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Effet d’apprentissage par l’exportation et performance :

cas des entreprises exportatrices marocaines

Khadija EL ISSAOUI
Université Mohammed V Rabat, FSJES – Agdal

Fouad MEKHALEF
Université Mohammed V Rabat, FSJES – Agdal

Resumé

Cette étude consisteà mettre en évidence le rôle clé de l’apprentissage par l’exportation. L’objectif est
d’évaluer un modèle en coupe instantanée en appliquant la méthode des moindres carrés ordinaire
(MCO) pour tester l’effet de la productivité totale des facteurs sur la performance de 30 entreprises
exportatrices marocaines au cours de l’année 2017.Nos résultats indiquent un effet de renforcement
mutuel entre la productivité et les performances en matière d’exportation pour les entreprises
marocaines, grâce notamment aux externalités positives,comme l’exploitation des connaissances et des
nouvelles technologies, liées au processus d’exportation sur le marché étranger, faisant ainsi bénéficier
des gains de productivités plus importants que les firmes non exportatrices.
Mots clés : Productivité globale des facteurs, Performance, Exportations, Croissance économique,
effet d’apprentissage à l’exportation.

Abstract

This study aims to highlight the key role of learning by exporting. The objective is to evaluate a model
in instantaneous section by applying the method of ordinary least squares (OLS) to test the effect of
total factor productivity on the performance of 30 Moroccan exporting companies during the year
2017. Our results indicate a mutually reinforcing effect between productivity and export performance
for Moroccan companies, thanks in particular to positive externalities, such as the exploitation of
knowledge and new technologies, linked to the export process on the market. foreigner, thus
benefiting from greater productivity gains than non-exporting firms.
Keywords :Overall factor productivity, Performance, Exports, Economic growth, Learning.

1
I - Introduction générale

Dans un contexte marqué par la mondialisation et l’instabilité de l’environnement, l’ouverture et la libéralisation


des échanges sont devenues des choix incontournables pour toute économie. Il est devenu nécessaire pour les
entreprises désirant croître et augmenter leurs gains de productivité d’envisager la possibilité de
s’internationaliser.En effet, l’exportation joue un rôle crucial dans le développement des entreprises parce
qu’elle est le moteur de leur efficacité, peut-être la récompense des entreprises efficaces, augmente la
concurrence sur les marchés étrangers,favorise la diffusion technologique et des connaissances, et incite les
entreprises à améliorer leurs productivités. En outre, les firmes orientées versles exportationsse caractérisent par
une productivité supérieure à cellesoù la production est destinéeau marché local. Cette supériorité s’explique par
l’exploitation des connaissances et des nouvelles technologies diffusées sur les marchés d’exportation« effet
d’apprentissage » (CLERIDES, LACH et TYBOUT, 1998). En revanche, seules les entreprises les plus efficaces
trouvent profitable de s’engager dans le commerce international en raison de la concurrence sur le marché et la
présence des coûts fixes liés à l’exportation1(BERNARD, EATON, JENSON et KORTUM (2003), MELITZ
(2003)).
Le Maroc s’est engagé dans un processus de libéralisation graduelle de son commerce
extérieur en vue de réussir son intégration dans l’économie mondiale, à travers notamment la
signature d’un ensemble d’accords de libre-échange et des efforts considérables en faveur de
la promotion du commerce extérieur ont été déployés en parallèle comme l’adoption du code
du commerce, l’amélioration de l’environnement des affaires, l’émergence, l’adoption des
plans Maroc Export Plus, les contrats de croissance à l’export2, le programme d’appui aux
primo-exportateurs3, etc. Selon le rapport annuel de l’Office des Changes (2018), entre 2010
et 2018, les exportations marocaines ont marqué un taux de croissance annuel moyen de
7,9%. Cette croissance s’explique par la progression des ventes de voitures de tourisme –
premier produit à l’export– de 2,6Mds DH , des produits alimentaires de 3,4Mds DH, des
produits énergétiques de 1Md DH. Les exportations (FAB) continuent leur hausse en 2018 et
augmentent de 10,6% ou de 26,3 Mds DH contre une hausse de 10,3% (+23,2Mds DH) en
2017 et totalisent ainsi 275,2Mds DH. En revanche, les indicateurs du commerce extérieur
affichent,constamment et d’une manière continue, une balance commerciale déficitaire

1
Par exemple, la recherche de marché, les coûts de transport, l’adaptation des produits, la mise en place de
réseaux de distribution et les démarches visant à satisfaire les exigences de la réglementation étrangère…
2
Lancé en 2013, les contrats de croissance à l’export sont destinés aux entreprises confirmées à l’export, dont le
chiffre d’affaires à l’export moyen est supérieur à 5 millions de dirhams et inférieur ou égal à 500 millions de
dirhams sur les trois dernières années. Cet appui n’est accordé que sous condition de réalisation, par l’entreprise
bénéficiaire, de son plan d’action relatif à son projet de développement à l’export. L’État prend en charge
certaines actions de marketing et de commercialisation à destination des marchés étrangers pour le
développement à l’export des entreprises bénéficiaires.
3
Le programme d’appui aux primo-exportateurs consiste en un accompagnement sur mesure sur une période de
3 ans, à travers un soutien financier et technique de l’État aux entreprises et aux coopératives de droit marocain
qui ont un potentiel à l’export et désireuses de se lancer dans l’exportation ou d’en faire une activité régulière.

