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CIVILISATIONS &

CULTURES
Enseignant : M. Ahmed MADI

Semestre 1
Année universitaire 2022/2023
École Nationale de Commerce et de Gestion – Dakhla S1- Année universitaire : 2022-2023

Synopsis

Masse horaire : 20 heures


Objectifs du cours :

• Construire une vision holistique des civilisations/cultures les plus marquantes


dans l’histoire de l’humanité,
• Réintégrer l’économie au sein du contexte civilisationnel d’un pays.
• Estimer que l’économie d’un pays ne peut pas être comprise hors du contexte de
son histoire et de sa culture,
• Avoir des concepts et contextes qui vont mieux situer l’étudiant face à des
thématiques, telles que : commerce international, management mnterculturel,
communication interculturelle, comportement du consommateur, marketing
international, …

Plan du cours :

Première partie

• Introduction
• Définition des concepts :
ü C’est quoi une civilisation ?
ü C’est quoi une culture ?
ü Les quatre périodes historiques majeures.

Deuxième partie

• Les premiers États.


Troisième partie

• Civilisations et cultures :
ü Civilisation et culture chinoise,
ü Civilisation et culture arabo – musulmane,
ü Civilisation et culture occidentale.
Quatrième partie

• Les questions relatives aux civilisations et cultures au 21ème siècle.

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I. INTRODUCTION
Plusieurs sciences, telles que l’anthropologie1, l’ethnologie2, la sociologie3, l’archéologie4
et bien d’autres ; ont essayé d’appréhender non seulement le passé mais l’histoire des
civilisations et cultures, l’histoire du document, l’apparition des premiers Hommes jusqu’à la
période contemporaine, mais également la connexion entre les espaces : notamment les espaces
maritimes, la notion de réseau, la notion d’échange … depuis la première présence humaine à
l’Afrique jusqu’à l’espace mondialisé et globalisé actuel.
Un étudiant ou généralement un chercheur dans une école de commerce et de gestion tire
parti de l’étude des cultures et des civilisations : il construit une vision holistique de la
civilisation/culture d’un pays. Il étudie ainsi son économie en ayant une approche
civilisationnelle : il réintègre l’économie au sein du contexte plus large de la politique et de
l’histoire d’un pays. Il faut estimer que l’économie d’un pays ne peut pas être comprise hors de
son contexte et que les politiques économiques ont besoin d’être reliées à l’histoire et la culture
d’un pays.
Pour qu’une recherche sur une culture ou une civilisation soit objective et raffinée le plus
possible qu’il soit, le chercheur ne peut se permettre de baser un raisonnement sur une unique
source qui pourrait être erronée. Il doit donc s’informer auprès des multitude de sources de
différentes natures : témoignages écrits, témoignages oraux, numismatique5, peinture
photographie, architecture...
Cet ensemble de documents constitue un ensemble de références qui permettra au chercheur
de voir les points communs et les divergences dans les sources et les raisons de ces divergences
(exemple : pourquoi il y’a une divergence sur certaines dates clés).

1
L'anthropologie est une science, située entre les sciences humaines et naturelles, qui étudie l'être humain et
sous tous les aspects, à la fois physiques et culturels.
2
L'ethnologie est une science qui relève de l'anthropologie et est connexe à la sociologie. Son objet est l'étude
comparative et explicative de l'ensemble des caractères sociaux et culturels.
3
La sociologie est une discipline des sciences sociales qui a pour objectif de rechercher des explications et
des compréhensions typiquement sociales à des phénomènes observables.
4
L'archéologie est une discipline scientifique dont l'objectif est d'étudier l'Homme depuis la Préhistoire jusqu’à
l'époque contemporaine , principalement grâce à l'ensemble des vestiges matériels ayant subsisté.
5
La numismatique est l’étude des pièces de monnaie.

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PREMIÈRE
PARTIE

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II. DÉFINITION DES CONCEPTS

Comme étant spectateur d’une pièce théâtrale, nous avons besoin d’une maitrise de la langue
pour comprendre mais nous avons besoin d’une sensibilité par rapport aux interférences
culturelles et à la charge culturelle qui existe dans cette œuvre et qui est véhiculée grâce à la
langue.
Nous avons besoin donc de clarifier certains concepts liés à la culture, à l’identité, à l’altérité
et à l’interculturalité car la diversité, qu’elle concerne les groupes ou les individus, est une
caractéristique inhérente à toute société.
On peut dire que la culture est un ensemble de normes et de valeurs incorporées par des
individus au fur et à mesure qui se développe avec leur appartenance à un groupe relativement
cohérent et durable.
L’approche des problèmes interculturels découle de l’étude d’individus ou de groupes
lorsqu’ils connaissent un changement de contexte culturel ou qu’ils sont confrontés à deux ou
plusieurs univers culturels. Le champ de l’interculturalité pose la question du dialogue des
cultures des civilisations par la même occasion celle des rapports que doivent entretenir les
groupes humains. L’interculturalité représente une chance et une richesse lorsqu’elle est vécue
comme une amorce de dialogue, d’échanges entre les différentes communautés.

1. La civilisation
Bien que d’apparence commune, le mot «civilisation» n’a que trois siècles d’existence. Il est
issu du latin « civis », c’est-à-dire citoyen, et de « civitas », qui désigne la cité, autrement dit
l’ensemble des citoyens.
Né au XVIII siècle, le terme civilisation est apparu pour la première fois dans un texte de
Mirabeau. On le repère en 1758 dans l’ouvrage « L’Ami des Hommes », Mirabeau 6 : «C’est la
religion le premier ressort de la civilisation», c’est-à-dire qui rend les hommes plus aptes à
vivre ensemble. Il a ainsi désigné par civilisation l’état d’un peuple qui a quitté sa condition
primitive, qui s’est éloigné de l’état animal et sauvage par un processus moral, intellectuel et
industriel, lui permettant de sortir de la barbarie et de s’améliorer et en tant que tel, il est chargé
de connotations positives et valorisantes.
On le retrouve, aussi, en 1770 dans « L’Histoire des Deux Indes »7, un ouvrage majeur du
siècle des Lumières : « La civilisation d’un empire est un ouvrage long et difficile ». Dans cet
ouvrage, le mot «civilisation» exprime le processus qui permet aux hommes de s’élever au-
dessus de l’état de nature en développant des villes, c’est-à-dire l’urbanisation.

6
Victor Riquetti de Mirabeau, 1715- 1789, économiste et philosophe français, père de Gabriel de Mirabeau,
l'une des grandes figures de la Révolution française.
7
L’Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes,
plus connue sous le nom d’Histoire des deux Indes, est une encyclopédie sur le commerce européen
en Extrême-Orient, publiée sans nom d’auteur à Amsterdam en 1770.

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En 1789, à la fin de la Révolution, le mot civilisation a les honneurs du dictionnaire de


l’Académie française avec la définition suivante : «Action de civiliser, ou état de ce qui est
civilisé»…
Selon le dictionnaire français Larousse c’est :
• Action de civiliser un pays, un peuple, de perfectionner les conditions matérielles et
culturelles dans lesquelles vit un peuple.
• État de développement économique, social, politique, culturel auquel sont parvenues
certaines sociétés et qui est considéré comme un idéal à atteindre par les autres.
• Ensemble des caractères propres à la vie intellectuelle, artistique, morale, sociale et
matérielle d’un pays ou d’une société.
L’Oxford English Dictionary définit la « civilisation » comme :
• Plus habituellement, la condition ou l’état civilisé ; état évolué ou avancé de la société
humaine ; étape particulière ou type particulier de cela.
De manière plus générale on peut considérer que la civilisation est l’ensemble des
phénomènes sociaux, religieux, intellectuels, artistiques, scientifiques et techniques
propres à un peuple et transmis par l’éducation. « Dictionnaire hachette encyclopédique,
1994, 373 »

2. La culture
On doit se rappeler que la culture est un ensemble de normes et de valeurs incorporées par
des individus au fur et à mesure qui se développe avec leur appartenance à un groupe
relativement cohérent et durable.
Son sens est très proche de celui de civilisation.
Il y’a une pluralité de définitions : En 1952, l’anthropologues Kroeber8 a rédigé une liste de
plus de 150 définitions différentes du mot culture dans son livre Culture : « a critical review
of concepts and definitions ».
Point de vue anthropologique toujours, la culture est la manière structurée de penser, de
sentir et de réagir d’un groupe humain, surtout acquise et transmise par des symboles, et qui
représente son identité spécifique, elle inclut les objets concrets produits par le groupe.
Ça veut dire que la culture est notre manière de penser de sentir et de comprendre le monde
qui nous entoure et que cette manière que chacun a de façon singulière est influencée par notre
éducation d’où on il faut mettre le point sur l’élément « acquisition d’une culture ».
Ainsi, les définitions données par Larousse sont :
• Ensemble des phénomènes matériels et idéologiques qui caractérisent un groupe
ethnique ou une nation, une civilisation, par opposition à un autre groupe ou à une autre
nation : Exemple la culture occidentale.

8
Alfred Louis Kroeber, 1876-1960, anthropologue Américain de la première partie du XXème siècles.

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• Dans un groupe social, ensemble de signes caractéristiques du comportement de


quelqu’un (langage, gestes, vêtements, etc.) qui le différencient de quelqu’un
appartenant à une autre couche sociale que lui : culture bourgeoise, ouvrière…
D’après les sciences de Management ; Kotler 9 adopte la définition suivante :
« La culture est un ensemble de connaissances, de croyances, de normes, de valeurs et
de traditions acquises par l’homme en tant que membre de telle ou telle société ».
Selon Kotler, « Elle détermine de manière fondamentale les désirs et les comportements des
individus. L’enfant, dès sa naissance, assimile un ensemble de valeurs, de perceptions, de
préférences et de comportements, transmis par sa famille et par différents groupes et
institutions tels que l’école. Il les garde toute sa vie et les transmet à ses propres enfants »
Affirme-t-il.
Il aussi évoqué la question de la diversité au sein d’une culture en la nommant ainsi les sous-
cultures, en expliquant ce qui suit : « il existe au sein de toute société, un certain nombre de
groupes culturels, ou sous-cultures, qui influencent les modèles de comportement : les groupes
géographiques originaires d’une même région, ceux fondés sur une même origine nationale, et
ceux rassemblés autour d’une même ethnie et d’une même religion ».
Il continue d’avancer que pour les populations immigrées, le processus d’acculturation
dépend de la distance culturelle entre la culture d’origine et la culture d’accueil. Il peut être
influencé par le métissage des cultures, et plus précisément par des variables telles que la
nostalgie.
Rien dans l’état actuel de la science, ne permet d’affirmer la supériorité ou l’infériorité
intellectuelle d’une race (dans un sens biologique) par rapport à l’autre.
Lévi-Strauss10 a fait une étude dont l’objet est la contribution des races humaines (en tant
que groupes ayant produit certaines cultures dans certains contextes) à la civilisation c.à.d. à
l’aspect international des diverses cultures.
Après avoir constaté que la diversité des cultures n’est pas dépendante de la diversité raciale
et que d’ailleurs il y a plus de cultures que de races, il se demande, d’une part, si cette diversité
culturelle constitue un avantage ou un inconvénient pour l’humanité et, d’autre part, comment
expliquer l’avance de la civilisation blanche si elle n’est pas due à la race ?!
Il faut aussi noter que chaque culture est dessinée par un contexte géographique, social,
historique, particulier (le cas des cultures nord-américaines et sud-américaines qui, en tant
qu’ensemble, furent coupées du reste du monde pendant 10 000 à 25 000 années).
Enfin, on peut dire que la culture est une notion large. Elle renvoie aux 3 domaines suivants :
• Le monde spirituel : la religion, la philosophie, les sciences techniques, les beaux-arts,
etc..

