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Moulage par injection de résine

à basse pression ou procédé RTM

par François BOINOT


Ingénieur de l’Institut National Supérieur de Chimie Industrielle de Rouen
Ingénieur de Recherche et Développement
Matra Automobile
et Alain GURLIAT
Ingénieur de l’École Centrale de Lyon
Directeur du Centre de Theillay
Matra Automobile

1. Principe du procédé ................................................................................ A 3 728- 2


1.1 Généralités ................................................................................................... — 2
1.2 Systèmes réactifs......................................................................................... — 2
1.3 Renforts ........................................................................................................ — 4
2. Limites d'utilisation du procédé.......................................................... — 5
2.1 Dimensions et formes ................................................................................. — 5
2.2 Épaisseurs, nervures ................................................................................... — 5
2.3 Défauts et remèdes...................................................................................... — 5
3. Matériel utilisé.......................................................................................... — 5
3.1 Machine d’injection ..................................................................................... — 5
3.2 Périphériques ............................................................................................... — 6
3.3 Moules .......................................................................................................... — 6
3.4 Investissements ........................................................................................... — 7
4. Mode opératoire ....................................................................................... — 7
4.1 Temps de cycle............................................................................................. — 7
4.2 Sandwiches et inserts ................................................................................. — 8
4.3 Mise en peinture .......................................................................................... — 8
5. Avantages et inconvénients.................................................................. — 9
5.1 Avantages du procédé RTM par rapport à d’autres méthodes
concurrentes ............................................................................................... — 9
5.2 Inconvénients............................................................................................... — 9
6. Marchés et applications......................................................................... — 10
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. A 3 728

’injection des résines thermodurcissables sur des renforts (en général de


L
2 - 1991

verre) permet de fabriquer des pièces moulées de petite ou de grande


taille. Les différents procédés développés ont pris dans les années quatre-vingt
le nom de RTM (Resin Transfer Molding).
L’objet du présent article est d’en présenter les systèmes réactifs utilisés, les
renforts, le matériel, le mode opératoire, les performances et les applications.
A 3 728

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 3 728 − 1
MOULAGE PAR INJECTION DE RÉSINE À BASSE PRESSION OU PROCÉDÉ RTM ____________________________________________________________________

1. Principe du procédé 1.2 Systèmes réactifs

1.1 Généralités Les principaux systèmes réactifs utilisés sont évidemment des
résines thermodurcissables :
Le moulage par injection de résine ou procédé RTM (Resin — résines de polyesters insaturés, catalysées et accélérées ;
Transfer Molding ) s’est amélioré depuis les années soixante-dix et — résines vinylesters, catalysées et accélérées ;
ne doit pas être confondu avec le procédé RIM (Reaction Injection — résines époxydes avec leurs durcisseurs ;
Molding ) qui fait par ailleurs, dans ce traité, l’objet de l’article — résines acryliques.
Moulage par injection-réaction : procédés RIM et R-RIM [A 3 746]. Les noms des Producteurs de ces résines sont indiqués à la fiche
■ Dans le procédé RTM (figure 1), une résine de faible viscosité [0,1 documentaire [Doc. A 3 728].
à 1 Pa · s (quelques poises) à température ambiante] est injectée par
une pompe basse pression dans un moule fermé, chauffé, dans
lequel préalablement des renforts appropriés (le plus souvent, des 1.2.1 Résines de polyesters insaturés
mats de fibres de verre), des inserts et des noyaux en mousse (si
nécessaire), (§ 2.2) ont été disposés convenablement. Une fois Nota : le lecteur pourra utilement se reporter à l'article Polyesters insaturés [A 3 445]
dans ce traité.
l’injection des réactifs terminée, le processus de polymérisation
peut commencer et dure entre 2 et 30 min, selon la nature des Il s’agit des résines le plus couramment utilisées dans le procédé
constituants et la géométrie de la pièce. RTM.
Récemment est apparu un nouveau procédé dérivé du RTM : le Le principe de polymérisation est le suivant : une résine polyester
HS-RTM (High Speed Resin Transfer Molding ), c’est-à-dire est un polycondensat d’anhydride maléique ou phtalique avec un
moulage par injection de résine à grande vitesse : ce procédé est ou plusieurs glycols, mis ensuite en solution dans le styrène.
identique au RTM si ce n’est que les temps de cycle sont plus
courts (voisins de 2 min).
■ Le procédé RIM consiste à injecter un système réactif dans le
moule par des pompes haute pression (10 à 20 MPa). Si le système
réactif contient des renforts (fibres de verre coupées) en suspen-
sion, le procédé prend les noms de R-RIM (RIM renforcé) et de
S-RIM (si l’on injecte sur une préforme riche en verre).
Les temps de cycle du RIM sont en général plus courts que ceux
du RTM.
Ces différents procédés sont comparés dans le tableau 1.
Cette diversification des procédés est due au progrès des
techniques et des produits : en effet, il y a 20 ans et plus, le polyester
insaturé était la seule résine thermodurcissable utilisée en injection
avec des machines classiques (pompe à faible pression et
mélangeur statique ou dynamique).
Ont été ensuite employées des résines époxydes et, surtout, des
résines polyuréthannes, à deux constituants, de réactivité de plus
en plus grande ; cela a eu pour conséquence la mise au point de
machines très performantes, autonettoyantes (machines haute
pression), d’où le développement du procédé RIM et de ses
dérivés.
Les résines époxydes utilisées en RTM ont permis l’obtention de
pièces à caractéristiques mécaniques nettement améliorées par
rapport aux pièces obtenues en RTM à partir de résines polyesters.
D’autres systèmes réactifs ont également été introduits et seront Figure 1 – Cycle de moulage RTM
décrits ci-après (§ 1.2.2, 1.2.3, 1.2.4 et 1.2.5). Dans ce qui suit, il ne
sera question que des procédés RTM et HS-RTM que nous ne
différencierons pas, tant leurs caractéristiques de mise en œuvre (0)
sont voisines.

