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Publié par L’Institut Louis Even Pour la Justice Sociale

Édition gratuite à diffuser autour de vous

Un nouveau système financier efficace


au service des producteurs et consommateurs
Étudions avec Louis Even la cause
de la misère en face de l’abondance

www.versdemain.org Et on hésite encore à changer la roue !


Édition gratuite en français Cette brochure que
Date de parution: janvier 2018 vous tenez en main est
une édition spéciale gra-
Présentation établiront le système financier du
Crédit Social — quand ils en rece-
Tarifs pour l’abonnement vront l’ordre, évidemment.
tuite de Vers Demain, Le système financier efficace de l’expérience, mais sans s’écarter
Canada et États-Unis, 4 ans.............20,00 $ En une autre occasion, il sug-
un périodique d’inspi- dont il va être question dans cette des principes. gérait que, pour sortir de l’ornière
2 ans............10,00 $ ration catholique fondé brochure, c’est le système finan- La revue créditiste Vers De- financière dans laquelle gémis-
autres pays: surface, 2 ans.......30,00 $ en 1939 au Canada par cier connu généralement sous le main et les autres écrits de la saient individus et gouvernements
avion 1 an.......20,00 $ Louis Even (1885-1974) nom de Crédit Social (ou Démocra- même source se sont générale- au temps des années ‘30, le gou-
pour faire connaître les tie Économique), encore appliqué ment abstenus d’entrer dans le vernement devrait assembler quel-
Bureau et adresse postale propositions financières nulle part, mais dont les principes domaine des modalités possibles ques-uns des banquiers dirigeants
Maison Saint-Michel, 1101, rue Principale de l’ingénieur écossais furent établis par l’ingénieur éco- pour établir un système financier du pays, les enfermer et les tenir
Rougemont, QC , Canada – J0L 1M0 Louis Even Clifford Hugh Douglas nomiste écossais, Clifford Hugh conforme aux principes de Dou- enfermés jusqu’à ce qu’ils produi-
Tél: Rougemont (450) 469-2209, Fax: (450) 469-2601 (1879-1952), connues sous Douglas, publiés par lui pour la
Fondateur glas. Nous considérons que notre sent un remède aux maux dont le
Tél. région de Montréal (514) 856-5714 le nom de démocratie première fois en 1918, propagés rôle est surtout de montrer le monde souffrait. (Ce remède, ils
économique ou crédit social, qui mettraient depuis par toute une école dans «quoi» — ce que les hommes doi- l’auraient vite trouvé!).
Site internet: www.versdemain.org
fin à l’endettement perpétuel des pays, et don- maints pays. vent obtenir de leurs activités éco-
e-mail: info@versdemain.org Cependant, dans le présent
neraient à chaque citoyen un pouvoir d’achat Douglas a énoncé des propo- nomiques. Aussi, le «pourquoi», ouvrage, nous entrons un peu
Imprimé au Canada suffisant pour satisfaire au moins les besoins sitions qui, mises en pratique, éli- les raisons pour lesquelles ils ont dans le «comment». Comment on
POSTE-PUBLICATION CONVENTION No. 40063742 essentiels. Pour obtenir l’application de ces pro- mineraient définitivement tout droit à ces résultats. pourrait mettre les propositions
Dépôt légal – Bibliothèque Nationale du Québec positions, il faut l’éducation de la population. problème financier là où il n’y a Quant au «comment» — com- de Douglas en application. Com-
Depuis 1962, pas de problème physique de pro- ment appliquer les propositions ment établir l’équilibre constant
le siège so- duction ou de distribution. Son de Douglas pour obtenir ces résul- entre les prix et les moyens d’achat
Pour nous rejoindre en Afrique cial de Vers système donne à la finance un rôle tats, nous croyons que c’est plutôt entre les mains du public. Com-
Bénin benin@versdemain.org Demain est à de service, et non plus de comman- l’affaire des experts. Des experts, ment on pourrait financer toute
Burundi burundi@versdemain.org Rougemont, dement, dans l’économie du pays. non pas de députés ni de gouver- production nouvelle, non pas avec
257 77 797 885 et est appelé, Douglas a formulé ses propo- nements; le rôle de ces derniers de l’épargne, mais avec des crédits
Burkina Faso burkinafaso@versdemain.org depuis 1992, sitions avec précision, mais sans est plutôt de dicter le «quoi» aux nouveaux.
226 70 05 14 11; 226 70 33 86 68 l’Institut entrer dans les modalités de leur experts, leur laissant le soin du Notre but est simplement de
Louis Even mise en application. Il a d’ailleurs «comment». montrer la possibilité de l’appli-
226 70 29 67 82; 226 72 45 88 81
pour la Jus- remarqué que ces modalités peu- C’est dans cette lumière-là que cation des propositions de Dou-
Cameroun cameroun@versdemain.org
tice Sociale. vent être diverses, selon les lieux, Douglas, parlant un jour à une glas, non pas de présenter cette
237 698 59 14 69; 237 699 21 82 40
237 242 05 69 85; 237 686 60 70 85 Pour ceux qui ne sont pas abonnés, nous vous selon les coutumes établies, etc., réunion de créditistes, disait que, manière comme la seule possible.
invitons fortement à le faire, pour recevoir notre et modifiables d’après les résultats selon lui, ce sont les banquiers qui Les méthodes exposées ne sont
Congo-Brazza congo-brazza@versdemain.org
242 5500 7777 magazine régulièrement. (Voir les tarifs à gau- donc ni dogmatiques ni exclusi-
che.) Vous pouvez aussi trouver sur notre site ves. Mais nous préconisons ce qui
Côte d'Ivoire cotedivoire@versdemain.org
internet les archives des anciens numéros ainsi nous semble le plus pratique, le
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que des causeries vidéo et audio de nos fonda- moins déroutant, en utilisant lar-
225 06 60 42 18; 225 07 98 32 57
teurs et des participants à gement les mécanismes financiers
Mali mali@versdemain.org existants, tout en les purgeant
223 66 74 25 97; 69 57 20 90
nos sessions d’étude.
radicalement du vice financier
Ouganda ouganda@versdemain.org fondamental qui les détourne de
256776600 369 la véritable fin de l’économie: le
République Démocratique du Congo (R.D.C.) www.versdemain.
service des besoins humains.
psmrdcongo@versdemain.org
Visitez notre site Web
243 829 90 20 33 ou 243 999 94 62 85, Sommaire
243 081 6187 393; 243 998 120276 Pour ceux d’entre vous qui
243 815 55 08 16; 243 990 67 80 17 ont accès à l’internet, nous 4  À la racine du mal
vous encourageons fortement à visiter notre site 5  3 propositions de Douglas
Rwanda rwanda@versdemain.org
250 783 80 79 79; 250 788 47 10 65; 250 788 Web, qui donne une multitude de renseignements 10  Financer la production
30 90 26 sur notre oeuvre. Vous pouvez même payer votre 17  Finance des travaux publics
Sénégal senegal@versdemain.org abonnement et faire vos dons en ligne par PayPal 20  Circuit du crédit financier
221 77 63 02 946 ou carte de crédit. C’est un 22  Le dividende social à tous
moyen facile et sécuritaire 27  Les taxes à la lumière du
Togo togo@versdemain.org pour renouveler votre abonne- Le système financier actuel nous rend tous serviteurs et esclaves
228 91858904; 228 9947 7728    Crédit Social
ment. de l’argent; ce système doit être corrigé pour que l’argent soit le ser- 32 Conclusion
228 9017 7520; 228 92 20 86 77/ 98 51 36 13 viteur de la personne humaine. C’est ce qu’explique cette brochure.

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À la racine du mal les besoins humains: besoins d’ordre privé
et besoins d’ordre public, dans l’ordre de leur
urgence. Satisfaction des besoins essentiels
financier servirait ainsi, d’une part, à exprimer
les volontés des consommateurs; d’autre part, il
serait au service des producteurs pour mobiliser
de tous, avant les demandes de luxe de quel- la capacité de production du pays dans le sens
Pourquoi critiquer et dénoncer le système fi- Le crédit financier tire sa valeur du «crédit
ques-uns; avant aussi le faste et les projets pha- des demandes ainsi exprimées.
  nancier actuel ? réel». C’est-à-dire de la capacité de production
raoniques d’administrateurs publics avides de Pour cela, évidemment, il faut un système
Parce qu’il n’accomplit pas sa fin. du pays. Le dollar, de n’importe quelle forme,
renommée. financier qui se plie au réel, et non pas qui le
Quelle est la fin d’un système financier? n’a de valeur que parce que la production du
pays peut fournir des produits pour y répondre. Est-il possible d’obtenir de l’économie générale violente. Un système financier qui reflète les
La fin d’un système financier, c’est de finan- On peut bien appeler cette capacité de produire    le respect de cette hiérarchie des besoins, faits, et non pas qui les contredise. Un système
cer. «crédit réel», parce que c’est un facteur réel de   sans une dictature qui planifie tout et qui financier qui distribue, et non pas qui rationne.
Financer la production des biens qui répon- confiance. C’est le crédit réel d’un pays, sa capa-   impose les programmes de production et Un système financier qui serve l’homme, et non
dent aux besoins; et financer la distribution de cité de production, qui fait qu’on a confiance de    gère la répartition des produits? pas qui l’avilisse.
ces biens pour qu’ils atteignent les besoins. pouvoir vivre dans ce pays. Certainement, c’est possible, moyennant un Un tel système financier est-il concevable?
Si le système financier fait cela, il accomplit À qui appartient ce «crédit réel»? système financier qui garantisse à chaque indi- Oui. Les grandes lignes en ont été tracées
son rôle. S’il ne le fait pas, il n’accomplit pas son vidu une part du crédit financier communau- par Clifford Hugh Douglas, le maître génie qui
C’est un bien de la société. Sans doute que
rôle. S’il fait autre chose, il sort de son rôle. taire. Une part suffisante pour que l’individu a présenté au monde ce qu’on appelle le Crédit
des capacités individuelles et des capacités de
Pourquoi dites-vous que le système financier puisse commander lui-même à la production Social (à ne pas confondre avec les prostitutions
groupes de toutes sortes y contribuent. Mais
  actuel n’accomplit pas son rôle? du pays de quoi satisfaire au moins ses besoins de partis politiques qui ont porté ce nom).
sans l’existence de richesses naturelles, qui sont
Parce qu’il y a des biens — biens publics et essentiels.
un don de la Providence et non pas le résultat Douglas a résumé en trois propositions les
biens privés — qui sont demandés par la popu- d’une compétence individuelle, sans l’existence Un tel système financier ne dicterait rien. La principes de base d’un système qui répondrait
lation, qui sont parfaitement réalisables physi- d’une société organisée qui permet la division production prendrait ses programmes des com- à ces fins et qui, par ailleurs, serait assez souple
quement, mais qui restent dans le néant parce du travail, sans des services publics comme les mandes venant des consommateurs, pour ce qui pour suivre l’économie dans tous ses dévelop-
que le système financier ne finance pas leur pro- écoles, les routes, les moyens de transport, etc., est des biens d’ordre privé; et elle les prendrait pements, jusqu’à n’importe quel degré de méca-
duction. la capacité globale de production serait beau- des commandes venant des corps publics, pour nisation, de motorisation ou d’automatisation.
D’autre part, il y !a des biens offerts à une coup plus faible, très faible même. ce qui est des biens d’ordre public. Le système
population qui en a besoin, mais que des per- C’est pourquoi l’on parle de production natio-

Trois propositions de Douglas


sonnes ou des familles ne peuvent se procurer, nale, d’économie nationale, ce qui ne veut nulle-
parce que le système financier ne finance pas la ment dire production étatisée. C’est dans cette
consommation. Ces faits sont indéniables. capacité globale de production que le citoyen,
Avec quoi finance-t-on la production ou la con- que chaque citoyen doit pouvoir trouver une
  sommation? base de confiance pour la satisfaction de ses
Quelles sont ces trois propositions de Douglas? mables mis en vente dans ce pays; et ces
Avec des moyens de paiement. Ces moyens besoins matériels. Pie XII disait dans son mes- Douglas a énoncé publiquement ces trois pro- moyens d’achat (cash credits) doivent
sage de Pentecôte 1941: positions en trois circonstances: à Swanwick, être annulés lors de l’achat des biens de
de paiement peuvent être de l’argent métallique,
en 1924; devant le Comité Mac- consommation.
du papier-monnaie légal, ou des chèques tirés «L’économie nationale, fruit d’activités
Millan, en mai 1930; dans une
sur des comptes de banque. d’hommes qui travaillent unis dans la commu- Douglas n’a rien changé dans
conférence prononcée à la salle
Tous ces moyens de paiement peuvent être nauté nationale, ne tend pas à autre chose qu’à les termes de cette proposition:
Caxton, de Londres, en octobre
inclus sous le terme de «crédit financier», parce assurer sans interruption les conditions maté- ils étaient les mêmes en 1930
1930. Et il les a reproduites dans
que tout le monde les accepte avec confiance. rielles dans lesquelles pourra se développer qu’en 1924.
des écrits de lui, entre autres
Le mot crédit implique la confiance. On accepte pleinement la vie individuelle des citoyens.» Dans cette proposition, pour
dans The Monopoly of Credit.
avec la même confiance 5 pièces d’un dollar À qui appartient le «crédit financier»? mentionner les moyens de paie-
La première de ces propo-
en métal, ou un billet de la Banque du Canada A sa source, le crédit financier appartient à ment, numéraire ou argent
sitions a trait à la finance de la
de cinq dollars, ou un chèque de cinq dollars lia collectivité, au même titre que le crédit réel scriptural, entre les mains
consommation, par un ajuste-
sur n’importe quelle banque où le signataire d’où il tire sa valeur. C’est un bien communau- des consommateurs, Douglas
ment entre le pouvoir d’achat et
du chèque a un compte de banque. On sait, en taire dont doivent bénéficier, d’une manière ou emploie le terme «cash credits»,
les prix:
effet, qu’avec l’un ou l’autre de ces trois moyens de l’autre, tous les membres de la communauté. tandis que, lorsqu’il parle de
de paiement, on peut payer du travail ou des Les moyens d’achat (cash finance de la production, il dit
Comme le «crédit réel», le crédit financier est
matériaux pour la valeur de cinq dollars si l’on
par sa nature même un crédit social.
credits) entre les mains de Clifford Hugh Douglas simplement «credits».
est producteur, ou des biens consommables la population d’un pays doi- La différence entre les deux,
pour la valeur de cinq dollars si l’on est consom- L’utilisation de ce bien communautaire ne
doit pas être soumise à des conditions qui entra- vent, en tout temps, être collectivement c’est que l’argent entre les mains des consom-
mateur. égaux aux prix collectifs à payer (collec- mateurs est à eux: c’est pour eux du pouvoir
vent la capacité de production, ni qui détournent
D’où ce «crédit financier», ces moyens de paie- tive cash prices) pour les biens consom- d’achat, qu’ils emploient que selon leur volonté u
la production de sa fin propre qui est de servir
  ment tirent-ils leur valeur? en obtenant des produits de leur choix. Tandis