9
Philip Kotler, 1931, professeur de stratégie marketing et de marketing international à la Kellogg School of
Management de l’université Northwestern.
10
Claude Lévi-Strauss, 1908-2009, anthropologue et ethnologue français qui a exercé une influence majeure à
l'échelle internationale sur les sciences humaines et sociales dans la seconde moitié du XXe siècle.

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• Le domaine de la vie sociale : la famille, les amis, la société, l’Etat, le monde ainsi que
les organisations sociales, le régime politique, les relations économiques, la morale, les
mœurs, …
• Le domaine de la vie matérielle : la nourriture, le logement, l’habillement,…
Ainsi, le concept « culture » unifie deux niveaux de la structure sociale globale :
l’infrastructure matérielle et la superstructure idéologique.

3. Les quatre périodes historiques majeures

Afin d’étudier une civilisation ou une culture, l’approche historique semble indispensable
parce que l’histoire est une discipline qui fait du temps son principal outil et qui permet de
comprendre les processus du passé et comment ceux-ci expliquent le présent.
Pour ce qui est de la chronologie ; le repère unique pour situer les faits et le compte des
années est l’ère commune, elle a été imposée par l’église au Moyen Âge, à partir de la date
supposée de la naissance de Jésus-Christ. Cet usage s’est généralisé et a été adopté par toute la
population du monde comme référence commune (sauf pour quelques cas extrêmes comme la
Corée du Nord), les événements d’avant J.-C. sont comptés à rebours jusqu’à cette date,
sachant que dans ce système il n’existe pas d’année zéro (on passe de -1 à l’an 1 après J.-C.).
Pour tenter d’ordonner les civilisations et cultures qu’a connues l’humanité, depuis leurs
commencement jusqu’à aujourd’hui, il est d’usage de les redécouper en périodes historiques
recouvrant plusieurs siècles. Ainsi, on considère les civilisations et cultures selon quatre
périodes historiques majeures :
• L’antiquité, qui commence avec l’invention de l’écriture11 vers 3400 av. J.-C. et donc
des premières sources écrites pouvant être exploitées, et se termine avec la chute de
l’empire romain d’Occident en 476 après J.-C. Cette époque voit l’établissement des
premiers États.
• Le Moyen Âge est une période qui succède à la chute de Rome, en 476 après J.-C.
jusqu’à 1453 ou 1492. Cette période est marquée par la mise en place d’une nouvelle
société en Europe, la société féodale, et connait des dynamiques très différentes de celles
de l’Antiquité.
Les deux dates, 1453 et 1492, sont disputées par les historiens pour marquer la fin du
Moyen Âge et le début de l’époque moderne :
ü 1453 : fin de la guerre de 100 ans et chute d’un empire Byzantin à la suite de
la prise de Constantinople par les Turcs.
ü 1492 : fin de l’existence musulmane en Espagne avec la prise de Grenade et
découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.

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À noter que la préhistoire, époque de la naissance de l’humanité jusqu’à la création de l’écriture n’est pas
considéré comme une période historique.

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• L’époque moderne succède au Moyen Âge, ses contemporains se considèrent en


rupture historique avec les générations qui les ont précédés. Cette période est marquée
par un renouveau de la pensée humaine et la redécouverte des savoirs de l’Antiquité. Si
sa date de commencement est contestée (1453 ou 1492), Il est communément admis
qu’elle se termine par l’année 1789, date de la révolution française.
• L’époque contemporaine marque la dernière période historique, elle commence avec
la révolution française et est encore en cours : nous vivons donc dans cette époque
contemporaine. La révolution française opère une rupture historique avec la société de
l’époque moderne, elle bouleverse tous les champs de savoir et permet de livrer au reste
du monde une nouvelle vision sur les modèles de sociétés dans lesquelles nous vivons
actuellement.
Il faut bien dire que chaque pays a sa définition des dates de rupture et les découpages des
périodes historiques, ceux-ci correspondent à une manière de se projeter dans l’histoire et
nullement un consensus universel, seulement que dans notre cas ; nous adopterons le découpage
cité en haut tant que notre État, qui est en pleine modernisation, s’inspire du modèle occidental
(plus particulièrement le modèle français) et vu que l’espace méditerranéen, sur lequel nous
nous situons, est un espace qui a connecté et continue à connecter plusieurs civilisations et sans
oublier que nous avons une histoire commune avec l’Europe occidentale (spécifiquement
pendant l’époque de l’Andalousie).

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DEUXIÈME
PARTIE

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III. LES PREMIERS ÉTATS


Après avoir étaient des chasseurs contraints de se déplacer, les hommes ont commencé à
sédentariser12 et à pratiquer l’agriculture aux alentours de 10 000 ans avant notre ère. Cette
transition est appelée la révolution néolithique..
Cette révolution a favorisé l’organisation des groupes d’hommes de plus en plus complexe.
Ceux-ci sont de plus en plus nombreux à vivre ensemble et doivent s’organiser en conséquence.
Les villages deviennent des villes, les chefs de villages deviennent des rois. Comment sont nés
les premières États ? Comment sont-ils organisés ?
1. La création des premiers États
Les débuts de l’agriculture qui ont eu lieu dans le Croissant fertile13 (l’espace qui s’étale de
l’Égypte à la Mésopotamie et qui a connu l’émergence de la puissante cités-États Ur en
Mésopotamie et de la grande civilisation pharaonique en Égypte), ont permis aux hommes de
ne plus avoir à se déplacer constamment pour trouver leur nourriture ils deviennent donc
sédentaire ils peuvent construire un habitat fixe. Comme vivre ensemble présente des avantages
comme la sécurité par exemple, les hommes se regroupent et les villages grossissent. Ils
choisissent alors des chefs qui sont chargés d’arbitrer les conflits et de prendre des décisions
pour tout le groupe. Le pouvoir des rois s’étend sur des territoires Plus ou moins grand et le
terme d’État désigne le territoire où s’exerce le pouvoir d’un chef.
En Mésopotamie, on trouve les cités-États. Ce sont des États de petites tailles, souvent
constitués d’une ville principale et des campagnes alentour.

Figure 1

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Sédentaire : personne qui a un habitat fixe. C’est le contraire d’un nomade.
13
le Croissant fertile : voir figure 1

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2. L’organisation sociale

Lorsque les hommes se regroupent, des groupes spécialisés apparaissent car il n’est plus
nécessaire de savoir tout faire. À cette époque, les groupes sont déterminées par le métier. Dans
les États, on trouve presque toujours les mêmes groupes comme il est démontré dans la figure2.

Il y a le dirigeant (le roi) aidé par les scribes14, des prêtres et des soldats, ensuite dans les
villes des artisans et marchands et dans les campagnes les paysans et enfin dans la plupart des
cas des esclaves.

Figure 2

3. Les lois

Lorsque les hommes se regroupent dans des États, il devient nécessaire de fixer des règles
communes. Le plus ancien texte de droit complet qu’on a retrouvé est le code d’Hammourabi,
rédigé pendant la première moitié du XVIIIe siècle avant notre ère.

Ces règles qui sont fixées par Hammourabi, roi de Babylone entre 1794 et 1750 avant notre
ère, étaient gravées sur des grandes stèles. Ces stèles étaient disposées un peu partout sur le
territoire de l’État pour que tout le monde, à condition de savoir lire, soit au courant des lois.
Ce code compte 282 articles très variés.

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Scribe : personne travaillant pour l’État et sachant lire et écrire.

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Les hommes partagent le droit mais aussi leurs croyances. Les habitants des premières États
sont très attachés à la religion. Ils sont polythéistes, c’est-à-dire qu’il croit en existence de
plusieurs dieux auxquels on doit rendre hommage pour qu’ils protègent les hommes et les
territoires.

Enfin il faut dire que la sédentarisation et l’augmentation de la population des villages puis
des villes incitent les rois à prévoir des aménagements urbains de plus en plus imposants. Les
villages grandissent et deviennent des véritables villes qui peuvent compter plusieurs milliers
d’habitants. La surface urbaine augmente, l’architecture et les bâtiments se développent.

4. Les premières écritures

Pour les historiens, l’apparition de l’écriture marque le début de l’histoire. En effet, pour la
première fois, les hommes tentent de garder une trace écrite de certains éléments en les
inscrivant sur un support, ce qui leur permet de ne pas se fier uniquement à la mémoire.

L’écriture est né en même temps que les premières villes. Les hommes trouve des méthodes
pour garder leurs biens et transactions en mémoire. Ils commencent alors à inscrire des signes
sur des tablettes d’argile qu’ils peuvent conserver.

En Mésopotamie :
On estime que les premières écritures apparaissent aux alentours de 3500-3300 avant notre
ère. Ils apparaissent dans le croissant fertile, plus précisément en Mésopotamie, à proximité du
golfe persique. On a trouvé des traces de ces premiers écrits dans les cités d’Uruk et Ur (voir la
figure 1). Ainsi, les premières écritures sont de simples pictogrammes15 (voir figure 3). Nous
utilisons encore aujourd’hui des pictogrammes : panneaux de signalisation du code de la route,
les émoticônes…

Figure 3

15
Pictogramme : un dessin qui représente une chose ou un objet concret. Par exemple, une vache dessinée
signifie « vache ».

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Après, on a combiné des pictogrammes pour former des idéogrammes afin exprimer une
idée complexe ou abstraite ; par exemple : on pourra dessiner une bouche barrée pour indiquer
un secret.

Enfin, on a inventé les phonogrammes qui sont des signes qui représentent des sons.

En Égypte :
La hiéroglyphe est une écriture formée de dessin précis utilisé dans l’Égypte antique, elle
combine plusieurs systèmes. On retrouve en effet des pictogrammes des idéogrammes et des
phonogrammes.

En quête de gloire militaire, Napoléon a monté une expédition en Égypte entre 1798 et 1801.
Lors de cette campagne, une pierre trouvée à Rosette par lieutenant Bouchard en 1799 porte
des transcriptions antiques : les hiéroglyphes.

Champollion (égyptologue)16 a réussi en 1821 à déchiffrer par exemple le nom de Cléopâtre


et en 1826 il a rédigé une grammaire et un dictionnaire concernant la langue égyptienne antique.

Figure 4

16
Égyptologue est un spécialiste de l’Égypte antique.

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Les premiers alphabets :


Avant l’apparition des premiers vrais alphabets, les hommes font des tentatives pour noter
les informations de façon phonétique en essayant d’utiliser des signes.

