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Définition des termes-clés:

LES POLITIQUES PROTECTIONNISTES: fondements, instruments, limites

Situation de découverte: quels sont les pays les plus protectionnistes en 2018 ?
https://www.youtube.com/watch?v=IGpiOY3voJE
Actu 2022: Biden est-il plus protectionniste que Trump ? https://www.youtube.com/watch?v=FxAJX7uW924``

A) METHODE A.E.I

A. Le protectionnisme est une doctrine visant à interdire ou limiter les importations de


biens et de services afin de protéger les entreprises nationales de la concurrence extérieure.
E.
En effet, pour limiter l’importation de produits venant de pays à bas salaire (conséquence
d’une main d'œuvre surabondante), certains gouvernements peuvent mobiliser différents
instruments tels que les droits de douanes, puisque cette taxe augmente le prix des produits
importés, ou la mise en place de quotas.
I.
Par exemple, dans le cadre des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et la France,
Trump a menacé d’augmenter les droits de douanes sur les vins et les fromages si la France
maintenait sa politique de taxation des GAFA.
Ou vous pouvez donner l’exemple de l’augmentation de 25% de la taxation de l’acier
importé aux Etats-Unis, une manière pour le gouvernement Trump de protéger la métallurgie
américaine face à une forte concurrence internationale dans ce secteur.
B) Les théories contestant le libre-échange et promouvant le protectionnisme

Les approches promouvant le libre-échange sont contestées par de nombreux auteurs.


Par exemple, Karl Marx (1818- 1883) voit dans le commerce international un facteur
d’inégalité entre nations.
Prolongeant les thèses marxistes, des théoriciens de l’impérialisme (notamment Lénine)
développent une analyse critique de l’évolution du capitalisme et du commerce international.
Selon Lénine, l’impérialisme est le stade ultime du développement du capitalisme
caractérisé par la concentration du capital et de la production, la fusion du capital bancaire
et industriel, l’exportation des capitaux, la formation de firmes multinationales et le partage
du globe par les grandes puissances, dont la domination bloque le développement des pays
dominés.” (dictionnaire des SES)

Ce faisant, le commerce international ne peut être bénéfique à tous les participants aux
échanges, comme le pensait Ricardo. Le protectionnisme, en revanche, peut permettre aux
nations dominées d’enclencher un processus de développement fondé sur l’essor d’une
industrie nationale, abritée de la concurrence des firmes des pays avancés. Dit autrement,
“Alors que les économistes libéraux comme Adam Smith et surtout David Ricardo, avec la
théorie des coûts comparatifs, avaient démontré les vertus du libre-échange, Friedrich List, au
xixe siècle, montre que le protectionnisme peut permettre le développement des industries
naissantes. Au cours de la seconde moitié du xxe siècle, Nicolas Kaldor reprend des arguments
proches pour permettre la reconversion des industries vieillissantes.”

> Protéger les industries naissantes

Pour Friedrich List, ce protectionnisme éducateur est un ensemble de mesures protégeant


le marché intérieur et permettant l’essor d’entreprises naissantes qui, à l’abri des barrières
douanières, disposent du temps d’apprentissage nécessaire pour accéder au niveau de
compétitivité des pays les plus avancés. Dit autrement, il s’agit de protéger de la
concurrence des “industries dans l’enfance” le temps qu’elles soient suffisamment fortes
pour affronter la concurrence internationale. Dès lors que ce niveau est atteint, les barrières
douanières doivent être abolies et le libre-échange instauré.

> Protéger les industries vieillissantes

Pour Nicholas Kaldor, certains pays ont des industries sur le déclin qui ne peuvent rivaliser
avec la concurrence étrangère. En conséquent, des mesures protectionnistes peuvent éviter
à ces industries un certain nombre de situations de faillite, le temps de la reconversion.
Par exemple, face à la concurrence des pays émergents, les entreprises textiles
occidentales avaient bénéficié dans les années 70 d’un accord imposant temporairement
des quotas d’importations.
> Protéger des stratégies nationales ou de coalition d’Etats (cf U.E)

Une politique commerciale stratégique correspond à un ensemble de mesures mises en


œuvre par les Etats pour développer des activités jugées stratégiques (aéronautique,
électronique, aérospatiale, armement, industrie culturelle, microprocesseurs, ...) de façon à
réduire toute dépendance à l’égard de l’extérieur.
La distribution de subventions et les commandes publiques en faveur de ces entreprises
sont les outils de ces politiques commerciales. Par exemple, AIRBUS peut être une
illustration du succès commercial de l’Union européenne, hors contexte de pandémie bien
sûr! ( https://educ.arte.tv/sequence/1713 )
Cette approche a été popularisée et critiquée, au cours des années 80, par Paul Krugman.

