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net/publication/322080654

Financement Bancaire des Petites et Moyennes Entreprises au Cameroun:


Financement Bancaire

Article  in  African Development Review · December 2017


DOI: 10.1111/1467-8268.12302

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4 669

4 authors:

André Dumas Tsambou Zamo-Akono Christian


University of Yaoundé II Center for Research in Applied Microeconomics (REMA)
21 PUBLICATIONS   33 CITATIONS    9 PUBLICATIONS   49 CITATIONS   

SEE PROFILE SEE PROFILE

Ludwick Esone Ndokang Roger Tsafack Nanfosso


University of Yaoundé II Université de Dschang
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African Development Review, Vol. 29, No. 4, 2017, 648–659

Financement Bancaire des Petites et Moyennes Entreprises au


Cameroun

Andre Dumas Tsambou, Christian Zamo Akono, Ludwick Ndokang Esone


et Roger Tsafack Nanfosso

Resume : Le present travail a pour objectif d’identifier les determinants du financement bancaire des PME camerounaises. Il
s’appuie pour cela sur l’enqu^ete « Formulation d’un Plan de Developpement Local des PME au Cameroun » realisee aupres de
413 PME par le ministere des petites et moyennes entreprises, de l’economie sociale et de l’artisanat (MINPMEESA) du
Gouvernement camerounais et l’Agence Japonaise de Cooperation Internationale (JICA). Nous utilisons un modele logit simple
et les methodes d’estimations recentes. L’analyse statistique des donnees revele que les PME autofinancent leurs activites a court
terme et font recours aux institutions financieres a long terme. L’analyse econometrique a montre que les principaux
determinants du financement des PME sont la presence reguliere des effets financiers, la qualite des garanties offertes, la taille de
la PME, la rentabilite et le capital social (appartenance aux reseaux sociaux, participation des etrangers au capital, soutien des
autorites gouvernementales). Cependant, les relations sociales qui sont des indicateurs du degre de confiance des PME
ameliorent significativement la probabilite d’acces au financement bancaire en reduisant le degre d’opacite des PME aux yeux du
banquier.

Abstract: The present work aims to identify the determinants of financing banking Cameroonian SMEs. It is based on the
survey ‘Formulation of Local Development Plan for SMEs in Cameroon’ conducted among 413 SMEs by the Ministry of Small
and Medium Enterprises, Social Economy and Handicraft (MINPMEESA) Government of Cameroon and Japan International
Cooperation Agency (JICA). We use a simple logit model and robust statistical tests. The results of our analysis reveal that SMEs
in the short term self-finance their business while in the long run they use financial institution funds. Moreover, analysis of the
determinants of their access to external finance reveal that the main determinants of SME financing are: regular presence of
financial effects, the cost of financing, quality guarantees, the SME size, its profitability, the skills of the manager and the social
capital. The latter significantly improves SMEs’ conditions of access to credit by reducing their degree of opacity in the eyes of
bankers.

1. Introduction
Depuis plusieurs annees, de nombreux travaux convergent pour souligner l’importance des petites et moyennes entreprises
(PME) dans le tissu economique des pays aussi bien developpes qu’en developpement. Considerees comme des cellules
substantielles de l’economie de marche, les PME ont en effet joue un r^ole important autant dans l’innovation, la creation
d’emplois et la croissance economique des pays industrialises au cours du XXeme siecle (Quiles, 1997). Dans les pays en
developpement, et principalement en Afrique Subsaharienne (ASS), les PME constituent la quasi-totalite de la population des
entreprises, soit environ 99% au Cameroun (INS, 2009), 93% au Maroc, plus de 90% en RDC, et 95% de l’activite
manufacturiere au Nigeria (OCDE, 2006). Malgre ce poids, la contribution des PME au PIB est estimee a moins de 20% dans la
plupart des pays africains, alors qu’elle peut atteindre jusqu’a 60% dans les pays a haut revenu (Admassu, 2009). De plus, les
PME qui operent dans les pays de l’ASS emploient en moyenne moins de 30 % de la main-d’œuvre dans le secteur manufacturier
alors que cette proportion est de 74,4 % dans les pays asiatiques, de 62,1 % dans les pays de l’Amerique latine et Cara€ıbes et de


Andre Dumas Tsambou, Universite de Yaounde II-Soa; e-mail: tsamboudumas@yahoo.fr. Christian Zamo Akono, Universite De Yaounde Ii-Soa; e-
mail: zchristy2@yahoo.fr. Ludwick Ndokang Esone 1er, University of Yaounde II-Soa; e-mail: ndokang2087@gmail.com. Roger Tsafack Nanfosso,
Universite de Dschang; e-mail: rtsafack@gpeyaounde.org
© 2017 The Authors. African Development Review © 2017 African Development Bank. Published by Blackwell Publishing Ltd,
9600 Garsington Road, Oxford OX4 2DQ, UK and 350 Main Street, Malden, MA 02148, USA. 648
Financement Bancaire 649

