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Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en génie mécanique
pour l'obtention du grade de Maître es sciences (M.Sc.)
GENIE MECANIQUE
FACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2011
Abstract
This thesis presents the numerical simulation and flow analysis in one passage of a
propeller hydraulic turbine's runner using ANSYS CFX 11.0. A Reynolds Averaged
Navier-Stokes (RANS) approach without a wall-law was used to model the flow. The
simulations take into account the gap at the tip of the blades. Usually, the gap is not
included in the numerical simulations of the hydraulic turbine's runner. However, it allows
the internal leakage flow to occur, leading to other turbulent phenomena, such as the blade
tip vortex. The comparison between the numerical simulations and the experimental
measurements performed in the runner of the propeller turbine's model proves that the
inclusion of the gap in the simulations is essential to represent in a better way the real
characteristics of the flow field in the runner. Thus, it improves the performance prediction
of an axial hydraulic turbine done by numerical simulations.
Remerciements
Je veux remercier l'encouragement, l'aide, l'orientation et les connaissances que toutes les
personnes qui m'entourent m'ont transmis pendant mes études de maîtrise à l'université
Laval. Les professeurs et les professionnels de recherche du département de génie
mécanique, mes collègues étudiants participant aux projets du Laboratoire des Machines
Hydrauliques (LAMH) et du Laboratoire des Mécanique de Fluides Numériques (LMFN),
ma copine et évidemment ma famille au Mexique. J'apprécie énormément la confiance et le
support que Mme. Claire Deschênes m'a offert depuis mon intégration au Laboratoire des
Machines Hydrauliques de l'université Laval à Québec, Canada.
1.1 Coupe de la turbine hélice modèle pour projet AxialT montrant le système d'axe de
référence
1.2 Passage périodique dans la roue hélice avec l'inclusion du jeu de bout d'aube
1.3 Écoulement couette-poiseuille
1.4 Cylindres concentriques en rotation
1.5 Graphique des conditions de stabilité linéaire non visqueuse pour l'écoulement de
Taylor-Couette
1.6 Courbe de stabilité marginale pour un écoulement de Taylor-Couette dans un petit
jeu d = 0.485 cm et le rapport des rayons q=0.88
1.7 Différents régimes de l'écoulement de Taylor-Couette.
1.8 Configuration de disques rotor-stator
1.9 a) Comportement des écoulements dans les couches limite d'Ekman et de Von
Karman, b) Comportement de l'écoulement de Bôdewadt à l'intérieur de la couche
limite
1.10 Roue de la turbine hélice, point 1 à l'entrée, point 2 de la roue
1.11 Vitesse Spécifique (Nq) rpm
1.12 Triangle de vitesse à 1 ' entrée de 1 ' aube
1.13 Géométrie du distributeur et de la roue hélice avec une interface à 45 dégrés
2.1 Axes des mesures LDV dans l'assemblage distributeur-roue de la turbine hélice
2.2 Domaine de calcul dans un sixième passage de la roue
2.3 Maillage structuré du passage adapté pour les premières simulations
2.4 Zones du raffinement du maillage dans le moyeu et le manteau de la roue
2.5 Raffinement du maillage dans la zone de bout d'aube et du bord d'attaque
2.6 Allongement du domaine de calcul. Addition des blocs en aval du domaine original
2.7 Raffinement du maillage du passage allongé à la sortie de la roue
2.8 Représentation logarithmique des profils des vitesses moyennes pour différents
nombres de Reynolds et différents écoulements de paroi
vin
4.1 Différence d'environ 1% dans les débits imposés aux calculs CFD par rapport aux
débits expérimentaux
4.2 Plans de comparaison des champs de vitesse entre les mesures expérimentales et la
CFD
4.3 Comparaison du champ de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue.
Contours de vitesse circonférentielle Ve2/Vref sur le plan 5a
4.4 Comparaison du champ de vitesse axiale en aval des aubes de la roue. Contours de
vitesse axiale V^/V^ sur l'axe 5a
4.5 Comparaison des champs de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue
4.6 Comparaison des champs de vitesse axiale en aval des aubes de la roue
4.7 Comparaison des champs de vitesse radiale en aval des aubes de la roue
4.8 Comparaison des profils de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue
(axe 5a) (mesures LDV en traits pointillés, CFD en traits pleins)
4.9 Comparaison des profils de vitesse axiale en aval des aubes de la roue (axe 5a).
(mesures LDV en traits pointillés, CFD en traits pleins)
4.10 Comparaison du couple dans les simulations CFD et les mesures expérimentales
4.11 Coefficient de pression pour les 4 conditions d'opération de la turbine
4.12 Coefficient de pression au bout de l'aube pour différents largueur du jeu à OP3
4.13 Coefficient de pression pour trois rayons de l'aube à OP3 avec le jeu de 0.0009
XI
Nomenclature
Symbole Latin Variable Unité
La figure suivante présente la turbine hélice à l'étude. Cette turbine des années 50 possède
une bâche semi spirale avec deux canaux d'admission. L'aspirateur comprend un cône
court, un coude dissymétrique et une pile le sépare en deux canaux de sortie. Le distributeur
est composé de 24 avant directrices et de 24 directrices, et la roue possède six pales, une
configuration qui facilite les simulations numériques par secteur dans la roue.
Figure 1.1 Coupe de la turbine hélice modèle pour projet AxialT montrant le système d'axe de référence.
L'écoulement de fuite dans les turbomachines se produit dans le jeu radial existant entre le
bout de l'aube et le manteau qui contourne la roue d'une turbine. Pour cerner le jeu (h) de
bout d'aube, la figure 1.2 montre un rapprochement d'un plan méridional dans le passage
inter-aube où nos simulations sont réalisées. Une légère divergence dans la géométrie du
manteau induit une variation du jeu d'environ 0.1 mm le long de la corde de l'aube. Dans
une turbine réelle, le jeu (h < 1 mm) est essentiel pour que la roue puisse tourner.
Cependant, lorsqu'on réalise des simulations CFD, le jeu n'est pas toujours pris en
considération. Tenir compte du jeu dans les simulations numériques peut aider à prédire
d'une meilleure façon la performance d'une turbine axiale. Par contre, elle implique un
effort additionnel dans le maillage. De plus, les simulations exigent aussi plus de ressources
de calcul, si on veut représenter le mieux possible la physique de l'écoulement de fuite et
les phénomènes qui se développent.
Alors, nous avons l'intention de montrer l'influence du jeu de bout d'aube dans la
performance de la roue de la turbine de type hélice. Ainsi, cette recherche permettra
d'apprécier l'importance de ce paramètre, d'évaluer la qualité des simulations numériques
pour les tourbillons présents dans les roues de turbines type hélice et d'améliorer la prise en
compte du jeu de bout d'aube. Nous réalisons donc des simulations dans un passage
périodique pour deux largeurs des jeux r=0.0013, r=0.0009 et des simulations sans le jeu.
Ces largeurs sont normalisées avec le diamètre de la turbine à la sortie de la roue (t=h/D).
Les simulations numériques seront réalisées à l'aide du logiciel CFX installé sur un
ordinateur avec quatre processeurs à 2.8 GHz. Elles se feront avec une approche
stationnaire et le modèle de turbulence shear stress transport (SST).
/
<— Manteau
' T
Auhe ___—iJ\
Figure 1.2. Passage périodique dans la roue hélice avec l'inclusion du jeu de bout d'aube.
a) Simuler numériquement les écoulements à travers une roue hélice pour 4 points
d'opération de la turbine avec et sans le jeu de bout d'aube.
b) Valider la qualité des résultats numériques avec des données expérimentales effectuées
sur modèle réduit.
c) Analyser la nature et le comportement dynamique des écoulements tourbillonnaires
induits dans la roue hélice.
d) Estimer l'impact du jeu de bout d'aube dans la performance de la turbine.
e) Tirer des conclusions appropriées des résultats et comparaisons.
Pour tenter de comprendre la nature des écoulements tournants et des écoulements de fuite,
il est utile de retourner aux études avec des geometries simplifiées. Nous nous intéressons
plus particulièrement à l'écoulement de poiseuille-couette, l'écoulement entre deux
cylindres, les écoulements de disques et les écoulements de labyrinthes. Nous présenterons
premièrement ces types d'écoulement et les phénomènes hydrauliques qui peuvent être
présents. Ensuite, nous expliquerons une partie de la théorie de base monodimensionnelle
pour aider à comprendre le comportement de l'écoulement et le transfert de puissance dans
la roue d'une turbine hydraulique axiale.
La configuration d'une cavité entraînée axisymétrique avec paroi intérieure tournante a été
largement étudiée pour représenter l'écoulement interne de type annulaire autour d'un rotor
d'une turbomachine hydraulique. Deschênes C. [13] a étudié plus précisément l'écoulement
dans un labyrinthe à créneaux avec un des premiers modèles k-s axisymétriques. Elle a
observé dans tous les exemples simulés l'entrainement d'un tourbillon principal au centre
de la cavité et des petits tourbillons secondaires en rotation inverse dans les coins inférieurs
de la cavité. La chute de pression est utilisée pour estimer les pertes volumétriques et les
pertes par frottement. Dans cette étude, il a été déterminé qu'au fur et à mesure que le
facteur de rotation (rapport de vitesse circonférentielle et vitesse axiale) augmente, les
tourbillons secondaires ont tendance à s'apparier. De plus, il a été établi qu'il y a une
influence non négligeable de la géométrie sur la chute de pression. Mais cette analyse
réalisée à la fin des années 80 est très partielle. Il est souhaitable aujourd'hui d'aller plus
loin.
Écoulement de Couette-Poiseuille
L'écoulement de Couette-Poiseuille implique un fluide visqueux qui est en mouvement
dans la direction x dû à la combinaison de l'écoulement de Couette simple et de
l'écoulement de Poiseuille (figure 1.3). La configuration de l'écoulement Couette simple a
théoriquement lieu entre deux plaques infinies séparées par une distance b dont l'une est
fixe et l'autre en mouvement relatif avec une vitesse constante Up. Cette situation peut aussi
être utilisée pour approximer l'écoulement dans un petit jeu entre deux cylindres
concentriques où un cylindre est en repos et l'autre en rotation avec une vitesse angulaire
constante Q. Dans l'écoulement Couette simple, la vitesse de l'écoulement varie d'une
façon linéaire entre le deux plaques. Cependant, lorsqu'on impose un gradient de pression
constant (dp/dx), comme dans l'écoulement de Poiseuille, le profil de vitesse de
l'écoulement Couette-Poiseuille varie selon l'équation 1.1. [29], une solution exacte des
équations de Navier-Stokes :
r a h) (u)
- *u&-
v Côté Côté
pression succion
k
-> * V \^\ ^ — ^
L'instabilité centrifuge a été étudiée à maintes reprises. Une des études les plus connues est
celle de Rayleigh et Taylor réalisée avec un fluide visqueux incompressible entre deux
cylindres en rotation (voir figure 1.4). La force centrifuge s'exerce sur un écoulement
tournant principalement dans la région non-visqueuse et des perturbations infinitésimales
peuvent lui faire perdre sa stabilité pour qu'éventuellement l'écoulement devienne
turbulent.
Soit la stabilité réduite F=rVe. On étudie la stabilité radiale d'un anneau de fluide non
visqueux soumis à deux forces contraires : la force centrifuge qui tend à le déplacer vers un
rayon extérieur R2 et la force centripète - laquelle est fournie par un gradient radial de la
pression - et qui tend à le ramener vers sa position initiale. Le critère de stabilité de
Rayleigh établit que si le carré de la circulation réduite augmente vers le rayon extérieur
( r / < r 2 ) , l'écoulement est stable ; tandis que si le carré de la circulation réduite diminue
vers le rayon extérieur, l'écoulement est instable. Ce critère est approximativement satisfait
pour un fluide visqueux.
Pour analyser le cas de deux cylindres en rotation, posons que la vitesse de rotation du
cylindre interne est Q\, la vitesse de rotation du cylindre externe est Q2, et leurs rayons
respectifs Rj et R2. L'écoulement stationnaire laminaire de base est appelé écoulement de
Couette circulaire. H est régi par le champ de vitesse suivant, qui provient également d'une
solution exacte des équations de Navier-Stokes :
vfl-- - . A r + * (1.2)
r
v r =-0 (1-3)
v z =--0 (1.4)
dp Vf (1.5)
dr = p —
r
TJ1 -CJ
A= -Q, (1.6)
R,(\-a)
B=Q (1-7)
1-7 2
On observe dans les figures 1.5 et 1.6 que la ligne de Rayleigh représente la limite de
stabilité non visqueuse (GJ = r\2) pour des cylindres tournant dans le même sens. Dans le
cas des cylindres contrarotatifs GJ < 0, l'écoulement présentera des instabilités locales dans
une région qui se trouve entre le rayon intérieur Ri et un rayon rn tel que Q (rn) = 0. Ainsi,
on remarque que l'écoulement sera instable si le cylindre interne tourne et le cylindre
externe est au repos.
Qi
Instable
GJ <r\ 2
Stable
GJ >r\ 2
GJ < 0 GJ > 0
Q2
Figure 1.5. Graphique des conditions de stabilité linéaire non visqueuse pour l'écoulement de Taylor-Couette.
L'image de droite illustre l'organisation des cellules de Taylor lorsqu'il y a une instabilité. [25]
4nf< (1 G7)(l-OJ/n 2 )
(1.8)
(l-TJ 1 ) 2
En utilisant l'approximation d'un jeu très petit entre les deux cylindres (n-ïl) et en se
limitant à l'étude d'une stabilité marginale , le nombre de Taylor trouvé par Chandrasekhar
prend la forme de l'équation (1.9). La largeur du jeu est représentée par d. Une instabilité
arrive quand le nombre de Taylor est plus grand qu'une valeur critique du nombre de
Taylor Tc. La condition critique d'instabilité est fonction des taux de rotation des cylindres,
des rayons des cylindres et de la viscosité du fluide.
z
)tor
Ci
gnC;i|!;ttl.jjjHtlL
KsypiPi tJiiSjii**^^ r
Kl
Stator
Figure 1.8. Configuration de disques rotor-stator.