Tableau 1 – Caractéristiques comparées des différents procédés d'injection des résines thermodurcissables
RTM HS-RTM RIM R-RIM S-RIM
Machine d’injection............................................................... Basse pression Haute pression
Renfort.................................................................................... Mat de verre Pas de renfort Fibres de Préforme
verre courtes
Temps de cycle.............................................................(min) 2 à 30 1à3 <2 <2 <2
Module d’Young en flexion des pièces
obtenues .......................................................................(MPa) > 4 000 > 20 000 < 1 000 < 2 000 > 4 000

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La résine polyester ainsi obtenue contient donc des doubles Les pièces de structure qui demandent de meilleures propriétés
liaisons réactives qui sont relativement stables à température mécaniques sont plutôt à base de résines vinylesters ou époxydes
ambiante en l’absence de catalyseur ; en présence de peroxyde, (tableau 2).
ces doubles liaisons s’ouvrent pour donner, après polyaddition, un Les résines polyesters sont en général mélangées avec des
système tridimensionnel. Afin d’accélérer cette ouverture, on peut charges (carbonate de calcium) de manière à améliorer l’aspect et
ajouter un accélérateur qui provoque la décomposition radicalaire à diminuer le prix des pièces.
du peroxyde.
Ces réactions peuvent se résumer succinctement de la manière
suivante. 1.2.2 Résines vinylesters
■ Décomposition du peroxyde (sous l’effet de la chaleur) :
Leur mise en œuvre est identique à celle des résines polyesters :
ROOR → 2 RO ● on utilise des systèmes composés de résine + charges
+ catalyseur + accélérateur (si nécessaire).
ou (en présence de sel de cobalt) :
Les résines vinylesters, étant donné leur constitution et leurs
Co2+ + ROOH → RO ● + OH– + Co3+ propriétés, sont intermédiaires entre les résines polyesters et les
résines époxydes ; elles sont, en effet, obtenues par réaction d’un
■ Propagation de la réaction : monomère acrylique sur une résine époxyde, puis diluées dans un
● monomère du type styrène (figure 2).
RO ● + R ′CH  CH → RO CHCH Elles contiennent des liaisons vinyliques insaturées, d’où leur

réactivité chimique.
R ′′ R′ R ′′
Comme le montre le tableau 2, ces résines peuvent être utilisées
● ●
si l’on désire des propriétés mécaniques plus élevées que celles
ROCHCH + R  CH  CH → ROCHCHCHCH etc des pièces obtenues avec les résines polyesters.



R′ R ′′ R ′′ R′ R ′′ R′ R ′′
1.2.3 Résines époxydes
Ces pièces obtenues en RTM avec des résines polyesters ont des
propriétés (tableau 2) qui en font des pièces d’aspect ou de Les résines époxydes sont en général des produits de polyaddi-
semi-structure. tion du bisphénol A avec l’épichlorhydrine et la soude (article Résine
époxyde . Composants et propriétés [A 3 465] dans ce traité).
(0)

Tableau 2 – Propriétés comparées des pièces obtenues en RTM avec différentes résines thermodurcissables
renforcées de 30 % (en masse) de mat de verre
Résine polyester Résine vinylester Résine époxyde Résine acrylique
standard standard standard standard
Conditions de mise en œuvre
— Machine ...................................................................................... Classique Classique (1) Classique
— Température de moulage....................................................(oC) de 25 à 110 de 25 à 110 > 80 de 25 à 110
— Temps de polymérisation..................................................(min) 2 à 30 2 à 15 > 15 2 à 15
Propriétés mécaniques des pièces obtenues
— Contrainte à la rupture en flexion à 23 oC (sens perpendicu-
laire aux fibres) .......................................................................(MPa) 250 300 350 320
— Module d’Young en flexion..............................................(MPa) 10 000 13 000 15 000 14 000
Caractéristiques de la résine pure
— Allongement à la rupture ..................................................... (%) 2 4 3à6 4à6
— Température de fléchissement sous charge......................(oC) 70 à 95 85 à 105 95 à 130 80 à 95
— Prix relatifs.................................................................................. + ++ +++ ++
(1) Rapports de mélange des 2 constituants : 90/10 à 50/50 (parties en masses).

Figure 2 – Formule chimique d’une résine vinylester (d’après un document Dow Chemical)