Le premier alphabet vraiment abouti et celui des Phéniciens : Il est composé de 22


consonnes. La plus ancienne inscription retrouvée avec un alphabet est une inscription sur le
sarcophage du roi de Byblos, Ahiram datant d’environ mille ans avant notre ère.(voir figure 5)

Figure 5

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TROISIÈME
PARTIE
CIVILISATIONS & CULTURES

Civilisation et culture chinoise

Civilisation et culture arabo–musulmane

Civilisation et culture occidentale

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CIVILISATION ET
CULTURE CHINOISE

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IV. LA CIVILISATION CHINOISE

La civilisation chinoise actuelle date d’il y a plus de 4000 ans, ce qui en fait la plus ancienne
civilisation continue. À ce moment, de nombreux villages d'agriculteurs étaient déjà installés
sur le long du fleuve Jaune, un grand fleuve qui traverse la Chine actuelle d’ouest en est. Ces
villageois vivaient de la cueillette, de la pêche et de la chasse et sont les ancêtres des Chinois
d'aujourd'hui.

La civilisation chinoise est apparue bien sûr sur le territoire de la Chine actuelle, mais
regroupait anciennement un ensemble de pays et de cultures qui se sont succédé en Asie
orientale depuis 4000 ans. Elle a développé et inventé plusieurs objets et procédés qui ont
ensuite été exportés partout dans le monde. C’est une civilisation très riche d’idées et de savoir-
faire qui a contribué à l’évolution de plusieurs sociétés.
Cette civilisation tire sa puissance plus de sa culture (l'écriture) et de sa recherche
d'harmonie, que de ses conquêtes. La culture s'exprimant par le soucis de transmission de ses
acquis aux générations futures.

1. Les premières dynasties de la civilisation chinoise

La plus ancienne dynastie chinoise connue est celle de la dynastie Xia, fondée par
l’Empereur Jaune vers 2000 av. J.-C.. Elle coïncide avec le début de la métallurgie : utilisation
du bronze par la civilisation chinoise pour fabriquer des armes, des couverts, etc.
Plus tard apparaît la dynastie des Shang (vers 1600 av. J.-C.). Elle se situe dans la vallée du
fleuve Jaune. Les Shang ont véritablement modernisé la civilisation chinoise : cette dynastie a
développé l’écriture; elle a construit de grands palais (cités palais); elle a développé l’art de la
métallurgie et a confectionné des outils et de la vaisselle en bronze, etc. La dynastie des Zhou

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(1100 av. J.-C.) est la première à décentraliser son pouvoir, c'est-à-dire qu’elle confie
l’administration de certaines régions à des familles choisies, liées à la famille royale.
Vers IIIè av. J.-C., la dynastie des Qin fait son apparition et prend le pouvoir sur toute la
Chine. C’est elle qui fait construire la Grande Muraille de Chine, une construction de plus de
5000 km de longueur qui devait prévenir l’invasion des barbares et des nomades mongols du
nord.
La dynastie Han 206 av. J.-C. à 220 ap J.-C. vient juste après la mort de Qin (elle fait objet
principal de ce cours).
Plusieurs autres empires se succéderont par la suite et ce jusqu’au début du 20e siècle.
Autour du Xème siècle, avec la dynastie des SONG, apparaît la véritable structuration du
pouvoir en Chine, avec la création de mandarinats, garant de l'organisation administrative du
pays. C'est aussi la période des grandes découvertes technologiques chinoises comme
l'imprimerie (en mode page) qui accélérera aussi la diffusion du Bouddhisme. De nouvelles
règles foncières réorganisent la répartition des biens.
XVème siècle: L'invasion Mongole va généraliser et renforcer le rôle de l'administration
chinoise.
XVIème siècle, la dynastie des MING va tirer profit de l'organisation administrative pour
diffuser ce qui va devenir la culture chinoise moderne et en soutenant l'éclosion artistique.
XIXème siècle la Dynastie MANCHOU s'appuya également sur la culture administrative
chinoise pour maintenir l'intégrité du pouvoir, jusqu'aux « agressions » occidentales. (C'est
ainsi que cette relation est perçue par les Chinois ).
XXIème siècle. Après la période révolutionnaire Maoïste, on assiste a un retour des valeurs
fondamentales de la culture Chinoise portée par le Confucianisme.
Les Han sont le plus grand groupe ethnique de Chine, ils l'emportent en nombre sur
les minorités dans toutes les provinces ou régions autonomes de Chine, sauf au Tibet et au
Xinjiang. Ils forment, de ce fait, la grande masse homogène du peuple chinois, ils
partageant la même culture, les mêmes traditions et la même langue écrite. Par
conséquent, on va réserver à cet Empire une place particulière dans ce cours.

2. Religions et philosophies

Historiquement, lorsqu’un chef de tribu prenait le contrôle de la plupart des régions, les
paysans croyaient qu’il avait reçu un «mandat du ciel», le pouvoir céleste de contrôler toutes
les tribus et de décider l’avenir de la société. Ce chef de tribu pouvait alors constituer une
nouvelle dynastie, c'est-à-dire une succession de rois d’une même famille (père, fils, cousins,
etc.). On nommait le roi «Tianzi» (fils du Ciel).
Sur le plan philosophique et de la foie, la civilisation en Chine a connu plusieurs grands
mouvements de pensée qui, encore aujourd’hui, sont suivis par des millions d’adeptes. En voici
quelques-uns :

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Le confucianisme :
Cette philosophie de vie est la plus ancienne de Chine (500 av. J.-C.). Elle provient
de Confucius17 et elle est considéré comme une philosophie de vie plutôt qu’une religion,
puisqu’il ne réfère pas à un pouvoir supérieur ou divin à qui l’on doit respect et obéissance.
Cette philosophie morale a été la plus suivie en Chine, avec le bouddhisme et le taoïsme. Le
confucianisme est une doctrine18 qui répond à plusieurs problématiques sociétales relatives au
pouvoir, au bonheur, à l'éducation, la justice sociale, la tolérance, la paix, le respect des
traditions et à la place de l'homme dans le monde ou encore à trouver la vertu en soi-même,
sans s'opposer à d'autre pensées religieuses, comme le Taoïsme ou le Bouddhisme.

Le bouddhisme :
Le chef spirituel de ce mouvement s’appelle Bouddha. Il a vécu au 5e siècle avant J.-C. Ce
courant de pensée, venu d’Inde, peut être associé à une philosophie (tout comme le
confucianisme), mais aussi à une religion, car il prédit qu’une vie après la mort vient délivrer
l’humain de ce monde de souffrances. On peut atteindre cette vie (le Nirvana) en posant des
actions positives et en évitant les fautes.

Le taoïsme :
Le taoïsme est un système de pensée religieuse créé par Laozi (né vers 600 av. J.-C.) qui
prône la modestie et l’obéissance de l’homme à un ordre naturel de l’univers. Cette religion met
l’individu, sa conscience et sa spiritualité au centre de ses principes. Aussi, la vie et la sagesse
sont intimement liées aux cycles de la nature.
3. La chine des Han

La dynastie Han règne pendant plus de 4 siècles, elle a dirigé l’empire chinois de 206 av. J.-
C. à 220 ap J.-C. La Chine des Han est une civilisation brillante, qui attire l’attention de Rome.
Ces deux empires vont entrer en contact à travers des échanges commerciaux.
AU IIIe siècle avant J.-C., Qin devient le premier empereur chinois. Il unifie le pays en
imposant une écriture, un Calendrier et des poids et mesures uniques. Il fait construire une
muraille au nord de l’empire. À sa mort un chef de guerre, Liu Bang, fonde la dynastie Han.
L’empereur Wudi19, le 7è empereur de la dynastie des Han, est un grand conquérant, il crée
une puissante armée, qui compte de très nombreux cavaliers grâce à laquelle il étend le territoire
de l’Empire vers la Corée et vers le sud. Vers l’ouest, il ouvre la route de la soie20 qu’il protège
des invasions de peuples nomades du Nord en prolongeant la grande muraille21 de Chine de
5000 km.

17
Confucius, 551- 479 av. J.-C., philosophe chinois. Son patronyme est Kong, son prénom Qiu. Personnage
considéré comme le premier « éducateur » de la Chine. Son enseignement a donné naissance au confucianisme
dès la dynastie Han.
18
Une doctrine est à la fois une pensée, une philosophie et une doctrine religieuse.
19
Wu veut dire guerrier et Di signifie empereur.
20
La route de la soie désigne un grand axe commercial qui relie l’Asie à l’Europe.
21
La grande muraille a été construite du Ve siècle avant J.-C. au XVIe siècle après Jésus-Christ pour protéger
les frontières du nord de la Chine.

19
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Au IIe après J.-C., l’empire des Han est immense. Sa population est aussi nombreuse que
celle de l’empire romain : environ 60 millions d’habitants. Pour administrer ce vaste territoire,
les empereurs recrutent des fonctionnaires appelés mandarins22. L'ethnie Han est dominante et
débute l'ouverture sur le monde. C'est aussi l'époque du début de l'implantation du Bouddhisme
en Chine qui prendra cependant plusieurs siècles pour intégrer les spécificités culturelles
locales.
a. Quelques aspects de la civilisation chinoise sous la dynastie des Han

La Chine des Han connait une grande vitalité économique et développe une grande
civilisation. Son avance technique sur les peuples méditerranéens est considérable dans de
nombreux domaines. Avant les Han, les Chinois savaient déjà filer et tisser de la soie, mais ils
ne veulent pas révéler le secret de fabrication. Sous la dynastie des Han, les Chinois invente
entre autres le papier, la boussole, le gouvernail et la porcelaine.

22
Mandarin est un fonctionnaire de l’empire chinois, choisi parmi les hommes qui maîtrise l’écriture.

20
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Ils font également progresser les mathématiques et posent les bases de la médecine chinoise.
La Chine des Han connait aussi un épanouissement artistique. Les artisans chinois sont de
véritables artistes. Ils produisent de magnifiques objets en jade23, fabriquent les premières
porcelaines et réalisent des statues en bronze ou en argent et des broderies sur soie.

b. L’empire romain et l’Orient

À partir du deuxième siècle avant Jésus-Christ, l’empire romain entre en contact avec la
Chine des Han et d’autres contrées orientales.
Rome et les autres empires :
Les relations avec les autres empires sont avant tout commerciales. En effet, Rome échange
divers types de produits avec les empires asiatiques. La protection du limes24 n’empêche pas
les Romains d’avoir de nombreux contacts avec ces empires.

La route de la soie :
La route de la soie désigne un Réseau de routes terrestres, ouvert par la Chine vers la fin du
deuxième siècle avant Jésus-Christ. Cette route relie l’empire romain à la Chine des Han.
Sur ces chemins circulent des caravanes qui parcourent plus de 7000 km à travers la Chine,
l’Asie centrale, l’Empire Kouchan et l’Empire parthe25.