Une couche limite sur un disque unique est développée à cause d'une différence de taux de
rotation entre le disque et un fluide qui est au dessus. Le rayon du disque et l'extension du
fluide au dessus du disque sont considérés de grandeurs infinies. Dans le cas d'un disque en
rotation, le nombre de Rossby, lequel compare la convection et l'effet Coriolis, est défini
par l'équation suivante :
Qf - Q d
Ro (1.10)
Q
r
^JQf+Qd) (Qf+Qd)2 (Qf-Qd)2^
Où
16 J
Le lecteur qui s'intéresse à ces solutions peut se référer par exemple à G. L. Mellor, et Al. On the flow
between a rotating and a stationary disk. J. Fluid Mechanics vol. 31, part 1, (1968).
Çlf et £ld sont respectivement la vitesse de rotation de l'écoulement à l'extérieur de la
couche limite et la vitesse de rotation du disque. Faller AJ. [16].
Bôdewadt a étudié l'écoulement qui est produit près d'un disque stationnaire (Q<j = 0) avec
un écoulement en rotation (Qf=- Q), Ro = 1. À l'opposé, la couche limite de Von Karman
est produite par un disque en rotation (Qd = Q) dans un fluide stationnaire (Q/= 0), Ro = -
1. La couche limite de type Ekman est produite quand l'écoulement possède une vitesse de
rotation qui s'approche à celle du disque tournant (Q/ = Q^ = Q), Ro = 0.
Dans les couches limite d'Ekman et de Von Karman, l'écoulement est éjecté vers
l'extérieur par l'action de la force centrifuge. Par contre, dans l'écoulement de Bôdewadt, il
y a un équilibre entre la force centrifuge et le gradient radial de pression à l'extérieur de la
couche limite. Dans ce dernier cas, à l'intérieur de la couche limite, le fluide se dirige
radialement vers l'intérieur (centre du disque), car la force centrifuge diminue près du
disque et le gradient radial de pression domine.
Figure 1.9. a) Comportement des écoulements dans les couches limite d'Ekman et de Von Karman,
b) Comportement de l'écoulement de Bôdewadt à l'intérieur de la couche limite. [34]
Il y a deux types d'instabilités qui agissent dans les couches limites en rotation et qui font
qu'elles deviennent turbulentes à un certain nombre de Reynolds critique. Les instabilités
arrivent quand le disque tourne juste un peu plus rapidement ou un peu plus lentement que
le fluide. La première instabilité est due au point d'inflexion dans le profil de vitesse de la
couche limite, elle est aussi appelée « instabilité d'écoulement transversale ». La deuxième
instabilité est due aux effets combinés des forces visqueuses et de Coriolis. L'écoulement
perturbé cause l'apparition des vagues et des tourbillons, lesquels donnent éventuellement
naissance à la turbulence. Le nombre de Reynolds significatif pour l'écoulement au dessus
d'un disque en rotation est défini par l'équation 1.11 :
v( C l f - Q d ) r * S r
Re _= " " / -Ro (1.11)
10
8= v (1.12)
Avec la théorie de cette section, nous comprenons les différents phénomènes hydrauliques
qui peuvent être développés dans les labyrinthes, les écoulements annulaires et les
écoulements en rotation. Cependant, puisque plusieurs de ces phénomènes se produisent
simultanément dans une turbine, la nature de l'écoulement dans le jeu de bout d'aube est
encore plus complexe que celle des cylindres concentriques ou celle de la couche limite sur
un disque en rotation. De plus, la géométrie de ces écoulements est plus simple que la
géométrie dans l'interstice d'une turbomachine.
D'abord, nous révisons de façon générale les caractéristiques de base de l'écoulement dans
la roue des turbines axiales où l'écoulement est parallèle à l'arbre (théorie
monodimensionnelle). Les turbines axiales sont utilisées quand un grand débit et une petite
chute sont disponibles (voir figure 1.11). Les machines de ce type les plus connues sont la
turbine Kaplan, la turbine hélice et la turbine Bulbe. La différence entre les trois est
principalement la géométrie de la roue (aubes, moyeux, manteaux) qui est adaptée pour
différents sites et conditions d'opération. Pour la turbine Kaplan et la turbine bulbe, il est
possible d'ajuster les aubes à différents angles, ce qui lui permet de fonctionner sur des
plages d'opération plus larges que les autres turbines. La corde des aubes des turbines
axiales doit être suffisamment longue afin que ces aubes soient à la fois amplement
résistantes et qu'elles puissent transmettre un torque très élevé.
Le processus de transfert d'énergie dans les turbomachines est donné par la deuxième loi de
mouvement de Newton dans sa forme du moment cinétique [29] :
Cette loi exprime que le taux de changement dans le temps du moment angulaire d'un
système autour d'un axe est égal à la somme des couples extérieurs. On peut calculer le
couple d'une turbomachine avec l'équation du moment angulaire simplifié pour un
écoulement unidimensionnel (ou si on veut pour une ligne de courant), et stationnaire en
moyenne :
C = m[( ri V m )-(r 2 V 02 )] (1.14)
Où C est le couple, m est le débit massique, V0l et V91 les composantes tangentielles de la
vitesse absolue à l'entrée (1) et à la sortie (2) de la roue, rx et r2 les rayons d'entrée (1) et de
sortie (2) considérés.
CQ = W = m(V ei U m -V e2 U d2 ) (1.15)
E = <ymUm) (1.17)
Au LAMH, on utilise plutôt cette relation pour calculer la vitesse unitaire de la roue en
étude. Parmi toutes les expressions qui existent pour calculer la vitesse spécifique, Nu
est l'expression que les industriels utilisent le plus couramment. La valeur de la vitesse
unitaire Nu pour la turbine hélice étudiée vaut 123.95 au point de meilleur rendement.
2. La vitesse spécifique (Nq) est définie comme étant la vitesse des machines similaires
(en similitude adimensionnelle) avec une chute unitaire et un débit unitaire. (Raabe
1985):
N =~—^ (1.19)
1 rr0.75 ^ ^
3
Où Q est le débit en m /s
La vitesse spécifique et la vitesse unitaire prendront une forme adimensionnelle si dans les
équations 1.18 et 1.19, l'unité de la vitesse de rotation n est remplacée par Q en révolutions
par seconde et si on remplace la chute d'eau H par E=g*H, où g est la constante
gravitationnelle.
Fournir un moyen de comparer tous les types de turbines qui utilisent une même
chute.
La figure (1.11) sert comme référence pour positionner les roues des turbines axiales parmi
les roues des autres turbines hydrauliques. Les roues hélices et Kaplan se retrouvent en gros
entre 5 et 30 m de chute pour des vitesses spécifiques Nq de 120 à 250 rpm.
14
L'efficacité des turbomachines est évaluée principalement avec le rendement global n0. n
inclut le rendement hydraulique nh et le rendement mécanique nm. Le rendement global
s'obtient en exprimant le rapport entre la puissance fournie à l'arbre et la puissance
disponible dans l'écoulement :
En d'autres mots, le rendement global réfère à la quantité d'énergie par unité de temps
disponible dans l'écoulement qui est convertie en travail par unité de temps. Une partie de
cette énergie disponible est dissipée par des pertes mécaniques (i.e. frottement de
roulements). Une autre partie de l'énergie perdue est due aux phénomènes reliés à la
dynamique des fluides le long de sa trajectoire dans les différentes composantes (amenée,
bâche, distributeur, roue et aspirateur).
La différence avec le rendement global est dans le terme de la puissance disponible. Pour
déterminer la puissance disponible dans la roue, on enlève les pertes de l'amenée en amont
de la machine. Donc, la chute (//') utilisée pour déterminer la puissance utile fournie à la
roue et le rendement hydraulique n'est pas la même que pour calculer le rendement global
ci-haut (H > H').
On introduit un autre rendement associé au débit effectif qui traverse la roue, le rendement
volumétrique (nq). C'est le rapport du débit qui passe effectivement dans la roue (Qt) et le
débit traversant la machine (Q). La différence de ces deux débits est le débit qui passe par
les jeux de bout de pales, avec ou sans labyrinthes, (QT) :
y (1.22)
Où Q = Q, + Qr
Le débit Qrrte contribue pas à l'énergie massique transférée aux aubes de la roue, donc non
plus au rendement hydraulique ni au rendement global. Il est bien connu que les machines
hydrauliques possèdent déjà de grands rendements hydrauliques, mais tout accroissement
du débit qui passe effectivement dans la roue peut se traduire par une augmentation
significative des rendements hydraulique et global. Pour réduire les pertes dans la roue,
l'industriel vise souvent à réduire les fuites de bout de pale à cause du gaspillage de la
puissance disponible dans le fluide.
Franc J.P. et al. [17] commentent que l'autre moyen d'améliorer la puissance et le
rendement de la roue est d'augmenter les vitesses de l'écoulement. Ceci correspond à une
diminution de la pression statique qui peut engendrer la cavitation. La cavitation est un
phénomène nuisible qui peut occasionner une diminution de la performance de la machine
et l'érosion sur les aubes. Le risque de cavitation est évalué avec le paramètre de cavitation
a qui tient compte des conditions de référence à la sortie de la roue et permet de préciser la
hauteur d'implantation maximale de la machine :
/
_[(Pa l m-Pva
l^fatm p ) H&
Vvap>' P8-Z<-2j
2 '\ (123)
H
Où Z2 est la hauteur d'implantation, p atm est la pression à la sortie (z2) et p vap est la pression
de vapeur du fluide.
Pour une hauteur d'implantation donnée, la cavitation représente un facteur limitatif majeur
à l'amélioration des performances d'une machine hydraulique donnée.
des ailes et des roues des turbines. Il y a aussi plusieurs études de vibration sur les
composantes de turbines hydrauliques (aubes, avant-directrices) qui font le lien entre le
phénomène de séparation, les tourbillons de Von karman et les fissures par fatigue dans ces
composantes [27, 29].
La pression appliquée sur l'aire des aubes influence de façon importante le couple net qui
produit une rotation autour de l'axe de la roue. Cette pression joue un rôle important pour
modifier la puissance extraite par les aubes. Les forces que l'écoulement exerce sur l'aube
(objet dissymétrique) sont la force de traînée et la force de portance. La direction de la
force de traînée nette est grosso modo alignée avec la direction de l'écoulement en amont.
La force de portance nette est normale à l'écoulement. Chacune de ces deux forces nettes
est due à la combinaison de la force de pression et la force de cisaillement sur les surfaces
de l'aube.
Pour les écoulements à grand Reynolds, la contribution de la pression sur la force de traînée
nette dépend de l'orientation de la surface sur laquelle la force de pression agit ; c'est-à-dire
qu'elle dépend de l'angle d'attaque et de la géométrie de l'aube. Pour ce même cas (grand
Reynolds), la force de portance nette provient en grande partie de la distribution de la
pression sur l'aube étant donné que les effets visqueux sont moins importants qu'à faible
Reynolds. Typiquement, la force de portance est de l'ordre de la pression dynamique
multipliée par l'aire d'une aile. Ces forces peuvent être exprimées dans une forme
adimensionnelle avec le coefficient de traînée (CD) et le coefficient de portance (CD [29].
Da Cruz Antonio Guilherme B., Mesquita André Luiz A. et Blanco Claudio José C. [11]
ont vérifié certains coefficients qui aident à prédire une bonne performance
hydrodynamique des aubes dans 5 turbines hydrauliques axiales, tels que le coefficient de
traîné (CD), le coefficient de portance (CD, le critère du coefficient de pression minimum
(Cp) et le coefficient de perte de la cascade (£>). Les coefficients CD et CL dépendent des
paramètres géométriques des aubes. Le coefficient Cp fournit l'information sur le
chargement hydrodynamique des aubes. Ils expliquent qu'il y a une valeur optimale du
coefficient Cp qui correspond à une valeur minimale du coefficient de perte Çv.
f \ \ f 1 „.
Pi+-pw* P2+-PW; 2
_V J V
(1.25)
Çv =
£/*i
Où
Nous connaissons déjà les valeurs expérimentales de plusieurs variables importantes pour
les 4 points de fonctionnement de la turbine que nous simulerons numériquement. Ces
valeurs proviennent des tests réalisés au LAMH sur le modèle réduit de la turbine hélice à
l'étude. Le Tableau 1.1 présente les données normalisées avec les valeurs de référence
(Qref, Href et Cref), lesquelles correspondent à la condition d'opération de meilleur
rendement (OP3). Le diamètre de la turbine à la sortie de roue Dref nous a permis de
calculer l'aire de référence Aref puis, avec le débit de référence Qref, nous avons calculé la
vitesse débitante de référence Vref- Les résultats dans ce travail de recherche seront aussi
normalisés avec les mêmes paramètres de référence.
Le nombre de Reynolds caractérise le rapport de forces d'inertie sur les forces visqueuses
de l'écoulement. Il peut être calculé en considérant soit un écoulement tournant, soit un
écoulement qui passe autour de l'aube (plaque plane). La différence concerne la longueur
caractéristique et la vitesse caractéristique utilisées dans le terme de force d'inertie. L'ordre
de grandeur du nombre de Reynolds pour le point d'opération 3 et pour chaque cas est donc
calculé des façons suivantes:
18
Ctip est la longueur de la corde du bout de l'aube utilisée comme longueur caractéristique
(Ctip/Dref= 0.5498).
V 0l /V ref ~l.2l
Vitesse de l'aube Ue/V„f~ 2.96
On remarque que les deux valeurs de Reynolds calculées ci-haut respectent la valeur
minimale requise par la norme CEI sur les turbines modèles testées sur bancs d'essais
(Re > 4.1 x IO6). Le nombre de Reynolds calculé ici nous sera aussi utile pour estimer une
première distance entre la paroi de l'aube et la première couche de nœuds (Ay) dans le
maillage initial du domaine. Ensuite, cette distance Ay sera ajustée selon la valeur de la
variable y+ (distance adimensionnelle à l'intérieur de la couche limite) requise par le
modèle de turbulence choisi (voir chapitre 2).
19
Dans les écoulements tournants, le nombre de Rossby (Ro) est aussi important que le
nombre de Reynolds. D'un point de vue général, ce nombre compare la convection avec
l'effet Coriolis. Quand le nombre de Rossby est petit ( R o « 1), les effets de rotation
dominent l'écoulement. Au contraire, quand le nombre de Rossby est grand (Ro » 1), les
effets de rotation sont négligeables et l'écoulement sera turbulent si le nombre de Reynolds
est grand (Re » 1). Dans le cas où le nombre de Rossby est petit et le nombre de Reynolds
est grand, une approximation de l'équation de quantité de mouvement peut être utilisée
pour balancer la force Coriolis et le gradient de pression radiale [34] :
Ro = (1.28)
Lft
Où v :
Selon les grandeurs caractéristiques dans la roue hélice, le nombre de Rossby devient
0.208. Donc, les effets de rotation sont significatifs par rapport aux effets de convection
dans cette composante. La figure suivante montre l'ensemble du domaine stationnaire
(distributeur) et du domaine tournant (roue) avec l'interface entre les deux. Lorsqu'on
réalise des simulations de plusieurs de ces composantes ou de la turbine complète, il est
nécessaire d'utiliser des interfaces pour connecter un domaine stationnaire avec un domaine
tournant. Puisque nos simulations se concentrent seulement dans le domaine tournant, il
sera important de tenir compte dans les conditions limites que l'écoulement passe d'un
repère stationnaire vers un repère tournant.