73,1 % dans les pays de l’OCDE (Ondel’ansek, 2010). Au Cameroun, les PME n’emploient que 19% de la population active et
leur contribution au PIB est estimee a moins de 20% (INS, 2009).
Au-dela de ce contraste, il convient de souligner que dans les pays en developpement comme le Cameroun, les PME
presentent un enorme potentiel en matiere de stimulation de l’esprit d’entreprise et de creation d’un tissu industriel capable de
s’adapter aux besoins des grandes entreprises de leur pays. Aussi admet-on qu’elles pourraient contribuer d’avantage a la
croissance economique des pays de l’ASS si elles parvenaient a trouver de meilleures conditions de leur developpement. Ces
entreprises eprouvent des difficultes pour financer leurs projets d’investissement (Coluzzi et al., 2009). Cela tient notamment a
leur capacite limitee a fournir une information fiable ainsi qu’a leur expertise financiere limitee qui resulte de leurs specificites
financieres. Ang (1992), ces specificites sont liees a la difficulte de separer les ressources financieres de l’entreprise de celles de
son proprietaire, aux problemes de succession qui peuvent rendre le developpement de l’entreprise incertain et a la presence de
contrats implicites. Nombre de travaux affirment a ce sujet que les difficultes d’acces aux financements sont le premier obstacle
au developpement des PME d’ASS, assez loin devant les problemes de corruption, de deficience des infrastructures ou de
fiscalite abusive (Banque Mondiale, 2009). En fait, pour leur bon fonctionnement, les PME ont besoin de ressources financieres
necessaires a leur cycle d’exploitation et a leurs investissements. Or, il apparait que 80 a 90 % d’entre elles connaissent des
difficultes d’acces au marche des financements en ASS (Lefilleur, 2009). Une enqu^ete effectuee au Cameroun en 2009 revele que
pres de 77% des PME camerounaises ont les problemes de financement et que l’indice d’acces au credit bancaire est de 2,625
(MINPMEESA, 2009). Cette fragilite financiere d’une PME peut raccourcir son cycle de vie et une mauvaise conjoncture
engendrerait la defaillance.
Plusieurs syntheses des travaux theoriques et empiriques ont recemment ete consacrees aux PME dans les pays en
developpement, notamment en ASS. Ces travaux mettent principalement l’accent sur le financement interne ou externe des PME
et sur la pertinence des theories concurrentes au regard de l’explication de leur financement. S’inscrivant dans ce contexte
theorique et empirique, le present article a pour objectif d’identifier les leviers sur lesquels il faut agir pour ameliorer l’acces de
ce type d’entreprise au financement bancaire au Cameroun. De maniere plus specifique, il s’agit:
 D’examiner le niveau de financement des PME;
 D’analyser les sources de financement des PME;
 D’identifier les obstacles au financement des PME.

Si bon nombre d’etudes portent sur l’acces au financement des grandes entreprises, nous mettons l’accent sur les PME.
L’analyse d’un echantillon de 413 PME camerounaises nous permet de comparer nos resultats avec ceux d’autres travaux
anterieurs ou contemporains relatifs aux PME.
Considerant que le financement externe est essentiel a la croissance et au developpement de la PME et en admettant que
plusieurs facteurs peuvent expliquer la frilosite des banques a l’egard des PME camerounaises, le reste de ce document est
organise ainsi qu’il suit. La section 2 procede a la revue de la litterature. La section 3 presente la methodologie et les donnees. Les
resultats sont presentes a la section 4 et discutes a la section 5, et la derniere section conclue.

2. Revue de la litterature

2.1 PME et acces au financement


La question du financement des firmes est au cœur de toutes les problematiques et considerations economiques. Mais celui des
PME se caracterise principalement par un acces limite aux financements en raison de leur opacite (Ang, 1991). Cela s’explique
tant par la petite taille des structures considerees qui rend l’investissement necessaire a l’acquisition d’une connaissance de
l’activite a m^eme de lever les problemes d’asymetries d’information difficilement amortissable (Besanko et Kanatas, 1993). Au
vu de ce la, plusieurs etudes (Cassar et Holes, 2003) montrent que la structure financiere des PME peut ^etre expliquee par la
theorie de l’ordre hierarchique qui stipule que pour financer leurs activites, les entreprises privilegieraient, dans l’ordre, le
financement interne au financement externe et, dans ce dernier cas, le financement par dettes a celui par fonds propres (Myers,
1984). Une structure financiere dominee par les dettes pourrait donc ^etre le fait d’une strategie des dirigeants, afin de conserver le
contr^ole de leur entreprise.

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650 A. D. Tsambou et al.