23
Jade est une pierre très dure, souvent verte ou blanche. Elle était très employées à l'époque Néolithique pour
la confection des haches.
24
Le limes est un terme latin qui désigne les frontières fortifiées du monde romain.
25
L'Empire parthe (247 av. J.-C. – 224 ap. J.-C.), également appelé Empire arsacide (en persan), est une
importante puissance politique et culturelle iranienne dans la Perse antique.

21
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Ces caravanes transportent jusqu’à aux rives de la Méditerranée les tissus de soi fabriqués
en Chine mais aussi des épices orientales, du thé et du jade. Dans l’autre sens les caravanes
transportent vers la Chine des produits provenant d’Occident ou du Proche-Orient. Ce sont
principalement des verreries de couleurs des métaux précieux, de l’huile, du vin et des tissus
(coton et lin) qui étaient échangés dans les villes qui jalonnaient les routes.
Des produits orientaux appréciés à Rome :
Les produits de luxe transportés par les caravanes, transforment la vie quotidienne des riches
Romains. Le poivre et les épices sont très appréciés et de plus en plus utilisé dans la cuisine
occidentale, les femmes de la riche société romaine raffolent des pierres précieuses et des
parfums orientaux, la soie de Chine est très prise, les Romains de la haute société portent des
vêtements en soi qui sont brodés de divers motifs parfois au fil d’or. L’empire romain est rentré
en contact avec la Chine de Han à travers la route de la soie., mais ce sont, pendant longtemps,
des contacts indirects.
c. Les relations de Rome avec la chine des Han

Des contacts indirects :


Les contacts entre les Romains et les Chinois sont des contacts indirects. Les marchands
parthes sont les intermédiaires obligés sur la route de la soie, en effet les marchands romains ne
se risquent pas à traverser l’Empire Parthe, ils se rendent à Palmyre26, une ville-étape qui se
trouve à la limite orientale de l’empire romain, et c’est dans cette ville où s’échangent les
produits d’Orient et d’Occident avec les marchands parthes.

26
Palmyre , Tadmor en arabe est une ville du centre de la Syrie située dans le gouvernorat de Homs.

22
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Deux Empires qui se connaissent mal :


Les Romains connaissent très mal la Chine, ils appellent les Chinois les Sères27, ils pensent
que ceux-ci ont les yeux bleus et les cheveux rouges. Par ailleurs les Romains croient que les
Chinois cueillent la soie dans les arbres.
Les Han quant à eux, nomment l’Empire romain Da Qin28, ce qui signifie « la grande chine ».
Le Livre des Han postérieurs ou Hou Hanshu29, révèle des chinois qui parlent de l’Empire
romain : « les gens de Da Qin sont de haute taille (…) ils se rasent la tête mais leurs vêtements
sont ornés et brodés. Ils s’appliquent aux travaux agricoles (…) le pays est riche et son sol
renferme beaucoup d’or et d’argent et de joyaux précieux ; il est densément peuplé et bien
organisé. Quant au roi, il n’est pas à perpétuité. Il est nommé à l’élection comme étant le plus
sage. Mais si dans le royaume surviennent des calamités, en le renvoie aussitôt pour remettre
un autre à sa place ».
Cependant, Rome et la Chine des Han cherchent à mieux se connaître. Le premier contact
direct convenu entre l’empire romain et la Chine date de 166 après J.-C., ainsi des marchands
romains qui étaient passés par l’Inde rencontrent l’empereur chinois on se faisant passer pour
des ambassadeurs.

4. La chine moderne

La Chine moderne traverse un incroyable essor économique et technologique grâce entre


autres au développement accéléré des échanges internationaux, à la disponibilité d’une main-
d’œuvre abondante et à bon marché (la Chine compte plus d’un milliard d’habitants) et d’une
politique qui favorise les exportations au détriment des importations. Sa richesse est
aussi culturelle, avec des communautés diverses, créatives et autodidactes réparties sur tout le
territoire chinois, et la rencontre de plus de 200 langues parlées, bien que la très vaste majorité
des Chinois parlent le mandarin ou le cantonais.
Pendant des siècles, la Chine a été l’une des civilisations les plus avant-gardistes (avancées)
du monde. La Chine (ou «pays du Milieu») est aujourd’hui considérée comme la plus vieille
civilisation encore existante avec ses plus de 4000 ans d’histoire.

27
Les Sères (ou Seres) étaient le nom que les Grecs et les Romains donnaient, à partir du IVè siècle av. J.-C., aux
habitants de la Sérique (ou pays des Sères, Chine).
28
Da Qin est l’ancien nom chinois de l’Empire romain. Il signifie littéralement « Grands Qin », Qin est le nom
de la dynastie fondatrice de l’Empire chinois.
29
Hou Hanshu est l’une des œuvres historiques chinoises officielles compilées et utilisant comme sources un
certain nombre d’ouvrages historiques et de documents antérieurs. Il couvre l’histoire des Han orientaux.

23
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CIVILISATION ET
CULTURE
ARABO-MUSULMANE

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V. CIVILISATION ARABO-MUSULMANE
L’islam est une religion monothéiste, née au VIIème siècle dans la péninsule arabique. Elle
connaît une rapide expansion territoriale.
Au VIIIème siècle, l’Empire arabo-musulman s’étale de l’Espagne aux portes de l’Inde et
connaît un rayonnement culturel et scientifique important.
Dans cette partie du cours, nous allons nous interroger sur la naissance et le développement
de la civilisation arabo-musulmane, son expansion, son rayonnement jusqu’au à son
morcellement.

1. La naissance de l’islam
La religion de l’islam né au septième siècle dans la péninsule arabique, qui est alors peuplée
de bédouins qui se déplacent dans le désert de l’Arabie. Ils étaient des polythéistes.

Il est à retenir que la Mecque était déjà à cette époque un grand carrefour commercial.

Vers 610, prophète de l’islam Mohamed (paix et salut sur lui) affirme avoir reçu la révélation
de dieu, par l’ange Gabriel, qui l’a envoyé prêcher une nouvelle religion : l’islam, il retranscrit
la parole divine sur le Coran, qui est devenu la source de législation principale des musulmans.
Le prophète Mohamed (paix et salut sur lui) veut réunir la population d’Arabie en une seule
communauté de croyants : les musulmans.
L’Hégire (622), la conquête de la Mecque (630) et le premier État musulman :

Le prophète (paix et salut sur lui) prêche l’islam à la Mecque, mais devant l’hostilité des
habitants qui ne veulent pas renoncer à leurs Dieux, il doit fuir la ville en 622 pour partir se
réfugier à Médine. Cet événement qui correspond au début du calendrier musulman l’Hégire :
Donc l’ère musulmane débute en 622 ap. J.-C.

25
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En 630, le prophète Mohamed (paix et salut sur lui) revient à la Mecque accompagné des
fidèles pour marquer la fin du polythéisme et déclarer ainsi le premier État musulman en Arabie
dont le chef est le prophète (paix et salut sur lui). Ce premier État musulman se transforme
rapidement en un empire puissant et étendu.

2. L’expansion de l’islam et l’Empire arabo-musulman


À la mort du prophète (paix et salut sur lui) en 632 ses successeurs prennent le titre de calife.
Le calife est un chef religieux, politique et militaire de l’empire musulmane. Les premiers
califes ont eu des confrontations avec les empire perse et byzantin ; c’est ce qu’on appelle le
Jihad (ou Djihad).30
Abou Bakr conquiert ainsi le reste de la péninsule arabique, Omar étend l’empire jusqu’à
la partie orientale de l’Afrique du Nord. Enfin, Othman conquiert l’empire perse et Ali
conserve le même territoire.

La famille des Omeyades détient le califat entre 661 et 750. La dynastie omeyades continue
les conquêtes dans le Maghreb, en Espagne et en Afghanistan il installe sa capitale à Damas,
en Syrie.
En 750 Abou Al-Abbas renverse le califat omeyade et fonde la nouvelle dynastie des
Abbassides et fait de la ville de Bagdad en Irak, le centre du pouvoir.

30
Djihad et l’effort permanent que dois faire tous musulmans pour renforcer sa foi. Ce terme désigne aussi la
lutte menée contre ceux qui sont hostile à l’islam.

26
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3. Le villes
La civilisation et la culture arabo-musulmane se sont fortement développées autour des
villes. Celles-ci étaient alors de véritables centres politiques et administratifs, des carrefours
pour le commerce et l’artisanat et des capitales religieuses et culturelles (grâce aux grandes
mosquées, aux bibliothèques et aux écoles).

La ville s’étant la plus développée au cours de l’Empire arabe est certainement Bagdad. Ville
élue par le calife et abritant une immense bibliothèque, Bagdad fut à cette époque la plus grande
ville du monde. Elle aurait même hébergé quelques 2 millions d’habitants.

4. Le gouvernement de l’Empire arabo-musulman


Pendant tout le Moyen Âge, les chefs politiques dans le monde arabe étaient nommées les
califes. Ces derniers étaient à la fois des chefs politiques et les chefs religieux des musulmans.
Les califes se voulaient les successeurs du prophète Mahomet.

C’est en 750 que la dynastie des Abbassides a placé sa capitale à Bagdad. Les Abbassides
se considéraient comme les protecteurs des sciences et de la religion. Ce sont eux qui ont
instauré la tradition d’étudier à la fois les sciences naturelles inspirées des sciences grecques et
la religion.

Le calife a des pouvoirs absolus, il gouverne avec l’aide d’un vizir qu’il nomme. Ce vizir
dirige l’administration ; il est l’équivalant actuellement du premier ministre ou du chef de
gouvernement.

L’empire est divisée en provinces, qui sont gouvernées, au nom du calife, par des émirs
considérés comme des gouverneurs militaires et des Cadis qui sont des juges mais dans un sens
plus large que celui d’aujourd’hui.

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Pendant le règne des Abbassides, Bagdad fut le centre d’une vie intellectuelle très active. La
famille royale hébergeait et encourageait les scientifiques et les philosophes. On faisait alors à
Bagdad beaucoup de poésie, de littérature et de traduction des œuvres grecques et persanes. À
l'apogée de l'Empire arabe, Bagdad et tout le territoire de l’Empire étaient des puissances
économiques, intellectuelles, commerciales et artisanales. Deux autres califats puissants
exerçaient presque autant d’influence que celui de Bagdad : le califat de Cordoue, en Espagne,
et le califat du Caire qui contrôlait presque tout le nord de l’Afrique.

5. Le morcellement et déclin de l’Empire


L’empire conquis par les califat successifs est immense : il s’étend de l’Espagne aux portes
de l’Inde. Mais trop vaste, ils se morcelle progressivement. En Espagne l’émir de Cordoue
prend le titre de calife en 929. En Égypte, un nouveau califat voit le jour en 969. Donc au Xe
siècle il existe trois califat rivaux : à Bagdad, à Cordoue et au Caire. De plus, le pouvoir des
califes a considérablement diminué au profit du pouvoir des chefs militaires et les divergences
d'idées entre les groupes chiites et les groupes sunnites faisaient régner un climat conflictuel.
Toutes ces circonstances fragilisèrent l’équilibre politique et social de l’Empire.
En 1019, un nouveau chef politique interdit toute nouvelle interprétation du Coran. Cette
interdiction a conduit à la fin du développement de l’esprit critique et réflexif des philosophes,
ce qui a progressivement mis fin aux innovations intellectuelles et scientifiques qui avaient fait
la gloire de l’Empire arabe. Ces divisions internes vont profiter aux envahisseurs.