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Ces résines durcissent sous l’effet soit d’amines, soit ■ Pour des pièces de structure, où l’on demande des propriétés
d’anhydrides (ouverture des cycles époxy et réaction d’addition). mécaniques supérieures, on utilise des tissus de verre qui sont
La mise en œuvre du procédé RTM est donc différente de celle fournis en rouleau. Comme précédemment, ils peuvent être utilisés
des deux familles de résines précédentes. En effet, dans le cas des tels quels ou sous forme de préforme.
résines époxydes, il y a deux constituants dont les rapports de Les principaux fabricants de mats de verre à fibres longues sont :
mélange (parties en masse) varient de 90-10 à 50-50, alors que les Saint-Gobain, Vétrotex et OCF. Les tissus de verre sont réalisés par
systèmes précédents contiennent plus de 95 % de résine vinylester diverses sociétés.
ou polyester et moins de 5 % de catalyseur + accélérateur. Pour plus de détails, se reporter à l’article Fibres de verre de
La machine d’injection sera donc différente des machines renforcement [A 2 110], dans ce traité.
classiques en RTM.
■ Le tableau 3 donne une indication des propriétés mécaniques
Les résines époxydes sont utilisées principalement pour fabriquer comparées de pièces en résine polyester standard, renforcées
des pièces (d’aspect ou de structure) auxquelles on demande des par 55 % (en masse) de verre sous forme d’un mat ou d’un tissu.
propriétés mécaniques élevées ainsi qu’une excellente résistance à
la fatigue (par exemple cadres de bicyclettes, arbres de
transmission...). Remarque : des renforts plus spécifiques, selon l’usage prévu,
Les formulations possibles sont nombreuses selon les sont quelquefois utilisés : les tissus de carbone ou d’aramide
allongements à la rupture et les tenues à la température (HDT) que (Kevlar).
l’on désire pour les pièces moulées. Il s’agit dans ce cas uniquement de tissu puisque le but est
Nota : HDT : heat distorsion temperature, en français : température de fléchissement d’améliorer les propriétés mécaniques (tableau 4).
sous charge (à chaud).
On peut utiliser des tissus unidirectionnels, de manière à
obtenir la résistance maximale dans le sens des efforts auxquels
sera soumise la pièce.
1.2.4 Résines acryliques

Il s’agit de nouvelles résines qui sont apparues sur le marché (0)


dans les années quatre-vingt.
Elles sont, en général, constituées :
Tableau 3 – Propriétés mécaniques
— d’un prépolymère polyacrylate-uréthanne ou
polyméthacrylate-uréthanne ; comparées de pièces obtenues en RTM à partir de résines
— d’un monomère vinylique (méthacrylate de méthyle, par polyesters avec 55 % en masse de renfort
exemple) servant de diluant et d'agent de réticulation.
Tissu de verre
Leur mise en œuvre ressemble à celle des résines polyesters : Mat de verre
0-90o (1)
les catalyseurs et les accélérateurs sont identiques.
Les propriétés mécaniques des pièces obtenues sont supérieures Contrainte à la rupture 270 320
à celles des pièces en résines polyesters, ainsi que leur « réaction en flexion(MPa)
au feu ». Module d’Young 15 000 19 000
en flexion(MPa)

1.2.5 Résines phénoliques Allongement à la rupture 2,4 3,7


en flexion(%)
Dans quelques cas bien spécifiques, où l’on demande aux pièces (1) Fibres croisées perpendiculairement les unes avec les autres.
une très bonne réaction au feu (classement M1) et une faible
émission de fumées (classement F1), les résines phénoliques sont
(0)
utilisées (cas du matériel de transport public).
Leurs propriétés mécaniques sont moyennes et leur mise en
œuvre par RTM est plus délicate qu’avec les résines polyesters, en
Tableau 4 – Caractéristiques et performances
raison de la présence d’un catalyseur acide qui peut poser des
problèmes de corrosion dans la machine d’injection. comparées de pièces obtenues en RTM à partir de résines
époxydes renforcées de différents tissus 0-90o
Tissu
1.3 Renforts Tissu Tissu
de
de verre d’aramide (1)
carbone

■ Le renfort habituellement en RTM est le mat de verre à fibres Taux volumique


longues. de renfort ....................... (%) 50 50 45
Il peut se présenter sous deux formes : Masse
— en rouleau : il est alors découpé à la taille voulue puis disposé volumique................ (kg/m3) 1 900 1 330 1 500
dans le moule ; Contrainte à la rupture
— en préforme : cela suppose une phase supplémentaire de en traction.................. (MPa) 400 500 550
fabrication préalable de la préforme :
Module d’Young
• soit à partir de mat à fibres longues, en traction.................. (MPa) 20 000 22 000 54 000
• soit à partir de fibres de verre coupées, projetées avec un liant
sur une forme, à l’aide d’un pistolet (pistolage ). Allongement à la rupture
en traction...................... (%) 2 2,1 1
Après polymérisation du liant, la préforme est démoulée et peut
(1) Kevlar de Du Pont de Nemours.
alors être utilisée dans le moule final. L’intérêt d’une préforme
réside dans la réalisation de moules étanches, dans une meilleure
répartition du verre, et aussi dans la possibilité d’obtenir des pièces
à taux de renfort plus élevé.

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2. Limites d’utilisation 2.3.2 Plis, déformations

du procédé Ils peuvent être causés par une tension insuffisante du mat de
verre ou par un défaut du moule lors de sa fabrication. Dans la
première hypothèse, il faut revoir la taille et la disposition des
Le principal avantage du RTM réside dans la grande diversité
renforts de verre dans le moule.
des pièces qu’il permet de réaliser.