Sur le plan du financement bancaire, chaque banque adopte un modele propre d’evaluation de credit dont les criteres et
l’importance accordee a chacun d’eux varie. Par contre, toutes les banques doivent evaluer le risque de defaut des emprunteurs
pour minimiser au maximum le risque de pertes monetaires. Au vue de ces differents risques, la vision classique du marche sur
lequel le mecanisme des prix permet d’ajuster l’offre et la demande, et ainsi induire la satisfaction de l’ensemble des agents,
conna^ıt dans le domaine du credit bancaire d’importantes contradictions. Stiglitz et Weiss (1981) montrent que, dans le cadre
d’une asymetrie d’information entre banquier et emprunteur, le marche de l’intermediation financiere est souvent caracterise par
un equilibre de rationnement. Ce rationnement est attribuable selon eux a deux formes d’asymetrie d’information: le risque
moral et la selection adverse prejudiciables au creancier. Van Pham et al. (2009) montrent sur le cas des PME vietnamiennes et
GICAM-GTZ (2008) et Taka (2009) sur le cas des PME Camerounaises que l’asymetrie d’information constitue un probleme
majeur dans la relation entre les banques et les PME.
En effet, le risque de selection adverse est fortement lie a la meconnaissance de l’emprunteur d’une part, et a la qualite de
l’information fournie dans les demandes de financement d’autre part (Observatoire europeen des PME, 2003). Pour minimiser ce
risque, les banques s’interessent au risque de remboursement en se basant sur les criteres que sont les garanties, les ratios
financiers et la rentabilite anticipee (Rand, 2007; Egbetunde et Akinlo, 2015). Pour ce qui est phenomene de l’alea moral, les
banques sont tres souvent incapables d’evaluer les projets des PME et refusent de s’engager. Selon l’Observatoire Europeen des
PME (2003), le bilan et le compte de resultat sont les documents les plus demandes par les banques europeennes. Or, seulement
60 % des PME fournissent regulierement ce type d’information.
Dans le contexte camerounais, Wamba (2013) montrent que les promoteurs des PME hesitent a devoiler l’ensemble des
informations dont ils disposent concernant leur entreprise, que ce soit pour des raisons fiscales, concurrentielles ou liees aux
^ qu’engendre leur production ou simplement par ignorance ou manque de competences. Tres recemment, certains auteurs
coUts
(Williams, 2016; Tsambou et al., 2015; Nguena et Tsafack, 2014) ont montre que cette insuffisance d’information est due a la
petite taille et le peu de notoriete de la plupart des PME.

2.2 Capital social et acces au financement


Le capital social est donc envisage comme etant une solution a la contrainte de credit. La proposition centrale de la theorie du
capital social repose sur l’argument selon lequel les reseaux de relations sociales constituent une ressource precieuse pour la
conduite des affaires car, ils facilitent l’action economique et permettent aux entrepreneurs d’elargir leur champ d’action,
d’economiser leurs moyens et d’acceder aux ressources et opportunites exclusives (Nahapiet et Ghoshal, 1998). Il est defini
comme l’ensemble des caracteristiques de l’organisation sociale telles que les reseaux, les normes et la confiance, qui facilitent la
coordination et la cooperation, pour un benefice mutuel. Gr^ace a ce dernier, la probabilite de survenance d’asymetrie
d’information sur le marche du credit est significativement reduite (Kobou et al., 2009; Moro et Fink, 2013). Ainsi, une relation
^ d’emprunt, facilite l’acces au credit des PME et
bancaire basee sur la confiance acquise dans les relations sociales reduit le coUt
par la, reduit le montant des garanties demandes aux PME et permet d’eviter les defauts de remboursement des PME (Mazen,
2014).
A cote de ce capital social, la litterature presente plusieurs facteurs susceptibles d’influencer la structure financiere des
firmes. Ainsi, Danso-Abbeam et al. (2014) montre sur le cas des PME au Ghana que le degre d’instruction du
soumissionnaire, la fourniture d’une caution personnelle, la duree dans les affaires, la disposition d’un espace permanent
pour ses operations d’affaires et la taille de menage sont les variables qui influencent de maniere significative la
probabilite d’acces au credit des PME. De m^eme, d’autres auteurs (Olekamma et Tang, 2016; Akhabonje et Namusonge,
2016; Osano and Languitone, 2016) montrent que les ventes, la disponibilite de garantie additionnelle, le revenu
d’affaires, le niveau et la disponibilite de releve du compte bancaire ont une influence significative sur le montant de credit
debourse a la PME.
Par ailleurs, a l’instar des travaux effectues par GICAM-GTZ (2008), Taka (2009), Kobou et al. (2009), Atangana et al. (2013)
et Tsambou et al. (2015) sur les PME au Cameroun, ce travail utilise les donnees plus recentes que ces derniers pour mettre en
exergue les facteurs susceptibles d’expliquer le financement bancaire. Il analyse les determinants du financement bancaire en
fonction de differentes caracteristiques des PME et leur capital social. En s’inscrivant dans le cadre des travaux de Steijvers
(2008), cette demarche montre que les problemes informationnels rencontres par les pr^eteurs se posent differemment en fonction
de la taille et du capital social des entreprises.

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3. Methodologie
Afin de repondre a la problematique de cette recherche, la presente etude rapproche les theories de financement des organisations
et du Capital Social a l’acces au financement des PME. Les elements methodologiques presentes dans ce travail portent sur la
source des donnees, la specification du modele ainsi que les variables du modele empirique.

3.1 Source de donnees et echantillonnage

Les donnees utilisees pour cet article ont ete recueillies dans le cadre des enqu^etes effectuees en 2009 par le ministere des petites
et moyennes entreprises, de l’economie sociale et de l’artisanat (MINPMEESA) du Gouvernement camerounais et l’Agence
Japonaise de Cooperation Internationale (JICA) au nom du Gouvernement Japonais.1 L’objectif de cette enqu^ete est de mener
une etude de formulation de projet afin de comprendre la situation presente des PME et la politique de promotion des PME dans
le dit pays. Sur les 3193 PME camerounaises identifiees, 500 avaient ete enqu^etees avec un taux de reponse de 82,6% (413 PME).
La methode de sondage par quota a permis de determiner la taille de l’echantillon par region. A cet effet, trois modalites (le
secteur d’activites, la taille et la localisation geographique de la PME) ont servi de base de stratification. Pour le premier, trois
secteurs (secteur industriel 70%, secteur commercial 15% et secteur des services 15%). De m^eme, les exigences de
representativite regionale dans l’echantillon ont conduit a considerer les villes de Douala et de Yaounde comme regions a part,
compte tenu de leur forte densite en entreprises. Enfin, selon le critere de la taille, 20% des entreprises a enqu^eter proviendraient
de micro entreprises et 80% de petites et moyennes entreprises. Le questionnaire administre etait relative aux caracteristiques des
entreprises, a la production et au marche, a l’acces au financement et a la gestion globale de l’entreprise.

