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sanglanler les idées du peuple de son horrible et lucratif courant de la semaine précédente par le commissaire
amusement. C'est quand le peuple a de l'énergie et un or du roi.
ganisme exalté, qu'il convient de ne pas touiller ses regards M. CHAPELIER : Je. viens, au nom de votre comité
de meurlrei volontaires , qu'il faut éloigner de ses yeux le de constitution, vous déférer une contravention aux
spectacle du sang et les tourments qu'on le forme il regar principes constitutionnels qui suppriment les corpo
der d'un u'il féi .in' el satiifiiil.
On a pu voir dans ce journal quelques lettres de M. le rations, contravention de laquelle uaissentde grands
maire à ce sujet; il y a avoué son incompétence ainsi que dangers pour l'ordre public. Plusieurs personnes
celle de la municipalilé, pour faite cesser ce désordre, la ont cherché à recréer les corporations anéanties en
M-VII • du combat du taureau étant sur le territoire de Bel- formant des assemblées d'arts et métiers , dans les
Irvillr. Celle impn s*ance n'atteindra pas le directoire ; quelles il a été nommé des présidents, des secrétai
c'est dans celle circonstance qu'il doit montrer, comme il res, des syndics et autres ofliciers. Le but de, ces as
l'a f.jt il. i il . il'.. M !;••., cet esprit d'intérêt commun, d vant semblées, qui se propagent dans le royaume, et qui
qui tout doit disparaître, même la crainte de déplaire. Le ont déjà établi entre elles des correspondances , est
peuple saura enfin reconnaître ceux qui auront veillé a son de forcer les entrepreneurs de travaux, les ci-devant
bonheur par les muyens qu'il a remis pour cela entre les maîtres, à augmenter le prix de la journée de tra
nuiiiis des dépositaires de l'autorité. vail ; d'empêcher les ouvriers et les particuliers qui
Je conclus par demander pnnliquemon! que le directoire les occupent dans leurs ateliers de faire entre eux
du département de Puris , qui a qualité pour cela, iuler-
<li r le coniliat du taureau, comme infâme, inhumain, des conventions à l'amiable ; de leur faire signer sur
cotilraire uns mœurs douces, el par conséquent à la civi- des registres l'obligation de se soumettre aux taux
I: limi et au respect de la vie des humilie*. Je prie les de la journée de travail fixé par ces assemblées, et
personnes qui pensent do tm'me d'appuyer mu demande. aux autres règlements qu'elles se permettent de
PECCHBT. faire. Ou emploie même la violence pour faire exé
cuter ces règlements ; on force les ouvriers de quit
ter leurs boutiques, lors même qu'ils sont contents
du salaire qu'ils y reçoivent; on veut dépeupler les
BULLETIN ateliers; et déjà plusieurs ateliers se sont soulevés,
et différents désordres ont été commis.
DB L'ASSEMBLÉE NATIONALE. Les premiers ouvriers qui se sont assemblés en
ont obtenu lu permission de la municipalité de Paris.
Présidence de M. Dauchy. A cet égard la municipalité parait avoir commis une
SÉANCE DU HABDI 14 JUIN. faute. Il doit sans doute être permis à tous les ci
toyens de s'assembler ; niais il ne doit pas être per
Sur le rapport fait par M. Gossiu, le décret suivant mis aux citoyens de certaines professions de s'assem
est rendu : bler pour leurs prétendus intérêts communs; il n'y
• L'Assemblée nationale , après avoir entendu le a plus de corporation dans l'Etat ; il n'y a plus que
rapport du comité de constitution , décrète ce qui l'intérêt particulier de chaque individu, et l'in
suit : térêt général. Il n'est permis à personne d'inspi
« Art. Ie'. Les pétitions des communes en change rer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les
ment dr départements, de districts ou de. cantons, séparer de la chose publique par un esprit de cor
sont renvoyées aux législatures prochaines. poration.
