congo.
C’est à cette occasion que les leaders nationalistes de l’époque dont KASA VUBU,
LUMUMBA, Jean BOLIKANGO, etc. commencèrent à exprimer clairement et nettement des
aspirations à l’autodétermination demeurée vague jusque là.
Ils jouèrent un rôle catalyseur dans la formation des partis nationalistes tels que le MNC,
ABAKO, PUNA (Parti de l’unité Africain).
Mais l’on est en droit de se demander pourquoi la pensée nationaliste s’est-elle développée si
tardivement en RDC ?
Quatre facteurs concourent à expliquer ce retard :
 L’absence d’une élite laïque avant 1940 ayant suivi l’enseignement secondaire,
excepté les clergés noirs) ;
 L’administration coloniale n’autorisait ni les partis, ni les activités politiques liées
à l’idée d’un parti ;
 L’isolement presque total de la politique congolaise et ses élites.
Avant 1958, on pouvait dire qu’une seule poignée des Congolais était sortie du pays. Parmi
eux, il convient de citer l’écrivain Antoine Roger BOLAMBA qui représenta le Congo à la
17

conférence des artistes et écrivains noirs tenue à Rome en 1956 et Isaac KALONJI futur
Président du Sénat de 1961-1963 qui passa quelques mois aux Etats-Unis d’Amérique de
1956-1957.
La première cause de cet isolement résidait dans des mesures très restrictives prises par
l’administration coloniale à l’octroi de passeport. Il fallait, en effet déposer une caution de
1000$ pour obtenir un passeport. Ce qui rendait la chose difficile voire impossible pour tout
celui qui n’était pas sous la protection d’un organisme quelconque pourvoyeur de cette
caution. Même dans le cas où on disposait de la caution, l’administration coloniale n’était
tenue d’accorder de celui-ci.
Enfin, il appert de reprendre succinctement les principales étapes de l’évolution de
nationalisme congolais depuis l’époque coloniale.
Selon I. NDAYWEL6 (1998, p. 411), la réaction populaire fut l’expression d’une rage, non en
tuant ces tyrans, mais parfois même en les dépeçant et en mangeant leur chair. Le pouvoir
colonial réagissait par des expéditions punitives pour vaguer leurs alliés. D’autres groupes
empruntèrent la voie des sectes et des associations secrètes pour exprimer leur désarroi face à
la mutation qui passait pour être irréversible et donc sans issue. Généralement, on préconisait
la purification, on prophétisait la fin du règne des Blancs, l’inutilité de l’école et des travaux
imposés, puisque la résurrection prochaine des ancêtres allait enrichir tout le monde. On peut
en citer 5 étapes :
1. Le premier mouvement de résistance qui consistait à une opposition armée à
l’occupation coloniale habituellement menée par les chefs coutumiers ont connu une certaine
ampleur dans certaines régions.
Il y a lieu de citer les cas du grand chef M’SIRI au KATANGA, du chef ZANDE, du chef
MANGBETU, du chef BOA en Province Orientale, du chef YAKA dans le BANDUNDU et
du chef LUBA au KASAI.
2. les sectes messianiques et syncrétiques : il s’agit de mouvement religieux où on
trouvait un mélange d’idées et des symboles repris aux colonisateurs et d’éléments
traditionnels.
Ces mouvements apparurent presque simultanément aux deux extrêmes du pays, parmi eux on
peut citer le KITAWALA venu de la Rhodésie et qui se rependu au KATANGA, en Province
Orientale et dans le KIVU à partir de 1921.

6
I. NDAYWEL, Histoire générale du Congo : de l’héritage ancien à la République
Démocratique du Congo, 1998, p. 411
18

A la suite de I. NDAYWEL7 (1998, p. 421), KITAWALA est un prolongement et même


d’une excroissance du mouvement Watch- Tower, mouvement qui, à partir de 1934, adaptera
l’appellation de Johovah’is Witnes (Témoins de Johovah).
C’est aux Etats-Unis, plus précisément dans l’Est dz la Pensulvanie, vers les années 1870, que
naquit la Watch-Tower ; elle s’introduisit en Rhodésie du Sud en 1897 par l’entremise du
pasteur MUKONI, qui revenait de ce pays où il avait effectué des études religieuses. On ne
peut dater avec précision le début des infiltrations ; on sait qu’elles furent déjà agissantes vers
1922 et que ce phénomène se poursuivit progressivement qu’en 1925.
Kitawala (comme d’autres mouvements) prônait entre autres
III. à l’égalité de race entre les Blancs et les Noirs « On ne classe pas les
vaches d’après la couleur de leur peau », dit-il ;
IV. L’évincement des pouvoirs établis, la soumission des Blancs aux Noirs, la
possession des richesses détenues par les occupants étrangers qui tiennent
leur pouvoir du satan ;
V. Dans l’attente du règne de Dieu, de ne pas écouter les ordres des Blancs,
ni leurs enseignements. Les missionnaires étaient considérés comme de
grands menteurs qui dissimulaient ou déformaient délibérément les vérités
bibliques (Ecclésiastique 4 :1 la génération future devant surpasser « la
génération actuelle »=règne des Blancs.