3.2 Specification du Modele econometrique

Afin d’enrichir ce travail et d’apporter des elements de reponses a notre problematique de base, une modelisation
econometrique s’avere indispensable. La variable « Acces au financement bancaire » etant dichotomique, il est fait usage du
modele a choix binaire.2 Ainsi, ce modele d’acces au financement bancaire a estimer est tel qu’on observe n individus (PME).
Ce qui conduit de toute evidence a l’observation d’une decision presentee par la variable Yi (acces au financement) qui peut
prendre deux valeurs (0 ou 1). L’acces au financement des PME etant la manifestation visible de la variable latente3 (yi  )
inobservable de la PME, on se ramene a conceptualiser un modele d’analyse de la variance sur cette variable latente. Nous
formulons le probleme en termes de fonction de credibilite (C) de la PME. Pour une PME i de caracteristiques Xi, l’acces au
financement est sous condition d’une certaine credibilite C(1, Xi), alors que le refus du financement est sous condition d’une
credibilite C(0, Xi). On a alors:
(
1 si C ð1; X i Þ > C ð0; X i Þ
Yi ¼ ð1Þ
0 si C ð0; X i Þ > C ð1; X i Þ

La banque choisissant la situation qui lui permet de maximiser le remboursement futur de la somme empruntee, on se ramene
au cas de la variable latente en posant:

yi ¼ C ð1; X i Þ  C ð0; X i Þ ð2Þ


8
< 1 si yi > 0
on a alors : Y i ¼ avec yi ¼ X i b þ ei ð3Þ
: 0 si yi < 0

u X i ¼ ð1 xi1 xi2    xik Þ est le vecteur des variables explicatives; b ¼ ðb0 ; b1 ; b2 ; . . . ; bk Þ le vecteur des parametres a
O
estimer; ei correspond a la realisation des evenements aleatoires. L’acces au financement etant une variable qualitative, la
probabilite que la PME i obtient un financement (Y i ¼ 1) est alors

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652 A. D. Tsambou et al.

Pi ¼ PrðY i ¼ 1Þ ¼ Prðei < X i bÞ ¼ F ðX i bÞ ð4Þ

Avec F la fonction de repartition. La solution recherchee vise a trouver la forme fonctionnelle telle que PrðY i ¼ 1Þ respecte
X
N
les proprietes ci-apres: 0 < PrðY i ¼ 1Þ < 1 et PrðY i ¼ 1Þ ¼ 1 tel que lim PrðY i ¼ 1Þ ¼ 1 et lim PrðY i ¼ 1Þ ¼ 0.
X i b!þ1 X i b!1
i¼1
En n’admettant que la fonction de repartition F ðX i bÞ est une representation de la loi logistique (modele LOGIT),4 la
probabilite pour qu’une PME i obtienne un financement bancaire depend d’un ensemble de variables explicatives representees
par le vecteur X i tel que:

expðX i bÞ 1
Pi ¼ PrðY i ¼ 1Þ ¼ FðX i bÞ ¼ ¼ ð5Þ
1 þ expðX i bÞ 1 þ expðX i bÞ

L’estimation de ce modele logit simple est effectuee selon la methode du maximum de vraisemblance.

3.3 Choix de variables

Les variables exogenes sont envisages en fonction de notre objectif. Ces variables sont presentees selon les facteurs de risque
devoiles dans le modele theorique. Pour evaluer le risque d’asymetrie d’information entre les entreprises et les bailleurs de fonds,
nous utiliserons la disponibilite de livres comptables et la qualite des informations qu’ils contiennent (Audet et al., 2009). La
garantie et les informations financieres jouent un r^ole important pour evaluer la capacite de remboursement des entreprises. Les
garanties privilegiees par les bailleurs de fonds au Cameroun sont les biens immobiliers.
Le risque commercial est approxime par la part d’exportation (St-Pierre, 2004). Une PME exportatrice peut facilement
acceder au credit bancaire. Le risque lie aux PME est evalue par la taille (Audet et al., 2009) et l’^age (Zambaldi et al., 2009) de la
PME. La taille de l’entreprise est mesuree par l’effectif de la main d’œuvre alors que l’^age appara^ıt ainsi comme vecteur de la
reputation de l’entreprise. Le risque lie au cas particulier du Cameroun est evalue par les variables suivantes: la localisation des
PME (St-Pierre, 2004), absence d’agence de garantie, financement partiel des banques. Les variables caracteristiques du capital
social portent essentiellement sur: l’appartenance a des reseaux d’affaires et associations (Kim et al., 2009), le soutien des
autorites locales pour obtenir des credits; le poids de la main d’œuvre familiale dans le personnel (Bjornskov, 2006); le poids du
chiffre d’affaires etranger et du chiffre d’affaires familial sur celui de la PME.