2.3.3 Bulles
2.1 Dimensions et formes
Elles peuvent être dues soit à une entrée d’air dans la machine
On peut réaliser une pièce de 0,1 m2 comme une pièce de 10 m2. d’injection, en particulier au niveau de la canne d’injection, soit à
Il suffit de construire le moule et d’adapter la machine d’injection une fermeture incomplète du moule. En particulier, à la conception
et la formulation de la résine en conséquence. du moule comme durant le moulage, l’entrefer doit être très
On peut citer comme exemples des pièces moulées en RTM les régulier pour assurer une épaisseur constante.
cadres de vélos, les capots de camions américains, les baies de
wagons ferroviaires.
2.3.4 Manque de matière
Les masses des pièces varient de quelques grammes à
cinquante kilogrammes. Le panneau de côté de la voiture Espace
mesure 4 mètres de long et pèse plus de 20 kg. Il peut se produire ce que l’on peut appeler « de mauvais
mouillages », la fibre de verre apparaît alors nue ou mal revêtue de
Pour obtenir des courbures de bel aspect comportant des fibres résine. Il est nécessaire alors de revoir soit la réactivité du système
de verre sur la partie extérieure de la courbure, il est nécessaire de chimique, soit l’habillage du moule.
dessiner des pièces dont les rayons de courbure sont supérieurs au
moins à 3 mm et de préférence à 4 mm. En effet, le mat (et encore En effet, il faut que la résine puisse cheminer à travers le moule,
plus le tissu) a beaucoup de difficultés à suivre parfaitement la tout en restant à l’état liquide. La gélification ne doit intervenir que
courbure du moule, ce qui entraîne un manque de verre à la lorsque le moule est rempli.
surface de la pièce et donc des risques de cassure. Afin d’améliorer l’aspect de surface et de se rapprocher ainsi de
Par contre, il est possible, si l’on respecte la règle du rayon de la classe A Automobile, les chimistes sont en train de mettre au
courbure exprimée précédemment, de fabriquer de nombreux point des systèmes de résines et de charges appelés Low-Profile
types de pièces, soit planes, soit cylindriques, soit de formes plus dont le retrait est voisin de 0. Ces systèmes chimiques sont encore
complexes (doublure de hayon de la voiture Espace, par exemple, au stade expérimental, qu’il s’agisse de résines polyesters ou de
ou baie des trains Corail ). résines acryliques. Ils devraient permettre d’obtenir un aspect voisin
de celui des pièces en SMC à taux de retrait nul.
Nota : pour plus de détails, se reporter à l'article Préparation et moulage par
compression des SMC polyesters et phénoliques [A 3 727], dans ce traité.
2.2 Épaisseurs, nervures
Les épaisseurs que l’on peut réaliser en RTM sont diverses : de 2
à 10 mm. Cependant, si l’on veut obtenir des épaisseurs supérieures 3. Matériel utilisé
à 5 mm, il est nécessaire, pour des raisons d’économie, d’envisager
des structures sandwiches (cas du becquet arrière de la BX sport ) :
le noyau central est composé d’une mousse, souvent en poly- 3.1 Machine d’injection
uréthanne, qui est revêtue des mats de verre nécessaires. Le moule
est alors fermé et l’on réalise l’injection de résine. On peut ainsi ■ Bien évidemment, le matériel le plus important est la machine
avoir des peaux en polyester de 2 à 3 mm et un noyau de 10 mm d’injection (figure 3). Elle est, en général, constituée de deux
au centre de la pièce. La rigidité et la résistance à la compression pompes volumétriques permettant de régler les débits de résine et
sont alors très élevées. de catalyseur. Les pompes refoulent dans une tête de mélange
Les pièces peuvent être nervurées, sans aucun problème, de statique ou dynamique supportant le cône d’injection.
manière à comporter des parties en « oméga », ce qui permet de Les commandes sont, en général, pneumatiques. Le rinçage peut
renforcer la pièce. L’intérieur de la nervure peut être creux ou se faire à l’air comprimé ou avec un solvant.
rempli de mousse. Les principaux fabricants de machines sont indiqués à la fiche
documentaire [Doc. A 3 728].
La pression d’injection est inférieure à 2 MPa. Le débit est
2.3 Défauts et remèdes discontinu (il est exprimé en nombre de coups) et peut être
supérieur à 10 kg/min. La taille des cylindres des 2 pompes est très
Selon les méthodes utilisées en RTM, il peut apparaître, sur les différente puisque les rapports de mélange (parties en masse) sont
pièces d’aspect à faible teneur en verre (20 % en masse), les de l’ordre de 98 pour la résine chargée et de 2 pour le catalyseur.
défauts énumérés ci-après.
■ La caractéristique importante des pompes est leur fiabilité en ce
qui concerne la masse (contrôlée par pesée) de résine injectée dans
2.3.1 Cassures, faïençage le moule (de même pour le catalyseur), ce qui nécessite une très
bonne étanchéité au niveau des joints.
Ces défauts sont dus soit à un rayon de courbure de la pièce trop Toute variation de la quantité de catalyseur dans la résine
faible (3 mm), ce qui entraîne un manque de verre, soit à une entraîne des différences de temps de gel qui sont néfastes pour la
réactivité trop élevée du système chimique (dans le cas des résines pièce : un excès de catalyseur empêche le remplissage complet du
insaturées, polyesters et vinylesters), soit à une température de moule ; un défaut retarde le durcissement de la pièce.
moulage inadaptée. Une étude de la cinétique de polymérisation est Le rapport de mélange résine/catalyseur doit rester parfaitement
alors à faire. constant.

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effectué d’avance et doit avoir une « vie en pot » (pot life) suffisam-
ment longue, de manière à ne pas gélifier prématurément, ce qui
augmente le temps de cycle donc diminue la productivité.

