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CONTEXTE D’ETUDE

En Afrique, le recourt aux établissements de crédit est aujourd’hui


l’une des options incontournables pour les commerçants, petites et moyennes
entreprises et même les particuliers. Aussi variés qu’ils soient, ces
établissements offrent des services multiples adaptés aux différents contextes.

Au Cameroun, trois types de structures financières peuvent prétendre à


la qualité d’intermédiaire financier. Deux sont du secteur formel : les banques
commerciales et les établissements de microfinance. Le troisième est du
secteur informel, il s’agit des tontines qui occupent une place importante dans
le paysage financier du Cameroun. La microfinance suscite un intérêt
grandissant, elle est d’ailleurs considérée par le gouvernement comme
l’élément essentiel de la stratégie de réduction de la pauvreté. Dans son étude
consacrée à la présentation des états de lieu de la microfinance au Cameroun,
Ngafi (2006) donne les différents rôles que peut jouer le secteur de la
microfinance dans le développement de l’économie.

D’après une publication faite par le ministère des finances le 10 février


2009, Le secteur de la microfinance au Cameroun est le plus florissant de la
sous-région si l’on se tient au nombre d’établissement de microfinance. Mais,
il reste emmaillé par des zones d’ombre qui trahissent un amateurisme
rampant.

Aussi structuré qu’il soit, le secteur de la microfinance est constitué de


certaines structures évoluant sans agrément, et d’autres agrées pour l’exercice
des activités de microfinance de première catégorie. Tout ceci n’empêche pas
ces institutions de courir le risque à la réalisation des opérations dévolues aux
établissements de deuxième catégorie. Cette situation est préjudiciable à
l’image du secteur et a conduit à la fermeture de nombreux établissements de
microfinance (ongolo, 2011).
De plus, après la mise sur pied du programme permettant la réduction
de la pauvreté au travers des institutions de microfinances, l’amplification de
l’information sur les crises et faillites des établissements de microfinance se
multiplie, suscitant des inquiétudes et des doutes au niveau des promoteurs,
des bailleurs de fonds ou des autorités de supervision du secteur.

La présentation du secteur de la microfinance faite ci-dessus montre de


manière assez claire et nette que l’environnement du Cameroun est composé
d’une multitude d’établissements de microfinance. Malgré cette diversité, l’on
n’arrive pas à cerner l’impact de cette variété sur l’économie. Notre recherche
vient palier du moins partiellement aux questions relatives à ce secteur, d’où
le choix de notre thématique d’étude à savoir : « l’impact de la diversité des
établissements de microfinance sur leur efficacité sectorielle au Cameroun
».

PROBLEMATIQUE

Une institution de microfinance peut être définie comme une entreprise


financière qui doit, à terme couvrir ses dépenses et dégager une marge sans
appui extérieur pour être viable et continuer à offrir ses services (Tafsir,
2012).

Selon la banque centrale, la microfinance est une activité exercée par


une personne morale autre qu’un établissement de crédit, qui offre,
habituellement et en vue de lutter contre la pauvreté des services financiers à
une population évoluant pour l’essentiel en marge du système bancaire
traditionnel. Dans l’environnement financier du Cameroun, il existe une
multitude d’établissement de microfinance qui influencent de manière
significative le secteur.

Parlant de la diversité, le petit Larousse entrevoit la définition de la


diversité comme étant : « le caractère de ce qui est divers, varié, diffèrent ».
Dans le contexte Camerounais, le secteur de la microfinance a connu un essor
remarquable et ne s’est diversifiée qu’à partir des années 90, à la faveur de la
loi n°92/2006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux
groupes (Elouna, 2007). Cette diversité des établissements de microfinance
remet en question leur efficacité dans l’environnement économique du pays.

Ainsi, le fait que le secteur de la microfinance soit aussi diversifié fait


ressortir une notion assez importante qu’est la gouvernance. Notion qui
permet de mieux cerner l’efficacité dans le secteur. En fait, la gouvernance
n’est pas seulement un fait administratif, mais elle représente également une
dimension essentielle du développement institutionnel. Parmi les nouveaux
enjeux de la gouvernance, l’efficacité des établissements de microfinance
passe d’abord au premier plan. Cette dernière est mesurée par le taux de
remboursement, la gestion des liquidités, ou la sécurité de l’épargne.
Toutefois, l’efficacité renvoi à la fiabilité du processus de décision
opérationnelle. Au-delà de leur performance à court terme, il va s’agir de la
viabilité de ces établissements.

