Vous êtes sur la page 1sur 18

Chapitre 2 : Cartographie et évolution des zones franches dans le monde

Section1 : ZF au cœur de développement économique et social mondial

1- Cartographie des ZF dans le monde


Les zones franches ont connu une évolution spectaculaire au cours de ces
dernières décennies. Entre 1995 et 2006 le nombre des ZF a passé de 500 à 3500
zones soit une évolution de 600% en marquant l’ère de mondialisation et de
stimulation de l’activité industrielle. Le taux d’évolution a continué sa tendance
haussière soit 54% entre 2006 et 2018 pour atteindre 5400 zones en 2019 dans 147
pays et 500 autres sont en cours de préparation.

Graphique n°1: Le nombre des zones franches dans le monde

Source : Elaboration personnelle sur la base du CNUCED, Rapport sur l’investissement dans le monde, 2019

En fait, plus de 88% de ces zones se trouvent dans les pays en


développement. La Chine localise plus de 2500 zones ce qui représente 47% du total
des zones dans le monde.

La Chine est le pays qui a acquis une longue expérience des ZES. Elle
totalise à elle seule la moitié des zones franches dans le monde. La création des
zones franches dans le pays trouve son origine dans la reforme d’ouverture adopté
par le pays au début des années 1980.
Les premières zones ont été créées au tour de quatre villes côtières :
Shenzhen, Zhuhai, Shantou et Xiamen, situés à proximité de Hong Kong, Chine ;
Macao, Chine; et la province chinoise de Taïwan. La Chine a continué sa politique
de création de zones dans les villes de la cote.

Tableau n°1: Le nombre des zones économiques spécialisées, par région en 2019

Source : UNCTAD, World Investment Report 2019 “Special Economic Zones”, page 138

À la fin des années 80, le pays s’oriente vers la création des zones de développement
high-tech pour tirer parti des capitaux, de la technologie et des talents mondiaux. Dans les
années 90 et 2000, et suite à l’expérience du pays ainsi que la croissance notable réalisé les
nouvelles ZF se sont déplacées vers l’intérieur et vers l'ouest de la Chine, pour favoriser le
développement régional.

Le répertoire officiel des zones 2018 enregistre cinq catégories de 552 zones au niveau de l'État
et 1 991 zones provinciales.

En 2013 le pays adopte une approche de liste négative destinées aux investisseurs
étrangers et qui énumèrent explicitement les industries dont ils ont accès. L’approche a été testé
pour la première fois dans la zone franche pilote de Shanghai en 2013 pour qu’elle soit étendue
à d'autres zones franches et provinces pilotes de 2015 à 2017, et finalement adopté comme
politique nationale en 2018.
La Chine montre que même les décisions et les réformes institutionnelles se font testées avant
d’être généraliser. Les politiques ne se copient pas et ne se prennent pas au hasard.

La majorité des pays en développement utilisent les ZF comme moyen pour


industrialiser le pays, diversifier l’appareil productif et booster les exportations en
attirant les investissements directs étrangers. A cet effet, la majorité des ZF dans ces
pays se sont des ZF multi-activités.

Tableau n°2: Le nombre des économies ayant ZES,2019

Source : UNCTAD, World Investment Report 2019 “Special Economic Zones”, page 138

Tableau n°3: Distribution par types de zone, par région ou regroupement , en pourcentage

Source : UNCTAD, World Investment Report 2019 “Special Economic Zones”, page 140
La tendance n’est pas de même pour les pays développés qui se concentrent
principalement sur les ZF de logistique.

L’importance économique des ZF diffère d’un pays à l’autre selon leur niveau de
développement. En effet, le degré d’industrialisation et de développement de chaque
pays définit et explique l’objectif, la politique et le modèle du ZF adopté.
2- Les investissements directs étrangers générés par les ZF

Les ZF sont devenues un véritable instrument pour attirer les investissements directs étrangers.
En fait, les infrastructures de qualité dont elles bénéficient les dits zones, ainsi que les autres
avantages fiscaux, financiers et administratifs créent un climat favorable à l’investissement.