3.4 Quelques statistiques descriptives des variables


Cette analyse descriptive montre la forte tendance des entreprises a recourir a l’endettement bancaire. Les tests statistiques
univaries permettent d’avoir une bonne image de l’echantillon et d’identifier les relations significatives entre certaines variables
de risque et l’obtention du financement bancaire. Mais aussi, ils nous renseignent sur le phenomene complexe de financement des
PME dans la globalite et ne permettent pas de demontrer de relations causales des differentes variables qui ont un impact sur la
possibilite d’obtention de financement. C’est dans le but de comprendre les motivations d’un tel comportement que l’analyse
econometrique sera proposee.
En ce qui concerne le risque d’asymetrique d’information, la plupart des PME (86.92%) etudiees presentent regulierement leurs
etats financiers. Celles qui accedent au financement bancaire sont plus susceptibles d’avoir un livre comptable de qualite. Il existe
un differentiel d’information et de communication entre les PME et les etablissements financiers du fait que plus de la moitie (60%)
des entreprises etudiees ont un manque de communication avec les bailleurs de fonds. Le differentiel d’information est d’autant
plus profond que le livret comptable est etabli par une personne non qualifie. Ceci s’explique du fait que 30,77% des PME qui
obtiennent le financement bancaire ont les livrets comptables, alors 96,92% de ces entreprises font recours aux agents comptables
qualifies ou aux cabinets comptables pour une meilleure comptabilite de leur structure. Quant aux risques de remboursement,
95.38% des PME ayant les immobilisations sous forme de garanties obtiennent facilement un financement. Cette garantie exigee
par la banque apparait comme une incitation de l’emprunteur et permet aux banquiers de diminuer le risque de perte monetaire. Au
niveau du risque operationnel et commercial, la majorite des PME financees (70,77%) sont du secteur industriel (confer Tableau 1).

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Tenant compte du capital social des PME (la localisation, le soutien des autorites locales pour obtenir du financement et la
participation a des associations de PME), les tests pour deux dernieres variables sont tres significatifs. Ce qui demontre une
relation forte entre ces variables et l’obtention de financement bancaire. Parmi les PME qui obtiennent un financement bancaire,
88,46% sont urbaines, 93% obtiennent le soutien des autorites locales et 41,54% sont membres de differentes associations
(Tableau 1).

3.5 Analyse statistique des variables quantitatives

En observant les variables liees aux caracteristiques des PME dans le tableau 2, on se rend compte qu’en moyenne les PME
(58.46%) ont 13 ans d’^age. Les entreprises les plus jeunes ont donc un acces moindre au financement bancaire. Par contre, les
entreprises les plus anciennes obtiennent facilement un financement bancaire du fait de leur reputation, de leur historique
financier et de leur relation de long terme avec les creanciers. Ces PME constituees de tres petites entreprises (0,77%), de petites
entreprises (32,31%) et de moyennes entreprises (66,92%) ont en moyenne un effectif de 39 employes. Les plus grandes
entreprises auraient donc moins de difficulte a obtenir du financement aupres des banques par rapport aux petites entreprises. Par
rapport a la structure de propriete, les PME ayant un dirigeant proprietaire ou appartenant a une seule famille ont une decision de

Tableau 1: Analyse statistique des variables qualitatives (%) et tests statistiques univaries
Variables Designation Financement bancaire Test statistique

Oui (31.5) Non (68.5)


Risque d’asymetrie d’information
Effet comptable 1 ¼ etat financier 30.77 32.16 1.47
2 ¼ occasionnelle 64.62 51.24
3 ¼ aucun 4.62 16.61
Comptable 1 ¼ comptable d’entreprise 96.92 82.33 0.262
2 ¼ cabinet comptable 2.31 12.01
3 ¼ une personne quelconque 0.77 5.65
Risque de remboursement
Garantie 1 ¼ biens immobiliers 95.38 3.53 6.33
0 ¼ aucun 4.62 96.47
Rentabilite 1 ¼ [0; 2000] 44.62 61.13 0.418
2 ¼ [2001; 6000] 8.46 11.31
3 ¼ plus de 6000 46.92 27.56
Risque operationnel et commercial
Motif de la Demande du Credit 1 ¼ fonds d’investissement 70.77 78.45 0.408
0 ¼ fons d’exploitation 29.23 21.55
Exportation 1 ¼ exportation 25.38 27.56 0.111
0 ¼ aucune 74.62 72.44
Particularite du Cameroun
Localisation 1 ¼ urbaine 88.46 92.23 0.436
0 ¼ rurale 11.54 7.77
Attitude des banques 1 ¼ oui 43.85 36.04 0.326
0 ¼ non 56.15 63.96
Absence d’agence de garantie 1 ¼ oui 18.46 16.96 0.103
0 ¼ non 81.54 83.04
Risque lie au capital social de la PME
Soutien des autorites 1 ¼ avoir du soutien 93.08 14.84 4.345
0 ¼ aucun 6.92 85.16
Participation aux Reseaux Sociaux des PME 1 ¼ ^etre membre 41.54 20.49 1.013
0 ¼ aucune 58.46 79.51
  
p < 0.10; p < 0.05; p < 0.01.

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654 A. D. Tsambou et al.

