Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Module :
Nutrition et santé
Enseignant :
A. BOUNIHI
MCB à l’ESSAIA
Chapitre 3
Diagnostic nutritionnel
Diagnostic nutritionnel
Le diagnostic nutritionnel est établi au terme du recueil d’un ensemble de paramètres cliniques
composites validés :
Il permet d’apprécier grossièrement les réserves lipidiques et protéiques d’un malade. Il existe un
certain nombre de signes cliniques directement en rapport avec une dénutrition prolongée :
- Les cheveux sont rares, fins, secs, décolorés et présentent un défaut de résistance à l’arrachage,
- L’examen de la face montre un amaigrissement qui est souvent observé en premier lieu,
- Les lèvres sont fissurées aux coins de la bouche et une chéilite est parfois retrouvée (fissuration
- La peau est atrophique, avec parfois une desquamation, des pétéchies et différentes dermatoses,
une carence.;
Diagnostic nutritionnel 2- Paramètres anthropométriques
A. Le poids
La pesée est réalisée le matin à jeun, la vessie vide, le patient étant en sous-vêtements,
Pour les malades alités ou difficilement mobilisables, la détermination du poids peut nécessiter de
recourir à un matériel plus élaboré, tel qu’une chaise-balance, un soulève-malade équipé d’un système de
pesée ou un lit-balance,
Il faut toujours rechercher la présence d’œdèmes qui, s’ils sont présents, perturbent l’évaluation du «
poids sec » du patient, indicateur plus fiable de son état nutritionnel réel.;
Diagnostic nutritionnel 2- Paramètres anthropométriques
B. La taille
Elle doit être mesurée directement à l’aide d’une toise, le patient ayant enlevé ses chaussures ou à défaut
être recueillie par l’interrogatoire avec dans ce cas un risque de surestimation de sa valeur réelle,
Elle peut également être calculée à partir de la mesure de la hauteur talon-genou (TG) pour les malades
qui ne peuvent soutenir l’orthostatisme ou qui sont grabataires. Le patient étant allongé sur le dos, le
genou fléchi à 90°, on mesure à l’aide d’une toise pédiatrique ou d’un mètre ruban la distance séparant la
B. La taille
La valeur mesurée est alors reportée dans l’équation de Chumlea qui permet de calculer la taille du
patient :
chez l’homme : taille (cm) = 64,19 – 0,04 × âge (ans) + 2,03 × hauteur TG (cm),
chez la femme : taille (cm) = 84,88 – 0,24 × âge (ans) + 1,83 × hauteur TG (cm).;
Diagnostic nutritionnel 2- Paramètres anthropométriques
- Le diagnostic de dénutrition devient probable dès que l’IMC est inférieur à 17 kg/m2 pour un patient
D. Poids habituel
Il est aussi appelé poids de référence ou poids de croisière. Il correspond au poids qu’avait le patient avant
Des pertes pondérales de moindre importance mais d’installation plus rapide ont la même valeur
pronostique péjorative,
Il traduit une dénutrition certaine lorsqu’il dépasse 10 % ; au-dessus de 25 % le pronostic vital est engagé.;
Elle permet la détermination de la masse grasse. Elle est réalisée sur le bras non dominant, demi-fléchi,
Les valeurs normales sont comprises entre 12 et 13 mm chez l’homme et 16 et 17 mm chez la femme.;
Diagnostic nutritionnel 2- Paramètres anthropométriques
rrachiale (CB)
Figure : Mesure de la circonférence
La CMB est calculée par la formule suivante :
25 et 26 cm chez l’homme,
hanches
Figure : Mesure du tour de taille et tour de
Elles sont réalisées à l’aide d’un mètre-ruban, le patient étant en
A- Albumine
Avec une demi-vie de l’ordre de 21 jours, l’albuminémie varie normalement entre 35 et 50 g/L,
Le rôle pronostique de l’albuminémie est souligné par son inclusion dans le calcul de l’indice de Buzby ou
Nutritional Risk Index, indice permettant d’évaluer à la fois l’état nutritionnel des patients et le risque de
B- Préalbumine ou transthyrétine
Son principal intérêt nutritionnel réside dans le fait qu’elle est rapidement réactive aux apports protéino-
énergétiques alimentaires en raison notamment d’une demi-vie beaucoup plus courte (de l’ordre
Elle est synthétisée par le foie et ses taux sériques varient normalement entre 250 et 350 mg/L ;
Comme pour l’albumine, la préalbumine est corrélée à la morbidité induite par la dénutrition.;
C- Autres marqueurs
Transferrine : cette protéine de fixation et de transport du fer dans l’organisme est synthétisée par le foie.
