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EDWIN ROMAN ORTIZ

ANALYSE DE L'ECOULEMENT DANS LA ROUE


D'UNE TURBINE HYDRAULIQUE AXIALE DE TYPE
HÉLICE
Prise en considération du jeu de bout d'aube

Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en génie mécanique
pour l'obtention du grade de Maître es sciences (M.Sc.)

GENIE MECANIQUE
FACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC

2011

Edwin Roman Ortiz, 2011


Résumé
Ce travail de mémoire présente la modélisation numérique et l'analyse de l'écoulement
dans un seul passage de la roue d'une turbine hydraulique axiale de type hélice à l'aide du
logiciel ANS YS CFX 11.0. Une approche Reynolds Averaged Navier-Stokes (RANS), basé
sur le modèle Shear Stress Transport (SST), a été utilisée pour modéliser numériquement
l'écoulement. Les simulations prennent en considération le jeu à l'extrémité des aubes.
Souvent, le jeu est omis dans les simulations numériques dans les roues de turbines
hydrauliques. Cependant, il donne lieu à l'écoulement de fuite interne et autres phénomènes
turbulents, tel que le tourbillon de bout d'aube. La comparaison des simulations avec les
mesures expérimentales réalisées dans la roue du modèle réduit de la turbine hélice
démontrent que l'inclusion du jeu dans les simulations est essentielle pour mieux
représenter les caractéristiques réelles de l'écoulement dans la roue de la turbine hélice et
ainsi améliorer la prédiction de la performance de la roue d'une turbine hydraulique axiale.
11

Abstract
This thesis presents the numerical simulation and flow analysis in one passage of a
propeller hydraulic turbine's runner using ANSYS CFX 11.0. A Reynolds Averaged
Navier-Stokes (RANS) approach without a wall-law was used to model the flow. The
simulations take into account the gap at the tip of the blades. Usually, the gap is not
included in the numerical simulations of the hydraulic turbine's runner. However, it allows
the internal leakage flow to occur, leading to other turbulent phenomena, such as the blade
tip vortex. The comparison between the numerical simulations and the experimental
measurements performed in the runner of the propeller turbine's model proves that the
inclusion of the gap in the simulations is essential to represent in a better way the real
characteristics of the flow field in the runner. Thus, it improves the performance prediction
of an axial hydraulic turbine done by numerical simulations.
Remerciements
Je veux remercier l'encouragement, l'aide, l'orientation et les connaissances que toutes les
personnes qui m'entourent m'ont transmis pendant mes études de maîtrise à l'université
Laval. Les professeurs et les professionnels de recherche du département de génie
mécanique, mes collègues étudiants participant aux projets du Laboratoire des Machines
Hydrauliques (LAMH) et du Laboratoire des Mécanique de Fluides Numériques (LMFN),
ma copine et évidemment ma famille au Mexique. J'apprécie énormément la confiance et le
support que Mme. Claire Deschênes m'a offert depuis mon intégration au Laboratoire des
Machines Hydrauliques de l'université Laval à Québec, Canada.

L'équipe du LAMH remercie tous les participants du Consortium de Machines


Hydrauliques pour leur support et contribution au projet de recherche AxialT : Alstom
Hydro Canada Inc., Andritz Hydro Ltd., Edelca, Hydro-Quebec, Université Laval, NRCan,
Voith Hydro Inc. Cette reconnaissance s'exprime aussi pour le Conseil de recherche en
sciences naturelles et en génie du Canada qui a fourni le support financier pour la recherche
de ce projet.
À mes parents
Table des matières
Résumé i
Abstract ii
Remerciements iii
Table des matières v
Liste des tableaux vi
Liste des figures vii
Nomenclature xi
Chapitre 1 Introduction 1
1.1 Objectifs et intégration dans le projet AxialT 1
1.2 Ecoulement de Couette-Poiseuille et physique des écoulements tournants 3
1.3 Ecoulements dans la roue d'une turbine hydraulique axiale de type hélice 10
1.4 Paramètres adimensionnels et autres équations utiles 12
1.5 Organisation du mémoire 20
Chapitre 2 Modélisation numérique dans un passage périodique de la roue hélice en
incluant le jeu de bout d'aube 21
2.1 Approche pour résoudre l'écoulement dans la roue de la turbine hélice 22
2.2 Géométrie et maillage de la roue pour deux espaces de bout d'aube 23
2.3 Modèle numérique (modèle mathématique, CFX) 31
2.4 Calculs stationnaires et validation du maillage 39
Chapitre 3 Influence de l'écoulement de fuite et du tourbillon de bout d'aube sur les
paramètres de performance de la roue hélice 43
3.1 Problématique et revue bibliographique 43
3.2 Description de l'écoulement de fuite simulé et analyse des paramètres de performance
de la roue hélice 49
3.3 Tourbillon debout d'aube 56
Chapitre 4 Comparaison des résultats numériques avec des mesures expérimentales 67
4.1 Comparaison des champs de vitesse CFD et LDV sur un plan horizontal 69
4.2 Comparaison des champs de vitesse CFD et PIV sur un plan vertical 72
4.3 Comparaison des profils de vitesse moyens CFD et LDV 75
4.4 Comparaison des paramètres de performance de la roue hélice 79
VI

Chapitre 5 Conclusions et perspectives futures 85


Bibliographie 88
Annexe A. Qualité du maillage 92

Liste des tableaux


1.1 Paramètres caractéristiques adimensionnels de la turbine hélice
2.1 Comparaison des besoins du maillage pour chaque modèle de turbulence
2.2 Valeurs moyennes y+ pondérés par l'aire (jeu de bout d'aube = 0.0013)
2.3 Valeurs moyennes y+ pondérés par l'aire (jeu de bout d'aube = 0.0009)
2.4 Valeurs moyennes y+ pondérés par l'aire (sans jeu de bout d'aube)
Vil

Liste des figures

1.1 Coupe de la turbine hélice modèle pour projet AxialT montrant le système d'axe de
référence
1.2 Passage périodique dans la roue hélice avec l'inclusion du jeu de bout d'aube
1.3 Écoulement couette-poiseuille
1.4 Cylindres concentriques en rotation
1.5 Graphique des conditions de stabilité linéaire non visqueuse pour l'écoulement de
Taylor-Couette
1.6 Courbe de stabilité marginale pour un écoulement de Taylor-Couette dans un petit
jeu d = 0.485 cm et le rapport des rayons q=0.88
1.7 Différents régimes de l'écoulement de Taylor-Couette.
1.8 Configuration de disques rotor-stator
1.9 a) Comportement des écoulements dans les couches limite d'Ekman et de Von
Karman, b) Comportement de l'écoulement de Bôdewadt à l'intérieur de la couche
limite
1.10 Roue de la turbine hélice, point 1 à l'entrée, point 2 de la roue
1.11 Vitesse Spécifique (Nq) rpm
1.12 Triangle de vitesse à 1 ' entrée de 1 ' aube
1.13 Géométrie du distributeur et de la roue hélice avec une interface à 45 dégrés

2.1 Axes des mesures LDV dans l'assemblage distributeur-roue de la turbine hélice
2.2 Domaine de calcul dans un sixième passage de la roue
2.3 Maillage structuré du passage adapté pour les premières simulations
2.4 Zones du raffinement du maillage dans le moyeu et le manteau de la roue
2.5 Raffinement du maillage dans la zone de bout d'aube et du bord d'attaque
2.6 Allongement du domaine de calcul. Addition des blocs en aval du domaine original
2.7 Raffinement du maillage du passage allongé à la sortie de la roue
2.8 Représentation logarithmique des profils des vitesses moyennes pour différents
nombres de Reynolds et différents écoulements de paroi
vin

2.9 Conditions aux limites à l'entrée du passage correspondant à la condition


d'opération de pleine charge de la turbine OPI
2.10 Conditions aux limites à la sortie du passage correspondant à la condition
d'opération de pleine charge de la turbine OPI
2.11 Distinction entre la vitesse absolue 'stn frame' et la vitesse relative dans le domaine
en rotation
2.12 Contour de y+ pour une condition d'opération OPI et un jeu 0.0009

3.1 Parcours des lignes de courant de l'écoulement inter-aube à différents rayons


3.2 Vecteurs de vitesse projetés sur un plan (tangentiel-radiale) à 90% de la corde
indiquant les régions des écoulements secondaires dans le canal inter-aube
3.3 Schéma du développement de l'écoulement de fuite et tourbillons, a) Écoulement
dans le passage inter-aube près du bord de fuite b) Vecteurs des vitesses secondaires
3.4 a) Écoulement de fuite observé dans le résultat d'un calcul stationnaire. b) Contour
de pression à 99.8% du rayon. Calcul correspondant à la condition d'opération OP2
et à la largeur du jeu T=0.0013

3.5 a) Contour de pression à 50% du rayon, b) Contour de pression à 0.1% du rayon


(près du moyeu). Calcul correspondant à la condition d'opération OP2 et à la largeur
dujeux=0.0013
3.6 Gradient de pression dans le canal inter-aube à trois positions radiales. Calcul
correspondant à la condition d'opération OPI et à la largeur du jeu x=0.0009
3.7 Gradient de pression dans le jeu de bout d'aube à trois positions sur la corde. Calcul
correspondant à la condition d'opération OPI et à la largeur du jeu x=0.0009
3.8 a) Débit de fuite calculé numériquement pour chaque jeu de bout d'aube
b) Couple calculé numériquement pour chaque jeu de bout d'aube
3.9 Comparaison des paramètres H' et Ç pour les différentes simulations CFD
a) Chute nette dans la roue b) Pertes dans la roue
3.10 Structures tourbillonnaires aux différents endroits dans la roue hélice.
Simulations CFD avec un jeu de bout d'aube T=0.0013 au point d'opération OP2
3.11 Résultats des simulations CFD de la condition d'opération OP2 et de la largeur du
jeu T=0.0013. Tourbillon de bout d'aube sur le côté succion de l'aube
IX

3.12 Contours du critère Q au bout de l'aube. Calcul correspondant à la condition


d'opération OPI et de la largeur du jeu x=0.0013
3.13 Comparaison du cœur du tourbillon de bout d'aube pour les deux largeurs de jeu.
Contours du critère Q à trois positions de la corde sur le bout de l'aube a), b) et c)
3.14 Comparaison des vecteurs de vitesse et des contours de vorticité dans les deux jeux
à 23% de la corde de l'aube
3.15 Comparaison des vecteurs de vitesse et des contours de vorticité dans les deux jeux
à 50% de la corde de l'aube
3.16 Comparaison des vecteurs de vitesse et des contours de vorticité dans les deux jeux
à 77% de la corde de l'aube
3.17 Résultats des simulations CFD prenant compte des deux jeux de bout d'aube (à
droite T = 0.0013, à gauche T = 0.0009). a) Tendance de la vorticité dans le cœur du
tourbillon de bout d'aube b) Tendance de la pression statique minimale dans le cœur
du tourbillon de bout d'aube
3.18 Résultat de la pression sur le côté succion de l'aube sous une condition d'opération
à charge partielle OPI et un jeu de bout d'aube x=0.0013
3.19 Comparaison des profils de vitesse de l'écoulement a l'intérieur des jeux. À droite
x = 0.0013 et à gauche x = 0.0009
3.20 Comparaison des profils des composantes de vitesse de l'écoulement au cœur du
tourbillon de bout d'aube (Q max)

4.1 Différence d'environ 1% dans les débits imposés aux calculs CFD par rapport aux
débits expérimentaux
4.2 Plans de comparaison des champs de vitesse entre les mesures expérimentales et la
CFD
4.3 Comparaison du champ de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue.
Contours de vitesse circonférentielle Ve2/Vref sur le plan 5a
4.4 Comparaison du champ de vitesse axiale en aval des aubes de la roue. Contours de
vitesse axiale V^/V^ sur l'axe 5a
4.5 Comparaison des champs de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue
4.6 Comparaison des champs de vitesse axiale en aval des aubes de la roue
4.7 Comparaison des champs de vitesse radiale en aval des aubes de la roue
4.8 Comparaison des profils de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue
(axe 5a) (mesures LDV en traits pointillés, CFD en traits pleins)
4.9 Comparaison des profils de vitesse axiale en aval des aubes de la roue (axe 5a).
(mesures LDV en traits pointillés, CFD en traits pleins)
4.10 Comparaison du couple dans les simulations CFD et les mesures expérimentales
4.11 Coefficient de pression pour les 4 conditions d'opération de la turbine
4.12 Coefficient de pression au bout de l'aube pour différents largueur du jeu à OP3
4.13 Coefficient de pression pour trois rayons de l'aube à OP3 avec le jeu de 0.0009
XI

Nomenclature
Symbole Latin Variable Unité

J4 Variable du profil de vitesse Couette circulaire [m2]


b Distance entre plaques parallèles [-]
C Couple [N-m]
cD Coefficient de trainee [-]
CL Coefficient de portance [-]
Cref Valeur du couple de référence [N-m]
Ctip Corde de l'aube au bout [m]
Chub Corde de l'aube au moyeu [m]
cP Coefficient de pression [-]
c. Constante reliée à la viscosité turbulente [-]
d Largeur du jeu [m]
D Diamètre de la roue [m]
E Energie spécifique [m2/s2]
F Force [N]
G Gravité [m/s2]
h Largueur du jeu de bout d'aube [m]
H Chute [m]
H' Chute nette [m]
I Intensité turbulente [-]
k Energie cinétique turbulente [m2/s2]
l Distance entre deux disques [m]
L Hauteur des cylindres [m]
m Débit massique [kg/s]
n Vitesse de rotation [rpm]
Nn Vitesse unitaire [m1/2/min]
P Pression statique [Pa]
Po Pression atmosphérique [Pa]
Pi Pression d'arrêt à l'entrée de l'aube [Pa]
P2 Pression d'arrêt à la sortie de l'aube [Pa]
P Puissance disponible dans le fluide [W]
Pu Puissance unitaire [kW/m 7/2 ]
<l Débit de fuite dans la roue hélice [m3/s]
Q Débit totale [m3/s]
Qn Débit unitaire [m1/2/s]
Q, Débit qui passe effectivement dans la roue [m3/s]
Qr Débit qui passe par les labyrinthes [m3/s]
r Rayon [m]
ri Rayon à l'entrée de l'aube [m]
ri Rayon à la sortie de l'aube [m]
rn Rayon entre le cylindre interne et le cylindre
externe [m]
r* Rayon de référence [m 1 ]
xn

R, Rayon du cylindre interne [m


R: Rayon du cylindre externe [m
Re L Nombre de Reynolds basé sur la longueur
de la corde de l'aube [-
Rea Nombre de Reynolds basé sur le diamètre [-
de la roue [-
Ro Nombre de Rossby [-
T Nombre de Taylor [-
Tc Nombre de Taylor critique [-
u+ Vitesse près de la paroi [-
«T Vitesse de frottement [m/s]
u' Fluctuation de vitesse [m/s]
U Module de la vitesse [m/s]
Û Vitesse moyenne [m/s]
uP Vitesse du déplacement de la plaque [m/s]
Ue Vitesse absolue de l'aube [m/s]
Uei Vitesse tangentielle de l'aube au rayon ri [m/s]
Un Vitesse tangentielle de l'aube au rayon r2 [m/s]
Ut Vitesse de frottement [m/s]
V Vitesse absolue du fluide [m/s]
v, Vitesse absolue du fluide à l'entrée [m/s]
Vitesse absolue du fluide à la sortie [m/s]
v2
Vitesse axiale absolue à l'entrée [m/s]
Val
Vitesse axiale absolue à la sortie [m/s]
Val
Vitesse radiale absolue [m/s]
Vr
Vitesse de référence [m/s]
v ref Vitesse axiale absolue [m/s]
vz Vitesse circonférentielle absolue [m/s]
V e ,V t
Vitesse circonférentielle absolue à l'entrée [m/s]
Vei
Vitesse circonférentielle absolue à la sortie [m/s]
Vd2
Vitesse relative du fluide [m/s]
W
Wj Vitesse relative du fluide à l'entrée [m/s]
w2 Vitesse relative du fluide à la sortie [m/s]
Wa Vitesse moyenne relative du fluide [m/s]
W Puissance par unité de masse [m2/s2]
/ Distance à la paroi dans la couche limite [-]
z2 Hauteur d'implantation [m]
Xlll

Symbole Grec Variable Unité

a Angle d'ouverture des directrices


a, Angle d'entré de la vitesse absolue Vy
a2 Angle de sortie de la vitesse absolue V2
Oc Nombre d'onde axiale critique m"']
fil Angle d'entré de la vitesse relative Wi
132 Angle de sortie de la vitesse relative W2
ô Longueur caractéristique dans la couche limite m]
E Taux de dissipation turbulente m/s3]
C Coefficient de perte de la cascade -]
n Rapport de rayon des cylindres -]
lo Rendement global
lh Rendement hydraulique
Rendement mécanique
la Rendement volumétrique -]
K
Constante de Von Karman -]
Xc
Longueur d'onde axiale critique m]
u Viscosité dynamique [N-s/m2]
Mr Viscosité turbulente [N-s/m2]
P Densité kg/m3]
o Paramètre de cavitation -]
T Larguer du jeu normalisé -]
Ta> Cisaillement à la paroi N/m2]
V Viscosité cinématique m2/s]
<P Coefficient du débit -]
Vc Coefficient spécifique d'aspiration -]
F Circulation réduite m2/s]
m Rapport de rotation entre le cylindre interne -]
et le cylindre externe -]
œ Fréquence turbulente s1]
Q Vitesse de rotation rad/s]
Û! Vitesse de rotation du cylindre interne rad/s]
Û2 Vitesse de rotation du cylindre externe rad/s]
Qd Vitesse de rotation du disque rad/s]
Qf Vitesse de rotation du fluide rad/s]
Chapitre 1 Introduction
1.1 Objectifs et intégration dans le projet AxialT
Différents pays travaillent dans le développement d'énergie de ressources renouvelables
dans le but de réduire le niveau des émissions de gaz à effets de serre et d'accomplir les
objectifs qu'ils se sont donnés avec le protocole de Kyoto. L'hydroélectricité est une des
principales sources d'énergie renouvelable. Son apport est essentiel dans l'organisation
actuelle de la production d'énergie électrique. Elle représente en effet 17% de la production
mondiale. Sa flexibilité d'emploi, jointe à ses possibilités de stockage, lui permettent
d'assurer les pointes de consommation. Bien que le développement à grande échelle des
ressources hydroélectriques soit en partie achevé, la situation actuelle, en particulier
l'augmentation de la demande et la nécessité de réduire l'effet polluant de la production
d'énergie, fait que les sites de basse chute deviennent intéressants pour l'exploitation
hydroélectrique. En effet, les centrales plus conventionnelles de haute chute ont certains
inconvénients environnementaux étant donné les impacts de la grande accumulation d'eau
dans les barrages. Le développement des centrales de basse chute contribue à surmonter ces
inconvénients en utilisant des réservoirs plus petits. Par conséquent, l'intérêt pour la
recherche sur les turbines de basse chute est grandissant, ces machines ayant été moins
étudiées par le passé que les turbines radiales utilisées pour les chutes plus hautes.

Cette recherche coopérative est réalisée au Laboratoire des Machines Hydrauliques de


l'Université Laval (LAMH), au sein du Consortium en machines hydrauliques. On retrouve
dans ce Consortium différents acteurs intéressés aux développements des turbines de basse
chute, tels que des entreprises de conception et fabrication de turbines, des producteurs
d'électricité nationaux et étrangers qui les utilisent comme moyen de production d'énergie
et une organisation gouvernementale responsable des ressources naturelles au Canada. Le
premier projet du Consortium, le projet AxialT, consiste à étudier expérimentalement les
écoulements dans un modèle réduit d'une turbine axiale de type hélice installé sur le banc
d'essai du Laboratoire de Machines Hydrauliques de l'Université Laval, puis de la simuler
numériquement. Les principaux sujets de recherche effectués au sein de ce projet sont
l'interaction rotor-stator, l'écoulement dans la roue, la cavitation et l'écoulement dans les
aspirateurs. Nous réalisons une partie de ces études.

La figure suivante présente la turbine hélice à l'étude. Cette turbine des années 50 possède
une bâche semi spirale avec deux canaux d'admission. L'aspirateur comprend un cône
court, un coude dissymétrique et une pile le sépare en deux canaux de sortie. Le distributeur
est composé de 24 avant directrices et de 24 directrices, et la roue possède six pales, une
configuration qui facilite les simulations numériques par secteur dans la roue.
Figure 1.1 Coupe de la turbine hélice modèle pour projet AxialT montrant le système d'axe de référence.

L'objectif principal de cette maîtrise est d'améliorer la compréhension et la modélisation


numérique des écoulements tourbillonnaires dans le rotor de la machine. Il vise plus
particulièrement l'écoulement de fuite interne dans le bout des aubes de la roue hélice.

L'écoulement de fuite dans les turbomachines se produit dans le jeu radial existant entre le
bout de l'aube et le manteau qui contourne la roue d'une turbine. Pour cerner le jeu (h) de
bout d'aube, la figure 1.2 montre un rapprochement d'un plan méridional dans le passage
inter-aube où nos simulations sont réalisées. Une légère divergence dans la géométrie du
manteau induit une variation du jeu d'environ 0.1 mm le long de la corde de l'aube. Dans
une turbine réelle, le jeu (h < 1 mm) est essentiel pour que la roue puisse tourner.
Cependant, lorsqu'on réalise des simulations CFD, le jeu n'est pas toujours pris en
considération. Tenir compte du jeu dans les simulations numériques peut aider à prédire
d'une meilleure façon la performance d'une turbine axiale. Par contre, elle implique un
effort additionnel dans le maillage. De plus, les simulations exigent aussi plus de ressources
de calcul, si on veut représenter le mieux possible la physique de l'écoulement de fuite et
les phénomènes qui se développent.

Alors, nous avons l'intention de montrer l'influence du jeu de bout d'aube dans la
performance de la roue de la turbine de type hélice. Ainsi, cette recherche permettra
d'apprécier l'importance de ce paramètre, d'évaluer la qualité des simulations numériques
pour les tourbillons présents dans les roues de turbines type hélice et d'améliorer la prise en
compte du jeu de bout d'aube. Nous réalisons donc des simulations dans un passage
périodique pour deux largeurs des jeux r=0.0013, r=0.0009 et des simulations sans le jeu.
Ces largeurs sont normalisées avec le diamètre de la turbine à la sortie de la roue (t=h/D).
Les simulations numériques seront réalisées à l'aide du logiciel CFX installé sur un
ordinateur avec quatre processeurs à 2.8 GHz. Elles se feront avec une approche
stationnaire et le modèle de turbulence shear stress transport (SST).
/

<— Manteau

' T
Auhe ___—iJ\

Jeu de bout d'aube h

Figure 1.2. Passage périodique dans la roue hélice avec l'inclusion du jeu de bout d'aube.

