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Boues de STEP

La fonction d’une station d’épuration est de traiter les substances contenues dans les
eaux usées afin de pouvoir rejeter dans le milieu naturel une eau épurée. Ce traitement
s’accompagne de la formation d’un sédiment résiduel, les boues d’épuration.

Origine, composition et filières de traitement des boues

Les eaux usées des habitants sont, pour la plupart, acheminées vers les stations
d’épuration via le réseau d’assainissement (égouts). A la sortie de cette STation
d’EPuration (STEP), on trouve de l’eau épurée (rejetée dans le milieu naturel) et des
résidus d’épurations, constitués notamment de boues contenant des substances
minérales et organiques.
Dans les stations d’épuration biologique conventionnelles, les boues apparaissent à deux
niveaux :
les boues primaires : les plus grosses particules solides se déposent au fond du
décanteur primaire,
les boues secondaires : les particules fines et dispersées et les substances
dissoutes sont fixées et métabolisées par les bactéries qui se multiplient en
présence d’oxygène au cours de l’épuration. Cette biomasse bactérienne est
séparée de l’eau épurée dans le décanteur secondaire.

Les boues primaires et les boues secondaires en excès sont en général mélangées pour
donner des boues mixtes.
Schématiquement, les boues sont constituées de matière sèche et d’eau. En moyenne,
une station d’épuration des eaux usées produit par jour et par habitant raccordé 50 à 60
grammes de matières sèches.

Les boues contiennent notamment de l’azote, du carbone et du phosphore. Ces éléments


peuvent nuire à l’environnement, particulièrement au milieu aquatique, lorsqu’ils sont
rejetés en grande quantité (eutrophisation, …). La forme principale à éliminer est la
pollution carbonée. Cette matière organique peut être décantable ou biodégradable par
l’action de microorganismes vivants.

On trouve dans les boues urbaines :


des éléments fertilisants : les boues sont riches en matières organiques
(phosphore, azote).
des éléments indésirables :
o Des éléments traces minéraux : ils sont constitués en majorité des
métaux. Certains de ces éléments occupent une place essentielle à faibles
concentrations dans l’organisme (oligo–éléments), mais deviennent
généralement toxiques au-delà d’un certain seuil.
o Des micro–organismes pathogènes : virus, bactéries, protozoaires, vers
parasites, et les champignons. Ils sont notamment présents dans les

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matières fécales rejetées dans les réseaux d’eaux usées et donc
inévitablement présents dans les boues brutes.
o Des micropolluants organiques : les substances les plus fréquemment
considérées sont HPA (Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques) et les
PCB (Polychlorobiphényles) car ils sont particulièrement persistants. Les
composés suivants entrent aussi dans cette catégorie : pesticides, résidus
de médicaments, phtalates, nitrates … .
o Des radionucléides,
o etc.

Du fait de l’augmentation des performances de collecte et des traitements des eaux


usées, liée notamment à la mise en conformité progressive des systèmes
d’assainissement avec les engagements communautaires de la France, les quantités de
boues produites à l’échelon national ont été en constante augmentation au cours des
années passées.

Si de nombreux traitements sont mis en place pour limiter le volume produit, les odeurs
de boues, la nocivité des boues, traditionnellement 3 filières sont utilisées pour évacuer
les boues, selon que l’on privilégie un mode de gestion basé sur l’élimination ou le
recyclage.
Les trois filières de traitement sont donc la mise en décharge, l’incinération et enfin
l’épandage agricole.

Focus sur l’épandage agricole

La directive du 12/06/1986 (modifiée par des textes de 91 et 2003) définit au niveau


communautaire les standards minimaux de qualité pour les boues et les sols récepteurs
et édicte les principes de traçabilité permettant la valorisation de ces matières.
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/DGALN_-
_86_CEE_D86_278_epandage_boues.pdf

Les boues d’épuration ne seront plus épandues à terme sous forme liquide, mais après
traitement mécanique et thermique, sous forme de compost ou de granulés.
Depuis la publication au Journal Officiel des arrêtés du 18 mars 2004 qui rendent
obligatoire la norme NFU 44-095 pour les composts de boues d’épuration, on peut
envisager maintenant la commercialisation d’un produit homologué au lieu de recourir
aux plans d’épandage. On peut aussi sécher les boues par des moyens économes
d’énergie et rendre l’épandage aussi intéressant que l’incinération.
http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=20040326&n
umTexte=33&pageDebut=05792&pageFin=05793

