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Aspects technico-économiques

de l’utilisation des plastiques

par Maurice REYNE


Ingénieur ENSAIS
Ingénieur-conseil
Expert auprès du ministère de l’Industrie et à l’ANVAR

1. Données de base ....................................................................................... AM 3 020 - 2


2. Structures professionnelles en France............................................... — 2
2.1 Producteurs................................................................................................... — 2
2.2 Constructeurs de machines ......................................................................... — 5
2.3 Moulistes....................................................................................................... — 5
2.4 Transformateurs de produits finis............................................................... — 6
3. Marchés ....................................................................................................... — 7
3.1 Statistiques du marché ................................................................................ — 7
4. Coûts des produits et techniques ........................................................ — 9
4.1 Prix des polymères....................................................................................... — 9
4.2 Coût de la transformation............................................................................ — 9
4.3 Coûts énergétiques ...................................................................................... — 9
5. Évolution prévisible ................................................................................. — 10
5.1 Évolution générale ....................................................................................... — 10
5.2 Évolution des polymères ............................................................................. — 10
5.3 Évolution des procédés de transformation ................................................ — 10
5.4 Prévisions...................................................................................................... — 10
6. Recyclage des déchets ............................................................................ — 10
6.1 Structure professionnelle ............................................................................ — 11
6.2 Marché des déchets ..................................................................................... — 11
6.3 Facteurs économiques ................................................................................. — 12
Bibliographie ...................................................................................................... — 12

our bien mesurer l’importance des matériaux de synthèse, il faut savoir que,
P en volume physique, leur production annuelle mondiale a aujourd’hui large-
ment dépassé celle des métaux. En effet, la réalisation des produits ne doit pas
se mesurer en pondéral car, dans l’industrie, on ne cherche pas à fabriquer des
masses mais des pièces pour réaliser des fonctions.
Comme pour l’acier, on retrouve ces matériaux dans tous les secteurs
d’activité : automobile, ferroviaire, constructions navale et aéronautique, électri-
cité-électronique, électroménager, sports et loisirs, santé, bâtiments et travaux
publics (BTP), textiles, agriculture, emballage, etc. Ceci, contrairement à d’autres
matériaux qui restent très focalisés sur un type d’activité : papier-carton (50 %
emballage, 50 % écriture), verre (2/3 bouteillerie, 1/3 bâtiment), caoutchouc
(2/3 pneumatiques), béton et ciment (100 % BTP).
Il faut aussi savoir que l’électricité et l’électronique, telles que nous les con-
naissons, n’existeraient pas sans ces matériaux qui, grâce à leurs propriétés iso-
lantes, ont permis leur développement et leur miniaturisation. Pour le futur, on
peut attendre beaucoup de la fonction inverse car en dopant certains d’entre eux
on pourra créer des fonctions semi-conductrices.

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Le taux de croissance des matériaux de synthèse, après avoir connu une allure
exponentielle dans les années 1960 à 1980 s’est ralenti, mais il reste encore le
double de celui de la PIB, et de nouveaux développements sont attendus car on
demeure encore loin de la phase de saturation.
Outre le fait qu’on ne revient pas sur des substitutions réussies, même une
nouvelle crise pétrolière n’aurait que peu d’effet sur ces polymères qui ne con-
somment en fait que 5 % du pétrole (position qui reste marginale face aux trans-
ports et au chauffage » 80 %).
Sous la pression écologique actuelle, on a trop tendance à oublier les atouts
spécifiques apportés par les plastiques, en particulier, la baisse de coût drastique
qu’ils ont permis de réaliser dans les industries de grandes séries : automobile,
électroménager, électronique grand public, emballage… Ceci grâce à la possibi-
lité de pouvoir réaliser, souvent en une seule opération, un produit fini multi-
fonctions, léger, rigide ou souple, avec une large possibilité de formes, dans des
conditions économiques satisfaisantes.
On trouvera ci-après résumées les caractéristiques technico-économiques de
ces matériaux avec : la structure de la profession, les prix des polymères et les
principaux éléments des coûts de transformation (qui demeurent le
« thermomètre » de l’industrie), les principaux marchés par grands domaines
d’applications, la notion de recyclage de leurs déchets (devenue un impératif) et
une idée des développements possibles à moyen terme.