Les objectifs particuliers sont :

a) Simuler numériquement les écoulements à travers une roue hélice pour 4 points
d'opération de la turbine avec et sans le jeu de bout d'aube.
b) Valider la qualité des résultats numériques avec des données expérimentales effectuées
sur modèle réduit.
c) Analyser la nature et le comportement dynamique des écoulements tourbillonnaires
induits dans la roue hélice.
d) Estimer l'impact du jeu de bout d'aube dans la performance de la turbine.
e) Tirer des conclusions appropriées des résultats et comparaisons.

Pour tenter de comprendre la nature des écoulements tournants et des écoulements de fuite,
il est utile de retourner aux études avec des geometries simplifiées. Nous nous intéressons
plus particulièrement à l'écoulement de poiseuille-couette, l'écoulement entre deux
cylindres, les écoulements de disques et les écoulements de labyrinthes. Nous présenterons
premièrement ces types d'écoulement et les phénomènes hydrauliques qui peuvent être
présents. Ensuite, nous expliquerons une partie de la théorie de base monodimensionnelle
pour aider à comprendre le comportement de l'écoulement et le transfert de puissance dans
la roue d'une turbine hydraulique axiale.

1.2 Ecoulement de Couette-Poiseuille et physique des


écoulements tournants
Les écoulements tournants sont présents dans l'atmosphère de la terre, dans les couches
surfaciques des océans et dans plusieurs appareils et machines industriels, d'où
l'importance de connaître la physique qui les gouverne. Dans les turbomachines,
l'écoulement parcourt des composantes fixes et une composante tournante, la roue. La
géométrie des composantes de ces machines est complexe, de même que les phénomènes
hydrauliques qui s'y développent. C'est entre les parties fixes et tournantes que se
produisent des écoulements qui nous intéressent. Les sujets tels que l'instabilité centrifuge
et les types de couche limite rotative nous permettrons de saisir les phénomènes
hydrauliques qui peuvent être présents dans les écoulements tournants.

La configuration d'une cavité entraînée axisymétrique avec paroi intérieure tournante a été
largement étudiée pour représenter l'écoulement interne de type annulaire autour d'un rotor
d'une turbomachine hydraulique. Deschênes C. [13] a étudié plus précisément l'écoulement
dans un labyrinthe à créneaux avec un des premiers modèles k-s axisymétriques. Elle a
observé dans tous les exemples simulés l'entrainement d'un tourbillon principal au centre
de la cavité et des petits tourbillons secondaires en rotation inverse dans les coins inférieurs
de la cavité. La chute de pression est utilisée pour estimer les pertes volumétriques et les
pertes par frottement. Dans cette étude, il a été déterminé qu'au fur et à mesure que le
facteur de rotation (rapport de vitesse circonférentielle et vitesse axiale) augmente, les
tourbillons secondaires ont tendance à s'apparier. De plus, il a été établi qu'il y a une
influence non négligeable de la géométrie sur la chute de pression. Mais cette analyse
réalisée à la fin des années 80 est très partielle. Il est souhaitable aujourd'hui d'aller plus
loin.

Écoulement de Couette-Poiseuille
L'écoulement de Couette-Poiseuille implique un fluide visqueux qui est en mouvement
dans la direction x dû à la combinaison de l'écoulement de Couette simple et de
l'écoulement de Poiseuille (figure 1.3). La configuration de l'écoulement Couette simple a
théoriquement lieu entre deux plaques infinies séparées par une distance b dont l'une est
fixe et l'autre en mouvement relatif avec une vitesse constante Up. Cette situation peut aussi
être utilisée pour approximer l'écoulement dans un petit jeu entre deux cylindres
concentriques où un cylindre est en repos et l'autre en rotation avec une vitesse angulaire
constante Q. Dans l'écoulement Couette simple, la vitesse de l'écoulement varie d'une
façon linéaire entre le deux plaques. Cependant, lorsqu'on impose un gradient de pression
constant (dp/dx), comme dans l'écoulement de Poiseuille, le profil de vitesse de
l'écoulement Couette-Poiseuille varie selon l'équation 1.1. [29], une solution exacte des
équations de Navier-Stokes :

r a h) (u)
- *u&-
v Côté Côté
pression succion
k
-> * V \^\ ^ — ^

Figure 1.3. Écoulement Couette-Poiseuille.


Instabilité centrifuge
La configuration annulaire a servi pour analyser numériquement les effets de la paroi et de
sa courbature. Cette configuration est utilisée pour approcher l'écoulement de bouts de pale
d'une turbine axiale, entre la roue et son manteau, ou encore les labyrinthes des turbines
Francis, entre la roue et sa ceinture. Il s'agit d'un domaine annulaire créé par deux
cylindres concentriques de hauteur (L), d'un rayon interne (Ri) et d'un rayon extérieur (R2).

L'instabilité centrifuge a été étudiée à maintes reprises. Une des études les plus connues est
celle de Rayleigh et Taylor réalisée avec un fluide visqueux incompressible entre deux
cylindres en rotation (voir figure 1.4). La force centrifuge s'exerce sur un écoulement
tournant principalement dans la région non-visqueuse et des perturbations infinitésimales
peuvent lui faire perdre sa stabilité pour qu'éventuellement l'écoulement devienne
turbulent.

Soit la stabilité réduite F=rVe. On étudie la stabilité radiale d'un anneau de fluide non
visqueux soumis à deux forces contraires : la force centrifuge qui tend à le déplacer vers un
rayon extérieur R2 et la force centripète - laquelle est fournie par un gradient radial de la
pression - et qui tend à le ramener vers sa position initiale. Le critère de stabilité de
Rayleigh établit que si le carré de la circulation réduite augmente vers le rayon extérieur
( r / < r 2 ) , l'écoulement est stable ; tandis que si le carré de la circulation réduite diminue
vers le rayon extérieur, l'écoulement est instable. Ce critère est approximativement satisfait
pour un fluide visqueux.

Pour analyser le cas de deux cylindres en rotation, posons que la vitesse de rotation du
cylindre interne est Q\, la vitesse de rotation du cylindre externe est Q2, et leurs rayons
respectifs Rj et R2. L'écoulement stationnaire laminaire de base est appelé écoulement de
Couette circulaire. H est régi par le champ de vitesse suivant, qui provient également d'une
solution exacte des équations de Navier-Stokes :

vfl-- - . A r + * (1.2)
r
v r =-0 (1-3)
v z =--0 (1.4)
dp Vf (1.5)
dr = p —
r
TJ1 -CJ
A= -Q, (1.6)

R,(\-a)
B=Q (1-7)
1-7 2

Où GJ =Q2/Q, et n=R,/R2 Figure 1.4. Cylindres concentriques en rotation.


Taylor [41] a montré expérimentalement que l'écoulement de Couette perturbé par les
fluctuations de la distribution de vitesse prend la forme d'un groupe des tourbillons
toroïdaux repartis dans direction axiale de façon périodique (figure 1.7a). Les perturbations
prédominantes sont des perturbations axisymétriques qui donnent naissance aux tourbillons
de Taylor ondulés (figures 1.7b et 1.7c).

On observe dans les figures 1.5 et 1.6 que la ligne de Rayleigh représente la limite de
stabilité non visqueuse (GJ = r\2) pour des cylindres tournant dans le même sens. Dans le
cas des cylindres contrarotatifs GJ < 0, l'écoulement présentera des instabilités locales dans
une région qui se trouve entre le rayon intérieur Ri et un rayon rn tel que Q (rn) = 0. Ainsi,
on remarque que l'écoulement sera instable si le cylindre interne tourne et le cylindre
externe est au repos.
Qi

Instable
GJ <r\ 2

Localement instable Ligne de


Rayleigh
GJ = r \ 2

Stable
GJ >r\ 2

GJ < 0 GJ > 0
Q2

Figure 1.5. Graphique des conditions de stabilité linéaire non visqueuse pour l'écoulement de Taylor-Couette.
L'image de droite illustre l'organisation des cellules de Taylor lorsqu'il y a une instabilité. [25]

Le nombre adimensionnel qui représente le rapport entre la force centrifuge (déstabilisante)


et la force visqueuse (stabilisante) est le nombre de Taylor (T). La définition du nombre de
Taylor dépend du problème qu'on analyse. Dans le cas particulier de l'analyse de stabilité
de l'écoulement visqueux entre deux cylindres concentriques, le nombre de Taylor est
défini avec l'équation suivante :

4nf< (1 G7)(l-OJ/n 2 )
(1.8)
(l-TJ 1 ) 2

En utilisant l'approximation d'un jeu très petit entre les deux cylindres (n-ïl) et en se
limitant à l'étude d'une stabilité marginale , le nombre de Taylor trouvé par Chandrasekhar
prend la forme de l'équation (1.9). La largeur du jeu est représentée par d. Une instabilité
arrive quand le nombre de Taylor est plus grand qu'une valeur critique du nombre de
Taylor Tc. La condition critique d'instabilité est fonction des taux de rotation des cylindres,
des rayons des cylindres et de la viscosité du fluide.

Les perturbations de l'écoulement ne croissent pas.


2
4ACl 2 d 4 f
GJ-Tl2\
T= = -4
v
(1.9)
{ J
Où A est une variable du profil de vitesse VQ, définie avec l'équation 1.6

À chaque valeur donnée du rapport de rotation GJ, correspond un nombre de Taylor


critique Tc et un nombre d'onde axiale critique ac. Le nombre d'onde axiale critique est relié
à la longueur d'onde axiale critique kc selon la relation ac = 2nlkc. Si le rapport de rotation
GJ augmente dans une plage de 0 < GJ < 1, lorsque les deux cylindres tournent dans le
même sens, le nombre d'onde axiale critique ac reste pratiquement constant (ccc=3.12) et le
nombre Tc augmente graduellement. On obtient des cellules de Taylor carrées, d'hauteur
approximativement égale à la largeur du jeu d. D'un autre côté, dans le cas des cylindres
contrarotatifs (GJ < 0), ac augmente graduellement et le nombre de Taylor critique croît
exponentiellement lorsque \-GJ I augmente. Dans ce cas-ci, la hauteur des cellules de Taylor
diminue.
f2,/v(cm"2) /t
//
//
200 - // -
/ /
| instable | /,
150 - / /
/ /
/ /
100
/ /
/ /
"^ / Ligne de
50 - stable / Rayleigh
/ GJ = t r
1 1 ! 1 1 / I I I

-250 -•Jim -150 -100 -50 50 100 150 r2 l / v (cm 2 )


Figure 1.6. Courbe de stabilité marginale pour un écoulement de Taylor-Couette dans un petit jeu
d = 0.485 cm et le rapport des rayons ipO.88. [25]

d) r=16257c c) ;r= 1207c b) 7-=8.497c a) T= 1.167c


Turbulent Chaotique Non-Linéaire Linéaire
Axisymétrique Axisvmétrique
Figure 1.7. Différents régimes de l'écoulement de Taylor-Couette. Dans les cylindres b), c) et d), les
perturbations augmentent exponentiellement. [23]
8

Le nombre de Taylor critique Tc du problème mathématique idéalisé entre deux cylindres


(figure 1.7) correspond à 1708 [23]. Dans notre cas, en approximant le rapport des rayons à
n = 0.998, et le rapport de rotation est GJ = 0 puisque le manteau est fixe, on trouve un
nombre de Taylor d'environ T = 1.6 x IO5. Notons que T I Tc serait près de la valeur du
régime chaotique, cas c) sur la figure 1.7, si notre écoulement était confiné entre deux
cylindres.

Les couches limites typiques dans l'écoulement de


disques
Les écoulements entre deux disques en rotation ou un disque en rotation et l'autre
stationnaire s'approchent de ceux des machines où se retrouvent un rotor et un stator (figure
1.8). Il existe pour l'écoulement entre deux disques plusieurs solutions que l'on peut classer
en fonction du nombre de Reynolds, lequel est basé sur la distance entre les disques (/) et la
vitesse de rotation du disque (Qj)- Ce mémoire n'a pas le but d'approfondir ces solutions1.
Cependant, les recherches qui ont été faites sur les disques en rotation aident à comprendre
la structure de base des couches limites tridimensionnelles tournantes. Nous examinerons
trois cas particuliers qui sont des solutions exactes des équations de Navier-Stokes:
Bôdewadt, Ekman et Von Karman.

z
)tor
Ci
gnC;i|!;ttl.jjjHtlL

KsypiPi tJiiSjii**^^ r
Kl
Stator
Figure 1.8. Configuration de disques rotor-stator.

Une couche limite sur un disque unique est développée à cause d'une différence de taux de
rotation entre le disque et un fluide qui est au dessus. Le rayon du disque et l'extension du
fluide au dessus du disque sont considérés de grandeurs infinies. Dans le cas d'un disque en
rotation, le nombre de Rossby, lequel compare la convection et l'effet Coriolis, est défini
par l'équation suivante :
Qf - Q d
Ro (1.10)
Q

r
^JQf+Qd) (Qf+Qd)2 (Qf-Qd)2^

16 J

Le lecteur qui s'intéresse à ces solutions peut se référer par exemple à G. L. Mellor, et Al. On the flow
between a rotating and a stationary disk. J. Fluid Mechanics vol. 31, part 1, (1968).
Çlf et £ld sont respectivement la vitesse de rotation de l'écoulement à l'extérieur de la
couche limite et la vitesse de rotation du disque. Faller AJ. [16].

Bôdewadt a étudié l'écoulement qui est produit près d'un disque stationnaire (Q<j = 0) avec
un écoulement en rotation (Qf=- Q), Ro = 1. À l'opposé, la couche limite de Von Karman
est produite par un disque en rotation (Qd = Q) dans un fluide stationnaire (Q/= 0), Ro = -
1. La couche limite de type Ekman est produite quand l'écoulement possède une vitesse de
rotation qui s'approche à celle du disque tournant (Q/ = Q^ = Q), Ro = 0.

Dans les couches limite d'Ekman et de Von Karman, l'écoulement est éjecté vers
l'extérieur par l'action de la force centrifuge. Par contre, dans l'écoulement de Bôdewadt, il
y a un équilibre entre la force centrifuge et le gradient radial de pression à l'extérieur de la
couche limite. Dans ce dernier cas, à l'intérieur de la couche limite, le fluide se dirige
radialement vers l'intérieur (centre du disque), car la force centrifuge diminue près du
disque et le gradient radial de pression domine.

Figure 1.9. a) Comportement des écoulements dans les couches limite d'Ekman et de Von Karman,
b) Comportement de l'écoulement de Bôdewadt à l'intérieur de la couche limite. [34]

Il y a deux types d'instabilités qui agissent dans les couches limites en rotation et qui font
qu'elles deviennent turbulentes à un certain nombre de Reynolds critique. Les instabilités
arrivent quand le disque tourne juste un peu plus rapidement ou un peu plus lentement que
le fluide. La première instabilité est due au point d'inflexion dans le profil de vitesse de la
couche limite, elle est aussi appelée « instabilité d'écoulement transversale ». La deuxième
instabilité est due aux effets combinés des forces visqueuses et de Coriolis. L'écoulement
perturbé cause l'apparition des vagues et des tourbillons, lesquels donnent éventuellement
naissance à la turbulence. Le nombre de Reynolds significatif pour l'écoulement au dessus
d'un disque en rotation est défini par l'équation 1.11 :

v( C l f - Q d ) r * S r
Re _= " " / -Ro (1.11)
10

Où r* est un rayon de référence et ô est une façon courante de représenter la longueur


caractéristique dans la couche limite rotative :
( 1/2

8= v (1.12)

La longueur caractéristique de la couche limite rotative ô dans la roue hélice équivaut à


0.03136 mm. Cette grandeur est utile pour établir une distance initiale entre les premiers
nœuds du maillage et les parois en rotation relative (manteau et moyeu) dans les premiers
calculs.

Avec la théorie de cette section, nous comprenons les différents phénomènes hydrauliques
qui peuvent être développés dans les labyrinthes, les écoulements annulaires et les
écoulements en rotation. Cependant, puisque plusieurs de ces phénomènes se produisent
simultanément dans une turbine, la nature de l'écoulement dans le jeu de bout d'aube est
encore plus complexe que celle des cylindres concentriques ou celle de la couche limite sur
un disque en rotation. De plus, la géométrie de ces écoulements est plus simple que la
géométrie dans l'interstice d'une turbomachine.

1.3 Ecoulements dans la roue d'une turbine


hydraulique axiale de type hélice
La roue est la composante principale d'une turbine hydraulique. Elle doit être conçue pour
avoir une efficacité optimale et pour fournir en même temps la succion optimum. Le calcul
du diamètre de la roue d'une turbine axiale est fait en fonction de la tête d'eau, du débit, de
la vitesse de rotation, du rapport des diamètres du moyeu et du manteau, de l'angle
d'attaque et de l'efficacité de l'aspirateur.

D'abord, nous révisons de façon générale les caractéristiques de base de l'écoulement dans
la roue des turbines axiales où l'écoulement est parallèle à l'arbre (théorie
monodimensionnelle). Les turbines axiales sont utilisées quand un grand débit et une petite
chute sont disponibles (voir figure 1.11). Les machines de ce type les plus connues sont la
turbine Kaplan, la turbine hélice et la turbine Bulbe. La différence entre les trois est
principalement la géométrie de la roue (aubes, moyeux, manteaux) qui est adaptée pour
différents sites et conditions d'opération. Pour la turbine Kaplan et la turbine bulbe, il est
possible d'ajuster les aubes à différents angles, ce qui lui permet de fonctionner sur des
plages d'opération plus larges que les autres turbines. La corde des aubes des turbines
axiales doit être suffisamment longue afin que ces aubes soient à la fois amplement
résistantes et qu'elles puissent transmettre un torque très élevé.

Le processus de transfert d'énergie dans les turbomachines est donné par la deuxième loi de
mouvement de Newton dans sa forme du moment cinétique [29] :

^(rxV)pV ndA = ^ ( r x F ) (1.13)


11

Où : r est le rayon, V la vitesse absolue du fluide, h la normale extérieure, p la densité du


fluide, A la surface et F la force.

Cette loi exprime que le taux de changement dans le temps du moment angulaire d'un
système autour d'un axe est égal à la somme des couples extérieurs. On peut calculer le
couple d'une turbomachine avec l'équation du moment angulaire simplifié pour un
écoulement unidimensionnel (ou si on veut pour une ligne de courant), et stationnaire en
moyenne :
C = m[( ri V m )-(r 2 V 02 )] (1.14)

Où C est le couple, m est le débit massique, V0l et V91 les composantes tangentielles de la
vitesse absolue à l'entrée (1) et à la sortie (2) de la roue, rx et r2 les rayons d'entrée (1) et de
sortie (2) considérés.

L'équation de simplification (1.14) de l'écoulement unidimensionnel est connue comme


l'équation d'Euler. Elle prend en compte seulement la composante circonférentielle des
vitesses à l'entrée et à la sortie d'une aube. Ensuite, la puissance dans une turbine est
définie comme le taux auquel le fluide fait un travail sur l'aube. Elle s'obtient en
multipliant par la vitesse de rotation les deux côtés de l'équation d'Euler (1.14) :

CQ = W = m(V ei U m -V e2 U d2 ) (1.15)

Où Q est la vitesse de rotation, U n et U02 la vitesse de la machine aux rayons considérés

Pour comprendre le transfert de puissance, il est très utile de représenter un triangle de


vitesse sur l'aube à un rayon moyen. La figure 1.10 aide à mieux visualiser les vitesses
absolues et les vitesses relatives à l'entrée et à la sortie de l'aube. Cependant, notons qu'il
s'agit d'une situation qui n'arriverait que près du point d'opération de meilleur rendement
(PMR) et pas nécessairement à tous les rayons. On mettra en évidence dans le chapitre 4,
par exemple, qu'à débit plus faible que celui du point de meilleur rendement (PMR), la
vitesse VQ2 est dans le sens inverse que Vei et qu'à débit plus grand que celui du PMR elle
est dans le même sens de Vgi. Si on considère de manière simplifiée un écoulement
purement axial à la sortie, la vitesse circonférentielle Vg2 est nulle. Le triangle de vitesse à
la sortie de l'aube et l'équation d'Euler se simplifient encore plus :
W = m(VmUm) (1.16)

E = <ymUm) (1.17)

Où E est appelé énergie spécifique


12

Figure 1.10. Roue de la turbine hélice, point 1 à l'entrée, point 2 de la roue.

Vai, Va2: Composante axiale de la vitesse absolue à l'entrée et à la sortie de l'aube


Vei, Vei : Composante tangentielle de la vitesse absolue
Wi, W2 : Vitesse relative à l'entrée et à la sortie de l'aube
ai, a2 : Angle de la vitesse absolue à l'entrée et à la sortie de l'aube
Pi, B2 : Angle de la vitesse relative à l'entrée et à la sortie de l'aube

1.4 Paramètres adimensionnels et autres équations


utiles
Dans cette section, on présente deux types de paramètres adimensionnels, une permettant
de caractériser et d'estimer la performance d'une turbine et l'autre portant sur l'état de
l'écoulement et les forces qui dominent cet écoulement. Premièrement, nous décrivons les
paramètres de base qui contribuent à estimer les performances d'une certaine turbine : le
débit (Q), la tête d'eau (H), le couple (Q, la vitesse de rotation (Q), la puissance à l'arbre
(W), la puissance disponible dans le fluide, le rendement global (n0) et le paramètre de
cavitation (o). A partir des quatre premiers paramètres, on peut former des paramètres
adimensionnels globaux qui servent à caractériser la turbine. Parmi ces nombres
adimensionnels on trouve la vitesse spécifique (Nq), le coefficient de débit (cp) et le
coefficient de pression (Cp).
13

La vitesse spécifique permet de caractériser la forme des différents types de turbines à


réaction au point d'opération optimal. On présente ici les deux définitions les plus utilisées
en système métrique:

1. La vitesse unitaire (Nj}) est la vitesse à laquelle la machine tournerait si le diamètre


de référence de la roue était de 1 mètre et la chute de 1 mètre.

Où D est le diamètre en m, n est la vitesse de rotation en min"1, H la hauteur de chute en m.

Au LAMH, on utilise plutôt cette relation pour calculer la vitesse unitaire de la roue en
étude. Parmi toutes les expressions qui existent pour calculer la vitesse spécifique, Nu
est l'expression que les industriels utilisent le plus couramment. La valeur de la vitesse
unitaire Nu pour la turbine hélice étudiée vaut 123.95 au point de meilleur rendement.