Le kimbanguisme qui a pris naissance à partir de 1920 et qui s’est propagé dans le reste du
pays essentiellement dans la Province Orientale, l’Equateur et le Katanga.
D’après I. NDAYWEL8 (1998, p. 416), Simon KIMBANGU est né à Nkamba à quelque km
de la mission Ngombe-Lutete en 1889, ancien boy du missionnaire, il devint cathéchiste dans
son village natal. Son histoire extraordinaire commença le 18 mars 1921 (…). KIMBANGU
vit en songe un étranger qui lui apportait la Bible, lui dit demanda de se rendre dans le village
voisin où se trouvait un enfant malade afin de prier pour lui et de le guérir. Il s’exécuta le
lendemain, trouva effectivement un enfant malade et il pria pour lui. L’enfant fut guéri. Ce fut
le début de tout(…). Celui-ci meurt en 1951 à Elisathville.

7
I. NDAYWEL, op. cit. p. 421.
8
Idem.
19

Le MWANA-LESA (fils de Dieu) en provenance de la Rhodésie du Nord et qui a rayonné


particulièrement au Katanga.
En 1925, le mouvement rompit avec la clandestinité avec l’arrivée de Tome Nyrenda, alias
Muana Lesa. Ce personnage venait de la Rhodésie où il avait déjà créé une secte au sein de
Kitawala, porteuse d’idées fort radicales. Il s’agit de la secte des Baptiseurs. Ce « fils de
Dieu » n’a pu mener une longue carrière. A cause d’une cérémonie de baptême par immersion
totale qui provoqua la noyade d’un grand nombre d’adeptes, il fut déporté en Rhodésie du
Nord où il fut pendu en 1926. I. NDAYWEL (1998, p. 421),
Notons en conclusion que le rôle joué par les sectes messianiques et syncrétiques dans la prise
des consciences politiques mérite une attention spéciale.
Fondé sur un sentiment nationaliste aigu, ces sectes ont constitué une préfiguration de la prise
des consciences explicitement politiques. On a pu ainsi « s’attendre à trouver toute chose
restant égale par ailleurs, une corrélation entre la dispersion des sectes et le succès des partis
politiques nationalistes radicaux ».
Fondamentalement, l’élément monteur de ce mouvement fut une réaction à une situation
coloniale apparemment sans remède terrestre.
3. Les groupes pré-politiques : on peut classer les groupes qui précédèrent la naissance
des parties en quatre catégories :
VI. Les syndicats ;
VII. Les associations des anciens élèves ;
VIII. Les cercles des évolués ;
IX. Les associations tribales.
a) Les syndicats
Parmi les mouvements syndicaux retenus, le plus important et le plus reconnu est l’APIC
(Association du Personnel Indigène de la Colonie).
b) Les associations des anciens élèves, sous le patronage des missionnaires :
X. L’ADAPESC (Association Des Anciens élèves des Pères
SCHEUT) ;
XI. L’UNELMA (Union des Anciens élèves des Frères
MARISTE) ;
XII. L’ASSANETC (Association des Anciens Elèves des
Frères Chrétiens).
20

c) Les cercles d’évolués étaient organisés sous l’égide (la protection) de l’administration
coloniale, non seulement dans les grands centres, mais aussi dans les agglomérations
coloniales où l’élite autochtone pouvait discuter ses problèmes et exposer ses griefs et
tout cela sous le contrôle de l’administration représentée par un fonctionnaire Blanc.

d) Les associations tribales étaient les seules organisations entièrement africaines et


avaient pour but de trouver le moyen de s’adapter à la situation coloniale.
Ces associations jouaient également le rôle des sociétés mutuelles et permettaient aussi
l’expression de programme politique et le sentiment nationaliste.
Les anciennes associations tribales autorisées par la colonisation furent :
- La fédération Kasaïenne de Léopold ville fondée en 1916 ;
- La fédération Kwangolaise créée en 1926 ;
- L’ABAKO depuis 1950 par KASA VUBU et NZENZA-LUNDA ;
- L’association LULUA et frères en 1952.
4. les partis politiques
L’activité politique commence à prendre corps en 1958. Les principaux partis créés furent, le
MNC qui a vu le jour en octobre 1958 à Léopold ville ; le CEREA de KASHAMURA Anicet
fondé à BUKAVU ; PSA créé en décembre par Antoine GIZENGA. CONAKAT en octobre
pour devenir véritablement un parti politique qu’en juillet 1959.
Toutefois, à la fin de l’année 1959 seule, une poignée des partis politiques pouvait se
prétendre au titre des parties en vocation nationale puisqu’implantés dans toutes les régions du
pays. Au nombre de ces partis, nous avons le MNC et le PNP.
5. les émeutes et la violente dans les centres urbains
Ces mouvements de résistance diffèrent du premier à ce qu’il n’avait pas pour leader le Chef
coutumier et n’était pas opposé à la civilisation moderne. Il s’agissait du mouvement de masse
non organisé émanant des gens déjà imbriqués dans la vie moderne. Ils étaient anonymes et
n’avaient des objets définis plutôt que des révoltes soutenues ; c’étaient des explosions
éphémères.
Il eut bien quelques manifestations de ce germe avant 1940 mars. C’est surtout à partir de
cette date que se développèrent des centres urbains d’une certaine importance.
La première émeute grave eut lieu à la suite spontanée du personnel à l’Union minière en
décembre 1941. On fit appel à la troupe qui ouvrit le feu et fit au moins 60 victimes selon la
version officielle.
21