4 Edition gratuite de VERS DEMAIN www.versdemain.org www.versdemain.org Edition gratuite de VERS DEMAIN 5
u que les crédits à la production sont des avances L’ajustement proposé comporterait un coeffi- toute la production. C’est permettre à la pro-
que le producteur doit rembourser lorsqu’il aura cient qui s’appliquerait à tous les prix au détail. duction d’atteindre sa fin: la production est faite Le système
vendu ses produits. Ce coefficient serait calculé périodiquement pour être consommée. d’argent fut
(tous les trois ou six mois, par exemple), d’après Parfait aussi, parce que c’est rendre justice à
Nous avons traduit «cash credits» par
le rapport entre la consommation totale et la la population, en lui faisant payer seulement le
conçu pour
moyens d’achat, plutôt que par pouvoir d’achat.
C’est parce que le pouvoir d’achat ne dépend production totale pendant le terme écoulé. «juste prix», le coût réel de sa production. C’est servir, pour
pas seulement de l’argent entre les mains du Si, par exemple, dans le terme écoulé, la pro- Douglas qui a su donner du «juste prix» une faciliter la vie
duction de toute sorte dans le pays s’est totalisée définition cherchée en vain par les sociologues
consommateur, mais aussi des prix en face de
cet argent. Avec dix dollars en moyens d’achat, à 40 milliards de dollars, et si la consommation de plusieurs siècles. Il l’a ainsi formulée: «Le économique en
vous pouvez vous procurer dix paires de bas, si de toute sorte s’est totalisée à 30 milliards, on en véritable coût de la production, c’est la consom- société. Mais
les bas sont au prix d’un dollar la paire; mais s’ils conclut que, quels que soient les prix compta- mation qu’elle a exigée.» Vérité qui semble tota-
lement ignorée dans les manuels d’économie.
cet instrument
sont au prix de deux dollars la paire, vous ne bles de revient; c’est en réalité 30 milliards qu’a
pouvez vous en procurer que cinq paires avec coûté au pays la production des 40 milliards. Quant aux modalités du mécanisme d’ajus- de service est
la même somme de dix dollars. Tout le monde C’est donc 30 milliards qui est le véritable coût tement des prix, elles peuvent varier, mais devenu un
sait bien que le pouvoir d’achat baisse avec la de la production totale de 40 milliards. Et si les
producteurs doivent récupérer 40 milliards, les
elles doivent accomplir cette perfection, et le
faire avec le minimum d’opérations. Ce serait,
instrument
hausse des prix, même si la somme d’argent en
main est la même. consommateurs, eux, ne doivent payer que 30 d’ailleurs, beaucoup moins compliqué que, par de punition.
On pourrait aussi appeler ces «cash credits» milliards. Les 10 milliards manquant doivent être exemple, le calcul des ristournes à chaque coo-
de la monnaie de consommation. Celui qui les a fournis aux producteurs par une autre source, pérateur dans une coopérative de consomma-
en main peut, en effet, s’en servir pour se pro- non pas par les acheteurs. C’est au mécanisme tion. Et avec des résultats infiniment supérieurs.
curer des biens consommables. Le cas est diffé- monétaire d’y voir. Et quelle est la deuxième proposition de Dou-
rent des crédits à la production qui, eux, doivent Dans ce cas, le coefficient appliqué à tous   glas?
être employés par l’emprunteur à produire des les prix au détail sera de 3/4: les prix de revient La deuxième proposition de Douglas a trait Pourquoi financer ainsi la production avec des
biens qu’il devra vendre afin de pouvoir rem- seront multipliés par ce coefficient, par 3/4 ou à la finance de la production. Elle fut exprimée crédits nouveaux et non pas avec de l’épargne?
bourser ces crédits à leur source. 0,75. L’acheteur ne paiera donc que 75 pour cent comme suit, par son auteur, à Swanwick et — Parce que l’épargne provient d’argent qui a
Quel est le but de cette première proposition du prix comptable. devant le Comité MacMillan: été distribué en rapport avec de la production
  énoncée par Douglas? Autrement dit, un escompte général de 25 Les crédits nécessaires pour financer faite. Or tout cet argent est entré dans le prix de
Cette proposition a pour but de réaliser ce pour cent (le contraire .d’une taxe de vente) va la production doivent provenir, non pas revient de la production faite. Si cet argent n’est
qu’on peut appeler le pouvoir d’achat parfait, être décrété sur tous les prix de vente au détail pas employé pour acheter la production, l’écart
d’épargnes, mais de nouveaux crédits se
en établissant l’équilibre entre les prix à payer pour la durée du terme qui commence. A la fin entre les moyens d’achat et les prix augmentera.
de chaque terme, le taux de l’escompte géné- rapportant à une nouvelle production.
par les acheteurs et l’argent entre les mains des On peut objecter que l’épargne employée
acheteurs. ral est ainsi calculé en fonction de l’état de la A la salle Caxton, en octobre 1930. Douglas
variait ainsi la fin de son énoncé: à financer un nouveau flot de production, par
Le Crédit Social fait une différence entre le consommation par rapport à l’état de la produc-
investissement ou autrement, revient dans la
prix de revient comptable (cost price) et le prix tion du terme écoulé. On se rapproche ainsi le «de nouveaux crédits se rapportant à circulation comme pouvoir d’achat. C’est vrai,
à payer par l’acheteur (cash price). L’acheteur plus possible du pouvoir d’achat parfait. la production.» mais c’est à titre de dépenses faites par le pro-
n’aurait pas à payer le prix de revient intégral, On appelle parfois cette opération un prix Il ne dit plus «nouvelle production», mais seu- ducteur, donc en créant un nouveau prix. Or,
mais seulement ce prix amené à un niveau cor- compensé ou un escompte compensé, parce lement «production». C’est évidemment que les la même somme d’argent ne peut pas servir à
respondant aux moyens d’achat entre les mains que l’argent que le vendeur n’obtient pas de deux sont synonymes. A mesure que la produc- liquider à la fois le prix correspondant de l’an-
de la population. l’acheteur à cause de cet escompte, il le reçoit tion se fait, c’est une nouvelle production. De la cienne production et le prix correspondant de la
Le prix comptable doit toujours être récu- ensuite de l’Office du Crédit National. Cette nouvelle production pour entretenir le flot de nouvelle production.
péré par le producteur, s’il veut rester en affai- compensation permet au vendeur de récupérer production où s’approvisionne le consomma- Chaque fois que l’argent épargné revient
res. Mais le prix à payer doit être au niveau des son plein prix de revient. Personne n’est per- teur. ainsi à des consommateurs, c’est en créant un
moyens d’achat entre les mains des consomma- dant. Tout le monde y gagne par l’écoulement C’est donc à tort que certains ont interprété nouveau prix, sans avoir liquidé un ancien prix
teurs, si l’on veut que la production atteigne sa facilité des produits vers les besoins. cette proposition comme s’appliquant seule- laissé sans pouvoir d’achat correspondant lors-
fin, qui est la consommation. Pourquoi dites-vous que c’est là réaliser le pou- ment à une augmentation dans le volume de la que cet argent devenait épargne.
Comment cette double condition peut-elle être   voir d’achat parfait? production, ce qui n’est certainement pas le cas
Rendons ce point clair par un exemple:
  réalisable? Parce que c’est établir à 1 (un) le rapport d’après le contexte des trois propositions.
Douglas ajoute: Voici un ouvrier qui reçoit en salaire mensuel
Par un mécanisme d’ajustement des prix. Un entre les moyens de paiement et les prix. Dans
la somme de 3 000 $. Sur cette somme, il pré-
ajustement, et non pas une fixation des prix: l’exemple donné plus haut, ce rapport était de Et ces crédits ne seront rappelées que lève 500 $ pour acheter des actions dans une
l’établissement des prix de revient est affaire des 3/4: on ne pouvait payer que les 3/4 de la pro- selon le rapport de la dépréciation géné- entreprise qui construit une nouvelle usine.
producteurs eux-mêmes, ce sont eux qui savent duction. Après l’opération d’ajustement des
prix, le rapport devient 1: on peut alors payer
rale à «l’appréciation», à l’enrichisse- Les 3 000 $ de salaire sont certainement ins- u
ce que la production leur coûte de dépenses.
ment général.
6 Edition gratuite de VERS DEMAIN www.versdemain.org www.versdemain.org Edition gratuite de VERS DEMAIN 7
u crits dans les prix des produits pour lesquels serait de plus en plus du besoin d’employés. Ce compter, additionner, soustraire, multiplier, divi- soit réellement tombé de la grande richesse à
l’ouvrier a travaillé; mais en face de ces 3 000 $ serait donc la solution au plus gros casse-tête ser, faire des règles de trois, exprimer des pour- la grande pauvreté? Evidemment non.»
de prix, il ne reste plus que 2 500 $ de pouvoir actuel, qui fait des économistes lever les bras au centages? Douglas faisait cette remarque trois ans et
d’achat. ciel et qui fait les gouvernements s’ahurir devant D’ailleurs, les faits sont là, pour montrer que demi avant l’éclatement de la deuxième grande
La construction de l’usine va remettre les 500 l’insuccès de leur politique de plein emploi, l’argent est affaire de chiffres: chiffres que les guerre mondiale. Une fois celle-ci déclarée,
$ en pouvoir d’achat par les salaires distribués d’embauchage intégral. La poursuite de l’em- monopolisateurs du système peuvent faire tout le monde pouvait se poser une question
aux ouvriers de la construction. Mais les produits bauchage intégral est une absurdité, difficile à surgir ou faire disparaître selon leurs décisions, de même nature que celle de Douglas, mais en
qui sortiront de la nouvelle usine devront inclure justifier de la part d’êtres intelligents, alors que sans besoin d’objets concrets autres qu’un livre, sens inverse:
les 500 $ dans leur prix. Le 500 $ redevenu pou- le progrès s’applique inexorablement à désem- une plume et quelques gouttes d’encre. Comment se fait-il qu’après une rareté d’ar-
voir d’achat ne pourra certainement pas liquider baucher, à libérer du besoin d’employés. Dans une conférence donnée à Westminster, gent pendant dix années, on trouve subito, du
à la fois le 500 $ de prix de l’ancienne production Voici comment s’exprime Douglas: le 7 mars 1936, C. H. Douglas disait à son audi- soir au matin, tout l’argent qu’il faut pour une
et le 500 $ de prix de la nouvelle production. La distribution de moyens d’achat toire — un auditoire créditiste: guerre qui dure six années et qui coûte des mil-
Cela ne veut pas dire que l’épargnant fait (cash credits) aux individus doit progres- «Nous, créditistes, noue disons que le pré- liards?
mal en plaçant son argent dans l’expansion de sivement dépendre de moins en moins sent système monétaire ne reflète pas les faits. Même réponse dans les deux cas: Le système
la production. Il est parfaitement libre de faire de l’emploi. C’est-à-dire que le dividende Nos opposants disent qu’il les reflète. Eh bien, d’argent n’est qu’une question de comptabilité
ce qu’il veut d’un argent qui lui appartient. Mais il n’y a qu’à regarder et se servir de son gros bon et n’a besoin que de chiffres portant le sceau
la soustraction au pouvoir d’achat global, faite
doit progressivement déplacer les émo- sens pour voir ce qu’il en est. Comment, par de la légalité. Donc, si l’agent manque en face
par l’épargne, devrait être compensée de quel- luments et les salaires. exemple, se fait-il qu’un monde qui paraissait de grandes possibilités de produire pour satis-
que manière, par un montant d’argent équiva- Progressivement — à mesure, comme l’a presque fiévreusement prospère en 1929, — du faire les besoins humains normaux, et si l’argent
lent venant entre les mains des consommateurs exprimé ailleurs Douglas, à mesure qu’aug- moins réputé prospère, à en juger par les critè- devient abondant quand les producteurs et les
(par le dividende social, par exemple, ou par mente la productivité par homme-heure. Ce qui res orthodoxes — et certainement capable de moyens de production sont réquisitionnés pour
une hausse de l’escompte compensé); cela fait, est parfaitement conforme au réel, conforme à produire et offrir une surabondance de denrées les champs de bataille et la production d’engins
l’effet sur le pouvoir d’achat sera le même que la participation prise respectivement par le tra- et de services, le faisant et en distribuant une de destruction, c’est parce que le présent sys-
si la production avait été financée directement vail et par le progrès dans le flot de production. proportion considérable — comment se fait-il tème monétaire impose des décisions, au lieu
par des crédits nouveaux, puisque ces crédits Le progrès — bien collectif — prend de plus que ce monde-là ait pris figure d’extrême pau- de refléter fidèlement les faits résultant d’actes
nouveaux remplacent l’épargne détournée du en plus de place comme facteur de production, vreté en 1930 ? Transformation d’apparence si librement posés par des producteurs libres et
pouvoir d’achat. et le labeur humain de moins en moins. Cette fondamentale que les conditions économiques des consommateurs libres.
Le système actuel ne fait pas cette compen- réalité devrait se refléter dans la répartition des en ont été changées du tout au tout. Est-il rai- (Nous regroupons ci-dessous les trois pro-
sation. Il insiste sur la finance par l’épargne, sans revenus, par des dividendes à tous d’une part et sonnable de supposer qu’entre un jour d’octo- positions de Douglas, texte anglais original et
se préoccuper de l’entaille faite dans le pouvoir par une récompense à l’emploi d’autre part. bre 1929 et quelques mois plus tard, le monde traduction en regard.)
d’achat. C’est là, non pas la seule cause, mais Nous revenons plus loin sur cette question
une des causes de l’écart entre les moyens de en traitant du dividende périodique à chaque
paiement du consommateur et les prix des pro- citoyen. Les trois propositions de Douglas
duits. Mais n’est-ce pas là proposer tout un cham-
Et la troisième proposition financière de Dou-    bardement dans les modes de finance de la ORIGINAL NOTRE TRADUCTION
  glas?    production et dans le mode de répartition 1. The cash credits of the population of any 1. Les moyens d'achat entre les mains de la
La troisième proposition introduit un élément    des droits aux produits? country shall at any moment be collectively population d'un pays doivent, en tout temps, être
C’est surtout, et bien plus simplement, un equal to the collective cash prices for consum- collectivement égaux aux prix collectifs à payer
nouveau dans le pouvoir d’achat: la distribution
able goods for sale in that country, and such pour les biens consommables mis en vente dans ce
d’un dividende à tous, employés ou non dans la changement de philosophie, de conception du
pays; et ces moyens d'achat doivent être annulée
production. C’est donc un facteur de composi- rôle du système économique et du système cash credits shall be cancelled on the purchase
lors de l'achat des biens de consommation.
tion du pouvoir d’achat, qui ne laisse aucun indi- financier, les ramenant à leurs fins propres ser- of goods for consumption.
2. Les crédits nécessaires pour financer la pro-
vidu sans moyens de paiement. vies par des moyens appropriés. Il est temps 2. The credits required to finance produc- duction doivent provenir, non pas d'épargnes, mais
C’est la reconnaissance du droit de tous à une que les fins reprennent leur place, et les moyens tion shall be supplied not from savings, but être des nouveaux crédits se rapportant à de la
part de la production, à seul titre de co-capita- la leur. Il est temps que la perversion fasse place be new credits relating to new production, nouvelle production; et ces crédits ne doivent être
listes, de co-héritiers du plus gros facteur de la au redressement. and shall be recalled only in ratio of general rappelés que selon le rapport de la dépréciation
production moderne: le progrès acquis, grossi Mais tout cela a l’air de supposer que l’argent, depreciation to general appreciation. générale à «l'appréciation» générale.
et transmis d’une génération à l’autre. A titre    ou le crédit financier, peut venir comme ça, 3. The distribution of cash to individuals 3. La distribution de moyens d'achat aux in-
également de co-propriétaires des richesses    séance tenante, pour financer la production shall be progressively less dependent upon em- dividus doit progressivement dépendre de moins
naturelles, don gratuit de Dieu.    et la consommation! en moins de l'emploi. C'est-à-dire que le dividende
ployment. That is to say that the dividend shall
doit progressivement déplacer les émoluments et
C’est aussi le moyen d’entretenir un flot de Certainement. Le système d’argent n’est progressively displace the wage and salary.
les salaires.
pouvoir d’achat en rapport avec le flot de pro- essentiellement qu’un système de comptabilité.
duction, quand bien même la production se pas- Les comptables sont-ils à court de chiffres pour

