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1SC

Module EIAA
Chapitre III

Enseignante : Dr. YAHIA CHERIF.A


Chapitre III

Caractéristiques des effluents


des IAA
Introduction à la pollution de l’eau
Définition générale : Dégradation d’un milieu naturel
par l’introduction dans l’air, l’eau ou le sol des matières
n’étant pas présentes naturellement dans le milieu.

On appelle pollution de l’eau toute modification des


caractéristiques chimiques, physiques ou biologiques de la
qualité naturelle de l’eau ayant un caractère gênant ou
nuisible pour les usages humains, la faune ou la flore.
Classification des différentes pollutions
Type de pollution Nature chimique Source ou agent causal
Physique :
1) Pollution thermique Rejet d’eau chaude Centrales électriques
2) Pollution radioactive Radio-isotopes Installations nucléaires

Chimiques :
1) Pollution par les fertilisants Nitrates, phosphate Agriculture
2) Pollution par des métaux Mercure, cadmium, Plomb, Industrie, combustions.
toxiques Aluminium, Arsenic …etc
Insecticides, herbicides, Agriculture ( industrie)
3) Pollution par les produits fongicides
pesticides Effluents domestique , industrie
Agents tensioactifs Industries pétrolières, transport
4) Pollution par les détersifs Pétrole brut et ses dérivés Industries
5) Pollution par les Insecticides, solvant chlorés
hydrocarbures Industries, (usage dispersifs pour
1) Pollution par les composés Très nombreuses molécules ( certains)
organochlorés plus de 70,000)
2) Pollution par les autres
composés organiques

Matières organiques Glucides, lipides, protides Effluents domestiques, agricoles,


fermentescibles d’industries agro-alimentaire, du
bois.
Pollution microbiologique Bactéries, virus entériques, Effluents urbains, élevages,
champignons secteur agro-alimentaire.
Composition des effluents des IAA

- Les rejets des industries agroalimentaires sont généralement


très concentrés, notamment en matières organiques
biodégradables, compte tenu des produits traités.
- Les graisses peuvent être présentes en quantités très
importantes, particulièrement dans les secteurs de la viande,
des plats cuisinés ou de la beurrerie.
- Suivant le type d’activité, le taux de matières en suspension
(MES) est plus ou moins important, mais leur présence est
fréquente.
- Les effluents sont généralement dépourvus de substances
immédiatement toxiques et présentent une grande variation
des concentration en nutriments, suivant notamment le type
d’activité.
- Certaines activités peuvent avoir des rejets importants en sels,
notamment dans le cas d’utilisations de saumures.
Remarques
• De par leur nature organique et fortement
biodégradable (rapport DCO/DBO de 1 à 3 en
général), les effluents stockés sont très
fermentescibles. Un stockage trop important, non
aéré ni brassé, conduit à une acidification des
effluents et à la génération d’odeurs trop
importantes.

• Des variations instantanées importantes des flux


polluants journalières (lavages de fin de journée),
hebdomadaires (lavages de fin de semaine) et
saisonnières (activité saisonnière) sont une des
caractéristiques de ces effluents. Cela dépend bien
évidemment du type d’activité.
Critères d’évaluation de la pollution en
IAA

1. Demande biologique en oxygène (DBO) :


Définition : Elle correspond à la quantité
d’Oxygène en mg/l consommée à 20 °C et à
l’obscurité pour assurer par voie biologique
l’oxydation des matières organiques présentes
dans l’eau pendant un temps déterminé .
On utilise conventionnellement la DBO5 qui
correspond à la quantité d’O2 consommée au
bout de 5 jours à 20°C à l’obscurité ( pour éviter
la photosynthèse).
Ce paramètre est un bon indicateur de pollution
organique carbonée rapidement biodégradable
2) Demande chimique en oxygène (DCO) :
Certaines MO dans les eaux usées
échappent à l’oxydation par voie
biologique ( non biodégradable), c’est
pour cela qu’on a recours à la DCO.

Définition : Elle correspond à la


consommation globale à chaud de
l’oxygène du dichromate de potassium Elle
est représentative de la majeure partie
des composés organiques ainsi que des
sels minéraux oxydables.