En 1944 (février) fut la mutinerie à LUABA contrairement à la révolte de TETELA de 1895-


1897, ceux-ci étaient des soldats réguliers professionnels et entraînés. Leurs griefs étaient
assez semblables à ceux des manœuvres dans les centres urbains. Il y avait eu toute une nuit
d’émeute et de mise à sac auquel la population participa activement.
En novembre 1944, la manifestation de dockers réprimée par l’armée qui avait fait, d’après la
version officielle 7 morts et 17 blessés à MATADI.
De toutes les événements qu’a connu la RDC, la plus importance est celle du 4 janvier 1959 à
l’occasion de l’interdiction de manifestation de l’ABAKO par l’administration coloniale et
plus précisément par le premier Bourgmestre de commune, à la personne de Monsieur
TORDEUR. Le soulèvement populaire qui s’en était suivi fut violemment réprimé dans un
bain de sang par les forces armées.
Il est dans assez normal que la date du 04 janvier ayant été érigée en une fête nationale en
souvenir des martyrs de l’indépendance.

II. 2. Les drapeaux et hymne national


La RDC a connu plusieurs sortes de drapeau, notamment :
- Celui du 1 août 1964 issu de la Constitution du Luluabourg (art. al. 2) qui stipule que
l’emblème de la République est le drapeau bleu ciel, orné d’une étoile jaune dans le
coin supérieur gauche et traversé en biais d’une bande rouge finement encadré de
jaune.
- Celui du 15 août 1974 de la révision de la Constitution du 24 juin 1964 (art. 4) :
l’emblème de la République est le drapeau vert clair, orné au centre d’un cercle jaune
dans lequel figure une main droite tenant un flambeau à la flamme rouge. La zaïroise
comme l’hymne national (art. 7).
NB : l’hymne national était la Congolaise (art. 1. Al. 7 de la constitution du 24 juin 1964).
- Conformément à la Constitution de la Transition du 5 avril 2003 (art. 1. Al. 2) :
l’emblème de la République est le drapeau bleu ciel frappé d’une grande étoile jaune
au centre et de six petites étoiles jaunes de dimension identique et rangée
longitudinalement du côté de la hampe. L’hymne national est ici le « Débout
Congolais ».
- La Constitution du 18 février 2006 adopte l’emblème du Luluabourg et l’hymne
modifié de la Transition de 2003.
22

III. 3. état des lieux de l’éducation à la citoyenneté en RDC


a) De la colonisation à la Première République
Ancienne colonie belge, la République Démocratique du Congo a accédé à la souveraineté
nationale et internationale le 30 juin 1960. Les lampions de la fête à peine éteints, le pays a
plongé dans le chaos des mutineries, rébellions, sécessions, guerres civiles et d'agressions
tragiques et ambigües qui se sont succédées à un rythme vertigineux. Cinquante deux ans
après l'indépendance, rien ou presque, n'a été fait pour créer dans l'esprit de tous les Congolais
une volonté partagée d'assumer leur destin. La tendance la plus constante est d'abandonner le
devenir de la Nation aux hasards de la charité internationale et de se morfondre indéfiniment
dans un attentisme dispersé.
Après les trois mille casques bleus de l'ONUC venus en 1960 pour nous aider à gérer nos
querelles intestines, la RD Congo se fait assister aujourd'hui, cinquante deux après par près de
vingt mille soldats de la paix de la MONUSCO, occupés à réduire notamment des
conflagrations fratricides dans les provinces du Kivu. Une variation qui apparaît à certains
comme proportionnelle à la régression de la conscience politique et citoyenne dans le pays.
La nouvelle citoyenneté proposée aux Congolais se fonde sur une ré visitation de diverses
approches conceptuelles de l'idée de citoyenneté observées dans l'histoire récente de notre
pays. En fonction des besoins du moment, des circonstances historiques et de leurs
convictions, les régimes politiques et les groupes d'influence qui se sont succédés en
République Démocratique du Congo ont initié diverses tentatives de mobilisation populaire
autours d'idéaux civiques.
Vers les années 1930 les aspirations de l’émancipation des Congolais avaient inspiré les
premiers balbutiements de la lutte de décolonisation. C'était l'éveil de la Citoyenneté par
rapport à la situation antérieure. Le Congolais bien que timidement avait l'ambition de se
libérer de la chape coloniale.
b) De la Deuxième République à la Troisième
L'autodétermination octroyée le 30 juin 1960 a fait émerger dans le pays le concept d'un
nouveau citoyen responsable, indépendant, libre et apte à se consacrer sans contrainte au
développement de son pays. L'Élan sera malheureusement brisé trois mois après à la suite du
coup d'Etat d'inspiration néocolonialiste 14 septembre 1960) qui neutralisa le premier
gouvernement démocratique du Congo avant que ne soit assassiné son chef, le Héros National
Patrice Emery Lumumba.
23