3.3 Moules
3.3.1 Différents types de moules
Pour concevoir et réaliser un moule destiné au procédé RTM, il
faut connaître divers paramètres :
— la géométrie de la pièce ;
— le nombre de pièces à fabriquer ;
— l’aspect de la pièce souhaité ;
— la résine à utiliser et sa température de transformation.
Selon les cas, on peut utiliser les trois types de moules ci-après.
■ Moule en béton de résine avec un gel-coat
Son intérêt réside dans son faible coût et sa courte durée de
fabrication.
Par contre, il est difficile de fabriquer, avec ce moule, plus
de 1 000 à 3 000 pièces, en raison de sa tenue médiocre à
l’abrasion et de sa faible résistance aux cycles thermiques.
■ Moule en béton de résine revêtu d'une peau électroformée
Ce type de moule, qui permet de fabriquer des pièces de
Figure 3 – Machine d'injection RTM (d'après un document CETIM) meilleur aspect, a une longue durée de vie (jusqu’à 150 000 pièces)
si on ne le chauffe pas au-delà de 70 oC.
Par contre, le délai d’exécution et le prix sont nettement plus
■ Le mélangeur statique ou dynamique doit être efficace : un élevés que pour le moule précédent.
mauvais mélange se traduit par la présence de couleurs différentes ■ Moule entièrement métallique
sur la même pièce (tache verte de catalyseur par exemple).
Il peut s’agir d’un moule totalement en acier (solution très chère
Les pompes peuvent être aussi au nombre de trois, de manière et non rentable), et chromé, ou alors de moule en aluminium taillé
à introduire un troisième constituant (accélérateur) que l’on ne dans la masse.
désire pas mélanger à la résine à cause de l’instabilité chimique de
l’ensemble. Son intérêt réside dans sa durée de vie et dans le pouvoir
conducteur du métal, ce qui permet des chauffages précis.
Ces moules peuvent aussi être réalisés par coulée de métal
(alliages de zinc), suivie d’un chromage.
3.2 Périphériques
Le mélange résine + charges + adjuvants doit être préparé à 3.3.2 Description de la fabrication d'un moule
l’avance de manière à bien mouiller les charges et à ne pas
comporter d’air en émulsion. Ce mélange peut être mis soit dans
en béton de résine avec peau électrodéposée
un circuit fermé où il circule en permanence, soit dans un réservoir
agité (de manière à éviter la décantation des charges) où la pompe Les moules de ce type peuvent avoir des dimensions très
prélève selon les besoins. importantes : longueur de 4 à 5 m par exemple.
Le catalyseur est en général prélevé dans des récipients en Les différentes étapes de leur fabrication sont les suivantes.
plastique ne contenant que quelques kilogrammes de catalyseur. Il — Fabrication du poinçon de référence en résine usinable avec
est conseillé de stocker le catalyseur à température ambiante ; la une finition soignée (apprêt-laque).
température du circuit fermé ou de la réserve de résine doit être — À partir de ce poinçon de référence, moulage de la
suffisamment constante et précise pour maintenir une viscosité et matrice-étaIon composée d’un gel-coat, d’un stratifié et de
une réactivité bien définies. renforts.
À la sortie des pompes, la résine peut passer dans des — Obtention à partir de la matrice-étalon précédente, d’un
réchauffeurs électriques qui lui permettent d’atteindre la tempéra- mandrin électrodéposition, revêtu d’un gel-coat et stratifié puis
ture souhaitée (30 à 40 oC par exemple), cela afin d’une part de cloisonné.
s’affranchir des variations de la température ambiante et d’autre
part d’avoir une viscosité plus faible qui permet le mouillage des — Fabrication de l’électroforme-matrice constituée de nickel et
fibres de verre et le remplissage du moule. de cuivre (quelques millimètres).
Les pompes étant mues par de l’air comprimé, il est important — Fabrication de la matrice de moulage comportant
d’avoir une pression constante. En effet, une baisse de pression l’électroforme en surface, puis un stratifié, un réseau de chauffage
augmente le temps d’injection, ce qui peut entraîner des gélifica- et les renforts nécessaires à la solidité du moule.
tions précoces dans le moule et une perte de productivité. Les — À partir de la matrice de moulage, réalisation d’un
pompes demandent un entretien très régulier, en particulier le poinçon-étalon, la cire calibrée permettant de régler l’entrefer
nettoyage des clapets. L’étanchéité doit être parfaite. voulu.
On peut noter qu’il est possible d’utiliser, à la place d’une — Réalisation d’un mandrin d'électrodéposition à partir du
machine d’injection, un pot sous pression. Le mélange est alors poinçon étalon.

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— Obtention de l’électroforme-poinçon. 3.3.4.3 Fermeture du moule