• If. Les limites des départements et des districts, Les assemblées dont il s'agit ont présenté, pour
telles qu'elles sont déterminées dans les procès-ver obtenir l'autorisation de la municipalité, des motifs
baux de la division du royaume, et qu'elles ont été spécieux ; elles se. sont dites destinées à procurer des
décrétées par l'Assemblée nationale , subsisteront. secours aux ouvriers de la même profession, malades
• En conséquence, lesdi tes communes continue ou sans travail ; ces caisses de secours ont paru uti
ront de faire partie des départements et districts les ; mais qu'on ne se méprenne pas sur cette asser
auxquels elles ont été unies, sauf à statuer, confor- tion : c'est à la nation, c'est aux officiers publics, en
iiiniieii I à l'instruction du mois d'août, sur les de sou nom , à fournir des travaux à ceux qui en ont
mandes en rectification de limites, appuyées de besoin pour leur existence, et des secours aux infir
l'avis des corps administratifs intéressés a ce chan mes. Les distributions particulières de secours,
gement. lorsqu'elles ne sont pas dangereuses par leur mau-
• III. L'Assemblée nationale déclare nulles et vaise administration, tendent au moins à faire renaître
comme non avenues ton (es réserves portées aux pro les corporations; elles exigent la réunion fréquente,
cès-verbaux des divisions des départements et des des individus d'une même profession, la nomination
districts, ainsi que tous arrêtés des corps administra de syndics et autres ofliciers, la formation de règle
tifs contraires à la fixation de leurs limites. ments , l'exclusion de ceux qui ne se soumettraient
• Décrète nue toutes les communautés qui au pas à ces règlements; c'est ainsi que renaîtraient les
raient pu se détacher des départements ou des dis privilèges, les maîtrises, etc., etc. Votre comité a cru
tricts dont elles dépendaient d'après ladite fixation (ju'il était instant de prévenir les progrès de ce
seront tenues de s'y réunir. désordre. Ces malheureuses Sociétés ont succédé, à
• IV. Elle déclare aussi nul et comme non avenu Paris, à une Société qui s'y était établie sous le nom
l'arrêté de l'administration du département de l'Ar- de Société des Devoirs. Ceux qui ne satisfaisaient
dèche , du 3 janvier dernier, el décrète que la ville pas aux devoirs, aux règlements de celte Société,
dr La Voûte est définitivement chef- lieu de sou étaient vexés de toutes manières. Nous avons les
canton. plus fortes raisons de croire que l'institution de ces
• V. Il sera établi des tribunaux de commerce. assemblées a été stimulée dans l'esprit des ouvriers,
dans les villes •de Chaumout, département de la moins dans le but de faire augmenter, par leur coa
Haute Marne , Brignoles, Versailles et Orbec ; les li lition , le salaire de la journée de travail, que dans
mites de celui établi à Orbec sont celles déterminées l'intention secrète de fomenter des troubles.
par l'arrêté de l'administration du Calvados du 1er Il faut donc remonter au principe que c'est aux
du courant.* conventions libres, d'individu à individu, à fixer la
— Sur le rapport de. M. Gouttes, évoque d'Autan, journée pour chaque ouvrier ; c'est ensuite à l'ou
l'Assemblée continue les liquidations Tuiles, dans le vrier à maintenir la convention qu'il a faite avec
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celui qui l'occupe. Sans examiner quel doit être rai naient quelque menace contre les entrepreneurs, ar
sonnablement le salaire de la journée du travail, et tisans, ouvriers ou journaliers étrangers qui vien
avouant seulement qu'il devait être un peu plus draient travailler dans le lieu, ou contre ceux quise
considérable qu'il ne l'est à présent (on murmure), contentent d'un salaire inférieur, tous auteurs, insti
et ce que je dis là est extrêmement vrai , car dans gateurs et signataires des actes ou écrits seront punis
une nation libre les salaires doivent être assez con d'une amende de 1,000 livres chacun, et de trois
sidérables pour que celui qui les reçoit soit hors de mois de prison.
cette dépendance absolue que produit la privation • VII. Si la liberté individuelle des entrepreneurs
des besoins de première nécessité, et qui est presque et ouvriers était attaquée par des menaces ou des vio
celle de l'esclavage ; c'est ainsi que les ouvriers an lences de la part de ces coalitions , les auteurs des
glais sont payés davantage que les français; je di violences seront poursuivis comme perturbateurs du
sais donc que, sans fixer ici le taux précis de la repos public.
journée de travail , taux qui doit dépendre des con « VIII. Les attroupements d'ouvriers qui auraient
ventions librement faites entre les particuliers, le pour but de gêner la liberté que la constitution ac
comité de constitution avait cru indispensable de corde au travail de l'industrie, et de s'opposer à des
TOUS soumettre le projet de décret suivant, qui a règlements de police ou à l'exécution de jugements
pour objet de prévenir tant les coalitions que forme en celte manière, seront regardés comme attroupe
raient les ouvriers pour faire augmenter le prix de ments séditieux, et punis en conséquence. •
la journée de travail, que celles que formeraient les M. L'ABBE "* : Je demande que l'article qui dé
entrepreneurs pour le faire diminuer. fend aux Sociétés des personnes de la même profes
«Art. 1". L'anéantissement de toutes espèces de sion de se donner des présidents, et de prendre des
corporations de citoyens de même état et profession délibérations, soit étendu à toutes les Sociétés quel
étant l'une des bases fondamentales de la constitu conques (on murmure), et j'insiste sur mon amen
tion française, il est défendu de les rétablir de lait, dement.
sous quelque prétexte et sous quelque forme que ce Plvsieurt membret de la gauche : Et nous insis
soit. tons.