2. La vitesse spécifique (Nq) est définie comme étant la vitesse des machines similaires
(en similitude adimensionnelle) avec une chute unitaire et un débit unitaire. (Raabe
1985):
N =~—^ (1.19)
1 rr0.75 ^ ^
3
Où Q est le débit en m /s

La vitesse spécifique et la vitesse unitaire prendront une forme adimensionnelle si dans les
équations 1.18 et 1.19, l'unité de la vitesse de rotation n est remplacée par Q en révolutions
par seconde et si on remplace la chute d'eau H par E=g*H, où g est la constante
gravitationnelle.

Les avantages de connaître la valeur de la vitesse unitaire sont de:

Fournir un moyen de comparer tous les types de turbines qui utilisent une même
chute.

- Reproduire, par similitude dimensionnelle, un modèle réduit à partir d'une turbine


prototype.

Choisir la turbine qui est requise pour un endroit précis.

La figure (1.11) sert comme référence pour positionner les roues des turbines axiales parmi
les roues des autres turbines hydrauliques. Les roues hélices et Kaplan se retrouvent en gros
entre 5 et 30 m de chute pour des vitesses spécifiques Nq de 120 à 250 rpm.
14

0 20 40 60 80 100 150 200 250 300 350


Figure 1.11. Vitesse Spécifique (Nq) rpm [2]

L'efficacité des turbomachines est évaluée principalement avec le rendement global n0. n
inclut le rendement hydraulique nh et le rendement mécanique nm. Le rendement global
s'obtient en exprimant le rapport entre la puissance fournie à l'arbre et la puissance
disponible dans l'écoulement :

CCI (Puissance à l'arbre)


7o = (1.20)
PgQH ( Puissance à disponible dans le fluide )

En d'autres mots, le rendement global réfère à la quantité d'énergie par unité de temps
disponible dans l'écoulement qui est convertie en travail par unité de temps. Une partie de
cette énergie disponible est dissipée par des pertes mécaniques (i.e. frottement de
roulements). Une autre partie de l'énergie perdue est due aux phénomènes reliés à la
dynamique des fluides le long de sa trajectoire dans les différentes composantes (amenée,
bâche, distributeur, roue et aspirateur).

Nous nous intéressons le plus souvent au rendement hydraulique (1.21)

CQ. (Puissance à l'arbre)


VH = (1.21)
PgQH' ( Puissance utile fournie à la roue)
15

La différence avec le rendement global est dans le terme de la puissance disponible. Pour
déterminer la puissance disponible dans la roue, on enlève les pertes de l'amenée en amont
de la machine. Donc, la chute (//') utilisée pour déterminer la puissance utile fournie à la
roue et le rendement hydraulique n'est pas la même que pour calculer le rendement global
ci-haut (H > H').

On introduit un autre rendement associé au débit effectif qui traverse la roue, le rendement
volumétrique (nq). C'est le rapport du débit qui passe effectivement dans la roue (Qt) et le
débit traversant la machine (Q). La différence de ces deux débits est le débit qui passe par
les jeux de bout de pales, avec ou sans labyrinthes, (QT) :

y (1.22)
Où Q = Q, + Qr

Le débit Qrrte contribue pas à l'énergie massique transférée aux aubes de la roue, donc non
plus au rendement hydraulique ni au rendement global. Il est bien connu que les machines
hydrauliques possèdent déjà de grands rendements hydrauliques, mais tout accroissement
du débit qui passe effectivement dans la roue peut se traduire par une augmentation
significative des rendements hydraulique et global. Pour réduire les pertes dans la roue,
l'industriel vise souvent à réduire les fuites de bout de pale à cause du gaspillage de la
puissance disponible dans le fluide.

Franc J.P. et al. [17] commentent que l'autre moyen d'améliorer la puissance et le
rendement de la roue est d'augmenter les vitesses de l'écoulement. Ceci correspond à une
diminution de la pression statique qui peut engendrer la cavitation. La cavitation est un
phénomène nuisible qui peut occasionner une diminution de la performance de la machine
et l'érosion sur les aubes. Le risque de cavitation est évalué avec le paramètre de cavitation
a qui tient compte des conditions de référence à la sortie de la roue et permet de préciser la
hauteur d'implantation maximale de la machine :

/
_[(Pa l m-Pva
l^fatm p ) H&
Vvap>' P8-Z<-2j
2 '\ (123)
H
Où Z2 est la hauteur d'implantation, p atm est la pression à la sortie (z2) et p vap est la pression
de vapeur du fluide.

Pour une hauteur d'implantation donnée, la cavitation représente un facteur limitatif majeur
à l'amélioration des performances d'une machine hydraulique donnée.

Sous certaines conditions, une région de séparation et recirculation de l'écoulement se


présente au bord de fuite des aubes. Ce phénomène contribue aussi de façon indirecte aux
pertes de la roue. Des méthodes de contrôle ont été largement étudiées, principalement pour
des profils des ailes. Des garnitures ou ailerons ont été développés pour améliorer les
caractéristiques du chargement aérodynamique ou hydrodynamique des surfaces portantes.
Les études dans les canaux d'eau ou les souffleries démontrent que le contrôle du point de
séparation de l'écoulement au bord de fuite des aubes a une influence sur la performance
16

des ailes et des roues des turbines. Il y a aussi plusieurs études de vibration sur les
composantes de turbines hydrauliques (aubes, avant-directrices) qui font le lien entre le
phénomène de séparation, les tourbillons de Von karman et les fissures par fatigue dans ces
composantes [27, 29].

La pression appliquée sur l'aire des aubes influence de façon importante le couple net qui
produit une rotation autour de l'axe de la roue. Cette pression joue un rôle important pour
modifier la puissance extraite par les aubes. Les forces que l'écoulement exerce sur l'aube
(objet dissymétrique) sont la force de traînée et la force de portance. La direction de la
force de traînée nette est grosso modo alignée avec la direction de l'écoulement en amont.
La force de portance nette est normale à l'écoulement. Chacune de ces deux forces nettes
est due à la combinaison de la force de pression et la force de cisaillement sur les surfaces
de l'aube.

Pour les écoulements à grand Reynolds, la contribution de la pression sur la force de traînée
nette dépend de l'orientation de la surface sur laquelle la force de pression agit ; c'est-à-dire
qu'elle dépend de l'angle d'attaque et de la géométrie de l'aube. Pour ce même cas (grand
Reynolds), la force de portance nette provient en grande partie de la distribution de la
pression sur l'aube étant donné que les effets visqueux sont moins importants qu'à faible
Reynolds. Typiquement, la force de portance est de l'ordre de la pression dynamique
multipliée par l'aire d'une aile. Ces forces peuvent être exprimées dans une forme
adimensionnelle avec le coefficient de traînée (CD) et le coefficient de portance (CD [29].

Da Cruz Antonio Guilherme B., Mesquita André Luiz A. et Blanco Claudio José C. [11]
ont vérifié certains coefficients qui aident à prédire une bonne performance
hydrodynamique des aubes dans 5 turbines hydrauliques axiales, tels que le coefficient de
traîné (CD), le coefficient de portance (CD, le critère du coefficient de pression minimum
(Cp) et le coefficient de perte de la cascade (£>). Les coefficients CD et CL dépendent des
paramètres géométriques des aubes. Le coefficient Cp fournit l'information sur le
chargement hydrodynamique des aubes. Ils expliquent qu'il y a une valeur optimale du
coefficient Cp qui correspond à une valeur minimale du coefficient de perte Çv.

L'analyse de la cavitation, l'analyse des vibrations ou la fatigue de l'aube se placent hors


du contexte de ce mémoire. Cependant, dans ce travail nous considérons important de
regarder la pression dans le canal inter-aube et sur les surfaces de l'aube pour différents
rayons. Nous utiliserons donc le coefficient de pression Cp pour avoir une idée de la
contribution de la pression sur les forces qui agissent sur l'aube et le chargement
hydrodynamique. Nous évaluerons aussi la perte totale de pression d'arrêt adimensionnelle
à travers le coefficient de perte Ç„. Ces paramètres nous aideront à vérifier la performance et
l'efficacité de la roue :
17

f \ \ f 1 „.
Pi+-pw* P2+-PW; 2
_V J V
(1.25)
Çv =
£/*i

Vref : vitesse de référence dans la roue correspondant à Qre/Aref


p 0 : pression de référence correspondant à la valeur de la chute nominale
p : pression sur l'aube
Pi : pression totale moyenne à l'entrée de l'aube
p 2 : pression totale moyenne à la sortie de l'aube

Nous connaissons déjà les valeurs expérimentales de plusieurs variables importantes pour
les 4 points de fonctionnement de la turbine que nous simulerons numériquement. Ces
valeurs proviennent des tests réalisés au LAMH sur le modèle réduit de la turbine hélice à
l'étude. Le Tableau 1.1 présente les données normalisées avec les valeurs de référence
(Qref, Href et Cref), lesquelles correspondent à la condition d'opération de meilleur
rendement (OP3). Le diamètre de la turbine à la sortie de roue Dref nous a permis de
calculer l'aire de référence Aref puis, avec le débit de référence Qref, nous avons calculé la
vitesse débitante de référence Vref- Les résultats dans ce travail de recherche seront aussi
normalisés avec les mêmes paramètres de référence.

Tableau 1.1. Paramètres caractéristiques adimensionnels de la turbine hélice


Points Débit Chute Couple Vitesse Rendement Paramètre de
d'opération Nette unitaire cavitation a
Q H C Nu
OPI 0.827 0.999 0.710 124.12 0.860 1.438
OP2 0.960 0.994 0.931 124.08 0,974 1.447
OP3 1 1 1 123.95 1 1.436
OP4 1.069 0.996 1.055 124.39 0,992 1.424

D'autres paramètres adimensionnels fournissent de l'information sur l'état de l'écoulement


et les forces qui le dominent. Puisque l'écoulement dans la roue de la turbine hélice se situe
dans un milieu tournant, les nombres adimensionnels les plus importants à prendre en
considération sont : le nombre de Reynolds (Re), le nombre de Rossby (Ro) et le nombre
de Taylor (T). Ce dernier est proportionnel au nombre de Reynolds comme il sera montré
dans le chapitre suivant.

Le nombre de Reynolds caractérise le rapport de forces d'inertie sur les forces visqueuses
de l'écoulement. Il peut être calculé en considérant soit un écoulement tournant, soit un
écoulement qui passe autour de l'aube (plaque plane). La différence concerne la longueur
caractéristique et la vitesse caractéristique utilisées dans le terme de force d'inertie. L'ordre
de grandeur du nombre de Reynolds pour le point d'opération 3 et pour chaque cas est donc
calculé des façons suivantes:
18

Nombre de Re calculé avec une approche de plaque plane


RL u^ = 4 4 x l Q t (1.26)
v
Où Ventrée est la vitesse en amont de l'aube calculée avec le débit et l'aire d'un seul passage
à l'interface distributeur-roue. Il s'agit d'une aire trapézoïdale comme montrée dans la
figure 1.13, (Aen,rée/Aref= 0.196).

Ctip est la longueur de la corde du bout de l'aube utilisée comme longueur caractéristique
(Ctip/Dref= 0.5498).

• Nombre de Re calculé avec une approche d'écoulement tournant :


R ■'ne o = ^ k = 4.2xl0 6 (1.27)
v

- v est la viscosité cinématique
la vitesse circonférentielle (Vei) sur un rayon moyen est choisie comme vitesse
caractéristique.

Au point de meilleur rendement de la turbine (OP3), on présume un écoulement purement


axial à la sortie de l'aube, (Ve2 = 0). D e cette manière, avec l'équation de l'énergie
spécifique (1.17) et la vitesse circonférentielle de l'aube dans un repère tournant (Ue = Qr)
nous avons estimé l'ordre de grandeur de la vitesse circonférentielle de l'écoulement à
l'entrée de l'aube (Vei). On se permet donc d'assigner les valeurs estimées au triangle de
vitesse à l'entrée de l'aube, tel qu'illustré à la figure 1.12 :

Vitesse relative Wt Vitesse absolue Vt

V 0l /V ref ~l.2l
Vitesse de l'aube Ue/V„f~ 2.96

Figure 1.12. Triangle de vitesse à l'entrée de l'aube.

On remarque que les deux valeurs de Reynolds calculées ci-haut respectent la valeur
minimale requise par la norme CEI sur les turbines modèles testées sur bancs d'essais
(Re > 4.1 x IO6). Le nombre de Reynolds calculé ici nous sera aussi utile pour estimer une
première distance entre la paroi de l'aube et la première couche de nœuds (Ay) dans le
maillage initial du domaine. Ensuite, cette distance Ay sera ajustée selon la valeur de la
variable y+ (distance adimensionnelle à l'intérieur de la couche limite) requise par le
modèle de turbulence choisi (voir chapitre 2).
19

Dans les écoulements tournants, le nombre de Rossby (Ro) est aussi important que le
nombre de Reynolds. D'un point de vue général, ce nombre compare la convection avec
l'effet Coriolis. Quand le nombre de Rossby est petit ( R o « 1), les effets de rotation
dominent l'écoulement. Au contraire, quand le nombre de Rossby est grand (Ro » 1), les
effets de rotation sont négligeables et l'écoulement sera turbulent si le nombre de Reynolds
est grand (Re » 1). Dans le cas où le nombre de Rossby est petit et le nombre de Reynolds
est grand, une approximation de l'équation de quantité de mouvement peut être utilisée
pour balancer la force Coriolis et le gradient de pression radiale [34] :

Ro = (1.28)
Lft
Où v :

L : longueur du passage dans la roue

Selon les grandeurs caractéristiques dans la roue hélice, le nombre de Rossby devient
0.208. Donc, les effets de rotation sont significatifs par rapport aux effets de convection
dans cette composante. La figure suivante montre l'ensemble du domaine stationnaire
(distributeur) et du domaine tournant (roue) avec l'interface entre les deux. Lorsqu'on
réalise des simulations de plusieurs de ces composantes ou de la turbine complète, il est
nécessaire d'utiliser des interfaces pour connecter un domaine stationnaire avec un domaine
tournant. Puisque nos simulations se concentrent seulement dans le domaine tournant, il
sera important de tenir compte dans les conditions limites que l'écoulement passe d'un
repère stationnaire vers un repère tournant.

Interface
Distributeur-Roue

Figure 1.13. Géométrie du distributeur et de la roue hélice avec une interface à 45 dégrés.
20

1.5 Organisation du mémoire


Dans ce premier chapitre, on a présenté comment ce travail de mémoire s'intègre au projet
AxialT, lequel est réalisé au sein du Consortium en machines hydrauliques. On y a présenté
de façon générale la physique des écoulements tournants (i.e écoulement de Taylor-
Couette, écoulement entre deux disques tournants et écoulement de labyrinthes). On a
décrit les phénomènes particuliers qu'on peut observer dans ces écoulements tournants, tels
que l'instabilité centrifuge et les types de couches limites : Ekman, Von Karman et
Bôdewadt. Ce chapitre a permis également d'expliquer et illustrer une partie de la théorie
de base monodimensionnelle qui aide à comprendre le comportement de l'écoulement et le
transfert de puissance dans la roue d'une turbine hydraulique axiale. Finalement, on y a
introduit des paramètres adimensionnels caractéristiques du modèle réduit de la turbine
hélice à l'étude.

Le chapitre suivant expliquera l'approche Reynolds Averaged Navier-Stokes (RANS) suivie


pour modéliser numériquement l'écoulement dans un seul passage de la roue en repère
tournant. Les simulations numériques seront réalisées à l'aide du logiciel CFX 11.0 pour
quatre conditions d'opération de la turbine, sans et avec un jeu de bout d'aube. Nous
présenterons les détails du maillage, du modèle de turbulence et des conditions limites
utilisés dans ce travail de recherche. Nos simulations visent à évaluer principalement le
modèle de turbulence SST (shear stress transport), à estimer l'influence de la largeur du
jeu de bout d'aube sur le tourbillon de bout d'aube et à prédire la performance de la roue
d'une turbine axiale.

Dans le chapitre 3, on présentera un résumé des résultats publiés dans plusieurs références
qui touchent la prise en compte du jeu de bout d'aube dans différentes turbines. Nous allons
aussi présenter les résultats des nos simulations numériques dans la roue de la turbine
hélice. Plus particulièrement, nous allons détailler l'écoulement de fuite interne dans la roue
et le tourbillon de bout d'aube associé. Nous montrerons que ces deux phénomènes ont une
influence sur l'écoulement en aval et sur la performance de la roue. Dans le chapitre 4, nous
comparerons les résultats des différentes simulations numériques d'un seul passage de la
roue avec des mesures expérimentales. La validation de l'écoulement dans le jeu de bout
d'aube sera faite d'une façon indirecte car aucune mesure n'est disponible à cet endroit. Les
résultats expérimentaux utilisés pour notre comparaison seront des mesures 2D-LDV et 3D-
PrV réalisées à la sortie de la roue installée au LAMH [3,19]. Finalement, la dernière
section de ce mémoire sera consacrée aux conclusions et perspectives futures.
Chapitre 2 Modélisation numérique dans un passage
périodique de la roue hélice en incluant le jeu de bout
d'aube
La dynamique de fluides numérique (CFD) traite de la simulation et de l'analyse du
mouvement d'un fluide. Elle est utilisée dans diverses applications, par exemple pour
prédire le mouvement du sang dans les artères du corps, l'écoulement autour d'une aile
d'avion ou d'une voiture de course, dans les systèmes de ventilation, dans les turbines à
gaz, dans les turbines à vapeur et évidemment dans les différentes composantes des
turbines hydrauliques. Dans ce chapitre, on présente la simulation de l'écoulement dans un
passage inter-aube de la roue d'une turbine hydraulique axiale.

Plusieurs méthodes numériques (différences finies, éléments finis, volumes finis, méthodes
spectrales) ont été développées dans les quarante dernières années pour prédire le
mouvement des fluides dans les différentes applications. Malgré le progrès remarquable de
la CFD, cet outil n'est toujours pas parfaitement précis. Dans la plupart des cas, elle fournit
tout de même de bien meilleures solutions que les méthodes analytiques utilisées avant son
développement. En effet, la CFD permet de calculer des caractéristiques très détaillées d'un
écoulement, d'améliorer la compréhension de certains phénomènes hydrauliques et de
soutenir le processus de conception. Les plus grands défis de cet outil concernent la
modélisation appropriée de la turbulence et la capacité de calcul des ordinateurs. D'un autre
côté, l'arrangement du maillage et l'imposition des conditions limites appropriées jouent
également un rôle essentiel dans la qualité des simulations numériques.

Nous avons réalisé des simulations numériques des écoulements dans la roue de la turbine
hélice à l'aide du logiciel CFX 11.0, lequel est basé sur la méthode de volumes finis. Cette
méthode intègre les équations qui gouvernent l'écoulement (quantité de mouvement,
continuité, énergie) dans un volume de contrôle. Les trois étapes de la méthode sont les
suivantes : 1) L'élaboration du maillage du domaine à l'étude, 2) La préparation du modèle
discret des équations de Navier-Stokes selon le phénomène de transport qui a lieu dans
l'écoulement (diffusion, convection, etc.), les conditions aux limites et les conditions
initiales du problème à l'étude et 3) La résolution des équations discrétisées.

Dans ce chapitre, nous présentons l'approche qu'on a utilisée dans CFX 11.0 pour résoudre
l'écoulement dans un passage de la roue de la turbine hélice. Nous présentons le domaine à
l'étude, soit un sixième du passage de la roue et son maillage; le modèle mathématique
incluant les équations fondamentales de conservation pour un écoulement incompressible
(continuité et quantité de mouvement) ; et le modèle de turbulence à deux équations de
transport.
22

2.1 Approche pour résoudre l'écoulement dans la roue


de la turbine hélice
Dans les calculs d'écoulements des turbomachines, on trouve des domaines stationnaires
(i.e. conduite d'amenée, volute, distributeur, aspirateur) et le domaine de la roue qui est en
rotation. Lorsqu'on réalise des simulations de plusieurs de ces composantes ou de la turbine
complète, il est nécessaire d'utiliser des interfaces, pour connecter un domaine stationnaire
avec un domaine tournant. Par exemple, le distributeur avec la roue ou la roue avec
l'aspirateur. CFX utilise un modèle de connexion générale (GGI) entre deux domaines avec
des repères différents pour chaque côté de l'interface (stationnaire/tournant). Le modèle
GGI compte trois sous-modèles qui permettent un changement de repère entre les domaines
: rotor-stator complètement transitoire, frozen-rotor, et stage. Nos simulations n'utilisent
pas ces interfaces car nous utilisons seulement un passage périodique du domaine en
rotation. Cependant les conditions limites que nous imposons à l'entrée du passage suivent
l'approche d'une interface de type stage. Nous commentons de façon brève les différences
entre les types d'interfaces.

Le modèle rotor-stator complètement transitoire prend en considération les effets réels


d'interaction à l'interface (connexion GGI) lors d'un changement de repère. La position de
l'interface est actualisée pour chaque pas de temps (on déplace la roue par exemple), au fur
et à mesure que la position relative de chaque côté du maillage change. Le désavantage
principal de cette approche est donc le grand besoin en ressources de calcul et de stockage
de données.

L'approche frozen-rotor, permet de connecter les deux repères de référence d'une façon
telle que chacune garde sa position relative fixe pendant le temps de calcul. L'utilisation de
cette approche est meilleure quand la variation circonférentielle de l'écoulement est grande
par rapport aux pas des aubes de la composante tournante. Le désavantage de ce modèle est
que les effets transitoires ne sont pas inclus sur l'interface de changement du repère. Donc,
si l'hypothèse de quasi-stationnarité n'est pas applicable, on crée une erreur importante en
l'utilisant.