8 Edition gratuite de VERS DEMAIN www.versdemain.org www.versdemain.org Edition gratuite de VERS DEMAIN 9
Comment financer la production voir à ces opérations, pour suivre l’état des avan-
ces de crédits et des remboursements. Même
si les producteurs ne traitent pas tous avec la
Mais, où prendre l’argent, le crédit financier, avance d’argent, de crédit financier; et quand même banque, l’un empruntant, par exemple,
   ces «chiffres légalisés», pour le service d’un il passera son produit semi-fini à un deuxième de la Banque de Montréal, l’autre de la Banque
   système de finance conforme aux proposi- producteur, il voudra être payé tout de suite, Royale, cela ne crée pas de problème: les ban-
   tions de Douglas, énoncées ci-devant? pour récupérer ses dépenses et faire son rem- ques sont organisées pour régler entre elles,
Les crédits nécessaires pour financer la pro- boursement au banquier. Ni le premier produc- toutes les vingt-quatre heures, leurs soldes de
duction et la distribution seraient puisés à la teur ni son banquier ne peuvent attendre que le débit et de crédit.
source dans le crédit financier du pays, basé sur produit soit rendu au bout de la chaîne, peut-
être dans plusieurs mois, ou même des années. L’application des propositions de Douglas
l’immense crédit réel du pays. peut très bien s’accommoder de ce mode de
Encore moins attendre que le produit fini soit
Cela ne nécessiterait aucun bouleversement vendu et payé par le consommateur, avant de finance, par avances de crédits aux divers stages
des structures établies. Les entreprises privées rentrer dans leurs fonds. de la production, en utilisant le mécanisme ban-
demeureraient entreprises privées. Même les caire actuel.
banques pourraient demeurer ce qu’elles sont, Disons que le processus de production
passe par trois établissements successifs: A, B, Les banques créeraient-elles ces crédits,
des entreprises privées. C’est par elles que le    comme elles le font aujourd’hui ? Elles l’obtiendraient, sur demande et sans
crédit financier serait canalisé pour ses émis- C. Voici comment on peut concevoir les opéra-
tions de financement Non. On l’a expliqué: ces crédits représen- frais, de la source même, disons de la Banque
sions et pour ses retours à la source. centrale. Sans frais, c’est-à-dire avec la seule
Le producteur A a besoin d’une avance de tent une capacité de production du pays, résul-
Les banques possèdent, en effet, tout le tant d’activités diverses, de richesses naturel- obligation d’en rapporter le même montant à la
mécanisme, toutes les installations voulues, crédit pour mobiliser la matière première, le source, après son périple dans la circulation.
transport, payer ses employés, sa lumière, sa les, de science appliquée, de l’existence d’une
avec un réseau de succursales bien établi, et un société ordonnée, etc. Ces crédits financiers La banque centrale tiendrait compte des sor-
personnel compétent et entraîné pour accom- force motrice, ses frais généraux. Il s’adresse à
la banque commerciale et obtient cette avance n’ont de valeur qu’à cause du crédit réel, qu’à ties et des rentrées, débitant les sorties dans le
plir merveilleusement ce service. Elles pour- cause de la capacité de production du pays. compte de la banque commerciale, et y crédi-
raient continuer de trouver dans ces fonctions la de crédit.
Le crédit financier est l’expression chiffrée du tant les rentrées.
récompense due à leurs services. Etre respon- Lorsque A va vendre son produit semi-fini crédit réel, d’un bien qui est social par nature.
sables des avances de crédits à la production. à B, il va inclure dans son prix tout ce qu’il a Rien de nouveau dans ces relations comp-
A sa source, le crédit financier étant un crédit tables entre une banque centrale et des ban-
Se charger aussi des opérations comptables dépensé, y compris l’argent emprunté qu’il doit social ne peut être propriété que de la société.
relatives au crédit à la consommation (dividende rembourser à la banque. Il va y ajouter son profit ques commerciales. Au Canada, chaque banque
et escompte compensé), et en recevoir une juste (qui est pour lui comme un salaire). B peut avoir Pour mettre ce crédit en circulation, pour commerciale a déjà avec la Banque du Canada
rétribution. Mais le crédit dont elles traiteraient besoin d’une avance de crédit pour faire tout ce le confier à des gens qui vont s’en servir pour un compte dans lequel se font tous les jours des
ainsi demeurerait une propriété de la société, et paiement à A, et peut-être aussi pour ses pro- mobiliser la capacité de production du pays, et écritures de débits et de crédits.
leurs opérations devraient tenir compte de l’ob- pres frais d’opération: transport, salaires, frais pour ramener ce crédit à sa source après avoir Mais les banques à chartes continueraient-
jectif d’un système financier respectant la fin et généraux, etc. Lui aussi s’adresse à la banque, accompli son œuvre, on peut très bien utiliser la   elles à charger des frais aux emprunteurs
les principes exposés ci-dessus. obtient l’avance et paie A. canalisation existante, le mécanisme bancaire,    pour les prêts qu’elles leur feraient?
sans aucunement nationaliser les banques.
On peut concevoir diverses méthodes pour Avec l’argent obtenu de B, A va pouvoir faire Certainement. Il faut bien que les banques
la mise en application des propositions énon- son remboursement à la banque. Donc pas besoin pour une Banque centrale puissent rencontrer leurs dépenses, payer les
cées par Douglas. Mais les meilleures méthodes d’établir un nouveau réseau de succursales, ni salaires de leur personnel, couvrir leurs frais
Lorsque B passera son produit semi-fini à C, d’examiner elle-même les cas des solliciteurs
sont certainement celles qui le feraient effica- lui aussi inclura toutes ses dépenses dans le prix, généraux, et réaliser des profits légitimes —
cement tout en effectuant le moins possible de de crédit, ni de s’occuper directement du rappel comme toutes les entreprises privées.
y compris son propre emprunt de la banque. du crédit après son emploi. Tout cela peut être
changement dans les institutions existantes. Et C pourra lui aussi recourir à la banque pour Les banques doivent bien aussi prévoir les
laissé aux banques à chartes, ou banques com-
Vous dites que les banques à chartes pour- payer la facture de B et pour ses propres frais merciales, très compétentes dans ce genre de cas où, malgré les précautions d’usage qu’elles
  raient être responsables des avances de d’opération. travail. savent prendre, certains emprunteurs devien-
   crédit à la production. Voulez-vous dire que Une fois payé par C, le producteur B réglera nent incapables de rembourser. La faillite d’un
   les producteurs continueraient à s’adresser Mais ce crédit financier demeure un instru- emprunteur ne déchargerait pas la banque prê-
avec sa banque. ment social et ne doit prendre sa source que
   aux banques pour financer leurs dépenses teuse de son obligation vis-à-vis de la Banque
   en attendant de vendre leurs produits? Même chose lorsque C passera son pro- dans un organisme voué uniquement au service centrale. Elle resterait tenue de rembourser à sa
duit fini au grossiste. Le grossiste pourra faire de la communauté: dans un Office National (ou source le crédit de la société qu’elle en aurait
Mais oui. Il faut un service de cette sorte, et comme ont fait les producteurs successifs: Provincial) de Crédit, ou une Banque centrale
les banques sont très bien organisées pour y voir. obtenu.
obtenir de la banque l’avance de crédit néces- (elle nationalisée) exerçant cette fonction.
Ordinairement, la production passe par saire pour payer C. Le Crédit Social n’a pas du tout pour but de
Mais alors, où les banques commerciales pren- faire des irresponsables. Bien au contraire. La
plusieurs transformations successives avant La banque, avec ses comptables et son ins-   draient-elles le crédit financier pour le
d’atteindre l’état de produit fini. Le premier pro- banque commerciale resterait responsable des
tallation, est merveilleusement organisée pour    prêter à la production? avances obtenues de la Banque Centrale. L’em- u
ducteur dans la chaîne peut avoir besoin d’une

10 Edition gratuite de VERS DEMAIN www.versdemain.org www.versdemain.org Edition gratuite de VERS DEMAIN 11
u prunteur — individu ou compagnie — resterait moment où le produit fini passe du grossiste ou Alors que la plupart des écono-
responsable envers la banque commerciale du dernier producteur au détaillant, qu’une opé- mistes ne pensent qu’en termes
prêteuse. Cette dernière exigerait certainement ration spéciale au système du Crédit Social peut
des garanties, surtout de la part de clients nou- réaliser la proposition énoncée par Douglas.
d’argent, Douglas, dans sa for-
veaux, ou pour des prêts à des entreprises qui C’est alors que du crédit nouveau (sans intérêt) mation d’ingénieur, pense plutôt
ont un caractère d’aventure. peut être émis pour couvrir toutes les dépenses
qu’il a fallu faire pour cette production nouvelle.
en termes de réalités: l’argent
Les charges financières exigées par le ban-
quier pour ses prêts pourraient encore porter le De quelle manière cela pourra-t-il se faire? est le signe qui doit refléter les
nom d’intérêt. Toutefois, il nous semble que le Encore une fois, il peut y avoir plusieurs mé- réalités, et l’être humain doit
facteur temps, la durée entre le prêt et son rem-
boursement, devrait avoir moins d’importance.
thodes pour y arriver. Monsieur W. B. Brockie, passer avant l’argent.
créditiste de Nouvelle-Zélande, suggère que
Que le prêt soit pour six mois, ou pour un, deux, cela se fasse au niveau de la prise du produit Supposons que le détaillant sait, par expé- la, ligne convenue. Il s’agit donc, en réalité, d’une
ou trois ans, cela n’affecte pas l’état financier du par le marchand détaillant: par une avance de rience, que ses frais de manutention et de ser- suite de prêts et de remboursements, par entente
banquier, puisque c’est le crédit de la société et crédit sans intérêt, faite au marchand détaillant, vices pour l’écoulement de ses produits lui coû- mutuelle. Et sous le présent système financier, le
non le sien propre qui est en circulation. Tout au pour couvrir le prix comptable total du produit tent, en moyenne, une somme égale à 10 pour banquier charge des frais au détaillant pour ce
plus, une plus longue durée peut-elle comporter fini. Cette manière nous semble très appropriée cent du prix qu’il doit payer au grossiste. service. Ces frais sont un intérêt calculé sur le
un plus grand nombre d’entrées comptables à pour atteindre un double objectif: 1° Financer
Puis, supposons que ce défaillant s’appro- montant et la durée des déficits.
effectuer dans le compte de l’emprunteur. effectivement la production nouvelle par du
crédit nouveau; 2° Permettre ensuite le retour visionne d’une cargaison qui lui est facturée Eh bien, sous le système proposé pour la
Mais ces charges financières, cet intérêt, signi-
du crédit à sa source à mesure de la consomma- 4000 $. Il conclura que, pour rencontrer ses frais finance de la production nouvelle par du crédit
   fient l’obligation pour l’emprunteur de rem-
tion des biens. totaux (prix du grossiste, plus frais de manuten- nouveau, le marchand détaillant acquitterait
   bourser plus de crédit qu’il en a été libéré.
tion, mais exclusion faite de tout profit), la car- toutes ses factures relatives à cette production
  La même chose pour tous les autres La production se présente sous un flot gaison lui revient finalement à 4000 $ + 10 pour par des avances de crédit obtenues du banquier,
  emprunteurs. Est-ce que cela ne va pas continu, et à diverses phases du processus de cent de 4000 $, soit 4000 $ + 400 $ = 4400 $. et sans aucune charge d’intérêt. Voilà qui devrait
   créer une impossibilité mathématique, production, depuis la matière première au pro-
Le prix de revient final de cette production facilement être agréé par tous les détaillants.
   comme celle que l’on dénonce aujourd’hui ? duit fini. Elle devient produit fini à l’endroit où
elle est livrable au détaillant qui en entreprendra nouvelle se totalise ainsi à 4400 $. C’est donc Dans l’exemple ci-dessus, le détaillant obtien-
Pas sous un système financier de Crédit
la distribution aux consommateurs. 4400 $ de crédit nouveau, sans intérêt, qu’il faut drait de sa banque une avance de crédit de 4400
Social, ou le système, par le dividende périodi-
pour solder les frais complets relatifs à cette $, libre de tout intérêt. La banque à charte tire-
que à tous et par le mécanisme du prix ajusté Où est cet endroit? C’est chez le grossiste, production nouvelle. rait toutes les sommes à ces fins, elle aussi sans
et compensé, équilibre le pouvoir d’achat avec ou chez le dernier producteur si le détaillant la
Pour cela, on peut utiliser, en la perfection- frais, de la Banque centrale, source du crédit. (Il
les prix. Or, toutes les charges financières, inté- prend là.
nant, une méthode de finance assez répandue s’agit, ne l’oublions pas, d’un système financier
rêts inclus, sont comprises dans les prix. Tout Ce produit fini porte un prix, le prix chargé
chez les détaillants: des paiements avancés par social, qui s’assouplit au réel, fournissant les
cela est donc récupérable, grâce aux moyens au détaillant. C’est le prix de revient de la pro-
l’intermédiaire de la banque. Aujourd’hui, en crédits au rythme de la production, et les rappe-
de paiement ainsi assurés entre les mains du duction. Mais pour avoir le prix de revient final,
effet, la plupart des détaillants acquittent leurs lant au rythme de la consommation.)
public. faut y ajouter les frais de distribution, soit les
factures aux grossistes par des chèques «à Mais pourquoi cette différence entre le cas
Est-ce que ces charges additionnelles sont déboursés du détaillant. Et c’est tout cela, le
découvert». C’est-à-dire que, par entente conve-    du producteur, qui doit payer de l’intérêt sur
  compatibles avec la proposition de Dou- prix de revient final, qui devra être couvert par
nue entre le détaillant et son banquier, la banque    ses emprunts, et le cas du détaillant qui, lui,
  glas: «Toute production nouvelle doit être  l’émission de crédit nouveau sans intérêt.
honore ces chèques, même quand le compte du    obtiendrait ses avances de crédit sans intérêt?
   financée par des crédits nouveaux»? Il sem- A la facture du grossiste, le détaillant doit détaillant à la banque n’a pas de fonds suffisants. Pour plus d’une raison. D’abord, la situa-
  blerait que s’il faut payer, par exemple, 5 donc ajouter ce qu’il prévoit devoir lui en coûter C’est comme une avance de crédit à demande, tion est différente: dans le cas du producteur,
   pour cent de charge sur la finance de la pro- pour le transport, pour les salaires de ses à mesure des besoins du marchand détaillant, l’avance de crédit est faite pour une production
  duction, soit 5 pour cent en plus de la employés, pour les avaries inévitables, pour ses jusqu’à une certaine limite qui constitue pour lui qui n’est pas encore réalisée, tandis que dans le
  finance passée au producteur, la nouvelle frais généraux. Il sait par expérience le montant sa «ligne de crédit». C’est bien commode, vu que, cas du marchand, l’avance de crédit est faite sur
  production ne se trouve pas financée en de ces frais par semaine ou par mois; il sait aussi de son côté, le grossiste désire être payé sans une production bel et bien terminée. (Ajoutons
   entier par des crédits nouveaux. quel montant de produits il réussit à écouler, en délai pour rencontrer ses propres obligations. que le producteur n’a pas souffert de l’obligation
Au cours des diverses phases de la pro- moyenne, par semaine ou par mois. Il peut donc
Dans le livre de la banque, ces avances de de payer de l’intérêt, puisqu’il inclut cet intérêt
duction, la finance peut venir de fonds person- pré-évaluer assez justement le pourcentage
crédit s’inscrivent en débit au compte du mar- dans son prix et que les avances de crédit aux
nels du producteur, ou partiellement d’avances à ajouter à la facture du grossiste pour avoir
chand détaillant. A mesure qu’il vendra ses pro- stages suivants ont fourni de quoi les couvrir.)
de crédit, ou même totalement (sauf l’intérêt) le prix de revient final des produits lorsqu’ils
duits, il devra apporter le fruit de ses ventes à Puis, si l’avance de crédit au détaillant devait
d’avances de crédit. Mais tout cela va se régler seront passés aux acheteurs.
la banque pour renflouer son compte autant exiger de l’intérêt, cet intérêt ajouterait au prix de
au moment où la production sera livrée sous Voulez-vous donner un exemple hypothétique que possible, à la satisfaction du banquier, sans vente un élément non couvert par cette avance
forme de produit fini. Car c’est bien alors qu’elle   pour aider à mieux comprendre ce point jamais laisser son compte tomber en dessous de de crédit. La production nouvelle ne serait plus u
sera une production nouvelle. Et c’est alors, au   important?