Les premiers sont les Turcs seldjoukides qui à la fin du XIe siècle occupe la plus grande
partie du moyen Orient. En 1258 les Mongols venue d’Asie centrale détruisent Bagdad et tuent
le calife mettant ainsi fin au règne des abbassides (758 – 1258).
Malgré ses divisions internes et son affaiblissement politique l’islam est une civilisation
brillante.

28
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6. Le rayonnement de la civilisation arabo-musulmane


Après la formation de l’empire arabo-musulman au VIIème siècle, de nombreux habitants
des régions conquises se convertissent à l’islam. Cependant les juifs et les chrétiens qui le
souhaitent peuvent conserver leur religion, à la condition de payer un impôt spécial au calife.
La religion musulman se divise en deux branches principales les sunnites et les chiites.
Les sunnites majoritaire pense que la fonction du calife doit revenir aux musulmans le plus
méritant. Les chiites considère que le calife doit être un descendant du prophète.
La langue arabe qui est celle du Coran et des fonctionnaires de l’empire, se diffuse dans les
territoires conquis par l’Empire arabo-musulman c’était au même temps la langue de la
recherche scientifique à cette époque.
Néanmoins certains peuples conservent leur langue, c’est notamment le cas des Turcs des
berbères et des perses.
La civilisation arabo-musulmane : une civilisation brillante :
La civilisation arabo-musulmane est une civilisation brillante, ses principales villes sont
Bagdad Cordoue et le Caire.
Les villes qui sont plus grande qu’en Occident s’organisent autour de la Grande mosquée et
du palais du calife et de l’émir. La ville est donc à la fois un centre religieux et un centre
politique, mais c’est aussi un carrefour commercial.

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7. Le commerce et les marchands


À cette époque, les Arabes contrôlaient l’ensemble des routes maritimes utilisées pour le
commerce. Effectivement, ils ont la mainmise sur les voies couvertes par la Méditerranée, la
mer Rouge, la mer Caspienne, la mer du Golfe, le golfe Persique et l'océan Indien.
Le commerce est une activité essentielle pour l’Empire arabe dont le territoire profite d'un
emplacement privilégié pour développer un commerce fort tant avec l’Europe et l’Asie que
l’Afrique.
Les marchands parcourent tout l’Empire et certains vont s'approvisionner de nombreux
produits à l’étranger : épices, soie, porcelaine, papier, parfum (en Chine et en Inde), or, ivoire
et bois (en Afrique), fer, sel, ambre, miel, fourrures. Plusieurs participent également à la traite
des esclaves (en Europe).
Sa position géographique avantageuse et la diversité des produits offerts expliquent le grand
essor de ses activités commerciales. On peut dire que le monde arabe constituait la plaque
tournante des échanges commerciaux. Il faut également ajouter que ce sont les Arabes qui ont
apporté beaucoup de produits nouveaux en Europe : sucre, coton, épices, etc.
Les marchands se déplaçaient en caravane de chameaux. Leurs aires de repos et
d’entreposage portaient le nom de caravansérail.
Les navires marchands partent souvent de Basra dans le golfe arabo-persique. Ils se rendent
jusqu’en Inde pour aller en Afrique noire pour pouvoir se procurer des marchandises de luxe et
des esclaves qu’ils revendent aux byzantin et dans les souks des grandes villes arabes.

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8. Un carrefour culturel
Intense activité culturelle se développe dans l’empire, principalement dans les villes. Les
écoles se multiplient et de grandes bibliothèques sont créées à Cordoue à Bagdad et au Caire.
Les califes font traduire les grandes œuvres littéraires et les traités scientifiques de la Grèce
ancienne, de l’Inde et de la perse. Ces manuscrits sont conservés dans les bibliothèques de
l’Empire, ils sont accessibles au savants qui font des recherches.

Les savants du monde musulman font ainsi considérablement progresser les sciences,
notamment dans le domaine des mathématiques, de la médecine et de l’astronomie.

Les populations de l’Empire adopte de nombreuses techniques inventées en Chine telles que
la boussole le gouvernail et la fabrication du papier. C’est au contact du monde musulman que
l’Occident découvre et adopte ces techniques à partir du XIIe siècle.

L’islam a donné naissance à l’une des civilisations les plus brillantes du Moyen Âge. Les
science, l’architecture et la philosophie s’enrichissent considérablement grâce aux nombreux
savants qui parcourent l’empire. Le monde arabo-musulman constitue aussi le principal
carrefour culturel entre l’Inde la Chine et l’Occident médiéval.

9. L’école et l’éducation dans l’Empire arabe


a. Les écoles

Le califat des Abbassides a encouragé la construction de plusieurs écoles. Au départ, la


fonction de ces écoles étaient de faciliter l’étude de la religion et la compréhension du Coran.
Ces écoles étaient dispersées dans toute l’Arabie et dans tous les territoires conquis. Certaines
de ces écoles étaient obligatoires pour les enfants, et ce, dès l’âge de 6 ans. Ces écoles
admettaient les garçons comme les filles, et même les esclaves. L’enseignement se limitait
toutefois à l’étude du Coran et à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

b. L’enseignement supérieur

Les hommes qui poursuivaient leurs études entreprenaient alors d’étudier la philosophie et
les sciences grecques tout en poursuivant leur étude du Coran. Les sciences grecques, qui
avaient été redécouvertes au VIIIe siècle, étaient jugées nécessaires au développement de
l'ouverture d'esprit et à la progression de la pensée rationnelle. L’apprentissage des sciences
sacrées et l’étude du Coran continuaient d'occuper une place prédominante dans le curriculum
arabe. Les étudiants devaient alors maîtriser la philosophie grecque (Aristote et Platon), la
médecine, les mathématiques, l’astronomie, la logique, la littérature, etc.

c. Les madrasas

Les institutions d’enseignement destinées à former l’élite religieuse étaient appelées


des madrasas. Les étudiants y apprenaient, entre autres, le droit musulman, la philosophie et
l’interprétation du Coran. Les étudiants recevaient des bourses pour financer leurs études et y
étaient logés gratuitement.

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d. La nouvelle culture adab

En intégrant des éléments de la culture grecque et en les amalgamant avec les éléments des
cultures persanes, indiennes et arabes, les savants et les auteurs ont créé une nouvelle culture.
Cette culture qui intégrait les influences du passé et la réalité arabe était appelée culture adab.

Les savants ont ensuite entrepris de rassembler leurs connaissances dans divers ouvrages.
Certains ont même élaboré des encyclopédies qui réunissaient l’ensemble du savoir
indispensable à l’homme cultivé.

10. La philosophie : influences et idées


La philosophie arabe a connu une grande période de vitalité entre le 9e et le 14e siècles. Les
philosophes étaient alors des penseurs indépendants de la religion. Tous étaient également
influencés par les traditions et les penseurs grecs.

Les philosophes recherchaient la connaissance en passant tant par la raison que par
l’expérience naturelle. À l’époque, la raison était définie ainsi par les philosophes : une
ouverture à des vérités intelligentes et conceptuelles. Cette définition n’était pas différente de
celle proposée par les prophètes ou les imams(chefs religieux musulmans).

a. Les premiers philosophes

Les premiers penseurs à définir un système de logique se consacrèrent aux domaines


juridique et théologique. Ils réfléchissaient aux questions soulevées par les écritures, se
préoccupant à la fois de théorie et de pratique. Ils ont ainsi élaboré une terminologie complète
et un vocabulaire précis qui allaient être récupérés par les philosophes. Ces premiers
philosophes ont contribué au développement de techniques de raisonnement.

Les sciences et la philosophie de l’Antiquité grecque sont au cœur de leurs réflexions.


L'accès à ces connaissances fut possible grâce aux savants qui habitaient à Constantinople.
C’est également à cette époque que fut fondée la Maison de la Sagesse de Bagdad où les
penseurs débattaient de questions métaphysiques, de cosmologie et des théories de Platon et
d’Aristote.

b. Les débuts d’une tradition gréco-musulmane

Les philosophes arabes ont fondé leur système de pensée à partir des idées de Platon et
d’Aristote. Leur conception de ces idées était en fait une synthèse qui tendait à effacer les
différences entre ces deux pensées. Ils ont ajouté à ces idées issues des Grecs les idées liées à
la philosophie prophétique véhiculée par la religion.

Le système de pensée ainsi développé servait à mener l’âme vers une meilleure connaissance
du monde et de ses phénomènes, et ce, en incluant les grandes questions scientifiques. L’étude
de la philosophie avait pour principal objectif de mener au bonheur, tant pour l’individu que
pour l’ensemble de la société, ce qui n’était possible que si l’on comprenait le fonctionnement

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de l’univers et la place de l’Homme dans le monde. Seule cette connaissance pouvait permettre
à l’individu ou à la société de choisir le meilleur mode de vie possible.

Les philosophes ne se consacraient pas seulement à l’étude d’une science ou d’un seul
domaine. De manière générale, la presque totalité des philosophes ont touché à tous les
domaines, tant à la pensée rationnelle que métaphysique, tant aux sciences qu'aux arts.

c. Exemples de quelques philosophes

• Al Fârâbî (870-950)

Al Fârâbî était un philosophe d’origine turque. Traditionnellement, il est surnommé le


deuxième maître; le premier étant Aristote. Al Fârâbî a étudié à Bagdad et il y a développé
ses connaissances dans plusieurs domaines : technologies, sciences, langues, logique
d’Aristote, grammaire, mathématiques, musique, philosophie, etc.

Selon lui, les vérités philosophiques étaient universelles alors que les croyances
religieuses ne l’étaient pas. C’est pourquoi il a concentré ses études dans le domaine de la
philosophie tout au long de sa vie. Il fut l’un des premiers penseurs arabes à transmettre les
doctrines de Platon et d’Aristote. Ne se contentant pas d’en faire la synthèse, il les a
grandement commentées. Par l’une des théories il nous dit que l’âme la plus instruite est
celle du philosophe ou du prophète qui peut guider les autres vers le bonheur.

Al Fârâbî a écrit une centaine d’œuvres qui ont presque toutes été perdues. Certaines
ont été conservées grâce aux versions en latin médiéval qui ont perduré. Il a également
écrit un catalogue de sciences qui constituait une première tentative pour réunir l’ensemble
des connaissances humaines. Al Fârâbî a eu une influence majeure sur les autres
philosophes arabes et a ouvert la voie à l'étude des textes antiques.

• Averroès (1126-1198)

Averroès a été initié dans sa jeunesse par son père à la jurisprudence et à la théologie. Il
a par la suite étudié la physique, la médecine, l’astronomie, la philosophie et les
mathématiques. La question sur laquelle il s’attardait le plus fut l’origine des êtres.