Graphique n°2: La part des ZF dans les IDE en % Graphique n°3: La part des investissements de source étrangère en %

Source : Elaboration personnelle sur la base du World Investment Report 2019 “Special Economic Zones”

La Chine, le premier pays en nombre de zones franches, près de 2 543 zones, est le
deuxième pays bénéficiant des IDE au monde. Les ZF dans le pays accumulent plus de 80%
des IDE ; ce qui montre l’importance et le rôle positif des ZF sur l’investissement. De même,
au Vietnam, les ZF localisent entre 60% et 70% des IDE.

Dans les Philippines la part des flux d’IDE allant aux ZF est passé de 30 % en 1997 à
plus de 81% en 20001.

Dans d’autres pays, les statistiques montrent la part des investissements de


source étrangère dans les ZF. En Malaisie, près de 90% des investissements totaux trouvés dans
les zones économiques spécialisées proviennent des investisseurs étrangers.

En Myanmar, 80% des investisseurs dans la zone franche d’exportation de Thilawa sont
des étrangers et 15% se sont des, joint-venture, coentreprises avec des entreprises étrangères.

1
“World Investment Report 2019, Special Economic Zones” sur la base des statistiques du CNUCED, 2002.
3- Les postes d’emploi créés par les ZF

La création d’emploi est l’un des principaux objectifs de l’implantation et de


développement des zones franches. Les ZF ont pu créer environ 90 à 100 millions
d’emplois directs dans le monde.
Au Mexique, le système des zones franches « maquiladoras »2 établit depuis les
années 1960 a généré en date de décembre 2018 plus de 3 millions de travailleurs,
avec un objectif de créer 10 millions d’emplois d’ici l’année 2030.

L'Éthiopie a pu générer près de 50 000 emplois en quelques années grâce à


ses zones économiques spéciales, avec une forte proportion d'emplois aux femmes.
Au Kenya, les ZES représentent près de 60 000 emplois. En Colombie, les zones
franches ont créé plus de 65 000 emplois directs et 155 000 emplois indirects. De
même, en République dominicaine, les ZES sont reconnues pour avoir créé 166 000
emplois directs et environ 250 000 indirects, dont une part croissante sont des
emplois techniques plus qualifiés.
L’impact indirect sur les emplois est ainsi notable. En fait, les emplois
indirects générés par les zones franches sur l’échelle mondial sont évalués entre 50
et 200 millions d’emplois.
Aux États-Unis le taux de création d'emplois dans les zones franches depuis 2013 est
d’une moyenne de 7% alors qu’il est de 2% pour le reste de l’économie. En Tunisie
le taux est passé de 8% en 2008 à 8.7% en 2019.3

2
Les Maquiladoras sont principalement des filiales de firmes étrangères installées le long de la frontière nord du Mexique, bénéficiant
d'exonérations fiscales à l'importation de pièces pour assembler et exporter des produits finaux.
3
Sur la base des statistiques évoquées dans World Investment Report 2019, Special Economic Zones
Section2 : Les différentes zones franches dans le monde :

1- Zones franches dans USA et Amérique Latine


a. USA

L’importance économique des ZF pour les pays développés est en général assez limitée,
sauf pour certains pays comme les Etats Unis où les zones franches représentent 70% des zones
des pays développés. La plupart des pays européens n’ont pas de zones franches ou que des
zones franches classiques, destinées à faciliter la logistique commerciale.

Graphique n°3: TOP 5 en nombre de ZES dans les pays développés, en 2019

Source: UNCTAD, World Investment Report 2019 “Special Economic Zones”, page 152

En fait, l’orientation économique des pays développés est différente de ceux en


développement ou en transition, car l’objectif ultime de la création des zones et de faire face
aux tarifs et coûts liés à l’importation.

Néanmoins, certains pays développés recourent aux zones franches comme réponse au
besoin de développement régional ou le soutien des zones défavorisées ou à fort chômage.