12 Edition gratuite de VERS DEMAIN www.versdemain.org www.versdemain.org Edition gratuite de VERS DEMAIN 13
u alors entièrement financée par du crédit nou- en portant cette avance à 4840 $ et en lui disant C’est donc la société qui va fournir au mar- sur le crédit national, c’est-à-dire sur la Banque
veau, comme le veut la proposition de Douglas de ne rapporter que 4400 $, gardant les 440 $ chand son profit, non plus en crédit avancé qu’il centrale.
pour un système financier reflétant exactement pour son profit : ce serait payer le marchand devrait rembourser, mais en cash credit, en Par exemple, si le pourcentage convenu de
le réel. pour un travail qu’il n’a pas encore fait. moyens de paiement qui seront la propriété per- profit est établi à 10 pour cent, à chaque 100 dol-
Puis encore, si le prix de vente final était Le profit du marchand doit lui venir d’une sonnelle du marchand. lars que le marchand apporte à titre de rembour-
chargé d’un intérêt, cet intérêt deviendrait pro- autre source que du porte-monnaie de l’ache- Le marchand, tout en gardant intégrale- sement, le banquier crédite le premier compte
priété de la banque commerciale lors du rem- teur, et lui venir seulement après qu’il aura ment son commerce privé et le conduisant sans de 100 $, qui entrent ainsi dans la voie de retour
boursement par le marchand détaillant. Il y accompli sa vente. entraves, se trouve tout de même être, en quel- du crédit vers sa source, et le banquier inscrit 10
aurait donc une partie du crédit qui ne retour- Le prix de vente ne comprendra donc pas le que sorte, un agent de la communauté pour la $ au crédit du compte personnel du marchand.
nerait pas à la source lors de la consommation, profit du marchand. Cela évitera la hausse des distribution des produits. Exactement comme le Pour tous les services de comptabilité rendus
et le système ne refléterait pas exactement le prix provenant de la tendance qu’ont trop de producteur, tout en conservant pleinement son sans être payés par les clients (avances de crédit
réel: «Les moyens de paiement (cash credits), marchands à hausser leur pourcentage de profit entreprise privée, se trouve être, en quelque sans intérêt, profits aux détaillants, dividendes
dit Douglas, doivent être annulés sur l’achat des quand le commerce va bien. Or, sous un régime sorte, un agent de la communauté pour la mise périodiques à tous), le banquier est rétribué par
biens de consommation.» financier créditiste, le commerce irait toujours en oeuvre du crédit réel, de la capacité produc- la Banque centrale selon des normes convenues.
Donc, notre détaillant va obtenir une avance bien, puisque le problème purement financier tive du pays. Exactement, encore, comme le
banquier, tout en conservant la propriété privée Est-ce que tout cela n’est pas extrêmement
de crédit de 4400 $. Et lors de ses ventes, il n’existerait plus; en tirer parti pour se permettre   compliqué?
n’aura à rapporter à sa banque que ce montant des profits exagérés serait conduire à l’inflation de son entreprise bancaire, se trouve être, en
de 4400 $, sans aucune charge additionnelle. des prix, alors qu’au contraire, le bon écoule- quelque sorte, l’agent de la communauté pour Pas du tout. Il faut beaucoup de phrases
ment d’une production inentravée devrait faire la canalisation, aller et retour, du crédit financier pour l’expliquer, mais ça fonctionnerait comme
Au moment des ventes, l’argent que l’ache- basé sur le crédit réel du pays. une routine, aussi rondement que les opérations
teur passe au détaillant cesse d’être du «cash baisser les prix.
Le Crédit Social est un ferme défenseur de bancaires dont on est témoin tous les jours dans
credit», de la monnaie de consommation, et Voulez-vous dire que, sous un système finan- toutes les succursales de banques.
devient du simple crédit financier qui, remis au    cier créditiste, le marchand ne ferait plus de la propriété privée. Mais toute entreprise privée
banquier par le marchand, va commencer son    profit, ou que son profit serait plafonné? a tout de même une fonction sociale à remplir, C’est infiniment moins compliqué par exem-
retour intégral vers sa source par le même canal fonction dont elle s’acquitterait automatique- ple, que la comptabilité des coopératives de
Non point. Mais le profit du marchand ne ment par le simple jeu d’un système financier consommation, où le comptable doit tenir
qui fut emprunté pour sa sortie. devrait pas dépendre d’une hausse des prix. Son créditiste fidèle aux propositions énonces par compte des achats de chaque coopérateur, pour
Vous avez dit tantôt que ce montant de 4400 profit dépendrait plutôt du volume de ses ventes. Douglas. distribuer à chacun une ristourne proportion-
  $ comprenait tous les frais de la produc- Avec un pourcentage de profit modéré et déter- nelle à ses achats individuels. u
   tion et de la manutention, depuis la matière miné d’avance selon le commerce, plus il vendrait Mais quand, comment et de quelle manière le
  première jusqu’à la livraison du produit d’articles, plus son profit serait gros. Dans une    marchand va-t-il toucher ce profit de la part
   au consommateur, mais pas le profit du mar- économie non monopolistique, mais concurren-    de la société?
   chand. Le marchand va-t-il maintenant ven- tielle, ce sont les marchands donnant les meilleurs Toujours par le canal de la banque à charte Quatre livres sur la
  dre plus que pour 4400 $ en y ajoutant services à la clientèle qui réaliseraient le plus de qui tire ce crédit de la source sociale, la Banque
   son profit? profits, sans pour cela dépasser le pourcentage centrale ou l’Office National de Crédit.
démocratie économique
Non. Pour que la méthode proposée ici de profit par article. C’est donc le pourcentage, Le marchand a deux comptes à sa banque: Pour étudier la cause de la crise finan-
accomplisse son but, il ne faut pas que le profit non le volume, die profit qui doit être réglementé, le compte de son crédit à découvert, dans lequel cière actuelle, nous vous offrons ces livres
du détaillant entre dans le prix à payer par l’ache- convenu pour chaque ligne de commerce. la banque tient l’état des avances de crédit faites à un prix spécial, en incluant les frais pos-
teur. Si son profit entrait dans le prix de vente, La société est en droit d’exiger cela des com- au marchand et du remboursement de ces cré- taux (prix valables pour le Canada; pour
cette partie du prix de vente lui appartiendrait merçants, puisque, premièrement, elle fournit dits. L’autre, son compte personnel, où le mar- les autres pays, voir notre site web):
et ne serait pas retournée à la source du crédit sans frais l’avance de crédit nécessaire pour chand peut déposer ses épargnes, sur lequel il La Démocratie Économique: 13,00$
comme liquidation des cash credits (moyens de acquitter leurs factures, et puisque, deuxième- peut tirer des chèques pour ses affaires person- Sous le Signe de l’Abondance: 15,00$
paiement). Ce qui produirait le défaut que nous ment, elle assure en tout temps en face des pro- nelles, contre lequel il peut obtenir du numé-
Régime de Dettes à la Prospérité: 8,00$
signalions tout à l’heure. duits offerts un total de pouvoir d’achat équili- raire, etc., comme n’importe quel particulier.
Une Lumière sur mon Chemin: 15,00$
Dans le cas ci-dessus, par exemple, si le mar- brant le total des prix. A mesure que le marchand vend ses pro-
chand vendait avec 10 pour cent de profit, cela Par le fait que la société a fourni au marchand duits, il en apporte le paiement à sa banque, qui Ensemble des 4 livres: 40,00$
pousserait le prix de vente à 4840 $; cela dépas- le crédit nécessaire pour payer les produits qu’il l’inscrit comme remboursement de crédit dans Dans sa première Encyclique
Deus Caritas Est (Dieu est
La démocratie
serait de 440 $ le crédit nouveau émis pour fin prend en stock, la société se trouve en quelque le premier des comptes mentionnés. En même
C’est en 1934 que Louis Even
amour), le Pape Benoît XVI a pris connaissance providentiel-
écrit: «L’Église est la famille de

économique
lement d’un petit fascicule de
Dieu dans le monde. Dans cette

« Une
96 pages, intitulé From Debt to
famille, personne ne doit souffrir
Prosperity (du Régime de dettes
par manque du nécessaire... Le
but d’un ordre social juste con- à la prospérité) qui lui a fait voir
la cause de la fameuse crise

lumière
siste à garantir à chacun, dans le
économique et le génial moyen

cette production nouvelle, ce qui fausserait la sorte propriétaire de ces produits, le marchand temps, le banquier inscrit dans l’autre compte,
respect du principe de subsidiari-

La démocratie économique
té, sa part du bien commun.» d’y remédier.
La cause est le manque d’un
petit instrument, un ticket, d’un
sur mon

«Une lumière sur mon chemin»


permis que l’on nomme argent.
Les produits étaient en surabondance, mais pas
Le système bancaire fut conçu dans
chemin »
d’argent pour les acheter et l’humanité entière souf-
l’iniquité et né dans le péché. Les

proposition de Douglas voulant que toute pro- n’en étant plus, pour ainsi dire, que le déposi- dans le compte personnel du marchand, le
frait.
banquiers possèdent la planète... En lisant ce petit livre, Louis Even s’est exclamé:
Si vous voulez continuer d’être les vue à la lumière «Une lumière sur mon chemin. Il faut que tout le
monde en soit éclairé !»
esclaves des banquiers et payer le
prix de votre esclavage, alors lais- de la doctrine sociale de l’Église Ces lumineuses propositions venaient d’un ingé-
sez les banquiers continuer de créer nieur, et expert comptable écossais, le Major Clifford
Hugh Douglas qui, en 1917 avait fait l’étude du sys-

duction nouvelle soit financée par du crédit nou- taire chargé de les écouler. Il est juste que la profit auquel cette tranche de vente lui donne
l’argent et de contrôler le crédit. tème monétaire et en avait découvert les défauts. Et il
ISBN en proposa les corrections. Son premier livre portait
Sir Josiah Stamp, gouverneur le titre Economic Democracy. Ces propositions mis-
de la Banque d’Angleterre, 1940 es en application ferait de l’argent un instrument au
service de la personne humaine, et non la personne
humaine au service de l’argent. Louis Even a consacré
entièrement les quarante dernières années de sa vie à

société récompense le marchand pour cet écou-


Les propositions financières

veau. Il ne serait pas convenable, non plus, de droit, d’après le pourcentage convenu pour son
propager cette lumière.
de l’ingénieur C.H. Douglas
présentées à la lumière de la Pie XI Pie XII Jean XXIII Paul VI Jean-Paul II Causeries de Louis Even
doctrine sociale de l’Église Publié par les Pèlerins de saint Michel
1101, rue Principale
sur la démocratie économique
par les Pèlerins de saint Michel
du journal Vers Demain Étude préparée par Alain Pilote Rougemont, QC, Canada J0L 1M0
site internet: www.versdemain.org
Une oeuvre de presse catholique
ISBN 978-2-9810896-8-7

faire entrer ce profit avec les autres frais dans le lement, mais sans lui permettre d’exploiter les genre de commerce. Pour cette inscription, faite
pour la justice sociale Publié par les Pèlerins de saint Michel, Rougemont, Canada Publié par les Pèlerins de saint Michel
ISBN 978-2-9813306-3-5 www.versdemain.org http://www.versdemain.org/democratie-economique.pdf

Untitled-2 1 8/6/2015 2:42:46 PM

montant avancé par le banquier au marchand, acheteurs. au nom de la société, le banquier tire un chèque

14 Edition gratuite de VERS DEMAIN www.versdemain.org www.versdemain.org Edition gratuite de VERS DEMAIN 15
u Puis ce système serait sain, reflétant exac-
tement les faits économiques, finançant effi-
rouages, mais dûment huilée au lieu d’admettre
du sable dans les coussinets et dans les engre- Financement des travaux publics
cacement la production et la consommation. Il nages — et cela fait toute la différence du monde
servirait ainsi la vie économique avec satisfac- dans son fonctionnement.
Ce qui vient d’être expliqué montre comment où le corps public prend possession des ouvra-
tion, et avec beaucoup moins de bureaucratie, Est-ce que ces libérations de crédit ne cause-   on pourrait appliquer les propositions ges terminés.
d’enquêtes, d’opérations financières, qu’il en    raient pas une accumulation d’argent, avec   financières de Douglas dans la production
faut aujourd’hui à des institutions de gouverne-    toutes les malfaisances de l’inflation? La population, qui dans ce cas est la consom-
   et la distribution des biens consommables, matrice, paierait ensuite cette consommation
ment pour essayer d’atténuer les déficiences de Suivez le trajet du crédit dans le schéma    des biens que les personnes et les familles
pouvoir d’achat dont toute l’économie souffre. (dans ce cas, l’usure, la dépréciation) au rythme
simplifié, présenté dans ces pages. Le crédit    achètent sur le marché. Est-ce que cette mé- où elle a lieu.
Le système éliminerait aussi le lourd fardeau de ne s’accumule pas, il suit le mouvement de la   thode serait applicable aussi à la produc-
taxes exigé aujourd’hui pour tâcher de mettre richesse, entrant en circulation au rythme de    ction et aux paiements des travaux publics? Voulez-vous expliquer cela par un exemple?
du pain sur la table des totalement dépourvus la production, prenant la voie du retour vers sa Nous avons vu, au commencement de cette
(quand on a fini par admettre leur cas d’indi- Certainement. Dans ce cas, la consomma-
source au rythme de la consommation. tion s’appelle mieux une dépréciation: consom- étude, que le crédit réel d’un pays réside dans la
gence après des enquêtes souvent prolongées capacité de produire de ce pays. C’est un crédit
Ces crédits forment comme un fonds de rou- mation graduelle par l’usure, le vieillissement de
et toujours humiliantes). social. Et tout le crédit financier du pays repo-
lement, appartenant à la société, mis au service ces biens. C’est tout le public qui en est consom-
Ne serait-ce pas trop différent des méthodes de l’économie pour répondre aux besoins de la mateur, le public représenté par le gouverne- sant sur son crédit réel, le crédit financier est lui
   de financement auxquelles on est habitué? population selon les possibilités physiques d’y ment, ou par un corps public local comme dans aussi un crédit social.
Différent par le résultat, oui; mais presque voir; fonds qui peut être augmenté lorsque ces le cas des écoles, des aqueducs, des édifices Donc, avons-nous dit, tout crédit financier
en tout semblable au mécanisme actuel. Voyez besoins augmentent et que les disponibilités municipaux, des rues, des trottoirs, des égouts. nouveau doit provenir d’un Office monétaire (qui
plutôt: productives le permettent. Ces travaux publics, une fois réalisés, sont, à peut être une Banque centrale) fonctionnant au
Mêmes établissements bancaires; mêmes Quant au caractère social de la réparti- n’en pas douter, une production nouvelle. Cette nom de la société. Mais ce crédit peut très bien
banquiers; mêmes entrées de débits et de cré- tion des biens produits, l’économie créditiste production doit donc, elle aussi, être financée être canalisé vers la production par le système
dits dans les comptes en banque; même sys- le garantit par l’introduction, dans le pouvoir par des crédits nouveaux. de banques existant actuellement, et reconduit
tème de paiements par chèques; mêmes for- d’achat, du dividende périodique à tous, dont il Dans le cas des biens consommables, vous avez par le même canal vers sa source, après son uti-
malités pour les prêts aux producteurs; mêmes va être question plus loin dans cette étude.   fait les producteurs se financer par les lisation dans la production et la consommation.
responsabilités de la part des prêteurs et des    moyens actuels, sans exclure les prêts ban- Nous avons dit aussi que l’Office monétaire
emprunteurs; mêmes facilités de paiements par    caires à intérêts; puis, vous avez fait couvrir peut être, chez nous, la Banque du Canada à
découverts pour les marchands, avec la servi- Crédit Social et entreprise privée    tous ces frais par des crédits sociaux sans l’échelle de la nation; ou un Office monétaire
tude d’intérêts en moins. Le producteur, tout en conservant plei-   intérêt au moment où les produits finis provincial à l’échelle de la province, au cas où
En plus: pouvoir d’achat global maintenu en nement son entreprise privée, se trouve tout    passaient du grossiste au détaillant qui sert le gouvernement provincial en prendrait l’initia-
rapport avec la production globale offerte, avec de même être, en quelque sorte, un agent   les consommateurs. Serait-ce la même chose tive, à défaut d’agir du gouvernement fédéral.
une bonne mesure garantie à chacun, donc dis- de la communauté pour mettre en œuvre   pour les travaux publics, et à quel moment Pour simplifier nos explications, nous allons
tribution facilitée et meilleure répartition des le crédit réel, la capacité de production du    les frais financiers de cette production nou- supposer le Crédit Social établi dans le Canada
fruits de la production; protection contre des pays.   velle seraient-ils couverts par des crédits tout entier.
hausses de prix non motivées; dictature de l’ar- Le banquier, tout en conservant la pro-    nouveaux sans intérêt?
Lorsque des projets de travaux publics sont
gent supprimée. Et j’en passe. priété privée et la conduite de son entreprise Ordinairement — et la méthode devrait se soumis aux représentants du peuple — à Ottawa
Puis, considérez la situation finale, relative- bancaire, se trouve tout de même être, en généraliser — les gouvernements et autres s’il s’agit de projets de juridiction fédérale, à la
ment à la tranche de production de 4400 $ prise quelque sorte, un agent de la communauté corps publics confient l’exécution des travaux à législature de la province intéressée s’ils sont
comme exemple: pour la canalisation, aller et retour, du crédit des entrepreneurs. La plupart du temps, au plus de juridiction provinciale, à des corps publics
Cette production a pu se faire sans entrave financier basé sur le crédit réel du pays. bas soumissionnaire après s’être assurés de sa locaux si c’est de leur ressort — les représen-
financière. Le crédit est venu selon les besoins, Le marchand, tout en conservant inté- compétence et de sa responsabilité. tants du peuple n’ont nullement à se demander
d’un stage à l’autre du processus de production; gralement son commerce privé et le condui- Eh bien, l’entrepreneur se financerait de la si ces projets sont financièrement possibles,
tous les participants ont été dûment payés, les sant sans entraves, se trouve tout de même même manière que les producteurs de biens mais seulement s’ils répondent à des besoins
banquier y compris en touchant l’intérêt pour être, en quelque sorte, un agent de la com- consommables, soit avec des fonds dont il dis- réels et s’ils sont physiquement réalisables. Phy-
leurs services en rapport avec les prêts. Le paie- munauté pour la distribution des produits. pose déjà, soit avec des emprunts qu’il pourrait siquement réalisables, c’est-à-dire si la capacité
ment final complet, couvrant tous les frais, frais Le Crédit Social est un ferme défenseur obtenir d’une banque en s’engageant à rem- de production du pays peut exécuter ces tra-
de finance comme frais de production, a pu être de la propriété et de l’entreprise privées. bourser plus tard, capital et intérêts. vaux tout en continuant de fournir les produits
fait aussitôt le produit fini, par l’avance de crédit Mais toute entreprise privée a une fonction requis pour répondre aux besoins privés. Autre-
Quant aux crédits nouveaux pour financer
sans intérêt au détaillant preneur de cette pro- sociale à remplir, ce qu’accomplirait automa- ment dit, si cette production publique nouvelle
ces travaux publics, le corps public qui les a fait
duction. La production a pu être écoulée sans tiquement un système financier conforme n’entravera pas une production plus urgente.
aux propositions énoncées par Douglas.
exécuter obtiendrait des crédits nouveaux, sans
ajouter de frais au coût de revient. intérêts, pour payer l’entrepreneur, au moment La décision de procéder ou de remettre à u
La machinerie financière a gardé les mêmes