— Fabrication du poinçon de moulage muni de son électro- Le moule comporte des vérins hydrauliques qui permettent une
forme, à partir de la matrice de moulage. fermeture garantissant l’étanchéité ainsi que la régularité
Les fabricants les plus connus d'électroformes pour moules d’épaisseur de l’entrefer. Des guides de fermeture permettent une
sont : Galvanoform (RFA), Express Plastic (Grande-Bretagne) et adaptation parfaite poinçon-matrice. Un contrôle périodique des
Reydel (France). fermetures est nécessaire, si l’on veut garantir la qualité des
pièces. L’étanchéité du moule peut se faire par un joint.
Selon les températures de chauffage des moules (agent
caloporteur : huile), on utilise différentes résines époxydes choisies
en fonction de leur tenue thermique mesurée, par exemple, par la 3.3.4.4 Presse
HDT (§ 1.2.3). Les moules peuvent être placés :
— soit sous une presse (ce qui peut poser des problèmes
d'injection) ;
3.3.3 Prix des moules — soit sous une table élévatrice qui soulève le poinçon et
permet une injection plus facile.
Les prix relatifs des différents moules sont les suivants, selon les
différentes matières utilisées (ordre de grandeur en 1990) :
— moule en béton de résine avec peau électrodéposée ....... 1
— moule en béton de résine avec un gel-coat ....................... 0,3
3.4 Investissements
— moule tout en acier................................................................ 2
Les investissements sont évidemment fonction de la nature des
pièces. Avec une chaîne RTM, on peut fabriquer jusqu’à 200 pièces
3.3.4 Quelques points importants par jour (en 3 équipes) de taille très variable (de quelques dixièmes
pour la conception des moules de m2 à quelques m2).
Par rapport au moulage par compression des SMC, qui permet
3.3.4.1 Dimensions de fabriquer au moins 500 pièces par jour (en 3 équipes), mais de
taille inférieure et avec une introduction d’inserts plus délicate à
La fabrication d’un moule doit tenir évidemment compte du réaliser, on peut noter les différences de coût suivantes (estimées
retrait des formulations utilisées pour la fabrication des pièces : une en 1990).
formulation polyester ou vinylester moyennement chargée en car-
bonate de calcium et en verre a un retrait linéaire de 0,3 % environ. ■ Coût du moule : entre 2 et 10 fois moins cher au profit du RTM.
■ Coût de la matière : les SMC polyesters valent entre 10 et 14 F/kg.
3.3.4.2 Points d'injection Pour le RTM, un mélange de résine polyester, de charge et de verre
Ils doivent être calculés de manière à injecter la totalité de la (mat à fibres longues) revient à 13 F/kg environ. Il faut, dans le cas
résine dans un temps donné, et surtout, à bien remplir le moule. du RTM, tenir compte de la perte de produit (détourage), ce qui fait
un coût de la matière de 15 F par kilogramme de pièce finie.
Quelques programmes commencent à apparaître pour effectuer Signalons cependant que la densité d’une pièce en SMC est de 2,1
le calcul du moule et la prévision de ces points d’injection. Le calcul environ pour 1,7 en RTM (pour un taux de verre de 20 %).
est délicat dans la mesure où l’on injecte de la résine dont la
viscosité diminue en raison de la température du moule dans un ■ Coût de l'appareillage : une presse de moulage des SMC coûte
premier temps, puis remonte lorsque la résine gélifie. entre 2 et 8 MF, selon la taille et la qualité de la pièce que l’on
Pour plus de détails, se reporter à la référence bibliographique désire obtenir. En RTM, il est possible d’avoir l’ensemble
[10] et à l’article Modélisation de l’injection. Remplissage des pompes (2) – table élévatrice pour 1 MF, ce qui est déjà une
moules [AM 3 695] dans ce traité. installation très sophistiquée.
De plus, les pertes de charge sont importantes, puisque l’on
injecte sur des renforts en verre. L’écoulement de la résine à partir
du point d’injection se fait radialement, comme on peut le voir sur
la figure 4.
4. Mode opératoire
Il faut éviter d’enfermer de l’air entre deux flux de résine. Pour
cela, il faut calculer les pertes de charge et disposer les évents de Le mode opératoire est variable selon les techniques de RTM
manière à éliminer l’air. Une prise de vide peut être installée sur le utilisées. Nous décrirons ci-après le RTM le plus complexe, à savoir
moule. l’injection par pompes à plusieurs composants (résine-catalyseur)
dans un moule chauffé.

4.1 Temps de cycle

Le temps de cycle complet de fabrication d’une pièce se


décompose en plusieurs temps correspondant :
— à l’application d'un démoulant externe à l’intérieur du moule
(si nécessaire, il existe des démoulants que l’on projette ou que
l’on applique au chiffon (selon les cas, toutes les 50 pièces ou entre
chaque pièce) ;
— à la projection du gel-coat, si nécessaire, sur le moule
(§ 4.3.1) ;
Figure 4 – Écoulement de la résine dans le moule d'injection
— au séchage du gel-coat ;
— à l’habillage du moule avec les renforts adéquats ;
— à la fermeture du moule ;
— à l’injection du mélange réactif ;

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— à la polymérisation (durcissement ou gélification de la Il faut, bien évidemment, tenir compte, dans le calcul du moule,
résine) ; de la présence de ces renforts qui perturbent l’écoulement de la
— à l’ouverture du moule ; résine et les transferts d’énergie thermique.
— à l’évacuation de la pièce ; En particulier, pour les temps de cycle courts, l’énergie thermique
— aux traitements ultérieurs de finition et de détourage des due à l’exothermicité de la réaction de polymérisation ne se dissipe
pièces ; pas facilement vers l’extérieur, ce qui entraîne des augmentations
— à la postcuisson des pièces dans une étuve. locales importantes de la température (90 à 100 oC au lieu de 50 oC
Le tableau 5 présente, pour une pièce d’un mètre carré environ, pour les autres parties de la pièce). Ces élévations de température
les temps nécessaires à ces différentes opérations. (0) peuvent entraîner des ruptures d’adhérence entre la mousse et la
peau.
Les mousses utilisées sont en général des mousses
Tableau 5 – Décomposition du temps de cycle RTM polyuréthannes ; il est possible d’utiliser des mousses spéciales à
pour une pièce de 1 m2 environ, renforcée de 20 % tenue thermique supérieure si les températures à l’intérieur du
moule sont élevées.
de verre sous forme de mat (en masse)
Moule Moule
à température 4.2.2 Inserts métalliques
ambiante à 50 oC
Si les pièces n’ont pas besoin de posséder une structure
Projection du gel-coat sandwich, il peut être nécessaire, pour des besoins de fixation, de
et séchage .................................... 6 à 12 h 2 à 5 min disposer des inserts métalliques dans la pièce.
Habillage du moule
et fermeture ................................. 30 à 120 s 30 à 120 s En général, ces inserts sont fixés sur le poinçon du moule par
Injection........................................ 5 à 120 s 5 à 60 s des pions de fixation et des électro-aimants.
Polymérisation (dans le cas Le moule est habillé comme indiqué précédemment, puis fermé.
des résines polyesters) ............... 180 à 600 min 180 à 600 s Les inserts se trouvent alors exactement à la place voulue. Le
Postcuisson.................................. 60 min à 90 oC 20 min à 90 oC mode de fabrication est ensuite conforme au RTM classique. Afin
Remarque : le temps d’ouverture du moule et d’évacuation de la pièce d’améliorer la liaison insert-résine, il peut être utile, avant fixation
dépend de la forme et de la complexité de la pièce. Il est de l’ordre de 60 s sur le poinçon, d’entourer les inserts de mat de verre. Il est
pour une pièce de 1 m2.
évidemment nécessaire de préalablement dégraisser les inserts.