• II. Les citoyens de même état ou profession, M. CHABROUD : Je demande que l'opinant soit rap
entrepreneurs, ceux qui ont boutique ouverte, les pelé à l'ordre, ou du moins que l'Assemblée passe
ouvriers et compagnons d'un art quelconque , ne sur-le-champ à l'ordre du jour.
pourront . lorsqu'ils se trouveront ensemble , se L'Assemblée passe à l'ordre du jour.
nommer de président ni secrétaire ou syndic, tenir M. BIAUZAT : J'ai la même opinion que le comité
des registres, pr mire des arrêtés ou délibérations, sur le fond du projet de décret ; mais je crois conve
former des règlements sur leurs prétendus intérêts nable que l'Assemblée se donne le temps de la ré
communs. flexion. Je ne veux pas proposer un ajournement qui
• III. Il est interdit à tous corps administratifs ou pourrait avoir des inconvénients , mais un renvoi à
municipaux de recevoir aucune Adresse ou pétition la séance de demain matin. A la simple lecture qui
sous la dénomination d'un état ou profession, d'y vientd'être faite, je crois entrevoir quelque discor
l'aire aucune réponse; et il leur est enjoint de dé dance entre l'arlicle qui interdit des assemblées de
clarer nulles les délibérations qui pourraient être personnes qui se trouveraient avoir la même profes
prises de cette manière, et de veiller soigneusement sion, et les décrets constitutionnels sur la liberté de
à ce qu'il ue leur soit donné aucune suite ni exécu tenir des assemblées.
tion. L'Assemblée décide que le projet sera mis en déli
« IV. Si, contre les principes de la liberté et de la bération article, par article.
constitution, des citoyens attachés aux niêrnes pro M. BIAUZAT : Je voudrais que la corporation des
fessions, arts et métiers, prenaient des délibérations, ci-devant procureurs au Chàtelet fût nominative
faisaient entre eux des conventions tendant à refuser ment comprise dans le décret ; celle corporation
de concert ou à n'accorder qu'à un prix déterminé tient fréquemment des assemblées ; elle a arrêté que
le secours de leur industrie ou de leurs travaux, lès- ses membres demanderont respectivement des re
dites délibérations, accompagnées ou non de ser mises, les présents pour les absents, et non pour les
ment, sontdéclarées inconstitutionnelles et attenta autres avoués qui n'ont pas fait partie de leur cor
toires à lu liberté et à la Déclaration des Droits de poration ; elle a arrêté de ne pas admettre les autres
l'Homme, et de nul efl'rt; les corps administratifs et avoués, qui n'ont pas été procureurs, à faire des en
municipaux sont tenus de les déclarer telles; les chères dans le cas de vente par licitatiou et sur saisie
auteurs, chefs et instigateurs qui les auront provo réelle.
quées, rédigées ou présidées, seront cités devant le M. CHAPELIER : Le décret comprenant les corpo
tribunal de police, à la requête du procureur de la rations de toute profession, il s'étend aux ci-devant
commune, et condamnés en 500 livres d'amende, et procureurs comme aux autres corporations.
suspendus pendant un an de l'exercice de tous leurs M. BIAUZAT : Je demande que mon observation et
droits de citoyens actifs, et de l'entrée dans les as la réponse de M. le rapporteur soient consignées
semblées. dans le procès-verbal.
• V. 11 est défendu à tous corps administratifs et H. MARTINEAU : Quelles sont les preuves de celle
municipaux, à peine par leurs membres d'en répon assertion ? Pouvez-vous faire une loi sur un fait qui
dre en leur propre nom , d'employer, admettre ou n'est pas prouvé, sur un fait même qui ne peut l'être?
souffrir qu'on admette aux ouvrages de leurs pro Car comment saurez-vous que deux procureurs ont
fessions, dans aucuns travaux publics , ceux des fait entre eux la convention secrète de, ne point de
entrepreneurs, ouvriers et compagnons qui provo mander de remise pour les avoués étrangers à leur
queraient ou signeraient lesdites délibérations ou corporation ? Pourrez-vous les forcer de rendre ser
conventions, si ce n'est dans le cas où, de leur vice à des gens qu'ils ne connaissent pas?
propre mouvement, ils se seraient présentés nu M. ButzAT : J'ai chez moi, nous avons journelle
greffe, du tribunal de police pour les rétracter ou les ment sous les yeux des affiches imprimées, dans
désavouer. lesquelles il est dit que les enchères ne seront re
• VI. Si lesdites délibérations ou conventions, affi çues que par des avoués ci-devaut procureurs au
chées ou distribuées par lettres circulaires, conte Châlelet.