Pour en savoir plus sur l’encadrement juridique des épandages agricoles :


http://www.developpement-durable.gouv.fr/La-reglementation-europeenne-
et,13890.html

Effets sur la santé des diverses filières de traitement

Risque sanitaire de la mise en décharge


La connaissance de l’exposition (inhalation de composés volatils ou gazeux émis par la
décharge ou ingestion d’eau souterraine ou de surface contaminée par percolation dans
le sol des « jus » de décharge) et des risques sanitaires associés à la mise en décharge
est aujourd’hui faible.
Cependant, bien que des plaintes soient nombreuses autour des décharges (pour cause
d’irritations, …), il n’est pas possible, actuellement, de connaître la part des déchets à ces
situations et donc par conséquence, la contribution des boues mises en décharge.
A ce sujet, le rapport Stockage des déchets et santé publique coordonné par l’Institut de
veille sanitaire (InVS) et réalisée conjointement avec l’Agence française de sécurité

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environnementale (AFSSE), conclut : « Il ressort de cette étude que la situation générale
du risque lié au stockage de déchets ménagers en France, n’apparaît pas
particulièrement préoccupante, au vu des analyses des conséquences des expositions au
long cours. Néanmoins, des améliorations sont à apporter notamment sur l’impact
sanitaire à court terme qui peut encore être associé aux émissions de certaines
décharges de déchets bruts insuffisamment contrôlées. En effet, des troubles liés au
stockage de déchets dans de telles conditions peuvent affecter la vie des riverains
(nuisances odorantes et/ou émissions d’hydrogène sulfuré qui peuvent entraîner des
effets irritatifs au niveau des muqueuses). Par ailleurs, les connaissances sur les effets
reprotoxiques (effets toxiques sur la reproduction) demandent à être approfondies» .

Risque sanitaire de l’épandage


Depuis plus de 30 ans, des boues d’épuration municipales sont épandues en France sur
des terres agricoles. Aucun accident portant atteinte à la santé publique n’a été
enregistré à ce jour.
Il faut également savoir que les boues urbaines représentent moins de 2% des déchets
épandus en agriculture (les déjections animales en représentent 94%).
Il est important de souligner que les risques de contamination par la consommation de
produits animaux (épandage sur pâturages passant par l’animal par ingestion directe)
existent bel et bien pour les composés qui ont tendance à s’accumuler dans les graisses
animales (graisse, lait), et notamment les PCB* et HPA*. Nous ne traiterons pas ici des
désagréments de voisinage provenant de l’épandage de boues brutes. Bien évidemment
si les boues contiennent des éléments indésirables, ceux-ci sont transférés au sol d’où
l’importance des interventions en amont.

Risque sanitaire lié à l’incinération des boues


Les gènes pathogènes sont détruits par la chaleur et ne représente donc pas de risque
pour la population.
Les risques sanitaires liés à la voie respiratoire des populations paraissent faibles, selon
l’avis d’expert (« L’incinération des déchets et la santé publique », Société Française de
Santé Publique, 11/1999). Mais on peut néanmoins émettre des réserves quant aux
effets à long terme, notamment en ce qui concerne les métaux et les dioxines.
Les risques sanitaires semblent être fortement liés à la technologie utilisée pour
l’incinération des boues urbaines. Citons, à titre d’exemple, les technologies modernes de
four à lit fluidisé qui permettent de réduire fortement le risque d’émissions de dioxines ou
de furanes qui touchent essentiellement la population par l’intermédiaire de la chaîne
alimentaire.

La position de FNE

Aujourd’hui, FNE privilégie la filière de l’épandage compte tenu des besoins en matières
organiques des sols et rappelle que les amendements de type potassium par exemple,
vendu couramment dans le commerce, ne sont pas exempts de métaux lourds.