Selon certains observateurs, 20 à 30% seulement d’expériences actuelles


représentent une viabilité certaine ; ceci explique l’ampleur du défi de la
gouvernance des établissements du secteur. Ainsi, au fil des temps,
l’amplification de l’information sur les crises et faillite des établissements de
microfinance se multiplie, suscitant des inquiétudes et des doutes au niveau
des promoteurs, les bailleurs de fonds ou des autorités de supervision du
secteur. La gouvernance n’étant pas figée, elle prend en compte la phase de
création de croissance, de maturité, voire même de fonctionnement au
quotidien, la période de dysfonctionnement et de sortie de crise. Ces analyses
peuvent permettre d’apprécier la définition des grandes orientations des
établissements de microfinance, l’efficacité de la coordination au niveau de
leurs actions ainsi que la réactivité des établissements de microfinance et sa
capacité d’adaptation aux évolutions de leur environnement. Notre travail se
préoccupera à montrer que la diversité des établissements de microfinance
peut influencer la performance du secteur dans l’économie. Cette
problématique nécessite qu’on se pose les questions suivantes :

- La gouvernance d’une institution de microfinance influence-t-elle les


rendements que produit par celle-ci ?

- Quelles sont les options à activer par les établissements de microfinance au


Cameroun afin qu’ils soient aussi efficace que variés ?

OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

Dans le souci de répondre aux questions qu’on s’est posées, cette


recherche s’articule autour des éléments suivants :

-Analyser l’impact de la structure de gouvernance sur les établissements de


microfinance au Cameroun ;

-Analyser l’influence des risques causés par la faiblesse du dispositif de


contrôle interne sur établissements de microfinance.

INTERET DE LA RECHERCHE

Le secteur de la microfinance au Cameroun bien qu’étant constitué


d’une grande diversité doit développer une stratégie lui permettant d’avoir
une bonne efficacité afin de se démarquer dans l’économie. De ce fait, une
telle étude entraine à la fois des intérêts théorique et pratique.

Sur le plan théorique, cette étude viendra compléter celles effectuées


cette perspective surtout en améliorant l’efficacité du secteur de la
microfinance ainsi que leur gouvernance. Elle permettra aussi à comprendre
les facteurs qui expliquent le niveau de performance des établissements de
microfinance dans le contexte camerounais.
Sur le plan pratique, notre travail visera à comprendre la variété des
établissements de microfinance telle qu’elle se présente dans l’environnement
financier. Cette étude permettra aussi au public et aux potentiels lecteurs de
comprendre le fonctionnement des institutions de microfinance dans notre
environnement.

BASES D’HYPOTHESES ET HYPOTHESES DE RECHERCHE

Crée dans le but de réduire la pauvreté, les établissements de


microfinance au Cameroun réalisent plusieurs opérations avec la population
leur permettant de faire face aux différents problèmes et participent également
au développement du pays.

Les débats autour de la diversité et la gouvernance dans le secteur des


microfinance ont permis à ceux faisant partie du secteur à mieux comprendre
les enjeux liés à cette problématique. Cette préoccupation est aussi d’actualité
chez plusieurs auteurs. La microfinance doit aujourd’hui pérenniser son
activité notamment au moyen d’une gouvernance efficace (Cecile LAPENU,
2002). Ainsi, une bonne gouvernance aide un établissement à remplir sa
fonction et à gagner en efficacité tout en améliorant sa capacité à attirer les
clients et les investisseurs. Dans un tel contexte, poser la question globale de
la gouvernance du secteur, et de sa régulation nous semble particulièrement
souhaitable si on veut garantir que les acquis soient capitalisés et que les
risques et les faiblesses soient contrôlés (LABIE, 2007).