Interface
Distributeur-Roue
Figure 1.13. Géométrie du distributeur et de la roue hélice avec une interface à 45 dégrés.
20
Dans le chapitre 3, on présentera un résumé des résultats publiés dans plusieurs références
qui touchent la prise en compte du jeu de bout d'aube dans différentes turbines. Nous allons
aussi présenter les résultats des nos simulations numériques dans la roue de la turbine
hélice. Plus particulièrement, nous allons détailler l'écoulement de fuite interne dans la roue
et le tourbillon de bout d'aube associé. Nous montrerons que ces deux phénomènes ont une
influence sur l'écoulement en aval et sur la performance de la roue. Dans le chapitre 4, nous
comparerons les résultats des différentes simulations numériques d'un seul passage de la
roue avec des mesures expérimentales. La validation de l'écoulement dans le jeu de bout
d'aube sera faite d'une façon indirecte car aucune mesure n'est disponible à cet endroit. Les
résultats expérimentaux utilisés pour notre comparaison seront des mesures 2D-LDV et 3D-
PrV réalisées à la sortie de la roue installée au LAMH [3,19]. Finalement, la dernière
section de ce mémoire sera consacrée aux conclusions et perspectives futures.
Chapitre 2 Modélisation numérique dans un passage
périodique de la roue hélice en incluant le jeu de bout
d'aube
La dynamique de fluides numérique (CFD) traite de la simulation et de l'analyse du
mouvement d'un fluide. Elle est utilisée dans diverses applications, par exemple pour
prédire le mouvement du sang dans les artères du corps, l'écoulement autour d'une aile
d'avion ou d'une voiture de course, dans les systèmes de ventilation, dans les turbines à
gaz, dans les turbines à vapeur et évidemment dans les différentes composantes des
turbines hydrauliques. Dans ce chapitre, on présente la simulation de l'écoulement dans un
passage inter-aube de la roue d'une turbine hydraulique axiale.
Plusieurs méthodes numériques (différences finies, éléments finis, volumes finis, méthodes
spectrales) ont été développées dans les quarante dernières années pour prédire le
mouvement des fluides dans les différentes applications. Malgré le progrès remarquable de
la CFD, cet outil n'est toujours pas parfaitement précis. Dans la plupart des cas, elle fournit
tout de même de bien meilleures solutions que les méthodes analytiques utilisées avant son
développement. En effet, la CFD permet de calculer des caractéristiques très détaillées d'un
écoulement, d'améliorer la compréhension de certains phénomènes hydrauliques et de
soutenir le processus de conception. Les plus grands défis de cet outil concernent la
modélisation appropriée de la turbulence et la capacité de calcul des ordinateurs. D'un autre
côté, l'arrangement du maillage et l'imposition des conditions limites appropriées jouent
également un rôle essentiel dans la qualité des simulations numériques.
Nous avons réalisé des simulations numériques des écoulements dans la roue de la turbine
hélice à l'aide du logiciel CFX 11.0, lequel est basé sur la méthode de volumes finis. Cette
méthode intègre les équations qui gouvernent l'écoulement (quantité de mouvement,
continuité, énergie) dans un volume de contrôle. Les trois étapes de la méthode sont les
suivantes : 1) L'élaboration du maillage du domaine à l'étude, 2) La préparation du modèle
discret des équations de Navier-Stokes selon le phénomène de transport qui a lieu dans
l'écoulement (diffusion, convection, etc.), les conditions aux limites et les conditions
initiales du problème à l'étude et 3) La résolution des équations discrétisées.
Dans ce chapitre, nous présentons l'approche qu'on a utilisée dans CFX 11.0 pour résoudre
l'écoulement dans un passage de la roue de la turbine hélice. Nous présentons le domaine à
l'étude, soit un sixième du passage de la roue et son maillage; le modèle mathématique
incluant les équations fondamentales de conservation pour un écoulement incompressible
(continuité et quantité de mouvement) ; et le modèle de turbulence à deux équations de
transport.
22
L'approche frozen-rotor, permet de connecter les deux repères de référence d'une façon
telle que chacune garde sa position relative fixe pendant le temps de calcul. L'utilisation de
cette approche est meilleure quand la variation circonférentielle de l'écoulement est grande
par rapport aux pas des aubes de la composante tournante. Le désavantage de ce modèle est
que les effets transitoires ne sont pas inclus sur l'interface de changement du repère. Donc,
si l'hypothèse de quasi-stationnarité n'est pas applicable, on crée une erreur importante en
l'utilisant.
Au lieu d'assumer une position relative fixe des composantes comme l'approche frozen-
rotor, l'approche stage fait une moyenne sur la circonférence des variables de flux dans
l'interface. Par flux, on entend la quantité d'un champ vectoriel qui traverse une unité
d'aire par unité du temps. Alors, il fournit des solutions pour chaque repère de référence. Le
fait d'utiliser ce type d'interface entre les composantes fixes et la composante tournante
engendre généralement une petite perte de pression totale. Par exemple, on assume que le
mélange est suffisamment rapide pour faire en sorte que le profil de vitesse perturbé par le
sillage des directrices en amont soit moyenne avant d'entrer dans la roue, composante
située en aval. Ce modèle permet de réduire la taille du problème à seulement un passage
périodique. L'analyse stage n'est pas appropriée quand la variation circonférentielle de
l'écoulement est significative par rapport aux pas des aubes de la composante tournante.
23
La géométrie des aubes a été mesurée par Hydro-Québec avec deux techniques qui toutes
deux génèrent un nuage de points de haute densité. Il s'agit de lectures par laser et lectures
par photogrammétrie. Ensuite, les modèles CAD ont été générés avec une triangulation des
points et une représentation des surfaces avec courbes NURBS. Ces techniques de mesures
offrent une bonne précision (0.2mm), ce qui a permis d'identifier de légères différences
géométriques entre chaque aube de la roue. Ces différences entre les aubes atteignent
jusqu'à 1.5 mm très près des bords des aubes. Nous avons choisi de façon aléatoire l'aube
#2 pour ce travail de maitrise. Nous n'étudions pas l'influence de la géométrie de l'aube sur
les résultats. Cependant, une telle étude a été publiée par l'Institut de Recherche d'Hydro-
Québec (IREQ) au 25e Symposium des Machines et Systèmes Hydrauliques (IAHR) 2010
[31].
Cotes Distance [m]
0.23051
0.32851
0.40051
-ref
Figure 2.1 Axes des mesures LDV dans l'assemblage distributeur-roue de la turbine hélice.
24
Dans toutes les turbines hydrauliques, le nombre des directrices du distributeur est en
général différent du nombre des aubes de la roue pour éviter des problèmes de vibration.
Lorsque le pas des aubes de la roue est différent du pas des directrices du distributeur, il est
préférable de simuler numériquement les deux domaines complets (distributeur-roue).
Cependant, l'inconvénient reste toujours le besoin élevé en ressources de calculs et de
stockage de données. Il est donc nécessaire de réduire le problème en divisant le
distributeur et la roue en sections périodiques. Si les aubes de la roue et les directrices du
distributeur ont un pas différent, N passages d'un côté et M passages de l'autre côté
peuvent être simulés en faisant en sorte que l'aire d'interface des passages de deux côtés
coïncide parfaitement.
Notre turbine axiale de type hélice possède un rapport entier entre les aubes directrices et
les aubes de la roue (4:1). C'est-à-dire que l'aire d'intersection (interface) du distributeur et
de la roue coïncide parfaitement lorsqu'on place quatre passages des directrices du
distributeur et un passage de la roue. Alors, nous avons modélisé seulement un sixième de
la roue, tirant partie du fait que le domaine en rotation autour de l'axe Z peut être divisé en
six régions identiques avec des frontières périodiques. La périodicité rotationnelle, nous
permet donc de simplifier la modélisation et de minimiser les besoins de calcul. La figure
2.2 montre les types de frontières du domaine ainsi que les noms assignés dans le
préprocesseur de CFX.
\ Paroi
i^^ \ tournante
^ \ (RI Blade)
^f~
Paroi ^^^|
tournante ^H ^ ^ ^ Paroi en
(RI Runner) J mouvement relatif
(RI Shroud)
\l
JL. t
"Y^J
*
I Wm
1
Pour avoir une première idée du comportement de l'écoulement, nous avons réalisé les
premières simulations en utilisant le modèle de turbulence k-e avec loi de paroi. Ce modèle
très répandu est valide pour plusieurs types d'écoulements rencontrés dans l'industrie. Le
modèle de turbulence k-s est moins exigeant en terme de maillage, de ressources
informatiques et du temps de calcul que le modèle SST ou des modèles plus évolués.
Puisque les simulations avec ce modèle sont moins longues à réaliser qu'avec un autre
modèle plus complexe, nous l'avons utilisé pour effectuer plusieurs essais. De cette façon,
nous avons fait face aux difficultés initiales de convergence et d'imposition des conditions
limites avec un modèle mois coûteux. En plus, les premières simulations nous ont permis
de prévoir l'ordre de grandeur des variables près des parois nécessaires pour ajuster le
maillage aux besoins du modèle de turbulence SST. Nous utilisons par la suite de nos
simulations le model SST pour gagner en précision dans la résolution de la couche limite
dans le jeu de bout d'aube. Nous décrivons dans ce chapitre (section 2.3) le modèle de
turbulence k-e et le modèle SST pour le rendre plus complet, mais les résultats des
simulations que nous présenterons sont seulement ceux des simulations avec le modèle
SST.
(2.3)
v ReL KP)
Où
Pour le premier maillage du domaine périodique, montré à la figure 2.3, nous avons estimé
une distance initiale entre les parois solides et la première couche de nœuds (Ay). Cette
distance varie dépendamment de la valeur de la variable y+ requise par le modèle de
turbulence à utiliser dans un calcul numérique. Le fait que le modèle de turbulence k-e
utilise une loi de paroi permet d'établir une distance de y+ relativement plus grande dans
certaines zones que celle permise par le modèle de turbulence SST (voir la section 2.2). Par
exemple, pour une simulation avec le modèle de turbulence k-e, la valeur requise est y+ <
200. Par contre, pour une simulation avec le modèle de turbulence SST, il est nécessaire de
conserver y+ < 10 autant que faire se peut. Pour le maillage de nos premières simulations,
nous avons estimé cette distance Ay autour de l'aube en se basant sur la couche limite d'une
plaque plane et sur la couche limite rotative près des parois en rotation relative. Nous avons
aussi utilisé les relations 2.1-2.3 avec le nombre de Reynolds calculé au premier chapitre
(de l'ordre de 10 ). Le tableau 2.1 présente les paramètres du maillage pour chaque modèle
de turbulence utilisé dans les calculs numériques de ce travail.
26
U,
Figure 2.3 Maillage structuré du passage adapté pour les premières simulations.
27
Figure 2.5. Raffinement du maillage dans la zone de bout d'aube et du bord d'attaque.
Pour surmonter les difficultés de convergence dans les premiers calculs réalisés, nous avons
allongé le domaine de calcul, modifié le maillage et la condition de frontières à la sortie, tel
que décrit par les étapes 1 et 2 suivantes. La section 2.3 expose les conditions de frontières
finales pour nos calculs.
1. Allongement du maillage. Nous avons déplacé la frontière de sortie plus en aval sur
l'axe Z. Cette extension du maillage a aidé à surmonter la nécessité d'imposer une
condition de type sortie, représentant une paroi artificielle, qui ne permet pas de
simuler une recirculation causée par une rentrée d'écoulement. Cependant, en
éloignant plus en aval la frontière de sortie par l'extension du domaine de calcul, on
a pu utiliser les conditions aux limites provenant d'un calcul complet de la turbine,
qui, dans ce cas, incluraient une recirculation au cœur de l'écoulement, si une telle
recirculation était présente.
Bloc ajouté à
la sortie de
roue
Extension
du domaine
Figure 2.6 Allongement du domaine de calcul. Addition des blocs en aval du domaine original.
Lorsqu'on substitue le modèle de turbulence k-e par le modèle SST, nous modifions la
distance Ay dans le maillage. Le modèle de turbulence SST exige que la première couche
de nœuds soit placée très proche des parois (y+ < 10). Mais plus on approche les nœuds
vers la paroi, plus la taille perpendiculaire à la paroi des éléments diminue. En
conséquence, on trouve dans le jeu des éléments très minces, mais très allongés. Pour
respecter le rapport de forme maximum demandé par CFX (1/300), nous avons augmenté le
nombre de nœuds au long de la corde de l'aube. Avec ces modifications, le nombre de
nœuds dans le maillage approprié pour utiliser un model SST devient presque le double que
dans le maillage adapté pour un model k-e. La figure 2.7 montre le maillage final tenant
compte du jeu de bout d'aube et le tableau suivant (2.1) présente les paramètres permettant
une qualité de maillage adéquat pour chaque modèle de turbulence:
Tableau 2.1. Comparaison des besoins du maillage pour chaque modèle de turbulence.
Modèle Modèle
Paramètres du maillage k-e SST
y+ minimum 200 10
Nombre d'éléments insérés dans le jeu 15 17
Distance entre les parois solides et la première couche de nœuds du 0.0789 0.0263
maillage (Ay/Dref)
Nombre de nœuds sur la longueur de la corde de l'aube 70 180
Nombre total de nœuds dans le maillage du domaine complet 1,287,249 2,232,014
30
Dans notre cas, une des approches les plus convenables est l'approche RANS. Elle permet
de réduire le raffinement nécessaire pour simuler directement les écoulements turbulents
avec les équations de Navier-Stokes en utilisant la règle de décomposition de Reynolds (éq.
2.4).
