Vous êtes sur la page 1sur 1

Le Quotidien d'Oran

06 Mardi 27 décembre 2022 E VOCATION


Une légende
incommensurable rigueur et fermeté pour as-
ne meurt jamais seoir une base solide, quant à la voie de l’in-
dustrialisation du pays. Il ne lâchait rien et
restait ferme. Il fallait développer l’économie
23.08.1932 / 27.12.1978
nationale et mettre en valeur toutes ces nou-
Le Président Boumediène a velles ressources énergétiques.
donné sa vie pour construire
un Etat et édifier un pays, LE VOLET INDUSTRIE CHIMIQUE
à partir de rien.
De 1962 à 1967, il ne faut surtout pas le ca-
Par quoi commencer ? cher, le domaine public de la chimie était mé-
Où sont les cadres, les diocre, et en balbutiement, avec des actions et
institutions, les rouages ? des méthodes de « bon » bricolage sans plus,
Comment faire tourner la pour exister dans ce marché. Plusieurs entités
machine ? Avec quels outils ? travaillaient un tant soit peu, comme ça venait,
sans rails, sans forme de coordination. De pe-
Par Mohamed Seghiouer * tites unités artisanales faisaient ce qu’elles pou-
1ère partie
vaient selon leurs moyens. Devant ce constat,
il a été décidé, en décembre 1967, la création

D
éjà, à l’indépendance, il n’était pas de la Snic (Société Nationale des Industries Chi-
facile de gérer les affaires publiques miques) en charge d’exploiter, de développer
même provisoirement, en attendant et de gérer les industries chimiques éparses dans
l’installation de nouvelles institutions. le pays qui travaillaient sans coordination avec
A cette époque, ils étaient une poignée des équipements démodés.
d’Algériens formés à l’école française qui de- La Snic devait moderniser les unités de pro-
vaient composer un Exécutif provisoire et duction, et réorganiser tous les circuits de dis-
mettre en place une Force pour maintenir à tribution et de commercialisation. Plusieurs usi-
tout prix l’ordre public, sachant bien que nes devaient voir le jour pour développer le
l’OAS ( organisation de l’armée secrète) con- plus rapidement possible l’industrie chimique.
tinuait ses attentats dans une stratégie du
désespoir, de la terre brûlée, en lançant des L’INDUSTRIE MINIÈRE
attaques contre les quartiers où habitaient les
Algériens. Le but de l’OAS était de faire ré- Le secteur minier, s’il a été le pourvoyeur
pliquer pour créer le chaos et faire basculer des fourneaux de France, aura été quel-
le pays dans un enfer. L’objectif était de pous- que peu délaissé, désarticulé à l’indépen-
ser au soulèvement les quartiers européens dance, puisque le pays manquait de tech-
contre les Algériens. niciens, d’ingénieurs, de géologues et autres
D’ailleurs le général De Gaulle dira en subs- chercheurs, mais après sa nationalisation, la
tance, au sujet du départ des colons : «Cela SONAREM qui devait voir le jour en mai
ne leur serait pas arrivé si l’OAS ne s’était 1967, a donné une impulsion déterminante
pas sentie comme un poisson dans l’eau. Ils à ce secteur, puisque le pays avait donc récu-
ont été complices de vingt assassinats par péré en totalité ses ressources minières. Cette
jour. Ils ont saboté les Accords d’Evian, qui société s’est lancée dans la recherche et l’ex-
étaient faits pour les protéger ! Ils ont dé- ploitation des gisements du sous-sol, avec
chaîné la violence et, après ça ils sont éton- l’exploitation des mines et des carrières.
nés qu’elle leur revienne en plein visage». Vers 1972, Sonarem, en progression régu-
lière à partir de 1970, disposait déjà d’une