2
(205 897 MDH en 2018 contre 189 238,9 MDH en 2017). En effet, malgré les grandes
réformes établies, pour être plus compétitif sur les marchés internationaux, notamment avec
l’évolution remarquables de certains secteurs comme « l’automobile » et, « l’agriculture et
l’agro-alimentaire», les résultats n’ont pas été au niveau des attentes. L’aggravation du déficit
commercial (à cause notamment de la croissance desimportations d’énergie et des produits
alimentaires, la hausse des prix des matières premières, la politique de subventions, etc.), la
stagnation de la part de marché, la concentration de la quasi-totalité des exportations avec
l’Europe...en constituent de parfaites illustrations. Dans cette étude, nous partons de
l’hypothèse que les exportations améliorent les performances via l’apprentissage. Autrement
dit, on suppose que le commerce international facilite l’accumulation des connaissances. En
effet, selon CLERIDES, LACH et TYBOUT (1998), l’activité d’exportation impacte
positivement la productivité, dans le sens où l’augmentation de la concurrence sur les marchés
étrangers permettent d’acquérir des connaissances transmises par les acheteurs et par les
concurrents étrangers bien informés sur les procédures et les produits qui réduisent les coûts,
tout en améliorant la qualité. Ils leur apportent une assistance technique, via un « effet
d’apprentissage ».

Dans ce présent travail, nous mettonsl’accent surle lien qui existe entre l’exportation et la productivité des
entreprises.Notre objectif est de vérifier si la participation des entreprises au marché d’exportation impacte
positivement la productivité de la firme marocaine.Plus précisément,nous tentons de testerun modèle en coupe
instantanée regroupant 30 entreprises exportatricesmarocainesen appliquantla méthode des moindres carrés
ordinaire (MCO) pour évaluer le lien entre la productivité et la performance en matière d’exportationdurant
l’année 2017.Ceci afin d’affirmer ou de confirmer l’hypothèse de «l’effet d’apprentissage par l’exportation».

Cet article est organisé de la manière suivante. Dans la prochaine section, un regard sur les
travaux théoriques et empiriques analysant la relation existante entre exportation et
productivité sera développé. Ensuite, nous présentons les principaux faits stylisés qui
concernent les exportations marocaines. Enfin, nous évaluons notre modèleet présentons nos
principaux résultats.

II - Revue de littérature

Les travaux analysant la relation entre les exportations et la productivité des entreprises ont
davantage mis l’accent sur des concepts fondamentaux comme l’hétérogénéitédes firmes,
l’effet d’auto-sélection, l’effet d’apprentissage par l’exportation, etl’effet d’auto-sélection

3
consciente (encadré 1, annexe).Il existe plusieurs études empiriques, fondées sur les analyses
de BERNARD et JENSEN (1995), qui οnt accοrdé une attentiοn au sens de causalité entre
l’expοrtatiοn et les changements de la prοductivité des firmes. Ces travaux permettent la
cοmparaisοn entre les firmes expοrtatrices et nοn expοrtatrices. D’une manière générale, cette
littérature s’est focalisée sur deux approches :

1) La premièreapproche met l’accent sur le sens de causalité qui existe entre l’exportation
et les changements de la productivité des firmes. La plupart des études analysant ce
lien de causalité sont fondées sur les travaux de BERNARD et JENSEN. Plus
précisément, la comparaison entre les firmes exportatrices et non exportatrices et
l’interaction entre les coûts fixes et l’hétérogénéité des firmes sont les éléments clé de
ces travaux. Il en découle une corrélation positive entre les deux variables en question
qui est justifiée par les trois explications suivantes :
– La première considère que seules les entreprises les plus productives s’engagent
dans des activités d’exportation (auto-sélection) dans la mesure où elles peuvent
supporter la concurrence sur des marchés compétitifs internationaux.
– La seconde explication tire ses fondements de base de l’explication précédente,
en suggérant l’idée que l’auto-sélection dans les pays en développement doit être
un processus conscient par lequel les firmes augmentent leur productivité à
travers les investissements, avec le but précis de devenir des firmes exportatrices.
– La dernière explication tient au fait que les entreprises qui entrent dans les
marchés étrangers acquièrent de nouvelles connaissances et compétences qui leur
permettent d’améliorer leur niveau d’efficacité (apprentissage par l’exportation
ou learning by exporting).
2) La seconde approche suggère que la taille globale de l’entreprise est une
caractéristique importante à prendre en compte. Elle est un des sujets les plus traité par
les chercheurs, et souvent perçue comme une variable pour expliquer
l’internationalisation de l’entreprise. Les études analysant la relation entre la taille de
l’entreprise et son comportement à l’exportation sont très nombreuses et prennent en
compte les économies d’échelle et la théorie des étapes. Les résultats montrent que,
pour pouvoir exporter, il faut disposer d’une taille critique et au-delà d’un certain seuil,
la taille intervient peu dans le comportement d’exportation. Cependant, la relation entre
la taille et la productivité des firmes trouve deux explications possibles :

4
– Selon certains auteurs comme LUCAS(1988), l’accumulation du capital humain est
favorable à la productivité d’une entreprise à travers des effets d’apprentissage par
la pratique.
– En revanche, selon BELLONE (2008), et en raison de leur grande taille, certaines
entreprises trouvent des difficultés d’organisation et de gestion de la main-d’œuvre
qui affecteront négativement leur productivité.

Par ailleurs, selon KRUGMAN (1987) et HAVYRLYSHYM (1990), une expansion dans le
secteur des exportations est un facteur essentiel qui alimente la croissance
économique, conduit à un accroissement de la demande des produits du pays en question ce
qui entraine une amplification du produit réel et peut aussi conduire à la croissance
économique à travers la loi de Verdoorn4. En outre, une expansion du secteur des exportations
donne accès à de nouvelles technologies de même que des techniques nouvelles de gestion,
essentielles à la croissance économique dans un monde où la concurrence est très rude
(KRUGMAN, 1987 ; ROMER, 1990 ; RIVERA-BATIZ et ROMER, 1991; BEN-DAVID et
LOEWY, 1996). La loi de Verdoorn est aussi connue comme étant l’hypothèse de «
l’apprentissage par l’exportation ». La figure 1 présente les principaux arguments indiquant
que la croissance économique est induite par l’expansion des exportations. Autrement dit,
cette figure explique le mécanisme par lequel les exportations contribuent à la croissance
économique. En effet, les exportations, en permettant la spécialisation dans la production de
biensse caractérisant par un avantage comparatif, conduit à un accroissement de la
productivité et à une réallocation des ressources. L’accroissement de la productivité est rendu
possible grâce à l’accès aux nouvelles technologies et aux techniques nouvelles de gestion.
Cet accroissement de la productivité, combiné à la réallocation des ressources des secteurs les
moins performants vers les secteurs les plus performants, conduit inéluctablement à un
accroissement du produit national (amélioration du bien-être économique). Par ailleurs, selon
GROSSMAN et HELPMAN (1991), une expansion des exportations résultant des gains de
productivité et des économies d’échelle va conduire à une réduction des coûts de production
et par conséquent entrainer une amélioration substantielle de la productivité. Cette
amélioration de la productivité va conduire à son tour à une augmentation des exportations
d’où une croissance économique de la nation.