1. Données de base 2.1 Producteurs

Une quarantaine d’entreprises sont rattachées à cette activité, mais


A priori, on distingue deux groupes de plastiques qui se différen- seules Elf-Atochem, Total et Rhodia (anciennement Rhône-Poulenc)
cient par leurs constitution, leur mise en forme et leurs utilisations : assurent une bonne présence française sur le marché.
les thermoplastiques (TP) qui représentent l'essentiel du marché, et La profession a réalisé, en 1996, un CA voisin de 40.109 F ( » 5,3 Mt).
les thermodurcissables (TD) dont l'emploi a décliné, mais qui con-
servent une place importante dans l'application sous forme de com-
posites. 2.1.1 Structure
En 1950, au début de l'industrialisation des plastiques, les TD
représentaient 80 % des utilisations de ces matériaux, actuellement La production des monomères et des polymères est difficilement
la situation s'est inversée grâce aux gains de productivité et de coûts dissociable de l'industrie chimique ou pétrolière (figure 3), et la pro-
permis par l'usage des TP. fession se compose en majorité de très grosses entreprises, souvent
La figure 1 permet un classement des polymères à partir du cri- de taille multinationale.
tère économique prix/marchés. Les plastiques, en France, consomment environ 5 % du volume de
pétrole ; c’est-à-dire beaucoup moins que les transports ou le chauf-
fage (figure 4).
Parallèlement, mais à ne pas confondre avec la production de
polymères, de nouvelles professions se développent :
2. Structures — les formulateurs (ou compoundeurs), dont le métier est de
professionnelles en France livrer une matière prête à l'emploi, par mélange d'additifs et d'adju-
vants, adaptés à un polymère de base, pour satisfaire une fonction
spécifique (exemple : PP-talc, technopolymères renforcé de fibres
courtes...). Dans tous les cas il s’agit de groupes importants. A titre
La figure 2 résume la filière de l’activité « plastiques ». indicatif on peut citer quelques formulateurs français : Multibase
Elle comporte essentiellement cinq types d’intervenants : (polyoléfines), Cousin-Tessier (vinyliques), Polytechs (styréniques) ;
— les producteurs de matières de base (poudres, granulés, rési- les recycleurs, qui retraitent les lots déclassés de production ou
nes) ou de semi-produits ; les chutes de transformation, voire des déchets d'utilisation, pour
— les constructeurs de machines ou de matériels périphériques préparer des polymères utilisables en second choix ou pour d'autres
destinés à la transformation ; fonctions.
— les moulistes, qui réalisent les moules, filières, outillages et les
modèles ;
— les transformateurs qui fabriquent les produits finis destinés 2.1.2 Implantation géographique
aux utilisateurs à partir des polymères et des matériels approvision-
nés auprès des précédents ; Les principales usines de production sont situées sur les axes
— les récupérateurs et régénérateurs qui recyclent les chutes et d'acheminement du pétrole (Basse-Seine ou Étang de Berre) et dans
les déchets. un pôle à vocation chimique (région lyonnaise), figure 5.

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THERMOPLASTIQUES (TP) THERMODURCISSABLES (TD)


Prix (F/Kg)
Polyéthylène : PE-BD basse densité Qualité courante

Polymères de grande diffusion


Polyvinyle : PVC Caractéristiques limitées
mais coût intéressant
5 à 10 Polystyrène : PS pour de grosses pièces
Prix (F/Kg)
Polyéthylène : PE-HD haute densité Qualité intermédiaire Stabilité à chaud Phénoplaste : PF
Faible tenue
Polypropylène : PP Bon compromis mécanique Aminoplastes : UF, MF
prix-performances
Acrylonitrile-butadiène-styrène : ABS
12 à 20 Versatilité : 8 à 16
Polyuréthane : PUR
Polyméthacrylate de méthyle : PMM Qualité d'aspect souple ou rigide

Cellulosiques : CA, CAB


Grandes surfaces
autoportantes par Polyester insaturé : UP
Polyamide : PA Qualité technique renforcement
(composites) Époxy : EP
Polyacétal : POM Travail sous contraintes

Polymères techniques
et chaleur
25 à 50 Polyoxyde de phénylène : PPO ou PPE Petites pièces
très tolérencées
Polycarbonate : PC

Polyesters saturés : PBT, PET 25 à 50+

Polysulfurés : PSU, PPS

Fluorés : PTFE, PCFE Qualité thermique Souplesse à


chaud et à froid Silicone : SI
100 à 200+ Arylates, cétones, polymères Tenue thermique
et chimique Tenue chimique
Polyimide : PI > 100
et thermique
Cristaux liquides

Figure 1 – Prix et utilisations des principaux plastiques

Filière et métiers directement liés Activités indirectement liées


Pétrole
Ingénierie
Naphta
Mécanique lourde
Pétroliers (raffinage)
Monomère Maintenance

Producteurs de polymère
Polymère Administration
et importateurs
+ Formation/information
Adjuvants Producteurs de : Banque
- charges Assurance
- renforts Bâtiment
- autres adjuvants Transport
et formulateurs
Moule Moulistes Mécanique de précision
+
Machine Constructeurs Électricité
Électronique

Transformation Transformateurs Secteurs concurrencés :


(< 20 procédés) - métaux
- verre
- bois
- papier
- textile
Semi-produit Produit fini Produits associés :
- composites
Industrie Biens de
consommation
Utilisateurs (tous secteurs) Esthétique industrielle
Négoce. Commerce
Utilisation
Régénérateur Recyclage
Régénération
Déchets Récupérateur Incinération

Figure 2 – Filière et activité plastiques

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2.1.3 Tendances
Naphta Monomère
L'évolution s'est caractérisée par un clivage entre :
— les compagnies pétrolières qui désirent mieux valoriser les

Tour de raffinage
sous-produits du pétrole, de gros débits, c'est-à-dire les polymères

Vapocraqueur
de grande consommation, car elles sont bien placées pour choisir

Réacteur
les coupes pétrolières les plus intéressantes pour produire leurs
Polymère polymères et leur système de distribution est construit pour répon-
dre à ces grands marchés ;
Pétrole — les sociétés chimiques qui, par contrecoup, se redéploient sur
brut Presse ou des polymères moins dépendants du pétrole, mais de formulations
extrudeuse plus complexes que constituent les technopolymères.
Produit fini Dans les deux cas on assiste à des regroupements importants
destinés à rationnaliser les productions de polymères et mieux con-
Figure 3 – Cycle pétrole-plastique trôler les prix (tableau 1).