Le deuxième coup d'Etat militaire du 24 novembre 1965 a fait entrer le peuple Congolais dans
une ère d'autoritarisme avec un régime porteur d'un projet de citoyenneté caporalisés. Un
parti-Etat ayant estimé devoir mettre fin aux irrédentismes de l'après-indépendance par la
manière forte, au prix d'une floraison d'antivaleurs (autocratie, intolérance, tortures,
corruption, clientélisme ...).
L'avènement de l'AFDL trente deux ans après mettra en exergue une autre approche de la
citoyenneté résumée dans les concepts de la révolution - pardon et de l'auto-prise en charge
dont les premières initiatives de structuration par le deuxième Héros National, Mzée Laurent
Désiré Kabila, seront le Service national et les Comités du pouvoir populaire.
Insuffisamment intériorisées dans le tissu sociologique national, ces initiatives n'ont pas eu
l'impact réducteur escompté sur le processus de décadence des valeurs civiques et morales qui
s'est poursuivi crescendo. Les chances de développement de la RD Congo s'en trouveront
compromises pendant longtemps.
Certes, l'esclavagisme, l'exploitation coloniale, la décolonisation bâclée, le néo-colonialisme
et le système autocratique de gouvernement que le peuple congolais a eu à expérimenter
pendant plus d'un siècle n'ont pas été propices à l'éclosion d'une citoyenneté exemplaire en
son sein, loin s'en faut. La quête désordonnée et individuelle de niches d'autoprotection face
aux avatars de la vie quotidienne imparfaitement pris en charge par les pouvoirs publics a
cristallisé des attitudes et comportements de violence, de corruption, une culture du gain
facile, le tribalisme, l'égoïsme, la fraude et la Justice privée et sommaire.
Soucieux de se protéger, d'aucuns parmi les Congolais ont même prêté leur concours à de
funestes projets de déstabilisation de leur pays, les dysfonctionnements du tissu sociopolitique
ayant fini par créer des zones critiques dans lesquelles s'étaient engouffrés des mercantilistes
étrangers et des seigneurs de guerre avides d'un enrichissement rapide qui ont mis le territoire
national sous leur coupe réglée.
Des réformes démocratiques ont été initiées notamment par la Conférence nationale
souveraine du début des années 90. En dépit de ses, résultats mitigés, la Conférence nationale
a constitué une avancée significative dans l'enfantement d'une citoyenneté moderne, pleine et
responsable en RDC. Celle-ci sera concrétisée 16 ans plus tard avec l'adoption par référendum
de la Constitution du 18 février 2006 et les premières élections démocratiques après celles de
1960. Une série des pesanteurs continueront néanmoins à hypothéquer la gouvernance dans
notre pays. Il s'agit des injustices, des inégalités, de l'éventail des comportements antisociaux,
24

des interprétations erronées ou fantaisistes des textes de lois, de la prime à la guerre, des
incessantes chamailleries sur la légitimité du pouvoir, etc.
Le déficit de citoyenneté se manifeste par ailleurs à travers une extraversion encore trop
répandue de la pensée politique parmi les élites qui ont pris l'habitude de s'en remettre à "la
communauté internationale" pour résoudre le moindre problème.

c) Les problèmes spécifiques

1°. L’absence de la discipline de travail

Au moment où chaque société se mobilise à cultiver les vertus et à les hisser au sommet de
l’Etat et au cœur de chaque citoyen, le Congo a pris le chemin contraire.
Les sociétés de l’Asie du Sud-Est ont démontré qu’avec la discipline que l’on s’impose, on
peut arriver à briser les barrières du sous développement. Tous les maux observés aujourd’hui
sont la résultante de manque de discipline : l’absentéisme, attentisme, la loi de moindre,
l’irresponsabilité, l’impunité, la corruption, la mauvaise gestion.

2° Manque de sens d’honneur

C’est une vertu selon laquelle, l’homme est attaché au sentiment de la dignité morale, au
sentiment noble à une réputation. Rares sont les Congolais et Congolaises qui tiennent à
l’honneur. La misère aidant, tout le monde veut justifier l’entame à la citoyenneté à la
précarité de vie actuelle.
Selon WARREN BUFFET : « il faut vingt ans pour construire une réputation et cinq minute
pour la perdre ».

3° le sous développement économique

Le Congo est un pays très riche potentiellement. Mais malheureusement le développement de


ses potentialités n’a jamais pu être mis en profit.
La population est très pauvre ; les infrastructures sont presque inexistantes et le produit
intérieur brut par tête d’habitant ne correspond pas avec ses potentialités. Une faiblesse de
25

l’agriculture sur 230 millions ha, 80 Millions jugés propres à l’agriculture, 10 Millions sont
effectivement consacrés aux cultures et aux pâturages.
Un scandale géologique mais une industrie faible. Insuffisance même d’un investissement en
potentiel en hydro électrique immense ; bien qu’estimé à environ
100000 MW le Congo ne dispose que d’une puissance totale installée de 2470 MW soit
25% de MW de potentiel estimé.
Enfin, les crises économiques et sociales se remarquent (besoin alimentaire non couvert,
baisse de la production des recettes d’exportation, chômage, crises politiques, épidémies…).
Toutes ces justifications résultent des maux si dessus développés lesquels sont contradictoires
au développement des vertus nationalistes et patriotiques. Les vertus patriotiques, le sens
d’honneur, (le patriotisme et le nationalisme), les vertus patriotiques pouvaient relancer les
Congolais sur la voie d’une réforme politico- économique en profondeur.
26

CHAP. IV : LES DOMAINES D’INTERVENTION POUR UN DEVELOPPEMENT


ECONOMIQUE

IV. 1. Notions préliminaires


a) Le développement
Le concept développement est d’un emploi relativement récent. Il a fait son apparition après
l’expression sous-développement, employé au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale
pour caractériser l’état des pays où le niveau de vie faible était considéré comme anormal par
les dirigeants du tiers monde.