4.2 Sandwiches et inserts 4.3 Mise en peinture


4.2.1 Sandwiches La mise en peinture des pièces obtenues en RTM peut être faite
de deux manières différentes [11].
Il peut être intéressant de réaliser des structures sandwiches afin
d’augmenter la résistance mécanique des pièces. Les structures
sandwiches obtenues en RTM sont en général composées de deux 4.3.1 Application d'un gel-coat
peaux moulées par RTM.
Entre les deux peaux, se trouve : Avant toute opération de moulage, on procède à la projection au
— soit une mousse (le cas le plus fréquent) ; pistolet au fond du moule d’un gel-coat de plusieurs centaines de
— soit un nid d’abeilles ; microns d’épaisseur. Le séchage à 50 oC prend quelques minutes.
ou toute autre structure (métal, par exemple). Ensuite seulement on procède à l’injection du système réactif et il
se produit un transfert du gel-coat sur la surface de la pièce.
Dans le cas des structures sandwiches contenant de la mousse,
deux possibilités peuvent se présenter. L’intérêt de cette méthode réside dans le fait que la pièce sort
peinte et que ses porosités sont bouchées par le gel-coat.
■ La mousse a une dimension juste inférieure à celle de la pièce. Il
Par contre, l’inconvénient réside dans l’allongement du temps de
suffit alors de déposer un mat de verre dans la matrice du moule,
cycle et dans la nécessité de bien recouvrir le fond de moule de
puis la mousse, puis un autre mat de verre. Ensuite, le moule est
manière à avoir une pièce complètement peinte. Le gel-coat peut
fermé et l’on injecte la résine comme précédemment, tout en
ensuite, si nécessaire, recevoir des traitements divers : ponçage,
veillant bien à ce que la résine circule correctement dans le moule,
lustrage, etc.
de manière à mouiller les mats supérieurs et inférieurs. Il est
possible aussi, avant le moulage, de coller des inserts métalliques
sur la mousse, ce qui permet de sortir une pièce prête à être
assemblée. 4.3.2 Mise en peinture classique
■ Les renforts en mousse ont besoin d’être disposés à des endroits La pièce sort du moule brute d’aspect ; il est nécessaire, pour la
précis (de la pièce) qui doivent posséder un module d’Young plus peindre :
élevé (rigidité localement améliorée). Le processus est alors — de faire un égrenage ou un ponçage pour améliorer
différent, car il faut positionner avec précision ces renforts : en l'adhérence ;
général, ils sont fixés sur le poinçon du moule par des pions de fixa- — de déposer un apprêt très « garnissant » (polyester ou poly-
tion, ou des électro-aimants. Lorsque le moule se ferme, les renforts uréthanne), de façon à boucher toutes les porosités ;
en mousse sont situés exactement à l’endroit souhaité ; il n’y a plus — de procéder à une cuisson et à un ponçage humide ;
alors qu’à injecter la résine et à suivre le processus classique. — d’opérer un laquage avec cuisson à 80 oC.
De la même manière que précédemment, des inserts métalliques Selon l’aspect désiré, des gammes de préparation plus simples
peuvent être préalablement collés sur ces renforts. peuvent être envisagées.

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Pour obtenir l’aspect dit « classe A automobile », il est souvent Nous avons résumé dans le tableau 6 les caractéristiques
nécessaire de réparer quelques trous sur les pièces (manque de comparées de ces trois méthodes.
résine) : il est recommandé d’utiliser un mastic polyester qui poly- Le grand intérêt du RTM est sa souplesse de mise en œuvre, qui
mérise plus rapidement qu’un mastic époxyde. Le mastic peut être permet de régler le temps de cycle, la forme de la pièce, la position
renforcé de fibres de verre courtes. des inserts, la présence, le taux des renforts, à volonté.