Pour conclure, de nombreuses incertitudes scientifiques règnent dans le domaine des


boues de STEP, notamment sur l’éventuel risque sanitaire lié à la mise en décharge et
même sur les résidus de polluants dans les boues. La réduction, voire la diminution, des
rejets ou des entrées de micropolluants dans le réseau d’assainissement doit être le fer
de lance en ce qui concerne la problématique des boues. Le principe de la réduction à la
source apparaît donc comme l’approche essentielle à privilégier pour garantir la
diminution des risques sanitaires des différentes filières d’élimination des boues urbaines
(épandage, incinération et mise en décharge).

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Pour en savoir + :

« Traitement et valorisation des boues de STEP », UMINATE, juin 2004

Impacts sanitaires des apports de matières fertilisantes sur les sols franciliens »,
ORS Ile de France, juillet 2004
http://www.ors-idf.org/etudes/pdf/4p_epandage.pdf

Les boues d’épuration municipale et leurs utilisations en agriculture


http://www.ademe.fr/partenaires/boues/

La gestion des risques liés à l’épandage des boues de station d'épuration des eaux usées.
http://www.bretagne-environnement.org/Dechets/Les-types-de-dechets/Les-dechets-organiques/La-gestion-
des-risques-lies-a-l-epandage-des-boues-de-station-d-epuration-des-eaux-usees

Aspects juridiques relatifs à la gestion des boues d'épuration - Sylvie Durousseau – 2006
http://www.bretagne-environnement.org/Media/Documentation/Bibliographies/Aspects-
juridiques-relatifs-a-la-gestion-des-boues-d-epuration

Evaluation des risques sanitaires liés aux éléments traces métalliques, composés traces
organiques et agents pathogènes dans le cadre de l'épandage des boues urbaines et des
boues issues d'industries agroalimentaires - H. Morin – 2006
http://fulltext.bdsp.ehesp.fr/Ensp/memoires/2006/igs/morin.pdf?03KK0-W4D0D-M7104-
601K1-0K4D8

Eléments de contexte et réglementation française relatifs à la valorisation des boues


issues du traitement des eaux usées. – mars 2009
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/DGALN_-
_090504_lpdi_boue_synthese_internet_francais_v1.pdf

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« TRAITEMENT ET VALORISATION DES BOUES
DES STATIONS D’EPURATION »
le 19 juin 2004 à TOULOUSE

LES BOUES EN FRANCE ET EN EUROPE

Marie-Claude LOZAC’H

1) PRESENTATION : qu’est-ce qu’une boue ?

Les boues proviennent de l’épuration des eaux usées


acheminées par les réseaux d’assainissement (égouts) dans les
stations d’épuration. Elles sont les résidus du traitement des eaux
usées domestiques (et souvent de pluie) et constituent le concentré des
déchets humains (et parfois aussi industriels).

Les boues résultent de l’activité biologique des micro-


organismes vivant dans ces stations qui transforme les matières
transportées par les eaux usées pour qu’elles puissent en être extraites.

Les boues sont principalement constituées de particules solides non


retenues par les pré-traitements en amont de la station d’épuration, de
matières organiques non dégradées, de matières en suspension minérales
et de micro-organismes (bactéries dégradatives pour l’essentiel).
Elles se présentent sous forme d’une « soupe épaisse » qui subit
ensuite des traitements visant en particulier à réduire leur teneur en eau.

Les boues contiennent notamment de l’azote, du carbone et du


phosphore. Ces éléments peuvent nuire à l’environnement,
particulièrement à l’eau, lorsqu’ils sont rejetés en grande quantité
(eutrophisation…).

Le traitement ou l’épuration des eaux usées a pour objectif de


réduire la charge polluante qu’elles véhiculent afin de rendre au milieu
aquatique une eau de qualité.

Les quantités de boues produites sont en augmentation, et cette


augmentation va se poursuivre. Elle est le résultat de l’amélioration de la
dépollution des eaux usées avant leur rejet dans la nature. Plus

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l’épuration est poussée, et différents composés retenus pour protéger le
milieu naturel, et plus la quantité de boues produites est importante.
Ainsi d’ici à la fin 2005, dans toutes les agglomérations de plus
de 2000 habitants, toutes les eaux usées devront être traitées dans les
stations d’épuration.