Ayant d’abord rédigé Traité de médecine, Averroès s’est ensuite penché sur les idées
d’Aristote dont il tente de trouver le sens originel en mettant de côté toutes les autres
interprétations et les liens avec la culture arabe et islamique (Commentaires sur Aristote).
Tant dans ses études que dans ses écrits, il séparait distinctement la raison et la foi et
s’opposait radicalement à ceux qui souhaitaient les concilier.

Ses idées ont eu beaucoup d’échos dans le monde chrétien et ont suscité plusieurs
débats. L’Église de Rome a d’ailleurs condamné ses principes et ses œuvres en 1240 et
en 1513. Il fut également condamné par la religion musulmane qui trouvait qu’il déformait
trop les principes de la foi.

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d. Les sciences : influences et innovations

Les sciences arabes ont également connu un vaste essor entre 762 et le 14e siècle, et ce, dans
pratiquement tous les domaines : astronomie, mathématiques, médecine, philosophie.

Le pouvoir politique, pendant cette période, encourageait fortement le développement


scientifique puisque les penseurs étaient financés par de riches mécènes. L’essor de la science
et des recherches fut grandement favorisé par le développement de l’esprit critique chez les
intellectuels. Tout comme pour la philosophie, la science arabe s’est développée à partir de
l’héritage grec. Les Grecs et leurs ouvrages représentaient l’autorité incontestable des savants
arabes du Moyen Âge.

Les principales innovations scientifiques arabes furent transmises à l’Europe dès


le 12e siècle. Bien que plusieurs innovations aient eu lieu pendant cette période, les
changements suscités par ces découvertes ne sont pas comparables aux changements survenus
en Europe à la Renaissance.

e. Littérature, arts et architecture

L’arts et l’architecture sont deux domaines interreliés et sont visibles dans les nombreux
palais et mosquées. L'art arabe est plutôt non figuratif puisque l'islam interdit généralement les
représentations d'humains et d'animaux, on y observe toutefois une très grande variété de
formes, de motifs, de lignes, etc.

En ce qui concerne la littérature, l’œuvre qui a le plus contribué à faire connaître la culture
arabe est sans doute les contes des Mille et Une Nuit. Cette œuvre littéraire s'est inscrite dans
l’imaginaire de toutes les cultures. Ce recueil est anonyme, c'est-à-dire que la trace de l'auteur
ne fut jamais retrouvée. La première mention de ces contes date du 10e siècle.

Selon la principale hypothèse, la majorité de ces contes serait d'origine indienne (les noms
des lieux et des personnages ainsi que les thèmes confirment cette hypothèse). Ces histoires
auraient été transmises par la tradition orale en Inde et en Perse jusqu’en Arabie.

Les marchands, itinérants et amateurs de contes, auraient favorisé la dispersion de ces contes
à travers l’Empire arabe. Au 8e siècle, des conteurs arabes ajoutaient leur touche personnelle à
ces récits en les modifiant peu à peu. Ils ont également ajouté des contes pour en arriver au
nombre de 1 001. Ces ajouts se seraient faits en suivant l’influence religieuse, historique et
géographique (on y parle en effet de l’islam, du christianisme, du judaïsme, de la guerre
avec l’Empire byzantin, des croisades avec les Francs, de Bagdad, du Caire, etc.).

Plusieurs versions ont par la suite été consignées par écrit. La forme la plus stable des
récits date du 13e ou du 14e siècle. La première traduction européenne a été faite en français
par Antoine Galland au 17e siècle.

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LA CIVILISATION
ET CULTURE
OCCIDENTALE

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I. LA CIVILISATION ET CULTURE OCCIDENTALE


L'Occident, ou monde occidental, est un concept géopolitique qui s'appuie généralement sur
l'idée d'une civilisation commune, héritière de la civilisation gréco-romaine.
La civilisation occidentale est essentiellement Européenne, avec son extension outre-
Atlantique, en Amérique du Nord, elle se caractérise par son rayonnement mondial, par le
développement du commerce sur toutes les mers du monde débuté au XVe siècle. Les valeurs
qu’elle défend puise ses sources dans la civilisation Gréco-romaine, puis seront portées par le
Christianisme.
Celle qui la distingue le plus des autres grandes civilisations du monde est celle de la liberté
individuelle. En dehors de l'Occident, la liberté est en effet une valeur loin d'être revendiquée,
face à d'autres valeurs considérées comme d’une plus grande importance telles que l'honneur,
la gloire ou l'harmonie avec la nature. Dans les caractéristiques communes aux nations
occidentales, on peut citer :
• Des racines linguistiques et culturelles indo-européennes31 communes ;
• Des institutions politiques démocratiques
• Un système juridique basé sur l'État de droit;
• Une séparation de l'Église et de l'État (principe de laïcité) ;
• Une organisation économique capitaliste.
Derrière cette apparente unité, une multitude de cultures se rassemblent en trois grandes
mentalités : la Latine, la Germanique et la Slave.

31
Le terme indo-européen a été introduit en 1816 par l'Allemand Franz Bopp pour désigner un ensemble
de langues d'Europe et d'Asie(incluant le nord de l'Inde avec l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan et le Bangladesh)
dont la parenté structurale s’est révélée remarquable.

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II. L’EMPIRE GREC

La civilisation grecque s’est développée principalement à partir du VIIIe siècle av. J.C.

À cette époque, plusieurs cités-États parsemaient le territoire de la péninsule grecque.


Delphes, Corinthe, Athènes et Sparte sont toutes des cités-États32 appartenant à cette période
de l’Antiquité.

Le territoire grec est très accidenté, il est composé de montagnes et de très peu de terrains
plats. Cette situation géographique particulière isole les cités-États grecques les unes des autres.
Il était donc très compliqué pour celles-ci de communiquer ensemble. La
principale conséquence de cette caractéristique géographique est que les cité-États se
développèrent de manière très différente les unes des autres.

32
Cité-État: presque le même concept qu’en Mésopotamie, en Grèce antique, une cité-État est une ville
totalement indépendante qui se gouverne seule. Elle possède ses propres lois, une forme de gouvernement
autonome, sa monnaie, ses divinités ainsi que ses tribunaux.

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Les différentes cités-États sont presque toutes situées à proximité de la mer, moins de 100
kilomètres les séparent de celle-ci. Par conséquent, le bateau deviendra le principal moyen de
transport des Grecs durant l'Antiquité. Ils développent donc une expertise dans le domaine
naval. Athènes construira le plus gros port de toute la Méditerranée, le Pirée.

Le Pirée (port d'Athènes) était relié à la ville par un long mur, comme on peut le constater
sur cette figure.

Les Grecs utilisent le bateau pour créer des colonies et ainsi augmenter leur influence autour
de la Méditerranée.

Lors des guerres contre l'Empire perse, Athènes s'illustrera en battant à deux reprises cette
puissante armée d'envahisseurs : à Marathon en 490 av. J.-C. puis à Salamine en 480 av. J.-
C. Les soldats athéniens repoussent les Perses qui souhaitaient prendre possession du
territoire grec.

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1. Athènes, une puissante cité-État

De la monarchie à la démocratie :

Du VIIIe siècle au Ve siècle av. J.-C., Athènes connait plusieurs régimes politiques. Mais
c'est principalement un roi qui gouverne Athènes. En effet, la monarchie est le régime
politique qui se retrouve dans la majorité des cités-États grecques. Au Ve siècle av. J.-C.,
Athènes développera un régime politique très différent des autres, la démocratie.

C'est dans ce contexte que les Athéniens développent un nouveau régime politique
permettant aux citoyens, riches ou pauvres, de prendre part aux décisions concernant la cité. Ils
nomment ce système révolutionnaire la démocratie (du grec dêmos, qui signifie « peuple » et
Kratos, « pouvoir ») ; ça veut dire que le pouvoir appartient au peuple. Solon est le père de la
démocratie athénienne.

La citoyenneté :

Au Ve siècle avant Jésus Christ la cité d’Athènes est peuplée d’environ 300.000 habitants
mais tous n’ont pas le même statut. À peine plus de 10 % des athéniens sont citoyens. Ils
participent au gouvernement de la cité et jouissent de nombreux droits. Les autres habitants
sont exclus de la citoyenneté.

Pour être citoyen athénien, il faut avoir plus de 20 ans, être né de père et de mère athéniens,
et avoir accompli un service militaire de deux ans. La citoyenneté ne concerne que les hommes ;
les filles deviennent des épouses de citoyens.

Donc, c'est avec la civilisation grecque, dans la cité-État d'Athènes, que l'on expérimente
une première forme de démocratie, au Ve siècle av. J.-C. Ce régime politique est le fruit de la
réflexion des philosophes grecs. Bien qu'elle ne soit pas en tout point semblable à la démocratie
contemporaine, elle en a néanmoins posé les bases.

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2. La philosophie grecque
L’étude de l’histoire de la pensée montre que dans leurs efforts pour comprendre et expliquer
le monde, les civilisations ont toujours d’abord élaboré des mythes, et nul n’ignore la puissance
et la vitalité de la mythologie grecque.

Mais dès le VIe siècle avant J.C., émergent en Grèce des tentatives d’explication de l’univers
en essayant d’éliminer l’intervention du « surnaturel » dans l’énigme posée par l’existence du
monde. C’est le début des disciplines scientifique et philosophique.

Mais à cette époque-là, les premiers philosophes se nommaient « physiciens » chez les
Grecs. Les découvertes scientifiques de cette époque font, pour la plupart d’entre elles, toujours
partie des fondements des sciences actuelles.

Athènes deviendra vite le centre de cette nouvelle pensée et Socrate le pivot de son évolution.
Par la suite, la philosophie romaine se réclamera héritière de la pensée grecque.

Cette fresque s’intitule : L'École d'Athènes, c’est l’œuvre du peintre italien Raphaël XVIe siècle,
exposée dans le Vatican. Elle expose les figures majeures de la pensée antique.

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III. L’EMPIRE ROMAIN

1. Le mythe de la fondation de l’Empire


Au 1er siècle avant notre ère, des auteurs romains mettent par écrit des récits sur la fondation
de Rome qui était jusqu’alors transmis à l’oral. Ces mythes ne correspondent pas toujours avec
les éléments découverts par les archéologues.
Les ouvrages qui datent du 1er siècle rapportent des événements qui auraient eu lieu en 753
avant notre ère. 7 siècles séparent, donc, les événements racontés de leur mise par écrit. Ils
relient l’histoire de Rome à la guerre de Troie.
Cette guerre aurait opposé pendant 10 ans la cité de Troie à d’autres cités et s’arrête lorsque
la ville est prise par les Grecs grâce à la ruse du cheval de Troie.
Énée, fils du troyen Anchise quitte la ville de Troie lorsqu’elle est prise par les Grecs. Il
porte son père sur son dos pour s’enfuir plus rapidement en passant par les souterrains de la
ville. Un long périple par bateau l’amène sur les côtes italiennes dans le Latium33. Et c’est là
où il a fondé, après, la ville dans Lavinium. Depuis, selon le mythe, une succession
d’évènements a mené à la fondation, d’abord de la république romaine et ensuite de l’Empire
romain.