U=U +u (2.4)
Les modèles de turbulence sont utilisés pour prédire les effets de la turbulence dans un
écoulement sans devoir résoudre toutes les échelles des fluctuations. Nous nous servons des
modèles à deux équations, k-e et SST. Ces deux modèles sont identiques sauf pour la
modélisation de l'écoulement près d'une paroi où ils utilisent respectivement une méthode
de loi de paroi et une méthode de nombre bas de Reynolds (modèle k-co). Chacun de ces
modèles de turbulence a ses avantages et ses inconvénients.
dk „ dk
= T
du, pe + P+
P, dk
(2.7)
" dX: dxj ' k i j dX;
de TT de _ e dUt e d P, de
P+
dx
)[\ " e l J " A :j
(2.8)
Le tenseur de Reynolds dans l'équation 2.6 est remplacé par une « viscosité turbulente »
qui relie le taux de dissipation turbulente et l'énergie cinétique de la turbulence :
pc,k :
P,= (2.9)
Le modèle de turbulence k- e, près des parois, fait appel aux « lois de paroi » utilisant des
formules empiriques pour représenter le profil de vitesse de l'écoulement dans la couche
limite.
La figure 2.8 montre des profils de vitesse théorique des écoulements de paroi et les trois
sous-régions usuelles de la couche limite : la sous-couche visqueuse, la zone tampon et la
région externe où s'applique une loi logarithmique. La sous-couche visqueuse est dominée
par le frottement visqueux, elle est caractérisée par un profil linéaire. Au fur et à mesure
qu'on s'éloigne de la paroi, l'importance des effets visqueux diminue et la contrainte
turbulente domine la contrainte totale.
33
La relation logarithmique, qui fait la liaison entre la zone tampon et l'extérieur de la couche
limite est donnée par l'expression suivante, valide pour des écoulements sans gradients de
pression adverse ou recirculations :
w + = ^ = -ln(y+) + C (2.10)
Où
(T V /2
y+ = < ^ , u T =
P)
Figure 2.8. Représentation logarithmique des profils des vitesses moyennes pour différents nombres de
Reynolds et différents écoulements de paroi : écoulements de canal plan turbulent, écoulements de tuyau
circulaire et écoulement de couche limite de plaque plane. [25]
34
La figure 2.8 montre que le profil logarithmique approxime bien la distribution de vitesse
près de la paroi. Il fournit un moyen de calculer numériquement les contraintes de
cisaillement en fonction de la vitesse à une certaine distance de la paroi. De la sorte, le
modèle k-e permet d'utiliser un maillage relativement grossier près de la paroi et par
conséquent diminue les besoins de calcul. Le modèle k-e est très robuste, il offre une bonne
précision et il fournit des bonnes prédictions dans plusieurs cas d'ingénierie. Par contre, il
n'est pas très précis dans le cas de séparation de la couche limite. De plus, Versteeg, H.K.
et Malalasekera W. expriment que ce n'est pas avantageux de l'utiliser sans modification
pour les écoulements tournants ni pour des surfaces concaves. [42]
Le modèle SST est conçu pour fournir des prédictions très précises pour la position
d'origine d'un décollement et la quantité du fluide qui se sépare dans le cas d'écoulements
avec un gradient de pression adverse. Ce modèle est donc recommandé pour réaliser des
simulations précises des couches limites complexes.
D'un autre côté, loin des parois, F] dans l'équation 2.11 devient nul pour le modèle SST.
Alors, ce modèle devient identique au modèle k-e loin des parois dans un écoulement
confiné ou dans un écoulement cisaillé libre (i.e. un jet). Le modèle SST est décrit
mathématiquement dans ce qui suit.
Nous avons déjà exposé antérieurement les équations de fermeture du modèle k-e.
Maintenant, nous présentons les équations de transport pour le modèle SST, telles que
l'équation de transport pour l'énergie cinétique turbulente k et l'équation pour la fréquence
turbulente co :
dk TJ dk P, dk
p T«-z—--p pkû)+ P+
*+ p U
idT " dX: dX; 'kl ) dxj
(2.12)
+ 2 p ( 1 _ F | ) _Ll|L|£ (2.13)
35
Chacune des "constantes" est modifiée aussi avec la fonction de transition F,, suivant la
même forme que 2.11, par exemple a 3 = F, ai + (1- F,) a2.
Les équations de transport du modèle SST sont basées sur celles du modèle k-co. Alors, ses
équations de transport sont très semblables, sauf pour le dernier terme de l'équation (2.13),
appelé « terme de diffusion croisée ». Ce terme tient compte de la fonction de transition Fi,
qui sert à définir le modèle de turbulence à utiliser, soit k-co ou k-s dépendamment de la
distance normale de chaque nœud à la paroi y :
(
4k 500v 4pk
tanh min max (2.14)
0.09û)y y2û) CDkmamy7
(
1 \ dk dû) -10
tm = max 2p
CDkco ;io (2.15)
aa2 û) dxj dxj
Dans le modèle de turbulence SST, le mode k-co agit près de la paroi car il est plus précis
que le mode k-e pour faire des calculs à bas nombre de Reynolds. Il résout donc en détail le
profil de vitesse dans la couche limite, en utilisant des échelles de longueur très petites. Ce
modèle, k-co, assume que la viscosité turbulente est liée à l'énergie cinétique turbulente k et
la fréquence turbulente co par la relation suivante :
P,=P-û) (2.16)
F 2 est aussi une fonction de transition qui sert à limiter l'utilisation de cette viscosité
turbulente à la couche limite.
36
dxj dxt
+ L (2.19)
Le modèle SST nécessite un maillage où plus de 10 nœuds sont localisés dans l'épaisseur
de la couche limite. La taille du maillage devient donc plus grande pour réaliser un calcul
avec le modèle SST qu'avec le modèle k-e. Ainsi, le besoin de stockage informatique et le
temps de calcul sont aussi plus importants que pour les modèles qui utilisent l'approche de
loi de paroi.
Conditions Limites
Le système d'équations précédent doit être fermé par les conditions limites à l'entrée et à la
sortie du domaine de calcul ainsi qu'aux parois. Il faut spécifier toutes les variables
possibles en ces endroits afin de placer des restrictions dans la formulation mathématique
qui permettent d'obtenir une solution résultante unique. L'approche la plus robuste pour
notre application est d'imposer le débit à l'entrée et la pression statique à la sortie du
domaine, selon la condition d'opération. Dans ce but, nous avons extrait les conditions
limites des résultats de calculs de la turbine complète, lesquels ne tiennent pas compte du
jeu de bout d'aube [18]. Les données extraites à plusieurs régimes d'opération de la turbine
complète ont été moyennées de façon circonférentielle et interpolées sur les frontières du
domaine d'un seul passage périodique de la roue, lequel tient compte du jeu. D est
important de mentionner que les calculs numériques de la machine complète ne prennent
pas compte du jeu de bout d'aube car le besoin de calcul aurait été trop grand pour nos
capacités dans le cas du modèle de turbulence SST.
La figure 2.9 illustre les champs des composantes de la vitesse moyenne à l'entrée du
domaine située à l'interface entre le distributeur et la roue pour une condition d'opération
de la turbine. La figure 2.10.a) montre le champ de pression extrait de la turbine complète
et la figure 2.10.b) montre le champ de pression moyennée qui a été imposé à la sortie du
passage, au niveau du cône. Le profil de pression imposée sur la frontière de sortie
représente l'effet de succion causé par l'aspirateur.
Pour toutes les parois, une condition de non-glissement a été imposée. Pour les parois du
moyeu (RI Hub) et du manteau (RI Shroud), montrées à la figure 2.2, il a été aussi établi
une condition contra- rotative pour indiquer au solveur qu'il y a un mouvement relatif entre
ces parois fixes et le reste du domaine tournant.
37
Vitesse
Circonférentielle
I
8.000
6.000
4.000
2.000
0.000
[m sA-1]
a)
Vitesse
Radiale
0.000
-1.000
-2.000
-3.000
-4.000
[m s M ]
b)
Vitesse
Axial
0.000
-1.250
-2.500
-3.750
-5.000
[m s M ]
c)
Figure 2.9. Conditions aux limites à l'entrée du passage correspondant à la condition d'opération de pleine
charge de la turbine OPI. a) Vitesse azimutale moyenne, b) Vitesse radiale moyenne, c) Vitesse axiale
moyenne.
38
Pressure
(Contour 1)
4.570e+003
3.188e+003
1.807e+003
4.255e+002
-9.559e+002
-2.337e+003
-3.719e+003
-5.10Oe+003
-6.482e+003
-7 863e+003
[Pal
a)
Relative Pressure
R1 Outlet
-1300.0
-1450.0
-1600.0
-1750.0
-1900.0
b)
Figure 2.10. Conditions aux limites à la sortie du passage correspondant à la condition d'opération de pleine
charge de la turbine OPI. a) Pression statique, b) Pression statique moyenne.
39
Lorsque l'écoulement entre dans un domaine tournant, une vitesse relative entre en jeu. La
figure 2.11 fait la distinction entre la direction des deux types de vitesse pour un domaine
en rotation. Les vecteurs vitesse dans un repère stationnaire illustrent la direction de la
vitesse absolue de l'écoulement, tandis que la ligne de courant illustre la direction de la
vitesse relative, laquelle est affectée par la somme vectorielle de la vitesse de rotation du
repère tournant. Par contre, nous remarquons que dans le domaine stationnaire
(distributeur), la ligne et les vecteurs se superposent. C'est-à-dire que dans le domaine
stationnaire la vitesse relative est égale à la vitesse absolue.
Le type de frontière à l'entrée du domaine doit être cohérent avec le type de vitesse qu'on
impose. CFX-Pre permet de choisir un type de frontière stationnaire "stn frame" ou "type
rotation". Nous avons établi une frontière stationnaire parce que nous avons moyenne les
composantes de vitesse de l'écoulement dans l'interface (distributeur-roue). Alors, à cette
frontière, nous avons assigné les variables de vitesse absolues "stn frame".
7.061 e+000
5.978e+00(T
4.895e+000
3.812e+000
[m sA-1]
Figure 2.11 Distinction entre la vitesse absolue 'stn frame' et la vitesse relative dans le domaine en rotation.
De plus, les résidus pour la quantité de mouvement et la pression de nos simulations ont
atteint une bonne convergence, en dessous de IO"4. Nous nous sommes aussi assuré que le
maillage soit bien adapté aux exigences du modèle de turbulence SST près des parois. Pour
ce faire, nous avons évalué la variable y+ dans les parois du domaine de tous nos calculs.
Les tableaux 2.2-2.4 montrent ces valeurs pondérés par l'aire et la figure 2.12 montre les
contours sur les parois pour la condition d'opération OPI et le jeu 0.0009. Les valeurs les
plus élevées (20 < y+ < 30) se situent dans la région du jeu où la vitesse de l'écoulement est
très élevée. Plus d'information sur la qualité des maillages est présenté sur l'annexe A.
Tableau 2.2. Valeurs moyennes y+ pondérées par 1 aire (jeu de bout d'aubt , = 0.0013)
Point Manteau Aube Partie tournante Partie fixe du
d'opération du moyeu moyeu
OPI 10.77 5.59 6.37 14.42
OP2 9.3 6.0 8.69 13.71
OP3 8.24 6.17 9.54 13.33
OP4 7.93 6.42 10.69 12.2
Tableau 2.3. Valeurs moyennes y+ pondérées par 1'aire (jeu de bout d'aubt : = 0.0009)
Largeur du Manteau Aube Partie tournante Partie fixe du
jeu du moyeu moyeu
OPI 5.65 5.06 7.68 14.86
OP2 4.26 5.39 9.21 13.76
OP3 3.97 5.54 10.93 13.38
OP4 3.86 5.82 13.06 12.25
Tableau 2.4. Valeurs moyennes y+ pondérées pa r l'aire (sans jeu de bou d'aube)
Largeur du Manteau Aube Partie tournante Partie fixe du
jeu du moyeu moyeu
OPI 2.25 2.77 2.53 5.52
OP2 1.67 2.98 3.20 5.04
OP3 1.56 3.06 3.49 4.90
OP4 1.47 3.20 4.09 4.47
41
Yplus
1.419e+001
1.286e+001
1.152e+001
1.019e+001
8.855e+000 b
7.521 e+000
6.188e+000
4.854e+000
3.520e+000
2.186e+000
|
8.527e-001
u
Figure 2.12 Contour de y+ pour une condition d'opération OPI et un jeu 0.0009.
42
43
Tous ces phénomènes contribuent aux pertes hydrauliques et volumétriques dans la roue et
induisent une diminution du rendement de la machine complète. La meilleure façon
d'améliorer l'efficacité est de réduire les différentes pertes. Cependant, pour développer
une contremesure aux phénomènes qui les causent, il faut d'abord bien connaître leurs
origines et leur comportement qui diffèrent pour chaque type de machine. Cette tâche n'est
pas facile à accomplir due à l'imprédictibilité des détails des écoulements turbulents et les
minimes perturbations qui les causent. L'utilisation de modèles mathématiques de
turbulence permet tout de même de représenter plusieurs de ces phénomènes hydrauliques.
Leur intégration dans l'analyse numérique est essentielle dans l'étude de la dynamique des
fluides rencontrés dans les machines hydrauliques. Plusieurs chercheurs ont déjà publiés
des simulations numériques comparées à des résultats expérimentaux. Es identifient
cependant plusieurs imprécisions dues aux modèles de turbulence ou aux modèles
numériques qu'ont été utilisés pour combler l'insuffisance des capacités informatiques.
Tallman J. et Lakshminarayana B. [39] ont effectué une étude des écoulements de jeux pour
une turbine axiale à gaz très intéressante pour notre étude. Ds présentent des résultats des
simulations numériques qui s'appuient sur un modèle Reynolds Averaged Navier-Stokes
(RANS), un code basé sur une méthode de correction de pression (SIMPLE) et le modèle
de turbulence k-e avec amortissement près de la paroi. Ds ont validé une de leurs
simulations avec des données expérimentales de Bindon, J. P., et Morphis, G. [4]. Ds ont
réalisé des simulations pour deux largeurs différentes de jeu (4.65 mm et 1.86 mm), sans
prendre en compte le mouvement relatif de la paroi extérieure de la turbine. La figure3.1
montre ces résultats.