Cette obligation découle de la Directive européenne « eaux


usées » du 21 mai 1991, transcrite en droit français par la loi sur l’eau
de 1992.

Le renforcement de la réglementation sur les eaux usées et


l’amélioration des performances des stations d’épuration ont conduit en
10 ans au doublement du tonnage des boues.

C’est le prix à payer pour rejeter une eau à peu près propre.

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2) LES CHIFFRES

Boues produites en France, par habitant, en moyenne:

-45 g de MS par jour (=3 litres)


-15 kg de MS par an ( =1 000 litres)

En comparaison avec les autres pays de l’U.E, la France se place


vers le milieu car l’assainissement individuel représente encore de 20 à
30%.

Boues produites en France dans 13 000 stations d’épuration :

-en 2000 : 8,5 millions de tonnes=850 000 tonnes de M.S


-en 2003 : 10 millions de tonnes=1 million de tonnes de M.S
-en 2005 : 1 300 000 tonnes de M.S sont prévues.

La France occupe la 3ème place dans l’U.E derrière l’Allemagne et le


Royaume-Uni et devant l’Italie et l’Espagne.

La production de l’U.E plus la Suisse, en 2000, était de 7 700 000


tonnes de M.S, par an, l’équivalent de la production des USA.

En France, parmi l’ensemble des déchets municipaux produits, les


déchets de l’assainissement collectifs représentent 19%.

Déchets municipaux en France :

-Ordures ménagères : 57,7 %


-Déchets de l’assainissement collectif : 19 %
-Déchets encombrants des ménages
dont déchets verts : 13 %
-Déchets du nettoiement : 8,5 %
-Déchets verts des espaces publics : 2%

Deux derniers chiffres concernant la production locale de boues :

-Bassin Adour-Garonne : 70 000 tonnes de M.S en 2002


-Station de Ginestous (31) : 16 000 tonnes de M.S pour 2004

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3) DESTINATIONS FINALES DES BOUES

S’il existe de nombreux traitements en amont pour réduire le


volume, les nuisances, la nocivité des boues, actuellement 3 filières sont
utilisées pour évacuer les boues, selon que l’on privilégie un mode de
gestion basé sur l’élimination ou sur le recyclage.

Il s’agit :- de la mise en décharge ;


- de l’incinération ;
- du retour au sol par épandage ;
sachant que le rejet en mer est interdit depuis 1998 (décision de
l’U.E).

a) La mise en décharge (ou centre de stockage)

La mise en décharge représente 25% des tonnages.

La mise en décharge de boues pures ou en mélange correspond à


une concentration maximale de tous les déchets. Le carbone part dans
l’atmosphère sous forme de méthane. Restent l’azote et le phosphore
(non récupérable). Le lieu de stockage doit être confiné et on ignore quel
peut être le devenir à long terme, ni la durée du confinement malgré
toutes les précautions.

L’arrêté du 9 septembre 1997 impose une teneur minimale de


30% de matière sèche.

Les inconvénients majeurs sont :


- la production de gaz à effet de serre,
- le risque de pollution de la nappe phréatique,
- le coût élevé, particulièrement pour les petites
et moyennes stations.

Mais la loi du 15 juillet 1975 modifiée, ainsi que les directives


européennes sur les déchets, s’opposent au dépôt des boues en centre
d’enfouissement, depuis juillet 2002, car elles ne constituent pas un
déchet « ultime » puisqu’elles sont valorisables.
Cependant cette échéance ne pouvant être respectée, une
directive européenne du 26 avril 1999 a planifié la réduction
progressive de la mise en décharge des déchets municipaux
biodégradables (dont les boues) jusqu’en 2015.

Donc, à l’avenir, seules les cendres résultant de l’incinération des


boues pourront être stockées.

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b) L’incinération

L’incinération représente 15% des tonnages de boues.

L’incinération est le procédé radical et définitif de destruction des


déchets à caractère organique. Elle est réalisée, à une température de
850°C, dans des installations spécifiques nécessairement de grande taille
pour des raisons économiques, ou bien en co-incinération avec les déchets
ménagers.
Selon le cas, un séchage préalable plus ou moins poussé peut être
nécessaire.