Sa demi-vie est de 8 à 10 jours et son taux sérique varie normalement entre 2 et 4 g/L,
Diagnostic nutritionnel 3- Paramètres biologiques
Retinol binding protein (RBP) : c’est la protéine vectrice du rétinol dont la fonction est de transporter le
rétinol du foie vers les tissus cibles. Elle est synthétisée par le foie, a une demi-vie très courte de l’ordre de
croissance. Il est synthétisé par le foie et possède une demi-vie de 2 à 4 heures. La dénutrition
est responsable de la diminution de son taux sérique par un mécanisme encore inconnu,
Diagnostic nutritionnel 3- Paramètres biologiques
contenue dans les muscles. Elle est éliminée dans les urines proportionnellement à la masse musculaire
du patient et à son degré de filtration glomérulaire. Ainsi, si la fonction rénale est normale, la
crétininurie des 24 heures est un bon reflet de la masse musculaire du patient, 1 g de créatininurie
3-méthylhistidine urinaire (3-MH) : La 3-MH est un catabolite des fibres musculaires qui ne peut être
ni métabolisé ni réutilisé par l’organisme et se retrouve ainsi excrété à près de 95 % dans les urines. Le
dénutrition alors qu’il diminue dans la phase adaptative d’épargne musculaire observée dans les
dénutritions chroniques ,
Bilan azoté : Il correspond à la différence entre les ingesta ou apports en protéines (1 g de protéine
contenant 0,16 g d’N) et les pertes azotées urinaires et fécales (99 % des pertes azotées). On estime
habituellement les pertes azotées à partir du seul dosage de l’urée urinaire qui permet de calculer les
D- Marqueurs immunitaires
Leur utilisation repose sur l’existence d’une altération des fonctions immunitaires (cellulaires et
Lymphocytes sanguins
- La dénutrition diminue la maturation des lymphocytes et peut être à l'origine d'une véritable
lymphopénie,
- La difficulté est de rattacher la baisse des lymphocytes à la seule dénutrition, les interférences
pathologiques étant potentielle ment nombreuses dont les infections, elles mêmes favorisées par la
dénutrition,
Diagnostic nutritionnel 3- Paramètres biologiques
- Ce manque de spécificité ne permet donc pas d'utiliser la lymphopénie comme un marqueur nutritionnel
à part entière.,
Tests cutanés
- Ils sont basés sur l'apparition d'une anergie cutanée à divers antigènes induite par l'altération de
Divers indices associant des marqueurs biologiques à des paramètres cliniques ou anthropométriques ont
été mis au point dans le but d’augmenter la spécificité et la sensibilité des différents marqueurs pris
isolément ;
Il a été défini chez des patients devant bénéficier d’une chirurgie programmée. Son but était de mieux
évaluer l’état nutritionnel de ces patients et de discriminer ceux qui étaient particulièrement à risque de
Son calcul comprend l’albuminémie (g/L) et le rapport entre le poids actuel et le poids habituel du patient :
NRI = 1,519 × albuminémie (g/L) + [0,417 × (poids actuel [kg]/poids habituel [kg]) × 100]
Diagnostic nutritionnel 4- Indices nutritionnels composites
- NRI ˃ 100 : le patient n’est pas dénutri et son risque nutritionnel est nul,
- NRI entre 100 - 97,5 : le patient est faiblement dénutri et son risque nutritionnel n’est pas important,
- NRI entre 83,5 - 97,5 : le patient est modérément dénutri et le risque de développer des comorbidités liées
- NRI ˂ 83,5 : le patient est alors considéré comme sévèrement dénutri et son risque nutritionnel est élevé
C’est une variante du NRI spécialement adaptée aux personnes âgées qui tient compte de la difficulté à
connaître leur poids habituel en raison du déclin cognitif. Le poids habituel est remplacé par le poids idéal,
calculé selon la formule de Lorentz, où la taille peut également être calculée à partir de la mesure de
la hauteur talon-genou,
GNRI = 1,489 × albuminémie (g/L) + [0,417 × (poids actuel [kg]/poids idéal [kg]*) × 100]
- le risque nutritionnel étant modéré lorsque le GNRI est compris entre 82 et 92,
- avec une absence de risque nutritionnel lorsque le GNRI est supérieur à 98.;
Diagnostic nutritionnel 4- Indices nutritionnels composites
Ce score a été développé et validé pour évaluer spécifiquement le risque nutritionnel chez les
Il existe sous une forme simplifiée de six items servant au dépistage et réalisée en 3 à 5 minutes ainsi
que sous une forme complète de dix-huit items nécessitant une dizaine de minutes pour son
exécution,
Diagnostic nutritionnel 4- Indices nutritionnels composites
- S’il est inférieur à 17 sur un maximum de 30, le patient a un mauvais état nutritionnel ainsi qu’un risque
nutritionnel élevé,
- Au-dessus de 23,5, le statut nutritionnel de la personne âgée est bon et son risque nutritionnel nul,