4
Laloi de Verdoorn stipule que la variation de la productivité résultant d’une spécialisation dans la production
des biens imputables à l’accroissement des exportations, via une amélioration des qualifications et des
compétences dans le secteur.

5
Figure 1. La croissance économique induite par l’expansion des exportations

Source : Réalisé par nos propres soins

IV – Les faits stylisés

Après l’indépendance, le Maroc s’est engagé dans des programmes prometteurs de


développement visant à renforcer le tissu économique et à accompagner les différentes
mutations sociales du pays. Le premier plan quinquennalde 1960-1964 projetait le
développement de l’agriculture et la mise en place d’une industrie de base grâce à
l’intervention de l’État en vue de consolider l’indépendance économique du pays et de
valoriser ses ressources nationales. Toutefois, cette politique n’a pu être concrétisée en totalité
et certains projets ont été annulés ou reportés en raison notamment des contraintes financières.
C’est pour cette raison que le plan triennal (1965 –1967) a par la suite mis l’accent davantage
sur le secteur privé pour développer les investissements et opté pour le libéralisme
économique. Ces plans n'ont pas permis de surmonter la persistance d'une très faible
croissance de la production globale, un taux d'épargne et d'investissement très insuffisant,
l'aggravation du chômage, et les difficultés que cause une balance des paiements très
vulnérable. Afin de créer un environnement propice au développement de ses échanges
commerciaux avec les pays tiers, le Maroc a scellé sa politique d'ouverture commerciale en
négociant une série d'accords de libre-échange (ALE) non seulement avec ses principaux
partenaires commerciaux tels que : l’Union Européenne, les pays arabes, les États-Unis
d’Amérique et la Turquie, mais aussi avec des regroupements régionaux en Afrique tels que
l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et la Communauté
Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Le système économique du
Maroc se caractérise par une ouverture de plus en plus accrue vers l'extérieur.

6
L’analyse des données des annuaires statistiques duHaut-Commissariat au Plan (2008 ;
2011;2014;2017;2018) et du Rapport annuel de l’Office des Changes (2018) permet de
déduire les éléments qui suivent. En termes de diversification, les exportations restent
principalement concentrées sur trois secteurs à savoir les industries « phosphates et dérivés »,
« agriculture et Agro-alimentaire» et «textile-cuir». En 2008, elles représentaient 71,06% des
exportations marocaines. Cependant en 2018, les trois secteurs représentaient juste 53,78%
des exportations marocaines à cause de la chute remarquable du secteur «phosphates et
dérivés».Nous constatons clairement que les exportations des secteurs «agriculture agro-
alimentaire» et surtout le secteur «automobile» ont pris de l’importance entre 2008 et 2018
(21,12% et 26,29% respectivement en 2018 contre seulement 18,04% et 8,77% en 2008) au
détriment de celles des secteurs «textiles et cuirs» et «phosphates et dérivés», qui sont passées
de 19,98% et 33,04% respectivement en 2008 à 13,77% et 18,98 en 2018. Cela résulte d’une
part, de la baisse relative de la demande mondiale pour ce type de secteurs. D’autre part,
d’une forte concurrence directe des producteurs à bas coût d’Europe de l’Est et d’Asie de
l’Est.La performance du secteur automobile, réalisé notamment entre 2008 et 2018,
s’explique principalement par les ventes des écosystèmes construction automobile et câblage.
En effet, les exportations automobiles ont progressé de 17 % entre 2008 et 2018 en passant de
13 658 MDH pour atteindre 72 351 millions de DH en 2018. Le secteur demeure donc le
premier secteur exportateur du Maroc.Le secteur automobile profite d’une place de choix
dans le cadre du plan accélération industrielle 2014-2020.Les exportations du secteur
«aéronautique» quant à elles, s’inscrivent en hausse en passant de 3 613 million de DH en
2008 à 14 741 millions de DM en 2018. Les exportations du secteur «électronique»
poursuivent leur croissance et marquent une hausse de 3 191 millions de DH entre 2008 et
2018, tandis que celles du secteur pharmaceutique progressent également (+724MDH). Les
exportations des secteurs « agriculture agro-alimentaire » et «textile-cuir» continuent leurs
tendances haussières en passant de 28 089 MDH en 2008 à 58 109 MDH en 2018 pour le
secteur « agriculture agro-alimentaire », ainsi une augmentation de 6 769 MDH entre 2008 et
2018 pour le secteur «textile-cuir».

Par ailleurs, l’Europe demeure le partenaire principal du Maroc en termes d’échanges


commerciaux en 2018 avec une part de 66,4% et un total de 501 881 MDH. Ces échanges
sont répartis principalement entre l’Espagne (141,1Mds DH) et la France (116,9Mds DH).
L’Asie intervient pour 16,2% dans le total des transactions commerciales et occupe le
deuxième rang. L’Amérique se place en troisième position en 2018 avec une part de 11,1%.