5. Avantages 5.2 Inconvénients


et inconvénients
Les principaux inconvénients du procédé RTM sont les suivants.
5.1 Avantages du procédé RTM ■ L’aspect des pièces obtenues n’est pas de classe A Automobile,
par rapport à d’autres méthodes c’est-à-dire que les fibres de verre restent apparentes. Mais des
travaux sont en cours pour améliorer la formulation des systèmes
concurrentes réactifs ainsi que la conception du moule : ces modifications
devraient donner aux pièces un aspect nettement meilleur que celui
Nota : le lecteur pourra utilement se reporter à l’article général Mise en œuvre des qu’elles ont actuellement.
composites. Méthodes et matériels [A 3 720], dans ce traité.
Le procédé RTM est intermédiaire entre le procédé de moulage ■ Le temps de cycle peut être jugé un peu long (par rapport au
au contact (ou par projection simultanée) et le procédé de moulage SMC) si l’on veut fabriquer des pièces en grandes séries. Par contre,
par compression des SMC. le temps de cycle est parfaitement adapté pour un nombre de pièces
compris entre 10 et 150 par jour ; de plus, l’investissement est très
Le moulage au contact permet de faire quelques pièces par jour,
limité.
ce nombre n’excédant pas 10 pièces par personne. Le procédé
RTM, par contre, permet de faire jusqu’à 10 pièces par heure, le ■ Les pertes de matière dues au détourage peuvent être diminuées
procédé SMC permet la fabrication de 40 pièces par heure environ par la fabrication de moules étanches et par le calcul prévisionnel de
(dans un proche avenir, ce taux pourrait doubler). l’écoulement de résine à l’intérieur du moule. (0)

Tableau 6 – Caractéristiques comparées des trois méthodes concurrentes


de moulage des matières thermodurcissables
Moulage par compression
Moulage au contact Procédé RTM
des SMC

Coût d’investissement Très faible (matrice) Moyen (moule + table éléva- Élevé (moule + presse)
trice)
Nombre de pièces par heure 1à2 1 à 10 20 à 40

Très flexible (structures Flexible (strucures sandwiches, Peu flexible (fibres courtes, pas de
Flexibilité du procédé tissu, pas de strucutre sandwich)
sandwiches, inserts...) inserts...) sauf cas très pariculier
Température 20 oC 20 à 120 oC 120 à 160 oC
Temps de cycle >1h 5 min à 1 h 1 à 4 min
Postcuisson Nécessaire Nécessaire Inutile
Perte au détourage Importante Importante à moyenne Très faible
Plus dlicate et chère au niveau
Fabrication de grandes pièces Possible Possible
de l’investissement
Automatisation Procédé très manuel Procédé automatisable en partie Procédé automatisable
Délai entre le dessin
de la pièce et la sortie 1 à 3 mois 3 à 6 mois 6 à 12 mois
de la première pièce
Sans gel-coat : mauvais Sans gel-coat : moyen
Aspect des pièces Bon
Avec gel-coat : moyen Avec gel-coat : bon
— Pièces de bateaux — Pièces d’automobiles — Pièces d’automobiles
— Pièces pour matériel — Pièces pour matériel — Pièces électriques
Exemples d’applications
ferroviaire ferroviaire — Cabines téléphoniques
— Brides pour tuyaux — Stockeurs — Sanitaires (éviers, baignoires...)

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6. Marchés et applications En France, le RTM permet la fabrication de pièces destinées à


l’industrie automobile (Matra, Soutira, Cofim).
En Italie, le RTM permet de fabriquer des conteneurs et des
La consommation globale de pièces obtenues en RTM et en RIM poubelles (Lamber).
était estimée en 1988 à 30 000 t environ pour la CEE. En Allemagne, des conteneurs et des stockeurs sont fabriqués
Elle se décompose ainsi : par cette technique (Chemowerk).
— RTM à partir de résines polyesters..............................14 000 t En Suisse, les domaines d’application du RTM sont variés :
— S-RIM à partir de polyuréthanne sur mat de verre secteur ménager (éviers), secteur automobile (pièces pour
(intérieurs de portières, tableaux de bord, consoles) ...........7 000 t la BMW Z1).
— R-RIM à partir de polyuréthanne (fibres broyées) .......9 000 t La part du RTM dans ces différents secteurs devrait s’accroître
Dans le domaine du RTM à partir de polyesters insaturés, la dans l’avenir.
France, l’Italie et la Grande-Bretagne assurent à elles trois les 3/4
de la production.

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P
O
U
Moulage par injection de résine R
à basse pression ou procédé RTM
E
N
par François BOINOT
Ingénieur de l’Institut National Supérieur de Chimie Industrielle de Rouen
Ingénieur de Recherche et Développement
S
Matra Automobile
et Alain GURLIAT A
Ingénieur de l’École Centrale de Lyon
Directeur du Centre de Theillay
Matra Automobile
V
O
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nouveaux développements. SNIA Sistema
[13]
pièces extérieures
automobile ».
de carrosserie

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L
equipment style choice and use. Liquid Compositi, JEC (1990).

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Control Corp., SPI (1989).
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lisation numérique du procédé RTM. Vetro-
dans la carrosserie automobile. Assises de la
Plasturgie Française, janv. 1990. U
RTM and LPM processes.Total Composites
Inc., SPI (1990).
tex-Renault, JEC (1990).
S
Constructeurs. Fournisseurs
Producteurs de résines pour RTM Résines vinylesters
Résines polyesters BASF.
Dow Chemical.
Alusuisse (représenté en France par Maprac).
BASF. Résines phénoliques
DSM. Total Chimie.
Hüls. Perstorp.
2 - 1991

Total Chimie.
SIR. Fournisseurs de mats de verre
Reichhold. OCF (Owens Corning Fiberglas).
Routtand. Vetrotex Saint-Gobain.
Résines acryliques Constructeurs de machines de RTM
ICI (marque Modar ). Liquid Control.
Matrasur (marque Vénus ).
Doc. A 3 728

Résines époxydes Stratime Capello Systèmes.


Ciba-Geigy.
Dow Chemical. Fabricants d'électroformes pour moules
Shell Chimie. Express Plastic.
Galvanoform.
Reydel.

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