44
Ds comparent les résultats en suivant les traces de particules qui ont été placées sur
différents rayons de la roue (90%, 97.6% et le rayon moyen à l'intérieur du jeu). Pour le
rayon correspondant à 90% du rayon de la roue, ils ont observé que l'entrainement de
l'écoulement du côté pression au côté succion se fait approximativement au même endroit
(50% de la corde de l'aube) pour les deux jeux. Les lignes de courant entraînées à la mi-
corde de l'aube traversent le jeu et s'enroulent sur le diamètre extérieur du tourbillon
provenant de l'amont. L'entrainement de l'écoulement dans le jeu est dû à un gradient
radial de pression, ce dernier provenant d'un déchargement sur le bout de l'aube. Lors de
l'entrainement, l'écoulement acquière une composante de vitesse secondaire. Sur le côté
pression de l'aube, les lignes de courant se dirigent vers le jeu de bout d'aube, c'est
pourquoi on qualifie cet écoulement secondaire : « l'écoulement secondaire d'entraînement
du jeu ». Les lignes nommées i sur la figure 3.1 montrent le parcours de ces lignes de
courant. Elles ne rentrent pas nécessairement dans le jeu mais elles dévient l'écoulement de
passage inter-aube. L'écoulement de fuite réfère seulement à l'écoulement qui traverse le
jeu. En ce qui concerne le côté succion de l'aube, il y a aussi un écoulement secondaire qui
est forcé par le tourbillon de bout d'aube juste au dessous de cette surface, il est appelé
« écoulement secondaire de blocage ». À cet endroit, l'écoulement est entrainé vers la
direction négative du rayon. Les lignes de courant nommées ii sur la figure 3.1 montrent cet
effet.
L'écoulement d'entrainement du jeu est visible aussi pour les lignes de courant qui
proviennent des particules lâchées au rayon correspondant à 97.6% du rayon de la roue.
Pour ce rayon, l'écoulement entre dans le jeu à partir du bord d'attaque jusqu'à 80% de la
corde de l'aube pour les deux cas étudiés. Sur le côté succion, l'écoulement secondaire de
blocage entraine l'écoulement de fuite autour du tourbillon de bout d'aube, tel qu'indiqué
par l'indice iii sur la figure 3.1. Le parcours des lignes de courant enroulées autour du
tourbillon est différent pour chaque largeur du jeu. Pour le jeu le plus grand, l'enroulement
de l'écoulement secondaire de blocage autour du tourbillon commence plus en amont sur la
corde de l'aube que pour le jeu plus petit. Pour le petit jeu, cette dernière zone correspond
au numéro v sur la figure 3.1. Pour le jeu de 4.65 mm, le tourbillon de bout d'aube est plus
détaché de la surface du côté succion que pour le jeu de 1.86 mm. L'écoulement indiqué
avec les numéros vi-viii sur la figure 3.1 correspond aux lignes de courant traversant le jeu
le plus près du manteau. Néanmoins, dans le cas de l'espace le plus petit, la figure 3.2
montre d'une meilleure façon sur un plan 2D la faible apparition d'un autre écoulement
secondaire ayant lieu dans cette région: «l'écoulement secondaire près du manteau».
Cette figure présente des vecteurs de vitesse projetés sur un plan (tangentiel-radiale) à 90%
de la corde montrant les régions du tourbillon de bout d'aube (A) et les trois écoulements
secondaires : l'écoulement secondaire du blocage (B), l'écoulement secondaire
d'entrainement du jeu (C) et l'écoulement secondaire près du manteau (D). Ce dernier
semble être créé par une combinaison d'une portion de la couche limite du tourbillon et
l'écoulement secondaire d'entrainement du jeu.
45
Direction
radiale
tangentiel
Direction
radiale
Direction
tangentiel
Direction
radiale
Jeu =
4.65mm
tangentiel
Figure 3.1. Parcours des lignes de courant de l'écoulement inter-aube à différents rayons. [39]
20 m/s
o ns o s t m 0\s i
1
Ds affirment que les effets les plus significatifs de l'écoulement de fuite dans le bout d'aube
et du tourbillon associé sont : blocage de l'écoulement dans le passage, instabilités en aval
(dans un repère de référence relatif) et écoulements secondaires. De plus, les trois possibles
causes principales de l'enroulement du tourbillon de bout d'aube sont : le cisaillement sur
46
Une étude postérieure a été réalisée par Tallman J. et Lakshminarayana B. [40], laquelle
inclut le mouvement relatif de la paroi de la turbine axiale à gaz. Ds montrent l'effet de ce
mouvement relatif sur l'écoulement de fuite, le tourbillon de bout d'aube et l'écoulement
secondaire. Lorsqu'on se situe dans le repère de la roue, la direction du mouvement relatif
de la paroi est opposée à l'écoulement de fuite. Ce mouvement accompagné de cisaillement
réduit l'écoulement de fuite et favorise l'écoulement secondaire près du manteau. La
comparaison des simulations sans/avec mouvement relatif montre que moins de débit
traverse le jeu dans le deuxième cas à cause de l'obstruction de la couche cisaillée à la
paroi. L'obstruction est plus évidente au bord d'attaque de l'aube où le gradient de pression
qui entraine le débit de fuite n'est pas encore tout à fait établi et le mouvement relatif de la
paroi est opposé à l'écoulement primaire. La plus grande partie de l'écoulement de fuite
traverse le jeu en aval de la moitié de la corde de l'aube. Une plus grande quantité
d'écoulement de fuite s'enroule autour du tourbillon de bout d'aube pour le cas des
simulations sans le mouvement relatif de la paroi. La taille de ce tourbillon est donc un tiers
plus petite pour le cas où le mouvement relatif est pris en considération.
Ciocan G.D. et Kueny J.-L [7] ont étudié expérimentalement les écoulements de fuite dans
un tunnel d'essai. Le montage représente un canal inter-aube dans un tunnel d'eau sans
rotation, en mettant l'emphase sur trois mécanismes qui agissent dans le bout d'aube : la
séparation de l'écoulement, le rattachement et la zone de mélange de l'écoulement de fuite.
Ds ont trouvé que les deux premiers phénomènes sont très dépendants de la géométrie de
bout d'aube. Ds mentionnent que le rattachement arrive quand le rapport entre l'épaisseur
de bout d'aube et la longueur de l'aube est plus petit que 0.25. Le mélange de l'écoulement
provient de l'interaction entre l'écoulement de fuite et l'écoulement principal. Le tourbillon
de bout d'aube est présent dans un jeu de 1 mm et il disparait pour un jeu de 5 mm. Le
tourbillon est créé au bord d'attaque et il se développe dans le premier 25% de la corde. D
est ensuite convecté par l'écoulement principal (figure 3.3a). L'intensité turbulente (I),
laquelle est définie comme le rapport entre le moindre carrée des fluctuations de vitesse et
la vitesse moyenne de l'écoulement, atteint 40% dans l'aire d'action du tourbillon.
Nilsson H. et Davidson L. [32] ont focalisé leur recherche sur les pertes dans le jeu de bout
d'aube. Ds ont utilisé la méthode des volumes finis pour calculer l'écoulement stationnaire
et périodique dans un quart du domaine de la roue d'une turbine Kaplan possédant 4 aubes
et 24 directrices. Le code est basé sur la méthode de correction de pression SIMPLEC, et
des schémas de discrétisation de deuxième ordre. Les calculs ont été réalisés pour différents
points d'opération en gardant l'angle de l'aube constant. Ds ont utilisé pour les calculs un
jeu de bout d'aube de 0.25 mm et un model de turbulence K-CO. Les calculs ont montré la
présence d'un tourbillon marginal près du bord d'attaque. Le chargement de l'aube au bord
de fuite augmente avec la diminution de la vitesse spécifique Nu (Dn/H05). Le débit
massique dans le jeu diminue avec l'augmentation de cette même vitesse spécifique, mais
l'aire par laquelle le débit massique s'échappe augmente. Les profils de vitesse ont été
comparés pour différents points d'opération, les différences principales se présentent au
bord d'attaque du bout d'aube. À cet endroit, la composante de vitesse relative axiale
47
Roussopoulos K. et Monkewitz P.A. [36] ont présenté des résultats expérimentaux sur la
position et l'enroulement du tourbillon sur le côté succion d'une aube stationnaire dans un
canal à eau. Pour obtenir des mesures détaillées et fiables, les effets du mouvement de
l'aube et les effets Coriolis ont été négligés. Ds s'attendaient à ce que l'addition d'une lèvre
sur le côté succion de l'aube serve à éloigner le tourbillon de l'aube et de cette façon puisse
réduire l'érosion occasionnée par la cavitation. Cependant, ils ont trouvé que le tourbillon
s'éloigne très peu de l'aube (environ 3 mm) avec l'addition de cette lèvre mais que
l'intensité du tourbillon est tout de même réduite.
Weili L., Xingqi L. et Lefu Z. [43] présentent des résultats d'une investigation
expérimentale et de simulations numériques dans une turbine Kaplan. Dans l'étude
expérimentale, ils ont vu la nucléation et l'agrandissement du tourbillon ainsi que la
cavitation sur le bord de fuite pour différents angles d'attaque de l'aube et différents
ouvertures des directrices. Ds ont classifié les plages d'opération où la cavitation est plus
dommageable. Les valeurs approximées du débit et de la vitesse spécifique (Qn, NJJ) qui
correspondent à ces plages sur la colline de rendement sont les suivants : Zone I (Qn= 900 ,
N u - 140), Zone H (Q n = 1000 , N n = 200) et Zone III (Q u = 2500 , N n = 180).
En ce qui concerne les simulations numériques, ils ont utilisé un maillage non-structuré
avec 500,333 nœuds et un modèle « Reynolds Stress Model » (RSM). Ds ont calculé
l'écoulement avec jeu et sans jeu de bout d'aube pour 3 conditions d'opération. Les
résultats des simulations numériques montrent tout d'abord que le tourbillon de bout d'aube
est seulement présent si le jeu est présent. Ds ont remarqué que l'écoulement de fuite de
bout d'aube peut se diviser en quatre régions dépendamment de la direction de
l'écoulement dans le jeu. Ds ont analysé la distribution de vitesse et de pression seulement
dans la première région de cet écoulement de fuite. Cette région est localisée près du bord
d'attaque où la cavitation due à la basse pression du centre du tourbillon produit des
dommages pour certains points d'opération. Ds ont montré que dans cette même région il y
a un volume de vapeur d'eau à une température de 25 °C. Les dommages à cette région
deviennent plus graves quand la vitesse de rotation augmente.
Cunha F., Qian R., Flemming F., Chen L., et Riedel N. [9] ont fait la comparaison
entre des résultats obtenus par calculs numériques (CFD) et ceux provenant de la base de
données mesurés expérimentalement au LAMH pour le projet AxialT. La technique LDV
(Laser Doppler Velocimetry) a été utilisée pour mesurer les composantes tangentielle et
axiale de la vitesse sur des rayons horizontaux situés à trois différentes élévations sous la
roue de la turbine tandis que la technique PIV a permis de mesurer les trois composantes de
vitesse sur une section verticale à la sortie de la roue. La première élévation de mesures
LDV est placée juste au dessous du bord de fuite de l'aube, la deuxième est placée juste au
dessous du moyeu et la troisième hauteur est située dans le cône de l'aspirateur. De l'autre
côté, les simulations numériques sont réalisées avec le logiciel Ansys CFX 11.0.
L'approche RANS a été utilisée avec un modèle de turbulence SST (Shear Stress
Transport) et un schéma à haute résolution pour prendre en compte le terme de flux
convectif dans l'équation de transport. Une interface de type "stage" a été utilisée entre le
48
distributeur et la roue. Ds ont fait des simulations numériques pour un jeu d'aube plus petit
(0.15mm) et un jeu plus grand (0.45mm). Ds présentent les résultats ci-dessous pour deux
points d'opération, le point d'opération de meilleur rendement et celui qui correspond à la
puissance maximale:
Ici, la comparaison est faite pour le point d'opération de meilleur rendement entre
les résultats obtenus avec le PIV et les calculs numériques. Des contours de la
vitesse tangentielle normalisée ont été utilisés pour montrer deux tourbillons.
L'origine de ces deux tourbillons a été reliée aux articles de Gagnon J.M., Diescu
M., Ciocan G.D. et Deschênes C. [20] et Gagnon J.M., Diescu M., Ciocan G.D. et
Deschênes C. [19]. Ds expliquent que le tourbillon de rayon plus petit qui est collé
au manteau est le tourbillon de bout d'aube et que l'autre tourbillon de rayon plus
grand origine au bord d'attaque de l'aube. L'intensité du tourbillon n'a été
examinée que qualitativement, ils observent que l'intensité augmente avec
l'incrément du jeu de bout d'aube et le tourbillon disparait avec le jeu de 0.15mm.
Ds ont aussi regardé la position du centre du tourbillon ; la position axiale du centre
du tourbillon correspond toujours entre les mesures et les calculs numériques, mais
sa position radiale change pour certains endroits.
Ds concluent qu'il y a un bon accord entre les résultats CFD et les résultats expérimentaux.
de fer à cheval. Ce tourbillon est séparé en deux parties, une "jambe" entre dans le côté
pression du passage inter-aube et l'autre "jambe" entre dans le côté succion. Cette dernière
est atténuée rapidement par le mouvement relatif de la paroi. Par contre, la rotation de la
partie du tourbillon de fer à cheval au côté pression est intensifiée par l'écoulement
secondaire qui tourne dans le même sens. Ds constatent aussi que l'écoulement de fuite est
réduit par le mouvement relatif du manteau et l'écoulement secondaire.
Tourbillon de fer à
cheval
Écoulement en amont Écoulement trainee avec le
manteau
Écoulement secondaire
du passage
Figure 3.3. Schéma du développement de l'écoulement de fuite et tourbillons, a) Écoulement dans le passage
inter-aube près du bord de fuite. [27]
précèdent a déjà expliqué en détail la modélisation numérique dans la roue avec la prise en
compte du jeu de bout d'aube. Dans ces deux dernières sections du chapitre 3, nous mettons
en évidence l'écoulement de fuite et le développement du tourbillon de bout d'aube. Nous
présentons aussi les résultats des simulations concernant les paramètres de performance de
la turbine, tels que le couple, la chute nette et les pertes.
L'écoulement de fuite dans le jeu est entrainé par une différence de pression dans les deux
côtés des aubes. La figure 3.4a illustre l'écoulement de fuite avec des lignes de courant
dans un repère absolu. Les figures 3.4b et 3.5 illustrent le gradient de pression à plusieurs
rayons de la roue.
Figure 3.4. a) Écoulement de fuite observé dans le résultat d'un calcul stationnaire. b) Contour de pression
normalisé à 99.8% du rayon. Calcul correspondant à la condition d'opération OP2 et à la largeur du jeu
r=0.0013.