- Entre ces deux valeurs, l’état nutritionnel est modérément altéré tout comme le risque nutritionnel.;
Diagnostic nutritionnel 4- Indices nutritionnels composites
C’est un index subjectif d’évaluation de l’état nutritionnel qui fait appel au recueil d’éléments
d’anamnèse (variation du poids, modification des ingesta, existence de troubles digestifs, capacités
Il permet au clinicien de classer subjectivement l’état nutritionnel du patient selon trois catégories :
C’est un indice composé uniquement de marqueurs biochimiques qui est basé sur le fait que la
synthèse des protéines nutritionnelles est inversement proportionnelle à l’état inflammatoire du patient,
Cet indice nécessite le dosage de deux protéines nutritionnelles (albumine et préalbumine) et de deux
E. Autres index
D’autres index plus ou moins sophistiqués ont été proposés pour tenter d’améliorer l’évaluation de l’état
nutritionnel tels le Pronostic nutritional index (PNI), la Risk assessment scale (RAS) ou l’Index de Maastricht
(IM),
Par rapport aux précédents index dont la finalité première résidait dans le diagnostic et l’évaluation du
risque nutritionnel, l’objectif principal de ces outils de dépistage est de repérer les malades
Cet indice est basé sur le recueil systématique et précoce du poids, de la taille, de la recherche d’une perte
Un score est établi à partir de ces quatre paramètres et permet un bon dépistage des patients présentant
un risque élevé de dénutrition (score ≥ 4) ou un risque nutritionnel faible (score < 2).,
Diagnostic nutritionnel 5- Outils du dépistage nutritionnel
Il est basé sur la recherche systématique, à l’admission par les soignants, de la survenue d’une perte de
poids involontaire (plus de 3 kg, plus de 6 kg), d’une perte d’appétit ainsi que de l’utilisation de
Un score > 2 permet de suspecter un risque modéré de dénutrition qui devient élevé si le score est égal à 3.,
Il est calculé à partir d’éléments d’anamnèse simples comme l’existence d’une perte de poids
Cet indice plus complexe à calculer prend en compte l’importance et la rapidité d’installation d’une perte de
poids et/ou l’existence d’un IMC abaissé et/ou des ingesta réduits ainsi que la sévérité des pathologies
intercurrentes,
- Cet indice recherche l’existence d’une perte de poids, d’une perte d’appétit, d’une réduction des
- Chaque item est coté selon trois niveaux (A, B ou C), un seul des items coté B ou C suffisant à classer le
Il est basé sur la valeur de l’IMC, l’existence d’une perte de poids et la présence éventuelle d’une maladie
Lorsque le total est égal à 2, le risque nutritionnel est élevé alors qu’un total égal à 1 équivaut à un risque
nutritionnel modéré.,
Diagnostic nutritionnel 6- Bilan calorique
C’est la partie de l’évaluation nutritionnelle qui va permettre de quantifier à la fois les ingesta et les besoins
caloriques du patient ;
C’est en comparant ces deux entités que l’on pourra au mieux décider des modalités pratiques du soutien
nutritionnel à mettre en œuvre en fonction de l’ampleur du déficit calorique constaté chez un patient
dénutri ou des restrictions énergétiques à opérer chez un patient obèse ou en surcharge pondérale ;
- Plusieurs méthodes sont disponibles au premier rang desquelles se situe la calorimétrie directe qui consiste
à mesurer à l’aide d’une chambre calorimétrique la dépense énergétique d’un sujet à partir de la
- La complexité, la lourdeur et la rareté des équipements nécessaires à ce type de mesure ont fait développer
une autre approche plus indirecte, appelée calorimétrie indirecte, permettant d’évaluer la dépense
énergétique d’un patient à partir de la mesure de ses échanges gazeux (consommation d’oxygène et
production de CO2),
- D'autres techniques existent encore comme l'utilisation de l'eau doublement marquée qui possède
l'avantage de permettre d'évaluer les dépenses énergétiques d'un patient dans ses conditions de vie réelle
- Il est habituellement réalisé à l’aide d’équations de prédiction de la dépense énergétique dont les plus
couramment utilisées sont celles de Harris et Benedict. Elles permettent de calculer la dépense énergétique
de repos (DER) à partir du sexe, de l’âge, du poids et de la taille du patient selon les formules suivantes :
DER (homme) = 66,47 + 13,75 poids (kg) + 5 taille (m) - 6,76 âge (ans)
DER (femme) = 655,1 + 9,56 poids (kg) + 1,85 taille (m) - 4,68 âge (ans)
Diagnostic nutritionnel 6- Bilan calorique
- Il faut ensuite appliquer à la DER un coefficient de correction tenant compte de l’activité physique du
patient ou des pathologies intercurrentes (Tableau ci-dessous) pour calculer ses besoins énergétiques réels