Aux États-Unis, la création d’une zone franche n’est pas assez simple. En fait, le taux
de pauvreté et le niveau de chômage sont parmi les principales conditions qui permettent à un
État de créer une ZF. Les États-Unis comptent 26 États dont chacune dispose de sa propre
législation concernant la création d’une zone franche ou des périmètres « à statut particulier ».
En effet, le taux de « pauvres » doit être supérieur à 25% au moins de la population
concernée et le taux local du chômage doit être supérieur à 50% au moins par rapport à la
moyenne de l’État. 4

L’objectif de ces zones est d'inciter les entreprises à se lancer dans la distribution ou la
fabrication opérations dans des installations américaines plutôt qu'ailleurs. Il existe deux types
de ZF :

 Les « zones polyvalentes », qui sont souvent des ports ou des parcs industriels
utilisés par plusieurs entreprises telles que les petites et moyennes entreprises
(PME) qui s’en servent pour l’entreposage ou la distribution, et pour
l’assemblage ou la transformation partielle
 Les « sous-zones » qui servent à des activités plus complètes de fabrication ou
de transformation et d’entreposage ou de distribution, qui peuvent difficilement
être accomplies dans une zone polyvalente.

Aux États-Unis les zones franches sont connues sous le nom de « foreign-trade zones » 5
ou zones franches commerciales. L'objectif de ces zones est d'inciter les entreprises à se lancer
dans la distribution ou la fabrication en opérant sur le territoire américain plutôt qu'ailleurs. Au
niveau des avantages et du traitement, ces zones offrent un régime douanier spécial à des
entreprises américaines.

Les marchandises entrant dans la zone ne sont soumises à aucun droit de douane sauf si elles
pénètrent le territoire douanier des États-Unis. Les marchandises détenues dans ces ZF sont
exemptes de taxes fédérales et locales sur les stocks et il est possible de supprimer les
restrictions de contingents sur les marchandises qui entrent dans une ZF pour être réexportées
par la suite. Les ZF couvrent des activités diverses telles que l’assemblage, le conditionnement,
la destruction, le stockage, le nettoyage, l’exposition, le reconditionnement, la distribution, le

4
Les zones franches et les accords commerciaux préférentiels : Le cas de la région arabe, ESCWA,Nations Unies
Beyrouth, 2020
5
Plaques tournantes du commerce international de par la nature de leurs activités (transbordement, éclatement des
marchandises, réexportation, négoce international, etc.), celles-ci sont logiquement situées en position d’interface : périmètres
portuaires (ports francs) et aéroportuaires ; grands axes de communication (maritimes, ferroviaires et routiers) ; corridors de
développement ; régions transfrontalières. Les sociétés d’import–export et les transitaires y déchargent sans droits de douane
ni taxes, et avec des formalités réduites, toutes sortes de marchandises importées, dans l’attente de leur réexportation vers un
pays tiers (après un temps plus ou moins long de stockage), ou de leur vente sur le marché national (mais après paiement des
droits de douane).
triage, la classification, les essais, l’étiquetage, la réparation, l’ajout de contenu local ou
étranger ou la transformation.

b. L’Amérique Latine

En Amérique latine, le Mexique a créé la première ZF industrielle en 1946, suivi d’autres pays
notamment le Bahamas en 1955 ; Porto Rico en 1962 ; le Brésil en 1968 ; la République
dominicaine en 1969 ; les Bermudes en 1970 ; la Colombie et El Salvador en 1973 ; le
Guatemala et le Venezuela en 1974 ; la Barbade et Haïti en 1975 ; le Chili, la Jamaïque et le
Nicaragua en 1976 ; le Belize et le Honduras en 1978 ; les Antilles néerlandaises, le Costa Rica
et Sainte-Lucie en 1979. La Colombie a établi une ZF d’exportation à Barranquilla en 1964, le
Honduras à Puerto Cortés en 1972, El Salvador à San Bartolo en 1973 et le Costa Rica à Santa
Rosa, El Roble au début des années 1980. Les maquiladoras (usines manufacturières tournées
vers l’exportation) ont vu le jour en 1965 à la frontière entre les États-Unis d’Amérique et le
Mexique, puis dans d’autres pays d’Amérique latine.6

Graphique n°4: TOP 5 en nombre de ZES dans la région de l’Amérique Latine et Caraibes, en 2019

Source: UNCTAD, World Investment Report 2019 “Special Economic Zones”, page 146

Actuellement, la région compte presque 500 ZES qui se trouvent dans presque toutes les
économies d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud, à l'exception du Suriname et de la
Guyane. Dans les Caraïbes, en revanche, seules quelques économies ont un régime de zones
économiques spéciales.

