Vous êtes sur la page 1sur 8

Chapitre1 : Cadre théorique du concept de zone franche

industrielle d'exportation
Section 1 : Présentation générale des zones franches :
1- Définition et revue de la littérature
1-1- Définitions et terminologie des ZF :
Les différentes législations et règlementations n’ont pas abouti à une définition restrictive et
définitive de la Zone Franche. Mais elles ont spécifié les frontières de la région occupée par
une zone, et ont identifié les procédures et règlements douaniers qui régissent le système de
travail dans une zone, ou l’ensemble des domaines d’activités qui sont permis d'être exercés
dans les limites de la zone franche.
Les définitions diffèrent avec les buts « politiques, sociaux et économiques » dans chaque
pays. Ces zones ont évolué avec l’évolution et le développement de la nature des activités
exercées.
Une zone franche est une forme d’investissements nationaux et étrangers et elle est considérée
selon les douanes comme étant une extension de l’extérieur mais soumise à la souveraineté
nationale.
Ce concept a occupé les rois, les empereurs, les gouvernements, l’OCDE, l’International
Trade Union Confédération, l’OMC, le Bureau International du Travail, le GAFI et bien sûr
les multinationales et tout investisseur visant à bénéficier du régime d’une zone franche.

En outre dans les publications ou les bulletins d'information spécialisés, différents termes sont
utilisés pour désigner les « Zones franches » (ci-après « ZF »), tels que « zones de libre
échange », « zones économiques spéciales », « zones franches d’exportation », « ports francs
», zones douanières spéciales », « zones spéciales de supervision douanière », « zones de
commerce international », etc.

Par exemple, le FIAS (2008) utilise un terme général, « zones économiques spéciales », dans
le sens de « zones géographiques délimitées administrées par un organisme unique, qui
propose certaines incitations, en général une importation en exonération des droits de douane
et des taxes et un régime douanier rationalisé, par exemple aux entreprises physiquement
implantées dans ces zones ». Le GAFI (2010) et l’OCDE (2018) utilisent le terme général de
« zones de libre échange », et l’OIT (2014) celui de « zones franches d’exportation ».
Puis la seule convention internationale qui définit formellement les ZF et encadre les
procédures connexes est la « Convention internationale pour la simplification et
l’harmonisation des régimes douaniers », également appelée « Convention de Kyoto révisée »
(nom abrégé ci-après « CKR »), propose la définition suivante : « Zone franche est une partie
du territoire d'une Partie contractante dans laquelle les marchandises qui y sont introduites
sont généralement considérées comme n'étant pas sur le territoire douanier au regard des
droits et taxes à l'importation. »
Pour reformuler les « marchandises » qui se trouvent dans une ZF sont considérées comme se
trouvant hors d’un territoire douanier uniquement en termes de droits et taxes à l’importation.

Selon le Bureau International du Travail (BIT) : Les zones franches sont les espaces
réglementés de certains pays qui ont pour but d’attirer des entreprises exportatrices en leur
offrant des avantages fiscaux, tarifaires et réglementaires. »

Selon la Commission Européenne : « Les zones franches sont des zones spéciales situées sur
le territoire douanier communautaire. A l’intérieur de ces zones, les marchandises sont
exemptées de droits de douanes, de TVA et d’autres impositions à l’importation. »

Nombreuses sont les définitions qui sont octroyées aux zones franches, on peut donc dire que
la Zone Franche est un espace déterminé du territoire douanier où les activités industrielles,
commerciales et de recherche qui y sont liées sont soustraites à la législation et à la
réglementation douanière et à celles relatives au contrôle du commerce extérieur et de
changes.
1-2- Revue de la littérature :
Apparus en Angleterre dans les années 1980, les programmes de zones franches
se sont d’abord multipliés aux États-Unis, puis en France à partir de la seconde
moitié des années 1990. Dans l’ensemble, ils partagent un certain nombre d’objectifs
communs, premièrement relancer l’activité économique dans des zones défavorisées,
deuxièmement favoriser l’investissement des entreprises et l’emploi, dernièrement améliorer
le bienêtre des résidents de ces zones. Néanmoins les critères de sélection des zones, les types
d’incitations mises en œuvre et les montants financiers engagés varient selon les programmes.

