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Cours de Génie Chimique : Opérations Unitaires II

CHAPITRE II : FILTRATION
I. Généralités :
I.1. Définitions et principe :

La filtration est une opération dont le but est de séparer une phase continue (liquide ou
gazeuse) des matières solides ou liquides (phase dispersée) qui y sont présentes en
suspension. Elle consiste à faire passer le mélange à séparer à travers un milieu filtrant
adéquat capable de retenir par action physique les particules solides et laisser passer le liquide
ou le gaz. Cette opération est beaucoup plus rapide que la sédimentation. Elle est donc très
utilisée en entreprise. Elle est utilisée dans les domaines de l’agro-alimentaire, de la chimie,
de l’hydrométallurgie, de la pharmacie etc.
Dans ce chapitre nous nous intéresserons uniquement à la séparation par filtration des
suspensions liquide-solide.

I.2. Terminologie :
Le mélange solide liquide à séparer est appelé suspension ou préfilt. Le liquide obtenu après
séparation est appelé filtrat ou perméat et la couche de particules retenues sur le milieu
filtrant (filtre ou membrane) est appelé gâteau, retentât ou résidu.
On peut aussi nommer différemment l'opération de filtration suivant la taille des pores du
filtre :
 Filtration : diamètre des pores entre 10 et 450 µm ;
 Microfiltration : diamètre des pores entre 20 nm et 10 µm ;
 Ultrafiltration : diamètre des pores entre 1 et 20 nm.

I.3. Objectifs de la filtration :


On distingue quatre types de filtration selon les objectifs fondamentaux visés :
 L’extraction de solide qui permet de séparer une phase liquide d’une phase dispersée
concentrée. Le produit valorisé dans ce cas est, en général, le solide ;

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 La clarification qui a pour but de séparer des particules très fines, en suspension
généralement peu concentrée. On s’intéresse donc surtout à l’obtention d’un filtrat
clair davantage qu’à la production de solide ;
 La filtration de sécurité qui vise à éliminer des particules peu concentrées dans un
liquide que l’on souhaite propre. Cette filtration apparait comme un cas particulier de
la clarification ;
 Le dégrossissage qui permet de séparer de faibles quantités de grosses particules
présentes en suspension. Elle est souvent une préfiltration.

I.4. Processus de la séparation :


La séparation solide/liquide d’une suspension peut être effectuée de plusieurs façons
différentes :
 La filtration en profondeur ou filtration dans la masse qui consiste à l’écoulement
forcé de la suspension à travers un milieu poreux dont les cavités possèdent une
distribution de tailles telle que les particules solides soient progressivement retenues.
 La filtration sur support ou filtration à gâteau effectuée en faisant circuler la
suspension à travers un support sur lequel les particules sont retenues sous forme d’un
gâteau d’épaisseur croissante au cours de la filtration. Cette technique est la plus
répandue et sera particulièrement étudiée par la suite.
Il existe également divers techniques d’alimentation de la suspension :
 La filtration frontale, la plus connue, qui consiste à faire passer le fluide à filtrer
perpendiculairement à la surface du filtre ;
 La filtration tangentielle qui consiste à faire passer, sous forte pression, le fluide
tangentiellement à la surface du filtre. C'est la pression du fluide qui permet à celui-ci
de traverser le filtre.

I.5. Différents types de filtration :


Pour faciliter l’opération de filtration et augmenter la vitesse de passage du filtrat, qui dépend
de la perte de charge dans les canaux du milieu filtrant, on exerce une aspiration sur le filtre

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ou on augmente la pression sur la suspension à filtrer. La filtration est donc une opération qui
exige un certain apport énergétique, donc une certaine force motrice. Selon la nature de cette
force on distingue trois (3) types de filtration :

 La filtration par gravité : la suspension est soumise uniquement à la pression


atmosphérique ; elle s’écoule donc par gravité. Cette méthode est généralement
utilisée lorsqu’il s’agit de traiter d’importantes quantités de suspension contenant peu
de particules solides.

 La filtration par surpression (filtration sous pression) : la pression appliquée sur la


face amont de la surface filtrante est supérieure à la pression à la pression
atmosphérique, l’autre face restant à la pression atmosphérique;

 La filtration sous pression réduite (sous vide) : la suspension est soumise d’un coté
du filtre à la pression atmosphérique, et de l’autre coté du filtre où sort le filtrat à une
dépression réalisée généralement grâce à une pompe à vide.