Pression relative
a) 50 % du rayon b) 0.1% du rayon
Figure 3.5. a) Contour de pression normailsé à 50% du rayon, b) Contour de pression normalisé à 0.1% du
rayon (près du moyeu). Calcul correspondant à la condition d'opération OP2 et à la largeur du jeu T=0.0013.
Pour extraire l'information plus détaillée sur la variation spatiale de la pression dans le
canal inter-aube et à l'intérieur du jeu de bout d'aube, nous utilisons des lignes
transversales (direction Z). La figure 3.6 montre la position des lignes sur un plan
méridional et une représentation graphique de données moyennées azimutalement. Les
lignes situées à 99.8%, 50% et 0.1% de la distance radiale (Ro- Ri) dans le canal inter-aube
51
croisent le bord d'attaque et le bord de fuite des aubes. À ces endroits, nous constatons des
variations brusques de pression dans l'écoulement. La variation la plus brusque arrive au
bord d'attaque de l'aube à 99.8% du rayon, c'est-à-dire dans le jeu de bout d'aube. La
figure 3.7 présente aussi le gradient de pression à l'intérieur du jeu de bout d'aube pour 3
autres positions de la corde. Nous avons superposé le profil de l'aube sur ce graphique pour
mieux visualiser l'endroit où se situent les différences de pression. Ainsi, nous constatons
que les gradients de pression dans le jeu entre 23% et 50% de la corde varient très peu
d'amont à l'aval et le gradient à 77% de la corde est plus faible que ceux en amont.
Plan méridional
99.8% rayon
50 % rayon ▲ A ▲ ▲
0.001% rayon xxxxxxx
/ni
23%
corde 50 % 77 %;
c
<We corde
0,3 0,4
Position sur l'axe Z normalisée [-]
Figure 3.7. AP dans le jeu de bout d'aube à trois positions de la corde.
Condition d'opération OPI et largeur du jeu r = 0.0009.
52
a)
1% -
L ^ ^ ^ ^ ~ ^
■zro.8%
■
O -
0s-
'—'0.7% —
-
u^ H
•o ~
• 0.6% _
-
u
T3
■
<M
IS 0.5% -
35 _
Q
0^0.4% -_ Jeu 0.0009 .
0.3%
, , i
o. 2 % 0 i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i
b)
1.25 :
1.2 i /■
sans Jeu
N
/ M
1.15 1
y///p
1.1 Jeu 0.0009
/ / /
i — i
(—--i 1.05 /
) T
y S
/ OP4
*<D Jeu 0.0013 / / S
J"ë3 1 y^yC/
/ / / OP3
S 0.95
//V
O
g
<D
0.9 s// 3 9 1
s s s
*O,0.85 :
3
//y
/ SJ xV
O 0.8 ■ /
U / //
0.75 ï
' om//s
0.7 i
' J ^
0.65 i■ *
i i 1
• \ \ ï 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15
Débit normalisé Q* [-]
Figure 3.8. a) Débit de fuite calculé numériquement pour chaque jeu de bout d'aube,
b) Couple calculé numériquement pour chaque jeu de bout d'aube.
54
c= (pgH'Q)-(Cû))
(pgH'Q)
(3.13)
Puisque la puissance disponible dans le fluide (pgQH') est dépendante de la chute nette,
lorsque H' augmente, la puissance disponible dans le fluide traversant la roue augmente. Si
la géométrie des aubes est bien adaptée aux conditions de l'écoulement, la puissance
extraite par les aubes (Cco) est maximum. Autrement, les pertes relatives Ç se produisent
dans la roue et deviennent plus significatives lorsque la différence entre la puissance
disponible et la puissance extraite devient plus grande, pour une condition d'opération
donnée.
Les courbes suivantes montrent la tendance de ces paramètres pour chaque largeur du jeu
de bout d'aube aux quatre conditions d'opération de la turbine (OP1-OP4). Les valeurs de
la chute nette sont normalisées avec la valeur expérimentale de la condition de meilleur
rendement OP3.
55
a)
l.l r
&3 "
0.95
g 0.9
Z
1 0.85
0.8
Q 73 r i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i
' 0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15
Débit normalisé Q* [-]
Figure 3.9 Comparaison des paramètres H' et Ç pour les différentes simulations CFD.
a) Chute nette dans la roue b) Pertes dans la roue.
56
Nous observons que le couple (figure 3.8.b) et la chute nette (figure 3.9.a) augmentent
d'une façon similaire et que les pertes relatives sont réduites lorsque le débit augmente. En
d'autres mots, lorsque le débit augmente, la chute nette augmente aussi générant plus de
puissance disponible dans la roue. Donc, ayant plus de puissance disponible dans la roue,
les aubes peuvent extraire plus du couple du fluide pour générer de la puissance mécanique.
Le fait que les pertes diminuent lorsque Q, H' et C augmentent (figure 3.9b) signifie, soit
que l'écoulement s'adapte mieux à la géométrie des aubes, soit que l'effet de joint du jeu de
bout d'aube est plus efficace. De même, plus le jeu est petit, moins les pertes sont
importantes dans la roue pour une condition d'opération donnée.
Les résultats de nos simulations à charge partielle nous permettent d'observer d'une façon
claire, grâce aux isosurfaces de pression, les tourbillons développés dans plusieurs endroits
de la roue hélice. La figure 3.10 montre dans le repère de la roue le tourbillon de moyeu, le
tourbillon du coin de bord d'attaque et le tourbillon de bout d'aube. Ce dernier est aussi
connu comme le tourbillon marginal, on le visualise mieux sur les figures 3.11 et 3.12. La
figure 3.10 montre d'ailleurs des contours de la composante de vitesse circonférentielle à
l'entrée et à la sortie des aubes. Nous remarquons que les régions de grande vitesse
circonférentielle coïncident avec les régions où nous observons les tourbillons. Nous
concentrons maintenant notre attention sur leur formation, leur développement puis leur
influence dans l'écoulement en aval du tourbillon de bout d'aube.
57
Tourbillon du coin
bord d'att Tourbillon du
moyeu
Figure 3.10. Structures tourbillonnaires aux différents endroits dans la roue hélice.
Simulations CFD avec un jeu de bout d'aube T=0.001 3 au point d'opération OP2.
Comme nous l'avons déjà mentionné, un tourbillon marginal est présent à l'extrémité de
l'envergure des aubes ou des ailes. Dans le cas que nous étudions, les aubes de la roue
hélice sont confinées par le manteau de la turbine, faisant en sorte que le tourbillon de bout
d'aube n'est pas libre de se développer. La présence d'un jeu petit entre le bout de l'aube et
le manteau (h< 1 mm), influence la dynamique de ce tourbillon. Puisque la formation et
l'évolution du tourbillon se produit dans une zone où l'écoulement est très cisaillé, nous
avons utilisé le critère Q pour l'identifier et le caractériser. Le critère Q est une approche
formelle qui est basée sur la différence entre les modules de vorticité (co) et le taux de
déformation (D) selon Q=0.5 (llcoll2-IIDII2). [44]
Les lignes de courant présentées à la figure 3.11 dans le repère de la roue montrent la
structure tourbillonnaire et l'écoulement de fuite à l'extrémité de l'aube. À gauche, voit le
tourbillon sur le coté succion de l'aube (extrados), lequel est convecté vers l'aval par
l'écoulement moyen. Ce tourbillon se crée par l'enroulement des feuilles de vorticité sur la
surface de l'aube.
Des contours du critère Q sont tracés le long de la corde sur le bord de l'aube à la figure
3.12. La figure 3.13 montre les cœurs des tourbillons et leurs interactions avec la couche
limite du manteau. En se basant sur les résultats des simulations, nous présumons la
dynamique du tourbillon de bout d'aube comme suit : l'origine du tourbillon marginal est
localisée à environ 20% de la corde. Bien que le tourbillon soit alimenté de façon constante
par les couches de vorticité, la diffusion visqueuse et le gradient de pression radial font
augmenter son diamètre tandis qu'il est séparé de la paroi et convecté vers l'aval.
L'interaction du tourbillon avec la couche limite du manteau cause sa séparation et son
enroulement. L'élargissement de la taille du tourbillon occasionne une réduction du module
de vorticité maximale au cœur du tourbillon.
58
Figure 3.11. Résultats des simulations CFD de la condition d'opération OP2 et de la largeur du jeu r=0.0013.
Tourbillon de bout d'aube sur le côté succion de l'aube.
Figure 3.12. Contours du critère Q au bout de l'aube. Calcul correspondant à la condition d'opération OP3 et
de la largeur du jeu T=0.0013.
59
r=0.0009
2.0e+007
1.9e+007
a) 1.7e+007
1.6e+007
1.5e+007
1.3e+007
1.2e+007
1.1e+007
9.3e+006
8.0e+006
6.7e+006
5.3e+006
4.0e+006
2.7e+006
1.3e+006
O.Oe+OOO
b) [sA-2]
c)
Figure 3.13. Comparaison qualitative du cœur du tourbillon de bout d'aube pour les deux largeurs de jeu.
Contours du critère Q à trois positions de la corde sur le bout de l'aube a), b) et c).
60
Les figures 3.14-3.16 présentent les vecteurs de la vitesse méridionale sur les mêmes plans
a), b) et c) que la figure précédente. La direction des vecteurs montre l'effet des
écoulements secondaires auxquels Tallman J. et Lakshminarayana B. [39] font aussi
référence dans leur étude d'une turbine axiale à gaz. Les contours de ces figures reflètent
aussi une grande partie de la composante tangentielle de la vorticité. Nous constatons donc,
les deux sens de cette composante de vorticité. Elle est positive près de la paroi de l'aube et
négative près du manteau. Alors l'écoulement que traverse le jeu plus près de la paroi de
l'aube s'enroule au dessous l'aube tandis que l'écoulement qui traverse le jeu plus près du
manteau résiste à l'enroulement. Une plus grande quantité d'écoulement de fuite s'enroule
autour du tourbillon de bout d'aube pour le jeu le plus grand, faisant en sorte que le
diamètre du tourbillon est plus grand que pour le cas du jeu plus petit.
x = 0.0009 x = 0.0013
SESIS
Figure 3.14. Comparaison des vecteurs de vitesse et des contours de vorticité dans les deux jeux à 23% de la
corde de l'aube au point d'opération OP3.
61
x = 0.0009 1 = 0.0013
Figure 3.15. Comparaison des vecteurs de vitesse et des contours de vorticité dans les deux jeux à 50% de la
corde de l'aube au point d'opération OP3.
T = 0.0009 T = 0.0013
Figure 3.16. Comparaison des vecteurs de vitesse et des contours de vorticité dans les deux jeux à 77% de la
corde de l'aube au point d'opération OP3.
Sur la figure 3.17b, on voit que la pression minimale dans le cœur du tourbillon de bout
d'aube est située entre 60% et 80% de la corde pour toutes les conditions d'opération. Les
simulations avec le jeu r = 0.0013 ont produit des pressions beaucoup plus petites au cœur
du tourbillon que celles du plus petit r = 0.0009, sauf pour le point d'opération n° 2. Le
comportement au point d'opération OP2 demeure inexpliqué.
63
T = 0.0009 1 = 0.0013
60
% Corde
b)
«5
•.25
0 :
0 75 -^>\ / J /
^ - ^ ^ \ ^
0.5 ■ ^ ^ ^ ^ ^
0.75 OP4
1.25
to M
VoConle •/«Coide
Figure 3.17 Résultats des simulations CFD prenant compte des deux jeux de bout d'aube (à droite T = 0.0013,
à gauche T = 0.0009). a) Tendance du module de vorticité dans le cœur du tourbillon de bout d'aube b)
Tendance de la pression statique minimale dans le cœur du tourbillon de bout d'aube.
Puisque les tourbillons donnent lieu à une diminution de la pression, ils sont associés à un
certain type de cavitation, laquelle est nuisible dans les machines hydrauliques. Ainsi, un
jeu plus grand représente un risque plus élevé de cavitation dans la roue d'une turbine
hélice. À la figure 3.18, pour la surface de l'aube du côté succion, nous observons une
basse pression à l'endroit du tourbillon de coin du bord d'attaque et pour le tourbillon de
bout d'aube.
On remarque aussi sur la figure 3.17a que le module de vorticité augmente quand le jeu
diminue. On pourrait comprendre cette tendance de la vorticité par analogie avec
l'écoulement de Couette (figure 1.3) en présence de pressions constantes sur l'intrados
(côté surpression) et l'extrados (côté sous pression) et d'un déplacement constant de l'aube.
Au fur et à mesure que le jeu est réduit, le gradient de vitesse radiale devient plus important
64
dans le jeu, comme le montre la figure 3.19. Donc la vorticité grandit. Ainsi, pour le jeu le
plus grand (r=0.0013), il y a moins de vorticité injectée dans l'écoulement. Par contre, pour
le jeu le plus petit (r=0.0009), il y a plus de vorticité injectée dans l'écoulement. Notons
que cette explication ne peut être que partielle, car elle ne prend pas en compte le débit de
fuite qui diminue avec le jeu, tel que montré à la figure 3.8.a.
Pression normalisé
1.000e+000
7.850e-001
5.700e-001
3.550e-001
1.400e-001
-7.500e-002
-2.900e-001
-5.050e-001
-7.200e-001
-9.350e-001
-1.150e+000
Figure 3.18. Résultat de la pression sur le côté succion de l'aube sous une condition d'opération à charge
partielle OPI et un jeu de bout d'aube T=0.0013.
À la section 4.4 nous montrerons plus en détail la variation de la pression sur les surfaces
des aubes pour tous nos calculs CFD. Nous utiliserons le coefficient de pression Cp pour
estimer le chargement hydrodynamique sur l'aube. Nous calculerons séparément le
coefficient Cp d'intrados et d'extrados de l'aube. De cette manière, nous constaterons l'effet
que la variation de pression de l'écoulement produit sur les surfaces des aubes.