7
Ces échanges sont effectués essentiellement avec les États-Unis, soit 83 777 MDH. L’Afrique
contribue à hauteur de 5,3% au total des échanges commerciaux en 2018. Quant à l’Océanie,
sa part demeure faible (0,2%). Le déficit commercial avec l’Europe se creuse de 6,6Mds DH
et se chiffre à 115,9 Mds DH. Il représente 56,3% du déficit global en 2018. Le déficit avec
l’Asie contribue à hauteur de 32% au déficit global et se situe à 65,9Mds DH contre 57Mds
DH en 2017. Concernant le déficit commercial avec le continent Amérique, il se chiffre à
28,8Mds DH en 2018 contre 30,4Mds DH en 2017.

Figure 2. La répartition des exportations par région en 2018

Source : Office des Changes. Rapport annuel 2018

En outre, l’analyse de l’évolution de la demande étrangère adressée au Maroc montre


également que celle-ci reste largement dépendante des partenaires européens, même si la
dynamique de la demande en provenance des pays hors UE (Inde, Brésil, Russie, Turquie,
Chine…), est plus forte depuis 2004. Selon le rapport économique et financier accompagnant
le projet de loi de finances (PLF 2020), les exportations marocaines ont augmenté de 10,6%
en 2018 contre 10,3% en 2017 avec une progression moyenne annuelle de 4,3% sur la période
2008-2014. En effet, le rapport souligne que la part de l’union européenne (UE) s’est inscrite
à la baisse, passant de 75,8% des exportations globales du Maroc en 2000 à 66,3% en 2018,
au moment ou celles à destination des pays hors UE s’est améliorée. C’est le cas du Brésil
dont la part s’est établie à 2,6% en 2018 contre 0,9% en 2000 ou encore la part de l’Afrique
subsaharienne (de 1,8% à 6,3%) et celle de la Turquie de (0,7% à 2%). Il y a lieu à souligner
que malgré la baisse de leurs parts, la France et l’Espagne, demeurent les principaux clients
du Maroc avec 21,7% et 23,6% des exportations marocaines, respectivement en 2018 contre
33,5% et 13% en 2000.

8
Malgré la mise en place des politiques d’accompagnent et de soutien à l’exportation et à
l’ouverture, le commerce extérieur reste un point faible de l’économie marocaine (un
déséquilibre persistant de la balance commerciale ; un accroissement du volume des
échanges ; un accroissement des déficits commerciaux bilatéraux, etc.). Selon le Rapport de la
Banque Africaine du développement (2015), il semble que ce n’est pas le prix qui explique la
faible compétitivité des exportations marocaines mais c’est davantage leur faible contenu en
technologie et innovation. L’ouverture du marché marocain a largement profité aux pays
fournisseurs, ajoute le Rapport. En outre, les faibles performances en matière d’exportations
s’expliquent par
– des exportationsconcentrées géographiquement et des faibles capacités de
diversification des partenaires commerciaux ;
– des exportations dominées par les produits agricoles, les produits chimiques et le
textile ;
– une spécialisation internationale défavorable qui renforce l’image d’une économie
orientée vers la consommation ;
– un manque de sophistication des produits exportés.
Ainsi, les exportations marocaines ne permettent pas de dégager un surplus exportable
structurel, comme c’est le cas de la Malaisie, et donc de jouer le rôle d’ancrage de la
croissance économique.

III –Modélisation de l’impact des déterminants de la performance des entreprises


exportatrices

Nous utilisons une fonction de production néoclassique pour analyser l’impact des
déterminantsde la performance des entreprises exportatrices.Le modèle à estimer, prendra la
forme d’une fonction de production de type Cobb-Douglas, s’inspirant de la fameuse théorie
de croissance endogène ‘’Learning by exporting’’ qui met en avant l’idée que les firmes
exportatrices bénéficient d’externalités positives liées à l’ouverture vers les marchés
extérieurs. Ces externalités ont un impact positif sur le rendement de la productivité apparente
du travail et notamment celle du capital physique des firmes exportatrices (AHN, 2005).
Notre modèle prend la forme suivante :

9
Avec :
i:1,…, N entreprises exportatrices ;
:variable dépendante ;
:coefficients de régression ;
: est le vecteur des variables indépendantes (k est le nombre de variables
indépendantes) ;
désigne le terme d’erreur.

1) La productivité globale des facteurs (PGF)

Dans l’analyse Solow (1956), la productivité globale des facteurs correspond au résidu
associé à une forme de progrès technique exogène. Autrement dit, il s’agit de la fraction de la
croissance de l'output non générée par l’augmentation du capital et du travail.Solow,
fondateur de la théorie de croissance exogène,apporte une formalisation théorique pour la
mesure de la PGF (progrès technique ou résidu).

Où :
Y représente la production,
K et L désignent respectivement le capital et le travail
A : le progrès technique ou la PGF

Ainsi, pour notre part,la productivité globale des facteurs est calculée comme étant le résidu
de la fonction de production Cobb-Douglas à rendements constants.

2) Présentation du modèle

Nous introduisons dans notre modèle les variables suivantes:

L’investissement et la durée de vie (ancienneté et /ou expérience) des entreprises sont


introduits pour améliorer la robustesse des résultats.
Afin de linéariser le modèle, toutes les variables sont exprimées en logarithme:

10
3) La source des données

Nos données en coupe transversale sont issues du ministère chargé du commerce extérieur et
regroupant 30 firmes exportatrices marocaines durant l’année 2017 (tableau 1). Nous ne nous
disposons pas des données concernant les entreprises non exportatrices. Ainsi, l’intégration de
la notion de l’hétérogénéité des entreprises, qui implique la comparaison entre les entreprises
exportatrices et non exportatrices, dans notre analyse est impossible. En revanche, nous
pouvant prendre en considération l’effet d’apprentissage par exportation.