Autrement dit que les ZF ont été produites depuis les années 1980 et ce, au sein des
disciplines économiques, politiques, sociologiques et géographiques. Les écrits au sujet des
ZF se comptent donc par milliers, et nous n’aurons certainement pas la prétention d’en faire
une revue exhaustive ici. À cet égard, nous constatons la présence de deux grandes écoles de
pensée, à savoir une pensée orthodoxe et une pensée hétérodoxe.

Les auteurs que nous classons dans la pensée orthodoxe partagent une vision des ZF
comme étant une manifestation normale de la mondialisation et de l’accroissement de
l’interdépendance commerciale entre les États. Ces auteurs ne partagent pas
nécessairement les mêmes conclusions normatives quant à l’efficacité ou l’inefficacité des
ZF; néanmoins, ils convergent vers une vision selon laquelle les ZF doivent être étudiées
sous l’angle des retombées économiques pour le pays hôte. Ainsi, cette école orthodoxe est
davantage le fait d’économistes et de politologues libéraux. Elle est également la plus
présente des deux écoles. Elle a réussi à s’imposer dans le débat qui l’oppose aux
hétérodoxes, bien que la littérature de part et d’autre soit assez hermétique aux critiques et aux
débats passés.

L’école hétérodoxe, quant à elle, comprend des auteurs qui critiquent les ZF, n’eût égard à
leur efficacité sur le plan des indicateurs économiques traditionnels. Ils se différencient
nettement des auteurs orthodoxes en ce qu’ils se concentrent particulièrement sur les
relations de pouvoir, qu’elles soient à une échelle individuelle (patron/employé), nationale
(État/travailleurs) ou internationale (pays industrialisés/pays en voie de développement).
Nous désignerons trois approches distinctes chez les hétérodoxes : les tenants d’une analyse
par le système-monde, l’approche marxiste et les féministes.
Pour ces premiers, notons par exemple Hardy, qui adopte le système-monde comme cadre
théorique pour comprendre comment la vallée de Sula au Honduras s’intègre dans
l’économie-monde. Desse et Hortog utilisent également la notion de système-monde pour
comprendre le rôle des ZF, allant jusqu’à établir un parallèle entre la multiplication des ZF
dans le Bassin des Caraïbes et l’esclavage mû par la Nouvelle-Espagne. Le point commun à
ces auteurs est la tentative de révéler une économie mondiale basée sur l’exploitation d’une
périphérie par le centre.

Pour l’approche marxiste, le dénominateur commun est l’analyse à travers une grille qui
met la classe comme principal acteur dans l’étude des ZF. C’est le cas de Sklair, qui établit
un lien clair entre la naissance d’une classe transnationale et le développement des
maquilas à la frontière mexicano-américaine. D’autres auteurs comme Goldin effectuent
des entrevues approfondies auprès de travailleurs des ZF afin de comprendre comment le
passage d’une économie informelle à un travail salarié d’assemblage transforme leur
conscience de classe.