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u plus tard les projets soumis se prend en consé- lation; ou, si certains produits ont été importés, pas comme productrice, mais comme consom-
quence, indépendamment die toute préoccupa- ils sont la contrepartie de production domesti- matrice.
tion financière. La finance accomplira son rôle: que exportée. De quelle manière ?
servir, et non pas décider. Donc, plus question On ne doit pas endetter la population pour sa
de budgets équilibrés, mais de priorité dans l’or- Disons qu’on prévoit, pour le pont, une durée
propre production, pas plus qu’on ne demande d’au moins 50 ans. On en déduira une déprécia-
dre d’accomplissements désirés et possibles. à un boulanger de payer le pain qu’il a lui-même tion moyenne de 100 000 $ par année. C’est 100
A titre d’exemple, disons qu’il s’agit du projet produit. Si le pont canadien avait été construit 000 $ par année qu’on demandera au public de
de construction d’un pont. La construction est par le Mexique ou par la Chine, alors on pourrait faire retour à la Banque centrale, pour que la
décidée, parce que cela répond à un besoin réel, l’inscrire en dette du Canada envers le Mexique finance soit bien le reflet des réalités économi-
et parce qu’il n’y a pas à craindre que les acti- ou envers la Chine. Dans un système financier ques.
vités dirigées vers cette construction nuisent à sain, conforme à la réalité, une dette publique,
l’approvisionnement des magasins en produits une dette nationale ne peut exister qu’envers Au bout de 50 ans, que le pont soit totale-
offerts aux consommateurs. l’étranger, quand on a reçu de l’étranger, en ment «consommé» (usé) ou non, on n’aura plus
choses réelles (main-d’œuvre, matériaux, etc.) à continuer ces paiements. On ne peut consom-
Dans un système financier créditiste, la Maquette du nouveau pont Champlain à Montréal mer une chose deux fois, on ne doit pas la faire
finance du pont n’est pas un problème. Mais le plus qu’on ne lui a fourni en choses réelles.
(Canada), dont la finition est prévue pour la fin de 2018. payer deux fois — pas plus que le consomma-
gouvernement va quand même demander des Mais, dans le cas des biens consommables, teur du pain ne doit avoir à le payer deux fois au
soumissions; car si la finance reflète exactement Ce prix comprend tout: non seulement le    vous faisiez le détaillant rendre à la Banque boulanger. Il faut un système financier absurde
les réalités, un prix moins élevé signifie moins coût des matériaux et du travail; non seulement   centrale, sans intérêt, le montant qu’il en et déprédateur, comme le système actuel, pour
de matériaux, moins d’énergie, moins de temps le profit que Gabriel Larouche avait inclus dans   avait obtenu pour prendre possession des faire la population payer deux fois ses aqueducs,
— donc une portion moins grande soustraite à son prix en préparant sa soumission, mais aussi   produits finis; il devait retourner le crédit ses écoles, ses ponts, ses routes — même les
la richesse réelle du pays. les frais financiers qu’il avait dû prévoir.   obtenu à la Banque au fur et à mesure de guerres qu’elle a faites... et gagnées !
C’est, disons, l’entrepreneur Gabriel Larou-    ses ventes.
Ah ! les frais financiers aussi, l’intérêt sur ses Est-ce par les taxes que le gouvernement va
che qui obtient le contrat, après sa soumission    emprunts ? Alors, cette production nouvelle C’est exact. Il tirait cet argent des consom-   retirer du public les montants annuels à
au montant de 5 000 000 $. Il a prévu dans ce    ne sera pas payée par de l’argent nouveau mateurs qui achetaient les produits. Il faisait    payer pour la «consommation» du pont ?
prix toutes ses dépenses et son profit légitime. Il    sans intérêt ? payer la consommation, non pas la production
a prévu ce qu’il lui en coûterait pour emprunter qui, elle, avait été financée par le crédit nouveau, Il les retirera par un mode de prélèvement qui
de quoi payer ses matériaux et ses employés, Mais si. En effet, comme le détaillant sans intérêt, fourni par la Banque au détaillant. peut varier; pas nécessairement par la méthode
au cas où il ne posséderait pas déjà lui-même lorsqu’on traitait de biens consommables, le actuelle des taxes, qui est lourde, maladroite,
gouvernement, lui, va obtenir le montant global Et dans le cas de la production publique, dans coûteuse et souvent injuste. Il pourrait le faire
les fonds nécessaires à cette fin. Intérêts y com-    le cas du pont, le crédit obtenu sans intérêt
pris. C’est son entreprise, pas celle du gouver- en crédit financier nouveau, sans intérêt, pour par la voie du mécanisme d’ajustement des
payer cette production nouvelle finie.    de la source, de la Banque, va-t-il, lui aussi, prix, le 100 000 $ annuel s’ajoutant au montant
nement. Toute sa garantie, c’est que le pont une   être retourné à la source ? Par qui et com-
fois terminé, il pourra le livrer au gouvernement Comment et d’où va-t-il obtenir cet argent ? «consommation», ce qui affecte les prix pour
  ment ? tout le monde, quand il s’agit, comme dans le
et en recevoir 5 000 000 $, si l’inspection révèle Il va l’obtenir de la source du crédit financier Exactement comme dans le cas des biens cas du pont, d’une consommation faite par tout
un pont construit en tout conformément aux social, de la Banque centrale, soit directement, consommables. La population n’a pas à payer le monde.
normes convenues. soit par l’intermédiaire d’une banque commer- la production du pont, qui est, nous venons de Et si, par accident, ou par sabotage, le pont
Que M. Larouche soit obligé d’emprunter 2 ciale servant de canal à cette fin. Et dans ce der- l’expliquer, sa propre production; mais elle va
000 000 $, ou 3 000 000 $, ou même la somme nier cas, la banque commerciale l’obtient sur    s’écroulait au bout de dix ans ?
en payer la consommation, c’est-à-dire l’usure,
totale de 5 000 000 $, c’est son affaire. S’il traite demande, par simple chèque, de la source du la dépréciation, à mesure de cette consomma- Cela hausserait, d’un coup et du montant
avec la banque, il s’arrange avec elle. Le gouver- crédit, donc de la Banque centrale. tion. C’est toujours conforme au principe énoncé de la valeur disparue, le total de la consomma-
nement n’a rien à y voir. Alors, le gouvernement est maintenant endetté par Douglas: tion du pays pour le terme courant; et cela se
Comme dans le cas de la production privée,   de 500 000 $ envers la Banque centrale, direc- réglerait par le mécanisme d’ajustement des
«La production nouvelle doit être financée prix — de tous les prix. Puisque les prix, sous un
si Larouche emprunte d’une banque, la banque    tement ou par l’intermédiaire de la banque par des crédits nouveaux, et le retrait du crédit
prêteuse est bien justifiable d’exiger de lui un   commerciale ? système créditiste, sont ajustés, à partir du prix
doit se faire à mesure de la consommation, comptable, selon le rapport de la consommation
intérêt pour couvrir ses frais d’opération et les Pas du tout. Il n’y a pas d’endettement. Le donc au rythme de la disparition de la richesse
risques encourus par toute institution de prêts. à la production, il est clair que plus le total de la
pont est une richesse créée par la population du qui avait été ainsi créée et financée.» consommation monte par rapport au total de la
Une fois le pont terminé, il est évidemment pays, non seulement par le travail de ceux qui Pour revenir à la comparaison avec le pain du production, plus l’escompte compensé diminue.
la propriété de Gabriel Larouche, mais ne lui est y ont contribué directement, mais par le travail boulanger: le boulanger n’a pas à payer la pro-
d’aucune utilité particulière. Aussi se hâte-t-il de tous ceux qui ont fourni les choses qui ont Le consommateur paiera alors plus cher tout
duction du pain fait par lui-même, mais celui qui ce qu’il achètera, et plus d’argent retournera
de le remettre au gouvernement qui, après ins- permis aux constructeurs du pont de faire leur le mange en paie la consommation. Dans le cas
pection et acceptation, doit le lui payer au prix travail: nourriture et besoins de toutes sortes. vers sa source. Ce qui est conforme au principe
du pont, c’est le public qui le «consomme»: c’est énoncé, voulant que la finance soit le reflet exact
convenu, 5 000 000 $. Les employés du pont ont payé ces choses, donc le public, la population qui va le payer, non
certes, mais elles sont la production de la popu- du réel.

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Le circuit du crédit financier que l’argent distribué en cours de fabrication du
produit prend 1000 chemins, est dépensé à 1000
moments, sans chronométrage avec l’apparition
Si j’ai bien compris, sous un système financier actuelle peut toujours créer une somme nou- du produit, fini et de son prix final.
   de Crédit Social, le système bancaire pour- velle pour faire un autre prêt. Mais la méthode
Il y a aussi de l’argent marqué dans les prix,
  rait continuer de fonctionner exactement proposée est plus conforme au réel. Le crédit
mais non distribué, parce qu’il est réservé pour
  comme aujourd’hui, prêtant à intérêt aux financier doit être le reflet, l’expression chiffrée
remplacements de machines plus tard. Il y a
   producteurs de biens consommables et aux de la capacité de production du pays qui seule lui
également l’épargne par des particuliers, qui
   contracteurs de travaux publics? donne de la valeur. Or, la capacité de production
ne fait plus partie du pouvoir d’achat effectif,
Exactement comme aujourd’hui — oui, du pays ne disparaît pas quand un emprunteur,
malgré qu’elle est dans les prix, etc.
comme mécanisme, mais pas comme esprit. après l’avoir mise en œuvre, rembourse le crédit
financier emprunté. Pourquoi, alors, le crédit De sorte que, s’il n’y a pas d’ajustement des
C’est du crédit de la société, du «crédit social»
financier qui représente cette capacité de pro- prix (comme propose le Crédit Social), le déca-
que le banquier prêterait. Ce ne serait donc
duction serait-il annulé, même temporairement? lage inévitable entre le pouvoir d’achat et les prix
plus du crédit créé par lui qu’il prêterait, mais
demeure, et la production n’atteint pas son but.
du crédit qu’il obtiendrait de la Banque centrale, Est-ce que le crédit financier sorti de la Banque
gardienne du crédit de la société. Au lieu d’être   centrale, et mis en circulation par l’entre- Un autre point: la somme de pouvoir d’achat
une créatrice de crédit financier basé sur une   mise des banques commerciales, devrait existante oublie bien des consommateurs.
Comme elle est distribuée surtout en récom- du crédit financier sortant de la même source.
chose qui appartient, à la société, la banque à   rentrer à sa source dans un temps déter-
pense aux producteurs, ceux qui ne sont pas De plus, la monnaie de production se change
charte ne serait qu’une canalisation de ce crédit.    miné d’avance, comme cela fait aujourd’hui
employés lucrativement par la production sont en monnaie de consommation, lorsqu’elle est
Cela peut avoir l’air insignifiant, de peu de    partie des conditions du prêt?
démunis ou mal munis de pouvoir d’achat. versée par le producteur en salaires, en traite-
conséquence dans la pratique, puisque, dans Non. Le crédit servant à financer la produc- ments, en dividendes industriels.
l’un ou l’autre cas, l’emprunteur peut obte- tion sortirait de sa source au rythme de la pro- Pour toutes ces raisons, il est donc néces-
nir les mêmes avances de crédit, avec les duction, d’ordre privé ou d’ordre public; et il saire de voir à la finance, non seulement de la Aujourd’hui, pratiquement toute la mon-
mêmes conditions de remboursement. Mais, au retournerait à sa source au rythme seulement production, mais aussi de la consommation. naie de consommation a d’abord été monnaie
contraire, cela fait une différence énorme. die la consommation, ou de la dépréciation, Cette nécessité s’accroît à mesure du progrès de production, puisque ce sont les activités de
d’ordre privé ou d’ordre public. qui augmente la production sans employer plus production qui distribuent à peu près tout le
Comme le remarquait Douglas devant un pouvoir d’achat.
de personnel.
comité de l’Assemblée législative de l’Alberta en Il ne serait pas conforme aux faits d’exiger ce
1934, si le crédit est à sa naissance la propriété retour plus vite que la consommation, comme À quelle source prendre les moyens de paie- Sous un système créditiste, de la monnaie
des institutions financières, ces institutions on le fait aujourd’hui, surtout pour les biens   ment pour financer ce qui manque à la de consommation additionnelle viendrait direc-
obtiennent pour rien un titre hypothécaire sur publics. On violente le réel quand on fait payer la   consommation? tement de la source sans passer par l’industrie,
toute la richesse produite financée par ce crédit. consommation, la dépréciation, plus vite qu’elle À la même source que pour la finance de de deux manières
Tandis que si tout ce crédit est, à sa source, n’a lieu. On contredit le réel quand on ôte de la la production. À la Banque centrale, ce qui, là a) Sous forme de compensation au vendeur,
propriété de la société, c’est toute la population circulation par les taxes, en vue de rembourse- aussi, peut être fait par le canal des banques pour l’escompte général accordé aux ache-
qui obtient pour rien ce titre hypothécaire; c’est ments, deux fois le prix d’un aqueduc, d’un pont, commerciales. teurs, en vertu de l’ajustement des prix men-
alors la population dans son ensemble qui est d’un édifice scolaire, deux fois avant même qu’il tionné plus haut (page 6);
Ce serait donc encore de l’argent que les ban-
fournisseuse du prêt, ce qui confère à tous les soit complètement déprécié, avant qu’il soit
  ques commerciales prêteraient à intérêt b) Sous forme de dividende social à tous,
citoyens le droit à un dividende, à une part de «consommé» une fois! (Et vraiment, comment
   aux consommateurs? dont il va présentement être question.
la richesse produite et financée par ce crédit peut-on le consommer deux fois?)
«social». Oh! non. Il faut bien distinguer entre l’argent Cette addition de pouvoir d’achat permet-
Cela veut-il dire qu’aujourd’hui il n’y a pas de
qui finance la production et l’argent qui achète trait de rencontrer des montants qui sont dans
Ce crédit financier serait-il encore, comme    rapport entre le mouvement de l’argent et
  aujourd’hui, de l’argent temporaire, nais-    le mouvement de la richesse réelle? la production, même si ça vient de la même les prix, mais qui ne sont pas encore ou qui ne
  sant avec le prêt, disparaissant (annulé) source. sont plus entre les mains du public consomma-
C’est justement un des grands défauts du teur quand les produits sont mis en vente.
   avec le remboursement? système actuel. Pour plusieurs raisons. Pas seu- Douglas fait cette distinction quand il parle
Non. Le prêt ne ferait pas naître le crédit: ce lement parce qu’on force à rembourser l’argent de «credits» et de «cash credits» Les «credits», Ce serait autrement satisfaisant que d’avoir
crédit était déjà là, sous la garde de la Banque de la production plus vite que la consommation. c’est l’argent avancé à la production et qui doit à s’endetter envers des maisons de finance. Cet
centrale, attendant utilisation. Mais aussi parce qu’il n’y a pas rapport d’égalité être remboursé à la banque prêteuse. Les «cash endettement, qui se généralise de plus en plus
entre les prix des produits offerts et les moyens credits», c’est ce qu’on peut appeler «monnaie sous le présent système, est un étrange moyen
De même, le remboursement n’annulerait
de paiement entre les mains des consomma- de consommation», que le consommateur de permettre à la population d’obtenir l’abon-
pas le crédit financier, mais le mettrait dans le
teurs. emploie à sa guise. dante production de son pays. C’est faire quel-
canal de retour vers la Banque centrale d’où il
La différence entre ces deux sortes de ques financiers profiter, et la population pâtir,
était sorti. Le prix se constitue à mesure de la fabrica-
monnaie réside dans leur fonction, et non pas d’un système inapte à établir l’équilibre entre
Ici encore, cela peut sembler ne pas faire tion du produit, et ce prix complété est attaché
dans leur nature. L’une et l’autre, en effet, sont les prix et le pouvoir d’achat. u
grande différence, puisque la banque à charte au produit fini qui vient sur le marché. Tandis