L ’Algérie, dans ce désordre, ce terroris


me et ces tueries de l’OAS, se mettait
en place et posait les bases provisoires pour
trentaine d’unités de production et de 6 ba-
ses de recherches avec un effectif de près de
14.000 personnes. La Sonarem, outre le mi-
l’application des Accords d’Evian dont Certes beaucoup de Français, amis de l’Al- mettre en pratique cette nouvelle politique, nerai de fer, avait dans ses prérogatives, la
Charles De Gaulle, lui-même, estimait avoir gérie durant sa lutte, des anticolonialistes, des il fallait un «outil » performant à la hauteur gestion, la recherche et l’exploitation des con-
été sabotés. A ce sujet, il ne faut pas oublier insoumis au service militaire français, se sont de cette nouvelle stratégie, pour un pays qui centrés de zinc, de plomb, de cuivre, mais aus-
que Président Boumediène avait manifes- portés volontaires pour apporter leur aide au sort d’une guerre et qui se construit. C’est ce si du mercure, du phosphate, du baryte, du
té son désaccord sur ces Accords qu’il esti- balbutiant lancement de la construction du rôle qui fut attribué à la Sonatrach. Cette sel, de marbre, etc…
mait, à juste titre, comme le Général De pays, détruit et pillé par les colons pieds-noirs, Société Nationale de Transport et de Com- Le Président Boumediène attachait une
Gaulle, aussi étonnant qu’il puisse paraî- mais c’était, bien évidemment, insuffisant. Il mercialisation des Hydrocarbures, sous l’égi- grande importance à ce secteur stratégique et
tre, qu’ils étaient plus en défaveur de l’Al- fallait urgemment prendre les rênes de l’Ad- de du ministère de l’Industrie et de l’Ener- n’hésitait pas à se déplacer dans les unités pour
gérie, puisqu’ils auraient été rédigés pour ministration, de l’Education nationale, de la gie, devait donc voir son élargissement con- s’enquérir de la bonne marche de l’exploita-
protéger les colons (Dixit De Gaulle). Police, du Commerce et des autres domai- sidérable avec une extension de son champ tion. A ce titre, il devait d’ailleurs visiter, en
nes d’activité. Il n’était pas question de cher- et domaine pour se lancer dans la transfor- juin 1970, la mine de fer de Béni-Saf, avec à
Le 5 juillet 1830, la France entre sur cher des « diplômés « de haut niveau ou mation et la recherche. sa tête Yadi Morsli Mohamed, le tout premier
Alger et colonise l’Algérie. autres experts, il n’y en avait très, très peu, directeur qui en assurait la gestion jusqu’à sa
Le 5 juillet 1962, l’Algérie devient
indépendante et devait acquérir sa
souveraineté.
voire pas du tout dans certains secteurs. Le
seul certificat d’études primaires était accep-
té dans la majorité des postes d’emploi. La
L e Président Boumediène devait donc, sur
la base de l’édification nationale et sur-
tout d’une souveraineté, faire modifier la
fermeture, à la suite de l’épuisement du gi-
sement de minerai.
A partir de Béni-Saf, le minerai de fer à
volonté, le patriotisme, et le nationalisme question des concessions, notamment, par haute teneur en fer était exporté vers plu-
Pour les Algériens l’esprit général était de servaient d’énergie, de dynamisme. les décisions du 24 février 1971 et l’ordon- sieurs pays étrangers, à partir de son
mettre fin à l’Algérie française pour donner Des années de tâtonnements, d’essais, d’ex- nance par la suite du 12 avril 1971. On peut port, où de gros minéraliers pouvaient
naissance à la République algérienne. Ainsi, périences ont été nécessaires jusqu’à l’avè- facilement se souvenir des commentaires et entrer et accoster, sans aucun problème,
une longue page de cent trente-deux années nement du 19 juin 1965, où le colonel Houari des réactions mondiales suite à cette déci- au poste de chargement, aujourd’hui
est donc tournée. Mais il a fallu attendre Boumediène, prenait les rênes de la gestion sion souveraine, surtout qu’à l’avenir, aucu- démoli. La passe d’entrée avec un tirant
quarante-cinq ans, que le 5 octobre 1999, du pays et devenait le président du Conseil ne activité d’exploitation ne pourra se faire d’eau de quelques 10 m de profondeur,
pour que le Parlement français reconnais- National de la Révolution et ensuite le prési- ou s’exercer en « individuel », comme avant, ne permet plus aujourd’hui, le passage,
se enfin l’existence d’un «état de guerre» dent de la République. sauf en association avec Sonatrach, qui res- qu’aux embarcations de pêche. La pro-
en Algérie( 54-62) alors qu’il a toujours été tera seule détentrice de toutes décisions, de fondeur de la passe n’atteint plus que
question «d’évènements», de «troubles de
l’ordre public» perpétrés par des «bandits
«,par des «terroristes «,par des rebelles, par
D evant la situation compliquée, et un cer
tain blocage de la société algérienne,
ainsi qu’au manque d’infrastructures, d’in-
la direction, étant seule propriétaire des ti-
tres miniers. A ce titre, le Président Boume-
diène et les dirigeants de Sonatrach avaient
quelques 80 cm, à cause de l’ensable-
ment qui engorge l’accès, entre la jetée
nord et est.
des fellagas» qui, en réalité étaient de vrais dustries et autres entreprises économiques, décidé de garder une partie de cette richesse Pire, aujourd’hui l’ensablement s’est
résistants, de vrais maquisards, de vrais dès le 29 juillet 1965, sont alors signés avec du sous-sol, pour la traiter et la mettre sur le aggravé et devient critique, toujours un
moudjahidines, de vrais combattants pour la France des Accords sur les hydrocarbures, marché algérien sous forme de produits fi- peu plus, car l’épi perpendiculaire à la
la libération nationale. et vers une amorce d’un développement in- nis, tout en gardant une bonne relation avec jetée nord, réalisé il y a peu d’années, et
L’Algérie était devenue indépendante dans dustriel. Le 8 avril 1966 une coopération cul- ses clients étrangers, sous forme de contrats qui aura coûté des milliards, sert de «pa-
un pays sans «rien ». Tout était à faire, à cons- turelle et technique fut signée, ce qui donne- à long terme. rapet sous-marin», en forme de pyrami-
truire, à installer, à édifier dans tous les sens ra lieu à une arrivée de coopérants français. de, au flux de sable qui s’amoncelle et
du terme. Il fallait lutter contre différents et
de multiples obstacles. Le pays n’avait plus
de médecins, d’enseignants, d’ingénieurs, de
Ainsi donc, d’Etat à Etat, l’Algérie dès ce mois
de juillet 1965, devait négocier pour de «
nouveaux rapports » entre pays producteur
P our tout un chacun, que ce soit en Algé
rie ou à l’étranger, il était de notoriété
sans équivoque que le Président Boumediè-
glisse pour s’étendre et s’élargir, à l’image
d’une dune de sable.
A suivre
fonctionnaires etc. etc.. et consommateur. Et donc pour cela, pour ne, dans son âme patriotique, attachait une *Ancien correspondant de presse

Vous aimerez peut-être aussi