Transport 40 % Tableau 1 – Clivage de la production


Chauffage 34 % entre chimistes et pétroliers

rente
Pétroliers plastiques de grande consommation de la matière
(gros volumes, faible valeur ajoutée)
première

Chimistes plastiques techniques et de spécialités rente


Divers 6 % (faibles volumes, forte valeur ajoutée) de marché
Chimie 10 % Centrales thermiques
dont plastiques 5 % + industrie 10 %

Figure 4 – Consommation du pétrole en France


2.1.4 Facteurs technico-économiques

La lourdeur des investissements technologiques, les importantes


fluctuations économiques et la logique de l'internationalisation des
Mazingarbe (PVC) marchés ont poussé les producteurs des polymères de grande diffu-
Lillebonne (PP) Mardyck (PP)
N. D. de-Gravenchon Wingles (PS, PSE) sion à la spécialisation et à la concentration.
(PP, PE-BDL) En effet, la production de ces polymères reste une industrie capi-
Gonfreville Carling (PS) talistique (5.109 à 6.109 F pour un vapocraqueur) et ces grandes ins-
(PP, PE-HD, PE-BDR, PS) Dunkerque Sarralbe (PP, PE-HD) tallations (plus de 300 000 t de capacité pour une ligne de grands
St-Avold (PE-BDR)
polymères) doivent fonctionner avec des taux d'utilisation de 90 à
Ribécourt (PSE) 95 % pour être rentables.
Gonfreville
Port-Jérôme Carling
N. D. de-Gravenchon 2.1.5 Principaux groupes
(en Europe)
Donges
Tavaux (PVC)
■ Polymères de très grande consommation
On ne compte que deux à trois producteurs par famille (associa-
Balan
(PVC, PE-BDR, tions internationales) qui dominent le marché européen :
PE-BDL) Feyzin — PE : Borealis (Statoil + IPCI + OMV), Polimeri (Unichem+Union
Brignoud (PVC) Carbide), et Marlène (BASP-Shell) ;
St-Fons (PVC)
— PP : Montell (Shell), et Targor (BASF-Hoechst) ;
— PVC : Appryl, EVC (ENI + ICI), et Solvay ;
Lavéra — PS : Appryl, BASF, et DOW ;
Lacq La Mède — PMMA : ATO-Haas, ICI et Rohm ;
Berre — PET pour emballage : DuPont, Eastman, Hoechst, Shell ;
— PUR : Bayer, ICI, Shell.
■ Polymères techniques
Quelques firmes, allemandes et américaines, maîtrisent ce mar-
Mont (PE-BDR) Fos (PE-BDR) ché (parfois en oligopole) :
Lavéra (PP, PE-HD, PE-BDL)
Berre (PVC, PP, PE-BDR, PSE) — PA : DuPont et Nyltech (Rhône-Poulenc + SNIA) ;
St-Auban (PVC) — POM : DuPont et Hoechst ;
— PC : Bayer et General Electric Plastics ;
— PBT et PET industriel (hors emballage) : DSM, DuPont ;
Figure 5 – Sites de production des plastiques — PPO : General Electric Plastics.

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1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Prix (MF)

Presses d'injection
< 400 t 400 à 1 000 t >1 000 t

Extrudeuses Calandres
d < 90 d = 90 d > 120
à 120

Lignes d'extrusion
petites moyennes grosses
pour gaines et profils pour gros tubes et plaques

Souffleuses
petites moyennes lignes de
et grosses conditionnement

Thermoformeuses
< 0,5 m2 0,5 à 2 m2 lignes de
conditionnement
Figure 6 – Prix des machines

2.2 Constructeurs de machines 2.2.4 Principaux constructeurs

Ils réalisent un CA supérieur à 100 MF en 1996.


On recense une vingtaine d'entreprises dans cette activité (pour le
matériel essentiel), réalisant, en 1996, un CA approximatif de 3.109 F Presses d’injection : Billion (filiale de Krauss-Maffei-D) et
(en comptant les machines pour la transformation du caoutchouc), DK-Codim ;
et un effectif supérieur à 3 000 employés. Souffleuses (pour conditionnement) : Sidel ;
Extrudeuses et calandres : Mac Neil Akron Repiquet.
2.2.1 Structure La France est fortement importatrice (Battenfeld-D, Krauss-Maf-
fei-D, Sandretto-I, etc.).
C'est une activité à vocation mécanique (avec une forte part
d'hydraulique et d'électronique), qui nécessite un effort financier
assez lourd pour adapter constamment les produits aux besoins
dans un domaine mouvant ou l'obsolescence est rapide (environ
2.3 Moulistes
8 ans pour une machine classique).
A l’exception des souffleuses pour l’emballage, la France doit
faire appel à l’importation (en provenance d’Allemagne et d’Italie Cette activité regroupe environ 750 entreprises, avec un effectif de
pour l’essentiel). l’ordre de 11 000 employés et, pour 1996, un CA voisin de 8.109 F
(pour moules et modèles). Elle dépend fortement de l’industrie auto-
mobile ( » 50 % des commandes).
2.2.2 Tendances