6
Les zones franches et les accords commerciaux préférentiels : Le cas de la région arabe, Nations Unies Beyrouth,
2020 page 5
Le model le plus populaire des ZF dans la région est celui des entreprises individuelles : points
francs (Free Points), principalement pour les pays qui s’appuient sur les ZES pour stimuler les
exportations tels que la Colombie, la République dominicaine, la Jamaïque, le Mexique et
Trinité-et-Tobago.

Parallèlement à la vision traditionnelle des ZF qui consiste à attirer les projets et les
capitaux étrangers, la création des points francs dans certains pays était un choix de
politique économique visant à promouvoir les PME locales opérant dans certaines
activités industrielles difficilement déplaçables dans une zone délimitée.

Les points francs les plus connus sont les maquiladoras mexicaines. Ils ont vu le
jour dans le pays avec le « Programme national d'industrialisation des
frontières » lancé dans les années 1960. Les Maquiladoras sont principalement des
filiales de firmes étrangères installées le long de la frontière nord du Mexique,
bénéficiant d’exonérations fiscales à l’importation de pièces pour assembler et
exporter des produits finaux.

Il s’agissait d’un régime d’exonération fiscale pour l’installation des usines


d’assemblage principalement américaines pouvant importer la plupart des
composants et exporter au moins 80% des produits finis. En même temps, ces usines
bénéficiaient de très bas salaires, d’une main d’œuvre disponible, peu qualifiée, sans
expérience industrielle et non syndicalisée. Entre les années 1960 et 2000, le taux de
croissance annuel des maquiladoras a été de l’ordre de 25%.7

Maquiladoras initialement concentré sur le textile, l'électronique simple et les produits


industriels, mais au 21 siècle, ils avaient fait du Mexique l'un des 100 premiers exportateurs
de pièces automobiles et un acteur important dans d'autres industries telles que
l'aérospatiale, l'électronique, les appareils médicaux et les énergies alternatives. Néanmoins
la migration du sud vers le nord du pays a créé une disparité régionale.

En Colombie, le model des ZES et celui des entreprises « points francs » est sous
forme de partenariat public-privé afin d’innover, trouver des financements et
développer certaines industries, y compris les services publics.

 7
Les « Maquiladoras » de la frontière nord du Mexique et la création de réseaux binationaux d'innovation page 10-13
Daniel VillavicencioDans Innovations 2004/1 (no 19), pages 143 à 161
Les points francs ont été introduits dans le pays en 2005. La législation permettait
aux entreprises nationales et étrangères d’investir dans des projets de grande
envergure à fort impact économique et social pour obtenir le statut de zone franche.

Le pays compte 72 points francs qui opèrent dans différentes activités : l'agro-
industrie, les ports, les hôpitaux et cliniques et activités d'exploration offshore. A
titre d’exemple, ces points francs ont pu financer la construction et le
fonctionnement de 12 hôpitaux et des cliniques, contribuant à l'émergence du pays
en tant que destination pour le tourisme de santé.

Les points francs sont une source importante d’emploi pour le pays. En fait, les
points francs représentent moins de 10% du nombre total d'investisseurs opérant
dans le cadre du régime de ZF (un total de 979 en 2018), mais ils représentent 42 %
des emplois générés par le dispositif.8

Au Costa Rica, les ZES ont évolué à partir de l'hébergement d'activités manufacturières à
faible valeur ajoutée (par exemple, le textile) à une fabrication plus high-tech, notamment
dispositifs médicaux et des services avancés tels que des centres de services partagés
sophistiqués et opérations de R&D.

Compte à la République dominicaine qui est l'un des pionniers mondiaux des ZES. Le
programme est largement considéré comme un succès, attirant des IDE et entretenant une
croissance économique soutenue dans les années 1990. En 2013, les entreprises de la ZES
représentaient 7,5 % du PIB du pays.

Les principaux facteurs à l'origine de cette performance comprennent la proximité du pays avec
le marché de consommation des États-Unis, les accords commerciaux préférentiels, les
incitations accordées aux ZES et la disponibilité d'une main-d'œuvre bon marché.

Ce succès a été affronté à des plusieurs chocs externes : un ralentissement économique mondial,
une hausse des prix du pétrole, l’adhésion de la Chine au Organisation mondiale du commerce
en 2001 et la fin de de l’Arrangement multifibres en 2005 pour le secteur textile qui était au
cœur du schéma ZES. De plus, l’adhésion de la Chine au Organisation mondiale du commerce
en 2001. Le nombre d'entreprises dans les ZES et leurs exportations ont chuté et le programme
a stagné jusqu'en 2010.