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M. LAVIE : Au lieu de parlements, nousavo.ns des l'Assemblée, je vais lui montrer comment les deux
juges de districts. Cependant les ci-devant procu comités ont subdivisé leur travail. Je ne répondrai
reurs continuent à exiger le même salaire, les mêmes pas aux soupçons du préopinant ; car certes il serait
droits qu'auparavant. Je demande que l'on arrête trop étrange qu'on recueillît dans les journaux des
cette déprédation des anciens corbeaux de la jus assertions dénuées de tout fondement, pour accuser
tice.. .. les projets et les intentions de vos comités; et il est
M. CHABROOT» : 11 s'agit ici d'une contravention à très-notoire que les journaux ne s'attachent qu'à ca
la loi ; il est étonnant que les corps administratifs et lomnier sans cesse et les membres de cette Assemblée
les tribunaux ne l'aient pas encore réprimée. L'ex et les comités, et que, dès qu'ils peuvent rencontrer
clusion des nouveaux avoués du droit de faire des un sujet de troubles et d'agitation , ils le saisissent
enchères est un délit du ressort des tribunaux, qui avec empressement.
doit être pris eu considération par les officiers char Voici donc comment se sont conduits vos comités
gés du ministère public. Je demande donc que l'on de constitution et de révision. Ils ont divisé leur tra
passe à l'ordre du jour. vail en trois parties. 1» Ils se proposent de faire une
L'Assemblée passe à l'ordre du jour. charte constitutionnelle dans laquelle ils rédigeront,
Les différents articles proposés par M. Chapelier en un petit nombre d'articles fondamentaux , les
sont successivement mis aux voix et décrétés. bases de votre constitution : en réduisant ainsi ces
M. JALET, curé de Noyon : On a vu l'année der articles en un petit nombre, vous laisserez une plus
nière, dans les campagnes, une foule d'attroupe grande latitude aux législatures, vous augmenterez
ments séditieux ayant pour objet, après la moisson, le nombre de ceux dont vos successeurs pourrontcor-
de fuire augmenter le prix de la coupe, des blés. On riger les imperfections. 2° Nous vous présenterons
a vu de ces journaliers pousser l'atrocité jusqu'à quelques projets de lois constitutionnelles ou régle
descendre un vieillard , un père de famille, dans un mentaires, nécessaires, soit pour compléter l'orga
puits, le menaçant de l'y noyer s'il ne souscrivait nisation sociale, soit pour donner de l'activité an
un salaire double ou triple de celui dont on était gouvernement. 3° Enfin , nous examinerons si, par
convenu avant la moisson. Je demande que chaque mi vos décrets purement réglementaires, et j'insiste
commune s'assemble au !<••' juillet pour taxer (on sur ce mot, si, parmi vos décrets purement provisoi
murmure) les moissons , et que les moissonneurs res, il n'en est pas quelques-uns dont il serait de
soient mandés à cette assemblée pour convenir du votre devoir de corriger les imperfections, ou même
prix avec les propriétaires. de prononcer l'abrogation. Quant aux bases de notre
M. PESMBUNIERS : La rédaction de la loi que le travail, nous avons pensé que son objet fondamen
préopinanl vous propose n'est pas aussi facile qu'il tal devait être de laisser aux législatures la plus
le pense. Le comité de constitution vous présentera, grande latitude, et de renfermer les bases de votre
après que vous a urez terminé le code pénal, un code constitution dans une charte constitutionnelle, plus
municipal et un code de police correctionnelle. Le capable que des décrets isolés de résister aux ora
comité d'agriculture et de commerce s'est aussi oc ges, aux troubles qui pourront encore suivre la ré
cupé, de concert avec le comité de constitution, des volution. Nous avons pensé que, pour être resserrés
moyens de réprimer les désordres qui ont eu lieu dans cette charte, plusieurs de ces décrets exige
l'année dernière dans le temps des moissons; ces raient une rédact on nouvelle; mais que, quant à la
moyens font partie d'un plan général de police ru la substance, ils devaient rester les mêmes, quelque
rale qui va être livré ,'; l'impression. Peut-être, re forme qu'il lui nécessaire de leur donner. Enfin vos
lativement aux moissons dans les départements du comités, espérant toujours que vous pourrez ache
Nord, pourra-t-on rendre un décret provisoire ayant ver vos travaux avant même que toutes les élec
pour objet de prévenir les désordres dont on vient tions soient terminées, me chargent de vous prier de
de parler. Je demande que M. le président soit chargé vous occuper incessamment, et de vous occuper
d'écrire sur-le-champ a M. le rapporteur chargé de sans relâche, de différents travaux constitutionnels
ce travail , pour sa voir s'il peut le détacher du tra qui vous restent à faire. (On applaudit.)