L'évolution de la construction des machines porte, en particulier, 2.3.1 Structure


sur les domaines suivants :
— matériel hydraulique à réponse rapide, électronisation des La profession rassemble les fabricants de moules et modèles pour
commandes, automatisation des périphériques, etc ; la fonderie, l'industrie du verre, la transformation des élastomères
— machines modulaires, de grandes dimensions (pour pièces de et des plastiques, mais les 2/3 des outillages réalisés concernent les
structure) ou petites (pour composants électroniques et médicaux), moules pour plastiques ( » 4,8.109 F en 1996).
de moulage par réaction, presses « tout électrique »... Certains transformateurs de plastiques produisent également une
partie de leurs propres moules (ceux faisant partie de leurs spéciali-
tés ou relevant d'un « savoir-faire » particulier).
2.2.3 Facteurs technico-économiques La très forte vocation pour la mécanique de précision et une
main-d'œuvre qualifiée constituent le point commun de ces entre-
L’effort de recherche reste très important (R et D / CA > 5 %). Le prises. La plupart disposent d'un parc de machines performant
seuil critique de production pour du matériel classique (figure 6) (machines outils à commande numérique, centre d'usinage,
peut être estimé ainsi : électro-érosion, fraiseuse à reproduire, usinage très grande vitesse).
— presses d’injection = 400 à 500 unités/an ; De plus, l'habileté manuelle et la compréhension innée de la fonc-
— extrudeuses ou souffleuses = 200 à 250 unités/an. tion moule reste une prérogative de l'activité.

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2.3.2 Taille des entreprises — thermoformage : prix de l’ordre de quelques kF (moule en


résine pour petite surface), de quelques dizaines de kF (moule en
Ce sont essentiellement des PMI, dont seulement 400 emploient aluminium pour grande surface).
plus de 10 salariés (tableau 2).
2.3.5 Principaux moulistes

Tableau 2 – Moulistes. Taille des entreprises Il s’agit essentiellement de ceux dont le CA, pour 1996, est supé-
rieur à 100 MF.
Nombre de personnes Cogemoule (Elmic, Pernet), Duarte, FTV, Jaud, Meca-Teno, Metra,
Nombre d’entreprises
par entreprise Sermo-MOS.

< 10 65 %

10 à 50 30 % 2.4 Transformateurs de produits finis


> 50 5%
Le tableau 3 résume, pour 1996, les données de base de l’ensem-
ble de la transformation (dite « plasturgie »).

2.3.3 Tendances
Tableau 3 – Plasturgie en 1996
La mutation vers la CFAO a apporté une importante contribution
dans l'optimisation des moules et provoqué un changement brutal Profession Avec
des habitudes artisanales de ce métier, en particulier une recherche Caractéristiques
spécifique intégrés
de l'amélioration de la productivité, la réduction des délais de pro-
duction, une meilleure prise en compte de la commercialisation... et, Entreprises ....................................... 4 200
dans le domaine du modelage-prototypage, le démarrage de la sté-
Effectifs ............................................. 140 000 > 150 000
réolithographie.
CA (109 F).......................................... 115 » 130
Production (Mt) ................................ » 4 200
2.3.4 Facteurs technico-économiques
(= consommation transformée
en France)
La caractéristique de l’activité se résume toujours par le coût de
fabrication, de l’ordre de 300 à 350 F/h, qui se traduit par une forte Pour L’Europe : CA = 600.109 F, 30 000 établissements, 1 million d’employés.
valeur ajoutée par effectif.
Prix des moules : à titre d’exemple, on donne ci-après l’ordre de
grandeur du prix pour un moule complet : La plasturgie française se situe au 4e rang mondial, après les USA,
— injection ou compression : prix de 200 kF (pièce assez simple) le Japon et l’Allemagne.
à 1 MF et plus (grosse pièce), de l’ordre de 500 kF pour un moule
classique moyen ;
— extrusion : prix supérieur à 10 kF (filière pour petit profil cou- 2.4.1 Structure
rant), de quelques dizaines de kF (filière annulaire de film), de quel-
ques centaines de kF (filière pour tube de gros diamètre) ; On distingue quatre grands stades de positionnement allant de la
— soufflage : prix d’environ 20 kF pour les bouteilles ou les fla- sous-traitance à l’équipementier, ou de l’entreprise intégrée au
cons simples, de quelques centaines de kF pour les gros volumes ; fabricant de produits propres (tableau 4).