I.6. Facteurs intervenant dans la filtration :


La filtration est une opération difficile et couteuse. Le choix efficient et économique du
procédé, de l’appareillage de filtration ainsi que les conditions opératoires dépendent de
nombreux facteurs constants ou variables durant le déroulement de l’opération.

Les principaux facteurs intervenant dans un processus de filtrations sont :

 Pour le liquide : nature, viscosité, densité, propriétés corrosives etc. ;

 Pour le solide : nature, forme et dimension des particules solides etc. ;

 Pour la suspension : concentration, température, débit ou quantité etc. ;

 Pour le gâteau : humidité, compressibilité, perméabilité, homogénéité etc ;

 Pour le support filtrant : nature, aire de la surface, épaisseur, dimensions des pores,
résistance hydrodynamique, mécanique et chimique, capacité de régénération etc. ;

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 Pour l’opération de filtration : Mode de fonctionnement, pression, température de


filtration, vitesse et durée de la filtration.

II. Caractéristique du milieu filtrant :

La filtration consiste à forcer une suspension à passer au travers d’une barrière solide capable
de retenir le solide. Une telle barrière, analogue à un tamis, peut être constituée soit par
support (matériau comportant de très petits orifices) où par une masse poreuse (lit assez épais
de particules).

II.1. Masse poreuse :

La barrière est constituée d’une masse poreuse formée par un lit (couche) de sable ou gravière
ou d’autres particules agglomérées sous différentes formes. Le processus de rétention des
particules peut être la somme de plusieurs phénomènes physoco-chimiques dont la différence
de taille entre les particules solides et les pores de la couche et les forces de Van Der Waals.
Cette technique est le plus souvent utilisée pour des suspensions peu chargées en particules
solides.

II.2. Support :
La barrière est constituée d’un support qui est une surface filtrante composée de très
nombreux orifices et sur laquelle les particules solides vont se déposer sous forme d’un lit
filtrant ou gâteau d’épaisseur croissante. Ce gâteau ainsi formé constitue à son tour un lit
filtrant qui peut retenir des particules encore plus petites.

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L’accumulation des particules en suspension dans la masse poreuse peut entrainer un


bouchage progressif des pores ou des interstices et une accumulation importante du débit de
filtrat : c’est le colmatage.

Ainsi, le choix du milieu filtrant est très vaste. Il dépend de plusieurs facteurs : le débit et la
concentration de la suspension, les caractéristiques physiques et chimiques des liquides et des
solides. On distingue :

 Les tissus filtrants : textiles naturels (coton, soie, laine), tissus en matière plastique
(nylon, polyester, etc.) ; tissus synthétiques (PVC, polyoléfines etc).
 Les matières poreuses : porcelaine, verre, silice, etc.

II.2.1. La porosité :

La porosité d’un matériau constitue le volume de vide de ce matériau par rapport à son
volume total. Elle représente plus exactement la fraction du volume global accessible à
l’écoulement c'est-à-dire aux interstices où circule le liquide. Autrement dit, elle représente la
partie du matériau pouvant contenir des fluides (liquide ou gaz). Elle est exprimée en
pourcentage (%).

Volume de vide
ε  100
Volume total du matériau

II.2.2. La perméabilité :
La perméabilité est la propriété d’un matériau à laisser passer plus ou moins facilement un
liquide. Elle est exprimée en Darcy et est noté B.

Le Darcy, pour un matériau filtrant, est définit selon la « règle des sept fois un ».

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Ainsi un matériau filtrant qui a :

 une surface de 1 cm2


 une épaisseur de 1 cm
 qui est traversé par une quantité de liquide de 1 cm3
 pendant un temps de 1 seconde
 à une pression de 1 atmosphère
 par un liquide dont la viscosité est de 1 centipoise
 a une PERMEABILITE de un DARCY.

La perméabilité peut aussi être exprimée en m2


1Darcy  0,97.10 12 m 2
On définit également le coefficient de perméabilité ou conductivité hydraulique K par la
relation suivante :
B
K
μ
Avec µ la viscosité dynamique du fluide
Donc le coefficient de perméabilité est une caractéristique des conditions d’écoulement d’un
fluide dans un matériau alors que la perméabilité est une qualité intrinsèque du matériau.

III. Filtration sur Support :


III.1. Equation fondamentale de la filtration : Equation de
DARCY :
Les lois de la filtration sur support sont obtenues à partir de l’équation de Darcy (Henry
DARCY : hydraulicien Français). Une installation de filtration est souvent schématisée selon
la figure suivante.