Après la Deuxième Guerre Mondiale, ce terme a fait du chemin et se retrouve dans le


discours de tous les hommes politiques ainsi que dans les nouveaux écrits.

Au début, le terme développement était d’abord limité à la réalité économique tels que
l’agriculture, le commerce, l’industrie, les échanges, bref, tous les aspects économiques. Il
s’agissait d’une conception du développement basée sur le critère de la quantification.

Mais aujourd’hui la portée de ce concept est élargie et diversifiée de manière à englober tous
les aspects de la condition humaine, à savoir la santé, l’éducation, l’habitat, la vie culturelle,
… C’est pourquoi le pape Paul VI déclara à son époque : « le développement ne se réduit pas
à la simple croissance économique, il doit être intégral, c’est-à-dire on voit tout l’homme ».

Le développement est un processus général d’expansion qui concerne tout le changement. Il


exige une transformation de la situation d’un pays sur tous les plans : économique, culturel,
intellectuel, social, politique, moral.
On ne peut parler du développement que dans l’aspect intégral de ce changement en référence
aux critères du développement dans le monde.
27

b) Le sous-développement

Ives LACOSTE a remarqué que le problème essentiel de notre époque et le plus chronique est
celui de sous-développement.
Depuis une 30eme d’années, l’atelier des observateurs scientifiques a fait remarquer le fossé le
plus large qui ne cesse de se creuser entre les pays riches et les pays pauvres du globe. Il a été
constaté les différences et la disparité parfois criante entre les pays du monde.
Les uns possèdent les infrastructures de base, la technologie et grâce à cela, ils pèsent sur les
autres politiquement, économiquement et culturellement. Les autres par contre, vivent dans un
état d’insuffisance quasi-totale. Donc deux mondes diamétralement opposés.
Selon PNUD, le Rapport mondial sur le développement humain 2005, que les 500 personnes
les plus riches du monde ont un revenu combiné plus important que celui des 416 millions les
plus pauvres et à côté de ces extrêmes, les 2,5 milliards d’individus vivant avec moins de 2
dollars par jour soit 40% de la population mondiale, représentent 5% du revenu mondial. Les
10% les plus riches vivent presque tous dans des pays à revenu élevé, compte pour 54%.
Ces inégalités ne font que s’agrandir d’années en années : mesuré aux extrêmes, le fossé entre
ces pays est immense et continue de s’élargir.
En 1990, l’Américain moyen était 38 fois plus riche que le Tanzanien. Aujourd’hui, il est 61
fois plus riche… Si les pays à haut revenu interrompaient leur croissance aujourd’hui et que
l’Amérique latine et l’Afrique subsaharienne poursuivaient leur rythme de croissance actuel,
l’Amérique latine devrait attendre jusqu’en 2177 et l’Afrique jusqu’en 2236 pour rattraper le
retard. Pour analyser le problème des pays développés et sous-développés, il est important de
partir de la définition du concept sous-développement.

D’après FREYSSINET, un pays est sous-développé, s’il ne parvient pas à satisfaire toute la
majorité de sa population pour les besoins fondamentaux de la vie humaine.
A cet effet, il existe des normes internationales admises pour déterminer le seuil acceptable
dans les domaines précités.

La notion du sous-développement peut comporter deux grandes conceptions : la première


considère le sous-développement comme une situation de certains pays ; la seconde comme
une étape dans un processus de développement.
28

Le sous-développement comme situation se définit par référence à l’état des pays


développés. Les pays sous-développés se caractérisent par une situation d’insuffisance par
rapport aux indicateurs de développement.
Exemple : L’idéal selon OMS est que, pour 100.000 habitants, 74 médecins, 339 infirmiers,
468 aides-soignants (1352/ médecins). Mais la RDC compte 9.090 hab. / méd., Libye 833,
Libéria, Ethiopie, Mozambique 30.000 par pays.

Le sous-développement comme étape peut être considéré comme une étape d’une société
dans un processus de son développement, c’est-à-dire pour se développer, une société est
obligée de passer d’un stade à un autre en suivant la progression linéaire.

