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Le gouvernement a pris un arrêté limitant l’éclairage en pleine nuit pour lutter contre la pollution
lumineuse, qui continue de progresser.
« On est satisfaits, car c’est un texte que l’on attend depuis sept ans », se réjouit Anne-Marie
Ducroux, présidente de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement
nocturnes (ANPCEN), l’une des trois associations à avoir attaqué l’État. Mais l’arrêté, dont la
plupart des dispositions n’entreront pas en vigueur avant 2021, n’est pas suffisant pour
l’ANPCEN. « Sur l’éclairage public, il est trop modeste à notre goût », précise sa présidente.
D’autant que, selon le décompte de l’association, 12 000 communes pratiquent déjà une
extinction totale ou partielle de leur éclairage public au creux de la nuit. Et l’opinion semble
prête, puisque 79 % des Français se disent favorables à la réduction de la durée d’éclairement
des rues en pleine nuit, selon un sondage OpinionWay pour l’ANPCEN*.
La pollution lumineuse est un sujet préoccupant pour les scientifiques, car la lumière artificielle
émise la nuit par l’homme déstabilise les cycles naturels de lumière sur lesquels se reposent de
nombreux êtres vivants. Les animaux de nuit deviennent aussi plus visibles de leurs prédateurs,
et donc plus vulnérables.
Et la situation ne s’arrange pas. Une étude publiée en 2017 dans la revue Science Advances
montre que l’intensité lumineuse a augmenté de 2,2 % par an en moyenne dans le monde
entre 2012 et 2016. Résultat : à cause de la pollution lumineuse, un tiers de la population
mondiale ne voit jamais la Voie lactée, dont 60 % des Européens, selon l’Atlas mondial de la
pollution lumineuse 2016.
Si la pollution lumineuse progresse, c’est en partie à cause des Led. Cela semble paradoxal,
puisque ces ampoules sont censées être meilleures pour l’environnement. En réalité, elles
permettent de réduire la consommation énergétique et la facture de l’éclairage, mais elles sont
bien plus puissantes que les anciennes ampoules et émettent donc plus de lumière. En parallèle,
la baisse du coût de l’éclairage a poussé à multiplier la quantité de sources lumineuses, notent
les chercheurs de l’étude de 2017.
« Les led sont un sujet d’inquiétude depuis plusieurs années pour l’ANPCEN, indique Anne-
Marie Ducroux, on sait que ça a un impact sur le vivant. » Des inquiétudes confirmées
en 2017 par une étude de l’Insern menée sur des rats : la lumière bleue émise par les led, plus
blanches que les ampoules à incandescence jaune-orangé, a endommagé leurs rétines. « Par
principe de précaution, ces données appellent à une prochaine génération d’ampoules
domestiques, dans laquelle la proportion de lumière bleue serait réduite », écrivent les
chercheurs.