Au lieu d'assumer une position relative fixe des composantes comme l'approche frozen-
rotor, l'approche stage fait une moyenne sur la circonférence des variables de flux dans
l'interface. Par flux, on entend la quantité d'un champ vectoriel qui traverse une unité
d'aire par unité du temps. Alors, il fournit des solutions pour chaque repère de référence. Le
fait d'utiliser ce type d'interface entre les composantes fixes et la composante tournante
engendre généralement une petite perte de pression totale. Par exemple, on assume que le
mélange est suffisamment rapide pour faire en sorte que le profil de vitesse perturbé par le
sillage des directrices en amont soit moyenne avant d'entrer dans la roue, composante
située en aval. Ce modèle permet de réduire la taille du problème à seulement un passage
périodique. L'analyse stage n'est pas appropriée quand la variation circonférentielle de
l'écoulement est significative par rapport aux pas des aubes de la composante tournante.
23

2.2 Géométrie et maillage de la roue pour deux


espaces de bout d'aube
La roue hélice du projet AxialT, installée sur le banc d'essai du Laboratoire de Machines
Hydrauliques de l'Université Laval (LAMH), est composée de 6 aubes, lesquelles ont un
angle d'attaque fixe. Le distributeur, localisé au dessus de la roue, possède 24 directrices
qui gèrent le débit et la direction de l'écoulement à l'entrée de la roue. La figure suivante
montre la géométrie de cet ensemble ainsi que les trois positions sur l'axe Z (5a, 5b, 5c) où
on comparera les résultats des calculs numériques avec des mesures expérimentales pour
valider les résultats des simulations. Ces mesures ont été publiées dans le 24e Symposium
des Machines et Systèmes Hydrauliques (IAHR). [20]

La géométrie des aubes a été mesurée par Hydro-Québec avec deux techniques qui toutes
deux génèrent un nuage de points de haute densité. Il s'agit de lectures par laser et lectures
par photogrammétrie. Ensuite, les modèles CAD ont été générés avec une triangulation des
points et une représentation des surfaces avec courbes NURBS. Ces techniques de mesures
offrent une bonne précision (0.2mm), ce qui a permis d'identifier de légères différences
géométriques entre chaque aube de la roue. Ces différences entre les aubes atteignent
jusqu'à 1.5 mm très près des bords des aubes. Nous avons choisi de façon aléatoire l'aube
#2 pour ce travail de maitrise. Nous n'étudions pas l'influence de la géométrie de l'aube sur
les résultats. Cependant, une telle étude a été publiée par l'Institut de Recherche d'Hydro-
Québec (IREQ) au 25e Symposium des Machines et Systèmes Hydrauliques (IAHR) 2010
[31].
Cotes Distance [m]
0.23051
0.32851
0.40051

-ref

Figure 2.1 Axes des mesures LDV dans l'assemblage distributeur-roue de la turbine hélice.
24

Dans toutes les turbines hydrauliques, le nombre des directrices du distributeur est en
général différent du nombre des aubes de la roue pour éviter des problèmes de vibration.
Lorsque le pas des aubes de la roue est différent du pas des directrices du distributeur, il est
préférable de simuler numériquement les deux domaines complets (distributeur-roue).
Cependant, l'inconvénient reste toujours le besoin élevé en ressources de calculs et de
stockage de données. Il est donc nécessaire de réduire le problème en divisant le
distributeur et la roue en sections périodiques. Si les aubes de la roue et les directrices du
distributeur ont un pas différent, N passages d'un côté et M passages de l'autre côté
peuvent être simulés en faisant en sorte que l'aire d'interface des passages de deux côtés
coïncide parfaitement.

Notre turbine axiale de type hélice possède un rapport entier entre les aubes directrices et
les aubes de la roue (4:1). C'est-à-dire que l'aire d'intersection (interface) du distributeur et
de la roue coïncide parfaitement lorsqu'on place quatre passages des directrices du
distributeur et un passage de la roue. Alors, nous avons modélisé seulement un sixième de
la roue, tirant partie du fait que le domaine en rotation autour de l'axe Z peut être divisé en
six régions identiques avec des frontières périodiques. La périodicité rotationnelle, nous
permet donc de simplifier la modélisation et de minimiser les besoins de calcul. La figure
2.2 montre les types de frontières du domaine ainsi que les noms assignés dans le
préprocesseur de CFX.

y Paroi fixe Entrée / Interface


\ (RI Hub) à 45 degrees.
(RI Inlet) * ^ l i ^ ^ ^ .

\ Paroi
i^^ \ tournante
^ \ (RI Blade)

^f~
Paroi ^^^|
tournante ^H ^ ^ ^ Paroi en
(RI Runner) J mouvement relatif
(RI Shroud)

\l
JL. t
"Y^J
*
I Wm
1

Figure 2.2. Domaine de calcul dans un sixième passage de la roue.


u
Le maillage du domaine doit être adapté au modèle de turbulence qu'on utilisera dans les
simulations pour qu'il produise des résultats fiables. Le modèle de turbulence qu'on
emploie dépend aussi du phénomène qu'on veut capturer. Plus particulièrement, nous
analysons l'origine et le développement du tourbillon de bout d'aube. Les modèles de
turbulence choisis pour nos simulations, en tenant compte des ressources informatiques au
moment des simulations sont le k-e et le shear stress transport (SST).
25

Pour avoir une première idée du comportement de l'écoulement, nous avons réalisé les
premières simulations en utilisant le modèle de turbulence k-e avec loi de paroi. Ce modèle
très répandu est valide pour plusieurs types d'écoulements rencontrés dans l'industrie. Le
modèle de turbulence k-s est moins exigeant en terme de maillage, de ressources
informatiques et du temps de calcul que le modèle SST ou des modèles plus évolués.
Puisque les simulations avec ce modèle sont moins longues à réaliser qu'avec un autre
modèle plus complexe, nous l'avons utilisé pour effectuer plusieurs essais. De cette façon,
nous avons fait face aux difficultés initiales de convergence et d'imposition des conditions
limites avec un modèle mois coûteux. En plus, les premières simulations nous ont permis
de prévoir l'ordre de grandeur des variables près des parois nécessaires pour ajuster le
maillage aux besoins du modèle de turbulence SST. Nous utilisons par la suite de nos
simulations le model SST pour gagner en précision dans la résolution de la couche limite
dans le jeu de bout d'aube. Nous décrivons dans ce chapitre (section 2.3) le modèle de
turbulence k-e et le modèle SST pour le rendre plus complet, mais les résultats des
simulations que nous présenterons sont seulement ceux des simulations avec le modèle
SST.

Pour élaborer le maillage, nous aurons besoin des variables suivantes :

*& (2„ , . « £ , _ (2.2)2 1/2

(2.3)
v ReL KP)

y+ = distance adimensionnelle perpendiculaire à la paroi


wT = vitesse de frottement
r<o = cisaillement à la paroi
Ut = vitesse tangentielle à la paroi, à une certaine distance Ay
v= viscosité cinématique de l'eau
ReL = nombre de Reynolds de plaque plane (équation 1.25)

Pour le premier maillage du domaine périodique, montré à la figure 2.3, nous avons estimé
une distance initiale entre les parois solides et la première couche de nœuds (Ay). Cette
distance varie dépendamment de la valeur de la variable y+ requise par le modèle de
turbulence à utiliser dans un calcul numérique. Le fait que le modèle de turbulence k-e
utilise une loi de paroi permet d'établir une distance de y+ relativement plus grande dans
certaines zones que celle permise par le modèle de turbulence SST (voir la section 2.2). Par
exemple, pour une simulation avec le modèle de turbulence k-e, la valeur requise est y+ <
200. Par contre, pour une simulation avec le modèle de turbulence SST, il est nécessaire de
conserver y+ < 10 autant que faire se peut. Pour le maillage de nos premières simulations,
nous avons estimé cette distance Ay autour de l'aube en se basant sur la couche limite d'une
plaque plane et sur la couche limite rotative près des parois en rotation relative. Nous avons
aussi utilisé les relations 2.1-2.3 avec le nombre de Reynolds calculé au premier chapitre
(de l'ordre de 10 ). Le tableau 2.1 présente les paramètres du maillage pour chaque modèle
de turbulence utilisé dans les calculs numériques de ce travail.
26

U,
Figure 2.3 Maillage structuré du passage adapté pour les premières simulations.
27

Figure 2.4. Zones du raffinement du maillage dans le moyeu et le manteau de la roue.

Nous nous sommes servis de la technique multi-blocs, laquelle permet de décomposer un


domaine complexe en plusieurs blocs de topologie plus simple et de générer un maillage
structuré à l'intérieur de chaque bloc. Les blocs sont composés de volumes hexaédriques.
Nous avons aussi utilisé la technique O-grid pour entourer l'aube afin de permettre une
meilleure manipulation des nœuds près de la paroi et pour minimiser autant que possible la
distorsion des volumes au bord d'attaque et au bord de fuite. Les figures 2.4 et 2.5
présentent des agrandissements des zones du maillage pour montrer le raffinement des
éléments autour de l'aube et à l'intérieur du jeu de bout d'aube.
28

Figure 2.5. Raffinement du maillage dans la zone de bout d'aube et du bord d'attaque.

Pour surmonter les difficultés de convergence dans les premiers calculs réalisés, nous avons
allongé le domaine de calcul, modifié le maillage et la condition de frontières à la sortie, tel
que décrit par les étapes 1 et 2 suivantes. La section 2.3 expose les conditions de frontières
finales pour nos calculs.

1. Allongement du maillage. Nous avons déplacé la frontière de sortie plus en aval sur
l'axe Z. Cette extension du maillage a aidé à surmonter la nécessité d'imposer une
condition de type sortie, représentant une paroi artificielle, qui ne permet pas de
simuler une recirculation causée par une rentrée d'écoulement. Cependant, en
éloignant plus en aval la frontière de sortie par l'extension du domaine de calcul, on
a pu utiliser les conditions aux limites provenant d'un calcul complet de la turbine,
qui, dans ce cas, incluraient une recirculation au cœur de l'écoulement, si une telle
recirculation était présente.

La figure suivante montre l'addition du nouveau bloc structuré au bas du domaine


original pour réaliser l'extension du maillage. La topologie du nouveau bloc a été
fusionnée avec la topologie des blocs déjà existants pour pouvoir connecter les
nœuds des faces adjacentes. L'allongement en aval du domaine implique une
addition de 666,918 nœuds.
29

Bloc ajouté à
la sortie de
roue

Extension
du domaine

Figure 2.6 Allongement du domaine de calcul. Addition des blocs en aval du domaine original.

2. Changement de la condition limite sur la frontière de sortie. La première condition


limite essayée sur la frontière de sortie était une pression relative moyenne de 0 Pa.
Au lieu de cela, on a imposé un profil de pression moyenne sur la circonférence
pour mieux approximer l'effet de l'aspirateur à la sortie de la roue (figure 2.9). La
section suivante éclaircit l'importance du rôle des conditions limites sur les
simulations numériques.

Lorsqu'on substitue le modèle de turbulence k-e par le modèle SST, nous modifions la
distance Ay dans le maillage. Le modèle de turbulence SST exige que la première couche
de nœuds soit placée très proche des parois (y+ < 10). Mais plus on approche les nœuds
vers la paroi, plus la taille perpendiculaire à la paroi des éléments diminue. En
conséquence, on trouve dans le jeu des éléments très minces, mais très allongés. Pour
respecter le rapport de forme maximum demandé par CFX (1/300), nous avons augmenté le
nombre de nœuds au long de la corde de l'aube. Avec ces modifications, le nombre de
nœuds dans le maillage approprié pour utiliser un model SST devient presque le double que
dans le maillage adapté pour un model k-e. La figure 2.7 montre le maillage final tenant
compte du jeu de bout d'aube et le tableau suivant (2.1) présente les paramètres permettant
une qualité de maillage adéquat pour chaque modèle de turbulence:

Tableau 2.1. Comparaison des besoins du maillage pour chaque modèle de turbulence.
Modèle Modèle
Paramètres du maillage k-e SST

y+ minimum 200 10
Nombre d'éléments insérés dans le jeu 15 17
Distance entre les parois solides et la première couche de nœuds du 0.0789 0.0263
maillage (Ay/Dref)
Nombre de nœuds sur la longueur de la corde de l'aube 70 180
Nombre total de nœuds dans le maillage du domaine complet 1,287,249 2,232,014
30

Figure 2.7. Raffinement du maillage du passage allongé à la sortie de la roue.


31

2.3 Modèle numérique (modèle mathématique, CFX)


Le nombre de Reynolds Re > 4.1 X IO6, calculé dans le chapitre 1, nous laisse présumer
que l'écoulement qui traverse la roue de la turbine hélice est turbulent. D y a différentes
approches pour tenir compte de la turbulence dans les simulations numériques. CFX permet
d'utiliser les approches suivantes : Reynolds Averaged Navier-Stokes (RANS), Detached
Eddy Simulations (DES), Large Eddy Simulations (LES) et Reynolds Stress Model (RSM).
Chaque approche comprend plusieurs modèles de turbulence qui requièrent une exigence
différente pour le maillage et une puissance de calcul différent, dépendamment de leur
complexité. Cependant, chacun fournit aussi un niveau différent de détails dans les
résultats. Ainsi, on cherche à utiliser un modèle qui permette de capturer les phénomènes
d'intérêt et d'utiliser le moins de ressources de calcul possibles.

Dans notre cas, une des approches les plus convenables est l'approche RANS. Elle permet
de réduire le raffinement nécessaire pour simuler directement les écoulements turbulents
avec les équations de Navier-Stokes en utilisant la règle de décomposition de Reynolds (éq.
2.4).
U=U +u (2.4)

La décomposition de Reynolds divise chaque grandeur physique de l'écoulement en


quantité moyenne et en quantité fluctuante. L'approche RANS consiste à inclure cette
décomposition dans les équations de Navier-Stokes. Ceci fait apparaître les moyennes des
composantes de vitesse (U.) comme variables principales et permet de concentrer les
fluctuations de vitesses dans le tenseur de Reynolds ( utu ). Cette simplification des
équations de Navier-Stokes nous fait sauver beaucoup de temps et d'espace de calcul et
fournit souvent des solutions suffisamment précises pour nos besoins.

L'équation de continuité et les équations de Navier-Stokes moyennées (RANS)


deviennent :
^ =0 (2.5)
OX;

_ du, dP d < oU;


pU '- = '- + -puiuj (2.6)
dx; 3JC, dx, dXj

La contribution visqueuse et la contribution des fluctuations des vitesses apparaissent


maintenant dans le deuxième terme du côté droit de l'équation (2.6) (contrainte totale). Les
contraintes de Reynolds ajoutent des nouvelles variables inconnues aux équations de
Navier-Stokes. Alors, la relation entre ces nouvelles variables inconnues et les variables
moyennes de l'écoulement définit les différents modèles de turbulence. Ainsi, le système
d'équations qui doit être résolu pour chaque volume dans un écoulement turbulent
incompressible est composé par l'équation de continuité (éq. 2.5), les équations de quantité
de mouvement (éq. 2.6) et les équations de fermeture. Ces dernières équations changent
dépendamment du modèle de turbulence choisi.
32

Les modèles de turbulence sont utilisés pour prédire les effets de la turbulence dans un
écoulement sans devoir résoudre toutes les échelles des fluctuations. Nous nous servons des
modèles à deux équations, k-e et SST. Ces deux modèles sont identiques sauf pour la
modélisation de l'écoulement près d'une paroi où ils utilisent respectivement une méthode
de loi de paroi et une méthode de nombre bas de Reynolds (modèle k-co). Chacun de ces
modèles de turbulence a ses avantages et ses inconvénients.

Modèle k- e et loi de paroi


Le modèle k-e est un modèle à deux équations parce qu'il fait apparaître deux équations de
transport, une pour l'énergie cinétique turbulente (k) et une pour le taux de dissipation (e).
Ces équations sont généralement résolues en même temps que les équations de continuité et
de quantité de mouvement.

dk „ dk
= T
du, pe + P+
P, dk
(2.7)
" dX: dxj ' k i j dX;

de TT de _ e dUt e d P, de
P+
dx
)[\ " e l J " A :j
(2.8)

Le tenseur de Reynolds dans l'équation 2.6 est remplacé par une « viscosité turbulente »
qui relie le taux de dissipation turbulente et l'énergie cinétique de la turbulence :

pc,k :
P,= (2.9)

Où CM est une constante adimensionnelle, p t est la viscosité dynamique turbulente et p la


densité du fluide.

Le modèle de turbulence k- e, près des parois, fait appel aux « lois de paroi » utilisant des
formules empiriques pour représenter le profil de vitesse de l'écoulement dans la couche
limite.

La figure 2.8 montre des profils de vitesse théorique des écoulements de paroi et les trois
sous-régions usuelles de la couche limite : la sous-couche visqueuse, la zone tampon et la
région externe où s'applique une loi logarithmique. La sous-couche visqueuse est dominée
par le frottement visqueux, elle est caractérisée par un profil linéaire. Au fur et à mesure
qu'on s'éloigne de la paroi, l'importance des effets visqueux diminue et la contrainte
turbulente domine la contrainte totale.
33

La relation logarithmique, qui fait la liaison entre la zone tampon et l'extérieur de la couche
limite est donnée par l'expression suivante, valide pour des écoulements sans gradients de
pression adverse ou recirculations :

w + = ^ = -ln(y+) + C (2.10)


(T V /2
y+ = < ^ , u T =
P)

u+ = vitesse adimensionnelle près de la paroi


Mx = vitesse de frottement
Ut = vitesse tangentielle à la paroi, à une certaine distance Ay
y+ = distance adimensionnelle perpendiculaire à la paroi
ta = cisaillement à la paroi
K = constante de Von Karman (valeur entre 0.4 et 0.436)
C = constante d'intégration (valeur entre 5 et 6.15)
p = viscosité dynamique

Figure 2.8. Représentation logarithmique des profils des vitesses moyennes pour différents nombres de
Reynolds et différents écoulements de paroi : écoulements de canal plan turbulent, écoulements de tuyau
circulaire et écoulement de couche limite de plaque plane. [25]
34

La figure 2.8 montre que le profil logarithmique approxime bien la distribution de vitesse
près de la paroi. Il fournit un moyen de calculer numériquement les contraintes de
cisaillement en fonction de la vitesse à une certaine distance de la paroi. De la sorte, le
modèle k-e permet d'utiliser un maillage relativement grossier près de la paroi et par
conséquent diminue les besoins de calcul. Le modèle k-e est très robuste, il offre une bonne
précision et il fournit des bonnes prédictions dans plusieurs cas d'ingénierie. Par contre, il
n'est pas très précis dans le cas de séparation de la couche limite. De plus, Versteeg, H.K.
et Malalasekera W. expriment que ce n'est pas avantageux de l'utiliser sans modification
pour les écoulements tournants ni pour des surfaces concaves. [42]

Modèle Shear Stress Transport (SST)


Le modèle de turbulence SST est basé sur les modèles k-co et k-e. La relation entre eux deux
se fait à travers d'une fonction de transition Fi, tel que montré ci-dessous :

SST = F i {k- û)) + ( 1 - FjX* - £) (2.11)

Où k est l'énergie cinétique turbulente et co est la fréquence turbulente.

Le modèle SST est conçu pour fournir des prédictions très précises pour la position
d'origine d'un décollement et la quantité du fluide qui se sépare dans le cas d'écoulements
avec un gradient de pression adverse. Ce modèle est donc recommandé pour réaliser des
simulations précises des couches limites complexes.

D'un autre côté, loin des parois, F] dans l'équation 2.11 devient nul pour le modèle SST.
Alors, ce modèle devient identique au modèle k-e loin des parois dans un écoulement
confiné ou dans un écoulement cisaillé libre (i.e. un jet). Le modèle SST est décrit
mathématiquement dans ce qui suit.

Nous avons déjà exposé antérieurement les équations de fermeture du modèle k-e.
Maintenant, nous présentons les équations de transport pour le modèle SST, telles que
l'équation de transport pour l'énergie cinétique turbulente k et l'équation pour la fréquence
turbulente co :

dk TJ dk P, dk
p T«-z—--p pkû)+ P+
*+ p U
idT " dX: dX; 'kl ) dxj
(2.12)

dû) dû) p û) dUi P, dû)


p ^ 7 + P u j ^ r = a ^ T T v9^ - L - ^ p ^ + P+
dt dx /i, k dx j dx- a* ) d*j

+ 2 p ( 1 _ F | ) _Ll|L|£ (2.13)
35

Où les constantes pour chacun des modèles sont :

(k-co) ■> a, = 0.5, B, = 0.075, P'= 0.09, a a , = 2, a u = 2

(k-e) -» a2 = 0.44, B2 = 0.0828, B'= 0.09, o^ = 1/0.856, o-K = 1

Chacune des "constantes" est modifiée aussi avec la fonction de transition F,, suivant la
même forme que 2.11, par exemple a 3 = F, ai + (1- F,) a2.

Les équations de transport du modèle SST sont basées sur celles du modèle k-co. Alors, ses
équations de transport sont très semblables, sauf pour le dernier terme de l'équation (2.13),
appelé « terme de diffusion croisée ». Ce terme tient compte de la fonction de transition Fi,
qui sert à définir le modèle de turbulence à utiliser, soit k-co ou k-s dépendamment de la
distance normale de chaque nœud à la paroi y :

(
4k 500v 4pk
tanh min max (2.14)
0.09û)y y2û) CDkmamy7

Où CD k01 représente la partie positive du terme de diffusion croisée

(
1 \ dk dû) -10
tm = max 2p
CDkco ;io (2.15)
aa2 û) dxj dxj

Dans le modèle de turbulence SST, le mode k-co agit près de la paroi car il est plus précis
que le mode k-e pour faire des calculs à bas nombre de Reynolds. Il résout donc en détail le
profil de vitesse dans la couche limite, en utilisant des échelles de longueur très petites. Ce
modèle, k-co, assume que la viscosité turbulente est liée à l'énergie cinétique turbulente k et
la fréquence turbulente co par la relation suivante :

P,=P-û) (2.16)

Puisque le modèle SST tient compte du transport du « cisaillement turbulent » à travers la


viscosité turbulente, il utilise la relation suivante pour estimer la viscosité turbulente dans la
couche limite :
atk
P , = P max(a û);SF ) (2.17)
l 2
Où:

F 2 est aussi une fonction de transition qui sert à limiter l'utilisation de cette viscosité
turbulente à la couche limite.
36

F2 = tanh max 2 — ;—r— \ } (2.18)

S = J2S~S~ est la mesure invariante du taux de déformation avec

*-i ac/,. ac/,-


L

dxj dxt
+ L (2.19)

Le modèle SST nécessite un maillage où plus de 10 nœuds sont localisés dans l'épaisseur
de la couche limite. La taille du maillage devient donc plus grande pour réaliser un calcul
avec le modèle SST qu'avec le modèle k-e. Ainsi, le besoin de stockage informatique et le
temps de calcul sont aussi plus importants que pour les modèles qui utilisent l'approche de
loi de paroi.

Conditions Limites
Le système d'équations précédent doit être fermé par les conditions limites à l'entrée et à la
sortie du domaine de calcul ainsi qu'aux parois. Il faut spécifier toutes les variables
possibles en ces endroits afin de placer des restrictions dans la formulation mathématique
qui permettent d'obtenir une solution résultante unique. L'approche la plus robuste pour
notre application est d'imposer le débit à l'entrée et la pression statique à la sortie du
domaine, selon la condition d'opération. Dans ce but, nous avons extrait les conditions
limites des résultats de calculs de la turbine complète, lesquels ne tiennent pas compte du
jeu de bout d'aube [18]. Les données extraites à plusieurs régimes d'opération de la turbine
complète ont été moyennées de façon circonférentielle et interpolées sur les frontières du
domaine d'un seul passage périodique de la roue, lequel tient compte du jeu. D est
important de mentionner que les calculs numériques de la machine complète ne prennent
pas compte du jeu de bout d'aube car le besoin de calcul aurait été trop grand pour nos
capacités dans le cas du modèle de turbulence SST.