C’est dans cet ordre d’idées que ROSTOW présente le développement comme le passage d’un
Etat considéré comme arriéré ou primitif à un autre état plus ou moins comparable à l’actuel
état de l’Amérique du Nord et la plupart du pays de l’Europe occidentale.
ROSTOW affirme que chaque société, dans son développement, doit passer par cinq étapes
suivantes :
- La société traditionnelle ou primitive ;
- Caractérisée par les conditions préalables au démarrage ;
- Caractérisée par le démarrage ;
- Caractérisée par la maturité ;
- Caractérisée par la consommation des masses.
c) Développement politique
Tout comme l’on parle du développement ou de modernisation économique, l’on parle de
développement ou de modernisation politique pour désigner le processus qui marque le
passage d’un système politique traditionnel à un système politique moderne.
En effet, le développement politique trouve son fondement dans la nécessité où se trouve le
système politique à répondre aux besoins économiques et sociaux.
Ces besoins peuvent être formulés à la suite de :
 Une menace extérieure : une puissance étrangère menaçant
l’indépendance politique et économique d’un Etat, l’oblige à se doter d’une arme ou
d’une organisation de la production ;
 la pression de la société interne peut ainsi conduire au
développement politique. Les demandes de bien-être, de la sécurité, de l’éducation,
29

etc. adressées par la société au système politique ne peuvent être satisfaits qu’au prix
d’un changement du système lui-même ou de ses méthodes de gestion ;
 les élites gouvernantes peuvent elles-mêmes prendre l’initiative
de développement politique.
Le système politique pour répondre à ces besoins nouveaux, doit accroître ses capacités,
développer ses fonctions de transformation, de maintien et d’adaptation. Ceux-ci ne peuvent
que se faire qu’au prix d’une différenciation structurelle plus poussée : il faut se doter d’une
administration moderne, des partis politiques, d’une organisation syndicale, d’un système
éducatif, de circuit économique et industriel, …
Mais s’en tenir aux structures seules ne suffit pas. Instituer des structures modernes sur une
culture traditionnelle non adaptée mène à l’échec : un effort de la sécularisation politique doit
être en gage.
L’ordre dans lequel les difficultés de développement sont abordées varie d’un pays à un autre.
On peut né moins dégager quatre problèmes majeurs qui conditionnent le développement
politique : l’édification de l’Etat, l’édification de la nation, la participation potiquet la
redistribution ou la répartition du revenu national.
D’où la solution de ces 4 défis est essentiellement liée, dans ses rapports avec
l’environnement, aux capacités de chaque système politique qui sont :
 La capacité régulatrice
Elle concerne le contrôle, la coordination des comportements des individus et du groupe.
Cette capacité de régulation peut s’exercer par l’imposition des normes par l’action
d’administration et tribunaux. Contrairement dans les systèmes libéraux, cette capacité peut
être forte dans le système totalitaire : l’ambition est de régler, de contrôler l’ensemble de la
vie sociale.
 La capacité extractive
Tout système politique doit pouvoir extraire de son environnement interne et externe, les
ressources nécessaires à son fonctionnement : moyens économiques, financiers, soutiens
politiques, etc.
 La capacité distributive
Elle concerne l’allocation, par le système des biens et services, des honoraires aux individus
et aux groupes sociaux.
 La capacité réactive ou réceptive
30

Par cette capacité, le système politique réagit aux impulsions de changement social,
spécialement aux changements qui lui sont présentés par les individus et les groupes.

IV. 2. Les domaines d’intervention pour le développement économique d’un pays

Pour assurer le développement économique, il faut nécessairement agir sur plusieurs


domaines « domaines d’avant-garde » c.à.d. les secteurs sur lesquels on doit consacrer des
efforts pour déclencher le processus d’un développement économique.
Il s’agit généralement de :
1. L’agriculture : l’agriculture fournit à la population et aux animaux domestiques une
alimentation de taille. Elle crée des emplois pour une partie de la population enquête du
travail. Les produits agricoles sont coulés sur le marché local ou extérieur et génèrent les
capitaux monétaires locaux et des devises nécessaires au développement du pays.

2. L’élevage : il s’agit de l’élevage des animaux de basse-cour, de petit bétail, de gros bétail
et de la pisciculture.

3. La pêche : elle se pratique dans des cours d’eau, des lacs, des fleuves, dans des océans et
de la mer.

4. La chasse : elle se pratique couramment dans la forêt, la savane (boiseuse, herbeuse) et


dans les autres paysages.

5. L’exploitation forestière : la forêt est un domaine où on exploite plusieurs sortes de bois


destinés à la menuiserie et à la construction du bâtiment.

6. L’artisanat : l’artisanat est l’ensemble d’activités de transformation des matières


premières, en produits finis sans passer par une organisation technique complexe

7. L’industrie : elle est une forme moderne de transformation des matières premières en
produits finis destinés, soit à la consommation courante, soit au commerce extérieur.
31

8. Les mines : les ressources minières d’un pays constituent un support de taille dans le
développement économique. Le secteur minier est jusque-là considère comme le secteur
moteur de l’économie congolaise.

9. L’énergie : c’est la force qui permet à toute machine de tourner et d’effectuer un travail
produit.

10. Les voies de transport et de communication : sans voie de transport, est comme un
homme sans vaisseau sanguin.

11. Le commerce : Il constitue une force économique du capital.


Tout pays qui tient à son développement économique doit s’engager aux échanges
internationaux des biens et des services.

12. les unités de production : les unités de production sont de plusieurs natures, à savoir
les entreprises agricoles, industrielles, commerciales, financières, et des services.

13. Tourisme : le tourisme est un ensemble des activités se rapportant au voyage effectué par
des personnes provenant surtout des pays étrangers.