vail général de la police rurale et correctionnelle, et M. FERMON : Les instructions pour les colonies,
que sur le surplus on passe à l'ordre du jour. préparées dans votre comité colonial, ont été exa
M. SAINT-MARTIN : Je m'étonne que le comité de minées et discutées avec le plus grand soin dans vos
révision ne vous rende pas compte, comme vous comités de constitution , d'agriculture et de com
l'en aviez chargé, de son travail sur la révision ; il merce, et de marine; ils y ont fait les corrections
est cependant important de savoir si le bruit qui se qu'exigeaient les principes de votre constitution
répand, que le comité de révision doit vous faire et vos derniers décrets sur les colonies. Le résultat
renverser ton te la constitution, a quelque fondement. de leur travail est un plan de constitution adapté à
Je demande qu'il soit enjoint à ce comité de se ren la colonie principale, celle de Saint-Domingue, et
fermer exactement dans la besogne qui lui a été dans lequel il n'y aura rien à changer pour les au
confiée. tres colonies que le nombre des établissements, etc.
M. DESMEONIEHS : L'Assemblée a désiré connaître M. Fernion commence la lecture de l'instruction.
le point où sont parvenus en ce moment les comités M. DUPORT : La lecture de ce projet , composé de
de constitution et de révision dans le travail dont ils trois cents articles, sera très- longue, très-fatigante
sont conjointement chargés. J'observe d'abord que et peu fructueuse. Il me semble qu'il serait plus utile
ce travail n'est pas de nature à être aussi prompte- qu avant d'être mis en discussion il fût livré à l'im
ment tiTininé que le préopinant se l'imagine. Avant pression.
que vous fassiez la revision de vos décrets, il vous M. FERMON : L'Assemblée nous avait ordonné de
reste encore beaucoup de choses à terminer : après lui présenter aujourd'hui cette instruction comme
le code pénal vous aurez a vous occuper du code extrêmement urgente; et, en effet, les commissaires
municipal, du code de la police correctionnelle, des dont vous avez décrété depuis longtemps l'envoi
conventions nationales, du complément de l'organi dans les colonies ne sont pas encore parti*, parce
sation du pouvoir exécutif, etc... Le comité de, con qu'ils attendent des instructions, et que celles-ci,
stitution est prêt à donner la dernière main à ces qui feront voir aux colonies que l'Assemblée natio
projets; il se livrera ensuite entièrement au travail nale s'occupe de leur constitution , sont les meilleu
de lu révision. Mais, pour satisfaire l'impatience de res dont on puisse les charger. Je crois doue qu'où
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ne saurait mettre trop de célérité dans l'envoi de l'envoi sans les avoir réfléchies, prenez garde qu'elles
ces instructions. n'y aient une influence très- dangereuse, qu'un seul
M. TRACY : Le dernier décret de l'Assemblée sur article mal rédigé n'y répande un germe de troubles.
les colonies ayant paru devoir être suivi d'une ins- Enlin , je ne sais ce que c'est que d'envoyer des com
truction.et cette instruction ayant éprouvé beaucoup mentaires de décrets sans les examiner.
de lenteurs iluns sa confection, le même membre vous M. DESMEUNIERS : II ne s'agit pas ici de commen
d t que le plan de constitution était la meilleure ins- taires de décrets ; il s'agit uniquement de savoir si
truciiuii qui' l'on pûtenvoyer; cependant l'Assemblée vous autoriserez vos comités à envoyer dans les co
en jugea autrement, et décréta l'envoi de l'instruc lonies les éclaircissements qu'ils croient nécessaires
tion présentée pur M. Dupont. Pourquoi cette instruc pour leur indiquer la manière dont elles doivent sa
tion n'esl-elle pas encore envoyée? Pourquoi, dans voir s'occuper de dresser un plan de constitution ;
les bureaux du ministère comme dans vos comités, car enfin elles auront à s'occuper de matières entiè
fait-on toujours la même réponse : le plan de constitu rement inconnues jusqu'ici, par exemple de savoir
tion est la meilleure instruction. Pourquoi s'oppose- comment s'exercera le pouvoir législatif, l'autorité
t-on à l'envoi des décrets, et surtout» l'envoi des forces administrative ; quelle y sera l'action du pouvoir
qui doivent en assurer l'exécution ? Espère-t-on de exécutif, et autres questions sur lesquelles les petites
faire rétrograder l'Assemblée nationale? Je demande colonies ont besoin qu'on leur donne des éclaircis
que l'on n'attende pas pour le départ des commissai sements et des définitions pour les mettre à même
res, et pour l'envoi des décrets qu'ils doivent porter d'exprimer leur opinion. Je demande donc. M. le
dans les colonies, la discussion, qui peut être très- président , que vous consultiez l'Assemblée pour sa
longue , de (instruction que l'on vous présente au voir si elle veut entendre la lecture de l'instruction.
jourd'hui. L'Assemblée décide que l'instruction sera lue.