La figure 2.9 illustre les champs des composantes de la vitesse moyenne à l'entrée du
domaine située à l'interface entre le distributeur et la roue pour une condition d'opération
de la turbine. La figure 2.10.a) montre le champ de pression extrait de la turbine complète
et la figure 2.10.b) montre le champ de pression moyennée qui a été imposé à la sortie du
passage, au niveau du cône. Le profil de pression imposée sur la frontière de sortie
représente l'effet de succion causé par l'aspirateur.

Pour toutes les parois, une condition de non-glissement a été imposée. Pour les parois du
moyeu (RI Hub) et du manteau (RI Shroud), montrées à la figure 2.2, il a été aussi établi
une condition contra- rotative pour indiquer au solveur qu'il y a un mouvement relatif entre
ces parois fixes et le reste du domaine tournant.
37

Vitesse
Circonférentielle

I
8.000

6.000

4.000

2.000

0.000
[m sA-1]
a)
Vitesse
Radiale
0.000

-1.000

-2.000

-3.000

-4.000
[m s M ]
b)
Vitesse
Axial
0.000

-1.250

-2.500

-3.750

-5.000
[m s M ]

c)

Figure 2.9. Conditions aux limites à l'entrée du passage correspondant à la condition d'opération de pleine
charge de la turbine OPI. a) Vitesse azimutale moyenne, b) Vitesse radiale moyenne, c) Vitesse axiale
moyenne.
38

Pressure
(Contour 1)

4.570e+003

3.188e+003

1.807e+003

4.255e+002

-9.559e+002

-2.337e+003

-3.719e+003

-5.10Oe+003

-6.482e+003

-7 863e+003

[Pal

a)

Relative Pressure
R1 Outlet
-1300.0

-1450.0

-1600.0

-1750.0

-1900.0

b)

Figure 2.10. Conditions aux limites à la sortie du passage correspondant à la condition d'opération de pleine
charge de la turbine OPI. a) Pression statique, b) Pression statique moyenne.
39

Lorsque l'écoulement entre dans un domaine tournant, une vitesse relative entre en jeu. La
figure 2.11 fait la distinction entre la direction des deux types de vitesse pour un domaine
en rotation. Les vecteurs vitesse dans un repère stationnaire illustrent la direction de la
vitesse absolue de l'écoulement, tandis que la ligne de courant illustre la direction de la
vitesse relative, laquelle est affectée par la somme vectorielle de la vitesse de rotation du
repère tournant. Par contre, nous remarquons que dans le domaine stationnaire
(distributeur), la ligne et les vecteurs se superposent. C'est-à-dire que dans le domaine
stationnaire la vitesse relative est égale à la vitesse absolue.

Le type de frontière à l'entrée du domaine doit être cohérent avec le type de vitesse qu'on
impose. CFX-Pre permet de choisir un type de frontière stationnaire "stn frame" ou "type
rotation". Nous avons établi une frontière stationnaire parce que nous avons moyenne les
composantes de vitesse de l'écoulement dans l'interface (distributeur-roue). Alors, à cette
frontière, nous avons assigné les variables de vitesse absolues "stn frame".

Velocity in Stn Frame


Vector i
8.144e+000

7.061 e+000

5.978e+00(T

4.895e+000

3.812e+000
[m sA-1]

Figure 2.11 Distinction entre la vitesse absolue 'stn frame' et la vitesse relative dans le domaine en rotation.

2.4 Calculs stationnaires et validation du maillage


Nous concentrons notre étude sur la prise en considération du jeu dans les simulations CFD
d'un passage périodique de la roue. Le jeu est situé entre le bout d'aube et le manteau de la
roue. Cette considération nous permet d'analyser l'écoulement de fuite et les tourbillons de
bout d'aube. Dans nos simulations, nous utilisons une approche RANS pour résoudre les
équations de Navier-Stokes d'une façon convenable selon nos capacités de calcul et les
besoins rigoureux sur le maillage.
40

L'étude d'indépendance de maillage réalisée dans l'ensemble distributeur-roue par Gagnon


J.M et Deschênes C. [18] démontre que le couple ne varie presque plus lorsque le maillage
contient plus de 500 000 éléments. Notre maillage d'un seul passage périodique montré
dans la figure 2.7 contient 2.2 millions d'éléments. Nous sommes donc certains que le
maillage qui a été utilisé pour nos calculs en régime stationnaire fourni des résultats fidèles.

De plus, les résidus pour la quantité de mouvement et la pression de nos simulations ont
atteint une bonne convergence, en dessous de IO"4. Nous nous sommes aussi assuré que le
maillage soit bien adapté aux exigences du modèle de turbulence SST près des parois. Pour
ce faire, nous avons évalué la variable y+ dans les parois du domaine de tous nos calculs.
Les tableaux 2.2-2.4 montrent ces valeurs pondérés par l'aire et la figure 2.12 montre les
contours sur les parois pour la condition d'opération OPI et le jeu 0.0009. Les valeurs les
plus élevées (20 < y+ < 30) se situent dans la région du jeu où la vitesse de l'écoulement est
très élevée. Plus d'information sur la qualité des maillages est présenté sur l'annexe A.

Tableau 2.2. Valeurs moyennes y+ pondérées par 1 aire (jeu de bout d'aubt , = 0.0013)
Point Manteau Aube Partie tournante Partie fixe du
d'opération du moyeu moyeu
OPI 10.77 5.59 6.37 14.42
OP2 9.3 6.0 8.69 13.71
OP3 8.24 6.17 9.54 13.33
OP4 7.93 6.42 10.69 12.2

Tableau 2.3. Valeurs moyennes y+ pondérées par 1'aire (jeu de bout d'aubt : = 0.0009)
Largeur du Manteau Aube Partie tournante Partie fixe du
jeu du moyeu moyeu
OPI 5.65 5.06 7.68 14.86
OP2 4.26 5.39 9.21 13.76
OP3 3.97 5.54 10.93 13.38
OP4 3.86 5.82 13.06 12.25

Tableau 2.4. Valeurs moyennes y+ pondérées pa r l'aire (sans jeu de bou d'aube)
Largeur du Manteau Aube Partie tournante Partie fixe du
jeu du moyeu moyeu
OPI 2.25 2.77 2.53 5.52
OP2 1.67 2.98 3.20 5.04
OP3 1.56 3.06 3.49 4.90
OP4 1.47 3.20 4.09 4.47
41

Yplus
1.419e+001
1.286e+001
1.152e+001
1.019e+001
8.855e+000 b
7.521 e+000
6.188e+000
4.854e+000
3.520e+000
2.186e+000
|
8.527e-001

u
Figure 2.12 Contour de y+ pour une condition d'opération OPI et un jeu 0.0009.
42
43

Chapitre 3 Influence de l'écoulement de fuite et du


tourbillon de bout d'aube sur les paramètres de
performance de la roue hélice
L'écoulement dans les roues des turbines hydrauliques est complexe. La rotation de
l'écoulement induit le développement et l'interaction de différents phénomènes turbulents.
Par exemple le développement de tourbillons, l'interaction des phénomènes hydrauliques
dans l'interface entre la sortie du distributeur et l'entrée au rotor, l'interaction entre les
couches limites de bout d'aube ou du moyeu, l'interaction entre les sillages des aubes et les
tourbillons. Un autre des défis dans les turbines hydrauliques est la cavitation, laquelle peut
être très érosive sur les surfaces des aubes. En présence de basse pression, la cavitation
s'installera au cœur des tourbillons [17].

Tous ces phénomènes contribuent aux pertes hydrauliques et volumétriques dans la roue et
induisent une diminution du rendement de la machine complète. La meilleure façon
d'améliorer l'efficacité est de réduire les différentes pertes. Cependant, pour développer
une contremesure aux phénomènes qui les causent, il faut d'abord bien connaître leurs
origines et leur comportement qui diffèrent pour chaque type de machine. Cette tâche n'est
pas facile à accomplir due à l'imprédictibilité des détails des écoulements turbulents et les
minimes perturbations qui les causent. L'utilisation de modèles mathématiques de
turbulence permet tout de même de représenter plusieurs de ces phénomènes hydrauliques.
Leur intégration dans l'analyse numérique est essentielle dans l'étude de la dynamique des
fluides rencontrés dans les machines hydrauliques. Plusieurs chercheurs ont déjà publiés
des simulations numériques comparées à des résultats expérimentaux. Es identifient
cependant plusieurs imprécisions dues aux modèles de turbulence ou aux modèles
numériques qu'ont été utilisés pour combler l'insuffisance des capacités informatiques.

3.1 Problématique et revue bibliographique


Nous présentons principalement ici les résultats publiés obtenus de calculs numériques et
d'analyses expérimentales, lesquels se concentrent sur l'écoulement de fuite dans
différentes turbomachines.

Tallman J. et Lakshminarayana B. [39] ont effectué une étude des écoulements de jeux pour
une turbine axiale à gaz très intéressante pour notre étude. Ds présentent des résultats des
simulations numériques qui s'appuient sur un modèle Reynolds Averaged Navier-Stokes
(RANS), un code basé sur une méthode de correction de pression (SIMPLE) et le modèle
de turbulence k-e avec amortissement près de la paroi. Ds ont validé une de leurs
simulations avec des données expérimentales de Bindon, J. P., et Morphis, G. [4]. Ds ont
réalisé des simulations pour deux largeurs différentes de jeu (4.65 mm et 1.86 mm), sans
prendre en compte le mouvement relatif de la paroi extérieure de la turbine. La figure3.1
montre ces résultats.
44

Ds comparent les résultats en suivant les traces de particules qui ont été placées sur
différents rayons de la roue (90%, 97.6% et le rayon moyen à l'intérieur du jeu). Pour le
rayon correspondant à 90% du rayon de la roue, ils ont observé que l'entrainement de
l'écoulement du côté pression au côté succion se fait approximativement au même endroit
(50% de la corde de l'aube) pour les deux jeux. Les lignes de courant entraînées à la mi-
corde de l'aube traversent le jeu et s'enroulent sur le diamètre extérieur du tourbillon
provenant de l'amont. L'entrainement de l'écoulement dans le jeu est dû à un gradient
radial de pression, ce dernier provenant d'un déchargement sur le bout de l'aube. Lors de
l'entrainement, l'écoulement acquière une composante de vitesse secondaire. Sur le côté
pression de l'aube, les lignes de courant se dirigent vers le jeu de bout d'aube, c'est
pourquoi on qualifie cet écoulement secondaire : « l'écoulement secondaire d'entraînement
du jeu ». Les lignes nommées i sur la figure 3.1 montrent le parcours de ces lignes de
courant. Elles ne rentrent pas nécessairement dans le jeu mais elles dévient l'écoulement de
passage inter-aube. L'écoulement de fuite réfère seulement à l'écoulement qui traverse le
jeu. En ce qui concerne le côté succion de l'aube, il y a aussi un écoulement secondaire qui
est forcé par le tourbillon de bout d'aube juste au dessous de cette surface, il est appelé
« écoulement secondaire de blocage ». À cet endroit, l'écoulement est entrainé vers la
direction négative du rayon. Les lignes de courant nommées ii sur la figure 3.1 montrent cet
effet.

L'écoulement d'entrainement du jeu est visible aussi pour les lignes de courant qui
proviennent des particules lâchées au rayon correspondant à 97.6% du rayon de la roue.
Pour ce rayon, l'écoulement entre dans le jeu à partir du bord d'attaque jusqu'à 80% de la
corde de l'aube pour les deux cas étudiés. Sur le côté succion, l'écoulement secondaire de
blocage entraine l'écoulement de fuite autour du tourbillon de bout d'aube, tel qu'indiqué
par l'indice iii sur la figure 3.1. Le parcours des lignes de courant enroulées autour du
tourbillon est différent pour chaque largeur du jeu. Pour le jeu le plus grand, l'enroulement
de l'écoulement secondaire de blocage autour du tourbillon commence plus en amont sur la
corde de l'aube que pour le jeu plus petit. Pour le petit jeu, cette dernière zone correspond
au numéro v sur la figure 3.1. Pour le jeu de 4.65 mm, le tourbillon de bout d'aube est plus
détaché de la surface du côté succion que pour le jeu de 1.86 mm. L'écoulement indiqué
avec les numéros vi-viii sur la figure 3.1 correspond aux lignes de courant traversant le jeu
le plus près du manteau. Néanmoins, dans le cas de l'espace le plus petit, la figure 3.2
montre d'une meilleure façon sur un plan 2D la faible apparition d'un autre écoulement
secondaire ayant lieu dans cette région: «l'écoulement secondaire près du manteau».
Cette figure présente des vecteurs de vitesse projetés sur un plan (tangentiel-radiale) à 90%
de la corde montrant les régions du tourbillon de bout d'aube (A) et les trois écoulements
secondaires : l'écoulement secondaire du blocage (B), l'écoulement secondaire
d'entrainement du jeu (C) et l'écoulement secondaire près du manteau (D). Ce dernier
semble être créé par une combinaison d'une portion de la couche limite du tourbillon et
l'écoulement secondaire d'entrainement du jeu.
45

9 0 % rayon Jeu = 4.65mm Jeu= 1.86mm

Direction
radiale

tangentiel

97.6 % rayon Jeu = 4.65mm Jeu= 1.86mm

Direction
radiale

Direction
tangentiel

Rayon moyen dans le jeu Jeu= 1.86mm

Direction
radiale
Jeu =
4.65mm

tangentiel
Figure 3.1. Parcours des lignes de courant de l'écoulement inter-aube à différents rayons. [39]

TTTi fi unl | "


rrrrTTTTTTTTTTTTl
M tin
: f un Côté
: : : z : z z : : : : : cj: ;; r
/ i
un
r i tu
Pression

20 m/s

o ns o s t m 0\s i
1

Plan tangentiel (Frontière périodique / Espace inter-aube)


Figure 3.2. Vecteurs de vitesse projetés sur un plan (tangentiel-radiale) à 90% de la corde indiquant les
régions des écoulements secondaires dans le canal inter-aube. [39]

Ds affirment que les effets les plus significatifs de l'écoulement de fuite dans le bout d'aube
et du tourbillon associé sont : blocage de l'écoulement dans le passage, instabilités en aval
(dans un repère de référence relatif) et écoulements secondaires. De plus, les trois possibles
causes principales de l'enroulement du tourbillon de bout d'aube sont : le cisaillement sur
46

la paroi du manteau, la convection de la vorticité générée dans le jeu de bout d'aube et le


gradient de pression adverse qui se produit aussi dans le jeu de bout d'aube.

Une étude postérieure a été réalisée par Tallman J. et Lakshminarayana B. [40], laquelle
inclut le mouvement relatif de la paroi de la turbine axiale à gaz. Ds montrent l'effet de ce
mouvement relatif sur l'écoulement de fuite, le tourbillon de bout d'aube et l'écoulement
secondaire. Lorsqu'on se situe dans le repère de la roue, la direction du mouvement relatif
de la paroi est opposée à l'écoulement de fuite. Ce mouvement accompagné de cisaillement
réduit l'écoulement de fuite et favorise l'écoulement secondaire près du manteau. La
comparaison des simulations sans/avec mouvement relatif montre que moins de débit
traverse le jeu dans le deuxième cas à cause de l'obstruction de la couche cisaillée à la
paroi. L'obstruction est plus évidente au bord d'attaque de l'aube où le gradient de pression
qui entraine le débit de fuite n'est pas encore tout à fait établi et le mouvement relatif de la
paroi est opposé à l'écoulement primaire. La plus grande partie de l'écoulement de fuite
traverse le jeu en aval de la moitié de la corde de l'aube. Une plus grande quantité
d'écoulement de fuite s'enroule autour du tourbillon de bout d'aube pour le cas des
simulations sans le mouvement relatif de la paroi. La taille de ce tourbillon est donc un tiers
plus petite pour le cas où le mouvement relatif est pris en considération.

Ciocan G.D. et Kueny J.-L [7] ont étudié expérimentalement les écoulements de fuite dans
un tunnel d'essai. Le montage représente un canal inter-aube dans un tunnel d'eau sans
rotation, en mettant l'emphase sur trois mécanismes qui agissent dans le bout d'aube : la
séparation de l'écoulement, le rattachement et la zone de mélange de l'écoulement de fuite.
Ds ont trouvé que les deux premiers phénomènes sont très dépendants de la géométrie de
bout d'aube. Ds mentionnent que le rattachement arrive quand le rapport entre l'épaisseur
de bout d'aube et la longueur de l'aube est plus petit que 0.25. Le mélange de l'écoulement
provient de l'interaction entre l'écoulement de fuite et l'écoulement principal. Le tourbillon
de bout d'aube est présent dans un jeu de 1 mm et il disparait pour un jeu de 5 mm. Le
tourbillon est créé au bord d'attaque et il se développe dans le premier 25% de la corde. D
est ensuite convecté par l'écoulement principal (figure 3.3a). L'intensité turbulente (I),
laquelle est définie comme le rapport entre le moindre carrée des fluctuations de vitesse et
la vitesse moyenne de l'écoulement, atteint 40% dans l'aire d'action du tourbillon.

Nilsson H. et Davidson L. [32] ont focalisé leur recherche sur les pertes dans le jeu de bout
d'aube. Ds ont utilisé la méthode des volumes finis pour calculer l'écoulement stationnaire
et périodique dans un quart du domaine de la roue d'une turbine Kaplan possédant 4 aubes
et 24 directrices. Le code est basé sur la méthode de correction de pression SIMPLEC, et
des schémas de discrétisation de deuxième ordre. Les calculs ont été réalisés pour différents
points d'opération en gardant l'angle de l'aube constant. Ds ont utilisé pour les calculs un
jeu de bout d'aube de 0.25 mm et un model de turbulence K-CO. Les calculs ont montré la
présence d'un tourbillon marginal près du bord d'attaque. Le chargement de l'aube au bord
de fuite augmente avec la diminution de la vitesse spécifique Nu (Dn/H05). Le débit
massique dans le jeu diminue avec l'augmentation de cette même vitesse spécifique, mais
l'aire par laquelle le débit massique s'échappe augmente. Les profils de vitesse ont été
comparés pour différents points d'opération, les différences principales se présentent au
bord d'attaque du bout d'aube. À cet endroit, la composante de vitesse relative axiale
47

augmente et la magnitude de la composante tangentielle diminue quand la vitesse


spécifique Nu diminue.

Roussopoulos K. et Monkewitz P.A. [36] ont présenté des résultats expérimentaux sur la
position et l'enroulement du tourbillon sur le côté succion d'une aube stationnaire dans un
canal à eau. Pour obtenir des mesures détaillées et fiables, les effets du mouvement de
l'aube et les effets Coriolis ont été négligés. Ds s'attendaient à ce que l'addition d'une lèvre
sur le côté succion de l'aube serve à éloigner le tourbillon de l'aube et de cette façon puisse
réduire l'érosion occasionnée par la cavitation. Cependant, ils ont trouvé que le tourbillon
s'éloigne très peu de l'aube (environ 3 mm) avec l'addition de cette lèvre mais que
l'intensité du tourbillon est tout de même réduite.

Weili L., Xingqi L. et Lefu Z. [43] présentent des résultats d'une investigation
expérimentale et de simulations numériques dans une turbine Kaplan. Dans l'étude
expérimentale, ils ont vu la nucléation et l'agrandissement du tourbillon ainsi que la
cavitation sur le bord de fuite pour différents angles d'attaque de l'aube et différents
ouvertures des directrices. Ds ont classifié les plages d'opération où la cavitation est plus
dommageable. Les valeurs approximées du débit et de la vitesse spécifique (Qn, NJJ) qui
correspondent à ces plages sur la colline de rendement sont les suivants : Zone I (Qn= 900 ,
N u - 140), Zone H (Q n = 1000 , N n = 200) et Zone III (Q u = 2500 , N n = 180).

En ce qui concerne les simulations numériques, ils ont utilisé un maillage non-structuré
avec 500,333 nœuds et un modèle « Reynolds Stress Model » (RSM). Ds ont calculé
l'écoulement avec jeu et sans jeu de bout d'aube pour 3 conditions d'opération. Les
résultats des simulations numériques montrent tout d'abord que le tourbillon de bout d'aube
est seulement présent si le jeu est présent. Ds ont remarqué que l'écoulement de fuite de
bout d'aube peut se diviser en quatre régions dépendamment de la direction de
l'écoulement dans le jeu. Ds ont analysé la distribution de vitesse et de pression seulement
dans la première région de cet écoulement de fuite. Cette région est localisée près du bord
d'attaque où la cavitation due à la basse pression du centre du tourbillon produit des
dommages pour certains points d'opération. Ds ont montré que dans cette même région il y
a un volume de vapeur d'eau à une température de 25 °C. Les dommages à cette région
deviennent plus graves quand la vitesse de rotation augmente.

Cunha F., Qian R., Flemming F., Chen L., et Riedel N. [9] ont fait la comparaison
entre des résultats obtenus par calculs numériques (CFD) et ceux provenant de la base de
données mesurés expérimentalement au LAMH pour le projet AxialT. La technique LDV
(Laser Doppler Velocimetry) a été utilisée pour mesurer les composantes tangentielle et
axiale de la vitesse sur des rayons horizontaux situés à trois différentes élévations sous la
roue de la turbine tandis que la technique PIV a permis de mesurer les trois composantes de
vitesse sur une section verticale à la sortie de la roue. La première élévation de mesures
LDV est placée juste au dessous du bord de fuite de l'aube, la deuxième est placée juste au
dessous du moyeu et la troisième hauteur est située dans le cône de l'aspirateur. De l'autre
côté, les simulations numériques sont réalisées avec le logiciel Ansys CFX 11.0.
L'approche RANS a été utilisée avec un modèle de turbulence SST (Shear Stress
Transport) et un schéma à haute résolution pour prendre en compte le terme de flux
convectif dans l'équation de transport. Une interface de type "stage" a été utilisée entre le
48

distributeur et la roue. Ds ont fait des simulations numériques pour un jeu d'aube plus petit
(0.15mm) et un jeu plus grand (0.45mm). Ds présentent les résultats ci-dessous pour deux
points d'opération, le point d'opération de meilleur rendement et celui qui correspond à la
puissance maximale:

i. Des comparaisons de la distribution des profils de vitesse moyennes sur la


circonférence en sortie de roue.
En général, la comparaison de tous les profils de vitesse (axiale et tangentielle)
montre que les profils provenant de l'analyse numérique s'accordent très bien avec
ceux provenant des mesures. D y a deux régions où il existe des déviations, au
centre de l'écoulement et près de la paroi extérieure. Les causes possibles de cette
déviation sont : des fluctuations importantes dues à une recirculation dans la région
centrale et l'influence sur le profil moyen du jeu de bout d'aube dans la région
extérieure. La prise en compte du jeu de bout d'aube dans les calculs CFD fournie
des profils qui s'approchent davantage des profils expérimentaux sur la région de la
paroi extérieure. En prolongeant le domaine de calcul à la deuxième élévation et en
gardant l'espace de bout d'aube, ils trouvent un meilleur accord du profil de vitesse
axiale pour le point d'opération de meilleur rendement et aussi une amélioration du
profil de la vitesse tangentielle pour le point d'opération de puissance maximale.

ii. Des corrélations liées au tourbillon de bout d'aube.