Tableau 4 – Différents positionnements des entreprises transformatrices


Position Réalisation

Sous-traitance pure :
— sans fourniture matière Pièces brutes ou complexes tout plastique
— avec fourniture matière

Sous-traitance de spécialité : Pièces anoblies par finition (exemple : décor)


— technologie spécifique
Pièces complexes (exemple : injection précise)

Équipementier :
Ensemble complet prêt à monter (exemple : planche de bord)
— éléments en plastiques + assemblage d’éléments d’autres matières

Réalisation de produits propres :


— avec commercialisation
Gamme de produits (exemple : bac de manutention)
Intégration :
— fabrication d’éléments en plastiques pour ses propres produits

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2.4.2 Implantation géographique 2.4.6 Facteurs technico-économiques

Le développement dans la transformation impose de satisfaire les


Les principaux pôles de fixation de la transformation des plasti-
impératifs suivants :
ques se situent dans les régions :
— productivité : production/capacité » 80 % (injection), 90 %
— Rhône-Alpes d’abord (18 % des effectifs), puis en Ile-de-France
(extrusion) ;
(8 %), suivent ensuite, dans l’ordre alphabétique (avec un effectif
— changement d’outillage < 30 min ;
supérieur à 5 000 employés) : l’Alsace, la Bourgogne, le Centre, la
Franche-Comté, la Haute-Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, les — taux de rebuts < 2 %.
Pays de Loire et la Picardie ;
— les autres régions restent encore peu développées.
2.4.7 Principaux transformateurs
On rencontre également deux zones d’activité très concentrées :
— Oyonnax (Ain), pour l’injection (qui est à l’origine de la trans- On compte en France deux transformateurs de taille internatio-
formation des plastiques en France) ; nale, qui disposent de filiales à l'étranger (CA > 5.109 F) : Plas-
— Sainte-Sigolène (Haute-Loire), pour l’extrusion de gaine-film. tic-Omnium et Sommer-Allibert.
Avec une dimension inférieure mais importants sur le marché
national (CA > 500 MF), on peut citer également : Alphacan (extru-
2.4.3 Taille des entreprises sion de tubes), Autobar (extrusion et thermoformage), Barbier
(extrusion de films), Bailly Comte-SMPI (injection), Bourbon-Fabi
(injection), Curver (injection), Dart (injection), ECIA (injection) Grif-
La profession compte une majorité de PMI ( » 4 100 entreprises), fine (calandrage-enduction), Grosfillex (extrusion-injection), Guillin
ce qui souligne la disproportion signalée entre producteurs et trans- (thermoformage), Le Profil (injection et extrusion), Mecaplast (injec-
formateurs, avec seulement 1 300 entreprises de plus de tion), MGI-Coutier (injection), Neyr (injection), Nicoll (injection et
20 personnes (tableau 5). extrusion), Novembal (injection et thermoformage), Perstorp-Stamp
(injection), Peguform-Manducher (injection), Plastivaloire (injec-
tion), Plasto (injection), Roth (moussage), Recticel (moussage), Sol-
vay-Automotive (soufflage et injection), Tramico (moussage), Treves
Tableau 5 – Taille des entreprises de plus de 20 personnes (moussage), Wavin (extrusion de tubes).
Nombre de personnes
Nombre d’entreprises
par entreprise

20 à 199 90 % 3. Marchés
200 à 499 7%

plus de 500 3% 3.1 Statistiques du marché

En masse, la consommation de matières plastiques est voisine de


2.4.4 Parc de machines celle des papiers-cartons ou du verre, mais elle ne représente que le
quart de celle de l'acier. En volume physique, par contre, elle est très
On recense environ 30 000 machines de transformation (dont largement supérieure à celle de l'acier (environ le double). Comme
» 12 % chez les « intégrés ») avec approximativement : le volume donne une image du nombre de produits fabriqués, on
constate que l'on réalise déjà plus d'articles en plastiques qu'en
— presses d’injection ................................ 58 % (pour moitié acier (tableau 6).
commande numérique)
— extrudeuses............................................ 16 %
— thermoformeuses .................................... 7 %
— presses pour composites ........................ 6 % Tableau 6 – Comparaison des productions françaises
— souffleuses ............................................... 4 %
— matériel périphérique.............................. 9 %
d’acier et de plastiques, en 1996
Acier Plastiques

2.4.5 Tendances 19 Mt 5,3 Mt


2,4 Mm3 4,8 Mm3
Les entreprises ont cessé d’être polyvalentes et se sont spéciali-
sées en autant de produits et de clients uniques.
On notera également une tendance à l’intégration, en particulier Ainsi, on lira plus tard, dans les livres d’histoire, que l’on est passé
dans les domaines d’activités suivants : de l’ère du fer à celle des polymères de synthèse vers la fin du
XXe siècle.
— équipements pour automobiles, motos, cycles ;
— électricité, électronique, câblerie ;
— électroménager, sanitaire ;
3.1.1 Production mondiale
— armement, horlogerie, optique ;
— articles de sports, jouets ;
— loisirs (disques, cassettes… bagages) ; Pour 1997, elle est d’environ 130 Mt et se répartit entre :
— chaussures et semelles ; — Amérique du Nord ..............................................................33,5 %
— emballages (pots, bouteilles… manutention). — Amérique du Sud .....................................................................4 %

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— Europe de l’Ouest .................................................................. 30 %


— Europe de l’Est......................................................................... 5 %
Consommation (Mt)
— Asie ...................................................................................... 24,5 %
— Océanie.................................................................................. 0,5 % 200

150
3.1.2 Production et consommation
100
Le tableau 7 donne, pour 1996, la production et la consommation
des plastiques en Europe et en France. 50

0
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020
Tableau 7 – Production et consommation européennes Années
et françaises de plastiques, en 1996
Europe France Figure 7 – Évolution mondiale de la consommation des plastiques

Production (kt) .................................. » 34 000 » 5 300


■ Polymères techniques
Consommation (kt)........................... » 32 000 » 4 200 La France étant surtout importatrice, on donne ici seulement les
consommations (tableau 9).