Et d'abord, c'est une très- grande question que de M. Fermon continue cette lecture.
savoir si, ayant donné l'initiative exclusive aux as M. PÉTiON : 11 n'y a que ceux qui ont participé à
sembles coloniales, nous devons leur faire un plan la rédaction de ces instructions qui puissent y don
de constitution ; 2° si dans tous les cas vous devez ner leur adhésion ; car, pour nous, nous ne les con
admettre l'article III qu'on vous présente, lequel naissons pas. Je suppose que les colonies les admet
suppose que les colonies auront des représentants tent telles qu'elles sont rédigées. L'Assemblée se
dans l'Assemblée nationale, ou si elles ne doivent trouvera engagée, puisqu'on aura adopté son propre
pas plutôt avoir un chargé d'afliiires auprès d'elles, ouvrage. On y dit bien que les hommes de couleur
et avoir des corps législatifs particuliers, dont les sont citoyens actifs; mais on n'y dit pas qu'ils sont
actes seraient soumis à la sanction de l'Assemblée éligibles. Je demande donc qu'alin de savoir à quoi
nationale. Avant de vous jeter dans cet immense ces instructions nous engagent, elles soient impri
travail, que peut-être les affaires de France ne nous mées et discutées.
permettent pas d'entreprendre, je demande qu'on M. L'ABBÉ GRÉGOIRE : II est impossible d'envoyer
ordonne le départ des commissaires avec les décrets aux colonies...
tt les instructions dont vous les avez déjà chargés. M. LAVIS : Vous perdrez les colonies, monsieur,
M. MONTLOSIER: En vérité, les instructions que par vos discours, par vos écrits. (La majorité de la
M. Fermon vous présente ne peuvent être soumises partie gauche rappelle à grands cris M. Lavie à
aux débats, puisque les députés des colonies ne sont l'ordre.)
pas ici. M. L'ABBÉ GRÉGOIRE : Je n'ai jamais prêché aux
M. DESMEimiERS : Les deux préopinants ne com colonies que la soumission à la métropole. ; je ne MÛ
prennent évidemment pas la question. 1° Les dé pas si les colons en font autan!; mais je demande
putés des colonies ont tous concouru à la rédaction qu'on compulse les lettres de M. Gouy d'Arcy, et
de ces instructions; on a admis aux conférences de on verra de quelle manière il semble leur faire ses
vos comités même les membres de la ci-devant as adieux. Quant à moi , voici comment je m'exprime
semblée de Saint- Marc. 2° L'anlé-préopinanta com dans une des lettres que je leur adresse...
mis une erreur de fait également grave ; il n'est pas • Soyez religieusement soumis aux lois, inspirrz-
question ici de rien décréter, nuis seulement d'au en l'amour à vos enfants : comme leurs cœurs seront
toriser voscomités à envoyer une instruction comme émus, lorsqu'en les conduisant sur le rivage vous
simple mémoire; cette instruction est nécessaire, leur direz : • Par-delà ces parages est la mère-patrie;
surtout pour éclairer les petites colonies; c'est, je le c'est de là que sont arrivés choz nous la justice et le
répète, un simple projet de constitution, que les co bonheur ; vivez pour l'aimer, et, s'il le faut, uiourex
lonies suivront ou ne suivront pas, mais qui ne vous pour la défendre ! • (On applaudit.)
engage pas, puisque ce n'est pas un décret que vous La mesure proposée par M. Pétion entraînerait
rendez, mais un simple mémoire instructif dont vous trop de longueurs : je demande donc simplement que
ordonnerez l'envoi dans les colonies. Vous pourrez le ministre fasse exécuter les décrets, sur sa respon
même, sans approuver l'instruction en elle-même, sabilité.
approuver qu'elle soit envoyée dans les colonies. M. MALOUET : Je crains qu'il ne soit fâcheux pour
Quant à l;i question de savoir si les colonies au les colonies d'avoir éprouvé le zèle apostolique du
ront des représentants dans l'Assemblée nationale préopinant. (Il s'élève des murmures.) L'Assemblée
législative de France, ou si, eomnie les colonies an ne se trouve embarrassée que parce qu'elle a inter
glaises, elles auront des corps législatifs particuliers, verti la marche qu'elle s'était prescrite, et que main
il serait facile de supprimer des instructions tout ce tenant elle ne suit quel parti prendre. On vous a
qui paraîtrait la préjuger, si toutefois elle peut être parlé du zèle de la ville de. Bordeaux pour l'exécu
préjugée par des instructions qui, avec la mesure tion île votre décret; mais il fait maintenant le déses
que j'indique, ne vous engagent à rien du tout. poir de celte ville, et il est probable que personne
M. TRACY : Je demande ce que seroul des instruc ne se présentera pour en assurer l'exécution.
tions que vous ne discuterez et que vous ne décréte M. PÉTION : Le préopinant n'a sans doute pas con
rez pas. Il n'y a qu'une manière pour cette Assemblée naissance d'une nouvelle Adresse de Bordeaux, dans
de faire des actes quelconques : c'est de les réfléchir; laquelle on insiste sur la nécessité de prendre des
car enlin ces instructions auront dans les colonies mesures.