8
World Investment Report 2019, Special Economic Zone, page 174
A cet effet, plusieurs résolutions ont été mises en place :

 2007 ; l'adhésion de la République dominicaine à l’Accord de libre-échange d'Amérique


centrale
 2008 : l'Accord de partenariat économique entre les Caraïbes et l'UE.
 Le développement des ressources humaines a été encouragé afin de soutenir la mise à
niveau du profil de production du pays.
 Les investisseurs locaux ont développé des liens interindustriels et ont diversifié la
production : certains ont déplacé la production des vêtements vers les chaussures,
d'autres ouvert des centres d'appels et poursuivi des coentreprises avec des sociétés
informatiques indiennes (Schrank 2008), et d'autres ont ouvert des usines et des ZES en
Haïti voisin.

Le résultat est que le nombre de parcs industriels a augmenté d'un tiers depuis 2012 et s'élève

aujourd'hui à 73 zones. La production dans les ZES est devenue diversifiée, avec des

exportations de produits médicaux et pharmaceutiques représentant plus du quart des

exportations totales, et des produits électriques et produits électroniques représentant à peu

près la même part (16%) que l'industrie traditionnelle du vêtement et du textile en 2018.

Les États-Unis représentent toujours le plus grand marché, la majorité des entreprises y

exportant (58 %), même si cette part a diminué depuis 2000 (de 86 pour cent).
2- Zones franches dans les pays Arabes

Actuellement l’Afrique compte environ 237 ZF et plus de 200 zones à entreprise unique
appelés aussi points francs (free point)9. Les ZES se trouvent dans 38 des 54 économies du
continent, avec le nombre le plus élevé au Kenya soit 61 zones suivit par le Nigéria (38 zones),
Éthiopie (18 zones), Egypte (10zones) et le Cameroun (9 zones).

Le model des ZF est bien développé dans les trois grandes économies du
continent Nigéria, Égypte et Afrique du Sud. Les petites économies ont commencé de créer les
ZES entre les 10 à 15 dernières années ce qui explique le nombre médiocre des ZF dans ces
pays.
Graphique n°5: TOP 5 en nombre de ZES dans les pays africains, en 2019

Source: UNCTAD, World Investment Report 2019 “Special Economic Zones”, page 149

Bien que l'objectif de la plupart des ZES sur le continent, plus particulièrement en
Afrique subsaharienne, est d'améliorer la fabrication et les exportations dans les industries peu
qualifiées et à forte intensité de main-d'œuvre telles que comme les vêtements et les textiles,
certains pays ciblent des secteurs diversifiés et à plus forte valeur ajoutée. Par exemple, le
Maroc a orienté certaines de ses zones franches vers des activités de haute technologie et
l'industrie automobile. De même, certains pays de l’Afrique sub-saharienne comme la Rwanda
et le Sénégal commencent à se concentrer dans les dernières années sur une gamme plus large
d’activités de fort valeur ajoutée.

9
Points francs (free points) : ne renvoie pas à un type d’espace en particulier, mais à un statut juridique attribué
à des entreprises agréées selon les mêmes critères que dans les zones franches (et donc bénéficiant des mêmes
avantages). Ces entreprises industrielles et de services sont libres de s’implanter où elles le souhaitent dans le
pays d’accueil, mais elles se localisent généralement à proximité de certaines matières premières, sur les bassins
de main-d’œuvre, à proximité d’infrastructures particulières, ou encore dans les régions transfrontalières.
(Source : Enjeux Ouest-Africains / N°04, Novembre 2011 page 4)
Certains pays lient les ZES aux dotations en ressources naturelles. L’exemple est celui
du Nigeria le treizième producteur mondial du pétrole en 2010. Le pays a établi un certain
nombre de zones axées sur le raffinage du pétrole.
Il ne faut pas ignorer que l’Afrique est devenu un terrain de compétition vue ses
immenses ressources et ses perspectives de croissance. A cet égard plusieurs pays cherchent à
s’implanter dans le continent en offrant leur expertise dans certains domaines et à travers leurs
capacités de financement.
A cet égard on atteste à des aides bilatérales et multilatérales comme aide au
financement pour la construction des ZES. Parmi ces pays on trouve la Chine qui a une grande
expérience dans ce domaine et dans sa présence en Afrique s’approfondie de plus en plus.
En 1999 la Chine a signé son premier accord avec l’Egypte pour développer une zone
industrielle dans la zone du canal de Suez.
En 2016 le pays signe avec le Djibouti un accord pour construire une zone franche dans le cadre
du projet sous le nom « La ceinture et la route » avec un coût de 3,5 milliards de dollars pour
qu’elle soit la plus grande zone franche d’Afrique.