Tableau 2: Analyse statistique des variables quantitatives et tests statistiques univaries


Variable Moyenne 
Ecart type Observation Test statistique

Age 13.39952 12.02859 413 0.0307


Taille 39.26392 65.72062 413 0.0124 
Ratio (CA etranger/CA) 10.03148 28.77915 413 0.0075
Ratio (CA familial/CA) 4.513317 17.06549 413 0.0007
Ratio (emplois familial/emplois total) 0.1150809 0.7097499 413 1.805
  
p < 0.10; p < 0.05; p < 0.01; CA ¼ chiffre d’affaires.

financement qui depend du dirigeant ou du chef de famille. Cet indicateur influence negativement l’acces au credit du fait que les
creanciers s’inquietent quant a la gestion de la firme.

4. Resultat
L’analyse multivariee a travers les coefficients de correlations entre variables explicatives permet d’examiner la question de
multi-colinearite d’une part et d’autre part, la liaison entre les differentes variables. En effet, la presence du probleme de multi-
colinearite est signe d’une redondance d’information dans le modele et deteriore sa qualite. Generalement, la solution proposee
est le retrait de la variable responsable du probleme jusqu’a ce que celui-ci disparaisse. Le test de la multi-colinearite nous amene
au constat selon lequel tous les coefficients de correlation partielle qui sont significatifs sont faibles (inferieurs a 0,5). Ceci
conduit a l’absence d’une multi-colinearite entre les variables exogenes. Vu la nature exploratoire de cette etude, nous avons
prefere une regression pas a pas avec les criteres d’entree et sortie des variables selon leur significativite. Nos resultats (tableau 3)
sont robustes selon les standards usuels.
Selon les resultats obtenus, la valeur du ratio de vraisemblance (474,49) est plus grande que la valeur de la statistique de Khi-
deux theorique au seuil de 1% (Prob > chi2 ¼ 0.0000). La valeur du pseudo-R2 de ce modele (0,9223) est assez satisfaisante et le
pourcentage de prediction du modele (97.82%) est largement superieur au seuil (50%) predefini. Ce qui signifie que le modele est
applicable et globalement significatif. L’observation des T de Student et des Prob(z) renseigne sur les variables statistiquement

pertinentes. Etant donne que les parametres du modele estime ne renseignent que sur le degre et le sens de l’evolution de la
probabilite d’acces au financement bancaire, le calcul des Odds Ratio et des effets marginaux (Thomas, 2002, p. 60) permet de
completer les resultats de l’estimation afin de capter l’amplitude de la variation des variables. Suite a ces differents tests, on
obtient les resultats presentes dans le tableau 3.

5. Discussion
Le degre d’opacite de la PME s’est avere comme facteur pertinent limitatif d’acces au credit bancaire. Ce risque d’asymetrie
d’information mesure par la disponibilite et la qualite des livres comptables a un impact positif sur l’obtention du financement
bancaire. En effet, la qualite du livret comptable produit par la PME conditionne son acces au credit bancaire. Les effets comptables
m^eme de maniere occasionnelle influencent positivement la probabilite d’acces au financement. Cette comptabilite constitue une
source importante d’information pour les partenaires externes de l’entreprise et specialement les banquiers. Ces resultats corroborent
avec ceux de Steijvers (2008) relatifs a l’acces au credit bancaire des PME belges. En plus de la qualite des documents comptables
produits par la PME, les caracteristiques de la personne etablissant ces documents jouent sur la decision de la banque. La qualite de ce
document est douteuse lorsque l’entreprise n’a pas un personnel qualifie qui s’occupe de la tenue de sa comptabilite. La plupart des
PME dans le contexte camerounais ont deux rapports financiers (un pour l’entreprise et l’autre pour l’autorite fiscal), ce qui amene les
banquiers a ne plus se fier exclusivement sur les effets comptables pour prendre une decision de credit.
Pour le risque de remboursement, la garantie a une influence positive sur la probabilite d’acces au financement bancaire. Cette
forte significativite de l’octroi de garanties pour l’acces au financement corrobore les resultats empiriques de plusieurs etudes
(Van Pham et al., 2009; Taka, 2009). Offrir un bien en garantie est une condition obligatoire chez plusieurs banquiers et cela s’est
verifie dans le contexte des PME camerounaises. Ainsi, a un seuil de significativite de 1%, une PME presentant des garanties de
remboursement de son credit a plus de chance de voir sa demande de credit acceptee qu’une entreprise sans garanties. Ces

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Financement Bancaire 655

Tableau 3: Estimation, odds ratio et effets marginaux du modele


y ¼ Pr (finance bancaire) (predict) ¼ 0.00811309
Variables Coefficient Odds Ratio dy/dx ey/ex