Ici, la comparaison est faite pour le point d'opération de meilleur rendement entre
les résultats obtenus avec le PIV et les calculs numériques. Des contours de la
vitesse tangentielle normalisée ont été utilisés pour montrer deux tourbillons.
L'origine de ces deux tourbillons a été reliée aux articles de Gagnon J.M., Diescu
M., Ciocan G.D. et Deschênes C. [20] et Gagnon J.M., Diescu M., Ciocan G.D. et
Deschênes C. [19]. Ds expliquent que le tourbillon de rayon plus petit qui est collé
au manteau est le tourbillon de bout d'aube et que l'autre tourbillon de rayon plus
grand origine au bord d'attaque de l'aube. L'intensité du tourbillon n'a été
examinée que qualitativement, ils observent que l'intensité augmente avec
l'incrément du jeu de bout d'aube et le tourbillon disparait avec le jeu de 0.15mm.
Ds ont aussi regardé la position du centre du tourbillon ; la position axiale du centre
du tourbillon correspond toujours entre les mesures et les calculs numériques, mais
sa position radiale change pour certains endroits.

Ds concluent qu'il y a un bon accord entre les résultats CFD et les résultats expérimentaux.

La figure 3.3 présente le processus du développement des tourbillons et l'interaction des


écoulements près du bord de fuite des aubes. Cette figure qui provient d'un article de
Masahiro I. et Masato F., 2002 [27] illustre ce que plusieurs études présentés ci-haut
constatent. Son étude se concentre sur l'écoulement de fuite dans les compresseurs axiaux
mais ils décrivent plusieurs caractéristiques typiques de l'écoulement dans les
turbomachines axiales. Lorsque les aubes de la roue des turbines axiales possèdent des
angles d'attaque prononcés et le bord d'attaque épais, un tourbillon de fer à cheval apparait
dû à l'interaction entre la couche limite de la paroi de la roue et le bord d'attaque des aubes.
La couche limite se sépare devant le bord d'attaque et s'enroule pour former le tourbillon
49

de fer à cheval. Ce tourbillon est séparé en deux parties, une "jambe" entre dans le côté
pression du passage inter-aube et l'autre "jambe" entre dans le côté succion. Cette dernière
est atténuée rapidement par le mouvement relatif de la paroi. Par contre, la rotation de la
partie du tourbillon de fer à cheval au côté pression est intensifiée par l'écoulement
secondaire qui tourne dans le même sens. Ds constatent aussi que l'écoulement de fuite est
réduit par le mouvement relatif du manteau et l'écoulement secondaire.

a) Écoulements dans le passage inter-aube près du bord de fuite

Tourbillon de fer à
cheval
Écoulement en amont Écoulement trainee avec le
manteau

Écoulement de fuite Q Tourbillon rémanent


Tourbillon de
bout d'aube

Écoulement secondaire
du passage

Figure 3.3. Schéma du développement de l'écoulement de fuite et tourbillons, a) Écoulement dans le passage
inter-aube près du bord de fuite. [27]

De cette revue bibliographique sur l'écoulement de bout d'aube dans différentes


turbomachines, nous retenons plus particulièrement les éléments suivants : les chercheurs
s'accordent pour dire qu'il existe une influence de la largeur du jeu sur le tourbillon de bout
d'aube. Ds ont cependant constaté des zones différentes d'apparition des tourbillons le long
de la corde, des variations de la distance d'attachement à l'aube et des changements de la
grosseur du tourbillon selon la largeur du jeu.

3.2 Description de l'écoulement de fuite simulé et


analyse des paramètres de performance de la roue
hélice
Tenir considération du jeu de bout d'aube dans les simulations numériques peut aider à
prédire d'une meilleure façon la performance d'une turbine axiale. Dans le but de montrer
l'influence du jeu de bout d'aube dans la performance de la roue hélice nous avons réalisé
des simulations dans un passage périodique pour deux largeurs des jeux normalisées
r=0.0013, r=0.0009 et des simulations sans le jeu. Toutes nos simulations prennent compte
du mouvement relatif du manteau. Elles ont été faites pour quatre points d'opération (OP1-
OP4) correspondant à quatre valeurs différentes du débit (tableau 1.1). Le chapitre
50

précèdent a déjà expliqué en détail la modélisation numérique dans la roue avec la prise en
compte du jeu de bout d'aube. Dans ces deux dernières sections du chapitre 3, nous mettons
en évidence l'écoulement de fuite et le développement du tourbillon de bout d'aube. Nous
présentons aussi les résultats des simulations concernant les paramètres de performance de
la turbine, tels que le couple, la chute nette et les pertes.

L'écoulement de fuite dans le jeu est entrainé par une différence de pression dans les deux
côtés des aubes. La figure 3.4a illustre l'écoulement de fuite avec des lignes de courant
dans un repère absolu. Les figures 3.4b et 3.5 illustrent le gradient de pression à plusieurs
rayons de la roue.

a) Lignes de courant b) Pression Relative

>• ,\- tf tf tf j> Q- ç»? o- Ç>- v

Figure 3.4. a) Écoulement de fuite observé dans le résultat d'un calcul stationnaire. b) Contour de pression
normalisé à 99.8% du rayon. Calcul correspondant à la condition d'opération OP2 et à la largeur du jeu
r=0.0013.

Pression relative
a) 50 % du rayon b) 0.1% du rayon

** # # £ & & $ 4 & ê &


> r >' W W S ? fc *" * fc fc N
"

Figure 3.5. a) Contour de pression normailsé à 50% du rayon, b) Contour de pression normalisé à 0.1% du
rayon (près du moyeu). Calcul correspondant à la condition d'opération OP2 et à la largeur du jeu T=0.0013.

Pour extraire l'information plus détaillée sur la variation spatiale de la pression dans le
canal inter-aube et à l'intérieur du jeu de bout d'aube, nous utilisons des lignes
transversales (direction Z). La figure 3.6 montre la position des lignes sur un plan
méridional et une représentation graphique de données moyennées azimutalement. Les
lignes situées à 99.8%, 50% et 0.1% de la distance radiale (Ro- Ri) dans le canal inter-aube
51

croisent le bord d'attaque et le bord de fuite des aubes. À ces endroits, nous constatons des
variations brusques de pression dans l'écoulement. La variation la plus brusque arrive au
bord d'attaque de l'aube à 99.8% du rayon, c'est-à-dire dans le jeu de bout d'aube. La
figure 3.7 présente aussi le gradient de pression à l'intérieur du jeu de bout d'aube pour 3
autres positions de la corde. Nous avons superposé le profil de l'aube sur ce graphique pour
mieux visualiser l'endroit où se situent les différences de pression. Ainsi, nous constatons
que les gradients de pression dans le jeu entre 23% et 50% de la corde varient très peu
d'amont à l'aval et le gradient à 77% de la corde est plus faible que ceux en amont.

Plan méridional

99.8% rayon
50 % rayon ▲ A ▲ ▲
0.001% rayon xxxxxxx

0 0.1 0.2 0.3 0.4


Position sur l'axe Z normalisée [-]
Figure 3.6. Gradient de pression dans le canal inter-aube à trois positions radiales. Calcul correspondant à la
condition d'opération OPI et à la largeur du jeu r ■ 0.0009.

Côté pression de l'aube!

/ni

23%
corde 50 % 77 %;
c
<We corde

0,3 0,4
Position sur l'axe Z normalisée [-]
Figure 3.7. AP dans le jeu de bout d'aube à trois positions de la corde.
Condition d'opération OPI et largeur du jeu r = 0.0009.
52

Débit de fuite et couple


La quantité du débit de fuite (q) et le couple (C) correspondant à chaque largueur du jeu
sont présentés dans la figure 3.8. Le débit fuite (q) est quantifié en pourcentage du débit
total dans la roue (Q). Une surface a été utilisée pour calculer le débit de fuite dans chacune
des jeux. D est nécessaire que la largeur de la surface aie exactement les mêmes dimensions
que le jeu pour que le calcul soit précis. Le couple est normalisé avec la valeur
expérimentale de la condition d'opération OP3. Le débit de fuite normalisé varie de 0.8% à
0.9% dans le jeu normalisé de 0.0013 et le débit de fuite normalisé varie de 0.3% à 0.4%
dans le jeu normalisé de 0.0009. Alors, les simulations confirment que le débit de fuite
augmente lorsque la taille du jeu augmente. L'incrément du jeu (-44%) produit une
augmentation du débit de fuite d'environ 150%. Ce fait est plus ou moins en accord avec le
modèle analytique de l'écoulement dans le jeu entre deux cylindres gouverné par : q ~
APh3/p [15]. Plusieurs autres modèles analytiques d'un écoulement dans un interstice
montrent aussi que le débit est une fonction du gradient de pression (AP) et du jeu (h).

On constate qu'en augmentant le débit et en réduisant le jeu, la somme des couples


extérieurs augmente, selon la loi de transfert de quantité de moment cinétique (formule 1.12
et 1.13). C'est pourquoi l'écoulement de fuite est vu empiriquement comme une perte qui
se produit dans la roue. Le débit de fuite ne contribue pas à l'énergie massique qui se
transfère aux aubes de la roue. Alors, l'effet de réduire le jeu de 0.0013 à 0.0009 représente
une augmentation du couple d'environ 1% ou 2.4%, dépendamment du point d'opération.
Egalement, le fait de ne pas inclure le jeu dans les simulations numériques représente une
surestimation du couple. Dépendamment du point d'opération, le couple de nos simulations
sans le jeu est entre 3.5% et 5.5% plus grande que le couple de nos simulations avec le jeu
de 0.0009.
53

a)
1% -

0.9% Jeu 0.0013 ^ ^ M ■

L ^ ^ ^ ^ ~ ^
■zro.8%

O -
0s-
'—'0.7% —
-
u^ H
•o ~
• 0.6% _
-
u
T3

<M
IS 0.5% -
35 _
Q
0^0.4% -_ Jeu 0.0009 .

0.3%

, , i
o. 2 % 0 i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i

.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15


Débit normalisé Q * [-]

b)

1.25 :
1.2 i /■
sans Jeu
N
/ M
1.15 1
y///p
1.1 Jeu 0.0009
/ / /
i — i

(—--i 1.05 /
) T
y S
/ OP4
*<D Jeu 0.0013 / / S
J"ë3 1 y^yC/
/ / / OP3
S 0.95
//V
O
g
<D
0.9 s// 3 9 1
s s s
*O,0.85 :
3
//y
/ SJ xV
O 0.8 ■ /
U / //
0.75 ï
' om//s
0.7 i
' J ^
0.65 i■ *

i i 1
• \ \ ï 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15
Débit normalisé Q* [-]
Figure 3.8. a) Débit de fuite calculé numériquement pour chaque jeu de bout d'aube,
b) Couple calculé numériquement pour chaque jeu de bout d'aube.
54

Chute nette et pertes


La chute nette (H'), qui représente la différence de pression totale dans le domaine de
calcul, est une des composantes importante pour calculer la puissance disponible dans le
fluide. En outre, la puissance disponible dans le fluide est utile pour connaître les pertes
relatives (Ç) dans la roue. Nous considérons donc important de comparer la chute nette et
les pertes obtenues de nos simulations CFD. Elles sont calculées respectivement avec les
équations 3.12 et 3.13. Les valeurs présentées ici correspondent à six fois la valeur d'un
passage périodique interaube de la roue. Les valeurs de la pression statique P et de la
vitesse V correspondent aux valeurs moyennes pondérées avec le débit massique.

' P V2' ' P V2'


H'= 2 2
(3.12)
.PS 8 . Met .PS 8_ Outlet

c= (pgH'Q)-(Cû))
(pgH'Q)
(3.13)

Puisque la puissance disponible dans le fluide (pgQH') est dépendante de la chute nette,
lorsque H' augmente, la puissance disponible dans le fluide traversant la roue augmente. Si
la géométrie des aubes est bien adaptée aux conditions de l'écoulement, la puissance
extraite par les aubes (Cco) est maximum. Autrement, les pertes relatives Ç se produisent
dans la roue et deviennent plus significatives lorsque la différence entre la puissance
disponible et la puissance extraite devient plus grande, pour une condition d'opération
donnée.

Les courbes suivantes montrent la tendance de ces paramètres pour chaque largeur du jeu
de bout d'aube aux quatre conditions d'opération de la turbine (OP1-OP4). Les valeurs de
la chute nette sont normalisées avec la valeur expérimentale de la condition de meilleur
rendement OP3.
55

a)

l.l r

1.05 sans .Jeu

&3 "

0.95

g 0.9
Z
1 0.85

0.8

Q 73 r i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i
' 0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15
Débit normalisé Q* [-]

'.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15


Débit normalisé Q* [-]

Figure 3.9 Comparaison des paramètres H' et Ç pour les différentes simulations CFD.
a) Chute nette dans la roue b) Pertes dans la roue.
56

Nous observons que le couple (figure 3.8.b) et la chute nette (figure 3.9.a) augmentent
d'une façon similaire et que les pertes relatives sont réduites lorsque le débit augmente. En
d'autres mots, lorsque le débit augmente, la chute nette augmente aussi générant plus de
puissance disponible dans la roue. Donc, ayant plus de puissance disponible dans la roue,
les aubes peuvent extraire plus du couple du fluide pour générer de la puissance mécanique.

Le fait que les pertes diminuent lorsque Q, H' et C augmentent (figure 3.9b) signifie, soit
que l'écoulement s'adapte mieux à la géométrie des aubes, soit que l'effet de joint du jeu de
bout d'aube est plus efficace. De même, plus le jeu est petit, moins les pertes sont
importantes dans la roue pour une condition d'opération donnée.

3.3 Tourbillon de bout d'aube


La modélisation numérique (CFD) nous permet d'analyser un écoulement de façon
détaillée dans un domaine de calcul. Nous profitons de cet avantage pour observer certains
phénomènes qui se développent dans la roue de la turbine hélice aux endroits où il est
difficile de mesurer expérimentalement l'écoulement, tel que dans le jeu de bout d'aube.
Les effets de rotation et l'interaction des couches limites rotatives déjà mentionnés dans les
sections 3.1 et 3.2 contribuent au développement des structures tourbillonnaires dans la
roue des turbomachines. Nous observons différents types de tourbillons à différentes
conditions de fonctionnement de la turbine, donc différentes situations de l'écoulement
dans la roue. Les tourbillons sont appelés de différentes façons selon le mode ou lieu de
production. J.P. Franc et al. [17] nomment plusieurs types qui peuvent se développer autour
d'ailes ou d'aubes de machines hydrauliques, par exemple : les tourbillons d'apex au bord
d'attaque, marginal à l'extrémité de l'envergure des aubes, de moyeu dans une roue hélice,
ou de Karman à l'arrière des corps.

Les résultats de nos simulations à charge partielle nous permettent d'observer d'une façon
claire, grâce aux isosurfaces de pression, les tourbillons développés dans plusieurs endroits
de la roue hélice. La figure 3.10 montre dans le repère de la roue le tourbillon de moyeu, le
tourbillon du coin de bord d'attaque et le tourbillon de bout d'aube. Ce dernier est aussi
connu comme le tourbillon marginal, on le visualise mieux sur les figures 3.11 et 3.12. La
figure 3.10 montre d'ailleurs des contours de la composante de vitesse circonférentielle à
l'entrée et à la sortie des aubes. Nous remarquons que les régions de grande vitesse
circonférentielle coïncident avec les régions où nous observons les tourbillons. Nous
concentrons maintenant notre attention sur leur formation, leur développement puis leur
influence dans l'écoulement en aval du tourbillon de bout d'aube.
57

Tourbillon du coin
bord d'att Tourbillon du
moyeu

Les régions où la magnitude de la vitesse


circonférentielle est plus grande sont
Tourbillon de ^ l associées aux tourbillons.
bout d'aube *

Figure 3.10. Structures tourbillonnaires aux différents endroits dans la roue hélice.
Simulations CFD avec un jeu de bout d'aube T=0.001 3 au point d'opération OP2.

Comme nous l'avons déjà mentionné, un tourbillon marginal est présent à l'extrémité de
l'envergure des aubes ou des ailes. Dans le cas que nous étudions, les aubes de la roue
hélice sont confinées par le manteau de la turbine, faisant en sorte que le tourbillon de bout
d'aube n'est pas libre de se développer. La présence d'un jeu petit entre le bout de l'aube et
le manteau (h< 1 mm), influence la dynamique de ce tourbillon. Puisque la formation et
l'évolution du tourbillon se produit dans une zone où l'écoulement est très cisaillé, nous
avons utilisé le critère Q pour l'identifier et le caractériser. Le critère Q est une approche
formelle qui est basée sur la différence entre les modules de vorticité (co) et le taux de
déformation (D) selon Q=0.5 (llcoll2-IIDII2). [44]

Les lignes de courant présentées à la figure 3.11 dans le repère de la roue montrent la
structure tourbillonnaire et l'écoulement de fuite à l'extrémité de l'aube. À gauche, voit le
tourbillon sur le coté succion de l'aube (extrados), lequel est convecté vers l'aval par
l'écoulement moyen. Ce tourbillon se crée par l'enroulement des feuilles de vorticité sur la
surface de l'aube.

Des contours du critère Q sont tracés le long de la corde sur le bord de l'aube à la figure
3.12. La figure 3.13 montre les cœurs des tourbillons et leurs interactions avec la couche
limite du manteau. En se basant sur les résultats des simulations, nous présumons la
dynamique du tourbillon de bout d'aube comme suit : l'origine du tourbillon marginal est
localisée à environ 20% de la corde. Bien que le tourbillon soit alimenté de façon constante
par les couches de vorticité, la diffusion visqueuse et le gradient de pression radial font
augmenter son diamètre tandis qu'il est séparé de la paroi et convecté vers l'aval.
L'interaction du tourbillon avec la couche limite du manteau cause sa séparation et son
enroulement. L'élargissement de la taille du tourbillon occasionne une réduction du module
de vorticité maximale au cœur du tourbillon.
58

Figure 3.11. Résultats des simulations CFD de la condition d'opération OP2 et de la largeur du jeu r=0.0013.
Tourbillon de bout d'aube sur le côté succion de l'aube.

Figure 3.12. Contours du critère Q au bout de l'aube. Calcul correspondant à la condition d'opération OP3 et
de la largeur du jeu T=0.0013.
59

r=0.0009

2.0e+007
1.9e+007
a) 1.7e+007
1.6e+007
1.5e+007
1.3e+007
1.2e+007
1.1e+007
9.3e+006
8.0e+006
6.7e+006
5.3e+006
4.0e+006
2.7e+006
1.3e+006
O.Oe+OOO
b) [sA-2]

c)
Figure 3.13. Comparaison qualitative du cœur du tourbillon de bout d'aube pour les deux largeurs de jeu.
Contours du critère Q à trois positions de la corde sur le bout de l'aube a), b) et c).
60

Les figures 3.14-3.16 présentent les vecteurs de la vitesse méridionale sur les mêmes plans
a), b) et c) que la figure précédente. La direction des vecteurs montre l'effet des
écoulements secondaires auxquels Tallman J. et Lakshminarayana B. [39] font aussi
référence dans leur étude d'une turbine axiale à gaz. Les contours de ces figures reflètent
aussi une grande partie de la composante tangentielle de la vorticité. Nous constatons donc,
les deux sens de cette composante de vorticité. Elle est positive près de la paroi de l'aube et
négative près du manteau. Alors l'écoulement que traverse le jeu plus près de la paroi de
l'aube s'enroule au dessous l'aube tandis que l'écoulement qui traverse le jeu plus près du
manteau résiste à l'enroulement. Une plus grande quantité d'écoulement de fuite s'enroule
autour du tourbillon de bout d'aube pour le jeu le plus grand, faisant en sorte que le
diamètre du tourbillon est plus grand que pour le cas du jeu plus petit.

x = 0.0009 x = 0.0013
SESIS

Figure 3.14. Comparaison des vecteurs de vitesse et des contours de vorticité dans les deux jeux à 23% de la
corde de l'aube au point d'opération OP3.
61

x = 0.0009 1 = 0.0013

Figure 3.15. Comparaison des vecteurs de vitesse et des contours de vorticité dans les deux jeux à 50% de la
corde de l'aube au point d'opération OP3.
T = 0.0009 T = 0.0013

Figure 3.16. Comparaison des vecteurs de vitesse et des contours de vorticité dans les deux jeux à 77% de la
corde de l'aube au point d'opération OP3.

La figure 3.17 montre les tendances du module de vorticité maximale et de la pression


minimale au cœur du tourbillon de bout d'aube pour les quatre conditions d'opération
simulées. Ces tendances nous permettent de comparer ces deux paramètres caractéristiques
des tourbillons générés pour les deux jeux de bout d'aube. Pour complementer
l'information fournie par les tendances du module de vorticité et la pression, la figure 3.19
compare aussi les profils de vitesse à l'intérieur des jeux (T = 0.0013, T =0.0009) sur trois
positions au long de la corde : 23%, 50% et 77%. De la même manière, la figure 3.20
compare les profils de vitesse de trois régions voisines du côté succion de l'aube où les
contours du critère Q montrent l'enroulement du tourbillon de bout d'aube (figure 3.12).

Sur la figure 3.17b, on voit que la pression minimale dans le cœur du tourbillon de bout
d'aube est située entre 60% et 80% de la corde pour toutes les conditions d'opération. Les
simulations avec le jeu r = 0.0013 ont produit des pressions beaucoup plus petites au cœur
du tourbillon que celles du plus petit r = 0.0009, sauf pour le point d'opération n° 2. Le
comportement au point d'opération OP2 demeure inexpliqué.
63

T = 0.0009 1 = 0.0013

60
% Corde

b)
«5

•.25

0 :
0 75 -^>\ / J /
^ - ^ ^ \ ^
0.5 ■ ^ ^ ^ ^ ^

0.75 OP4

1.25
to M
VoConle •/«Coide

Figure 3.17 Résultats des simulations CFD prenant compte des deux jeux de bout d'aube (à droite T = 0.0013,
à gauche T = 0.0009). a) Tendance du module de vorticité dans le cœur du tourbillon de bout d'aube b)
Tendance de la pression statique minimale dans le cœur du tourbillon de bout d'aube.

