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La police administrative
Le principe général est que «La police est exercée, pour l’ensemble du territoire national,
par le Premier ministre» (Georges Dupuis, Marie-José Guédon, Patrice Chrétien : Droit
Administratif, Armand Collin). Le ministre de l’Intérieur joue également un rôle essentiel en
la matière bien qu’il ne dispose pas, comme tous les ministres, de pouvoir réglementaire en ce
domaine sauf en cas de textes lui en conférant expressément. Les préfets ont également un
rôle essentiel, en tant que responsable de l’ordre public à l’intérieur du département. Enfin,
dans les communes où la police n’est pas étatisée, les maires disposent d’un pouvoir propre
extrêmement étendu.
JURISPRUDENCE :
Les faits :
Le 24 mai 1901 le maire de Néris-les-Bains a, par un arrêté municipal, interdit d’une
manière absolue les jeux d’argent dans tous les lieux de sa commune. Le préfet de l’Allier
s’est fondé sur un arrêté préfectoral du 8 août 1893 (édictant cette prohibition dans toutes les
communes du département) ainsi que sur l’art. 4 du décret du 24 juin 1806 (laissant au
ministre de l’Intérieur la possibilité d’autoriser de telles activités dans les stations thermales)
pour annuler l’arrêté.
Procédure :
Annulation de l’arrêté municipal du 24 mai 1901
Recours pour excès de pouvoir devant le C.E. qui à son tour annule la décision du préfet.
Problème de droit :
Un maire peut-il appliquer à sa commune des mesures de police plus strictes que celles
imposées par le préfet ?
Solution :
D’une part, l’art. 99 de la loi du 5 avril 1884 autorise le préfet à faire des règlements de
police municipale pour toutes les communes du département, or aucune disposition n’interdit
au maire d’une de ces communes de prendre sur le même objet, pour sa commune, des
mesures plus rigoureuses.
D’autre part, le décret du 24 juin 1806 a été abrogé tant par le code pénal que par la loi du
18 juillet 1836, selon son art. 10, depuis le 1er janv. 1838 les jeux publics sont prohibés
définitivement.
Portée :
«Cet arrêt est tout d’abord intéressant en ce qu’il pose le principe que le maire peut
aggraver, pour sa commune, les mesures de police prises par le préfet pour toutes les
communes du département : ce principe devait être consacré avec plus de force encore par
l’arrêt Labonne du 18 août 1919. Mais la fortune de cet arrêt est due surtout à ce qu’il a admis
que le maire est recevable à attaquer, par la voie du recours pour excès de pouvoir, une
décision prise par le préfet agissant en tant qu’autorité de tutelle et annulant un acte du
requérant.» GAJA n°10 p.59
Les faits :
Par un arrêté municipal en date du 2 mars 1949 le maire de Montauban a soumis l’exercice
de la profession de photographe sur la voie publique à une autorisation.
Procédure :
Le sieur Daudignac a exercé un recours en excès de pouvoir contre la décision du maire,
recours accueilli par le CE qui a annulé l’arrêté du 2 mars 1949
Problème de droit :
Un maire peut-il, pour des raisons d’ordre public, restreindre la liberté de l’industrie et du
commerce ?
Solution :
Le maire qui tient de l’art. 97 de la loi du 5 avril 1884 la pouvoir de prendre les mesures
nécessaires pour remédier aux inconvénients que ce mode d’exercice de la profession de
photographe peut représenter pour la circulation et l’ordre public ne saurait sans méconnaître
la loi du 16 juillet 1912 porter atteinte à la liberté de l’industrie et du commerce en
subordonnant l’exercice de cette profession à l’obtention d’une autorité préalable.
Portée :
«L’arrêt énonce fermement la liberté de l’industrie et du commerce garantie par la loi…»
GAJA n°75 p. 461