Risque d’asymetrie d’information


Effet comptable 5.225 185.90 0.2231 1.644
(2.687) (499.58) (0.3538) (0.850)
Comptabilite occasionnelle 5.4799 239.82 0.0855 3.0138
(2.682) (643.25) (0.1231) (1.4849)
Comptable de la PME –5.023 0.0066 –0.38765 –4.331
(5.2037) 0.0342) (1.149) (4.483)
Comptable un tiers –4.7863 0.0083 –0.00978 –0.19541
(16.983) (0.1417) (0.0124) (0.6943)
Risque de remboursement
Garantie offerte 11.4427 93219 0.9488 3.682
(2.6024) (242598) (0.0564) (0.8693)
Rentabilite 1 –3.7363 0.0238 –0.0604 –2.0728
(1.5492) (0.0369) (0.0778) (0.868)
Rentabilite 3 –4.0114 0.0181 –0.03001 –1.3391
(1.8027) (0.0326) (0.0354) (0.6094)
Risque lies aux PME
Age 0.0582 39.9 0.00046 0.7737
(0.05151) (69.64) (0.00067) (0.6869)
Taille 0.01888 1.082 0.00015 0.7355
(0.00672) (0.0068) (0.00018) (0.2667)
Risque operationnel et commercial
Motif de demande de pr^et 0.0702 1.073 0.00055 0.0529
(1.322) (1.419) (0.01017) (0.9975)
Exportation –2.3268 0.0976 –0.01356 –0.6202
(1.4108) (0.1377) (0.01721) (0.3789)
Particularite du Cameroun
Localisation –2.680 0.0685 –0.0794 –2.4202
(2.4196) (0.1658) (0.18989) (2.188)
Attitude des banques 1.9910 7.323 0.02329 0.7603
(1.108) (8.11) (0.03096) (0.426)
Agence de garantie –2.1161 0.1205 –0.01026 –0.3659
(1.498) (0.1805) (0.01356) (0.2603)
Risque lie au capital social des PME
Soutien des autorites 8.909 7402.39 0.64244 3.488
(2.4196) (17585.5) (0.2562) (0.9578)
Reseaux sociaux –5.5979 0.0037 –0.03584 –1.506
(1.9707) (0.0073) (0.04137) (0.539)
Ratio (CA etranger/ CA de la PME) 0.06396 1.06 0.00051 0.636
(0.0248) (0.0546) (0.0006) (0.2518)
Ratio (CA familial/CA de la PME) 0.0790 1.019 0.00063 0.354
(0.0357) (0.0068) (0.00076) (0.1623)
Ratio (emplois familial/emplois totale) 3.6865 1.066 0.02966 0.999
(1.7452) (0.0265) (0.03885) (0.4767)
Constante –8.1225
(5.585)
Notes: Logistic regression: Number of obs ¼ 413; LR chi2(19) ¼ s474.49; Prob > chi2 ¼ s0.0000; Log likelihood ¼ s19.9977; Pseudo R2 ¼ s0.9223;

¼ significativite,  p < 0.10;  p < 0.05;  p < 0.01; CA ¼ schiffre d’affaires; Pr(Yi ¼ 0) ¼ reference; (.) ¼ secart type

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garanties permettent aux banques de reduire significativement leur risque de pertes monetaires. Ce resultat se confirme par une
correlation positive entre l’acces au credit bancaire et la valeur de la garantie. Au-dela des garanties, la rentabilite influe
significativement au seuil de 5% sur la probabilite d’acces au credit bancaire. Ce resultat s’explique par le fait que, plus une
entreprise est rentable, plus elle s’endettera pour profiter au maximum du principe de deductibilite fiscale des charges des dettes.
De plus, une meilleure rentabilite va de pair avec une probabilite de remboursement des dettes plus elevee. Ce qui, aux yeux des
creanciers, constitue une garantie supplementaire. La significativite negative de cette variable s’explique par le fait que, les
firmes biaisent leurs resultats financiers dans l’optique d’obtenir un financement.
Concernant les risques lies aux PME, il existe une relation positive et significative au seuil de 5% entre la taille des PME
camerounaises et l’acces au financement bancaire. Ce qui montre qu’une PME qui a un grand nombre d’employes a une
probabilite plus grande d’obtenir un financement bancaire. En effet, les PME camerounaises ayant plus de 20 employes ont plus
de chance d’obtenir un financement aupres d’une banque que celles ayant moins de 5 employes. Ce premier constat rejoint les
resultats des etudes empiriques anterieures (Taka, 2009; Zidi et Djelassi, 2016). Cette taille de la PME peut ^etre non seulement
indicative de sa capacite financiere et de la disponibilite d’information, mais aussi, une taille importante entraine une bonne
organisation et une bonne gestion d’un capital important de l’entreprise.
Le risque commercial evalue par les activites d’exportation presente un impact negatif et significatif sur l’acces au financement
des PME. Certes qu’une PME exportatrice est perSc ue comme dynamique par ses partenaires externes; cependant, ses chances
d’acceder au credit bancaire sont moindre. Ceci s’explique par le fait que le circuit des operations d’exportation et la fluctuation des
cours exterieurs peuvent conduire au risque d’insolvabilite susceptible d’hypothequer le respect des engagements de credit.
Quant aux risques lies au contexte particulier du Cameroun, l’attitude passive des banques vis-a-vis des projets PME presente
un impact positif et significatif sur l’acces des PME au credit bancaire. Il est interessant de constater d’ailleurs que les banques
camerounaises ont une attitude passive au regard du financement des PME. Quelque soit la viabilite des projets, les banques ne
financent pas le montant total des besoins de financement requis. Ce montant pour certaines banques est fixe a 80% du montant
total des ressources demandees. En effet, une demande de credit appreciee a 80% par les differentes commissions de la banque a
7 fois plus de chance d’^etre financee qu’une demande ayant une appreciation moindre. En outre, si le taux d’appreciation du
projet de la PME augmente d’une unite, sa probabilite d’obtention de financement augmentera de 76% (tableau 3). En revanche,
l’absence d’un systeme officiel de garantie du credit pour completer l’insuffisance d’hypotheque presente un effet negatif et non
significatif sur l’acces au credit bancaire des PME au Cameroun. Ce resultat s’explique par l’intensification du secteur de la
microfinance, la creation de la banque des PME, la creation d’une agence pour la promotion des PME.
Pour ce qui est du capital social, l’appartenance d’une PME aux reseaux sociaux a un impact significatif au risque de 1% sur
l’acces au financement bancaire. Ainsi, appartenir a un groupe pourrait ^etre un facteur de reduction de l’asymetrie d’information
entre les entreprises et les offreurs de capitaux. Dans un contexte d’information imparfaite comme celui du Cameroun, les reseaux
^
et associations des entreprises rendent moins coUteuses les transactions economiques. Ces structures facilitent la circulation de
l’information, procurent aux banquiers des garanties personnelles plus solides, exercent des mecanismes internes de contr^ole et de
sanction aux membres. Non seulement, l’appartenance aux reseaux d’affaires offre au banquier des garanties plus solides, mais
aussi elle exerce un mecanisme d’auto surveillance sur les membres de l’association et accroit la confiance de la banque.
En outre, le soutien des autorites gouvernementales facilite l’obtention d’un financement bancaire. Cette significativite
positive s’explique par le fait que certaines banques de la place preferent se sacrifier a prendre d’enormes risques pour entretenir
de bonnes relations avec les autorites gouvernementales et poursuivre par la d’autres objectifs non financiers. En plus, le ratio du
chiffre d’affaires etranger, le ratio du chiffre d’affaire familial et le ratio du nombre d’employes familial impactent positivement
sur l’acces au financement bancaire des PME. L’integration des externes dans une PME serait un facteur de reduction de
l’asymetrie d’information vis-a-vis des offreurs de capitaux.
Les relations sociales, qui sont des indicateurs du degre de confiance entre le banquier et l’entrepreneur, ont des effets positifs
sur les conditions de credit ainsi que sur le niveau de risque qu’assument les porteurs de projet. En definitive, le capital social
ameliore significativement la probabilite d’acces de la PME camerounaise au credit bancaire en reduisant son degre d’opacite
aux yeux du banquier.