Ce paramètre donne une estimation de la


quantité de polluants présents dans un
effluent industriel ou une eau usée.
Interprétation :
DCO/DBO5 donne une première estimation de la
biodégradabilité de la MO d’un effluent donné

DCO/DBO5 < 2 l’effluent est facilement


biodégradable
2< DCO/DBO5 > 3 l’effluent est
biodégradable
DCO/DBO5 > 3 l’effluent n’est pas
biodégradable
3) Détermination du carbone organique total COT :
Certains composés organiques tel que la cellulose, pétrole
…etc résistent à l’oxydation chimique, il nous faut donc une
méthode plus énergétique pour les oxyder.
Le COT représente la teneur en carbone lié à la matière
organique et repose sur une mesure de CO2 après
oxydation complète.

Les résultats sont exprimés en mg de carbone/l d’eau


Remarque :
Les matières oxydables sont à l’origine de la consommation
de l’oxygène de l’eau du milieu du rejet et donc d’une
raréfaction de cette ressource, pouvant conduire à une
asphyxie du monde aquatique et, notamment, des
poissons.
4) Les matières en suspension (MES):
caractérisent la fraction non dissoute. Elles
englobent tous les éléments en suspension
dans l’eau dont la taille permet leur rétention
sur un filtre de porosité donnée.
Elles peuvent être mesurées par filtration ou
centrifugation.

Les MES réduisent la luminosité des cours d’eau


et limitent de ce fait l’activité biologique. Elles
peuvent également nuire à la faune piscicole en
se déposant sur les branchies. Présentes en
grandes quantités, elles occasionnent des
dépôts intempestifs.
5) Nutriments:
- L’azote Kjeldahl correspond à la teneur en azote
organique et ammoniacal d’un échantillon exprimé
en N).
- L’azote ammoniacal représente la somme des formes
ions ammonium et azote ammoniacal libre.
- Le phosphore total couvre l’ensemble des formes
phosphorées présentes dans l’eau (phosphates,
polyphosphates et organophosphates).
Les nutriments participent notamment aux
phénomènes d’eutrophisation des lacs et des cours
d’eau et présentent un risque de pollution des
nappes souterraines. A dose élevée, les nitrates
constituent un risque pour la santé humaine.
6) pH:
Ce paramètre évalue l’acidité ou la basicité
d’un effluent. Une variation du pH peut
induire des modifications d’équilibres
physico-chimiques dans les milieux naturels
et avoir une influence néfaste sur la vie
piscicole.
Un pH mal contrôlé peut également être à
l’origine des phénomènes de corrosion dans
les ouvrages de traitement ou les conduites
d’amenée des effluents.
7) Les graisses:

Les graisses peuvent être mesurées soit par extraction


au chloroforme (SEC : substances extractibles au
chloroforme), soit par extraction à l’hexane (SEH:
substances extractibles à l’hexane).
Outre les dépôts fermentescibles, et donc fortement
odorants, qui peuvent se former sur les conduites ou
dans les postes de relèvement, les graisses peuvent
être la cause d’une dégradation des ouvrages
(acides gras) et d’une réduction des rendements
épuratoires.
8) Salinité :

Une concentration forte des sels peut être à


l’origine de perturbations importantes du
fonctionnement des ouvrages d’épuration
(bactéries sensibles aux variations de
salinité).
Etat de la pollution dans la baie d’Alger

• Prés de 1000 entreprises exercent dans différents


domaines se partagent la baie: métallurgie,
construction, pétrochimie, production pharmaceutique,
industries mécaniques, électriques et électroniques,
alimentation, production de papier … etc

• Deux oueds se jettent dans la baie d’Alger, Oued el


Hamiz et Oued el Harrach. Ces derniers drainent des
eaux usées domestiques et industrielles surtout de la
ville d’Alger qui ne sont traitées qu’à 8% et sont
déversées directement dans la baie.
Selon M.YOSHIDA , conseiller supérieur à
l’agence de coopération internationale
japonaise (JICA), la mauvaise qualité de
l’eau de Oued El Harrach dépasse de
400 fois les normes établies par OMS !!
Quelques activités polluantes dans la baie d’Alger
Conclusion :

Les eaux usées issues des industries et des collectivités (


domestiques) devraient pas être directement rejetées
dans le milieu naturel car sans traitement elle peuvent
engendrer de graves problèmes environnementaux et
de santé publique par conséquent elle doivent être
traiter.
Le choix du traitement est en fonction du type de rejet et
de sa composition.
Traitement des eaux rejetées des IAA
Les procédés de dépollution

I. Prétraitement

II. Traitement primaire

III. Traitement secondaire (traitement biologique)

IV. Traitement tertiaire (complémentaire)

V. Traitement des boues


Prétraitement
 Dégrillage/tamisage : à l’arrivée l’eau usée passe
entre les barreaux métalliques d’une grille (ou d’un
tamis) qui retiennent les déchets volumineux.