Tableau 1. Description des variables


Variables Mesure Significations Sources
Dépendante Y Chiffre d’affaires Permet de mesurer la performance Ministère chargé du
hors taxe des firmes économique des firmes exportatrices commerce extérieur
exportatrices
Indépendante K Capital physique des Permet de mesurer la capacité de Ministère chargé du
firmes exportatrices l’utilisation du capital physique, ainsi commerce extérieur
qu’un indicateur pour mesurer l’effet
de la productivité du capital
L Effectif des employés Permet de capter la taille des firmes trombinomaroc export
exportatrices et à mesurer la
productivité de la main-
d’œuvreemployée
IInvestissement des Permet de mesure la capacité Ministère chargé du
firmes exportatrices d’investissement des firmes commerce extérieur
durant un exercice exportatrices et son rendement à
comptable l’utilisation
Di Durée de vie des Permet de capter le niveau et la trombinomaroc export
firmes jusqu’à qualité de l’expérience des firmes
l’année 2017 exportatrices « Expérience »
Source : Établit par nos propres soins

Tableau 2. Statistique descriptive des variables

Statistiquesd Chiffre d’affaires Capital physique Employés Investissements Durée de vie des
escriptives firmes

Moyenne 8.83 MDHS 1.06 MDHS 753 3.80 MDHS 36.2 ans
Médiane 2.24 MDHS 1.9 MDHS 150 1.80 MDHS 32 ans
Maximum 8.33 MMDHS 1.21 MMDHS 5800 4 MMDHS 88 ans
Cosumar (Production de sucre ALLIANCES Copag (ALLIANCES Cosumar
blanc à partir du raffinage de DEVELOPPEMENT (Production de jus DEVELOPPEME
sucre brut et l'extraction de la IMMOBILIER d'orange, produits laitiers, NT
betterave à sucre) (Immobilier) aliments de bétail) IMMOBILIER)
Minimum 1.4 MDHS 0.3MDHS 40 1 MDHS 11 ans
TANNERIE SAISS (Tannerie) CORALINE KHIAMCUIR KHIAMCUIR CORALINE
(Maroquinerie) (Maroquinerie) (Maroquinerie) (Maroquinerie)
Ecart-type 1.80 MDHS 2.46 MDHS 1245.016 7.55 MDHS 19.6 ans
Source : Réalisé par nos propres soins

11
Dans notre échantillon, les entreprises Cosumaret Lesieur-Cristal se caractérisent par une
durée de vie plus longue (respectivement 88 ans et 76 ans) et réalisent un chiffre d’affaire plus
élevé (respectivement 8330millions de DHS et 4583 millions de DHS).Selon le Rapport
annuel Cosumar (2018) « l’exportation du sucre blanc qui s’opère dans le cadre du régime
d’admission temporaire en dehors du système de subvention nationale, est devenue … une
composante importante de notre chiffre d’affaires (de 20 à 25%) ». Cependant, il semble que
la durée de vie n’est pas un critère de réalisation de bonnes performances. En effet, Copag,
spécialisée dans la production de jus d'orange, produits laitiers, aliments de bétail, ayant une
durée de vie de 30 ans et recrutant le plus grand nombre effectifs (5800), réalise un chiffre
d’affaires de 4000 millions DHS et donc se classe 3ème après Cosumar et Lesieur-Cristal.
L’entreprise Alliances developpement immobilier, dont la durée de vie est 23 ans et disposant
des quantités les plus élevés du capital physique (1210millions de DHS) et des
investissements (4000 millions de DHS) par rapport aux autres entreprises de notre
échantillon, réalise seulement un quart du chiffre d’affaires du Cosumar. En outre, le chiffre
d’affaire réalisé par les entreprisesTANNERIE SAISS (tannerie), CORALINE (maroquinerie),
BELLE MAROQUINERIE (maroquinerie), FASHION LEATHER (vêtements en cuir,
maroquinerie), KHIAMCUIR (maroquinerie), COROC (maroquinerie)ne dépassent pas 5
millions de DHS.

Par ailleurs, l’étude de la colinéarité est une étape fondamentale pour détecter la présence (ou
non) d’une forte corrélation entre les variables explicatives pouvant avoir des effets négatifs
sur la robustesse et la pertinence des résultats de l’estimation. Le tableau 3 indique une
absence de colinéarité entre les variables indépendantes du modèle. En effet, aucun
coefficient de corrélation n’est supérieur à 0,6. Ainsi, nous pouvons utiliser la méthode des
moindres carrés ordinaires (MCO) pour évaluer notre modèle.

Tableau 3. Matrice Variance-Covariance


K L I D
K 0.029 -- -- --
L -0.035 0.065 -- --
I 0.002 -0.01 0.021 --
D -0.024 0.006 0.0108 0.190
Source : Réalisé par nos propres soins sur Eviews 10

V - Les résultats de l’estimation

Les résultats de l’estimation par laMCO sont résumés dans la sortie suivante (tableau 4 ) :