> Se protéger de la concurrence déloyale ou du dumping


Au sens large, le dumping (social, fiscal, environnemental) est le fait qu’un pays ne
respecte pas les normes internationales dans le but de gagner des parts de marché à
l’exportation.
C’est d’ailleurs parce que le multilatéralisme est difficile à faire appliquer que des accords
commerciaux parallèles existent entre deux zones géographiques, comme l’accord en cours
entre les Etats-Unis et l’Union Européenne (cf vidéo Educ arte). Par exemple, les Etats-Unis
n’ont pas ratifié le protocole de Kyoto car cela aurait engagé des coûts de production
supplémentaires aux entreprises américaines, ce qui les aurait rendu moins compétitives.
Ainsi, certaines entreprises peuvent produire sans supporter les coûts de pollution (cf
externalités négatives), de plus, les exportations sont parfois subventionnées par le
gouvernement, ce qui les rend doublement compétitives pour conquérir des parts de marché
face à des concurrents qui appliquent d’autres règles.
Nous avions également étudié le faible taux d’imposition des entreprises en Irlande (12, 5%)
alors qu’il est de 33% en France.

C) Les instruments ou les outils du protectionnisme

Il existe des instruments tarifaires et d’autres non tarifaires, il peut prendre des formes
classiques comme les droits de douane ou les quotas d’importation, mais aussi des formes
plus subtiles.

Les barrières tarifaires: comme vu, en taxant les importations (droits de douane), les
produits importés seront plus chers donc moins compétitifs que les productions nationales
du même secteur. Le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine illustre parfaitement
cet outil tarifaire:
https://www.france24.com/fr/video/20190913-etats-unis-chine-causes-dun-conflit-commercial

Les barrières non tarifaires: cet instrument permet de limiter des quantités de produits
importées, en d’autres termes, il s’agit de quotas.
Par exemple, l’agriculture espagnole est directement concurrencée par l’agriculture
marocaine, la première a fait pression sur l’Union européenne pour que des quotas de
tomates marocaines soient fixés.
https://www.agrimaroc.ma/brexit-agriculteurs-espagnols-quotas/
https://www.rtbf.be/info/economie/detail_automobiles-fromages-pharma-que-prevoit-l-accord
-entre-l-ue-et-le-mercosur?id=10259242

Enfin, des normes sanitaires et techniques peuvent être imposées aux pays importateurs,
une manière indirecte de protéger un certain type de production nationale mais également
de protéger la santé des consommateurs au nom du principe de précaution.
Par exemple, comme l’illustre le document suivant à propos des produits génétiquement
modifiés, “si certains pays comme le Canada, ou les Etats-Unis autorisent leur production et
leur vente, en Europe, le consommateur n'a pas à se poser de questions. L’élevage et la
culture d’OGM sont interdits dans la plupart des pays européens. Sauf pour le maïs
MON810 encore cultivé en Espagne et au Portugal. “
(voir vidéo:
https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/europe-bla-bla-europe-est-elle-bouclier-contr
e-ogm-1632928.html )

En réponse à ces normes, des pays peuvent subventionner leurs agricultures pour que les
produits nationaux soient plus compétitifs sur le marché mondial. Une autre façon de faire
du protectionnisme sans le dire réellement.

D) Les limites du protectionnismes


List le reconnaissait : le protectionnisme doit être temporaire car il a des conséquences
dépressives sur la croissance économique et il implique un certain nombre de coûts.