En ce qui concerne les féministes, nous les retrouvons surtout dans les écrits qui portent
sur les ZF du Mexique, tant la condition des femmes en ce pays a été cruciale pour la
compréhension du phénomène des maquilas. Ainsi, nombre d’auteurs tentent de
conceptualiser les rapports de domination genrés et sexistes qui s’opèrent à l’intérieur des
maquilas, mais aussi à l’extérieur. À titre d’exemple, Borgeaud-Garciandia et Lautier
s’attardent à démontrer que les relations de pouvoir au sein des maquilas sont marquées
par le paternalisme et la domination sur les ouvrières, plus particulièrement.
1- Types et caractéristiques des Zones franches :
1-1- Les types des Zones franches :
Il ya plusieurs critères selon lesquels les zones franches peuvent être classifiées. On se
limitera dans cette étude à la classification selon la vocation des zones franches et celle de la
nature de leurs activités.
Selon la vocation :
- Zones franches spéciales ou les sous-zones : Ce sont les zones limitées à un projet donné
(stockage, vente de biens et de marchandises, exposition et à en faire bénéficier des
utilisateurs). Elles sont donc localisées dans des points très limités comme un entrepôt par
exemple.
- Zones franches à vocation générale : Ces zones franches sont situées dans les régions
douanières, dans des ports maritimes, aériens ou terrestres et recouvrent plusieurs types
d’activités et les États les adaptent en fonction de leurs stratégies de développement
respectives. Ce qui explique la très grande variété des sites observés à travers le monde. De
surcroît, nombre de pays les mettent en place simultanément afin d’en optimiser les retombées
économiques favorables à leurs pays.
Selon la nature d’activité :
- Zones franches industrielles : Le terme générique de zone franche renvoie le plus souvent à ce
type de zones franches : les « zones franches industrielles », appelées aussi « zones franches
d’exportation » (Export Processing Zones, ou EPZ). Les activités entreprises dans ces zones
franches varient entre la production manufacturière, la fourniture de services et récemment
elles s’ouvrent aussi aux secteurs des médias et de la santé. Ces zones franches ne sont pas
assez présentes dans les pays industrialisés, mais au contraire elles sont nombreuses dans les
pays en développement ; cela est dû aux coûts de main-d’œuvre moins élevés dans ces
derniers. Elles sont localisées surtout à la proximité des grandes infrastructures de transport,
de même que dans les espaces urbains les plus attractifs.
- Des avantages multiples sont octroyés aux entreprises agréées dans les zones franches
d’exportation: l’importation en franchise de droits de douane des matières premières, des
équipements et autres intrants nécessaires à la production des biens qui sera fabriquée et
l’exportation de la production sans payer de droits de douane à la sortie. Les entreprises
agréées profitent aussi d’une fiscalité restreinte, effectivement nulle et ce durant un temps
déterminé fixé par la loi du pays (3, 5, 10, 15, 20 ans, etc.).
- Zones franches commerciales: Les « zones franches commerciales » (Free Trade Zones)
représentent un type classique des zones franches présentes surtout dans les pays
industrialisés. Elles sont localisées dans les périphéries portuaires et aéroportuaires, tout au
long des grandes voies maritimes, ferroviaires et routières, ou encore dans les régions
transfrontalières.
Leurs activités capitales sont le commerce international et la réexportation ; les zones franches
commerciales sont toujours gratifiées des infrastructures de transbordement et de stockage les
plus neuves et modernes.
- Zones franches mixtes: Ce sont des zones franches conjointes (commerciales et industrielles)
créées dans les pays développés. Leur première apparition était en 1977 en Grande Bretagne.
- Zones franches urbaines : Les zones franches urbaines permettent de redynamiser le tissu
économique local par des aides aux entreprises lors de leur implantation. Les exonérations
fiscales et sociales desquelles jouissent les entreprises implantées dans ces zones vont aboutir
à moyen terme à créer de l'emploi et à activer la vie économique sur certains ensembles
urbains.
1-2- Les caractéristiques des zones franches :
Les zones franches peuvent être conçues et établies pour différentes raisons, d’où les
nombreuses façons d’en décrire les caractéristiques sur le plan conceptuel. Un examen des
zones franches modernes révèle toutefois certains traits caractéristiques.
Les traits caractéristiques des zones franches :
 Infrastructure avancée : La qualité supérieure de l’infrastructure est une
caractéristique première des zones franches que ce soit au niveau des terrains, des locaux et
bureaux, des services et prestations accordés aux entreprises résidentes.

 Réglementation souple : Les lourdeurs administratives sont atténuées dans les zones
franches de façon que les sociétés qui y sont situées profitent des procédures douanières
rationalisées. De fait, les sociétés qui désirent s’installer dans une zone franche ont à faire
avec un guichet de services unique pour obtenir les permis et les autorisations nécessaires. De
plus, les lois et réglementations qui régissent les opérations quotidiennes des sociétés
installées dans une zone franche sont nettement plus souples que celles applicables à
l’extérieur de cette zone dans le même pays d’accueil.