L'implication de sociétés de développement chinoises a également été signalée en Algérie, en


Angola, en Éthiopie, au Kenya, à Maurice, au Nigéria, au Rwanda et en Zambie, entre autres.
La Turquie a signé aussi en 2015 un accord avec Djibouti pour créer une ZES de 500 ha
où les entreprises turques investiraient pour fabriquer et exporter des marchandises vers
l'Afrique de l'Est et d'autres marchés régionaux.
Cet intérêt pour l’Afrique continue avec le Singapour qui a signé en 2018 un accord
avec le Gabon pour développer une solution de guichet électronique pour faciliter les
échanges et augmenter l’efficacité commerciale de la zone économique spéciale
3- Zones franches dans les pays Arabes

A l’abri des autres pays du monde, les zones franches sont présentes dans un nombre
important de pays arabes. Les ZF sont utilisées comme un instrument de politique économique
pour promouvoir l’emploi, développer les exportations, attirer les IDE en offrant un enivrement
compétitif à l’investissement via des avantages financiers, fiscaux, règlementaires etc...Ces
zones prennent différents modèles et appellations selon leurs missions : zones franches ; zones
industrielles ; zones industrielles spéciales ; régions d’investissement ; domaines ou parcs
technologiques, etc.

Figure n°1: Promulgation de lois créant des zones économiques spéciales dans les pays arabes

Source : CNUCED, Rapport sur l’investissement dans le monde, 2019

Depuis leur mise en place dans les pays arabes, à partir des années 70, le nombre des zones
franches n’a cessé d’évoluer pour atteindre 127 zones en 2018. Les Émirats arabes unis arrivent
en tête avec 37 % du total des ZF dans la région (soit 47 zones), suivis de la Jordanie (16 zones), la
République arabe syrienne (12 zones), l’Arabie Saoudite et l’Égypte (10 zones chacune), et le Maroc (6
zones, soit 5 % du total).

La majorité des zones de la région se sont des zones multi-activités ou non spécifiées. Elles représentent
55% du total avec un nombre de 70 ; 37 zones spécialisées, soit 29 % ; 19 zones constituent un hub de
logistique, soit 15 % et une zone axée sur l’innovation, soit 1 %.
Graphique n°6: Le nombre des zones franches dans les pays arabes

Source : CNUCED, Rapport sur l’investissement dans le monde, 2019

Les secteurs développés dans les ZF arabes sont très diversifiés et comprennent le secteur
agroalimentaire ; les industries électriques et mécaniques ; le textile et le cuir ; les produits chimiques et
pétrochimiques ; l’automobile et composants automobiles ; les services ; le pétrole et le gaz, les
fertilisants ; la métallurgie ; les industries électriques et mécaniques ; la céramique ; le marbre ; la
production de médias ; le tourisme ; les banques et les compagnies d’assurance ; les cabinets juridiques
internationaux ; les consultations d’affaires ; les technologies de l’information et des communications
(TIC), etc. En 2017, les flux d’investissement dans les pays arabes se sont élevés à 15,5 milliards de
dollars10

Graphique n°7: Les IDE destinés aux ZF en millions de dollars

10
OCDE, Background note, 2018
L’Arabie Saoudite est en tête en terme d’IDE avec 23,44 milliards de dollars destinés à financer
différents secteurs principalement : les entrepôts, le pétrole brut, les dérivés de pétrole,
l’électricité, les produits pétrochimiques et le gaz naturel. L’Émirats arabes unis qui est le
premier en nombre de ZF vient au deuxième rang en termes d’investissement avec 8 milliards
de dollars. Les activités les plus populaires sont les activités des TIC, médias, ordinateur,
tourisme et services. L’Egypte est en 3ème position avec 3062,5 millions de dollars. Les secteurs
concernés
Source :par les zones
Elaboration franchessursont
personnelle très
la base desdiversifiés. Il rapport
statistiques du s’agit des
: « Les zones franches
Services, et les
pétrole et accords
gaz,
commerciaux préférentiels : Le cas de la région arabe », Nations Unies Beyrouth, 2020
fertilisants, métallurgique, industries électriques et mécaniques, construction, textile, produits
pétrochimiques, produits chimiques, céramique, marbre, production de médias.