Sur la figure 3.19, nous observons que les formes des profils de la composante de vitesse
radiale Vr à l'intérieur des deux jeux sont similaires et que les formes des profils des
composantes V, et Vz changent légèrement à 50% et 77% de la corde. Nous supposons donc
une similitude partiale de la dynamique de l'écoulement de fuite lorsque la largeur du jeu
change. Par contre, nous constatons avec la figure 3.20 que la dynamique du tourbillon de
bout d'aube n'est pas similaire au long de la corde lorsque le jeu change. La comparaison
des profils des composantes V, et Vr entre les deux jeux montre une différence évidente
dans le cœur du tourbillon de bout d'aube à 77% de la corde. Les profils des composantes
de vitesse dans le cœur du tourbillon de bout d'aube montrent les maximums et les
minimums très près du manteau, lesquels peuvent être interpréter de la façon suivante.
spatiale de l'épaisseur de la couche limite près du manteau. Pour un jeu plus petit, le
gradient de vitesse axiale diminue (l'écoulement décélère). Donc, la couche limite épaissie
au fur et à mesure qu'on se déplace vers l'aval au long de la corde. Par contre, pour un jeu
plus grand le gradient de vitesse axiale augmente au long de la corde (l'écoulement
accélère) et l'épaisseur de la couche limite amincie. Ces profils montrent aussi que les
normes des valeurs minimums de Vz du jeu 0.0013 sont plus grandes que les normes du jeu
0.0009 dans les trois positions au long de la corde.
Figure 3.19. Comparaison des profils de vitesse de l'écoulement a l'intérieur des jeux.
À droite T = 0.0013 et à gauche T = 0.0009.
66
0,97 0,975 0.98 0,985 0,99 0,995 1 0,97 0,975 0,98 0,985 0,99 0,995
Rayon normalise^ R^onnormds w r.i
0>7 0,975 0,98 0,985 0,99 0,995 ' b>7 0,975 0,98 0,985 0,99 0,995 i
Rayon normalisé [-1 Ravnn normalisé M
Corde 23% -*- Corde 50% -*- Corde 77%
Figure 3.20. Comparaison des profils des composantes de vitesse de l'écoulement au cœur du tourbillon de
bout d'aube (Q max).
Remarquons que le rayon de référence utilisé pour normaliser le rayon dans les figures 3.19
et 3.20 correspond au rayon à la sortie de la roue. Puisque la géométrie du manteau présente
une légère divergence, le rayon de référence est alors en peu plus grande que les rayons en
amont. Donc les profils des vitesses dans les figures 3.19 et 3.20 dépassent légèrement la
valeur de 1.
67
D'un autre coté, nous avons réalisé des simulations numériques dans la roue de la turbine
hélice à l'aide du logiciel CFX 11.0 pour complementer l'étude des écoulements dans cette
composante. De cette manière, nous avons pu examiner au chapitre 3 l'influence du jeu de
bout d'aube sur l'écoulement et sur les paramètres de performance de la roue de la turbine
hélice. Dans les sections 3.2 et 3.3, nous avons décrit l'effet du jeu sur la formation des
tourbillons au bout de l'aube et nous avons aussi illustré l'écoulement de fuite puis le
développement des tourbillons. Dans ce travail de maîtrise, nous n'approfondissons pas les
techniques de mesure, nous utilisons seulement les résultats pour les comparer avec nos
résultats numériques. Puisqu'il n'y a pas des mesures disponibles dans les environs du jeu
de bout d'aube, nous validons d'une façon indirecte les résultats des simulations avec les
mesures les plus près à la sortie des aubes de la roue. C'est-à-dire que nous comparons les
champs de vitesse des résultats CFD avec les mesures 2D-LDV sur le plan 5a et les
mesures 3D-PrV en sortie de roue tel qu'indiqué sur la figure 4.2. L'analyse de champs de
vitesse montrera aussi l'influence des tourbillons de bout d'aube sur l'écoulement en aval
des aubes et complémentera l'information du chapitre 3.
est montré dans la figure 4.1. D est important de mentionner que la condition de
l'écoulement OP3 correspond à la condition de meilleur rendement de la turbine. Par
contre, les conditions de l'écoulement OPI et OP2 correspondent à une condition de charge
partielle et OP4 à la condition de puissance maximale. Cette figure présente les valeurs des
débits expérimentaux et ceux imposés dans nos calculs CFD.
Nous avons trouvé une différence d'environ 1% dans les débits CFD par rapport aux débits
expérimentaux. La différence provient de la procédure pour moyenner les profils de vitesse
dans l'interface distributeur-roue des résultats numériques de la turbine complète. Puisque
les profils moyennes ont été imposés comme condition de frontière à l'entrée du passage,
ils entrainent cette petite différence dans le débit. Ainsi, on peut s'attendre à ce que 1% de
différence dans le débit implique aussi des différences dans les résultats des performances,
lesquels seront présentés plus bas.
1.15
1.1
1.05 C F D ^ :
1 -—"""Exp.
— i
0*0.95
0.9
0.85
i i
0.8
l 2 J 4
OP
Figure 4.1. Différence d'environ 1% dans les débits imposés aux calculs CFD
par rapport aux débits expérimentaux.
Rappelons également que les simulations de la présente recherche ont été réalisées avec
l'aube no 2 du modèle hélice utilisé dans le projet AxialT. Ce choix limite les possibilités
de validation des résultats avec les valeurs expérimentales. En effet, une étude récente
d'Hydro-Québec [31] a montré que le choix dans le modèle d'une aube plutôt qu'une autre
peut entrainer des différences significatives dans l'estimation des caractéristiques globales
de la machine. A partir d'une simulation RANS avec le modèle k-e, ils ont obtenu pour
l'aube n° 2 jusqu'à 6% de différence sur la puissance par rapport à celle déduite de la
moyenne des aubes. Par conséquence, les résultats des simulations numériques et des
mesures expérimentales seront ici simplement comparées.
69
Les données des composantes de vitesse circonférentielle et axiale ont été interpolées sur
une grille perpendiculaire à l'axe Z sur le plan 5a. Ce plan de comparaison sur l'axe Z est
indiqué dans les figures 2.1 et 4.2. Pour montrer une meilleure perspective de l'écoulement,
les résultats CFD montrés ici sont six fois les résultats périodiques que nous avons simulés
dans un seul passage périodique. Les figures 4.3 et 4.4 exposent les champs de vitesse
circonférentielle et axiale sur le plan 5a, dans le repère absolu. Chaque rangée d'images
présente des contours pour une seule condition d'opération et une variation du jeu. Donc,
chaque colonne d'images permet de visualiser une évolution du champ de vitesse selon la
condition d'opération en gardant constant une même largeur du jeu. Le jeu de bout d'aube
est normalisé avec le rayon r = h/D, les composantes de vitesse axiale et circonférentielle
sont normalisées avec la vitesse débitante (V = Q/A), où Q correspond au débit de la
condition de meilleur rendement (OP3), et A correspond à l'aire à la sortie de la roue
(nD2/4).
Plan de
mesure
LDV (5a)
Plan de
mesure
PIV (3.5°)
Figure 4.2. Plans de comparaison des champs de vitesse entre les mesures expérimentales et la (JhD
70
-0.1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Figure 4.3. Comparaison du champ de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue. Contours de
vitesse circonférentielle VB2/Vref sur le plan 5a.
Comme on peut le voir sur lafigure4.3, nous observons en général une augmentation de la
vitesse circonférentielle en s'éloignant du centre (moyeu). Pour OP3 et OP4, la direction de
la composante circonférentielle de la vitesse s'inverse près du moyeu. L'ouverture des
directrices du distributeur et la conception des aubes de la roue entrainent ce changement
dans la direction de la composante de vitesse circonférentielle à la sortie des aubes. Ceci a
un impact positif sur le couple, donc sur la puissance. En effet, l'équation 1.2 démontre que
le terme du moment angulaire à la sortie des aubes (r2Ve2) devient positif lorsque la vitesse
circonférentielle à la sortie des aubes Vg2 est négative. Dans ce cas, le terme du moment
71
angulaire à la sortie des aubes (r2Ve2) s'additionne au terme du moment angulaire à l'entrée
des aubes (r,V8l). Ainsi, le couple et la puissance augmentent au fur et à mesure que la
vitesse circonférentielle change de direction.
Les régions de grandes vitesses circonférentielles près du manteau sont associées aux
tourbillons de bout d'aube et autres tourbillons qui émergent du passage interaube. La
condition d'opération OPI montre les régions de vitesse circonférentielle les plus
importantes associées à ces tourbillons. Cette présence diminue à mesure que la charge
augmente avec les autres conditions d'opération.
Nous comparons maintenant les contours de la composante de vitesse axiale Va2/Vref, sur la
figure 4.4. Ds sont tous présentés avec une échelle négative car la direction de cette
composante dans l'écoulement est alignée avec l'axe -Z du repère de référence. La
condition d'opération OPI montre plus de contrastes que les autres conditions d'opération
dans la magnitude de cette composante de vitesse. L'écart est d'environ 78% dans la
magnitude de la vitesse axiale entre les deux régions les plus extrêmes. La région avec la
norme de vitesse la plus faible est localisée dans la portion interne du contour (R/Rref <
0.68). La région avec la norme de vitesse la plus grande est localisée dans la portion externe
(R/Rref > 0.68). Les autres conditions d'opération montrent un écart moins important que la
condition OPI mais les mêmes tendances. Les champs correspondant à la condition
d'opération de meilleur rendement OP3 semblent être plus uniformes sauf près des parois
(moyeu et manteau).
De la même façon que pour les contours de la vitesse circonférentielle, les contours de la
vitesse axiale montrent une bonne ressemblance avec les mesures expérimentales. Ici
encore les résultats avec le jeu x = 0,0013 semblent plus proches de ceux la mesure LDV
que les autres simulations. Les profils de vitesse dans la section 4.3 nous permettront
d'observer d'une façon plus claire les différences entre ces deux types de données.
72
-1.3 -1.25 -1.2 -1.15 -1.1 -1.05 -1 -0.95 -0.9 -0.85 -0.8 -0.75 -0.7
Figure 4.4. Comparaison du champ de vitesse axiale en aval des aubes de la roue. Contours de vitesse axiale
Va2/V„f sur l'axe 5a.
Les figures 4.5-4.7 montrent les champs de vitesse circonférentielle, axiale et radiale sur le
plan vertical du PrV à la sortie de la roue.
Avec le plan vertical du PPV, nous observons clairement près du manteau sur la figure 4.5
les régions de vitesse circonférentielle plus élevée, lesquelles sont associées au passage des
tourbillons du coin de bord d'attaque et de bout d'aube. Remarquons que les tourbillons de
bout d'aube sont absents de la simulation sans jeu. Nous observons aussi un changement de
direction de la composante circonférentielle pour une portion centrale des écoulements
simulés à OP3 et OP4. Lorsqu'on compare les résultats de la CFD et le PrV, nous réalisons
que près de la paroi du cône, les simulations avec jeu rapportent d'avantage les subtilités de
l'écoulement mesuré avec le PIV que celles sans jeu. Cependant, nous observons des
différences significatives par rapport à ces mesures en dessous du moyeu.
Vitesse Circonférentielle
CFD OPI sans gap CFD OPI gap 0.0009 CFD OPI gap 0.0013 PIV OPI
CFD OP3 sans gap CFDOP3 gap 0 0009 CFDOP3 gap 0.0013 PIVOP3
-0.075 0 0.075 0.15 0.225 0.3 0.375 0.45 0.525 0.6 0.675 0.75 0.825
Figure 4.5. Comparaison des champs de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue.
74
Le champ de la composante de vitesse axiale (figure 4.6) montre une région de vitesse
positive en dessous du moyeu, c'est-à-dire une zone de recirculation. Cette zone est plus
large dans une condition d'opération à charge partielle OPI que dans les autres conditions
d'opération. Cependant, la différence la plus notable entre la CFD et le PTV est présente
dans la condition d'opération OP4 où la distribution et la magnitude varient largement en
dessous du moyeu. Une explication pour ces différences sous le moyeu a été donnée au
workshop du Consortium en machines hydrauliques le mois de novembre 2009, où il a été
constaté que le moyeu du modèle était percé sous la roue tandis que celui du maillage ne
l'était pas.
La figure 4.7 montre la vitesse radiale de l'écoulement. Cette composante est plus petite
que la composante circonférentielle et la composante axiale.
Vitesse axiale
CFD OPI sans gap CFD OPI gap 0.0009 CFD OPI gap 0.0013 PIV OPI
CFDOP2 sans gap CFDOP2 gap 0.0009 CFDOP2 gap 0.0013 P1VOP2
Vitesse radiale
À cause des limitations inévitables de la CFD et des mesures, nous observons certaines
différences entre les profils moyens des simulations numériques et les mesures LDV. De
manière générale, les résultats numériques montrent que la composante de vitesse axiale est
en meilleur accord avec les mesures que la composante circonférentielle.
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0.7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
R/Rref [-] R/Rref[-] R/Rref[-]
-CFD w/o gap-EXP - CFD gap 00009 - EXP -CFD gap 0.0013- EXP
Condition d'opération 2 -Axe 5a
i 1 1
I
I
0.8 0,8 I - -- -: 0,8
;
ï0'6 |o.e |M
50,4 50,4 i 50,4
•
0,2 0,2 02
l
1
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
I1 00,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
R / Rref [-] R / Rref [-] R / Rref [-]
-CFD w/o gap-EXP -CFD gap 0.0009-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Condition d'opération 3 - Axe 5a
: :
0,8 f '~~^ ' 0,8
0,6
Z
04
I5 0,2'
0
-0.2
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
R/Rref [-] R / Rref [-] R / Rref [-]
-CFD w/o gap-EXP -CFD 0.0009-EXP CFD gap 0.0013-EXP
Condition d'opération 4 - Axe 5a
0,6 0,6 0,6 i i ... . t .. J
• I i 1 ' 1
0,4 •
0,4
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
R / Rref [-] R / Rref [-] R / Rref [-]
-CFD w/o gap -EXP -CFDgap0.0OO9-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Condition d'opération 2 - Axe 5a
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
R / Rref [-] R / Rref [-] R / Rref [-]
-CFD w/o gap-EXP -CFD gap 0.0009-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Condition d'opération 3 - Axe 5a
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
R/Rref[-] R/Rref [-] R/Rref[-]
-CFD w/o gap-EXP -CFDgap0.00O9-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Condition d'opération 4 - Axe 5a
-0,2
-0,4
ï-0,6
-1
-1.2
-1.4 t
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
R/Rref [-] R/Rref[-] R/Rref[-]
-CFD gap w/o gap-EXP -CFD gap 0.0009-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Figure 4.9. Comparaison des profils de vitesse axiale en aval des aubes de la roue (axe 5a).
(mesures LDV en traits pointillés, CFD en traits pleins).