12
Tout d’abord, le modèle est globalement significatif parce que la qualité d’ajustement s’élève
à 83% (R²ajusté : 0,8005 et une probabilitéassociée à la statistique de Fisher inférieure
auseuil de 1%). Concernant l’impact individuel de chaque variable, conformément à l’étude
de SODERLING (2001), les résultats relatifs au coefficientde capital sont robustes5. En effet,
nos résultatssoulignent que le capital physique est significativement positif au seuil de 1% et
qu’une augmentation du stock de capital physique des entreprises exportatrices, engendre une
hausse d’environ 0,82 de leurs chiffres d’affaires. En revanche, le rendement du travail,
l’investissement et la durée de vie de la firme sont non significatifs. La corrélation positiveet
non significative entre le facteur « travail » et le chiffre d’affaires des entreprises
exportatrices mérite une recherche approfondie. Dans cet article, nous pouvons expliquer ce
résultat par troishypothèses : i) les entreprises disposent d’une main-d’œuvre non qualifiée et
donc ne jouant aucun rôle dans l’amélioration de la performance économique, ii) les
investissements réalisés sont non productifs, iii) les entreprises sont à forte intensité
capitalistique et à faible intensité en capital humain, innovation et technologie.LECERF
(2012) analyse la performance àl’exportde 253 PEM françaises et conclut qu’une
combinaison de facteurs comprenantl’organisation, l’innovation, les TIC, le dirigeant et la
maîtrise de languesétrangères fait fortement varier les exportations dans tous les secteurs. En
revanche, l’auteur constate que l’ancienneté et le niveau de qualification général, considérés
comme des facteurs secondaires, ont une influencedirecte non significative. En ce qui
concerne la PGF, c’est-à-dire le résidu, nos résultats montrent qu’elle est statistiquement
positive et significative. Ceci est prouvé par la p-value de la statistique de student associée à
la variable PGF qui est inférieure au seuil de 10%. En effet, il s’avère, qu’au-delà des
déterminants traditionnels de la croissance économique, il existe des facteurs jouant un rôle
crucial. Notre modèle suggère que les entreprises exportatrices marocaines dégagent une
productivité très importante sur le marché des exportations grâce à l’effet de l’apprentissage à
l’exportation. Dans cette étude, la productivité globale des facteurs correspond donc à l’effet
de l’apprentissage à l’exportation qui génère des gains de productivité en faveur des firmes
exportatrices. En outre, les entreprises orientées vers le marché extérieur profitent d’une
externalité positives liée au processus d’exportation permet de maintenir la compétitivité au
niveau international. En effet, la concurrence rude sur les marchés étrangers permet d’acquérir
des connaissances transmises par les acheteurs et par les concurrents étrangers bien informés

5
Selon le modèle « learning by doing»réalisé par ROMER (1986), le stock du capital est l’origine de la
croissance endogène.

13
sur les procédures et les produits qui réduisent les coûts, tout en améliorant la qualité. Ils leur
apportent une assistance technique, expliqué par l’effet d’apprentissage par l’exportation qui
permet de produire à moindres coûts et donc d’améliorer la productivité. Certes, nos résultats
sont conformes à l’hypothèse qu’il existe un effet d’apprentissage, faisant bénéficier aux
entreprises exportatrices des gains de productivité crucial grâce aux externalités positives liée
au processus d’exportation.

Tableau 4. Résultats de l'estimation par la MCO


Variable dépendante
Y : Chiffre d’affaires des entreprises exportatrices hors taxe
N = 30
K 0.8208
0.0001***
L 0.37181
0.1595
I -0.1006
0.4920
D -0.4978
0.2690
PGF 6.6845
0.0521*
R² 0.8280
R² ajusté 0.8005
F-statistic 30.09
Prob(F-statistic) 0.000000
Source :Eviews 11
* ; ** ; ***, significative respectivement au seuil de 10%, 5%, et 1%

1) Le test de normalité

Après l’estimation du modèle par laMCO, il convient de tester la viabilité et la robustesse de


la régression qui constitue une étape fondamentale. Ainsi, nous utilisons le test de Jarque-
Berra (1982) basé sur l'utilisation duSkewnesset de la Kurtosis (qui doivent être proches
respectivement de 0 et de 3 dans le cas normal). Dans notre cas, la probabilité du test Jarque-
Berraest de 0,397 qui est strictement supérieure à 5%. Nous acceptons, donc, l’hypothèse de
la normalité des erreurs. Le test de normalité confirme que les erreurs du modèle sont
normalement distribuables au seuil 5% (Annexe 2).

2) Le test d’homoscédasticité

Les tests d’homoscédasticité permettent de vérifier que le modèle estimé par laMCO est non
biaisé et à variance minimale, ce qui permet de confirmer l’hypothèse d’avoir un modèle dit

14
« BLUE6». L’identification de l’hétéroscédasticité peut être faite à l’aide de plusieurs
testscomme le test de Breusch-Pagan, le test de Goldfeld, le test de Gleisjer, et le test de
White.Pour tester l’hétéroscédasticité, nous utilisons les tests de Breusch-Pagan-Godfrey et de
White (Annexe 3).Dans notre travail, nous utilisons deux tests :1) test de White ; 2) test de
Breusch-Pagan.

Tableau 5. Les Tests d’homoscédasticité


Test de Breusch-Pagan-Godfrey Test de White
F-Stat P-Value F-Stat P-Value
0.290353 0.8814 0.446486 0.9300
Source :Eviews 11
*non significatif au seuils 1% ; 5% et 10%

Ainsi, les résultats des testsBreusch-Pagan-Godfrey et White confirment que les erreurs du
modèle sont homoscédastiques (tableau 5).La variance de l’erreur n’est donc pas liée aux
valeurs de la variable explicative.

IV - Conclusion

Notre objectif dans cet article a été d’analyser les déterminants de la performance des
entreprises exportatrices. Nous avons tenté d’évaluer un modèle en coupe instantanée en
appliquant la méthode des moindres carrés ordinaire (MCO) pour tester le lien entre la
performance à l’exportation et certaines variables dans le cas de 30 entreprises exportatrices
marocaines durant l’année 2017.Dans notre étude, la productivité totale des facteurs (PGF),
correspondant au résidu à l’image de Solow (1956), peut-être interprétée comme "effet
d’apprentissage à l’exportation". Cette variable impacte positivement la performancedes
entreprises exportatrices grâce notamment à l’exploitation des connaissances et desnouvelles
technologies diffusées sur les marchés d’exportation. Cette étude a mis l’accent sur la relation
entre la productivité des entreprises marocaines et leur participation aux marchés
d’exportation.Nous reconnaissons grâce à la revue de littérature, qu’un rapport positif entre
les deux pourrait tenir à deux facteurs. En premier lieu, les entreprises qui deviennent des
exportatrices sont peut-être nécessairement caractérisées par une plus forte productivité, ce
qui s’interprète par « l’effet d’auto-sélection ». En deuxième lieu, les entreprises qui exportent
peuvent de ce fait bénéficier de connaissance de technologies et/ou acquérir de l’expérience et
ainsi améliorer leur productivité, c’est que la littérature appelle « effet d’apprentissage ». Les
résultats obtenus confirment qu’il existe un effet de renforcement mutuel entre la performance

