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TD6 DA S1 STEVEN.docx
La police administrative concerne surtout les préfets et les maires, à l’échelle locale, le droit
administratif va se concentrer sur la PAG au niveau national.
Il y a la PAS car il arrive (souvent) que la PAG ne soit pas suffisante mais la PAG intervient plus car
elle est locale, donc spécifique aux territoires, plus adaptée…
Commune avec police étatisé, communes de -20k hab avec des tensions
particulières(comparable aux plus grandes villes), le pouvoir de police est partagé entre le
préfet(atteintes à la tranquillité publique, maintien du bon ordre en cas de rassemblement et le
rest revient au maire )
8. CE Sect., 18 décembre 1959, Soc. « Les films Lutetia », n° 36385, Rec. p. 693, au GAJA
Le maire peut aller plus loins que la PAS, où un réalisateur a fait un film sur un adultère , ce
dernier allait être projeté dans la commune, le maire l’interdit, car circonstances locales
particulière où le maire peut interdir la projection d’un film au vu des circonstances locales
particulières
9. CE Ass., 24 juin 1960, Soc. Frampar et soc. France éditions et publications, n° 42289, Rec.
p. 412, au GAJA
11. CE, 12 novembre 1997, Ministre de l’Intérieur c. Ass. « Communauté tibétaine en France et
ses amis », n° 169295
13. CE, Sect., 30 juin 2000, Association Promouvoir, n° 222194, Rec. p. 267
14. CE, ord., 5 janvier 2007, Ministre de l’Intérieur c. Ass. « Solidarité des Français », n° 300311
16. CE, ord., 9 janvier 2014, Soc. « Les productions de la Plume » et M. M’Bala M’Bala, n°
374508
17. CE, ord., 30 septembre 2015, Ministre de la Culture et Soc. Wild Bunch, n°392461
20. CE, ord., 26 août 2016, Ligue de droits de l’Homme et Collectif contre l’islamophobie en
France, n° 402742
22. CE, ord., 23 octobre 2020, M. Cassia et Ass. de défense des libertés constitutionnelles, n°
445430
Décision section 11 mai 1951 Consort Baud, des policiers entrent dans un café en poursuivant
des malfaiteurs, M. Baud prend peur et s’enfuit, un policier le prend pour un malfaiteur et le
blesse ce qui le tue. Le CE a estimé que l’opération était une action de police judiciaire car la
police venait appréhender des malfrats .
Décision société Frampar et société France édition et publication 24 juin 1960, le préfet d’Alger
ordonne la saisie de numéros du journal France soir, dans son arrêté il vise le Code instruction
criminelle(code pénal), le CE considère que la mission a pour objet d’empêcher la parution
des journées et no d’empêcher des crimes ou délit, ainsi il s’agit de mesure de police
administrative même si utilise un code normalement utilisé par la PJ. L’autorité ne peut décider
dans le cadre de la police, c’est une dimension objective cette distinction.
Mompellier 2016: la prévention est une atteinte aux liberté f, c’est l’exception, ce n’est pas la
règle
Document 22 : CE, ord., 23 octobre 2020, M. Cassia et Ass. de défense des libertés
constitutionnelles, n° 445430
Ils soutiennent que : - la condition d'urgence est remplie dès lors que le décret contesté:
-en premier lieu, ne produira des effets que pour une durée maximale d'un mois. Cela justifie
quoi, quel est le lien entre la condition d’urgence et la durée de la mesure?,
-en deuxième lieu, préjudicie de manière suffisamment grave à leur situation ou aux intérêts
qu'ils entendent défendre
-en dernier lieu, porte une atteinte grave et multiple aux libertés fondamentales :Ce n’est pas
proportionnel ou nécessaire car en premier lieu il est porté une atteinte grave et manifestement
illégale à la liberté personnelle, à la liberté d'entreprendre, à la liberté de réunion, à la liberté
d'association, à la liberté d'aller et venir et au droit à une vie familiale normale ;
Et en second lieu - le décret contesté n'est ni nécessaire ni proportionné à l'objectif de lutte
contre l'épidémie de covid-19 dès lors que, d'une part, aucune donnée scientifique, ni même
l'avis du 22 octobre 2020 du Conseil scientifique, ne permet d'établir l'efficacité d'imposer un
couvre-feu entre 21 heures et 6 heures, eu égard notamment à la faible densité de personnes
présentes dans l'espace public dans ces horaires lors des mois d'octobre et de novembre et à
l'absence d'appréciation des circonstances locales justifiant de telles restrictions dans certains
départements désignés, sans aucune modulation possible par le préfet de département, d'autre
part, les interdictions de circulation qu'il pose peuvent avoir un effet contreproductif en ce
qu'elles pourraient conduire à des phénomènes de concentration des activités à d'autres
horaires et contribuer à une augmentation des rassemblements nocturnes dans des domiciles
privés et, enfin, un tel couvre-feu ne pourrait être regardé comme strictement proportionné qu'à
partir de 22 voire 23 heures et en dessous d'une période de 6 semaines.