2. Comment ça fonction le régime romaine ?


Les rois Étrusques qui dirigeaient Rome dans les premiers siècles de son histoire auraient
été renversés pour être remplacés par une république. Ce nouveau système politique restera
en place 5 siècles jusqu’au début d’un empire en 27 av. J.-C.

33
Latium est une région d’Italie où se trouve Rome. Le peuple qui vit dans cette région s’appelle les Latins.

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Comment fonctionne la république romaine ?


La vie s’organise autour du Forum. Ça désigne une grande place centrale de la ville de
Rome qui regroupe les activités politiques, économiques, judiciaires et religieuses.
Il y a trois pouvoirs à Rome sous la république :
- le premier pouvoir est détenu par les citoyens regroupés en comices ( groupe de
citoyens), ils votent les lois et choisissent les magistrats.
- Le deuxième pouvoir est détenu par les magistrats ; il proposent les lois et gouvernent
Rome.
- Le troisième pouvoir et détenu par le Sénat, qui conseille les magistrats, dirige la
politique étrangère et contrôlent les finances et la religion. Il est composé de 300 anciens
magistrats.

Ainsi, à Rome, le pouvoir appartient à des représentants élus par les citoyens. Une grande
partie du pouvoir est détenue par les magistrats.
Même si la participation à la vie politique et en théorie accessible à tous les citoyens, dans
la pratique elle ne l’ est pas que pour les citoyens les plus riches. Les riches votent pour élire
des riches et prendre des décisions qui les favorisent. Ainsi, Rome est plutôt une oligarchie.
À son apogée au IIe siècle de notre ère, l’empire romain est immense, il s’étire de
l’Angleterre à l’Égypte. Les possessions romaine se tendent sur les continents européens,
asiatique, africains en concentrant des populations et des paysages très différents.
Gouverné depuis Rome, l’empire romain connaît une période de prospérité et de paix au
deuxième siècle. C’est ce que l’on appelle la paix romaine. Il est en paix grâce à la présence
des légions, des groupes militaires romains, qui circule dans l’empire ou patrouillent sur le
limes34.

34
Limes : il s’agit de la frontière (la limite). Il peut être fortifié comme le mur d’Hadrien en Bretagne.

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3. L’empire romain est riche grâce au commerce


Chaque région de l’empire envoie ses spécialités à Rome. Par exemple la Gaule envoi du
vin et de la poterie alors que la Bretagne envoie de l’étain. Des marchandises arrivent également
depuis l’Afrique et de l’Asie.
Les ports sont construits ou rénovés car les Romains préfèrent faire circuler les marchandises
par voie maritime, surtout que la mère Méditerranée relie une grande majorité des espaces de
l’empire romain.
Les voies sur terre sont également aménagées. Les grandes voies pavées sont construites
pour permettre aux voyageurs de ne pas s’embourber ou se perdre. Si on regarde une carte
d’organisation des routes commerciales romaines, qu’elles soient maritime ou terrestre, on
comprend alors l’expression « toutes les routes mènent à Rome ».

Les habitants des territoires conquis ne sont pas immédiatement considérés comme des
citoyens romains, mais la citoyenneté romaine est ouverte contrairement à la citoyenneté
athénienne, elle est petit à petit accordée à des populations de plus en plus nombreuses. Les
empereurs pouvait également attribuer la citoyenneté romaine à tout un peuple, ainsi :
- en 48, l’empereur Claude décide de donner la citoyenneté à tous les nobles gaulois.
- en 212, Caracalla accorde la citoyenneté à tous les habitants libres de l’empire.
Dans l’Empire romain les femmes ont aussi le statut de citoyenne. Il leur donne des
avantages comme : pouvoir témoigner au tribunal, divorcer ou hériter. Le fait d’accorder la
citoyenneté romaine favorise le processus de romanisation.

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4. Les chrétiens et le christianisme dans l’empire romain


Le christianisme, né en Palestine, se diffuse d’abord dans la partie orientale de l’Empire
romain Syrie, Grèce, l’Asie mineure, Libye, avant de s’étendre à tout l’empire.

Du 1er au IIIe siècle les chrétiens sont victimes de plusieurs vagues de persécution car les
empereurs romains considèrent le christianisme comme une menace pour l’empire.

Après 313, l’attitude des empereurs change totalement et c’est Constantin qui a décidé
d’appliquer une politique de tolérance religieuse, en autorisant aux chrétiens à pratiquer
librement leur religion. Depuis la fin du IIIe siècle, l’Empire romain fait du dimanche un jour
de repos obligatoire et accorde des terres à l’Église.

Constantin s’est convertit au christianisme à la fin de sa vie. Il devient alors le premier


empereur chrétien. Après sa mort, il est vénéré comme un saint par les chrétiens. Après
Constantin, tous les empereurs romains sont chrétiens.

En 392, l’empereur Théodose interdit le polythéisme, les sacrifices et fit fermer les temples
païens35. Ainsi le christianisme passe du statut de religion persécuté à religion impériale. Les
chrétiens sont dirigés par un évêque qui est assisté par des prêtres, l’église chrétienne
commence alors à s’organiser et à se développer.

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Païens : pour les chrétiens, les païens sont ceux qui croit en plusieurs dieux.

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5. L’empire byzantin se présente comme l’héritier de l’empire


romain.
À la fin IVe siècle l’Empire romain fragilisé par les invasions barbares est trop grand pour
être efficacement gouverné par un seul homme. En 395, à la mort de l’empereur Théodose,
l’Empire romain est partagé entre ses deux fils et on assiste désormais à un Empire romain
d’Occident est un Empire romain d’Orient.

Au Ve siècle, l’empire romain d’Occident est envahi par les peuples germaniques. Il
disparaît en 476, divisé en plusieurs royaumes barbares. Seul subsiste alors l’empire romain
d’Orient, qui prend le nom de Byzance qui est l’ancien nom de Constantinople. L’empire doit
faire face à d’ incessants attaques, notamment celle des Turcs seldjoukides qui, peu à peu,
s’emparent de l’Asie Mineure.

Les byzantins ne parvient pas à défendre leur territoire contre les Turcs. Vers 1400, l’Empire
est réduit au territoire au autour de la capitale. En 1453 le chef de l’armée turque, le sultan
Mohammed II, entre victorieux dans la ville le 29 mai. L’église Saint Sophie est convertie en
mosquée conservant son nom et sa splendeur. C’est la fin de l’empire byzantin.

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IV. L’ÉMERGENCE D’UNE SOCIÉTÉ URBAINE EN EUROPE


À partir du XIe siècle, les sociétés d’Europe occidentale entrent dans une phase de mutation.
La population augmente, de nouvelles inventions facilitent les transports et les échanges
commerciaux se développent considérablement. Les populations viennent s’installer autour des
châteaux ou près d’anciennes cités romaines. De nouvelles villes, peuplées et animées,
apparaissent ; ces changements entraînent la formation d’une société urbaine variée dont les
marchands et les artisans sont des acteurs majeurs.

Dans cette partie du cours nous allons nous pencher sur l’émergence d’une nouvelle société
urbaine, en Occident, entre le XIe et XVe siècle.

1. La croissance démographique
Au XIe siècle, la croissance démographique et la paix en Europe occidentale explique le
développement des villes.

Les populations se regroupent dans des lieux favorables à la circulation : dans des ports, près
des ponts, à des croisement de route et également au pied des châteaux forts. On appelle ces
villes des bourgs. Leurs habitants sont des bourgeois.

À partir du XIIe siècle d’immenses cathédrales sont construites dans les grandes villes. Au
début du XIVe siècle, environ 20% des européens vivent dans des villes. Cependant, dans cette
Europe médiévale se dessinent déjà de grandes villes. Certaines comptent plus de 100 000
habitants. C’est le cas de Venise et Milan dans le Nord de l’Italie ou encore de Bruges en
Europe du Nord.

2. Conseil communal
C’est un conseil qui se réunit dans l’hôtel de ville, rédige un règlement, gère l’organisation
de la ville et son entretien, c’est aussi lui qui lève les impôts. Cependant, le conseil de commune
se retrouve très vite dominé par quelques personnes et notamment par les grandes familles
marchande.

3. Les villes entre le marché et le grand commerce


Partir du XIe siècle, le commerce s’intensifie, il y a beaucoup plus de produits à vendre grâce
à l’augmentation de la production agricole et artisanale. Les routes sont moins dangereuses et
les méthodes de transport plus efficaces, sur mer comme et sur terre.

Le commerce se développe à l’échelle de l’Europe occidentale. On l’appelle le « grand


commerce ». Les grands marchands d’Italie, de Flandre et d’Allemagne échangent leurs
produits dans des foires. Ainsi les foires de champagne sont les principales foire sur les routes
commerciales qui mènent du nord de l'Italie à Flandre.

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Au XIVe siècle, les villes sont peuplées d’artisans. On n’y trouve de nombreux boulangers,
pâtissiers, bouchers, artisans des tissus de laine, de couton ou de soie et de cuir. Les artisans
exerçant la même profession se regroupent dans des associations appelées corporation ou
métiers. Les artisans et commerçants font partie d’une nouvelle société urbaine qui est de plus
en plus diversifiée est fortement inégalitaire.

4. Une nouvelle société diversifiée et hiérarchisée


Au sommet de la nouvelle société urbaine, on trouve les nobles et les grands marchands qui
ont acquis leur fortune grâce au commerce, mais aussi grâce aux terres qu’ils ont acheté et qu’ils
louent ainsi qu’à l’argent qu’ils prêtent en demandant des intérêts. Ces grands marchands
dirigent également bien souvent le conseil communal. Le reste de la population des villes est
composé d’artisans des petits commerçants. Le nombre de pauvres, qui font des petits métiers
qui mendient, forment le bas de cette échelle sociale urbaine.

5. La forte présence de l’église


Des ordres mendiants qui sont des groupes de moines qui vivent de la mendicité et se
consacrent à l’enseignement de la religion, ils renforcent l’emprise de l’Église sur les
populations urbaines. A partir du XIIIe siècle, L’église prend en charge aussi l’enseignement
et ouvre des universités qui dépendent du pape. Enfin l’église fait l’aumône aux pauvres et crée
des hôpitaux appelés hôtel-Dieu ou les moniales soignent des malades.

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V. L’EXPANSION EUROPÉENNE ET LES GRANDES


DÉCOUVERTES.
Après la prise de Constantinople par les Turcs Othmans en 1453, les Européens cherchent
de nouvelles routes maritimes vers l’Asie ils désirent accéder aux richesses des Indes sans avoir
à négocier avec les marchands Othmans. C’est en explorant les mers à la recherche de cette
route directe que les Espagnols et les Portugais découvrent de nouvelles terres, encore inconnu
des Européens et créent les premiers empires coloniaux.

1. L’Europe à la découverte du monde


La chute de Constantinople en 1453 prive les Européens de leurs partenaires commerciaux
byzantins, or c’est par eux que l’Europe s’approvisionne en épices et métaux précieux venu
d’Inde. Désireux de poursuivre ce commerce mais refusant de traiter avec les marchands
Othmans, les Européens cherchent donc à découvrir une nouvelle route qui mènerait aux Indes
sans passer par Constantinople. Cette route ne passera pas par la terre mais par la mer.