Puisque les tourbillons donnent lieu à une diminution de la pression, ils sont associés à un
certain type de cavitation, laquelle est nuisible dans les machines hydrauliques. Ainsi, un
jeu plus grand représente un risque plus élevé de cavitation dans la roue d'une turbine
hélice. À la figure 3.18, pour la surface de l'aube du côté succion, nous observons une
basse pression à l'endroit du tourbillon de coin du bord d'attaque et pour le tourbillon de
bout d'aube.

On remarque aussi sur la figure 3.17a que le module de vorticité augmente quand le jeu
diminue. On pourrait comprendre cette tendance de la vorticité par analogie avec
l'écoulement de Couette (figure 1.3) en présence de pressions constantes sur l'intrados
(côté surpression) et l'extrados (côté sous pression) et d'un déplacement constant de l'aube.
Au fur et à mesure que le jeu est réduit, le gradient de vitesse radiale devient plus important
64

dans le jeu, comme le montre la figure 3.19. Donc la vorticité grandit. Ainsi, pour le jeu le
plus grand (r=0.0013), il y a moins de vorticité injectée dans l'écoulement. Par contre, pour
le jeu le plus petit (r=0.0009), il y a plus de vorticité injectée dans l'écoulement. Notons
que cette explication ne peut être que partielle, car elle ne prend pas en compte le débit de
fuite qui diminue avec le jeu, tel que montré à la figure 3.8.a.

Pression normalisé
1.000e+000
7.850e-001
5.700e-001
3.550e-001
1.400e-001
-7.500e-002
-2.900e-001
-5.050e-001
-7.200e-001
-9.350e-001
-1.150e+000
Figure 3.18. Résultat de la pression sur le côté succion de l'aube sous une condition d'opération à charge
partielle OPI et un jeu de bout d'aube T=0.0013.

À la section 4.4 nous montrerons plus en détail la variation de la pression sur les surfaces
des aubes pour tous nos calculs CFD. Nous utiliserons le coefficient de pression Cp pour
estimer le chargement hydrodynamique sur l'aube. Nous calculerons séparément le
coefficient Cp d'intrados et d'extrados de l'aube. De cette manière, nous constaterons l'effet
que la variation de pression de l'écoulement produit sur les surfaces des aubes.

Sur la figure 3.19, nous observons que les formes des profils de la composante de vitesse
radiale Vr à l'intérieur des deux jeux sont similaires et que les formes des profils des
composantes V, et Vz changent légèrement à 50% et 77% de la corde. Nous supposons donc
une similitude partiale de la dynamique de l'écoulement de fuite lorsque la largeur du jeu
change. Par contre, nous constatons avec la figure 3.20 que la dynamique du tourbillon de
bout d'aube n'est pas similaire au long de la corde lorsque le jeu change. La comparaison
des profils des composantes V, et Vr entre les deux jeux montre une différence évidente
dans le cœur du tourbillon de bout d'aube à 77% de la corde. Les profils des composantes
de vitesse dans le cœur du tourbillon de bout d'aube montrent les maximums et les
minimums très près du manteau, lesquels peuvent être interpréter de la façon suivante.

Au long de la corde de l'aube, les valeurs minimums des profils de la composante Vz se


situent entre 99.5% et 99.85% du rayon. Avec les chutes de profils nous pouvons déduire si
l'écoulement à l'extérieur de la couche limite accélère ou décélère au long de la corde. La
forme de ces chutes nous permet aussi d'observer pour chaque largueur du jeu l'évolution
65

spatiale de l'épaisseur de la couche limite près du manteau. Pour un jeu plus petit, le
gradient de vitesse axiale diminue (l'écoulement décélère). Donc, la couche limite épaissie
au fur et à mesure qu'on se déplace vers l'aval au long de la corde. Par contre, pour un jeu
plus grand le gradient de vitesse axiale augmente au long de la corde (l'écoulement
accélère) et l'épaisseur de la couche limite amincie. Ces profils montrent aussi que les
normes des valeurs minimums de Vz du jeu 0.0013 sont plus grandes que les normes du jeu
0.0009 dans les trois positions au long de la corde.

Près du manteau, les profils de vitesse V, et Vr montrent un accroissement de magnitudes.


Pour le jeu plus petit, le pic de la composante V, s'élargie sur le rayon au fur et à mesure
qu'on se déplace vers l'aval (77% de la corde). Nous associons cet élargissement à la
diffusion visqueuse du tourbillon de bout d'aube. Pour un jeu plus grand, les pics de la
composante Vt sont plus élevés mais moins étendus sur le rayon.

OP3 T = 0.0009 OP3 x = 0.0013

Figure 3.19. Comparaison des profils de vitesse de l'écoulement a l'intérieur des jeux.
À droite T = 0.0013 et à gauche T = 0.0009.
66

0P3 T = 0.0009 OP3T= 0.0013

0,97 0,975 0.98 0,985 0,99 0,995 1 0,97 0,975 0,98 0,985 0,99 0,995
Rayon normalise^ R^onnormds w r.i

0>7 0,975 0,98 0,985 0,99 0,995 ' b>7 0,975 0,98 0,985 0,99 0,995 i
Rayon normalisé [-1 Ravnn normalisé M
Corde 23% -*- Corde 50% -*- Corde 77%
Figure 3.20. Comparaison des profils des composantes de vitesse de l'écoulement au cœur du tourbillon de
bout d'aube (Q max).

Remarquons que le rayon de référence utilisé pour normaliser le rayon dans les figures 3.19
et 3.20 correspond au rayon à la sortie de la roue. Puisque la géométrie du manteau présente
une légère divergence, le rayon de référence est alors en peu plus grande que les rayons en
amont. Donc les profils des vitesses dans les figures 3.19 et 3.20 dépassent légèrement la
valeur de 1.
67

Chapitre 4 Comparaison des résultats numériques


avec des mesures expérimentales
L'utilisation de la dynamique de fluides numérique (CFD) est de plus en plus répandue
comme outil de conception et d'optimisation des composantes des machines hydrauliques
chez les industriels, car elle fournit un bon compromis entre son coût et sa précision. Les
industriels sont intéressés par l'analyse et la compréhension de certains phénomènes de
l'écoulement pour pouvoir améliorer les conditions de l'écoulement et ainsi la performance
des machines. Pour cette raison, il est efficace de se servir de cet outil ingénieux pour
analyser d'une façon minutieuse le comportement de l'écoulement.

Le projet AxialT a consisté à étudier expérimentalement la physique de l'écoulement dans


un modèle réduit d'une turbine axiale de type hélice puis de la simuler numériquement. Les
techniques des mesures expérimentales qui ont été utilisées dans le projet AxialT sont :
Vélocimétrie Laser Doppler (LDV), Vélocimétrie par Images des Particules (PÎV) et une
sonde de pression instationnaire. En ce qui concerne la roue de la turbine hélice, des
mesures 2D-LDV et 3D-PIV ont été réalisées à la sortie de la roue. Aussi des mesures 3D-
PrV ont été réalisées au rayon moyen du passage inter-aube. Ces résultats des mesures ont
été publiés respectivement aux conférences internationales de machines hydrauliques IAHR
2008 par Gagnon et al. [19] et IAHR 2009 par Beaulieu S., et al. [3].

D'un autre coté, nous avons réalisé des simulations numériques dans la roue de la turbine
hélice à l'aide du logiciel CFX 11.0 pour complementer l'étude des écoulements dans cette
composante. De cette manière, nous avons pu examiner au chapitre 3 l'influence du jeu de
bout d'aube sur l'écoulement et sur les paramètres de performance de la roue de la turbine
hélice. Dans les sections 3.2 et 3.3, nous avons décrit l'effet du jeu sur la formation des
tourbillons au bout de l'aube et nous avons aussi illustré l'écoulement de fuite puis le
développement des tourbillons. Dans ce travail de maîtrise, nous n'approfondissons pas les
techniques de mesure, nous utilisons seulement les résultats pour les comparer avec nos
résultats numériques. Puisqu'il n'y a pas des mesures disponibles dans les environs du jeu
de bout d'aube, nous validons d'une façon indirecte les résultats des simulations avec les
mesures les plus près à la sortie des aubes de la roue. C'est-à-dire que nous comparons les
champs de vitesse des résultats CFD avec les mesures 2D-LDV sur le plan 5a et les
mesures 3D-PrV en sortie de roue tel qu'indiqué sur la figure 4.2. L'analyse de champs de
vitesse montrera aussi l'influence des tourbillons de bout d'aube sur l'écoulement en aval
des aubes et complémentera l'information du chapitre 3.

Au chapitre 2, nous avons déjà expliqué la modélisation numérique dans la roue de la


turbine hélice. Présentement, il est important de se rappeler que nous avons utilisé un
modèle de turbulence SST pour simuler un seul passage périodique, lequel tient compte du
jeu de bout d'aube. Deux largeurs du jeu de bout d'aube ont été simulées (T = h/D) :
T = 0.0013, x = 0.0009. Nous avons aussi réalisé des simulations sans le jeu T = 0.0.

Un autre paramètre important de nos calculs est la condition d'opération de la turbine,


laquelle est fonction de l'ouverture des directrices du distributeur, donc du débit, comme il
68

est montré dans la figure 4.1. D est important de mentionner que la condition de
l'écoulement OP3 correspond à la condition de meilleur rendement de la turbine. Par
contre, les conditions de l'écoulement OPI et OP2 correspondent à une condition de charge
partielle et OP4 à la condition de puissance maximale. Cette figure présente les valeurs des
débits expérimentaux et ceux imposés dans nos calculs CFD.

Nous avons trouvé une différence d'environ 1% dans les débits CFD par rapport aux débits
expérimentaux. La différence provient de la procédure pour moyenner les profils de vitesse
dans l'interface distributeur-roue des résultats numériques de la turbine complète. Puisque
les profils moyennes ont été imposés comme condition de frontière à l'entrée du passage,
ils entrainent cette petite différence dans le débit. Ainsi, on peut s'attendre à ce que 1% de
différence dans le débit implique aussi des différences dans les résultats des performances,
lesquels seront présentés plus bas.

1.15

1.1

1.05 C F D ^ :

1 -—"""Exp.
— i

0*0.95

0.9

0.85
i i
0.8
l 2 J 4
OP
Figure 4.1. Différence d'environ 1% dans les débits imposés aux calculs CFD
par rapport aux débits expérimentaux.

Rappelons également que les simulations de la présente recherche ont été réalisées avec
l'aube no 2 du modèle hélice utilisé dans le projet AxialT. Ce choix limite les possibilités
de validation des résultats avec les valeurs expérimentales. En effet, une étude récente
d'Hydro-Québec [31] a montré que le choix dans le modèle d'une aube plutôt qu'une autre
peut entrainer des différences significatives dans l'estimation des caractéristiques globales
de la machine. A partir d'une simulation RANS avec le modèle k-e, ils ont obtenu pour
l'aube n° 2 jusqu'à 6% de différence sur la puissance par rapport à celle déduite de la
moyenne des aubes. Par conséquence, les résultats des simulations numériques et des
mesures expérimentales seront ici simplement comparées.
69

4.1 Comparaison des champs de vitesse CFD et LDV


sur un plan horizontal
Premièrement, nous comparons les résultats expérimentaux des mesures 2D-LDV et les
résultats de la CFD. Les mesures LDV utilisées dans ce chapitre sont celles réalisées à l'axe
5a en juin 2009. Elles ont été réalisées à partir d'un angle de la roue donné (93.5 dégrées)
sur 12 points du rayon mais compilées en moyennes de phase (360 phases de 0.5 degrés),
c'est-à-dire qu'elles tiennent compte de la position angulaire de la roue au moment de la
mesure.

Les données des composantes de vitesse circonférentielle et axiale ont été interpolées sur
une grille perpendiculaire à l'axe Z sur le plan 5a. Ce plan de comparaison sur l'axe Z est
indiqué dans les figures 2.1 et 4.2. Pour montrer une meilleure perspective de l'écoulement,
les résultats CFD montrés ici sont six fois les résultats périodiques que nous avons simulés
dans un seul passage périodique. Les figures 4.3 et 4.4 exposent les champs de vitesse
circonférentielle et axiale sur le plan 5a, dans le repère absolu. Chaque rangée d'images
présente des contours pour une seule condition d'opération et une variation du jeu. Donc,
chaque colonne d'images permet de visualiser une évolution du champ de vitesse selon la
condition d'opération en gardant constant une même largeur du jeu. Le jeu de bout d'aube
est normalisé avec le rayon r = h/D, les composantes de vitesse axiale et circonférentielle
sont normalisées avec la vitesse débitante (V = Q/A), où Q correspond au débit de la
condition de meilleur rendement (OP3), et A correspond à l'aire à la sortie de la roue
(nD2/4).

Premièrement, nous expliquons d'une façon concise le comportement de la composante


circonférentielle de l'écoulement que nous comparons dans le plan 5a. Chaque colonne
permet de visualiser un changement graduel dans la direction de l'écoulement. Pour une
même largeur du jeu, les points d'opération OP2 et OP3 montrent la transition de ce
changement à travers un ralentissement. Les champs passent donc d'une vitesse
circonférentielle plus grande (alignée avec le sens de rotation de la roue) en OPI à une
vitesse circonférentielle plus basse/négative en OP4.

Plan de
mesure
LDV (5a)

Plan de
mesure
PIV (3.5°)

Figure 4.2. Plans de comparaison des champs de vitesse entre les mesures expérimentales et la (JhD
70

Condition d'opération 1 - Plan 5a LDV Vitesse circonférentielle


OPI C F D ^ - ^ , w/o Gap OPI CFD Gap 0.0009 OPI rvn — r^nnonn OPI EXP

Condition d'opération 2 - Plan 5a


OP2 C T D ^ ^ ^ v i ï / o Gap O P 2 C F D ^ ^ — i ^ a p 0.0009 O P 2 C F D ^ — ^ G a p 0.0013 OP2 E X P ^ ^ ^ ^ ^

Condition d'opération 3 - Plan 5a

Condition d'opération 4 - Plan 5a

-0.1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Figure 4.3. Comparaison du champ de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue. Contours de
vitesse circonférentielle VB2/Vref sur le plan 5a.

Comme on peut le voir sur lafigure4.3, nous observons en général une augmentation de la
vitesse circonférentielle en s'éloignant du centre (moyeu). Pour OP3 et OP4, la direction de
la composante circonférentielle de la vitesse s'inverse près du moyeu. L'ouverture des
directrices du distributeur et la conception des aubes de la roue entrainent ce changement
dans la direction de la composante de vitesse circonférentielle à la sortie des aubes. Ceci a
un impact positif sur le couple, donc sur la puissance. En effet, l'équation 1.2 démontre que
le terme du moment angulaire à la sortie des aubes (r2Ve2) devient positif lorsque la vitesse
circonférentielle à la sortie des aubes Vg2 est négative. Dans ce cas, le terme du moment
71

angulaire à la sortie des aubes (r2Ve2) s'additionne au terme du moment angulaire à l'entrée
des aubes (r,V8l). Ainsi, le couple et la puissance augmentent au fur et à mesure que la
vitesse circonférentielle change de direction.

Les régions de grandes vitesses circonférentielles près du manteau sont associées aux
tourbillons de bout d'aube et autres tourbillons qui émergent du passage interaube. La
condition d'opération OPI montre les régions de vitesse circonférentielle les plus
importantes associées à ces tourbillons. Cette présence diminue à mesure que la charge
augmente avec les autres conditions d'opération.

On constate finalement une bonne ressemblance des champs de vitesse circonférentielle


entre la CFD et les mesures LDV. Les champs des simulations avec le jeu x = 0,0013 sont
les plus proches de ceux de la mesure. La comparaison des profils nous montrera les détails
que les contours ne laissent pas entrevoir.

Nous comparons maintenant les contours de la composante de vitesse axiale Va2/Vref, sur la
figure 4.4. Ds sont tous présentés avec une échelle négative car la direction de cette
composante dans l'écoulement est alignée avec l'axe -Z du repère de référence. La
condition d'opération OPI montre plus de contrastes que les autres conditions d'opération
dans la magnitude de cette composante de vitesse. L'écart est d'environ 78% dans la
magnitude de la vitesse axiale entre les deux régions les plus extrêmes. La région avec la
norme de vitesse la plus faible est localisée dans la portion interne du contour (R/Rref <
0.68). La région avec la norme de vitesse la plus grande est localisée dans la portion externe
(R/Rref > 0.68). Les autres conditions d'opération montrent un écart moins important que la
condition OPI mais les mêmes tendances. Les champs correspondant à la condition
d'opération de meilleur rendement OP3 semblent être plus uniformes sauf près des parois
(moyeu et manteau).

De la même façon que pour les contours de la vitesse circonférentielle, les contours de la
vitesse axiale montrent une bonne ressemblance avec les mesures expérimentales. Ici
encore les résultats avec le jeu x = 0,0013 semblent plus proches de ceux la mesure LDV
que les autres simulations. Les profils de vitesse dans la section 4.3 nous permettront
d'observer d'une façon plus claire les différences entre ces deux types de données.
72

Condition d'opération 1 - Axe 5a LDV Contours de vitesse axiale


OPI CFD *"'" OPI C F D ^ ^ ^ < 3 a p 0.0009 OPI CFD Gap 0.0013 OP1EXP

Condition d'opération 2 - Axe 5a

Condition d'opération 3 - Axe 5a

Condition d'opération 4 - Axe 5a

-1.3 -1.25 -1.2 -1.15 -1.1 -1.05 -1 -0.95 -0.9 -0.85 -0.8 -0.75 -0.7
Figure 4.4. Comparaison du champ de vitesse axiale en aval des aubes de la roue. Contours de vitesse axiale
Va2/V„f sur l'axe 5a.

4.2 Comparaison des champs de vitesse CFD et PIV


sur un plan vertical
Les mesures PrV quant à elles sont également compilées en moyennes de phase (60 phases
dans le passage interaube). Nos simulations sont comparées avec la onzième phase, dans le
repère absolu. La zone PrV comparée est montrée à la figure 4.2.
73

Les figures 4.5-4.7 montrent les champs de vitesse circonférentielle, axiale et radiale sur le
plan vertical du PrV à la sortie de la roue.

Avec le plan vertical du PPV, nous observons clairement près du manteau sur la figure 4.5
les régions de vitesse circonférentielle plus élevée, lesquelles sont associées au passage des
tourbillons du coin de bord d'attaque et de bout d'aube. Remarquons que les tourbillons de
bout d'aube sont absents de la simulation sans jeu. Nous observons aussi un changement de
direction de la composante circonférentielle pour une portion centrale des écoulements
simulés à OP3 et OP4. Lorsqu'on compare les résultats de la CFD et le PrV, nous réalisons
que près de la paroi du cône, les simulations avec jeu rapportent d'avantage les subtilités de
l'écoulement mesuré avec le PIV que celles sans jeu. Cependant, nous observons des
différences significatives par rapport à ces mesures en dessous du moyeu.

Vitesse Circonférentielle
CFD OPI sans gap CFD OPI gap 0.0009 CFD OPI gap 0.0013 PIV OPI

CFD OP3 sans gap CFDOP3 gap 0 0009 CFDOP3 gap 0.0013 PIVOP3

-0.075 0 0.075 0.15 0.225 0.3 0.375 0.45 0.525 0.6 0.675 0.75 0.825
Figure 4.5. Comparaison des champs de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue.
74

Le champ de la composante de vitesse axiale (figure 4.6) montre une région de vitesse
positive en dessous du moyeu, c'est-à-dire une zone de recirculation. Cette zone est plus
large dans une condition d'opération à charge partielle OPI que dans les autres conditions
d'opération. Cependant, la différence la plus notable entre la CFD et le PTV est présente
dans la condition d'opération OP4 où la distribution et la magnitude varient largement en
dessous du moyeu. Une explication pour ces différences sous le moyeu a été donnée au
workshop du Consortium en machines hydrauliques le mois de novembre 2009, où il a été
constaté que le moyeu du modèle était percé sous la roue tandis que celui du maillage ne
l'était pas.

La figure 4.7 montre la vitesse radiale de l'écoulement. Cette composante est plus petite
que la composante circonférentielle et la composante axiale.

Vitesse axiale
CFD OPI sans gap CFD OPI gap 0.0009 CFD OPI gap 0.0013 PIV OPI

CFDOP2 sans gap CFDOP2 gap 0.0009 CFDOP2 gap 0.0013 P1VOP2

-1.15 -1 -0.85-0.7-0.55-0.4-0.25-0.1 0 0.05 0.2 0.35


Figure 4.6. Comparaison des champs de vitesse axiale en aval des aubes de la roue.
75

Vitesse radiale

-0.1-0.05 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3


Figure 4.7. Comparaison des champs de vitesse radiale en aval des aubes de la roue.

4.3 Comparaison des profils de vitesse moyens CFD et


LDV
Nous comparons les profils expérimentaux avec les profils des calculs CFD des deux
largeurs du jeu et les calculs sans le jeu. D s'agit des profils moyennes de façon
circonférentielle sur l'axe 5a, mesurés pour l'angle 93.5 dégrées dans le cas du LDV. Ds
montrent les détails de la distribution des composantes de vitesse sur le rayon. La
comparaison des figures 4.8 et 4.9 est organisée de la même façon que celle des contours,
chaque colonne présentant une largeur du jeu constante.
76

À cause des limitations inévitables de la CFD et des mesures, nous observons certaines
différences entre les profils moyens des simulations numériques et les mesures LDV. De
manière générale, les résultats numériques montrent que la composante de vitesse axiale est
en meilleur accord avec les mesures que la composante circonférentielle.

Nous discuterons en premier des différences de la composante circonférentielle (figure 4.8).


Même si les formes des profils sont similaires pour la plupart du rayon, les profils CFD
montrent un déplacement vers une magnitude inférieure par rapport aux profils
expérimentaux, différence qui demeure inexpliquée. Ce décalage est plus faible pour le jeu
de largeur r=0.0013. La forme des profils est différente près du manteau (entre 80% et
100% du rayon). Les mesures expérimentales ne captent pas le deuxième pic que les
simulations numériques présentent. Dans la condition d'opération OP3 par exemple, les
profils CFD avec jeux montrent deux sommets de vitesse circonférentielle situés entre 78%
et 97% du rayon. Par contre, le profil de la simulation sans le jeu montre un seul sommet à
78% du rayon et une légère crête entre 90% et 100% du rayon. Les profils de la vitesse
circonférentielle des calculs numériques, OP2 et OP3, avec un jeu plus petit montrent une
meilleure concordance avec les profils expérimentaux.