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Le dividende social à tous
Un dividende social à tous? Mais un dividende sup- Et c’est un droit imprescriptible:
   pose un capital placé et productif ! «Un tel droit individuel ne saurait en aucune
Justement. C’est parce que tous les membres de manière être supprimé, pas même par l’exercice
la société sont co-capitalistes — d’un capital réel et d’autres droits certains et reconnus sur des biens
immensément productif. matériels.» — Pie XII (Ibidem).
Nous avons dit plus haut, et nous ne saurions Les autres droits, droit de propriété, droit du
trop le répéter, que le crédit financier est, à sa nais- salarié, droit de l’actionnaire, etc., ne suppriment
sance, propriété de toute la société. Il l’est, parce aucunement le droit de chacun à user des biens
qu’il est basé sur le crédit réel, sur la capacité de pro- matériels.
duction du pays. Cette capacité de production est Le Pape a bien ajouté:
faite, certes, en partie, du travail, de la compétence
de ceux qui participent à la production. Mais elle est «C’est laissé à la volonté humaine et aux formes
faite surtout, et de plus en plus, d’autres éléments juridiques des peuples de régler plus en détail la Dans un système de crédit social, ou démocratie économique, personne ne serait mis de
qui sont propriété de tous. réalisation pratique de ce droit.» (Ibidem). côté et tous, riches ou pauvres, en tant que cohéritiers des richesses naturelles et du pro-
Il y a d’abord les richesses naturelles, qui ne sont C’est-à-dire qu’il appartient aux peuples eux¬- grès, recevraient un dividende leur permettant au moins le nécessaire pour vivre.
la production d’aucun homme; elles sont un don de mêmes, par leurs lois et leurs règlements, de choi-
Dieu, une gratuité qui doit être au service de tous. Il sir les méthodes capables de permettre à chaque d’ailleurs, bien plus essentiel que les piastres ou l’idée d’héritage, ... en telle sorte que tout homme,
y a aussi toutes les inventions faites, développées homme d’exercer son droit à une part des biens ter- autres signes monétaires qui n’ont qu’une valeur en entrant dans le monde, puisse effectivement
et transmises d’une génération à l’autre. C’est le restres. représentative. jouir, en quelque façon, de la condition d’héritier
plus gros facteur de production aujourd’hui. Et nul Le dividende à tous le ferait. Aucune autre for- Puis, une économie strictement d’échange ne des générations précédentes.» (Humanisme Inté-
homme ne peut prétendre, plus qu’un autre, à la pro- mule proposée n’a été, de loin, aussi effective, pas peut pas être une économie humaine, puisque plus gral, pp. 205-6)
priété de ce progrès, qui est fruit de générations. même nos actuelles lois de sécurité sociale. de la moitié de la population n’a rien à échanger: Mais ne pourrait-on pas obtenir le même résultat
Sans doute il faut des hommes actuels pour le Il est bien de reconnaître — et personne n’ose c’est le cas des enfants, des femmes et des filles    par des hausses de salaires aux travailleurs?
mettre à contribution — et ceux-là ont droit à une le nier — le droit de chaque personne au moins aux à la maison, des invalides, des malades, des sans Non, mille fois non, puisque les hausses de salai-
récompense: ils la reçoivent en rémunérations: biens nécessaires à la vie. Mais allez donc exercer ¬emploi, des personnes âgées refusées par l’indus- res n’atteignent que les salariés et ne donnent rien
salaires, traitements, etc. Mais un capitaliste qui ne ce droit dans le monde actuel, quand vous n’avez ni trie, des hommes valides remplacés par les machi- aux personnes qui ne le sont pas. De plus, les haus-
participe pas personnellement à l’industrie où il a argent ni moyens de production - ceux-ci étant de nes, etc. Une économie strictement d’échange, une ses de salaires entrent toutes dans les prix, ne cor-
placé son capital a droit quand même à une part du plus en plus concentrés entre de moins en moins de économie de «rien pour rien» ne peut être aujourd’hui rigeant donc pas l’écart entre les prix et le pouvoir
résultat, à cause de son capital. mains. qu’une économie barbare. Une telle économie sacri- d’achat.
Eh bien! le plus gros capital réel de la produc- Dans notre monde moderne, il est impossible à fie la personne à des règlements ordonnés à l’argent,
au lieu de l’être à la personne. Un revenu individuel non lié à l’emploi — comme
tion moderne, c’est bien la somme des découvertes, un individu de réaliser son droit aux biens matériels le dividende social à tous — est une chose qui
des inventions progressives, qui font qu’aujourd’hui, sans présenter de l’argent. L’argent est devenu une Traitant de la répartition des biens dans un sys- s’impose de plus en plus, à mesure que s’accroît
on obtient plus de produits avec moins de travail. Et licence conventionnelle indispensable à l’exercice tème économico-social qui serait ordonné selon la la productivité: plus de production avec moins de
puisque tous les vivants sont, à titre égal, cohéritiers d’un droit naturel. priorité due à la personne, le philosophe thomiste bras. Avec une automation complète, comment les
de cet immense capital qui s’accroît toujours, tous Le dividende social, un dividende périodique à Jacques Maritain arrive à des conclusions analogues: tenants de l’emploi comme condition du droit à un
ont droit à une part des fruits de la production. tous, un revenu basique garanti à chacun, comme «...C’est un axiome pour l’économie ‘bourgeoise’ revenu, comment feraient-ils pour distribuer la pro-
L’employé a droit à ce dividende et à son salaire. droit de naissance, revenu suffisant pour couvrir et la civilisation mercantile qu’on n’a rien pour rien; duction quand il n’y aurait plus d’employés? Sans en
Le non-employé n’a pas de salaire, mais a droit à ce au moins les nécessités de la vie, est la plus sociale axiome lié à la conception individualiste de la pro- être là, on est tout de même rendu à un point où les
dividende, que nous appelons social, parce qu’il est revendication de l’économie créditiste. Outre que, priété. Nous pensons que dans un régime où la produits sortent plus abondants avec moins d’em-
le revenu d’un capital social. comme nous l’avons dit plus haut, c’est aussi la conception de la propriété esquissée ci-dessus (avec ploi. La distribution de pouvoir d’achat doit refléter
Cela est du nouveau. Mais ça semble logique. reconnaissance du fait indéniable que tous les sa fonction sociale) serait en vigueur, cet axiome ne cette situation.
vivants sont co-héritiers des générations passées. pourrait pas subsister. Bien au contraire, la loi de Les hausses de salaires pour augmenter la
Oui. Et c’est le moyen le plus direct, le plus l’usus communis porterait à poser que, du moins et
concret pour garantir à tout être humain l’exercice Mais ne serait-ce pas donner à des individus quel somme totale de pouvoir d’achat ne sont pas une
   que chose pour rien? d’abord pour ce qui concerne les besoins premiers, solution conforme à la réalité, ni conforme à la jus-
de son droit fondamental à une part des biens de la matériels et spirituels, de l’être humain, il convient
terre. Toute personne possède ce droit — non pas à Allez donc dire à un capitaliste qu’il obtient quel- tice. Si le salaire est la récompense du travail, il
qu’on ait pour rien le plus de choses possible... devrait au contraire diminuer quand le travail dimi-
titre d’embauché dans la production, mais à seul titre que chose pour rien quand on lui verse un dividende
d’être humain. sur son capital placé! Il criera, au contraire, à l’injus- «Que la personne humaine soit ainsi servie dans nue. Ces hausses de salaires sont le vol de dividen-
tice si on lui refuse son dividende. ses nécessités primordiales, ce n’est après tout des qui devaient aller à tous.
«Tout homme, en tant qu’être doué de raison, que la première condition d’une économie qui ne
tient en fait de la nature le droit fondamental d’user Le cas est le même pour chaque membre de la Il y aurait beaucoup à écrire sur cette question
mérite pas le nom de barbare. Les principes d’une du dividende à tous, qui ahurit tant ceux qui n’ont
des biens matériels de la terre.» Pie XII (Radio-mes- société, co-capitaliste, co-héritier d’un capital réel, telle économie conduiraient à mieux saisir le sens
sage du 1er juin 1941) comme nous l’avons expliqué ci-dessus — capital, jamais pris la peine de repenser des notions accep-
profond et les racines essentiellement humaines de tées sans examen. u

2222 Edition gratuite de VERS DEMAIN www.versdemain.org www.versdemain.org Edition gratuite de VERS DEMAIN 23
u Et que vaut l’objection die ceux qui s’obstinent à Pour un pouvoir d’achat calqué strictement sur le pouvoir d’achat provenant de dividendes, et d’une le même effectif que la première année (100 000
voir de l’immoralité dans de l’argent «non gagné»? prorata de la production résultant du progrès, capital proportion décroissante provenant de l’emploi. hommes), alors la capacité productive par homme¬
Voient-ils de l’immoralité dans l’héritage transmis commun, et le prorata résultant des efforts de ceux Dans les grandes lignes d’un plan ébauché et heure a doublé.
par un père à son enfant qui n’a jamais contribué à qui participent à la production, il faudrait évidem- proposé pour une application de ses principes en Ou bien, si la deuxième année, on obtient seu-
créer cet héritage? Voient-ils de l’immoralité dans ment que la somme totale des dividendes sociaux Ecosse, Douglas estimait qu’au départ, on pourrait lement le même rendement que la première année
les dividendes servis à des millionnaires qui n’ont soit beaucoup plus grosse que la somme totale des affecter en dividendes à chaque homme, femme et (100 000 unités de production), mais avec un effec-
certainement pas gagné leurs millions? En voient- salaires. enfant, une somme totale égale à 1 pour cent de l’ac- tif ouvrier diminué de moitié (avec seulement 50
ils dans les plantureux traitements accordés à des Mais ce serait donner plus à ceux qui ne travaillent tif total du pays, évalué en monnaie. Il ajoutait: 000 hommes), là encore, la capacité productive par
hommes en place qui ne font absolument rien pour    pas qu’à ceux qui travaillent. Ce serait encoura- homme-heure a doublé.
le peuple qui paie ces traitements par ses taxes? Et «On peut s’attendre à ce que cela donne à
   ger la paresse! chaque famille, en dividendes, un montant annuel Dans la pratique, la capacité productive par
que d’autres questions du genre on pourrait jeter à la
face des anti-dividendes ! Ne sautez pas ainsi à des conclusions, d’ailleurs dépassant 300 livres sterling. » homme-heure augmente chaque année dans tous
non fondées. Douglas écrivait cela en 1933, quand le cours les pays industrialisés. On peut diminuer le nombre
Ainsi, dans le système financier préconisé par le d’employés, diminuer le nombre d’heures de travail,
  Crédit Social, que vous dites sain et efficace, Il est faux, d’abord, de dire que l’individu non de la livre était au pair — ce qui signifierait en dol-
requis par la production toucherait plus d’argent que lars une somme annuelle de 1450 $ par famille, soit sans diminuer la production totale; ou bien encore,
   du pouvoir d’achat parviendrait aux consomma- en gardant le même nombre de travailleurs et d’heu-
  teurs de deux manières: l’une par les salaires, l’employé dans la production: les deux auraient le 121,50 $ par mois; ou (avec une moyenne appro-
même dividende, mais l’employé aurait son salaire chant de 5 personnes par famille), un dividende de res d’ouvrage, obtenir une production plus considé-
   traitements et autres formes de rémunérations rable.
   liées à l’emploi dans la production; l’autre, par en plus. 25 $ par mois à chaque homme, femme et enfant de
   des dividendes non liés à l’emploi. Il resterait donc encore entre les deux la même l’Ecosse. Il est évident que cette hausse ne vient pas de ce
différence qu’auparavant: le montant du salaire. Si ce chiffre pouvait être jugé raisonnable en que les ouvriers fournissent plus d’efforts, mais cela
Oui. C’est d’ailleurs aussi le cas aujourd’hui. provient de machines et de techniques perfection-
Ceux que la production emploie reçoivent une rému- Mais au lieu d’être une différence entre zéro et le 1933, il devrait certainement être aujourd’hui d’au
salaire, elle serait la différence entre le dividende, moins 50$ par mois aujourd’hui (1964), le coût de la nées, — en somme, du progrès — progrès dont tout
nération, mais les capitalistes reçoivent des dividen- le monde est co-héritier, co-propriétaire, comme
des sur leur capital, même s’ils ne sont nullement d’une part, et le dividende plus le salaire, d’autre vie plus que doublé depuis, et vu aussi l’augmenta-
part. Le stimulant «salaire» serait donc encore là. Et tion survenue dans la capacité de production, ce qui nous l’avons expliqué. Il est donc juste que ce soient
employés à produire. Si le capitaliste est employé, ces propriétaires, ces héritiers, tous les citoyens, qui
son revenu lui vient des deux manières, par de l’ar- il y aurait en plus le stimulant «dividende à tous», donne plus de produits à distribuer par personne.
qui gagnerait en importance chez le salarié à mesure tirent avantage de cette augmentation, par un divi-
gent lié à son emploi, et par de l’argent lié seulement C’était là, dans l’esprit de Douglas, un dividende dende mensuel plus gros.
à son capital-piastres. que se développerait chez lui le sens social. de départ. Un dividende qui devrait augmenter
Un dividende basé sur la part dominante que ensuite à mesure qu’augmenterait la capacité pro- Mais cela signifierait une diminution des salaires
Ce serait la même chose sous un système finan-    actuels des ouvriers !
cier créditiste, avec cette différence que tous les le capital réel communautaire occupe comme fac- ductive par homme-heure. (Ndlr: Le 50$ par mois
citoyens étant, à seul titre de membres de la société, teur de production moderne serait donc un montant mentionné plus haut, équivaut à 1200$ par mois, Pas nécessairement (bien que la chose serait
co-propriétaires du plus gros facteur de production, généreux. en 2017: un chiffre plutôt conservateur. Un mon- justifiable pour plusieurs raisons avec l’avènement
tous recevraient un dividende périodique sur la pro- Nous voulons bien croire que le passage d’une tant plus réaliste serait 60% du PIB per capita. Au d’un régime financier de Crédit Social). Mais même
duction due à ce capital réel commun. diète d’épuisement à une diète de vigueur nécessite Canada, 60% de 50 000$ donnerait 30 000$ par en laissant les salaires à leurs chiffres actuels, une
une certaine mesure de dosage. On ne passe pas année par personne, soit 2500$ par mois à chaque hausse des dividendes mensuels à tous, à mesure
Mais si la somme des deux, récompenses à l’emploi homme, femme et enfant au pays.) de l’augmentation de la capacité productive du pays,
   et dividendes à tous, tirent ensemble sur le total d’une alimentation de maladie à une alimentation de
santé sans passer par une alimentation de convales- En tout cas, avec la présente capacité productive diminuerait le prorata du total des salaires dans le
   des produits, quelle partie doit aller aux salaires total du pouvoir d’achat.
   et quelle partie doit aller aux dividendes? cence. du Canada, le dividende social périodique devrait
La sagesse peut donc conseiller une graduation garantir tout de suite à chaque citoyen du pays au Il faut bien, en tout cas, dans un système qui
C’est la même question qui cause des frictions moins de quoi satisfaire ses besoins normaux. Cela se veut conforme aux réalités de l’économie, tenir
aujourd’hui entre la part due aux capitalistes et dans le chiffre du dividende périodique à tous.
simplifierait et débureaucratiserait considérable- compte de cette conformité dans la répartition du
la part due aux travailleurs. Les capitalistes disent Toutefois, il faut dès l’abord mettre le principe en ment, tout en le rendant plus efficace, tout notre sys- pouvoir d’achat.
«Sans nos capitaux, il n’y aurait pas d’emploi, donc application. Entrer de plain-pied dans l’esprit d’une tème die sécurité sociale. Le sens social et la respon-
pas de production». Les ouvriers disent: «Sans le tra- économie d’abondance et de dividendes à tous, au Voici, par exemple, une usine employant 100
sabilité personnelle y trouveraient un meilleur climat hommes, 40 heures par semaine: cela fait 4000 hom-
vail, il n’y aurait pas de produits». Les deux, le capi- lieu de l’esprit d’une économie de rationnement et pour leur développement.
tal et le travail, sont en effet facteurs de production; die revenu restreint à l’emploi. mes-heures par semaine. Si le rendement de cette
et, en général, on convient que la plus grosse part Que signifie «augmentation de la capacité produc- usine est de 8000 unités de production, cela fait un
Qu’a dit Douglas à ce sujet?    tive par homme-heure»? rendement de 2 unités de production par homme-
de l’argent distribué doit aller aux ouvriers, qui sont
d’ailleurs les plus nombreux. Douglas énonce comme suit le troisième des Un exemple hypothétique va le faire comprendre: heure.
trois principes dont il dit que l’application permet- Disons que, par l’introduction de machines plus
Sous un système financier créditiste, ce sont trait un système conforme aux faits: Supposons qu’en une année un effectif produc-
les capitalistes (tous les membres de la société) qui teur de 100 000 hommes donne un rendement de perfectionnées, par certaines mesures d’automa-
seraient les plus nombreux. Au Canada, il y a envi- «La distribution de monnaie de consommation 100 000 unités de production; puis, que l’année sui- tion, cette usine n’a plus besoin que de 70 hommes,
ron 8 millions de salariés sur 20 millions et quart de (cash credits) devra dépendre de moins en moins vante un effectif doublé, 200 000 hommes, donne un travaillant moins longtemps, seulement 35 heures
Canadiens (en 1964). Donc 8 millions de travailleurs de l’emploi. C’est-à-dire que les dividendes rem- rendement doublé, soit 200 000 unités de produc- par semaine, tout en produisant davantage: 10 500
et 20 millions et quart de capitalistes. placeront progressivement les appointements et tion, la capacité productive par homme-heure est unités de production dans la semaine.
salaires, à mesure que la capacité productive aug- exactement la même dans les deux cas. Cela fait maintenant 70 x 35 = 2100 heures
De plus, la production est due beaucoup plus au mente par homme-heure.»
capital réel, qui appartient aux 20 millions et quart, Mais, si la deuxième année, on obtient ce ren- ¬hommes par semaine (au lieu de 4000). Et puis-
qu’au travail qui vient des 8 millions d’employés. Il s’agirait donc d’une proportion croissante du dement doublé, 200 000 unités de production, avec que la production de ces 2100 hommes-heures est u