Par un mémoire en défense, enregistré le 19 octobre 2020, le ministre des solidarités et de la
santé conclut au rejet de la requête. Il soutient qu'il n'est porté aucune atteinte grave et
manifestement illégale à une liberté fondamentale.
Par un mémoire en intervention, enregistré le 19 octobre 2020, la société Maison Rostang
demande que le Conseil d'Etat fasse droit aux conclusions de la requête. Elle soutient que son
intervention est recevable et s'associe aux moyens de la requête.
Par un mémoire en intervention et un mémoire complémentaire, enregistrés le 20 octobre
2020, Mme K... L..., M. C... G..., Mme J... B..., M. I... E... et M. F... H... demandent que le
Conseil d'Etat fasse droit aux conclusions la requête. Ils soutiennent que leur intervention est
recevable et s'associent aux moyens de la requête.
Par un mémoire, enregistré le 20 octobre 2020, la société Maison Rostang déclare se désister
purement et simplement de l'intervention qu'elle a formée au soutien de la requête de M. D... et
autre.
ORDONNE:
Article 1er : Il est donné acte du désistement de l'intervention de la société Maison Rostang.
Article 2 : L'intervention de Mme L..., de M. G..., de Mme B..., de M. E... et de M. H... est
admise. Article 3 : La requête de M.A... D... et de l'ADELICO est rejetée.
C) Les référés d’urgence
Il y a l’idée que les requérants veuillent rapidement une décision fusse-t-elle provisoire. On peut
illustrer l’affaire Benjamin, où le CE annulait le refus d’autoriser une réunion, il annulait le 19 mai 1933
alors que la décision de refus contester avait été prise par le maire le 11 mars 1930, on est dans le
registre de l’annulation platonique.
La loi du 30 juin 2000 à créer divers procédés d’urgence ou n’étant pas conditionné par l’urgence selon
les procédés. Le juge des référés est un juge statuant seul mais qui peut en cas de difficulté importante
ou lorsque la nature de l’affaire le justifie renvoyer l’affaire à une formation collégiale (article L.511-2
du code de justice administrative). En matière de référé la procédure est souvent allégée pouvant dans
certains cas aller jusqu’à laisser une très large part à l’oralité pourtant exclu dans les autres domaines. Il
existe un référé précontractuel et un référé contractuel ou un référé instruction. Un référé provision
qui n’est pas un référé d’’urgence qui autorise le juge à donner un versement immédiat d’une somme
d’argent « lorsque l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable ». Il arrive que cette
provision soit suffisante pour que le requérant n’est pas d’intérêt à saisir le juge au fond qui, s’il ait saisi,
fixe définitivement (article R.541 1° du CJA) 3 procédures de référés les plus fréquemment mise en
œuvre.
1) Le référé suspension
Il est régi par les articles L.521 1° et suivants du CJA, il permet en cas de recours au fond contre un acte,
il permet au juge d’ordonner la suspension des effets de l’acte contesté. Ce juge des référés se
prononcent dans les meilleurs délais (15 jours maximum).
Cette condition d’urgence s’apprécie de manière objective et global. Le juge met dans la balance
l’intérêt général existant à exécuter l’acte immédiatement et l’intérêt du requérant à obtenir la
suspension (arrêt de section, 28 février 2001, préfet des Alpes-Maritimes). Contrairement à ce que
prévoyait les procédures antérieures à 2000, l’urgence peut justifier une suspension même si en cas
d’annulation les effets de l’acte pouvaient être effacé par une réparation pécuniaire (arrêt
confédération nationale des radios libre).