Mais le commerce n’est pas la seule motivation des Européens, ces derniers sont aussi
animés par des raisons religieuses. En effet ils espèrent convertir de nouveaux peuples au
christianisme. À la fin du XVe siècle les Européens espèrent pouvoir explorer les mers grâce
aux récents progrès scientifiques et technologiques.

Tout d’abord, les méthodes de cartographie sont beaucoup plus précises. Pour mieux se
repérer les navigateurs disposent désormais de portulans36. On peut par exemple voir sur cette
miniature un portulan de la région méditerranéenne.

36
Portulan : Carte marine des premiers navigateurs au XIIIe et XVIe s., c’est aussi un livre contenant la
description des ports et des côtes.

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Par ailleurs, les nouveaux instruments de navigation permettent aux navigateurs de s’orienter
en pleine mère malgré l’absence de repères terrestres. Grâce à la boussole les marins
connaissent leur position par rapport au nord ils peuvent donc se repérer. L’astrolabe permet
aux navigateurs de déterminer la position précise du bateau en observant les étoiles. En plus,
les navires se sont perfectionnés au XVe siècle, ils sont beaucoup plus facile à manœuvrer ce
qui favorise la navigation en haute mer.

Enfin c’est aussi l’époque de l’utilisation de la voile latine qui permet au bateau de naviguer
contre le vent et d’avancer ainsi plus vite. Les coques sont plus solide et plus stable. Les
premiers modèles de bateau utilisé par les explorateurs sont des caravelles37.

2. Les espagnols et la route de l’ouest


En 1492, le génois (habitants de Gênes en Italie) Christophe Colomb part de Palos de la
Frontera38 avec trois caravelle. Il est envoyé par les rois catholiques espagnols ; son projet et
d’atteindre les Indes par l’ouest en traversant l’Atlantique.

À cette époque, les Européens ignorent l’existence d’un continent entre l’Europe et les
Indes. Christophe Colomb découvre sans même le savoir un continent encore inconnu
l’Amérique.
3. Les portugais et la route de l’est
Les navigateurs portugais, de leur part, partent à la recherche d’une nouvelle voie maritime
en optant pour la route de l’est, c’est-à-dire en longeant les côtes africains. En 1497 Vasco de
Gama quitte Lisbonne ; il contourne le continent africain, traverse l’océan indien et atteint le
bord indien de Calicut un an plus tard.

37
Caravelle : est un navire à voiles à hauts bords inventé par les Portugais au début du XV e siècle pour les
voyages d'exploration au long cours.
38
Palos de la Frontera est une commune de la province de Huelva d'Andalousie.

49
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4. Le premier tour du monde


Le premier tour du monde est mené par Magellan (navigateur et explorateur) entre 1519 et
1522, cette expédition est financée par l’Espagne de Charles Quint.

Magellan, parti d’Espagne, rejoint l’océan pacifique via le détroit des Patagons39, appelé
aujourd’hui détroit du Magellan. Il atteint les Philippines où il meurt en avril 1521. C’est
finalement son lieutenant, Elcano, qui terminera ce premier tour du monde en passant par l’ile
des Moluques et le cap de Bonne-Espérance pour revenir en Espagne en longeant la côte ouest
du continent Africain.

39
le détroit des Patagons : passage maritime situé au sud du Chili.

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Ces expéditions prouvent que la Terre est ronde et que l’Asie et l’Amérique sont des
continents bien distincts.

Par ailleurs, la découverte de ces territoires inexplorés élargit l’horizon intellectuel des
Européens qui prennent conscience de l’existence de mondes et de cultures inconnus
jusqu’alors. Ils découvrent également une nature inconnue et de nouvelles ressources qui font
l’objet de toutes les convoitises et que l’Europe ne tardera pas à exploiter.

En 1494, les Espagnols et les Portugais signent le traité de Tordesillas, sous l’autorité du
pape. Ce traité partage le monde entre les deux royaumes.

En passant cet accord, les deux puissances coloniales rivales limitent les risques de conflits.
Les Portugais s’emparent ainsi du Brésil et fondent des comptoirs sur les côtés africaines et
asiatiques . Calicut est le premier comptoir 40 portugais créé aux indes.

Pendant ce temps les conquistadores conquièrent des Empires comme Inca. De nombreux
colons s’installent sur les territoires conquis pour les exploiter tout en imposant leur langue et
leur religion, le christianisme.

En Amérique centrale et du Sud les Espagnols soumettent les Indiens au travail forcé. Ils
exploitent les mines d’or et d’argent et créent de grandes plantations41 de café et de canne à
sucre.

40
Comptoir est un établissement de commerce, installé à l’étranger, et servant d’escale maritime.
41
Plantation :est une exploitation agricole où sont cultivés des produits tropicaux.

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Autant que puissances européennes l’Espagne et le Portugal c’est enrichissent grâce à


l’afflux d’or et d’argent ainsi que de nombreux produits tropicaux et d’épices qu’ils vendent en
Europe. Ces richesses affluent vers l’Europe par les ports de la côte Atlantique notamment
Séville et Lisbonne.

Les ports de la côte Atlantique se développent fortement grâce à l’essor du commerce


triangulaire avec l’Amérique et l’Afrique. Les marchands européens achètent des esclaves en
Afrique puis les vendent en Amérique où ils les échangent contre des produits issus des
plantations avant de revenir en Europe pour les vendre. Les ports français ne sont pas en reste :
Angers, ou encore Bordeaux se développent grâce au commerce colonial.

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QUATRIEME
PARTIE
LE CHOC DES CIVILISATIONS

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Essai rédigé par Samuel


Phillips Huntington,
1927-2008 USA,
professeur de sciences
politiques à Harvard,
paru en 1996 et traduit
en français en 1997.
Très controversé depuis
sa parution, l'ouvrage a
donné lieu à de
nombreux débats.
Edition Simon et
Shuster.

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CIVILISATIONS & CULTURES - Enseignant : M. Ahmed MADI
École Nationale de Commerce et de Gestion – Dakhla S1- Année universitaire : 2022-2023

I. INTRODUCTION
Le Choc des Civilisations et la Refondation de l’Ordre Mondial, de Samuel Huntington est
le livre le plus important paru sur les relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale. C’est une thèse parue (comme article scientifique) en 1993 aux USA, selon laquelle
la composante principale et la plus dangereuse des politiques mondiales émergentes
engendrerait des conflits entre groupes issus de civilisations qui diffèrent.
“Si le XIXème siècle a été marqué par les conflits des États-nations et le XXème par
l’affrontement des idéologies, le siècle prochain verra le choc des civilisations car les
frontières entre cultures, religions et races sont désormais des lignes de fracture”.

C’est une citation de Samuel Phillips Huntington, qui est d’ailleurs la pièce motrice de son
essai « le choc des civilisations » paru (comme livre) en 1996 chez Edition Simon et Schuster
USA. En utilisant le terme « civilisation », Huntington souligne son rapprochement avec le
concept de « culture »
Faisant objet de plusieurs interprétations et lectures jusqu’à nos jours, ce livre est à
recommander à tous ceux qui veulent s’initier aux sujets de l’identité, la stratégie et à la
géopolitique. Le livre a relancé le débat sur l’étude des relations internationales depuis
l’invention de la guerre froide en 1947.
Bien que source de scepticisme pour de nombreux lecteurs. Ce scepticisme s’est
sensiblement dissipé à la suite des événements du 11 septembre 2001. L’attaque contre les
Tours Jumelles (World Trade Towers) a fortement crédibilisé cet écrit.

II. QUELLES SONT LES CIVILISATIONS QU’IL IDENTIFIE ?


Huntington dénombre neuf civilisations :

• La civilisation occidentale :
Comprend toute l’Europe à l’ouest de la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine, la Roumanie,
la Serbie et la Bosnie ; elle inclut les pays Baltes, la Slovénie et la Croatie – la Grèce est
exclue – elle inclut aussi l’Islande, le Groënland, le Canada, les États-Unis, l’Australie,
la Nouvelle-Zélande, une partie des Philippines et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui
entretient la même relation avec la Grande-Bretagne que l’Australie et la Nouvelle-
Zélande.
• La civilisation d’Amérique Latine :
Comprend l’ensemble de l’Amérique du Sud à l’exception des Guyanes : toute
l’Amérique centrale, l’ensemble des Caraïbes dont la Jamaïque, Haïti et Puerto Rico.
• La civilisation africaine :
Comprend tous les territoires africains autres que ceux à population majoritairement
musulmane – approximativement sous une ligne allant d’est à l’ouest de Djibouti à la
Sierra Leone, mais excluant la Somalie et les régions côtières du Kenya et de la Tanzanie.
• La civilisation islamique :
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Comprend tout le reste de l’Afrique, le Kosovo, tout le Proche-Orient à l’exception des


pays orthodoxes et Israël, délimitée à l’est par l’Inde et la Chine.
• La civilisation sinitique :
Comprend la Chine, les deux Corées, Taïwan et le Vietnam.
• La civilisation hindoue :
Correspond à l’Inde.
• La civilisation orthodoxe :
Comprend la Russie, le Kazakhstan, la Géorgie, la Biélorussie, l’Ukraine, la Moldavie,
la Roumanie, la Bulgarie, la Macédoine, l’Albanie, la Serbie, la Bosnie, le Monténégro
et la Grèce.
• La civilisation bouddhiste :
Comprend le Tibet et la Mongolie.
• La civilisation nipponne :
Correspond au Japon.
La composition de ces neuf civilisations fait l’objet d’une certaine controverse. Par exemple,
alors que la Corée du Sud et Taïwan sont tous les deux fortement influencés par la culture
chinoise, leur évolution, ces cinquante dernières années, les aligne beaucoup plus sur l’Occident
que la Chine.
Et la Grèce est-elle plus occidentale qu’orthodoxe ?
Pour Huntington, les différences majeures dans le développement politique et économique
entre les civilisations sont ancrées dans les différentes cultures, si bien que, selon lui :
Þ le succès économique de l’Asie de l’Est s’explique par la culture asiatique,
Þ les difficultés rencontrées par la même Asie de l’Est à installer des systèmes politiques
démocratiques a aussi à voir avec la culture asiatique,
Þ l’échec de l’émergence de la démocratie dans la majorité du monde musulman est lié à
la culture islamique,
Þ le développement économique et politique des sociétés postcommunistes est incertain
et dépend de la religion qui est pratiquée : celles avec un héritage occidental chrétien
font des progrès, mais les perspectives de développement dans les pays orthodoxes sont
maigres, les perspectives dans les républiques musulmanes sont sombres.
Þ Il affirme, à partir de ce constat, que l’Occident est, sans conteste, la civilisation la plus
puissante, bien qu’elle décline. Certaines cultures tentent cependant toujours de l’imiter.
D’autres (essentiellement confucéenne et islamique) tentent d’augmenter leur propre
puissance pour contrer l’Occident. C’est un des axes majeurs de la géopolitique
internationale : l’affrontement entre cultures occidentales et non-occidentales. Car le
monde, selon lui, est « devenu multipolaire et pluri-civilisationnel ».

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