Dans la littérature sur la microfinance, le terme « gouvernance »


popularisé à partir de 1996 (Clarkson, Deck, 1996), se définit comme « le
processus utilisé par le conseil d’administration pour aider une institution à
remplir sa mission et protéger l’actif de cette institution au fil des années
(Rock et al, 1998) ». Les aspects théoriques de la gouvernance s’appuient
essentiellement sur la théorie néo-institutionnelle : la séparation entre la
gestion de l’entreprise et sa propriété entraine des conflits d’intérêt entre les
dirigeants et un actionnariat dispersé ou entre actionnaires minoritaire et
actionnaires exerçant le contrôle (LAPENU, 2002).

Au Cameroun, une étude a été menée sur l’impact des mécanismes de


gouvernance sur la performance des institutions de microfinance. A cet effet,
les données collectées en 2008 dans le cadre du projet « institutions de
microfinance au service des pauvres en Afrique centrale » ont été utilisées. Il
en ressort de cette étude qu’entre 2006 et 2008, la proportion des institutions
de microfinance situées sur la frontière de production varie entre 16,66% et
22,22%, mais le niveau d’efficacité moyen diminue entre 2006 et 2008 et est
passé de 60,37% en 2006 à 58,69% en 2008. Les analyses économétriques
montrent que la tenue d’un conseil d’administration supplémentaire augmente
de 45,29% la performance des institutions de microfinance, mesurée par leur
niveau d’efficacité (Pantaleon ESSAMA, 2012).

Nous présumons au regard des arguments avancés si haut que les


investisseurs ou actionnaires des établissements de microfinance inciter une
bonne gestion de leur affaire. De tout ce qui précède, nous pouvons formuler
l’hypothèse suivante :

H1 : L’efficacité de la microfinance est fonction de la gouvernance


pratiquée.

D’après un extrait du rapport de la commission bancaire de l’Afrique


centrale (COBAC), « le défi majeur est celui d’encadrer la croissance qui
s’accompagne d’un nombre élevé de faiblesse recensées au niveau des
établissements de microfinance en activité. (Problème de gouvernance,
gestion des risques inadaptés, absence de contrôle interne, capacité faible des
acteurs, méconnaissance des dispositifs règlementaires, etc.) ». Pour Djombi
(2013), le contrôle interne et l’audit interne jouent un rôle essentiel dans le
processus itératif de gestion des risques. En effet, malgré le fait que le secteur
de la microfinance soit composé d’une grande variété ne garantit pas une
bonne maitrise par tous acteurs.

Les institutions de microfinance doivent lier le contrôle interne à la


gestion des risques car si par le passé, la plupart des organisations
considéraient le contrôle interne comme une composante annexe, distincte des
opérations, le cadre de gestion des risques présente une nouvelle approche du
contrôle interne, supérieure car intégrée tous les niveaux de l’institution.
Ndao (2007) dans son analyse de la gestion des risques dans les institutions de
microfinance souligne que celles-ci, pour remplir leur double mission de
pérennisation et d’aide aux populations à faible revenus, doivent être dotées
d’un cadre d’évaluation des risques qui comporte deux composantes majeurs
à savoir la viabilité financière et le développement institutionnel. Pour Ndao,
l’évaluation des risques en microfinance nécessite également la prise en
compte des perspectives de développement institutionnel. Selon Campion
(2000), un système de contrôle interne efficace permet à l’institution de
microfinance d’assumer les risques de façon mesurée, tout en limitant les
mauvaises surprises et en se prémunissant contre des pertes financières
importantes. Tchakoute (2012), pour améliorer l’efficacité de la microfinance
et garantir sa contribution au développement, Servet (2005) propose de
rompre avec le mythe de la quête exclusive de l’efficacité sociale et de la
réduction de la pauvreté. L’auteur place la gestion du risque au centre des
nouveaux challenges des institutions de microfinance.

Ainsi, toutes les institutions de microfinance sont amenées


quotidiennement à prendre des décisions pour gérer l’ensemble de leur
financement afin d’atteindre une rentabilité financière et sociale stable.
Appliquée correctement, la gestion des risques renforce également la
crédibilité de l’institution de microfinance sur le marché et génère de
nouvelles opportunités de croissance. De tout ce qui précède, nous pouvons
formuler l’hypothèse suivante :

H2 : Moins les institutions de microfinance maîtrisent les textes et risques


inhérents à l’activité, grande est l’impact sur le secteur.
BIBLIOGRAPHIE

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