Si ces conditions sont réunies, le juge peut ordonner la suspension donc il n’est pas tenu, il peut
considérer qu’il n’y a pas eu lieu de suspendre. S’il décide de suspendre il peut modifier les effets de la
suspension dans le temps ou sa portée. Par exemple, il ne peut décider de suspendre que certains
effets de la décision et pas d’autre, il peut décider de suspendre des décisions de rejet. Le candidat a un
concours peut être admis à se présenter, plutôt le juge suspendra la décision de refuser l’admissibilité à
concourir d’un candidat à un concours. Quitte à ce qu’ils apparaissent in fine qu’il ne remplissait pas les
conditions requises pour se présenter au concours (arrêt de section, 20 décembre 2000, Ouataa). Cette
ordonnance de provision est une ordonnance provisoire, au sens qu’elle ne tranche pas définitivement
le litige qui sera trancher par le juge du fond. Ces ordonnances de suspension sont rendues en premier
et dernier ressort et lorsqu’elles sont l’œuvre du tribunal administratif, elles ne peuvent faire l’objet
que d’un recours en cassation devant le CE.
2) Référé liberté
En effet, le référé suspension se borne à suspendre temporairement les effets de la décision. Le juge n’a
pas d’autres pouvoirs. Les requérants avant la réforme des référés de 2000 pouvaient avoir la tentation
avant d’aller chercher chez le juge judiciaire, la satisfaction de leurs intérêts du moins lorsqu’était en
cause une liberté laissant prise à la qualification de voie de fait. C’est en parti pour cela, que l’article
L.521-2 du CJA prévoit depuis 2000 que « saisi d’une demande justifiée par l’urgence, le juge des
référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde des libertés fondamentales à
laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion de
service public aurait porté dans l’exercice de l’un de ces pouvoirs une atteinte grave et manifestement
illégale ». Le juge des référés se prononce dans un délai de 48h.
Contrairement au référé suspension, il n’y a pas besoin d’un premier recours au fond. Le référé liberté
peut être un recours autonome. En revanche, il y a une condition d’urgence qui s’apprécie plus
strictement que le référé suspension mais le juge le fait toujours en mettant en balance les droits et
intérêts du requérant et les nécessités de l’intérêt général mais il prend en compte le bref délai qu’il a
pour statuer. Il peut ainsi lui arriver de refuser d’agir, dire que l’urgence n’est pas constituée parce
qu’une mesure sous 48h n’est pas nécessaire. Il faut choisir le bon moment pour déposer ce référé
d’urgence.
Il faut une atteinte à la liberté fondamentale, liberté d’expression et de communication, liberté d’aller
et venir, droit d’asile, droit de propriété, droit des enfants handicapés à la scolarisation, liberté
syndicale, droit de grève. Il faut une liberté fondamentale violé par l’administration pour prospérer le
référé liberté.
Il faut que l’atteinte soit grave et manifestement illégale. On est plus dans le doute du référé
suspension, on est dans l’illégalité caractérisée (arrêt 19 août 2002, institut de formation des élus
locaux). C’est le cas en cas de droit au respect de la vie lorsque « l’action ou la carence de l’autorité
publique créer un danger caractérisé imminent pour la vie des personnes » (arrêt CE, 16 novembre
2011, ville de Paris). Il statue dans un délai de 48h en principe. Le juge peut édicter
toutes mesures nécessaires à la sauvegarde de la liberté en cause. La seule limite à son pouvoir est qu’il
ne peut annuler l’acte qui est une chose réservée au juge du fond mais il peut suspendre l’acte, il peut
adresser des injonctions de faire ou de ne pas faire à l’administration. On notera que l’administration
admet lorsqu’une mesure provisoire est insuffisante à garantir la liberté atteinte que le juge prononce
une mesure définitive (arrêt 31 mai 2007, syndicat CFDT interco 28). Ces ordonnances de liberté référée
rendu par les tribunaux administratifs sont susceptibles d’un appel en CE qui statue dans un délai de
48h.
Le juge peut prendre tout autre mesure utile selon le texte, il peut s’agir de mesures provisoires
probatoires consistant notamment en des injonctions y compris à l’égard de personnes privées. Il arrive
qu’une administration saisisse le juge référé des mesures utiles pour qu’il prononce l’injonction à un
occupant sans titre du domaine public de quitter ce domaine public. Autre mesure utile renvoie aux
articles L.521 1° et L.521 2° donc au référé suspension, au référé liberté. Autrement dit, le référé
mesures utiles à un caractère subsidiaire et ne peut être utilisé que si on ne peut atteindre le même
résultat par la voie des référés suspension ou liberté. Ces ordonnances de référé mesures utiles ne
peuvent faire l’objet que d’un recours en cassation, il n’y a pas d’un appel en la matière.