24 Edition gratuite de VERS DEMAIN www.versdemain.org www.versdemain.org Edition gratuite de VERS DEMAIN 25
u montée à 10 500 unités de production, cela fait un actuels de transferts de moyens de paiement. les producteurs, ils ne passeraient pas par l’indus- ditiste accomplit les deux, sans que l’une nuise à
rendement de 5 unités de production par homme- trie, comme les salaires et les dividendes aux capi- l’autre, par de simples opérations de comptabilité
Actuellement, par exemple, les allocations fami-
heure (au lieu de 2 unités comme auparavant). talistes à piastres: ils n’entreraient donc pas dans appliquées à un crédit financier social en rapport
liales pour les enfants de moins de 16 ans se font
le prix de revient. Ils viendraient directement de la avec le crédit réel du pays.
La productivité passée de 2 unités à 5 unités par mensuellement par un chèque à la mère de famille.
homme-heure n’est certainement pas le fruit de plus Actuellement aussi, les pensions de vieillesse et source du crédit financier qui est un bien du peuple.
de labeur, puisque, au contraire, la semaine d’emploi diverses allocations (pour cécité, pour invalidité, Dans le système actuel, qui met des restric-
est raccourcie. Elle est due à des techniques perfec- etc.) sont servies par un chèque adressé mensuelle- tions où il n’en faut pas et qui n’en met pas où il en La circulation de l’argent
tionnées, au progrès, œuvre de plusieurs généra- ment à chaque ayant-droit. La même chose peut se faut, l’augmentation de monnaie de consommation
tions, capital communautaire de plus en plus consi- faire pour le dividende mensuel à tous. pourrait susciter une hausse indue du prix de vente. Dans un système de Crédit Social
dérable, de plus en plus productif. On peut aussi, là encore, se servir du canal des Mais dans un système créditiste, le prix de revient
A qui doit aller le fruit de cette hausse de produc- banques commerciales, chaque citoyen ayant eu à demeure conforme à la comptabilité des dépenses
tivité, sinon aux propriétaires de ce capital commu- s’enregistrer à une banque de sa localité. Chaque en cours de production, et le prix de vente est tenu 
nautaire, c’est-à-dire à tous? A ce capital social, un mois, la banque commerciale inscrirait simplement en laisse par les modalités du prix ajusté et com-
dividende social. au crédit de chacun de ces comptes le montant pensé, établi conformément au premier des trois
décrété pour le dividende mensuel. Dans ce cas, principes énoncés par Douglas.
3 unités de production sur 5 sont dues à l’appli-
cation du progrès dans la transformation de l’usine. comme dans celui des opérations dont nous avons Le dividende demeurerait-il, même dans les années Ž 
S’il peut être juste de laisser aux producteurs parlé pour couvrir les frais de production par des cré-    où la production du pays n’augmenterait pas?
(employeurs et employés) une récompense corres- dits sans intérêt, la banque commerciale obtiendrait Bien certainement. Quel que soit le volume de la
pondant aux 2/5 de la production, toute la commu- de la Banque centrale, sur demande et sans frais, production, il y a toujours un pourcentage de cette
Œ
nauté (producteurs ou non producteurs) devrait se les sommes nécessaires pour les dividendes men- production qui est dû au capital réel communautaire.
partager un dividende correspondant aux 3/5 de la suels qu’elle aurait ainsi à inscrire dans les comptes C’est seulement au cas où la production tomberait à
production. sous sa juridiction. Et pour les frais de ces services, zéro que la base du dividende disparaîtrait; et celle
la banque commerciale serait payée par la Banque des salaires disparaîtrait aussi, puisqu’il n’y aurait
Ce n’est là qu’un cas hypothétique pour faire centrale selon des accords convenus.
comprendre la proposition de Douglas: que, pro- aucune production faite.
gressivement, à mesure de l’augmentation de rende- Le dividende mensuel pourrait très bien aussi Evidemment, quand la production est mince, le
être une opération de comptabilité utilisant le ser-
ment par homme-heure, le pourcentage de pouvoir
vice des Postes. C’est même la méthode que Dou-
pouvoir d’achat total doit être mince pour être en 
d’achat distribué en dividendes doit augmenter, et le accord avec la réalité; et dans ce cas, les deux parts
pourcentage en salaires doit diminuer. glas préconisait dans son schéma pour l’Ecosse: — dividendes et salaires — peuvent bien être plus
«Le dividende sera distribué mensuellement par une minces que dans une production abondante. On ne
Si cette proposition de Douglas avait été adop- traite sur le Trésor écossais, par l’intermédiaire du
tée il y a 80 ans, le développement die la situation bureau de poste».
peut distribuer que ce qui existe. “
économique aurait été bien différent de ce qu’on a Mais c’est à tort que, dans leurs écrits ou leurs ’
vu. Au lieu de hausses de salaires à des employés Avec les calculatrices automatiques et autres discours, certains créditistes ont présenté le divi-
qui sont de moins en moins pris par le travail, on techniques ultra-modernes qui s’introduisent de dende comme la distribution de l’accroissement
aurait eu des dividendes de plus en plus gros à tous, plus en plus dans les grands bureaux de comptabi- seulement de la production annuelle. Cet accroisse-
ouvriers y compris, à leurs femmes, à leurs enfants. lité, il ne serait pas difficile de choisir une méthode ment peut justifier une augmentation du dividende,
à la fois rapide, sûre, exacte, efficace, pour la distri- comme nous l’avons dit plus haut. Mais, quel que
On aurait moins connu l’inflation. Tous étant bution d’un dividende mensuel à chaque personne.
munis de pouvoir d’achat, la production aurait mieux soit le volume de la production, répétons-le, il reste
Chose d’autant plus facile que la collaboration du
répondu aux besoins de tous. citoyen-capitaliste serait beaucoup plus empressée
toujours dans cette production une part due à l’utili- ‘
sation du capital social — donc toujours une part de
Comme, par ailleurs, les entraves purement que celle du citoyen-contribuable. la production justifiant un dividende social à tous.
financières auraient été éliminées, le volume de la De l’argent est avancé par l’Office National de
Cette distribution d’argent aux consommateurs, D’autres ont dit que le dividende serait la dis-
production réalisée et distribuée aurait été plus Crédit Œ au producteur (industrie) , pour la pro-
   par les dividendes, ne serait-elle pas de l’infla- tribution de l’argent qui manquerait au pouvoir
considérable, la limite n’étant imposée que par la duction de nouveaux biens, ce qui amène (flèche de
   tion, dont tout le monde a peur? d’achat pour le mettre au niveau des prix. Ce n’est
limite de la capacité physique de production, ou gauche) un flux de produits étiquetés avec des prix
que par la limite des commandes de la part d’une Elle serait une augmentation d’argent dans le pas exact, non plus. Le dividende contribue certai- Ž et des salaires distribués aux employés  (flèche
consommation saturée. porte-monnaie des consommateurs, et je ne crois nement à combler l’écart entre les prix et le pouvoir de droite). Puisque les salaires ne suffisent pas pour
pas que cela ait jamais fait frémir celui qui en reçoit. d’achat, mais ce n’est pas là sa base. Et même s’il n’y acheter toute la production, l’Office de Crédit comble
Les salariés n’y auraient rien perdu; ils seraient Ce n’est pas quand on hausse votre revenu que ça avait aucun écart entre les prix et le pouvoir d’achat, la différence par l’émission d’un dividende périodique à
devenus comme les capitalistes, des personnes vous fait mal. Avez-vous jamais entendu quelqu’un chaque citoyen aurait encore droit à son dividende, tous les citoyens . La rencontre des consommateurs
recevant plus en dividendes qu’en salaires. se plaindre de la hausse de son revenu? C’est quand pour la raison que nous venons de rappeler dans les et des produits se fait chez le marchand ‘, et lorsqu’un
Comment serait distribué ce dividende social men- les prix haussent que tout le monde se plaint. précédents alinéas. produit est acheté (consommé), l’argent qui avait été
  suel à tous et à chacun des membres de la Mais justement, est-ce que cette distribution d’ar- Assurer le dividende à tous est une des fonctions avancé au début de la production de ce produit retourne
  société?    gent par les dividendes ne ferait pas monter les d’un système financier sain. (Principe III de Douglas). à sa source ’, l’Office National de Crédit, qui rembour-
De la manière qui serait jugée la plus pratique   prix? Etablir oui maintenir l’équilibre entre la somme des se au marchand l’escompte “ qu’il avait accordé au
celle exigeant le moins de bureaucratie, celle qui prix et le pouvoir d’achat global en est une autre consommateur. L’argent avancé au début a accompli
Les prix de revient ne seraient pas affectés d’un sa fonction, le produit ayant rejoint le consommateur.
nécessiterait le moins d’addition aux mécanismes sou. Les dividendes sociaux n’étant pas payés par fonction (Principe I de Douglas). La technique cré-

26 Edition gratuite de VERS DEMAIN www.versdemain.org www.versdemain.org Edition gratuite de VERS DEMAIN 27
Les taxes à la lumière du Crédit Social Vol légalisé encore: non seulement les taxes
elles-mêmes, mais tout ce que la perception des
taxes comporte de frais que le public paie, sous un
poste ou un autre, sans recevoir aucun service en
Y aurait-il encore des taxes sous un système finan- doivent exister côte à côte les services publics et
retour.
   cier de Crédit Social ? la production pour les besoins privés. Les services
publics exigent une certaine quantité de biens et Mais votre dernière citation de Douglas mentionne
C’est là une question posée en style de système
de travail; le mécanisme par lequel ces biens et ce    une «certaine forme de taxation» pour transfé-
financier actuel. Pour y répondre et être compris, il
travail sont transférés du secteur privé au secteur    rer des biens et du travail de la production privée
faut raisonner en style de Crédit Social, c’est-à-dire
public constitue, dans son essence, une forme de   à la production publique, et vous avez dit que
en termes de réel d’abord, et non pas directement
taxation.»    cela n’est pas nécessairement un transfert d’ar-
en termes d’argent. Une fois la réponse donnée en
   gent. Comment donc concevez-vous la chose?
termes de réel, on y adapte la finance, comme dans Ah! Est-ce que cette citation de Douglas ne contre-
tout autre aspect d’une économie créditiste.    dit pas les citations précédentes? Je la conçois en termes de réel d’abord; quant
à son expression financière, elle peut affecter diffé-
Donnons d’abord les textes du maître, Douglas. Nullement, si l’on remarque les termes dont se
rentes formes. Je m’explique
Le mode actuel die taxation est vicié comme le sert Douglas, ainsi que ses arguments à l’appui.
Pour la construction du pont — exemple donné
système financier actuel, en contradiction avec le Ce que Douglas appelle «vol légalisé», c’est la
de projet public — c’est la décision prise par le gou-
réel économique; il est voleur, au service de la cen- forme actuelle de taxation, celle qui enlève de l’ar-
vernement, avec l’assentiment des représentants
tralisation entre les mains des empires financiers gent aux individus pour satisfaire les exigences et
du peuple, qui constitue le transfert d’une partie de
et de l’Etat. Douglas déclarait à ce sujet, dans une les finalités du système financier. Tandis que la «cer-
la capacité de production du pays vers le secteur
conférence donnée à Westminster en février 1926 taine forme de taxation» qu’il juge inévitable, c’est
public. Et c’est la situation qui en résultera pour le
et reproduite dans Warning Democracy, page 61 de un mécanisme, non pas pour enlever de l’argent aux
volume de la production de biens consommables
l’édition 1934: individus, mais, comme il dit, pour transférer du sec-
qui pourra affecter le niveau de vie de la population.
«La taxation moderne est un vol légalisé. Elle teur privé au secteur public les choses et le travail
nécessaires pour répondre aux besoins publics de Qu’il s’agisse de biens privés ou de biens publics,
demeure un vol, quand bien même ce vol est effec-
la communauté. Ce n’est plus là parler en termes de la population ne peut certainement obtenir que ce
tué par l’intermédiaire d’une démocratie politique
mythe financier, mais en termes de réel. qui est produit. Si les citoyens, par leurs représen-
qui, pour sa participation, obtient une part insigni-
tants, demandent au gouvernement tellement de
fiante des dépouilles. Mais je ne pense pas que le Voulez-vous éclaircir un peu ce point-là?
biens publics que la production de biens privés en
vol soit son but principal. Je crois que c’est plutôt Lorsque le gouvernement fait construire, disons, Est-ce à cause de la manière actuelle de financer les
soit diminuée, il faudra bien que leur niveau de vie
la poursuite d’un objectif. Ce but me semble être une route, ou un bout de route, est-ce que cela   travaux publics que Douglas appelle les taxes
privé baisse en conséquence, même si leur jouis-
l’aboutissement au socialisme. Les économistes entrave ou diminue le moins du monde la produc-    «un vol légalisé»?
sance de biens publics augmente. Ce n’est pas une
du type formé par l’Ecole Economique de Londres tion de lait, de beurre, de légumes, de vêtements, C’est un cas patent de vol, que seule la folie question de finance, mais une question de richesse
mettent dans la tête des promoteurs du socialisme de chaussures ou d’autres biens de consommation? pourrait excuser. Comme l’exprimait Vers Demain, réelle.
qu’il est possible d’arriver à l’ordre où ils placent Est-ce que, au contraire, cette production n’est pas l’organe canadien du Crédit Social, dans son numéro
leur bonheur en accélérant le vol de la propriété par Et comment cette situation réelle sera-t-elle
activée du fait que les salaires distribués aux tra- du 15 avril 1964:
les taxes.» exprimée financièrement? Par la diminution de pou-
vailleurs de la route stimulent la vente de ces biens «Quand la population du pays est capable de voir d’achat, parce qu’on ne peut pas acheter ce qui
Et dans Social Credit, page 105 de l’édition 1937, de consommation? fournir à la fois les biens privés et les biens publics, n’existe pas. Et cette diminution de pouvoir d’achat,
Douglas écrit: Or, dans le système actuel, le gouvernement il faut être idiot ou voleur pour enlever aux indivi- sous un régime financier de Crédit Social, s’insére-
«La finance et les, taxes actuelles ne sont qu’un taxe les contribuables pour payer les travailleurs dus des droits à la production privée sous prétexte rait mathématiquement dans le mécanisme du prix
moyen ingénieux pour concentrer le pouvoir finan- de la route. Il ôte de l’argent qui achèterait les biens de permettre la production publique.» ajusté et compensé. Ce serait là une «certaine forme
cier.» de consommation, pour payer la construction de la Mais il y a d’autres cas où les taxes sont un de taxation» correspondant au transfert, du secteur
Et à la page 150 du même ouvrage Social Credit: route. pillage injustifiable, quoique légalisé. Entre autres, privé au secteur public, d’une certaine partie de la
Ce système n’est pas en rapport avec le réel. Si les cas suivants: capacité productive du pays.
«La principale tendance du procédé (de la taxa-
tion) est de concentrer potentiellement le contrôle le pays est capable de produire à la fois les biens Tout ce que les taxes enlèvent de pouvoir d’achat Toute hausse de prix provenant de cet ajuste-
du crédit dans de grandes organisations, surtout du secteur privé et les biens du secteur public, le aux individus, alors que la production offerte attend ment serait parfaitement justifiable. Elle ne serait
entre les mains des grosses banques et des grosses système financier doit fournir l’argent pour payer les des acheteurs; ni spéculation ni exploitation, puisque tout serait
compagnies d’assurances.» deux. Il n’y a aucune raison de diminuer le niveau de ajusté en fonction du rapport de la consommation à
vie privé pour le niveau de vie public, quand la pro- Tout ce que le gouvernement prend en taxes la production. La hausse signifierait une diminution
Douglas condamne donc fortement le système duction du pays peut alimenter les deux. pour s’occuper de fonctions qu’il devrait laisser aux du volume de la production pour les besoins privés.
de taxes tel que nous l’avons. personnes, aux familles, aux corps intermédiaires.
Sous un système financier créditiste, l’argent Le public le saurait toujours; s’il jugeait le poids trop
Pourtant, dans Warning Democracy, page 175, Et sous ce chapitre, le vol va en croissant, à mesure lourd, il prierait son gouvernement de modérer ses
viendrait automatiquement pour financer toute pro- que se multiplient ces intrusions du gouvernement.
Douglas écrit: duction physiquement possible et réclamée par la activités du secteur public.
Le gouvernement, il est vrai, donne toujours comme
«Il est bien entendu que la taxation, dans sa population, qu’il s’agisse de production privée ou raison l’incapacité financière des personnes, des La «certaine forme de taxation» exposée ci-des-
forme actuelle, est un moyen non nécessaire, inef- de production publique. C’est ce qu’on a expliqué familles, des corps publics locaux. Son action, alors, sus ne prétend pas être la seule concevable. L’essen-
ficace et vexatoire d’atteindre le but ostensible- précédemment pour le secteur public en prenant devrait s’appliquer à corriger cette incapacité finan- tiel, c’est que l’aspect financier soit le reflet exact du
ment proclamé. Mais, bien qu’il en soit ainsi, une comme exemple la construction d’un pont. cière, comme le ferait un système financier créditiste. réel. Quant au choix des méthodes, c’est une ques-
certaine forme de taxation cet inévitable tant que tion de praticabilité tenant compte des circonstan- u