L’Émirats arabes unis accapare plus que le tiers des ZF arabes. Elles sont réparties comme suit
: 21 zones multi-activités ou non spécifiées (47 %) ; 20 zones spécialisées (42 %) ; 5 zones
constituées en hub de logistique (11 %) et une zone axée sur l’innovation (2 %.). La ZF de Jebel
Ali, inaugurée en 1985, a défini la norme en matière de réglementations et d’incitations. La plus
forte concentration des ZF se trouve à Dubaï avec plus de la moitié du nombre total, soit 23
zones ; suivi d’Abou Dhabi (5) ; Ras Al Khaimah (4) ; Fujaïrah (3) ; Sharjah (2) ; Ajman (1) et
Umm Al Quwain (1). Les ZF connaissent une évolution permanente et sont réparties comme
suit, selon leur spécialité19 : Jebel Ali Free Zone (Techno Park) ; Dubai Maritime City ; Dubai
Airport Free Zone ; Dubai Cars and Automotive Zone ; Dubai Internet City-Tecom ; Jumeirah
Lake Towers ; Dubai Textile City ; Gold and Diamond Park ; Dubai Media City-Tecom ; Dubai
Flower City ; Dubai Studio City-Tecom ; Dubai Logistics City ; Dubai International Academic
City -Tecom ; Sharjah Airport Free Zone ; Ajman Free Zone ; Fujairah Media Zone / Creative
City ; Ras Al Khaimah Free Zone ; Hamriyah Free Zone ; Fujairah Free Zone ; Ahmed Bin
Rashid Free Zone et Rak Media City. Les nouvelles ZF créées récemment aux Émirats arabes
unis se spécialisent de manière accrue.11

L’importance de l’attraction des ZF aux Émirats arabes unis est due en grande partie à la nature
des différents avantages accordés aux entreprises de propriété étrangère à 100 %12, notamment

11
Les zones franches et les accords commerciaux préférentiels : Le cas de la région arabe, Nations Unies Beyrouth, 2020
page 15 et 16
12
Traditionnellement, les entreprises doivent être détenues à au moins 51 % par l’État des Émirats arabes unis. Cependant, les
entreprises inscrites dans une ZF peuvent être entièrement détenues par des étrangers.
: les usines et entrepôts prêts à l’emploi ; le rapatriement complet du capital et des bénéfices ;
la détention de la propriété étrangère à 100 % sans impôts et taxes ; les procédures
d’approbation rapide ; l’énergie peu coûteuse ; l’absence de restriction monétaire et de taxes
sur les sociétés ; une infrastructure de qualité ; un excellent accès aux communications ;
l’absence d’impôts sur le revenu ; un excellent accueil et orientation ; un système de transport
efficace et d’excellentes installations de distribution sur le plan national, régional et
international.

Afin d’améliorer son positionnement, la Jordanie a introduit de nombreux développements dans


sa législation, notamment à travers la création en 2014 de « la Commission des investissements
de la Jordanie » qui est une institution chargée de la promotion des investissements et du
développement des activités industrielles et commerciales dans les ZF.

La commission a listé les secteurs d’activités privilégiés par sa stratégie à savoir : les énergies
renouvelables et les technologies propres ; le secteur industriel dans toutes ses composantes ;
le secteur des TIC ; le secteur touristique ; le secteur agricole ; le secteur de la santé avec des
services de haute qualité et l’infrastructure du transport.

La contribution des ZF publiques et privées à l’économie jordanienne est estimée à environ 700
millions de dollars par an. La part des exportations de ces zones franches est estimée, en 2018,
à 4 milliards de dollars, soit l’équivalant de 57 % des exportations totales de la Jordanie. Par
ailleurs, les ZF emploient environ 49 042 employés.

Vous aimerez peut-être aussi