 Emplacement avantageux (extraterritorialité): L’emplacement des zones franches est


structuré d’une manière qui rend les coûts de production plus faibles. Ceci encourage les
sociétés à déplacer leurs activités vers ces zones.

 Activités axées sur l’exportation : Les sociétés d’exportation qui ont pour finalité de
produire vers les Etats tiers préfèrent incontestablement se situer dans les zones franches afin
de s’affranchir de pas mal de contraintes.

 Mesures incitatives : L’installation d’une entreprise dans une zone franche est souvent
encouragée par une série de mesures incitatives, notamment :

- l’exonération ou le report des droits de douane ;


- les subventions pour le développement et l’emploi des ressources humaines locales;
- l’exonération ou le report des taxes de vente;
- d’autres incitatifs et dérèglementations fiscales (impôt sur les sociétés moindres que celui
prélevé sur les sociétés implantées normalement dans le reste du pays d’accueil, non-
imposition sur les distributions, etc.)
 Les douanes: Le concept traditionnel des zones franches laisse penser que les zones
franches sont dans la plupart des cas localisées dans des ports (frontières terrestres, maritimes
ou aériennes). Mais ces zones malgré cette localisation fonctionnent tout à fait autrement que
celles qui sont à l’intérieur même du territoire. Une telle localisation facilite l’entrée à ces
zones et la sortie.
Il n’empêche que des formalités administratives notamment douanières doivent accompagner
toutes opérations d’entrée et de sortie des zones franches de toutes formes soient-elles.
Les marchandises qui entrent et sortent des zones franches doivent être accompagnées par les
documents commerciaux comme les factures, les crédits documentaires ou autres…
Selon le régime des zones, les systèmes de la technologie de l’information (IT) doivent
désormais être de rigueur.
Un échantillon d’une cargaison entrant à une zone franche est dans la plupart du temps
examiné, vérifié et contrôlé, et pourrait être confisqué s’il s’avère ne pas répondre aux normes
légales.
Section 2 : Bénéfices économiques des zones franches
1- Avantages économiques des ZF
L’établissement et l’exploitation des ZF, en général assortis d’incitations économiques
supplémentaires, jouent un rôle important dans les politiques nationales de développement
économique et industriel de nombreux pays.
Parmi les nombreux articles qui soulignent les avantages économiques des ZF, le FIAS (2008)
met en lumière ceux qui suivent : création d’emplois, développement et diversification des
exportations, attrait d’investissements étrangers directs, augmentation des rentrées en devises,
modernisation industrielle et transfert de technologie ainsi que perfectionnement de la main
d'œuvre et développement des compétences.
Pour citer un autre exemple, White (2011) souligne les avantages économiques des ZF en
opposant avantages économiques directs et avantages économiques indirects, comme suit :
- Avantages directs : ont des conséquences directes et quantitatives sur l’évolution du solde
courant et des finances publiques du pays hôte, par l’intermédiaire de la création
d’emplois, de la croissance des exportations, des rentrées en devises, des investissements
étrangers directs et d’une augmentation des recettes publiques ;
- Avantages indirects : incluent des avantages sur le plan organisationnel (essais sur le
terrain de réformes économiques plus vastes, effet de démonstration, diversification des
exportations) et en matière de ressources techniques et de savoir-faire (perfectionnement
des compétences, transfert de technologie et renforcement de l’efficacité commerciale des
entreprises nationales).

Ces avantages économiques ne sont que quelques-uns des aspects positifs et des résultats
visés avec les politiques liées aux ZF.
2- Acteurs économiques en relation avec les ZF
Une fois une zone franche créée, elle pourrait aboutir à la mise en place de plusieurs
relations avec de différents acteurs économiques. On peut citer :
- Les relations à l’intérieur des zones et les dispositions qui sont appliquées.

- Les relations qui ont lieu entre la Zone Franche et le monde externe. Ces relations sont
représentées en particulier dans les exportations et les importations, et les conditions
applicables à la circulation des marchandises.

- La relation entre l'économie du pays hôte et la zone. Un exemple de cette relation réside
dans les exportations des produits locaux vers la zone franche et les règles applicables sur
les produits locaux exportés vers la Zone Franche.

Vous aimerez peut-être aussi