La matière organique des boues est détruite avec :

- évaporation de l’eau rejetée dans l’atmosphère,


- destruction (minéralisation) de la matière organique avec
rejet de gaz carbonique (CO2) et d’azote,
- production de cendres (20% de la MS) qui renferment
les éléments minéraux et la majeure partie des éléments-
traces,
- et production de gaz acides dont les produits de
neutralisation, non valorisables, sont envoyés en centre
d’enfouissement technique de classe I.

Outre le fait de brûler de la matière organique, les inconvénients


majeurs sont :
- la production de gaz à effet de serre,
- la pollution atmosphérique : rejets de dioxine ?
- des déchets à stocker,
- coût très élevé à cause, notamment des techniques
de traitement des fumées.

C) L’épandage agricole

L’utilisation en agriculture représente 60% des tonnages des boues.

Les premières stations d’épuration sont apparues dès les années


50 et depuis cette époque des boues ont été épandues sur les terres
agricoles.

Le recyclage agricole des boues d’épuration permet de valoriser la


matière organique et les substances fertilisantes qu’elles contiennent.
Les agriculteurs peuvent ainsi diminuer leurs approvisionnements en
engrais, d’où une baisse de leurs charges financières de fertilisation.

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Ils contribuent au développement durable grâce aux économies
réalisées en énergie nécessaire à la fabrication des engrais (azote) et en
ressources minières (phosphore, potasse non renouvelables).
Ils réalisent un acte citoyen en aidant la collectivité à épurer les
eaux usées dans de bonnes conditions.
Enfin, avec le retour au sol des déchets des activités humaines, ils
achèvent le cycle naturel qu’ils ont débuté avec la production de la
nourriture.

A la valeur agronomique des boues et au fait d’être au plus proche


des cycles naturels, s’ajoute comme avantage le coût réduit du recyclage
agricole.

Mais il y a aussi des inconvénients liés à la nature des boues ou aux


pratiques :
- la présence dans les boues de germes pathogènes et
de parasites ;

- la présence sous forme de traces de composés


dangereux issus des ménages ou de l’industrie : les
Eléments Traces Métalliques (ETM), les Composés
Traces Organiques (CTO) ;

- les risques liés à la proximité des milieux naturels


sensibles (rivière, lac, nappe phréatique) ou zone de
loisirs.

Et aussi des inconvénients liés à la société et à l’atteinte de la


qualité de vie :
- les nuisances olfactives ;

- les craintes de consommer un produit mis en contact


avec un déchet ;

- les prises de position rejetant les productions ayant


reçu des boues et la mise au banc d’agriculteurs
utilisateurs de boues.

Nous reviendrons sur tous ces points au cours des différentes


interventions de la journée.

Cependant, l’épandage sur les sols agricoles est une pratique


courante qui ne concerne pas, bien-sûr, que les boues d’épuration, mais
plusieurs centaines de millions de tonnes de matières diverses.

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PRODUITS EPANDUS EN AGRICULTURE

NATURE ORIGINE POIDS en million de


tonnes de MS
Déjections animales agricole 40

Sous-produits agro-alimentaires agro-industrielle 4

Boues de papeteries industrielle 0,7

Boues de STEP urbaine 0,6

Compost de déchets verts, urbaine 0,3


FFOM, et OM triées

Engrais chimiques 13

Pesticides 0,1

Surface Agricole Utile (SAU) = 30 millions d’hectares.

L’épandage de boues d’épuration requiert 2 à 3% de la SAU.

Tous ces effluents contiennent à des teneurs variables des éléments


traces métalliques (ETM) et des composés traces organiques (CTO).

Seul l’apport de boues fait l’objet d’un encadrement et d’analyses


particulières.

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4) LE CONTEXTE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE

L’épandage des boues d’épuration est encadré par une


réglementation constituée des Directives européennes transposées en
textes nationaux dans les lois et dont les modalités d’application sont
définies par des décrets et des arrêtés.