79
Couple
La figure 4.10 présente les valeurs du couple des simulations CFD, correspondant aux
simulations avec la prise en considération du jeu de bout d'aube, sans la prise en
considération du jeu de bout d'aube et les mesures expérimentales. Les valeurs du couple
des simulations CFD présentées ici correspondent à six fois la valeur obtenue dans les
simulations d'un seul passage périodique. On constate qu'en réduisant le jeu, et donc en
augmentant la surface de l'aube, la somme des couples extérieurs augmente, selon la loi de
transfert de quantité de moment cinétique (formule 1.14). Donc, la valeur du couple
augmente en diminuant le jeu.
Nous avons trouvé que les pentes du couple calculé (de OPI à OP4) est plus grande dans le
cas numérique que dans l'expérimentaux et que les écarts les plus importants sont aux
points d'opération extrêmes. Ce sont les points pour lesquels l'écoulement est le plus
perturbé. C'est pour le jeu relatif 0.0013, pour OP2 et OP3, de nouveau, que le couple est le
plus près de la mesure expérimentale. Les écarts sont en partie la conséquence de la
différence dans le débit imposé implicitement par les profils de vitesses moyens (condition
de frontière à l'entrée). La loi de similitude des turbomachines démontre que le couple
augmente avec la relation suivante : TCFD = (QCFD IQEXP)3 TEXP. Le rapport des débits élevés à
l'exposant 3 équivaut à 1.03. Donc, une petite différence dans le débit imposé dans les
calculs CFD par rapport au débit expérimental représente une différence plus grande dans
le couple et par conséquence dans la puissance d'une turbine (W =T£l). Aussi, le choix de
l'aube no 2 et l'imprécision des simulations numériques peuvent expliquer une partie des
écarts entre la mesure et la simulation numérique.
80
1.25
1.2 sans Jeu
1.15 f-
Jeu 0.0009
1.1
Jeu 0.0013
■-^1.05
E 0.95
8 0.9
^0.85 Expérimentale
ô 0.75"
" OPI
0.7
0.65
Coefficient de Pression C„
Puisque la pression appliquée sur l'aire des aubes influence de façon importante le couple
net de la roue et l'intégration de la pression sur la surface de l'aube fournie la force de
portance nette résultante, nous utilisons le coefficient de pression Cp pour évaluer le
chargement hydrodynamique de l'aube et la performance de la roue. La figure 4.11
démontre le chargement au bout de l'aube (99.5% du rayon) pour la largeur du jeu
r=0.0009 à différentes conditions d'opération. D ans l'intrados de l'aube, on voit que le
coefficient de pression augmente avec le point d'opération. Par contre, dans l'extrados de
l'aube le coefficient de pression diminue avec le point d'opération. D e cette manière, nous
avons la preuve qu'il y a une augmentation du chargement hydrodynamique sur l'intrados
lorsque la condition d'opération passe d'un débit plus faible (OPI) à un débit plus grand
(OP4).
Sur la figure 4.12, nous observons la variation du coefficient Cp sur le bout de l'aube pour
différentes largeurs du jeu r. Au fur et à mesure qu'on réduit la largeur du jeu, le
chargement sur le bout de l'aube augmente sur les deux côtés de l'aube. Alors, au bout de
l'aube le chargement sur l'intrados et l'extrados est plus élevé lorsqu'on ne tient pas
compte du jeu dans les simulations. La figure 4.13 montre aussi la variation du Cp pour
trois rayons de l'aube d'une seule condition d'opération (OP3) et d'une seule largeur du jeu
"gap" T=0.0009. Pour cette dernière situation, on observe que le chargement
hydrodynamique d'intrados est maximal à l'extrémité de l'aube. Par contre, le chargement
d'extrados est maximal seulement dans le premier 30% de la corde. Plus loin en aval, le
chargement maximal d'extrados est situé près du moyeu et près du borde de fuite de l'aube.
81
Pour toutes ces courbes, nous observons que le coefficient de pression varie d'une façon
brusque au bord d'attaque car il s'agit d'un point d'arrêt. Nous avons aussi observé au
chapitre trois (figure 3.6) une variation brusque de pression dans l'écoulement près du bord
d'attaque. Aussi, la variation du chargement qu'on observe sur la surface de l'aube au bord
de fuite peut être associée au phénomène de séparation et recirculation de l'écoulement.
82
_L _L _L
-40
0.2 0.4 0.6 0.8
Corde au bout d' aube[-]
03
Bord d'attaque
- i
10 ~ê
8
- A
_8
0 lllll>HHIIIIIII—llifti||||fH..
O
é4J^
-
" " w ,"iï'iïS«2îïY°"°°"0ffô^!
^s^v.
10
Ia, 20 "1
ci
Bord de fuite
O
- 8 Bord d'attaque * w/o gap
o
30 "2 ° gap 0.0009
A.
■
gap 0.0013
40
" ' '
0 0.2 0.4 0.6 0.8
Corde au bout de V aube
Cp au bout de l'aube (OP3)
20 r
Bord d'attaque
10
Bord de fuite
2 0
X
I '"*WPÏÏ«W,
g-.o \
w
£-20 w/o gap
gap 0.0009
-30
gap 0.0013
1
i ■ ' ■ * ■ ' ' * ' ' * '
-40 Hl
0.2 0.4 0.6 0.8
Corde au bout de f aube
Figure 4.12. Coefficient de pression au bout de l'aube pour différents largueur du jeu à OP3.
84
****** * * * * * * * * A » A » 4
Bord de fuite
0
-K * ^*.
;
^ ' ^ ' ' * ^ ^ ^ ^ ? s ^ g ^ ^ ^ ^
g -10
1W _20
Ou
O bout d'aube
-30 rayon moyen
0.1% rayon
1 1 1 1 1 1 1 1
-40 J i i i
0.2 0.4 0.6 0.8
Corde au bout de l'aube
Figure 4.13. Coefficient de pression pour trois rayons de l'aube à OP3 avec le jeu de 0.0009.
Chapitre 5 Conclusions et perspectives futures
Cette maîtrise a décrit l'importance de la prise en compte du jeu de bout d'aube dans les
simulations numériques du projet AxialT. Elle permet de mieux représenter les
caractéristiques réelles de l'écoulement, comme le tourbillon de bout d'aube, et
l'écoulement de fuite lesquels influencent significativement le calcul du couple transmis
par les aubes et partant de là, le rendement de la machine.
Nous avons suivi une technique qui est utilisée très souvent dans les simulations
numériques des turbomachines. Nous avons isolé la roue des autres composantes de la
turbine pour réaliser des calculs stationnaires. Les simulations par section permettent soit
de réduire le temps de calcul, soit de gagner de la précision avec des approches plus
complexes de la modélisation de la turbulence. Avec nos ressources informatiques, nous
avons utilisé une approche RANS basé sur les modèles k-co et fc-epour modéliser
numériquement l'écoulement dans un passage périodique de la roue. Les simulations
numériques, réalisées à l'aide du logiciel CFX, ont été faites pour quatre points d'opération
de la turbine correspondant à deux conditions de charge partielle OP1-OP2, la condition de
meilleur rendement OP3 et une condition de pleine charge OP4. Les résiduels de quantité
de mouvement et de la pression dans nos simulations ont atteint une bonne convergence,
entre IO"4 et IO"6, dépendamment du point d'opération. Le maillage était bien adapté aux
exigences du modèle de turbulence SST près des parois (y+ < 10). Puisque la vitesse de
l'écoulement est très élevée dedans le jeu, des valeurs plus élevées de Yplus se situent dans
cette région (20 < y+ < 30).
La largeur du jeu altère le tourbillon de bout d'aube. Nous avons examiné les tendances
dans la pression minimale et le module de vorticité maximale au cœur du tourbillon. Pour
un jeu plus grand (r=0.0013), il y a moins de vorticité injecté dans l'écoulement de fuite,
lequel s'enroule dans le tourbillon. Par contre, pour un jeu plus petit (r=0.0009), il y a plus
de vorticité injectée dans l'écoulement de fuite et le tourbillon. On peut donc penser que
l'influence de la paroi (manteau) grandit dans l'écoulement de fuite et le tourbillon au fur et
à mesure que le jeu est réduit, mais d'avantage d'analyses seraient nécessaires pour
comprendre exactement de quelle façon. D'un autre côté, nous avons trouvé que la
condition d'opération à pleine charge OP4 présente les valeurs de pression statique les plus
basses au cœur du tourbillon et que c'est pour le jeu le plus grand que le risque de
cavitation est le plus élevé dans la roue d'une turbine hélice.
86
La comparaison des champs de vitesse entre les calculs CFD et les mesures LDV montre en
général une bonne ressemblance mais a aussi montré certaines différences dans la
distribution et la magnitude de composantes de vitesses. Ces différences se situent
principalement en dessous du moyeu où il y a une recirculation. Les profils de vitesse
moyennes de façon circonférentielle exhibent aussi certaines différences dans l'écoulement.
En général, les profils de la composante de vitesse axiale concordent mieux avec les profils
mesurés que ceux de la composante de vitesse circonférentielle. Les profils CFD de la
vitesse circonférentielle montrent une magnitude inférieure aux profils expérimentaux.
H y a une différence notable près des parois entre les profils CFD qui tiennent en
considération le jeu de bout d'aube et ceux n'en tiennent pas compte. Les profils de vitesse
circonférentielle CFD qui prennent en considération le jeu montrent deux sommets situés
entre 78% et 100% du rayon. Par contre, les profils CFD qui ne le prennent pas en
considération ne montrent qu'un seul sommet à 78% du rayon et une légère crête entre 90%
et 100% du rayon. Ds correspondent à un tourbillon du coin de bord d'attaque et au
tourbillon de bout d'aube. Puisque le jeu est présent dans la turbine réelle, on s'attend à ce
que les profils de vitesse expérimentaux possèdent également ces deux sommets.
Cependant, les mesures LDV ne s'approchent pas suffisamment des parois pour montrer de
manière définitive l'influence du jeu de bout d'aube. Également, les profils de la vitesse
axiale changent près du manteau selon la taille du jeu de bout d'aube.
La taille du jeu a aussi une influence dans le couple extrait par les aubes de la roue. On a
constaté avec la CFD qu'en augmentant le débit et réduisant le jeu, la somme des couples
extérieurs augmente, selon la loi de transfert de la quantité de moment cinétique (formule
1.12 et 1.13). C'est pourquoi l'écoulement de fuite est vu empiriquement comme une perte
qui se produit dans la roue. Le débit de fuite ne contribue pas à l'énergie massique qui se
transfère aux aubes de la roue. Alors, l'effet de réduire le jeu de 0.0013 à 0.0009 représente
une augmentation du couple d'environ 1% ou 2.4%, dépendamment du point d'opération.
Également, le fait de ne pas inclure le jeu dans les simulations numériques représente une
surestimation du couple. Dépendamment du point d'opération, le couple de nos simulations
sans le jeu est entre 3.5% et 5.5% plus grande que le couple de nos simulations avec le jeu
de 0.0009.
Concernant la comparaison des valeurs du couple calculées par la CFD et les valeurs
mesurées, nous avons trouvé que les valeurs provenant de la CFD sont environ 3% au-
dessus des valeurs expérimentales et que leur évolution en fonction de la charge présente
une pente plus prononcée (figure 4.10). Nous proposons que cela est une conséquence du
débit supérieur imposé implicitement par les profils de vitesses moyens (condition de
frontière à l'entrée). D'autres causes sont possibles, comme des imprécisions du schéma
mathématique et le choix de l'aube n° 2, dont la géométrie s'éloigne de la moyenne des
aubes du modèle réduit de la turbine.
La CFD a aidé à évaluer l'impact de la taille du jeu sur l'écoulement et à comprendre les
mécanismes de l'écoulement dedans le jeu, lesquels mènent à une variation de performance
de la turbine. L'inclusion de cet espace mène à une meilleure prédiction des performances
d'une turbine hélice. Même si le coût des calculs est plus élevé, les simulations CFD
devraient toujours prendre en considération le jeu de bout d'aube.
87
Finalement, nous avons atteint les objectifs fixés au début du travail de recherche et
exposés à la section 1.1, en particulier pour la question de recherche et la structure de
l'écoulement. Les limites du schéma numérique ont été explorées. La comparaison avec les
mesures expérimentales montre que les simulations sont moins précises que souhaité et ceci
soulève des idées à approfondir pour les études futures.
Pour nos simulations, nous avons moyenne les composantes de vitesse à l'entrée d'un seul
passage périodique. Cependant, la prise en compte de l'asymétrie de l'écoulement à l'entrée
pourrait améliorer les simulations CFD par rapport à un seul passage périodique.
La validation des calculs avec des mesures expérimentales aurait été améliorée si une aube
« moyenne » avait été maillée plutôt que l'aube n° 2, une information qui est devenue plus
claire vers la fin du mémoire, et si le débit utilisé en conditions aux limites, obtenu d'une
simulation de machine complète, avait été mieux conservé.
Il serait aussi intéressant de vérifier les modes et fréquences propres de l'aube pour
s'assurer que les perturbations dans l'écoulement n'induisent pas une résonance
augmentant les contraintes sur les aubes. Casacci S. et Bosc J. commentent que certains
mouvements vibratoires des aubes, relatifs aux modes propres, peuvent être excités par des
harmoniques de la fréquence de passage des pales, même de rang élevé. [5]
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92
12-
G-
Mauvais éléments :
- 1 élément entre 0.2962 et 0.3333
- 2 éléments entre 0.3703 et 0.4074
- 4 éléments entre 0.4814 et 0.5185
- 6 éléments entre 0.5185 et 0.5555
ttttttttttttttttttttt
■■■■■■■■■■■■■■^^^^M
18-
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIH
IIIIIIIIIIIIIIH—
12-
IIIIIIIIIIIIIIIIIIH
IIIIIIIIIIIIIIIIIHH
6-
0-
lllllllllllllllllllll
IIIIIIIIIIIIIIIIIHH
tI 10 2TI *1 40 50 60 70 90 90
Figure A.2. Histogramme de l'angle minimum.
93
12-
6-
0-
0.001 0.002 0.003 0.004 0.005 0.006 0.007 0.008 0.009 0.01
Un rapport de forme égal à 1 indique qu'un élément est parfaitement régulier tandis qu'un
rapport de forme plus petit que 0.003 indique des éléments très minces et très allongés.
Les éléments qui ne satisfont pas ce critère sont colorés en jaune dans la figure A.4.
Figure A.4. Région des éléments qui ne satisfassent pas le critère de rapport de forme.
Mauvais éléments :
- 291 éléments entre 0.0010 et 0.0015
- 1188 éléments entre 0.0015 et 0.0020
- 3187 éléments entre 0.0020 et 0.0025
- 4573 éléments entre 0.0025 et 0.0030