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u ces et de l’expérimentation, tant qu’on respecte les On ne traînerait pas des dettes publiques mathé- tion ou seulement à certaines étendues géographi- de vente sur les articles de toute description. À part
principes. matiquement impayables, au service desquelles va ques, selon ce qui se révèle le plus pratique à l’essai. de toute autre considération, cette méthode procu-
chaque année une grosse tranche du revenu des Mais il faut éviter ce qui, sous prétexte d’efficacité, rerait une économie d’administration bien au delà
Tout cela signifie-t-il qu’avec un système financier
taxes. cause aux personnes des torts que nul objectif finan- de tout ce qu’on peut concevoir dans les limites du
   créditiste, on n’aurait plus rien à payer aux gou-
On n’aurait pas non plus à payer des taxes pour cier ne peut justifier. système financier existant.»
  vernements, ni aux municipalités, ni aux com-
  missions scolaires et autres corps publics, et faire vivre des employés de gouvernements qui Certains services publics peuvent très bien Les taxes directes, ce sont les sommes préle-
  que de l’argent nouveau viendrait pour tous s’occupent de fonctions qui doivent relever des per- continuer à être, connue aujourd’hui, payés par ceux vées directement des individus, comme l’impôt sur
   leurs besoins? sonnes et des familles elles-mêmes. Et personnes et seulement qui les utilisent. Tel est le cas pour le ser- le revenu, les taxes per capita là où elles existent, les
familles ne seraient plus aujourd’hui dans une inca- vice postal: ceux qui veulent s’en servir le paient par taxes sur les successions, les taxes sur la propriété
Il y a des distinctions à faire. On a bien dit que
pacité financière qui invite les gouvernements à faire l’achat de timbres. Tel est encore le cas pour cer- (taxes foncières), etc.
la nouvelle production devrait être financée par des
les choses à leur place. taines voies de communication rapide, comme les
crédits nouveaux, mais on a ajouté qu’il faut payer à Douglas donne ainsi sa préférence à une taxe de
On n’aurait pas à alimenter par des taxes les autoroutes — bien que, sous un régime de Crédit
mesure que l’on consomme. Par exemple, une école vente qui affecterait les prix. Dans un système de
fonds toujours plus exigeants des organismes gou- Social, beaucoup de péages pourraient disparaître
bâtie avec des crédits nouveaux, si elle est estimée Crédit Social, cela se combinerait avec l’ajustement
vernementaux de sécurité sociale, puisque tous les ou durer moins longtemps, vu le moyen nouveau de
devoir durer au moins vingt ans, doit être payée par des prix à payer par le consommateur. Méthode
citoyens, comme cohéritiers et copropriétaires d’un financer les projets publics.
la population qui s’en sert, un vingtième de son prix convenant parfaitement au moins pour le paiement
chaque année. On l’a expliqué pour le pont. capital commun, trouveraient leur sécurité économi- D’autres services publics sont utilisés par tous des services publics offerts à toute la communauté,
Ce n’est plus là une taxe-vol, c’est le paiement que inconditionnelle dans le dividende social conju- les citoyens indifféremment, dans quelque section comme nous l’avons fait remarquer ci-dessus.
de ce qu’on consomme. C’est aussi normal que le gué avec l’ajustement des prix. du pays où ils se trouvent. C’est le cas des routes Mais, est-ce que cette manière de faire payer les
paiement d’un habit au tailleur ou d’un pain au bou- Puis, du fait que toutes les possibilités physi- ordinaires. C’est le cas aussi de la sécurité nationale,   services publics n’est pas injuste en faisant
langer. ques seraient par le fait même des possibilités finan- par laquelle il faut entendre la protection du pays   payer tout le monde, même les gens à revenu
cières, le public serait capable, collectivement, de contre toute agression possible, nécessitant l’entre-   moindre et les familles qui, à cause du grand
Il en est de même pour les services publics, ins- tien d’une armée suffisante et, en cas d’attaques, des
titués pour fournir aux individus ou aux familles des payer tout ce que le pays peut fournir, en production   nombre d’enfants, sont obligées de faire plus
publique comme en production privée. Le paiement opérations militaires. C’est le cas encore de l’admi-   d’achats?
services qui seraient plus onéreux si les personnes nistration du pays pour maintenir l’ordre social établi.
ou les familles avaient à se les procurer individuel- des services publics ne serait donc pas, comme Cette objection oublie que, même dans le sys-
aujourd’hui, un fardeau et une entrave à l’obtention Tout le monde en profite également. Le moyen le
lement. plus simple d’en acquitter le paiement serait, nous tème actuel, les prix sont les mêmes pour tout le
des biens d’ordre privé. monde, pauvres comme riches.
Prenons, par exemple, le service d’eau ou le ser- semble-t-il, une utilisation du crédit national, recou-
vice de vidange. Si chaque famille devait aller cher- Sous un système de Crédit Social, tous les vré du public par le mécanisme du prix ajusté. C’est surtout oublier que, sous un système finan-
cher de l’eau à un lac ou une rivière, ou payer pour citoyens sont traités comme des actionnaires, atti- cier de Crédit Social, chaque personne est assurée
trés à un dividende sur la production nationale. Ils Mais il y a des services publics qui ne sont offerts
s’en faire apporter, cela lui coûterait du temps, des qu’à des fractions de la communauté, tels des servi- d’un revenu, quel que soit son âge, par le dividende
fatigues ou de l’argent. De même pour porter ou seraient aussi, comme des actionnaires, mis pério- social attaché à la personne et non pas à l’emploi; de
diquement au courant de la comptabilité nationale, ces d’aqueduc, d’égouts et autres dont les campa-
faire porter ses vidanges à un dépotoir. gnes ne bénéficient pas comme les villes. Il serait sorte qu’il entre dans la famille autant de dividendes
infiniment plus simple, plus claire, que les complexi- qu’elle compte de personnes. Puis, ce dividende doit
Et l’enseignement: la mère n’a pas souvent le tés du système actuel. Ils pourraient donc, comme alors injuste de les faire payer par un ajustement des
temps, même si elle en avait la compétence, de se prix dont tous les acheteurs, ceux des campagnes être d’un montant suffisant pour que, même avec
nous l’avons dit plus haut, intervenir auprès des res- l’inclusion des prix des services publics dans les
faire institutrice pour ses enfants. On ne peut guère ponsables élus par eux, au cas où ils préféreraient comme ceux des villes, feraient les frais. Dans ces
compter que chaque famille puisse trouver et enga- cas, c’est aux municipalités qui se donnent ces ser- prix des produits consommables, chaque personne
voir la production du pays donner plus de ses activi- puisse se procurer au moins le nécessaire dans un
ger un précepteur pour le faire. Mais que 20, 30, 100 tés à la satisfaction des besoins privés. vices de les faire payer par leur propre population.
familles décident ensemble d’engager le personnel pays qui peut fournir plus que le nécessaire à tous.
D’ailleurs, le revenu garanti à chaque personne, En général, on peut dire qu’il revient aux favori- La hiérarchie des besoins exige, en effet, que le pre-
compétent pour enseigner à tous leurs enfants, cela, sés des services d’en supporter les charges. Quant
à service équivalent, coûtera certainement moins au moins, pour commencer, jusqu’au niveau du mier appel sur la capacité de production du pays soit
minimum biologique, puis bientôt au niveau d’un à la meilleure méthode, Douglas écrit dans Warning la satisfaction du nécessaire à tous.
cher à chaque famille. Democracy (édition 1934, page 176):
minimum de civilisation, serait le moyen pour tous D’ailleurs, le riche achète généralement, sinon
Faut-il appeler taxes ce que chaque famille devra de passer leurs propres commandes à la capacité de «De même qu’il existe théoriquement deux
payer? Peut-être, parce que le terme est courant; toujours, plus que le pauvre; avec la méthode indi-
production. méthodes pour distribuer l’enrichissement de l’as- recte proposée, il se trouverait donc à financer plus
mais en réalité, ce n’est pas plus une taxe que l’ar- sociation, que nous appelons crédit public, soit
gent payé au médecin qui a soigné un membre de Pour une perspective d’un monde créditiste, il que le pauvre le coût des services publics. Il n’est
faut tout voir sous une optique de réel. Le niveau par un versement d’argent (dividende), soit par que juste que celui qui profite le plus de la richesse
la famille, ou que la. facture du cordonnier pour une une réduction générale des prix, le choix entre les
réparation de chaussures. de vie dépendrait, non plus du système financier, nationale en fasse le plus les frais.
mais de la production réalisée ou réalisable sur com- deux étant une question de praticabilité et non plus
Alors, quelle différence y a-t-il, en matière de taxes, une question de principes, — de même aussi, il y a L’impôt compris dans les prix a aussi, à y regarder
mande. La finance n’interviendrait que pour huiler de près, un caractère moins dictatorial que l’impôt
   entre ce qui existe aujourd’hui et ce qu’on peut le mécanisme de production du côté producteur, et deux méthodes par lesquelles on peut effectuer le
  envisager sous un système financier de Crédit transfert de biens et de services du secteur privé sur le revenu ou que l’impôt sur la propriété. C’est
pour permettre la liberté de choix du côté consom- un point qu’a souligné le maître Douglas. Si vous
  Social ? mateur. au service public: la méthode directe et la méthode
indirecte. Il est curieux de constater la tendance à voulez payer moins d’impôt par les prix, vous avez
Une différence énorme. D’abord, comme nous De quelle manière la population paierait-elle les toujours le choix d’acheter moins, de vous contenter
l’avons dit, les développements du pays seraient utiliser de préférence le méthode directe, avec ses
   services publics? crudités, ses complications, ses iniquités. II serait d’un niveau de vie moins élevé. Tandis que l’impôt
financés par des crédits nouveaux, et non pas par sur le revenu ou la taxe foncière vous frappe obli-
des taxes. On ne paierait financièrement que leur Ce sont là des formules à déterminer selon les à la fois simple et pratique d’abolir toute taxe en
services, selon qu’ils bénéficient à toute la popula- Grande-Bretagne, leur substituant une simple taxe gatoirement, même si vous ne tirez pas d’avantages
consommation, leur usure, non pas leur production. particuliers de votre revenu ou de votre propriété. u

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u La plus inique des taxes
Ce serait ici l’occasion de dire un mot de la taxe
foncière, surtout quand elle porte sur l’habitation
de la famille. Elle est source d’une foule de maux.
La maison familiale est une demeure, non pas
une fontaine d’argent: pourquoi demander à la
famille de l’argent qui ne sort pas des murs ou du
toit de sa maison?
C’est décourager le statut de propriétaire, ce
qui va bien dans le sens du communisme.
C’est souvent mettre la famille dans l’angoisse,
en attendant peut-être de la jeter dans le chemin,
par suite de son incapacité de fournir de l’argent
qu’elle n’a pas, même après s’être imposé des pri-
vations pendant des mois sans pouvoir parvenir à
rencontrer la somme exigée par le fisc.
En terminant sur le sujet des taxes, répétons
On peut croire que si cette forme de taxe a été que, sous un système financier de Crédit Social,
généralisée de préférence à d’autres, c’est parce il n’y a pas, à proprement parler, de taxes. Il y a
qu’elle permet à l’autorité taxante de punir ceux paiement de services reçus, les publics comme
qui ne paient pas, par la mise en vente de leur pro- les privés. Et de toute façon, la population du pays
priété. C’est là donner à la perception d’argent plus serait munie de moyens de paiement pour acquit-
d’importance qu’à des êtres humains. ter les prix de tout ce qui lui est offert en réponse à
La taxe foncière est, à notre sens, la plus inique des besoins, tant publics que privés.
qui soit et la première à faire disparaître.

Conclusion
Nous allons clore ici cette étude sur un sys- VERS
tème financier sain et efficace. Non pas que le DEMAIN
sujet soit épuisé, mais nous croyons avoir mis
le lecteur — ou mieux l’étudiant — sur la voie
pour aborder à la lumière du Crédit Social à
peu près tous les problèmes économiques qui
peuvent se présenter, avec leurs incidences
sociales souvent considérables.
C E
AN
FI N
Les aborder à la lumière du Crédit Social,
cela veut dire en faisant table rase de toutes
les limitations purement financières.
Il n’y a pas de problèmes purement finan-
ciers avec le Crédit Social. Ni pour mettre en produire et offrir la richesse à la population.
œuvre les possibilités productives du pays. Ni On peut ajouter qu’un système financier reflé-
pour distribuer adéquatement les fruits de la tant le réel, comme le Crédit Social, permet-
production, en n’oubliant personne. trait à un pays de grande production de faire
Et cela, sans besoin de nationaliser aucune bénéficier de son abondance les pays dits de
entreprise; sans chercher utopiquement à éga- la faim.
liser les niveaux de vie; sans révolutionner les L’abolition des entraves purement finan-
méthodes établies de production et de mise cières ouvre les perspectives à des dévelop-
des produits sur le marché; sans supprimer pements enrichissants pour tous, enrichisse-
la récompense à ceux qui, par leurs activités ments d’ordre culturel comme d’ordre maté-
d’entrepreneurs, de producteurs ou de com- riel, mais incompatibles avec les tares du sys-
merçants, mettent en œuvre les moyens de tème financier actuel.

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