 Dessablage : les sables et graviers susceptible


d’endommager les installations en aval se déposent au
fond du bassin conçu à cet effet.

 Dégraissage – déshuilage : l’injection de fines bulles


d’air dans un bassin permet de faire remonter les
huiles et les graisses en surface ou elles sont raclées.
Traitement primaire

La décantation primaire s’effectue dans des bassins le


plus souvent de forme cyclonique. Elle permet
d’éliminer 70% environ des matières minérales et
organique en suspension qui se déposent au fond du
bassin ou elle constituent les boues dites primaires.

Remarque:
Les performance de la décantation peuvent être
améliorées par l’adjonction des produits chimiques
(sulfate d’alumine, agent de coagulation ….). Cette
technique est appelée floculation permet de capter
90% des matières en suspensions
Traitement secondaire
(traitement biologique)

Après décantation, l’effluent est introduit dans des bassins


équipés de dispositifs d’aération ou des microorganismes
naturellement présents dans l’effluent dégradent les
matières organiques dissoutes. L’air insufflé leur fournit
l’oxygène nécessaire pour respirer et ils se développent
en se nourrissant de la pollution organique.
Les techniques de traitement biologique les plus
couramment employées sont :
 les boues activées
 Les lits bactériens
 Les biofiltres

Remarque : Il peut y avoir des cas de traitement qui exige


des traitement biologique en anaérobiose qui
s’effectue en absence d’oxygène
Clarification et rejet des effluents :

Elle permet de séparer l’eau épurées des boues


secondaires issues du traitement biologique. Ce
processus de déroule dans des clarificateurs ou
décanteurs secondaire les plus souvent de forme
circulaire.
Une partie des boues est évacuée en aval vers le
traitement des boues, l’autre partie est recyclée vers
les bassins d’aération pour maintenir la masse
biologique nécessaire au fonctionnement de
l’installation.

Dans la plupart des cas, l’effluent peut être rejeté dans


le milieu naturel après la clarification. Le rejet se fait
par un canal équipé de capteurs de mesure pour
l’autosurveillance de la station.
Traitement tertiaire
(Complémentaire )

Pour obtenir une épuration plus poussée, notamment


lorsque la sensibilité du milieu récepteur l’exige
(réutilisation), il est nécessaire d’effectuer des
traitements complémentaires du type :

 filtration sur lit de sable


 Désinfection par chlore ou autres produits oxydant
(ozone …)
 Elimination de l’azote
 Elimination du phosphore
 Les procédés membranaires
Traitement des
boues
Le traitement d’un mètre cube d’eau usée génère de
300 à 400g de boues. Ces boues généralement très
liquides, contiennent une forte proportion de
matières organiques. Elles sont donc très
fermentescibles et susceptibles de causer une
nuisance.

Le traitement a pour but des les conditionner en


fonction des filliéres d’élimination :
 Réduction de leur volume par épaississement,
déshydratation, séchage thermique ou incinération.
 Diminuer de leur pouvoir de fermentation par
stabilisation biologique, chimique ou thermique.
Techniques membranaires
Au cours de l’histoire de traitement de l’eau, les techniques
de filtration ont évolué dans le sens de la mise au point
des procédés permettant une filtration de plus en plus
fine: de la filtration sur gravier dés les temps les plus
anciens aux cartouche en céramique poreuses
stérilisantes mises aux point par Pasteur et
Chamberland.

La mise au point très récente des techniques séparatives


mettant en jeu des membranes a curieusement
commencé par les membranes les plus fines d’osmose
inverse. Ce n’est qu’au cours de la dernière décennie que
sont apparues les membranes moins fines
d’ultrafiltration (UF), puis très récemment de
nanofiltration (NF).
Définition d’une membrane
permsélective
Une membrane de filtration est une fine couche
de quelques centaines de nanomètres à
quelques millimètres d’épaisseur séparant
deux compartiments, et dotée de propriétés
sélectives pour permettre le passage
préférentiel d’une espèce par rapport aux
autres sous l’effet d’une force de transfert. La
membrane est le plus souvent solide mais elle
peut être également liquide ou même
gazeuse.
Classification des membrane
1) Selon la nature :
Elle peut être organique ou minérale.
Organique : à base de polyméres ( PES, PP, PS …)
Minérale : elles sont composées d’un support
macroporeux à base d’alumine ou de
carbone sur lequel sont déposées un nombre
variable de couches d’oxydes minéraux
(aluminium, ZrO2, TiO2…).
Avantage et inconvénients
Membranes organiques:
• Une mise en œuvre aisée
• Une disponibilité dans toutes les tailles de pores
• Un faible coût de production
Cependant, leur faible résistance physique et
chimique pose problème.
Membranes minérales:
forte résistantes physique et chimique ( Ph, T° …)
mais elles sont trop chères.
2) Selon la porosité : Poreuses ou denses