14. Coopération économique internationale : dans tous les cas, il existe aujourd’hui aucun
pays qui puisse vivre, décoller, se moderniser ou se développer sans compter avec l’aide
extérieure

14. La structure mentale : pour amener une population dans un état d’opérer le changement,
il faut une révolution de conscience orientée vers l’amour du développement économique et
social.
C’est dans cette optique, le régime en place insiste sur l’initiation à la nouvelle citoyenneté.
32

CHAPITRE V : PERSPECTIVES POUR UNE CITOYENNE RESPONSABLE EN


RDC
V.1. Piliers de la démocratie
Qui dit alors éducation à la citoyenneté dit éducation à la démocratie. D’où, l’importance
d’avoir en passant quelques piliers de la démocratie
1. la souveraineté du pouvoir : le peuple est au dessus de tout et il lui revient le droit de
se décider sur son avenir ;
2. le gouvernement reposant sur le consentement des gouvernés cela revient à dire que le
gouvernement doit être élu librement par le peuple ou consenti par le peuple dans sa
majorité ;
3. la règle de majorité ce principe voudrait que les décisions de la majorité soient
respectées ;
4. la reconnaissance des droits de la majorité. Dans le système démocratique, on doit
prévoir des gardes-fours pour éviter l’écrasement de la majorité ;
5. les garanties des droits de la personne humaine. Garantir les droits inaliénables et la
liberté fondamentale de la personne humaine ;
6. les élections régulières, libres et justes . Elles permettent de préserver au peuple son
droit à la participation politique dans la gestion de la « respublica » ;
7. l’alternance au pouvoir. Ici, on accepte de passer du rôle de celui qui commande à
celui qui est commandé ;
8. les stricts respects des procédures, légales et régulières. Elle permet d’éviter à ceux qui
gèrent l’appareil judicaire ou à ceux qui administrent la justice de se livrer au nom de
l’Etat, à une justice sélective à des abus et actes tyraniques au cours de leurs
prestations ;
9. les limites imposées aux gouvernants par la constitution. Elles permettent d’éviter la
confiscation de la souveraineté du peuple et l’exercice abusive du pouvoir par les
gouvernants ;
10. le pluralisme social, politique et économique. Ce mécanisme facilite l’effectivité des
libertés fondamentales, à savoir : liberté d’expression, d’association, de réunion, de
culte, libre marché, etc. ;
33

11. les valeurs de tolérance et de pragmatisme. Dans un contexte démocratique, on n’est


des ennemis en politique mais, on peut être des adversaires politiques ;
12. la séparation des trois pouvoirs traditionnels de l’Etat : l’Exécutif, lEgislatif et
Judiciaire.
V.2. Des valeurs de référence de l’agent public de l’Etat 9
Selon l’art. 9 du code de conduite des agents, l'agent public de l'État doit :
1 ° se comporter, tant dans sa vie publique que privée, de manière à préserver et à renforcer la
confiance du public envers l'État et à améliorer son image de marque;
2° s'abstenir de tout acte d'improbité et immoral susceptible de compromettre l'honneur et la
dignité de ses fonctions, notamment l'ivrognerie, le vagabondage sexuel, l'escroquerie, le vol,
le mensonge, la corruption, la concussion;
3° s'acquitter de ses devoirs dans le respect strict des lois et règlements, des instructions et des
règles déontologiques relatives à ses fonctions;
4° éviter, dans l'exercice de ses fonctions, de faire obstruction à la mise en œuvre des
politiques, des décisions ou des actions des pouvoirs publics;
5° procéder, à son entrée en fonction, annuellement, durant l'exercice et au terme de sa
carrière ou de son mandat, à la déclaration de ses avoirs et dettes personnels et de ceux de sa
famille immédiate auprès de l'organe compétent de l'observatoire du Code d'éthique
professionnelle ; par famille immédiate, on entend le ménage tel que défini par l'article 443 du
Code de la famille;
6° déclarer son affiliation à des organisations ou à des associations extraprofessionnelles de
son choix.
S’agissant de l’art. 15, il est stipulé que, dans l'exercice de ses fonctions, l'agent public de
l'État doit éviter de faire usage abusif des ressources publiques tant matérielles que
financières.
Il ne peut utiliser les biens publics pour des fins personnelles que s'il obtient une autorisation
légale écrite.
Art. 19. - L'agent public de l'État est tenu à la courtoisie dans son langage, ses écrits et tous
ses actes.
Il doit faire preuve de sincérité, d'honorabilité, de civilité et de bonne tenue.

9
DÉCRET-LOI 017-2002 du 3 octobre 2002 Portant Code de Bonne Conduite de l'Agent Public
de l'État.
34

Il doit s'abstenir des menaces, injures, intimidations, harcèlement sexuel ou moral et d'autres
formes de violence.
Quant à l’art. 20 : l'agent public de l'État doit faire preuve d'une grande disponibilité vis-à-vis
de sa hiérarchie et du public.