Le cadre réglementaire concernant les boues prend en compte les


textes juridiques sur :
- la protection de l’eau ;
- la pollution par les nitrates d’origine agricole ;
- l’épandage.

a) La protection de l’eau

La Directive européenne n° 91/271/CEE du 21 mai 1991 relative


aux traitement des eaux urbaines résiduaires.
- Elle établit des normes minimales de traitement des eaux
résiduaires à atteindre par étapes d’ici la fin 2005.
- Elle interdit le rejet des boues en mer depuis le
31/12/1998.

La Loi n° 92-3 du 3 janvier 1992, loi sur l’eau, est la transcription en


droit français de cette directive.
- Elle consacre l’eau patrimoine commun de la nation.
- Elle inscrit sa protection et sa mise en valeur au rang de
mission d’intérêt général.
- Elle fixe une échéance en terme de traitement des eaux
usées des collectivités : 2005.
- Elle renforce la police des eaux.
- Elle étend les prérogatives des collectivités dans le domaine
de l’assainissement et de l’aménagement des eaux.

b) La pollution par les nitrates d’origine agricole

La Directive européenne sur les nitrates n° 91/676/CEE du 12


décembre 1991
- impose l’identification de zones sensibles aux nitrates dans
lesquelles la qualité de l’eau a dépassé ou va dépasser la
norme communautaire sur l’eau potable.

Le décret n° 93-1038 du 27 août 1993, relatif à la protection des eaux


contre la pollution par les nitrates d’origine agricole, est la transposition
de cette Directive.

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c) L’épandage

La Directive européenne n° 86/278/CEE du 12 juin 1986 sur


l’utilisation des boues en agriculture :
- établit des valeurs-limites en ETM sur la qualité des
boues et des sols
- définit les obligations de contrôle à mettre en place
pour l’épandage agricole des boues ainsi qu’un certain
nombre de règles d’épandage.

Suite à cette Directive, la France a établi une nouvelle réglementation.


Il s’agit :

Le décret n° 97-1133 du 8 décembre 1997, relatif à l’épandage des


boues de stations d’épuration et,

L’arrêté du 8 janvier 1998 fixant les prescriptions techniques


applicables aux épandages de boues sur les sols agricoles, en application
du décret.

Ces textes fixent les conditions d’épandage et apportent les garanties


nécessaires de leur innocuité.

Les points forts du dispositif sont les suivants :

- L’utilisation de matières fertilisantes recyclées est placée sous l’entière


responsabilité des producteurs (collectivité et société fermière quand
elle existe).

- L’épandage des boues ne peut être réalisé que si celles-ci présentent un


intérêt pour les sols ou pour la nutrition des cultures et des
plantations.

- Toute filière de recyclage agricole doit faire l’objet d’une étude


préalable qui sera présentée pour avis aux services de l’Etat.

- La transparence et la traçabilité des opérations d’épandage doit être


assurée. Chaque année un programme prévisionnel d’épandage, de
même qu’un bilan agronomique doivent être établis.

- La tenue à jour d’un registre des épandages est également


obligatoire.

- L’évolution de la qualité des sols est régulièrement contrôlée.

- La qualité des matières fertilisantes recyclées doit assurée leur


innocuité. L’analyse systématique des éléments traces permet de

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garantir en permanence que la qualité des produits épandus est
conforme aux prescriptions réglementaires.

- Les épandages ne peuvent avoir lieu qu’à certaines périodes.

d) Statut juridique

Mais le statut juridique des boues reste à définir. Les boues sont-
elles des déchets ou bien des matières fertilisantes ?

Le décret n° 97-1133 du 8 décembre 1997 les qualifient de


« déchets », au titre de la Loi du 15 juillet 1975 modifiée : « Est
un déchet tout résidu d’un processus de production, de
transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit
ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son
détenteur destine à l’abandon ».

Pourtant la Loi n° 79-595 du 13 juillet 1979 précise que « les


matières fertilisantes comprennent les engrais, les amendements et,
d’une manière générale, tous les produits dont l’emploi est destiné à
assurer ou à améliorer la nutrition des végétaux ainsi que les
propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols ».