Plus précisément le CE met en balance plusieurs éléments, comme l’intensité, la réalité des
menaces pesant sur l’ordre public, s’il n’y en a pas par définition la mesure de police est
toujours illégale. Le juge se place au jour où l’autorité de police a statué. Le fait que la mesure
ait en réalité inutile ne suffit pas à la rendre illégale, l’autorité devra l’abroger car elle serait
illégale pour l’avenir. ADAPTEE
D’autre part le juge s’interroge sur l’importance de la liberté en cause et sur l’atteinte qui est
portée, notamment les interdiction de circulation. PROPORTIONNEL
Enfin le juge met en balance les deux aspects, la protection de l’ordre et la liberté et
détermine non si la mesure prise est juridique possible mais si elle est l’unique mesure
nécessaire, proportionnée qui assure le meilleur équilibre entre l’ordre et la liberté. Lorsque
l’intervention est justifiée la mesure qu’elle prend doit être la moins liberticide, elle n’a donc
pas le choix entre plusieurs mesures légales (décision Abbé Olivier CE 19 février 1909 un
maire avait pris un arrêté interdisant toute manifestation religieuse sur la voie publique,
notamment pour les enterrements).NECESSAIRE
Ces principes de mise en balance de la liberté et de l’ordre ont été systématisé par la JP
récente, le triple test de proportionnalité pour être légale une mesure doit être adaptée,
nécessaire et proportionné au sens strict. C’est une technique allemande intégrée ensuite dans
la JP constitutionnelle française dans une décision 21 février 2008. Cette méthode a été adoptée
par le CE dans un domaine spécifique (CE 26 octobre 2011 Association promotion image et
autres), avant d’être pleinement appliqué d’abord dans les ordonnances Dieudonné et dans des
recours au fond (CE 9 novembre 2015 association générale contre le racisme et le respect de
l’identité française et chrétienne).
- CE Arrêt 19 mai 1933 Benjamin GAJA – M. Benjamin, conférencier souhaite tenir une
réunion publique pour discuter de comiques Courteline et Sacha Guitry, des instituteurs
annoncent qu’ils s’opposeront à cette conférence car l’organisateur avait sali le personnel
de l’enseignement laïque, le maire embarrassé interdit la conférence et sa décision est
annulée car le maire aurait pu maintenir l’ordre par d’autres mesures.
- Certains maires ont mis des couvre-feux pour mineurs et le juge a pu admettre la
légalité de ces couvre feux en vérifiant leur strict nécessité et proportionnalité (CE
ordonnance de référé 9 juillet 2001 préfet du Loiret / CE 27 juillet 2001 commune
d’Etampes). Dans ces cas le couvre-feu doit être justifié par l’existence de risques
particuliers liés à la sécurité des mineurs, mais aussi des autres habitants face aux
mineurs, et à la tranquillité publique. Le couvre-feu doit être proportionné et le juge
admet ce type de couvre-feu lorsqu’ils sont limités dans le temps, à certaine partie de
l’année, dans l’espace, à certaines personnes.
- L’interdiction totale peut être admise, par exemple dans l’affaire Morsang sur Orge
même si c’était la mesure la plus restrictive car c’était la seule mesure appropriée
pour protéger la dignité en cause.
La période actuelle est marquée par de nombreuses mesures de police générale et spéciale
visant à agir sans le cadre de la crise sanitaire et notamment le port du masque et la fermeture des
établissements recevant du public, comme les salles de sport (CE 16 octobre 2020) et dans le
contentieux du couvre-feu (ordonnance du 23 octobre 2020). Plusieurs ordonnances de référés
du CE ont eu à statuer sur des mesures prises par les préfets et souvent l’administration a
été fort dans les obligations posées. Spontanément on pourrait se demander si les mesures
prises ne sont pas trop générales et absolues et donc disproportionnées. Le CE par une
tendance inaugurée par deux ordonnances du juge des référés du 6 septembre 2020 a considéré
que « le caractère proportionné d’une mesure de police s’apprécie nécessairement en tenant
compte de ses conséquences pour les personnes concernées et de son caractère approprié pour
atteindre le but d’intérêt général poursuivi. Sa simplicité et sa lisibilité, nécessaires à sa bonne
connaissance et à sa correcte application par les personnes auxquelles elle s’adresse, sont un
élément de son effectivité qui doivent, à ce titre, être prises en considération ». La simplicité et
la lisibilité des mesures de police peuvent conduire à une légère disproportion.