une iiiflueuc: iinclcomuic ; si TOUS eu approuvez M. MALOUET : Tous ceux qui, dans lecomité colo-
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niai , ont un avis éclairé", ont pensé que le travail propre) est pris ici pour synonyme de ressemblant. Ce ne
que vous a lu M. Fermon pouvait être utile aux co sont pas deux frères qui se ressemblent, mais un oncle et
lonies; mais ils ont été divisés sur le danger qu'il y un ni-veu. Le jeune homme, qui vient d'avoir une aflaire
avait d'en entendre la lecture. Je. demande dune que & son régiment, imagine de se cacher 1 l'a > is, cl, pour être
moins reconnu, de prendre le co>lume de son oncle, au»
l'Assemblée nationale décrète qu'après avoir enten quel il ressemble infiniujeni:sa sœur elle-même y est trom
du, sans en délibérer, le plan de constitution pré pée. Il arrive a propos; car la fille de sou oncle, sa cou
senté par son comité colonial, elle a approuvé que sine, dont il est éperduuient amoureux, va être obligée
ce plan soit envoyé auxcoloniescomme instruction, d'en épouser u n autre. Son \alel lui inspire l'idée de pro
pour y être fait par elles telles modifications qu'il fiter de son extrême ressemblance avec son oncle pour
appartiendra. rompre lemariage. 11 Teint que le jeune prétendu esl mort,
Après quelques débats, l'Assemblée adopte le pro et il entend un aveu bien flallcur pour lui de la pari de sa
jet de décret présenté par M. Fermon. jeune cousine. Ce plan est loul à coup dérangé par l'arri
vée de l'oncle et du prétendu véritable. Les méprises aux
La séance est levée à trois heures et demie. quelles la ici ciiibl.ince donne lieu produisent des scènes
donl la pluparl sonl très comiques. Nous ne les suivrons
pas : ce serait en détruire tout l'effet pour ceux qui n'ont
pas encore vu l'ouvrage.
THÉÂTRE ITALIEN. Quelques r6les ont été fort bien joués, mais en général
la pièce a manqué d'ensemble a la première représen
On a dontié avec succès , lundi dernier, & ce théâtre, tation. Molgré ce désavantage, qui sans doute n'aura
Adélaïde tt Minai. Dans le premier acte de celte pièce, pas lieu aux repré-enlationssuivanles, l'ouvrage a été fort
qui ferait à lui seul une pit'Ce fort jolie, Mirval, jeune applaudi. Ou en a demandé l'auleur a grands cris. Un ac
soldat qui quille son pajs por l'impuissance de se venger teur a nommé M. Picard, qui a déjà donné à ce théâtre
«l'un onirage que u : i de lui faire injuslemenlson coin- le Budiuage dangereux, et qui a eu le bon e- MI il de ne pas
mandant, Mirval •<• Irouve à portée de secourir Adélaïde paraître.
et de lui sauver la vie. Son père, louché de re service,
accueille Mirtal avec lotîtes sortes île bontés, et le prend
chez lui. Les deux jeune* gens se prennent bientôt d'une
Tiie passion l'un pour l'autre, mats .'ans oser se le dire. LIVRES NOUVEAUX.
Le père, qui voit naître cet amour, le favorise, et a pris
ce jour pour le couronner. Il a (oui préparé pour une fête Découvertes des Français en 1 768 el 1 769 dam le tud-eit
dont les jeune.s gens même ignorent le motif. Il voudrait de la Îfonvetltj-Guiiièe, et reconnaissances postérieures des
les amener à lui avouer leur amour, mais la timidité les mêmes terres pardes navigateurs angUisqui leur ont imposé
en empêche l'un et l'autre; il leur fait une petite niche de nouvcaui noms, précédées de l'abrégé historique des na
paternelle, pour les punir de celle dissimulation : il feint vigations et des découvertes anciennes des Espagnols dan*
de donner sa fille à un homme titré, et cVsl par la douleur les mêmes parages; par M"*, ancien capitaine de vaisseau.
qui- relie nouvelle cause aux deux amants qu'il leur arra
che leur secret. Lr caractère de ce père, et les scènes qu'il Trot, Rutulusvefuat, reddere cuique tuum.
produit, nui d'un détail infiniment agréable. A Taris, de l'imprimerie royale, 1790. Un vol. in-!" de
La ville où se passe la scène est sur les frontières de la 529 pages, avec neuf caries et trois planrhes de figures.