3) Selon la structure :

Symétrique Asymétrique
Membrane poreuse
Membrane dense
4) Selon la géométrie :

 Plane : elle est agencée dans 2 types de


modules :

Module plan de type filtre press


Module à enroulements spiralés
 Tubulaire :

Module tubulaire
 Fibres creuses :

Module en fibres creuses


La filtration membranaire

C’est le passage plus ou moins aisé d’une


espèce en solution à travers une membrane
sous l’action d’une force motrice appliquée de
part et d’autre des parois de la membrane, ce
qui résulte une séparation sélective des
constituants de la solution (selon la taille,
poids moléculaire, charge … etc)
Procédés membranaires classés selon la nature de la
force motrice
Procédés baro-membranaires
Ce sont des procédés de filtration membranaire
où la force motrice de transfert de matière à
travers la membrane est un gradient de
pression exercé de part et d’autre de la
membrane, également définie comme la
pression transmembranaire (PTM).
Deux entités de concentrations différentes sont
alors récupérées : le rétentat qui contient les
molécules ou particules retenues par la
membrane et le perméat qui contient les
molécules qui traversent la membrane.
• Pression transmembranaire : Différence de pression
entre les deux compartiment de la membrane (
Rétentat et Perméat)
• Perméat: Partie de produit ou fraction du produit
qui traverse la membrane durant le processus de
filtration
• Rétentat : Partie de produit ou fraction du produit
qui ne traverse pas la membrane durant le processus
de filtration.
• Flux de la membrane : Le volume de produit qui
traverse la membrane par unité de temps, par unité
de surface membranaire (litre/h.m2)
• Perméabilité de la membrane : Flux par unité de
pression (L/h.m2.bar)
Classification des procédés baro-membranaires en fonction de la taille des espèces retenues
Applications en IAA

1) La microfiltration (MF) :
séparation des émulsions eau/huile,
Elimination des bactéries/clarification des
boissons,
 Fractionnement de protéines de lait … ETC
2) L’ultrafiltration (UF) :
Clarification du vin, des jus de fruit,
fractionnement du lait…etc.
 La concentration des protéines du
lactosérum… etc

3) Nanofiltration (NF) :
 Déminéralisation du lactosérum
4) L’osmose inverse (OI) :
concentration de jus de fruits, sucre, café,
lait…etc
 Dessalement des eaux de mer pour produire
de l’eau potable.
Les systèmes de filtration sur membrane

Filtration frontale (Dead end)


Filtration tangentielle (Cross flow)
Avantage et inconvénients
Filtration tangentielle :
• Processus en continu (gain de main d'oeuvre non
négligeable)
• Faible colmatage
• fréquence de remplacement est faible
Cependant,
• Le prix d'achat elevé
• consommation énergétique importante
• importante consommation d'eau nécessaire pour le
lavage et la régénération des membranes.
• Encombrante.
Filtration frontale :
• Faible prix d’achat
• Facile à manipuler (Absence de retentât)
• Peu encombrante
• Faible consommation énergétique
Cependant;
• Processus en discontinu
• Colmatage irréversible ( remplacement
fréquent)
La variabilité de la production en IAA conduisent à des
caractéristiques d’eaux résiduaires variées, mais avec
toutefois des points communs que l’on peut résumer
comme suit :

• une pollution essentiellement organique et facilement


biodégradable caractérisée par des rapports
DCO/DBO5 < 2 ;
• une tendance générale à l’acidification et à la
fermentation rapides.

En conséquence, les lignes de traitement seront


normalement fondées sur un traitement biologique,
précédé le plus souvent d’un prétraitement spécifique
adapté à chaque type de production et enfin un
traitement tertiaire pour neutraliser et contrôler les
odeurs et clarifier l’eau traitée.

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