D- L’état d’urgence sanitaire
Enfin, il existe l’état d’urgence sanitaire, un régime récent de 2020. Lorsque les premières
mesures ont été prises dans le cadre du Covid 19, ce régime n’existait seules quelques
dispositions prévoyait une police administrative spéciale en cas d’épidémies (L.3131 CSP).
Cet article était flou mais il a permis la mise en quarantaine lors de rapatriements. Ce régime
était insuffisant a été modifié et s’est additionné un mécanisme d’état d’urgence sanitaire
que l’on trouve à l’article L3131-12 et s. CSP issu d’une loi du 23 mars 2020.
C’est un régime distinct de l’état d’urgence classique. Il ne peut être prorogé au-delà d’un
mois que par la loi et après l’avis d’un comité scientifique.
#8 11. Il résulte de ce qui a été dit ci-dessus que contrairement à ce qui est
soutenu, eu égard à la nette aggravation de la crise sanitaire, tout
particulièrement dans certaines zones à forte densité de population, et alors que
les mesures instituées sur le fondement de la loi du 9 juillet 2020 n'ont pas été en
mesure d'empêcher la reprise de l'épidémie et que, à l'inverse, l'adoption en
mars dernier, dans le département de la Guyane, d'une mesure analogue de
couvre-feu semble avoir montré son efficacité pour freiner la transmission de
l'épidémie, le prononcé d'une mesure d'interdiction des déplacements des
personnes hors de leur lieu de résidence entre 21 heures et 6 heures du matin,
rendu possible par l'article 51 du décret du 16 octobre 2020 uniquement aux fins
de lutter contre la propagation du virus et dans des zones préalablement
identifiées par les autorités préfectorales dont le département est mentionné en
annexe 2 du décret, est une mesure qui, en l'état de l'instruction, n'est pas
manifestement injustifiée par la situation sanitaire spécifique qui prévaut dans le
champ géographique délimité où elle est rendue possible.
#9 12. Une telle mesure, qui est en outre assortie de nombreuses dérogations,
prévues par l'article 51 du décret, correspondant à des déplacements
indispensables notamment aux besoins familiaux ou de santé, qui est
nécessairement limitée dans le temps, ne pouvant être instituée que pendant
l'état d'urgence sanitaire, qui ne peut être prononcé par décret que pour une
durée d'un mois et ne peut être prorogé au-delà de cette durée que par la loi, et
qui, en tout état de cause, revêt un caractère moins restrictif qu'un confinement,
est une mesure qui, en l'état de l'instruction, ne peut être regardée comme étant
manifestement dépourvue de caractère nécessaire.
14. Par suite, et dès lors que les libertés fondamentales invoquées doivent être
conciliées avec les autres libertés fondamentales, parmi lesquelles figure le droit
au respect de la vie, les requérants ne sont pas fondés à soutenir que la mesure
prévue par l'article 51 du décret du 16 octobre 2020 porterait une atteinte
manifestement illégale à ces libertés fondamentales.
C’est cet article 5 du décret qui est attaqué par l’association de défense des libertés
constitutionnelles (ADELICO) et des tiers devant le juge des référés du Conseil Constitutionnel
afin d’obtenir la suspension pure et dure du décret, ou, à titre subsidiaire de certaines de ses
dispositions.
L’ADELICO et les tiers attaquent cet article avec pour moyen que les conditions posé par
l’article L521-1 du code de justice administrative sont respecté:
-la condition d’urgence est remplie car le décret sera effectif pendant un mois
-il porte gravement atteinte aux intérêts porté et/ou défendu par les requérants
-ces intérêts sont des libertés fondamentales.