La figure 7 montre l’évolution de la consommation des plastiques Tableau 9 – Statistiques de consommation


pendant 50 ans et l’allure des prévisions.
des polymères techniques (en kt)
■ Polymères courants Polymères France Europe Monde
La production française est globalement excédentaire (tableau 8).
PA....................................... 64 400 1 200

POM ................................... 20 100 400


Tableau 8 – Production et consommation françaises
de polymères de grande diffusion en 1996 PBT + PET .......................... 8 60 270

Production Consommation PC ....................................... 24 180 710


Polymères
(kt) (kt)

PE-BDR .............. 711 564 PPO .................................... 10 60 230

PE-BDI ............... 348 239 PFE ..................................... 6 20 85

PE-HD ................ 370 454 Époxydes ........................... 25 200 620

PP....................... 1 118 660 Silicones (résines)............. 4 18 80

PVC .................... 1 185 838

PS ...................... 341 270 3.1.3 Ventilation de la production par procédé,


en France
ABS.................... .............................................. 56
En fonction des consommations, les diverses techniques de trans-
PMMA ............... .............................................. 30 formation utilisées se répartissent approximativement suivant les
données du tableau 10.
PET emballage.. 30 152

PSE .................... 186 95 3.1.4 Ventilation pondérale par secteurs


utilisateurs, en Europe
PUR.................... bases 180
polyols + polyisocyanates
Comme pour l’acier, pratiquement tous les secteurs de l’activité
Phénoplastes .... 70 55 industrielle sont consommateurs de matières plastiques (figure 8).
En France, en 1996, quatre secteurs sont dominants en tonnage
Aminoplaste ..... 160 217 [1], [2] :
Polyesters ......... 83 68 — emballage ...............................................................................38 %
— bâtiment..................................................................................25 %
Élastomères TP. — transport .................................................................................14 %
monomères communs 60
— électricité + électronique .......................................................10 %

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Tableau 10 – Utilisation, en France, des différents procédés de transformation


Procédés Part pondérale Remarques
(%)
Extrusion ........................................... 40,5 dont film = 22 % et tube 8 %
Injection............................................. 23,5 dont polymères courants = 20 % et polymères techniques = 2 %
Soufflage........................................... 14,0 dont emballage = 10 %, industrie et ménager = 4 %
Injection-soufflage............................ 2,5
Moussage-expansion....................... 7,0 dont PUR = 4,5 %, PSE = 2,5 %
Transformation des composites ..... 5,5
Calandrage et enduction.................. 3,0
Thermoformage (1) .......................... 4,0 dont emballage = 2,5 %, industrie = 1,5 %
(1) Le thermoformage est issu de feuilles extrudées ou calandrées = semi-produits.

moule = 1 000 kF (mono-empreinte), amortissements sur 1 million


Emballages = 38 % d’unités
Bâtiment +
travaux publics = 25 % Prix de revient usine = 5 F (matière) + 10 F (injection) + 1 F (amortisse-
ment moule)

4.3 Coûts énergétiques


Divers = 14 % Transport = 13 %
On pourra se reporter à l’article [A 3 835].
Électricité +
électronique = 10 % L’énergie de constitution des polymères du point de vue
volumique est généralement inférieure à celle des matériaux
(figure 9).
Figure 8 – Secteurs utilisateurs

4. Coûts des produits


Énergie de constitution (th/dm3)

150
et techniques

4.1 Prix des polymères


100

On compare souvent les matériaux de synthèse aux métaux à par-


tir d'un critère pondéral (F/kg), ce qui est tout à fait erroné. En fait,
c'est le coût volumique qui importe, et, de ce point de vue les plasti-
ques se placent assez bien (au niveau de l'acier pour les plastiques
courants et mieux que l'aluminium pour les plastiques techniques). 50

4.2 Coût de la transformation


0
On l’obtient par multiplication de la cadence par le taux horaire de Plastiques Techno- Acier Métaux
la machine ou de l’équipement utilisé, auquel on ajoute la part de grande plastiques non
consommation ferreux
d’amortissement du moule ou de l’outillage [A 3 680].

