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Saisie par une association de commerçants au sujet de la mendicité agressive pratiquée par les
sans abris, la maire de la commune a pris un arrêté ministériel interdisant la mendicité sur
l’ensemble de la commune durant les deux mois de la période estivale.
Une conférence doit se tenir dans la commune, la libraire de cette commune a invité un
polémiste ayant été condamné à de multiples reprises pour provocation à la discrimination et à
la haine par les juridictions pénales pour ses propos qu’il a pu tenir lors de ses précédentes
conférences.
A n de répondre aux questions du maire, il conviendra, d’une part, de se prononcer sur les
chances de succès de l’action engagée par l’association contre la délibération du conseil
municipal (I) avant de s’intéresser à la légalité de l’arrêté pris par la maire concernant
l’interdiction de mendicité durant une certaine période (II). Dans un troisième temps nous
nous pencherons sur la légalité de l’interdiction de la tenue de la conférence dans la commune
(III) puis en n dans un dernier temps sera évoqué la licéité de l’arrêté interdisant l’installation
de l’antenne de téléphonie mobile (IV).
En droit, pour que qu’un recours porté par une association soit recevable devant le
Conseil d’Etat, cette association doit justi er d’un intérêt à agir. En e fet, au travers d’un arrêt
rendu en 19061, le Conseil d’Etat reconnait que des groupements tels que des associations
peuvent faire des recours pour excès de pouvoir dès lors que cet acte soit lèse les intérêts
collectifs défendu par le groupement, soit lèse les intérêts individuels des membres de ce
groupement. Cela permet donc au groupement de faire des recours contre des actes qui lèsent
l’objet social du groupement, ou alors qui lèse l’un des membres de ce groupement.
En droit, la loi du 5 avis 1884 institue comme organe délibérant, le conseil municipal
qui adopte des délibérations, mais également un organe exécutif qu’est le maire, chargé de
l’application des décisions du conseil municipal. Concernant le pouvoir de police générale du
maire, cela est institué par l’article L. 132 du code de la sécurité intérieure qui dispose que « le
maire concourt par son pouvoir de police à l'exercice des missions de sécurité publique et de
prévention de la délinquance ». Son pouvoir est également énoncé dans le code général des
collectivités territoriales qui dispose que : « Le maire est chargé, sous le contrôle administratif
du représentant de l'Etat dans le département, de la police municipale, de la police rurale et de
l'exécution des actes de l'Etat qui y sont relatifs »2. Cette police municipale est complétée par
l’article suivant, qui expose les missions qui doivent être assurées par elle3.
En conclusion, la requête posée par l’association aurait pu obtenir une réponse favorable
devant le juge administratif. Nonobstant, le fait que ce système s’e fectue sous la supervision de
la police administrative vient remettre en cause la réponse apportée par le juge, qui pourrait
ainsi se prononcer en faveur de la délibération du conseil municipal et ainsi rejeter le pourvoi
formé par l’association.
II. Sur l’arrêté interdisant la mendicité sur l’ensemble de la commune durant la période
estivale
En l’espèce, la situation présentée ici correspond aux faits présenté dans l’arrêt Association
pour la promotion de l’image et autres. En e fet, il s’agit de la prise d’un arrêté interdisant
durant les deux mois de la période estivale la mendicité sur l’ensemble de la commune. Cet
arrêté a été pris dans un contexte où la mendicité est pratiquée de manière agressive par
certains sans domicile xe dans le quartier piéton de la ville. Ainsi, dans cette perspective, a n
de ne pas faire fuir les touristes dans cette ville, l’arrêté a été pris. Cet arrêté est légal d’une part
car il assurera la sécurité, la tranquillité ainsi que la commodité des touristes en période
d’a ux touristique, c'est-à-dire pendant les vacances estivales. D’autre part, cet arrêté est légal
car est posé un cadre spatio-temporel par la maire. En e fet, cet arrêté est du point de vue
spatial limité à l’ensemble de la commune où se produise ces pratiques agressives de mendicité,
du point de vue temporel, cet arrêté ne sera e fectif uniquement durant les deux mois de la
En l’espèce, les faits présentés ici semblent correspondre à ceux énoncés par l’arrêt
rendu par le Conseil d’Etat en 2014 contre Dieudonné. En e fet, ici, il s’agit d’un polémiste qui
a précédemment été condamné à plusieurs reprises pour provocation à la discrimination et à la
13CE Ass., 26 octobre 2011, Commune de Saint Denis, Commune de Pennes-Mirabeau et Commune de
Bordeaux
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spéciale conférés aux autorités de l’Etat, adopter sur le territoire de la commune une
réglementation portant sur l’implantation des antennes relais de téléphonie mobile et destinée à
protéger le public contre les e fets des ondes émises par ces antennes ». Dans un second temps, il
rappelle que le principe de précaution énoncé à l’article 5 de la charte de l’environnement,
principe constitutionnel, est applicable à toute autorité publique mais ne permet pas au maire
d’excéder son champ de compétence et d’intervenir en dehors de ses domaines d’attributions.
En l’espèce, il s’agit d’une maire qui souhaite interdire l’installation d’une antenne de
téléphonie mobile près d’une école due aux potentielles ondes qu’elle pourrait émettre. De
prime abord, on pourrait penser que la maire exerce simplement son pouvoir de police
générale conféré par le code général des collectivités territoriales. Cependant, les faits énoncés
dans le cas d’espèce semble être similaires à l’arrêt énoncé ci-dessus. En e fet, il s’agit
d’interdire une installation de téléphonie mobile. Les faits énoncés sont également similaires
dans le sens où cette antenne émettrait des ondes, ce qui pourrait être nocif pour la santé des
habitants de la ville. En n, cette interdiction est fondée sur le principe de précaution énoncé
par l’article 5 de la charte de l’environnement, principe selon lequel les autorités publiques
doivent mettre en oeuvre des mesures provisoires et proportionnées a n d’empêcher les
conséquences du dommage qui pourrait se produire. En l’espèce, les conséquences des ondes
émises peuvent correspondre à des cancers qui résulterait de l’exposition prolongée auxdites
ondes. Ainsi, en se référant aux arrêts rendus par le Conseil d’Etat le 26 octobre 2011, la maire
semble excéder son champ de compétence prévu par les articles L. 2212-1 et L. 2212-2 du code
général des collectivités territoriales. En e fet, prendre cet arrêté le peut être que de la
compétence de la police spéciale, à savoir le ministre chargé des communications électronique
ainsi que ARCEP et ANFR.
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