et tenir compte du surcoût énergétique lié à l’agression quelle qu’en soit la nature :
à la pathologie
correction de la DER liés
Tableau : Coefficients de
Diagnostic nutritionnel 6- Bilan calorique
C’est l’étape qui va permettre de quantifier aussi précisément que possible les apports alimentaires du
patient ;
Enquêtes alimentaires
- On distingue plusieurs types d’enquête alimentaire en fonction des modalités pratiques de leur
réalisation faisant appel soit à l’interview du patient, soit au remplissage prospectif d’un journal
alimentaire,
La méthode la plus simple consiste en un rappel des 24 heures des aliments et boissons ingérés,
C’est une méthode simple à mettre en œuvre, peu coûteuse, rapide (une trentaine de minutes) et
Ses principaux inconvénients résident dans les troubles de la mémoire que peuvent rencontrer les
patients qui vont venir fausser le recueil alimentaire ainsi que dans la représentativité de la journée
Elle vise à évaluer les habitudes alimentaires réelles du patient en l’interrogeant sur ses fréquences de
Généralement bien acceptée, ses principaux inconvénients demeurent les éventuels troubles
mnésiques des sujets ainsi qu’une durée d’enquête plus longue (1 heure environ).,
2. Méthodes prospectives :
Elles sont plus adaptées au malade ambulatoire qu’il soit dénutri ou en surcharge pondérale,
La principale méthode, appelée semainier ou journal alimentaire sur 7 jours, consiste pour le patient à
consigner de manière prospective sur un support papier tous ses ingesta et ses boissons aux
Une variante simplifiée du semainier consiste en la réalisation du 3 days record ou enquête des 3 jours
où il est demandé au patient de consigner ses consommations alimentaires sur 2 jours de semaine
- C’est une méthode semi-quantitative réservée le plus souvent aux patients hospitalisés ou en
institution,
- Elle consiste à faire remplir pendant 2 à 3 jours par l’équipe soignante, voire par le patient lui-même, cette
FSA en mettant une croix dans la case correspondant à la consommation effective des aliments proposés
Au terme de ces procédures d’évaluation des apports et des besoins, il est nécessaire de confronter ces
deux paramètres car c’est la différence observée qui va permettre de décider des modalités de la prise en
charge nutritionnelle,
Ainsi, pour un patient obèse ou en surcharge pondérale, la différence calorique permet de déterminer le
niveau de restriction énergétique à apporter ainsi que les corrections plus qualitatives à opérer,
Pour un patient dénutri, elle permettra de choisir le meilleur type de soutien nutritionnel à mettre en
compléments nutritifs oraux ou la mise en place d’une nutrition artificielle qu’elle soit entérale ou
parentérale.;
Diagnostic nutritionnel 7- Autres moyens d’évaluation de la composition corporelle
Ces méthodes, bien que performantes et généralement peu invasives, ne s’appliquent pas à la routine
clinique en raison d’un coût la plupart du temps élevé et d’une disponibilité des appareils plutôt réduite.
C’est pourquoi, leur utilisation est plutôt réservée aux protocoles de recherche clinique;
A- Impédancemétrie
C’est une technique non invasive basée sur la résistance au passage d’un courant électrique de faible
À partir d’équations de prédiction basées le plus souvent sur le poids, la taille, l’âge et le sexe, elle permet
d’évaluer facilement et de manière répétée, la masse maigre, la masse grasse, les volumes
extracellulaire et intracellulaire.;
Diagnostic nutritionnel 7- Autres moyens d’évaluation de la composition corporelle
Elle est considérée à l’heure actuelle comme la méthode de référence pour évaluer la composition
corporelle,
Cette technique est basé sur l’émission d’un faisceau de rayons X de faible intensité balayant l’ensemble
du corps, l’atténuation des rayons étant fonction de la composition des tissus traversés,
La DEXA permet ainsi de mesurer la masse minérale osseuse, la masse grasse et la masse maigre des
La TDM et l’IRM peuvent être utilisées pour évaluer la composition corporelle, et pour localiser et quantifier
le tissu adipeux qu’il soit abdominal périviscéral, en position sous-cutanée ou à l’intérieur d’organes
Ces méthodes utilisent des traceurs stables ou radioactifs limitant ainsi leur utilisation clinique. Elles
Dans la mesure où le potassium est contenu en quasi totalité dans le secteur intracellulaire, la
Cette méthode consiste à mesurer l’eau corporelle totale à partir de la dilution d’un traceur stable (18O,
deutérium) qui permet de calculer la masse maigre et d’en déduire secondairement la masse grasse.