(1 th = 4,1855 x 106 J)
Exemple : socle en PP, épaisseur = 2 mm, masse = 1 kg, prix
PP = 5 F/kg
presse de 1 200 tf, taux de charge = 600 F/h, cadence = 60 pièces/h Figure 9 – Comparaison de l’énergie de constitution
en automatique des plastiques et des métaux

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5. Évolution prévisible
Conception
CAO Table xy
(dessin)
5.1 Évolution générale
Usinage à
Comme pour tous les matériaux, l'évolution des plastiques suit commande Silo
numérique
une courbe de vie avec les quatre phases classiques qui caractéri- (FAO)
sent leur taux d'expansion (figure 10).
Changeur
de moules

Coloration
5.2 Évolution des polymères
Automate
Presse injection n¡ 1 programmable
Au niveau de la production, il faut citer la mise au point de nou- (FAO)
veaux catalyseurs métallocènes (à base de métaux : Ti, Zr ) qui per-
mettent d'obtenir des polymères de très grande pureté. Fabrication n¡ 2 Pièce
n¡ 3 moulée
■ Polymères structurels n¡ 4
Pour le futur, on peut prévoir leur essor en raison de caractéristi- Robot
ques mécaniques, thermiques et économiques améliorées avec : Tapis roulant
— une diffusion plus large des technoplastiques courants ;
— le développement de plastiques techniques thermostables qui Imprimante Comptabilité
pallie un handicap des plastiques ; Ordinateur
— l'utilisation de nouveaux alliages permettant de mieux adapter de gestion
le produit à la fonction (matériau à la demande) ; (GPAO)
— l'usage plus étendu d'élastomères thermoplastiques qui com-
ble le vide qui existait entre les caoutchoucs et les plastiques ;
— une croissance du conditionnement sous films complexes ; Figure 11 – Productique dans l’injection
— l'accroissement de l'emploi des composites à matrices plasti-
ques (voir les articles de la rubrique « Applications des composites »
dans ce traité).
5.3 Évolution des procédés
■ Polymères fonctionnels de transformation
Il s'agit de l'émergence de polymères adaptatifs qui sous une très
faible masse satisfont une fonction spécifique. Toutefois, leurs appli- On constate un effort soutenu dans les domaines suivants :
cations n'en sont qu'à leurs débuts mais elles sont prometteuses et
il est probable que le XXIe siècle verra leur apogée. — conception des pièces et réalisation des moules ou outillages
par CFAO et développement de la modélisation rapide
Leur développement concerne, en particulier, la satisfaction des (stéréolithographie) ;
fonctions suivantes : porosité, imperméabilité, rétention, dégradabi- — recherche d'économie de matières et d'énergie ;
lité, biocompatibilité, photosensibilité, mémoire de forme, — amélioration de la productivité et de la fiabilité de
piézo-électricité et surtout conductibilité électrique. l'équipement ;
— automaticité des fonctions ;
— dimension croissante des produits finis réalisés, ou a contra-
rio, miniaturisation ;
Croissance

— gestion de production en temps réel ou GPAO.


PE La transformation des plastiques (figure 11) reste encore dans sa
PYC Acryliques Phénoplastes phase de jeunesse : moins de cinquante ans d'expérience indus-
PP, ABS PS Aminoplastes trielle accumulée, contre plus d'un siècle pour les métaux, aussi
PA, POM l'évolution et l'obsolescence sont-elles rapides.
PPO Composites TD Cellulosiques
Polyesters
fluorés Composites TP
fibres courtes
PBT-PET
5.4 Prévisions
Époxydes
On peut ainsi penser que, dans un futur plus lointain, les systèmes
de transformation en atelier, sans fusion (type emboutissage de
Sulfurés semi-produits), ou par achèvement des réactions dans le moule
Alliages
(type moulage par réaction), pourraient concurrencer les procédés
Arylates de fusion classique (tableau 11).
Cétones Composites TP
PPA, PCL fibres longues

Émergence Pénétration Saturation Déclin


Temps 6. Recyclage des déchets
Figure 10 – Courbe de vie des polymères Le lecteur pourra se reporter à l’article [A 3 830].

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6.1 Structure professionnelle La valorisation des plastiques après usages ne pose pas vraiment
de problèmes techniques, mais de sérieux problèmes économiques.
Le rejet des emballages représentant une grande partie des
Elle comporte essentiellement deux types d’intervenants : les col- déchets, une structure spécifique ECO-Emballage SA a été créée par
lecteurs et les recycleurs, suivant les filières : les pouvoirs publics dans l'optique de valoriser 75 % des déchets
d'emballage dans les années 2000.
ì régénération (physique ou chimique) ® réutilisation
ï
collecte + tri í ou
ï
î valorisation thermique ® destruction + énergie 6.2 Marché des déchets