6. Conclusion
L’objectif de cette recherche etait d’identifier les facteurs explicatifs de l’acces au financement bancaire des PME
camerounaises. Il en ressort que la probabilite d’acces au financement bancaire s’accroit chez les PME etablissant regulierement

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Financement Bancaire 657

leur comptabilite et est d’autant plus croissante si ces effets financiers sont « audites » par un comptable qualifie ou par un cabinet
comptable. Ce qui permet de comprendre que les cadres bancaires ont besoin d’une information complete et parfaite pour les
aider a prendre une decision claire et d’evaluer parfaitement les caracteristiques de l’entreprise qui sollicite le credit. Cette
probabilite augmente avec la qualite de garanties offertes.
Le present travail qui contribue a l’amelioration du financement des PME camerounaises suggere conformement aux analyses
theoriques et aux resultats empiriques, les propositions suivantes: Suite au decret de la creation d’une banque specialisee au
financement des PME, il faut egalement la creation d’une institution de renforcement des capacites de la PME et la mise en place
des cabinets de consultation pour mieux renseigner les PME sur leur analyse financiere et leur plan d’investissement. La
necessite de ces propositions trouve sa justification dans les trois raisons suivantes: Premierement, les problemes de financement
de la PME que sont le financement limite, l’absence ou insuffisance d’un fonds de garantie et l’asymetrie d’information ne
peuvent pas ^etre resolus par chaque banque commerciale, car il s’agit d’une affaire de systeme financier. Deuxiemement, les
problemes de financement courant de la PME ne peuvent pas ^etre resolus en laissant jouer les mecanismes du marche comme le
preconisent les classiques. L’intervention et l’appui du gouvernement sont indispensables. Troisiemement, il faut un
developpement du marche financier qui donnera la possibilite aux PME non seulement de se financer directement sur le marche
des capitaux, mais aussi de vendre les actions ou de rechercher de nouveaux actionnaires pour se refinancer.
Les limites de ce travail sont liees a la qualite de donnees qui ne permettent pas d’etudier l’acces a la finance informelle, alors
que l’economie camerounaise est caracterisee par une forte presence des activites informelles dans tous les secteurs. Elles ne
permettent non plus d’evaluer l’acces au credit offert par les Microfinances, alors que la structure de ces dernieres propose des
conditions de credits accessibles aux agents economiques dont le credit bancaire est rationne. Cependant, dans la mesure ou la
microfinance a ete creee pour accompagner l’activite des PME compte tenu des conditions rudes imposees par les banques, quel
serait les facteurs explicatifs de l’acces au financement informel et des Microfinances?

Notes
1. Cf. MINPMEESA, Etude sur la Formulation du Plan Directeur (M/P) pour le Developpement des Petites et Moyennes
Entreprises en Republique du Cameroun (MINPMEESA, 2009), Agence Japonaise de Cooperation Internationale, Unico
International Corporation, IDD- JR-08-069.
2. La base theorique de ce modele a ete donnee par McFadden (1968) a travers une theorie de l’utilite aleatoire.
3. La variable latente est une variable non observable et representative du phenomene etudie.
4. Le choix du modele LOGIT par rapport au modele probit pouvant resoudre la question est que le Logit a l’avantage d’une plus
grande simplicite numerique et aussi parce que les estimateurs obtenus avec le modele LOGIT sont environ p/3 fois plus
grands que ceux obtenus par le modele PROBIT.

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