V.3. Initiation à la nouvelle citoyenneté10


Dans son discours de la présentation du programme (2012-2016), le chef du Gouvernement a
déploré la déliquescence de la citoyenneté qui a atteint des proportions inquiétantes. Face à
cette crise des valeurs, il devenait donc impérieux que la Nation décide, de façon active,
d’arrêter cette déchéance en se lançant dans une phase non seulement de reconstruction
économique, mais aussi de formatage d’un nouveau type d’homme.
Cette formation consistera d’abord à réconcilier l’Etat et la société, l’Etat et ses ressortissants.
Il s’agira de sensibiliser et faire prendre conscience aux ressortissants que l’Etat est leur
instrument, un moyen au service de leur développement.
Cette formation passera d’une part, par l’introduction, dans les programmes scolaires
courants, des modules de formation qui mettent en exergue les valeurs républicaines et
morales, ainsi que les cours du civisme et d’autre part, par l’obligation faite à tout jeune de
18 ans pendant une période à convenir, en vue de réarmer sa conscience patriotique et de lui
inculquer le sens de l’intérêt général, le respect des biens collectifs, la loyauté à la nation, le
sens de responsabilité et du devoir, et bien d’autres valeurs républicaines et citoyennes.
A cet effet, les stratégies et actions ci-après seront mises en œuvre :
- Former et/ou éduquer les citoyens congolais, surtout les jeunes, au respect des valeurs
républicaines et morales que sont la rigueur, l’honnêteté, la compétence, la
conscience nationale, le respect de l’intérêt public, la loyauté à la nation, le sacrifice
pour la patrie et le sens de responsabilité, du devoir ;
- Promouvoir dans les médias la valorisation de la citoyenneté ;
- Optimiser la participation citoyenne au processus de prise de décision et à
l’élaboration des politiques publiques, ainsi que du civisme ;
- Instituer un service public obligatoire pour les jeunes à partir de 18 ans, en vue
d’armer leur conscience patriotique à travers une participation active à l’encadrement,
à la formation et à l’animation des structures de développement communautaire.

10
Programme d’action du Gouvernement de la RDC, exercice 2012-2016, mai 2012, pp 53-54.
35

V. 4. Les partenaires/cibles
Les principaux partenaires et cibles de cette action sont,
- Les Médias : Relais des différents thèmes des campagnes d'Initiation à la Nouvelle
Citoyenneté.
- L'Armée : Renforcement de l'engagement citoyen des militaires et de la solidarité
entre les FARDC et la population civile congolaise (Ministère de la DNAC).
- La Police : Accroître son utilité sociale et subséquemment la confiance des citoyens à
son égard (Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité).
- L'Administration territoriale et la chefferie coutumière : Amener à recentrer leur
action sur les intérêts communautaires (Ministère de l'Intérieur).
- Les confessions religieuses, services auxiliaires de la Justice, prisonniers, jeunes
délinquants pour des programmes efficients de resocialisation des déviants (Ministère
de la Justice).
- Les élèves/ étudiants/ enseignants/ professeurs : L'uniformisation de l'éducation à la
citoyenneté et intégration du service public obligatoire dans le cursus scolaire/
académique (Ministères EPSP-ESURS).
- Les paysans et agriculteurs : Eveil de conscience patriotique et sensibilisation à l'auto
prise en charge (Ministère de l'Agriculture et Développement Rural).
- Les syndicats des Conciliation des revendications corporatistes avec les Intérêts
Nationaux bien compris (Ministère de l'Emploi, Organisations syndicales).
- Les ONG citoyennes : Participation aux activités de promotion des valeurs citoyennes
et lutte contre l'incivisme et l'antipatriotisme.
- Les acteurs économiques : Promouvoir le patriotisme économique (Ministère de
l'Economie, FEC).
- Les PME et acteurs de l'informel : Promouvoir le travail et l'insertion dans le formel
(Ministère des PME).
- Les jeunes organisés et désœuvrés : Mise en œuvre du service obligatoire (Ministère
de la Jeunesse).
- Les fonctionnaires : Vulgarisation du code de conduite de l'agent de l'Etat et sanctions
positives des actes de citoyenneté (Ministère de la Fonction Publique, Syndicats des
fonctionnaires).
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CONCLUSION
Le Congolais se doit de cultiver et fortifier le lien affectif qui existe entre lui et sa patrie. Il
doit être prêt à défendre les intérêts nationaux en toutes circonstances, s'acquitter sans hésiter
de toutes ses obligations civiques et s'engager volontairement dans des initiatives en faveur du
37

bien-être collectif. Mais également, contrôler la gestion de la « res publica » afin de


contrecarrer les abus du pouvoir de la part des gouvernants.
L'incivisme et le déficit de patriotisme ont malgré tout pris de telles proportions qu'il paraît
indispensable de mobiliser les ressources humaines et logistiques de l'Etat à cette fin.
D’où, les objectifs assignés à ce cours, puisqu’il a été prouvé au cours de l'histoire qu'une
ferme volonté clairement partagée par les filles et tous les fils d'une nation pour sauvegarder
leur unité constitue en elle-même une dissuasion de toutes les velléités subversives d'où
qu'elles proviennent.
A la lumière de ce qui précède, certes la question de l’éducation à la citoyenneté constitue la
clé de voûte pour toute transformation qualitative des citoyens au sens du patriotisme, mais
l’effort doit être fourni par les gouvernants pour améliorer les conditions de vie des
compatriotes car l’insuffisance de volonté politique à y remédier est une des pesanteurs de
taille qui démobilise ceux-ci à s’acquitter comme il se doit de leurs obligations civiques.

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