Enfin, l’arrêté du 18 mars 2004 publié au JO n° 73 du 26 mars


2004 précise les modalités d’application pour les composts de la
norme NFU 44-095, publiée en 2002.

Avec la normalisation les composts de boues deviennent un produit.


Et, au-delà des querelles sémantiques, la terminologie utilisée
change le statut des boues et les responsabilités engagées :

- si déchet, c’est la responsabilité du producteur de boues


qui est engagée ;
- l’homologation, elle, reçoit la garantie de l’Etat ;
- si la boue devient un produit, dans le cas de la
normalisation, elle répond au droit commercial et la
répartition des responsabilités est plus complexe,
l’agriculteur est alors concerné.

Voir l’article du dossier intitulé : Les boues en quête d’une réputation


d’Environnement Magazine.

e) Et l’agriculture biologique

Les boues ne peuvent pas être utilisées en AB. En effet, elles ne figurent
pas dans la liste de l’annexe II A du règlement n° 2092/91, Cahier des
charges de l’AB.

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PRODUITS EPANDUS EN AGRICULTURE

NATURE ORIGINE POIDS en million de


tonnes de MS
Déjections animales agricole 40

Sous-produits agro-alimentaires agro-industrielle 4

Boues de papeteries industrielle 0,7

Boues de STEP urbaine 0,6

Compost de déchets verts, urbaine 0,3


FFOM, et OM triées

Engrais chimiques 13

Pesticides 0,1

Surface Agricole Utile (SAU) = 30 millions d’hectares.

L’épandage de boues d’épuration requiert 2 à 3% de la SAU.

Marie-Claude LOZAC’H
Séminaire UMINATE : Traitement et valorisation des boues de STEP le 19 juin 2004, Toulouse.
Boues produites en France, par habitant, en moyenne :

-45 g de MS par jour (=3 litres)

-15 kg de MS par an (=1 000 litres)

Boues produites en France dans 13 000 stations


d’épuration :

-en 2000 : 8,5 millions de tonnes=850 000 tonnes de M.S

-en 2003 : 10 millions de tonnes=1 million de tonnes de M.S

-en 2005 : 1 300 000 tonnes de M.S sont prévues.

Déchets municipaux en France :

-Ordures ménagères : 57,7 %

-Déchets de l’assainissement collectif : 19 %

-Déchets encombrants des ménages


dont déchets verts : 13 %

-Déchets du nettoiement : 8,5 %

-Déchets verts des espaces publics : 2%

Production locale :

-Bassin Adour-Garonne : 70 000 tonnes de M.S en 2002

-Station de Ginestous (31) : 16 000 tonnes de M.S pour 2004

Marie-Claude LOZAC’H
Séminaire UMINATE : Traitement et valorisation des boues de STEP le 19 juin 2004, Toulouse.
CONTEXTE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE

LOI N° 75-633 LOI N° 79-595


Du 15 juillet 1975 modifiée Du 13 juillet 1979
« Est un déchet… ». « Sur les matières fertilisantes ».

ARRETE du 18 mars 2004-05-11


« Application de la norme NFU 44-095
publiée en 2002 ».

DIRECTIVE EUROPEENNE N° 91/271/CEE DIRECTIVE EUROPEENNE N° 91/676/CEE


du 21 mai 1991 Du 12 décembre 1991
« Relative au traitement des eaux urbaines « Directive nitrates ».
résiduaires ».

LOI SUR L’EAU N° 92-3 DECRET N° 93-1038


Du 3 janvier 1992 Du 27 août 1993
« Loi sur l’eau ». « Relatif à la protection des eaux contre les
nitrates d’origine agricole ».

DIRECTIVE EUROPEENNE N° 86/278/CEE


Du 12 juin 1986
« Relative à la protection de l’environnement et
notamment des sols lors de l’utilisation des boues
d’épuration en agriculture ».

DECRET N° 97-1133 ARRETE du 8 JANVIER 1998


Du 8 décembre 1997 « Relatif à l’épandage des boues
« Relatif à l’épandage des boues issues urbaines ».
du traitement des eaux usées ».

Marie-Claude LOZAC’H
Séminaire UMINATE : Traitement et valorisation des boues de STEP le 19 juin 2004, Toulouse.

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