6
BLUE : Best LinearUmbiaisedEstimator

15
des entreprises marocaines exportatrices etla productivité. Les exportations affectent, donc, la
productivité de façon positive et significative. Cependant, les données disponibles ne
permettent pas d’identifier les limites structurelles des entreprises exportatrices en termes de
formation de la main-d’œuvre, de potentiel de recherche-développement et de capacité
d’innovation et ou de financement. La structure du marché, les pratiques managériales des
entreprises (exemple la responsabilité sociale et environnementale), l’architecture
industrielle, l’effet d’expérience, l’expérience à l’étranger, les limites et les configurations
institutionnelles, l’innovation, la dynamique des segments, le mode de spécialisation
dans les productions orientées vers l’extérieur, le mode d’insertion dans la
mondialisation, etc., influencent fortement le processus de développement des capacités
et la dynamique des entrepriseslargement internationalisée.

Le tissu industriel marocain est composé de plus de 95% des PME dont unnombre
important sont en situation difficile. Ces PMEs sont caractérisées par une faible
capacité d'investissement et de financement, une faible ouverture sur les marchés
extérieurs, un faible taux d'encadrement, un actionnariat quasi exclusivement familial,
réalisant une croissance faible et, souffrant de la sous-capitalisation. Le pacte national
pour l’Émergence industrielle nourrit la réflexion sur une approche institutionnelle fondée
sur les programmes ayant pour objectifs de définir la stratégie de développement
industriel et de contractualiser les engagements réciproques de l'État et du secteur
privé. A l'horizon 2015, le contrat programme ̋pacte national pour l’Émergence
industrielle (2009-2015) ̋, opte pour une augmentation du PIB soit 12 milliards de
Dirhams de PIB additionnels et la création de 70 000 nouveaux emplois dans
l'ensemble du secteur automobile. L’objectif central du pacte national pour l’émergence
industrielle est de mettre en place des plans visant la croissance rapide de la valeur ajoutée
et de la productivité du travail, la progression de l’emploi, l’élévation de la
qualification de la main-d’œuvre grâce aux programmes de formation continue, de
recherche & développement et de conception, la progression des salaires sans effet
négatif sur la rentabilité, etc.Les organisations doivent se spécialiser dans les activités dans
lesquelles les capacités offrent un avantage comparatif.L’étude sur les sources de la
croissance économique au Maroc réalisée par l’HCP (2005) fait ressortir trois facteurs
importants comme raisons de la faible performance économique du Maroc durant la période
1970-2002 : la faible qualité de la gouvernance au cours de la période, du niveau faible du
capital humain et particulièrement, la santé et l’éducation, et du faible taux d’investissement.

16
Selon une étude réalisée par le Groupe de la banque africaine de développement (2015), la
croissance économique marocaine est peu inclusive et moins qualitative et présente des
limites sérieuses comme la volatilité, la concentration dans des branches qui créent peu de
valeur ajoutée (agriculture, commerce, immobilier, industries mécaniques et électriques, et
BTP) et non dans les branches porteuses de technologie, une faible contribution de la
productivité des facteurs, et une faible compétitivité des exportations impactant négativement
les équilibres extérieurs.