Les déchets de matières plastiques représentent, en France, un


6.1.1 Collecteurs gisement voisin de 3 Mt/an (tableau 11).

La collecte et le tri des déchets domestiques restent à l’initiative


des collectivités locales qui sous-traitent le plus souvent ces opéra-
tions à des récupérateurs spécifiques : Cie Générale des Eaux Tableau 11 – Origine des déchets de plastiques
(CGEA), Sté Lyonnaise des Eaux (Sita), Serp, Seche, Tredi (EMC).
Les déchets industriels de plastiques font aussi l’objet d’échanges Source des déchets Part Remarques
internationaux de la part de négociants spécialisés : importations
(kt)
» 10 %, et exportations » 40 %.
Emballages domestiques.......... 1 600
Emballages industriels .............. 400
6.1.2 Régénérateurs
Électricité-électronique.............. 250 surtout câblerie
Les entreprises assurant la régénération retraitent les déchets Automobiles............................... 200 vieilles voitures
récupérés avec deux techniques possibles :
Agriculture.................................. 150
— recyclage physique (le plus courant) : par lavage, broyage,
apport d’additifs améliorants et regranulation, on recrée ainsi des Bâtiments et travaux publics .... 50
granulés qui sont utilisés pour la réalisation de produits de second Transformation des polymères 120
choix ; üforte part recyclée
ý directement
— recyclage chimique : par dissolution, hydrolyse, thermolyse, Production des polymères ........ 60 þ
on retrouve alors les bases d’un polymère que l’on peut ensuite à la source
purifier.
On compte une quarantaine de régénérateurs en France, parmi
les plus importants : C2P, Micronyl- Wedco, Recycling International, La collecte (hors ordures ménagères) serait de l’ordre de 350 kt
Sorepla, Wellman. avec la répartition suivante par source de déchets :
Nota : le recyclage interne est une opération couramment pratiquée par les transforma- — fabrication de produits industriels........................................60 %
teurs de thermoplastiques opérant sur des procédés de plastification (injection, extrusion,
soufflage, calandrage). On récupère systématiquement les chutes et rebuts propres, par
— tous emballages .....................................................................35 %
type de polymère qui, après rebroyage, seront utilisés en mélange avec de la matière — divers.........................................................................................5 %
vierge (dans un pourcentage adapté : 10 à 20 %). Toutefois, les petits transformateurs de
semi-produits ne disposant pas de matériels de plastification (thermoformage, soudage,
La valorisation par recyclage représente environ, pour 1996,
confection, impression), ou encore ceux réalisant des complexes de polymères, ne peu- 200 kt, soit seulement de l’ordre de 7 % du gisement.
vent pas, par contre, recycler leurs déchets. Il en va de même bien sûr, par définition, pour
les transformateurs de thermodurcissables.
La valorisation thermique correspond au quart des ordures ména-
gères (tableau 12), qui contiennent 10 à 12 % en poids de matières
plastiques .
6.1.3 Valorisation thermique

Le lecteur pourra se reporter aux articles traitant de la valorisation


Tableau 12 – Composition moyenne des ordures
et du recyclage des déchets plastiques [A 3 830], [A 3 835].
ménagères en France pour 1995
Pour les déchets plastiques d'ordures ménagères, on opère
essentiellement par combustion et l'on récupère ainsi de l'ordre de Matériaux Pourcentage pondéral
60 % de l'énergie de constitution originelle des plastiques contenus
dans celles-ci. Il n'existe qu'un seul opérateur : EDF (TIRU-CPCU). Matières putrescibles ................ 29
La chaleur produite peut être utilisée directement, dans les gran- Papier-carton.............................. 25
des agglomérations, pour le chauffage urbain (l'hiver) ou, sous Verre ........................................... 13 (en baisse : collecte sélective)
forme d'électricité (l'été).
Plastique ..................................... 11 (en hausse)
Cette solution reste à ce jour la seule économique pour détruire
des emballages souillés, ce qui est le cas de la plupart des condition- Textiles ....................................... 6
nements (aliments, produits d'entretien, parfumerie, cosmétologie,
Métal ........................................... 4
pharmacie...).
L'incinération sans récupération d'énergie reste néanmoins inté- Divers.......................................... 12
ressante, du point de vue écologique, pour les petites collectivités, si
l'on opère sans nuisance et après passage en déchetteries.
Il existe en France environ 300 installations d'incinération, dont CA de la profession (hors ordures ménagères) » 1 300 MF
30 % avec récupération d'énergie pour les grandes collectivités. Effectifs » 2 000 employés

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6.3 Facteurs économiques La limitation du recyclage est donc de nature économique : les
coûts de régénération sont souvent voisins de ceux des polymères
vierges pour les plastiques de grande diffusion (PE et PP courants =
Coût de mise en décharge : 200 à 400 F/t (interdiction, en principe, 5 000 à 6 000 F/t), d’où une rentabilité aléatoire. De plus, la gestion
après 2002) de flux de matières d’âges et d’usages différents complexifie le pro-
blème.
Éléments de coût du recyclage (en F/t) :
Pour la valorisation thermique, l’apport bénéfique du PCI des
— collecte ......................500 à 2 000
polymères rend l’opération moins onéreuse, mais supprime une
— tri ...............................500 à 1 500
réutilisation possible.
— lavage ....................1 000 à 2 000
— broyage .....................300 à 1 000 Éléments de coût de l’incinération (en F/t) :
— granulation .............1 000 à 2 000 — sans récupération d’énergie » 1 700
— global .....................3 300 à 8 500 — avec récupération d’énergie » 950

Bibliographie
Références [2] Les déchets plastiques en France. Publication Plastiques modernes et Élastomères
de l’ADEME (pour la partie recyclage). Kunststoff (en allemand)
[1] REYNE (M.). – Technologie des plastiques. Modern Plastics (en anglais)
Hermès (pour la partie transformation des Revues
plastiques). Caoutchoucs et Plastiques

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