France, fille est assiégée, et l'armée française s'en empare Se Tend à Paris, chez MM. Firmin Didol, libraires, rue
pendant la fêle im me. Le commandant doit loger chez le Dauphine , n° 116; Bossange et compagnie , libraires-com
père d'Adélaïde; c'est l'ancien commandant de Mirval. Le missionnaires, rue des Noyers, n° 33; Dezauches, géographe
moyen par lequel il esl reconnu, et le reste de la pièce, du roi, chargé de l'entrepôt général des cartes de la marine,
ainsi que le dénouaient, ressemblent tout à fait au Dé- rue des Nu.ve.rs; et à Amsterdam, chez MM. D.-J. Changuion
scrteuf, drame de M. Mercier. L'auteur du drame, et el Gabriel Uulour, libraires. Pris : 1C bv., broché.
M. Panât, auteur de In pièce lyrique, revendiquent tous Le désir de restituer à ta nation française des découverte!
deux l'idée de cette pièce. Nou< ignorons à qui en appar qui lui appartiennent, cl que les Anglais paraîtraient vou
tient la priorité. Celle-ci contient des détails sur la subor loir s'approprier, a donné lieu à cet ouvrage, qui, sous co
dination, sur les sentimenlsqui doivent animer les soldats, rapport, peut être con-idcré comme un ouvrage patriotique.
qui ne pouvaient paraître plus à propos sur la scène. Une circonstance pariiculicre y ajoute un intérêt de plus :
La musique, en général, a été applaudie. Elle rst de c'est vers les parages situés dans le sud-est de la Nouvelle-
M. Trial le fils, très-jeune romp< siteur. On a demandé les Guinée que M. Lapeyrouse , jaloux de perfectionner les dé
auteurs avec beaucoup d'instance. M. Trial père est venu couvertes de ses compatriotes, a dû diriger sa course, en
tlirr que « son (ils, pénéiré des bomés du public, n'avait quittant l'établissement des Anglais à Botany-Bay, sur la
pas eu la foice de paraître devant lui, et s'elail relire. D cote orientale de la Nouvelle-Hollande. C'est là que les bâ
Cela esl fort poli ; mais la vérité est que le public, à qui timents qui vont être expédiés à sa recherche peuvent espé
rer d'en avoir ronnaissance.
«in anlrur ne livre que son talent, n'a pas le droit de lui Dans le nombre des voyages anciens et moderne* qui com
demander sa figure. Dan.s un pays lihre on n'esl pas plus posent cette collection, on distingue particulièrement celui
l'enclave du peuple que d'un roi. Voilà ce qu'il faudrait de SnrviHc, dont il n'avait été donné, en 1783, qu'un eitrait
avoir le courage de dire ; mais le peuple n'est pas encore fort succinct. La relation qu'on en publie, tirée des journaux
en état d'entendre celle vérité. manuscrits originaux , doit fixer l'opinion publique sur une
découverte qui n'est pas assez connue, et qui sans doute mé
rite de l'être, puisque lotit s'accorde à prouver que les Iles
trouvées en partie par M. Bougainville en 1768, et en plus
THÉÂTRE DE MONSIEUR. grande partie par Surville eu 1769, dans le sud-est de la
Nouvelle-Guinée , sont les fameuses ilcs de Salomon , décou
vertes par l'Espagnol Mendana en 1567.
La petite pièce intitulée Encore des Méneclimfi offre L'auteur a puisé dans les sources originales tout ce qu'il t
beaucoup d'inienlions comiques el de situations fort gaies. rapporté des .mcicnnes navigations, et il s'est attaché a Ira-
L'auleur est tri s-jeune : on dit qu'il n'a pat plus de dix- dn re litiéralemenl le réeil des particularités qui peuvent
huit ans; on s'en aperçoit un peu au défaut d'nrl qui règne donner lieu à des rapprochements qui acquièrent de l'intérêt
quelquefois dans la cunletture; mais à la pMté, à la viva- lorsque des voyageurs anciens traitent des mêmes objets qui
cilë du dialogue, a l'iimigiiwiion dont les détails sont rem ont filé l'aiienlion des voyageurs modernes. Ces rapproche
plis, au mérite réel d'un gi ami nombre de scènes, on voit ments sont précieux pour le philosophe , el offrent un champ
que l'auteur est né pour l'art dramatique, et qu'avec un vaste à ses méditations. C'est par eux qu'il peut suivre U
peu d'étude de la scr ne il est fait pour aller luiu dans cette marche •! l'esprit humain, mesurer le progrès des connais
carrière et pour s'y distinguer. sances, apprécier le changement qui s'est opéré depuis deux
Le t L de Ménecbnies (qui dans l'origine i-t un nom siècles dans la manière de voir des Européens, et di>l nguer

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