17
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20
Annexe 1. Définition des concepts fondamentaux
L’hétérogénéité des firmes : Les évolutions de l’ancienne et de la nouvelle théorie du commerce ont permis le développement des modèles
théoriques plus riches insistant sur l’importance de l’hétérogénéitédes firmes à générer du commerce international et à induire la croissance
de la productivité agrégée. Ces modèles apportent des explications à certains travaux empiriques et leurs analyses occupent une large part
des sujets de recherche sur le commerce international. L’hétérogénéité des firmes permet de faire la différence entre les firmes d’une même
industrie et de déterminer laquelle exporte et laquelle devient une multinationale. Plusieurs auteurs ont introduit l’hétérogénéité des firmes
dans leurs analyses (BERNARD, EATON, JENSEN et KORTUM (2003) ; MELITZ (2003), etc.).MELITZ introduit l’hétérogénéité des
firmes dans le modèle de Krugman (1980) du commerce intra industrie. Dans ce modèle Melitz considère que: « les firmes sont
hétérogènes, dans le sens où elles diffèrent par leur productivité.Le modèle de «Melitz» lie l’hétérogénéité des firmes à la productivité de l’
industrie, avec l’exportation comme facteur clé de ce processus.
L’effet d’auto-sélection :BERNARD et JENSEN (1999 ; 2004) sont les premiers qui ont mis en exergue les arguments en faveur de l’auto-
sélection. L’argument théorique sous-jacent est qu’en présence de coûts fixes liés à l’exportation (par exemple, la recherche de marché, les
coûts de transport, l’adaptation des produits, la mise en place de réseaux de distribution, et les démarches visant à satisfaire les exigences
de la réglementation étrangère), la concurrence de marché fait que seules les entreprises les plus efficaces trouvent profitable de s’engager
dans le commerce international (BERNARD et AL (2003) ; MELITZ (2003)). Pour comprendre l’effet d’auto-sélection, il faut commencer
par la comparaison qui existe entre les entreprises exportatrices et non exportatrices, ainsi que sur la différence dans la performance des
firmes récemment entrées sur les marchés d’exportation, autour de la période d’entrée. Les entrants futurs possèdent les caractéristiques
appropriées qui leurs permettent d’exporter et d’accroître plus vite leur productivité que les non exportateurs. Cependant, après une courte
période, elles deviennent non distinguées des autres firmes exportatrices. Cette constatation amène à la conclusion que l’auto-sélection est
fondamentale pour exporter.
L’effet d’auto-sélection consciente :MELITZ (2003) et BERNARD et AL. (2003) supposent que la productivité est exogène. Ces auteurs
montrent que seules les firmes les plus productives peuvent accéder sur les marchés d’exportations parce qu’elles ont les moyens de
supporter les coûts de l’échange fixes et/ou variables. LOPEZ (2004) suggère que l’auto-sélection dans les pays en développement doit être
un processus conscient et bien réfléchi par lequel les firmes augmentent leur productivité, avec le but précis de devenir des firmes
exportatrices. La raison principale est que dans ces pays les biens produits pour les marchés d’exportation, en particulier ceux des pays
développés, sont souvent d’une meilleure qualité que les biens similaires produits pour le marché local. Ainsi, les firmes qui veulent se
focaliser sur les marchés internationaux ont besoin d’acheter de nouvelles technologies et d’investir dans de nouveaux capitaux pour
pouvoir produire un bien de meilleure qualité destiné à l’exportation. L’implantation de ces nouvelles technologies augmente la valeur de
l’output produit par les exportateurs, d’où l’augmentation de la productivité mesurée relativement aux firmes non exportatrices, sachant que
celles-ci continuent à produire des biens de faible qualité pour le marché domestique. Certes, LOPEZ développe un modèle simple dans
lequel les firmes investissaient dans de nouvelles technologies dans le but de devenir des firmes exportatrices. L’adoption de ces
technologies nécessite de la maîtrise et de l’apprentissage, que seules les firmes les plus productives peuvent accomplir (ALVAREZ,
ROBERTO et LOPEZ (2005))1. Cependant, LOPEZ indique qu’il existe de l’auto-sélection mais que celle-ci implique une décision
consciente afin d’augmenter la productivité.
Effet d’apprentissage par l’exportation :CLERIDES et AL (1998) considèrent que l’amélioration de la productivité associée à l’accès aux
marchés d’exportation est attribuable à un effet «d’apprentissage par l’exportation» (learning by exporting). L’hypothèse sous-jacente,
suppose que la participation aux marchés d’exportation a un effet positif sur la productivité. Ainsi, les firmes qui participent aux marchés
d’exportation et y demeurent ont une productivité supérieure à celle des firmes qui opèrent seulement sur les marchés locaux grâce à
l’exploitation des connaissances et des nouvelles technologies diffusées sur ces marchés d’exportation (GUSTAVO, 2006).1 La question
principale est de savoir si les firmes deviennent plus efficientes en devenant plus exportatrices. Pour détecter les effets d’apprentissage,
CLERIDES, LACH et TYBOUT (1998) considèrent que si l’exportation génère des gains d’efficience, alors les firmes qui commencent à
exporter vont améliorer leur productivité. En effet, selon ces auteurs, l’activité d’exportation impacte positivement la productivité, dans le
sens où l’augmentation de la concurrence sur les marchés étrangers permettent d’acquérir des connaissances transmises par les acheteurs et
par les concurrents étrangers bien informés sur les procédures et les produits qui réduisent les coûts, tout en améliorant la qualité. Ils leur
apportent une assistance technique, c’est l’effet d’apprentissage. Autrement dit, les firmes qui exportent acquièrent des expériences qu’elles
mettent à leur profit pour produire à moindres coûts ce qui améliore leur productivité 1 (SOFRONIS, LACH et TYBOUT, 1998). La théorie
du « Learning-by-exporting » repose sur l’hypothèse que l’exportation permet d’améliorer l’innovation et la productivité au sein de
l’entreprise. La découverte d’un marché étranger permet à l’entreprise d’acquérir un grand nombre d’informations et de connaissances. Les
connaissances acquises poussent l’entreprise à s’adapter et donc à innover pour être la plus performante possible sur ce nouveau marché.

21
Annexe 2. Le test de normalité des erreurs de Jarque-Berra

Les hypothèses du test de Jarque-Berrasont les suivantes :


H0 : si la probabilité est inférieure à 5%, on rejette l’hypothèse nulle de la distribution
normale.
H1 : si la probabilité est supérieure à 5%, on accepte l’hypothèse nulle de la distribution
normale.
Figure 3. Le test de normalité des erreurs de Jarque-Berra

Source: Sortie Eviews 11

Annexe 3. Le test d’homoscédasticité

1) Test de White :ce test permet de tester plusieurs variables explicatives censées être
responsables de l’hétéroscédasticité des erreurs. Lorsqu’il y a hétéroscédasticité, la variance
de l’erreur est liée aux valeurs de la variable explicative responsable de l’hétéroscédasticité.
Le test de White prend en compte toutes les variables explicatives du modèle ainsi que leur
carré et leur produit (de deux variables explicatives).
2) Test de Breusch-Pagan-Godfrey :en statistiques, le test de Breusch-Pagan permet de tester
l'hypothèse d'homoscédasticité du terme d'erreur d'un modèle de régression linéaire. Il
cherche à déterminer la nature de la variance du terme d'erreurs : si la variance estconstante,
alors on parle de l'homoscédasticité. En revanche, si elle variable, il s’agit de
l'hétéroscédasticité.Certes, le Test de Breusch-Pagan permet de détecter les formes linéaires
d’hétéroscédasticité. 3)Les hypothèses du test de White et de Breusch-Pagan-Godfrey :
H0 : homoscédasticité ;
H1 : hétéroscédasticité.
Si la probabilité associée au test est inférieure à α, on rejette l’hypothèse d’homoscédasticité
(H0). En revanche, si la probabilité est supérieure à α, l’hypothèse nulle est vérifiée et nous
pouvons supposer l’homoscédasticité des résidus.
Avec α = 5% = seuil de significativité.

22

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