Sur l'atteinte aux libertés fondamentales: le Premier Ministre a porté une atteinte “grave et
manifestement illégale” à différentes libertés (d’entreprendre, d’aller et venir, de réunion…) en
empêchant une partie de la population de sortir de 21h à 6h du matin ce pendant un mois car
ce n’était “ni nécessaire ni proportionné” au but qui était d’endiguer la pandémie car:
-il n’y a aucune preuve qu’un tel couvre feu pourrait avoir un effet positif sur la situation
sanitaire.
-Surtout qu’il n’y a que peu de personne à ces horaires en début d’hivers et que cela pousserait
la population à sortir avant le couvre feu, entraînant une densification des activités sur une plus
courte période, donc plus de personnes en contactes, sans oublier que ça pousserait les
personnes à se rencontrer dans leurs habitations, en huis clos.
-Aussi que les préfets ne peuvent adapter les couvre feu aux circonstances locales
-Et enfin, l’association considère que le couvre feu, pour qu’il soit proportionné, ne doit pas avoir
lieu avant 22h ou même 23h.
Par un arrêt d’ordonnance du 23 octobre 2020, le juge des référés du Conseil d’Etat répond:
-par l’affirmative à la première question en rappelant ce que prévoit l’article du code de justice
administrative, la question doit avoir un caractère urgent justifiant une décision prise sous 48h,
elle doit montrer un atteinte grave et manifestement illégale aux droits libertés fondamentales.
Or en l’espèce, le décret prive totalement de libertés diverses, dont celle d’aller et venir, les
administrés d’un territoire et ce chaque jours pendant une période donnée. Et ce décret est déjà
applicable.
-par la négative à la seconde question au motif que au vu du contexte, le décret est adapté
notamment parce que ce genre de mesure à déjà marché en Guyane; il est nécessaire, le
Ministre n’allant pas trop loin puisqu'il y a des dispenses prévues, que c’est limité à un mois et
que c’est allégé par rapport à un confinement tel que la France l’a déjà connu durant cette crise;
et proportionné, notamment parce que le décret doit être lisible par la population, et par
exemple, une absence d’adaptation possible en fonction des circonstances locales aide à la
lisibilité car uniformise le régime.
Par cet arrêt, le Conseil d’Etat autorise ce décret, ce couvre-feu malgré la quantité de liberté
qu’il viole et la force avec lequel il le fait. C’est en fait la question de la hiérarchie des normes
qui se pose ici, le décret n’est valable que parce qu’il la respecte suffisamment pour ne pas
justifier une suspension par le juge des référés.
Il la respecte parce qu’il est pris dans un contexte particulier (I), et qu’il sait s’adapter aux
circonstances afin d’être suffisamment équilibré (II)
1. L. 521-2 du code de justice administrative : " Saisi d'une demande en ce sens justifiée par
l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une
liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit
privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté, dans l'exercice d'un de ses pouvoirs,
une atteinte grave et manifestement illégale. Le juge des référés se prononce dans un délai de
quarante-huit heures ".
→Dans ce cadre, par un décret n° 2020-1262 du 16 octobre 2020, le Premier ministre a prescrit
de nouvelles mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19. En
particulier, le I de l'article 51 de ce décret prévoit que " I. - Dans les départements mentionnés à
l'annexe 2, le préfet de département interdit, dans les zones qu'il définit, aux seules fins de
lutter contre la propagation du virus, les déplacements de personnes hors de leur lieu de
résidence entre 21 heures et 6 heures du matin à l'exception des déplacements pour les motifs
suivants, en évitant tout regroupement de personnes : 1° Déplacements entre le domicile et le
lieu d'exercice de l'activité professionnelle ou le lieu d'enseignement et de formation ; 2°
Déplacements pour des consultations et soins ne pouvant être assurés à distance et ne
pouvant être différés ou pour l'achat de produits de santé ; 3° Déplacements pour motif familial
impérieux, pour l'assistance aux personnes vulnérables ou précaires ou pour la garde d'enfants
; 4° Déplacements des personnes en situation de handicap et de leur accompagnant ; 5°
Déplacements pour répondre à une convocation judiciaire ou administrative ; 6° Déplacements
pour participer à des missions d'intérêt général sur demande de l'autorité administrative ; 7°
Déplacements liés à des transferts ou transits vers ou depuis des gares ou aéroports dans le
cadre de déplacements de longue distance ; 8° Déplacements brefs, dans un rayon maximal
d'un kilomètre autour du domicile pour les besoins des animaux de compagnie. Les personnes
souhaitant bénéficier de l'une des exceptions mentionnées au présent I se munissent, lors de
leurs déplacements hors de leur domicile, d'un document leur permettant de justifier que le
déplacement considéré entre dans le champ de l'une de ces exceptions. Les mesures prises en
vertu du présent I ne peuvent faire obstacle à l'exercice d'une activité professionnelle sur la voie
publique dont il est justifié dans les conditions prévues à l'alinéa précédent. ".Il y a un couvre
feu mais le Ministre permet des exceptions qui sont justifiés au regard de la situation. Ce
couvre-feu doit être fait par les préfets, sur ordre du Ministres
II)Le décret pose un couvre feu insusceptible de suspension par les jules des référés
a)Le décret limite les atteintes aux libertés fondamentales
- nécessaire (il ne doit pas y avoir de mesure alternative possible ou moins
attentatoire aux libertés).→n epeut excéder la réalisation du but poursuivi
- Enfin le juge met en balance les deux aspects, la protection de l’ordre et la liberté et
détermine non si la mesure prise est juridique possible mais si elle est l’unique mesure
nécessaire, proportionnée qui assure le meilleur équilibre entre l’ordre et la liberté.