1. Les effets négatifs du protectionnisme sur la croissance


> La crise de 1929 a montré que le protectionnisme pratiqué par les pays touchés par la crise
était un facteur aggravant le ralentissement de la croissance. En effet, les exportations sont un
élément de la demande globale répondant à la demande extérieure. Si les exportations baissent,
la croissance de la production s’en trouve ralentie. De plus, la hausse des prix des produits
importés résultant de l’augmentation des taxes sur les importations peut avoir des effets négatifs
sur la consommation intérieure, et donc accentuer la baisse de la production.

> La crise actuelle, commencée en 2008, semble confirmer les effets négatifs de la baisse des
exportations sur la croissance. Si on constate que sauf pour l’année 2001, la variation des
exportations est toujours supérieure à celle du PIB, la baisse des exportations accentue la
baisse de la production mondiale. En effet, en 2009, les exportations ont baissé de 12 % alors
que le produit intérieur brut mondial baissait de 3 % .
2. Les coûts du protectionnisme
Protégées de toute concurrence extérieure, les entreprises des pays pratiquant des mesures
protectionnistes ne sont pas incitées à baisser leurs prix et à innover. La consommation s’en
trouve pénalisée. De plus, les entreprises peuvent connaître une hausse de leurs coûts de
production (avec une hausse du coût des consommations intermédiaires importées ou parce que
les produits intermédiaires viennent de l’intérieur, du pays, donc sont plus chers) , les salaires
sont compressés, ce qui se traduit par une baisse de la compétitivité des économies nationales.
Le niveau de l’emploi diminue, entraînant une hausse du chômage poursuivant la spirale
déflationniste avec une chute de la consommation et de la production

● Les pays protectionnistes s’exposent à des mesures de rétorsion. Les autres pays
limitent les importations en provenance des pays protectionnistes. Ainsi, les nombreux
contentieux entre les États-Unis et l’Union européenne risquent à tout moment de se
transformer en guerre commerciale pénalisant tous les pays de l’Union.
● La politique protectionniste ne peut être que provisoire car, comme le montre l’histoire
économique, elle freine la croissance et entraîne des coûts élevés pour l’ensemble des
agents économiques.

Source de cette dernière partie sur les limites: correction proposée pour la dissertation suivante:
Dans quelle mesure le recours au protectionnisme est-il souhaitable ?

https://www.annabac.com/annales-bac/le-protectionnisme

Synthèse de ce cours : https://www.youtube.com/watch?v=cCViiC0CdDw


Le bilan des politiques protectionnistes reste pour autant très mitigé.
Les pays ayant privilégié des politiques de types protectionnistes (des pays d'Amérique du
sud ou l'Algérie jusque dans les années 70 notamment) n’ont, en général, pas bénéficié d’un
développement pérenne et important. Dans la plupart des cas, leurs productions nationales
sont restées moins compétitives, et leur dépendance vis-à-vis du reste du monde ne s’est
pas réduite, notamment parce que leur dette publique, liée à une balance commerciale
déficitaire, a progressé : la plupart des investissements nécessaires pour produire «
national », comme les machines-outils, reste importée.

D’autres pays, comme en Asie, ont choisi un développement extraverti, avec des succès
plus évidents. Un développement extraverti signifie simplement que l’ouverture
internationale est privilégiée car perçue comme un facteur de croissance important.

Il faut cependant noter que leur insertion dans l’économie mondiale a été en général
progressive et ne s'est pas faite sans intervention de l'État, l' ouverture internationale
n'étant pas le libre-échange intégral.

Source: ce site très intéressant, proposé par Taha:


https://ses.webclass.fr/archive-cours-terminale/quels-sont-les-avantages-et-inconvenients-d
u-libre-echange/

Exemple de dissertation type BAC:


Le commerce international ne présente-t-il
que des avantages ?
I Le commerce international présente des avantages
A) Pour le pays (avantages comparatifs)
B) Pour les producteurs
C) Pour les consommateurs

II Mais il présente également des inconvénients qui peuvent justifier des politiques
protectionnistes
A) Concurrence déloyale, délocalisations, destruction d’emploi.
B) Protection des industries dans l’enfance (cf Friedrich List)
C) Protection des industries vieillissantes (cf Nicholas Kaldor)

III Cependant, le protectionnisme présente des risques


A) Pour le pays: mesures de rétorsion
B) Pour les producteurs
C) Pour les consommateurs

Proposition de plan de Barthélémy Duquennoy

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