Maintenant, nous commentons la comparaison des profils de la composante de vitesse


axiale (figure 4.9). Les profils de simulations tenant compte du jeu montrent une meilleure
cohérence avec les mesures expérimentales que les profils de simulations ne tenant pas
compte du jeu. La meilleure concordance avec le profil expérimental est le résultat du
calcul avec le jeu 0,0013. Pour la condition OPI, on s'aperçoit que la magnitude de la
vitesse axiale diminue d'une façon graduelle entre le moyeu et 65% du rayon. La cause
principale de cette tendance, près du moyeu, est liée à la géométrie des composantes de la
turbine, mais ensuite à 80% du rayon on observe une chute brusque où se situe le minimum
du profil de la vitesse axiale. Ce minimum des profils à charge partielle est associé au
tourbillon du coin de bord d'attaque, alors que le minimum local des profils plus près du
manteau du jeu le plus spacieux (x=0.0013) est associé au tourbillon de bout d'aube.
77

Condition d'opération 1 - Axe 5a Profils de vitesse circonférentielle



1,2f 1,2

0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0.7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
R/Rref [-] R/Rref[-] R/Rref[-]
-CFD w/o gap-EXP - CFD gap 00009 - EXP -CFD gap 0.0013- EXP
Condition d'opération 2 -Axe 5a
i 1 1
I
I
0.8 0,8 I - -- -: 0,8
;
ï0'6 |o.e |M
50,4 50,4 i 50,4

0,2 0,2 02
l
1
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
I1 00,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
R / Rref [-] R / Rref [-] R / Rref [-]
-CFD w/o gap-EXP -CFD gap 0.0009-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Condition d'opération 3 - Axe 5a
: :
0,8 f '~~^ ' 0,8

0,6

Z
04
I5 0,2'
0

-0.2
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
R/Rref [-] R / Rref [-] R / Rref [-]
-CFD w/o gap-EXP -CFD 0.0009-EXP CFD gap 0.0013-EXP
Condition d'opération 4 - Axe 5a
0,6 0,6 0,6 i i ... . t .. J
• I i 1 ' 1
0,4 •
0,4

S 0,2 Jo,2 i-0,2


I
1 i y y^ \
J \
I o
5 ° -•<
5 o
-0,2 ^j/^ -0,2 1
— i
-0,2
i ■
-0,4
-0.4 -0.4 i
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 " 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 ' 0,3 0,4 o;5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
R/Rref[-] R/Rref[-] R/Rref[-]
-CFD w/o gap -EXP -CFD gap 0.0009-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Figure 4.8. Comparaison des profils de vitesse circonférentielle en aval des aubes de la roue (axe 5a) (mesures
LDV en traits pointillés, CFD en traits pleins).
78

Condition d'opération 1 - Axe 5a Profils de vitesse axiale


-
or ~~! r o^

0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
R / Rref [-] R / Rref [-] R / Rref [-]
-CFD w/o gap -EXP -CFDgap0.0OO9-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Condition d'opération 2 - Axe 5a

0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
R / Rref [-] R / Rref [-] R / Rref [-]
-CFD w/o gap-EXP -CFD gap 0.0009-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Condition d'opération 3 - Axe 5a

0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
R/Rref[-] R/Rref [-] R/Rref[-]
-CFD w/o gap-EXP -CFDgap0.00O9-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Condition d'opération 4 - Axe 5a

-0,2
-0,4
ï-0,6

-1

-1.2
-1.4 t
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
R/Rref [-] R/Rref[-] R/Rref[-]
-CFD gap w/o gap-EXP -CFD gap 0.0009-EXP -CFD gap 0.0013-EXP
Figure 4.9. Comparaison des profils de vitesse axiale en aval des aubes de la roue (axe 5a).
(mesures LDV en traits pointillés, CFD en traits pleins).
79

4.4 Comparaison des paramètres de performance de la


roue hélice
Dans la section 3.2 de ce mémoire, nous avons présenté les paramètres qui influencent la
performance de la roue et les pertes relatives dans cette composante. Nous avons observé la
tendance de ces paramètres pour chaque largeur du jeu de bout d'aube aux quatre
conditions d'opération de la turbine (OP1-OP4). Nous avons expliqué la raison pour
laquelle, lorsque la puissance disponible augmente avec le débit, la puissance extraite par
les aubes devrait aussi augmenter si la géométrie des aubes est bien adaptée aux conditions
de l'écoulement. Ainsi, les pertes relatives devraient être minimisées si la direction de
l'écoulement et le jeu sont optimisés. Ici, nous comparons le couple expérimental avec les
différentes valeurs du couple calculées avec la CFD. Nous calculons séparément le
coefficient Cp d'intrados et d'extrados de l'aube pour évaluer le chargement
hydrodynamique et nous évaluons aussi les pertes liées à la différence de pression d'arrêt.
Cette fois, la différence de pression d'arrêt est calculée entre le bord d'attaque et le bord de
fuite de l'aube au lieu de la différence entre l'entrée et la sortie du passage simulé.

Couple
La figure 4.10 présente les valeurs du couple des simulations CFD, correspondant aux
simulations avec la prise en considération du jeu de bout d'aube, sans la prise en
considération du jeu de bout d'aube et les mesures expérimentales. Les valeurs du couple
des simulations CFD présentées ici correspondent à six fois la valeur obtenue dans les
simulations d'un seul passage périodique. On constate qu'en réduisant le jeu, et donc en
augmentant la surface de l'aube, la somme des couples extérieurs augmente, selon la loi de
transfert de quantité de moment cinétique (formule 1.14). Donc, la valeur du couple
augmente en diminuant le jeu.

Nous avons trouvé que les pentes du couple calculé (de OPI à OP4) est plus grande dans le
cas numérique que dans l'expérimentaux et que les écarts les plus importants sont aux
points d'opération extrêmes. Ce sont les points pour lesquels l'écoulement est le plus
perturbé. C'est pour le jeu relatif 0.0013, pour OP2 et OP3, de nouveau, que le couple est le
plus près de la mesure expérimentale. Les écarts sont en partie la conséquence de la
différence dans le débit imposé implicitement par les profils de vitesses moyens (condition
de frontière à l'entrée). La loi de similitude des turbomachines démontre que le couple
augmente avec la relation suivante : TCFD = (QCFD IQEXP)3 TEXP. Le rapport des débits élevés à
l'exposant 3 équivaut à 1.03. Donc, une petite différence dans le débit imposé dans les
calculs CFD par rapport au débit expérimental représente une différence plus grande dans
le couple et par conséquence dans la puissance d'une turbine (W =T£l). Aussi, le choix de
l'aube no 2 et l'imprécision des simulations numériques peuvent expliquer une partie des
écarts entre la mesure et la simulation numérique.
80

1.25
1.2 sans Jeu
1.15 f-
Jeu 0.0009
1.1
Jeu 0.0013
■-^1.05

E 0.95
8 0.9
^0.85 Expérimentale

ô 0.75"
" OPI
0.7
0.65

n 8 0.85 0.9 0.95 1


i i i i i i i
1.05 î.i 1.15
Débit normalisé Q* [-]
Figure 4.10 Comparaison du couple dans les simulations CFD et les mesures expérimentales.

Coefficient de Pression C„
Puisque la pression appliquée sur l'aire des aubes influence de façon importante le couple
net de la roue et l'intégration de la pression sur la surface de l'aube fournie la force de
portance nette résultante, nous utilisons le coefficient de pression Cp pour évaluer le
chargement hydrodynamique de l'aube et la performance de la roue. La figure 4.11
démontre le chargement au bout de l'aube (99.5% du rayon) pour la largeur du jeu
r=0.0009 à différentes conditions d'opération. D ans l'intrados de l'aube, on voit que le
coefficient de pression augmente avec le point d'opération. Par contre, dans l'extrados de
l'aube le coefficient de pression diminue avec le point d'opération. D e cette manière, nous
avons la preuve qu'il y a une augmentation du chargement hydrodynamique sur l'intrados
lorsque la condition d'opération passe d'un débit plus faible (OPI) à un débit plus grand
(OP4).

Sur la figure 4.12, nous observons la variation du coefficient Cp sur le bout de l'aube pour
différentes largeurs du jeu r. Au fur et à mesure qu'on réduit la largeur du jeu, le
chargement sur le bout de l'aube augmente sur les deux côtés de l'aube. Alors, au bout de
l'aube le chargement sur l'intrados et l'extrados est plus élevé lorsqu'on ne tient pas
compte du jeu dans les simulations. La figure 4.13 montre aussi la variation du Cp pour
trois rayons de l'aube d'une seule condition d'opération (OP3) et d'une seule largeur du jeu
"gap" T=0.0009. Pour cette dernière situation, on observe que le chargement
hydrodynamique d'intrados est maximal à l'extrémité de l'aube. Par contre, le chargement
d'extrados est maximal seulement dans le premier 30% de la corde. Plus loin en aval, le
chargement maximal d'extrados est situé près du moyeu et près du borde de fuite de l'aube.
81

Pour toutes ces courbes, nous observons que le coefficient de pression varie d'une façon
brusque au bord d'attaque car il s'agit d'un point d'arrêt. Nous avons aussi observé au
chapitre trois (figure 3.6) une variation brusque de pression dans l'écoulement près du bord
d'attaque. Aussi, la variation du chargement qu'on observe sur la surface de l'aube au bord
de fuite peut être associée au phénomène de séparation et recirculation de l'écoulement.
82

Cp au bout de 1" aube (rayon 99.5%)


10 (gap 0.0009)

_L _L _L
-40
0.2 0.4 0.6 0.8
Corde au bout d' aube[-]

Cp au bout de Y aube (rayon 99.5%)


(gap 0.0009)

03
Bord d'attaque

"2.-20 Bord de fuite


O
OPI
-30 OP2
OP3
OP4

-40 j i 1 i i i—L ' ■ _L


0 0.2 0.4 0.6 0.8
Corde au bout d1 aube[-]
Figure 4.11. Coefficient de pression pour les 4 conditions d'opération de la turbine.
83

Cp au bout de l'aube (OP3)


1K)

- i
10 ~ê
8
- A
_8
0 lllll>HHIIIIIII—llifti||||fH..

O
é4J^
-
" " w ,"iï'iïS«2îïY°"°°"0ffô^!
^s^v.
10

Ia, 20 "1
ci
Bord de fuite

O
- 8 Bord d'attaque * w/o gap
o
30 "2 ° gap 0.0009
A.

gap 0.0013
40
" ' '
0 0.2 0.4 0.6 0.8
Corde au bout de V aube
Cp au bout de l'aube (OP3)
20 r

Bord d'attaque
10

Bord de fuite
2 0
X
I '"*WPÏÏ«W,

g-.o \

w
£-20 w/o gap
gap 0.0009
-30
gap 0.0013
1
i ■ ' ■ * ■ ' ' * ' ' * '
-40 Hl
0.2 0.4 0.6 0.8
Corde au bout de f aube
Figure 4.12. Coefficient de pression au bout de l'aube pour différents largueur du jeu à OP3.
84

Cp sur trois rayons de l'aube (OP3)


10h (gap 0.0009)
- «

****** * * * * * * * * A » A » 4

Bord de fuite

Bord d'attaque bout aube


-30 rayon moyen
0.1% rayon

-40 ■ ■ ' L ■ ■ ■ I_I i I_I

0 0.2 0.4 0.6 0.8 1


Corde au bout d' aube[-]
Cp sur trois rayons de l'aube (OP3)
10 r (0.0009)

0
-K * ^*.
;
^ ' ^ ' ' * ^ ^ ^ ^ ? s ^ g ^ ^ ^ ^
g -10

1W _20
Ou
O bout d'aube
-30 rayon moyen
0.1% rayon
1 1 1 1 1 1 1 1
-40 J i i i
0.2 0.4 0.6 0.8
Corde au bout de l'aube
Figure 4.13. Coefficient de pression pour trois rayons de l'aube à OP3 avec le jeu de 0.0009.
Chapitre 5 Conclusions et perspectives futures
Cette maîtrise a décrit l'importance de la prise en compte du jeu de bout d'aube dans les
simulations numériques du projet AxialT. Elle permet de mieux représenter les
caractéristiques réelles de l'écoulement, comme le tourbillon de bout d'aube, et
l'écoulement de fuite lesquels influencent significativement le calcul du couple transmis
par les aubes et partant de là, le rendement de la machine.

Nous avons suivi une technique qui est utilisée très souvent dans les simulations
numériques des turbomachines. Nous avons isolé la roue des autres composantes de la
turbine pour réaliser des calculs stationnaires. Les simulations par section permettent soit
de réduire le temps de calcul, soit de gagner de la précision avec des approches plus
complexes de la modélisation de la turbulence. Avec nos ressources informatiques, nous
avons utilisé une approche RANS basé sur les modèles k-co et fc-epour modéliser
numériquement l'écoulement dans un passage périodique de la roue. Les simulations
numériques, réalisées à l'aide du logiciel CFX, ont été faites pour quatre points d'opération
de la turbine correspondant à deux conditions de charge partielle OP1-OP2, la condition de
meilleur rendement OP3 et une condition de pleine charge OP4. Les résiduels de quantité
de mouvement et de la pression dans nos simulations ont atteint une bonne convergence,
entre IO"4 et IO"6, dépendamment du point d'opération. Le maillage était bien adapté aux
exigences du modèle de turbulence SST près des parois (y+ < 10). Puisque la vitesse de
l'écoulement est très élevée dedans le jeu, des valeurs plus élevées de Yplus se situent dans
cette région (20 < y+ < 30).

Nous avons visé à étudier plus particulièrement l'écoulement de fuite interne et le


tourbillon de bout d'aube dans l'extrémité des aubes de la roue hélice. Les simulations ont
montré que le débit de fuite augmente d'environ 150% lorsque la taille du jeu augmente
d'environ 44%. Pour un gradient de pression quasi-constant sur la corde de l'aube, ce
résultat concorde plus ou moins avec le modèle analytique de l'écoulement dans le jeu entre
deux cylindres gouverné par q ~APh3/p [14].

La largeur du jeu altère le tourbillon de bout d'aube. Nous avons examiné les tendances
dans la pression minimale et le module de vorticité maximale au cœur du tourbillon. Pour
un jeu plus grand (r=0.0013), il y a moins de vorticité injecté dans l'écoulement de fuite,
lequel s'enroule dans le tourbillon. Par contre, pour un jeu plus petit (r=0.0009), il y a plus
de vorticité injectée dans l'écoulement de fuite et le tourbillon. On peut donc penser que
l'influence de la paroi (manteau) grandit dans l'écoulement de fuite et le tourbillon au fur et
à mesure que le jeu est réduit, mais d'avantage d'analyses seraient nécessaires pour
comprendre exactement de quelle façon. D'un autre côté, nous avons trouvé que la
condition d'opération à pleine charge OP4 présente les valeurs de pression statique les plus
basses au cœur du tourbillon et que c'est pour le jeu le plus grand que le risque de
cavitation est le plus élevé dans la roue d'une turbine hélice.
86

La comparaison des champs de vitesse entre les calculs CFD et les mesures LDV montre en
général une bonne ressemblance mais a aussi montré certaines différences dans la
distribution et la magnitude de composantes de vitesses. Ces différences se situent
principalement en dessous du moyeu où il y a une recirculation. Les profils de vitesse
moyennes de façon circonférentielle exhibent aussi certaines différences dans l'écoulement.
En général, les profils de la composante de vitesse axiale concordent mieux avec les profils
mesurés que ceux de la composante de vitesse circonférentielle. Les profils CFD de la
vitesse circonférentielle montrent une magnitude inférieure aux profils expérimentaux.

H y a une différence notable près des parois entre les profils CFD qui tiennent en
considération le jeu de bout d'aube et ceux n'en tiennent pas compte. Les profils de vitesse
circonférentielle CFD qui prennent en considération le jeu montrent deux sommets situés
entre 78% et 100% du rayon. Par contre, les profils CFD qui ne le prennent pas en
considération ne montrent qu'un seul sommet à 78% du rayon et une légère crête entre 90%
et 100% du rayon. Ds correspondent à un tourbillon du coin de bord d'attaque et au
tourbillon de bout d'aube. Puisque le jeu est présent dans la turbine réelle, on s'attend à ce
que les profils de vitesse expérimentaux possèdent également ces deux sommets.
Cependant, les mesures LDV ne s'approchent pas suffisamment des parois pour montrer de
manière définitive l'influence du jeu de bout d'aube. Également, les profils de la vitesse
axiale changent près du manteau selon la taille du jeu de bout d'aube.

La taille du jeu a aussi une influence dans le couple extrait par les aubes de la roue. On a
constaté avec la CFD qu'en augmentant le débit et réduisant le jeu, la somme des couples
extérieurs augmente, selon la loi de transfert de la quantité de moment cinétique (formule
1.12 et 1.13). C'est pourquoi l'écoulement de fuite est vu empiriquement comme une perte
qui se produit dans la roue. Le débit de fuite ne contribue pas à l'énergie massique qui se
transfère aux aubes de la roue. Alors, l'effet de réduire le jeu de 0.0013 à 0.0009 représente
une augmentation du couple d'environ 1% ou 2.4%, dépendamment du point d'opération.
Également, le fait de ne pas inclure le jeu dans les simulations numériques représente une
surestimation du couple. Dépendamment du point d'opération, le couple de nos simulations
sans le jeu est entre 3.5% et 5.5% plus grande que le couple de nos simulations avec le jeu
de 0.0009.

Concernant la comparaison des valeurs du couple calculées par la CFD et les valeurs
mesurées, nous avons trouvé que les valeurs provenant de la CFD sont environ 3% au-
dessus des valeurs expérimentales et que leur évolution en fonction de la charge présente
une pente plus prononcée (figure 4.10). Nous proposons que cela est une conséquence du
débit supérieur imposé implicitement par les profils de vitesses moyens (condition de
frontière à l'entrée). D'autres causes sont possibles, comme des imprécisions du schéma
mathématique et le choix de l'aube n° 2, dont la géométrie s'éloigne de la moyenne des
aubes du modèle réduit de la turbine.

La CFD a aidé à évaluer l'impact de la taille du jeu sur l'écoulement et à comprendre les
mécanismes de l'écoulement dedans le jeu, lesquels mènent à une variation de performance
de la turbine. L'inclusion de cet espace mène à une meilleure prédiction des performances
d'une turbine hélice. Même si le coût des calculs est plus élevé, les simulations CFD
devraient toujours prendre en considération le jeu de bout d'aube.
87

Finalement, nous avons atteint les objectifs fixés au début du travail de recherche et
exposés à la section 1.1, en particulier pour la question de recherche et la structure de
l'écoulement. Les limites du schéma numérique ont été explorées. La comparaison avec les
mesures expérimentales montre que les simulations sont moins précises que souhaité et ceci
soulève des idées à approfondir pour les études futures.

Pour nos simulations, nous avons moyenne les composantes de vitesse à l'entrée d'un seul
passage périodique. Cependant, la prise en compte de l'asymétrie de l'écoulement à l'entrée
pourrait améliorer les simulations CFD par rapport à un seul passage périodique.

Les différentes échelles de longueur et de temps associées à l'écoulement principal et à


l'écoulement de fuite pourraient être mieux simulées avec des modèles de turbulence plus
complexes du type DES (detached eddy simulation).

La validation des calculs avec des mesures expérimentales aurait été améliorée si une aube
« moyenne » avait été maillée plutôt que l'aube n° 2, une information qui est devenue plus
claire vers la fin du mémoire, et si le débit utilisé en conditions aux limites, obtenu d'une
simulation de machine complète, avait été mieux conservé.

Il serait aussi intéressant de vérifier les modes et fréquences propres de l'aube pour
s'assurer que les perturbations dans l'écoulement n'induisent pas une résonance
augmentant les contraintes sur les aubes. Casacci S. et Bosc J. commentent que certains
mouvements vibratoires des aubes, relatifs aux modes propres, peuvent être excités par des
harmoniques de la fréquence de passage des pales, même de rang élevé. [5]
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92

Annexe A. Qualité du maillage


La qualité des maillages est très similaire pour les trois domaines du passage de la roue
avec différentes largeurs de jeu. Les histogrammes ici-bas montrent les résultats des
principaux critères d'évaluation de la qualité (déterminant, angle minimum et rapport de
forme). L'axe des abscisses correspond à un de ces critères et l'axe des ordonnées au
nombre d'éléments. Les barres de couleur (non noire) représentent les éléments qui ne
satisfont pas les critères de qualité. L'échelle des ordonnées est ajustée jusqu'à une valeur
de 20, ce qui permet de fournir plus d'information sur le nombre de mauvais éléments pour
un intervalle donné.
Critère de qualité - Déterminant > 0.5
24-,
tttttttttttt
18-

12-

G-

0.11 0.22 0.33 0.44

Figure. A. 1. Histogramme du déterminant.

Mauvais éléments :
- 1 élément entre 0.2962 et 0.3333
- 2 éléments entre 0.3703 et 0.4074
- 4 éléments entre 0.4814 et 0.5185
- 6 éléments entre 0.5185 et 0.5555

Critère de qualité - Angles minimum > 20 degrés


ta

ttttttttttttttttttttt
■■■■■■■■■■■■■■^^^^M
18-

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIH
IIIIIIIIIIIIIIH—
12-

IIIIIIIIIIIIIIIIIIH
IIIIIIIIIIIIIIIIIHH
6-

0-
lllllllllllllllllllll
IIIIIIIIIIIIIIIIIHH
tI 10 2TI *1 40 50 60 70 90 90
Figure A.2. Histogramme de l'angle minimum.
93

Critère de qualité - Rapport de forme > (1/300)


24-1
tttttttttttttttttttttttttttttttttttt
18-

12-

6-

0-
0.001 0.002 0.003 0.004 0.005 0.006 0.007 0.008 0.009 0.01

Figure A.3. Histogramme du rapport de forme.

Un rapport de forme égal à 1 indique qu'un élément est parfaitement régulier tandis qu'un
rapport de forme plus petit que 0.003 indique des éléments très minces et très allongés.
Les éléments qui ne satisfont pas ce critère sont colorés en jaune dans la figure A.4.

Figure A.4. Région des éléments qui ne satisfassent pas le critère de rapport de forme.

Mauvais éléments :
- 291 éléments entre 0.0010 et 0.0015
- 1188 éléments entre 0.0015 et 0.0020
- 3187 éléments entre 0.0020 et 0.0025
- 4573 éléments entre 0.0025 et 0.0030

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