Lorsque l’intervention est justifiée la mesure qu’elle prend doit être la moins liberticide,
elle n’a donc pas le choix entre plusieurs mesures légales (décision Abbé Olivier CE
19 février 1909 un maire avait pris un arrêté interdisant toute manifestation religieuse sur
la voie publique, notamment pour les enterrements).NECESSAIRE
14
14. Une telle mesure, qui est en outre assortie de nombreuses dérogations, prévues par l'article
51 du décret, correspondant à des déplacements indispensables notamment aux besoins
familiaux ou de santé, qui est nécessairement limitée dans le temps, ne pouvant être instituée
que pendant l'état d'urgence sanitaire, qui ne peut être prononcé par décret que pour une durée
d'un mois et ne peut être prorogé au-delà de cette durée que par la loi, et qui, en tout état de
cause, revêt un caractère moins restrictif qu'un confinement, est une mesure qui, en l'état
de l'instruction, ne peut être regardée comme étant manifestement dépourvue de caractère
nécessaire. Il y a une nécessité
- Proportionnée : elle ne doit pas être au regard des charges et restrictions qu’elle crée
être hors de proportionné avec le résultat recherché (CE CAA Marseille 30 novembre
2016 Maire de Béziers fichage génétique des chiens de la ville afin de retrouver leur
propriétaire en cas de divagations, déjections, et autres, le juge d’appel a trouvé cette
mesure disproportionnée).
15-16
15. Enfin le caractère proportionné d'une mesure de police s'apprécie nécessairement en tenant
compte de ses conséquences pour les personnes concernées et de son caractère approprié
pour atteindre le but d'intérêt général poursuivi. Sa simplicité et sa lisibilité, nécessaires à sa
bonne connaissance et à sa correcte application par les personnes auxquelles elle s'adresse,
sont un élément de son effectivité qui doivent, à ce titre, être prises en considération. Eu égard
à la difficulté, en l'état de l'instruction, de moduler les horaires d'interdiction de déplacement des
personnes en dehors de leur résidence selon les zones géographiques concernées et aux
risques que ferait courir une extension des motifs de dérogation, il n'est pas manifeste, en l'état
de l'instruction, que, contrairement à ce qui est soutenu, puissent être mises en oeuvre
efficacement des mesures moins contraignantes que celles prévues par l'article 51 du décret. Il
appartiendra en tout état de cause au Premier ministre et aux autorités préfectorales d'y mettre
fin sans délai dès qu'elles ne seront plus strictement nécessaires. C’est proportionné
16. Par suite, et dès lors que les libertés fondamentales invoquées, en particulier la liberté
personnelle, la liberté d'aller et venir, la liberté de réunion ainsi que le droit au respect d'une vie
familiale, doivent être conciliées avec les autres libertés fondamentales, parmi lesquelles figure
le droit au respect de la vie, les requérants ne sont pas fondés à soutenir que la mesure prévue
par l'article 51 du décret du 16 octobre 2020 porterait une atteinte manifestement illégale à ces
libertés fondamentales. Ce n’est pas illégale car c’est une balance entre divers libertés
fondamentales et non une violation pure et dure de celles-ci.