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Lorsque les premières fractions de la suspension arrivent sur le support, seules sont retenues
les particules de dimensions supérieures ou égales à celles des ouvertures du support. Les
premiers volumes de filtrat seront donc forcement assez chargés en petites particules. Mais les
particules formant la première couche de gâteau vont laisser entre elles des pores dont les
dimensions seront, en moyenne, 10 à 15% plus petites que celles des particules déposées.
Cette première couche va donc arrêter des particules encore plus fines et au bout de quelques
instants le filtrat sera sensiblement clair. Dans la mesure du possible, on aura donc intérêt à
recycler les premiers volumes de filtrat recueillis.
La loi de Darcy régissant l’écoulement stationnaire d’un fluide incompressible de viscosité µ
à travers un milieu poreux de perméabilité Bz, appliquée sur une couche élémentaire de gâteau
dz, est donnée par la relation suivante :

B z dP
Uz   Avec
μ dz

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 Uz : Vitesse unitaire instantanée en fut vide dans la couche de gâteau considérée (ou
vitesse d’approche), c'est-à-dire vitesse qu’aurait le filtrat en l’absence de gâteau ;
 Bz : Perméabilité de la couche de gâteau d’épaisseur dz ;
 dP : Chute de pression entre z+dz et z ;
 µ : viscosité dynamique du liquide.

Remarque :
 Le signe moins (-) rappelle que la pression P diminue dans le sens général de
l’écoulement du fluide ;
 Si la filtration est effectuée sous pression constante, le débit de filtrat ira
continuellement en diminuant ;
 Si c’est le débit que l’on veut maintenir constant, il sera au contraire nécessaire
d’accroitre régulièrement la différence de pression ;
 Lorsque l’on parle de « pression » en filtration, il s’agit en réalité plutôt de la
différence entre les pressions à l’entrée et à la sortie de la masse filtrante. Si la
pression à la sortie de la masse filtrante est la pression atmosphérique, ce qui est assez
souvent le cas, les variations de la différence de pression ΔP seront les variations de la
pression à l’entrée de la masse filtrante.

III.2. Equation différentielle de base :

La vitesse de la filtration Uz peut être définie par la relation suivante :


Q z 1 dV
Uz   Avec :
S S dt
 Qz : Débit instantané du filtrat
 dV : Volume de filtrat écoulé pendant le temps dt à travers une aire de section S
Rappelons la loi de Darcy :
B z dP 1 Bz
Uz   ou Uz   dP
μ dz μ dz

La perméabilité Bz dépend de la nature du gâteau formé (forme et granulométrie des


particules) ; donc elle est très difficile à maitriser.

 Résistance à l’écoulement par unité de surface :

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Posons dRz la résistance à l’écoulement par unité de surface de la couche dz. Elle permet
d’apprécier la facilité avec laquelle le filtrat passera à travers le gâteau.
dz
dR z 
Bz
Elle est exprimée en m-1.
Donc Uz devient :
1 dP
Uz  
μ dR z
Remarque :
On définit la résistance à l’écoulement de tout le gâteau (R), qui augmente au cours de la
filtration, et celle du support (RS) qui est constante. Dans certains cas RS peut être négligeable
par rapport à R.
Z e
R et R S  S
B BS
Avec :
eS : Epaisseur du support filtrant ;
Z : Epaisseur du gâteau ;
BS : Perméabilité du support filtrant ;
B : Perméabilité du gâteau ;

 Masse de gâteau sec :


Le gâteau de filtration est caractérisé par les données du solide sec et des particules
notamment la porosité, la masse volumique du solide etc. On définit ainsi la masse de solide
sec ou masse de gâteau sec déposé par unité de temps (M).
 Résistance spécifique :
Il est logique de penser que si la masse de gâteau augmente, son épaisseur aussi augmente. Il
existe alors une relation de proportionnalité entre dRz et la masse de gâteau déposée (dMz)
pendant l’écoulement d’un certain volume de filtrat (dV). Le coefficient de proportionnalité
αz est appelé résistance spécifique de la couche de gâteau dz. Il dépend de la porosité et de la
perméabilité du gâteau et de la masse volumique des particules solides qui forment le gâteau.
dM z
dR z   z
S

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1 dP
Uz  
μ  dM z 
z 
 S 

 Masse de gâteau déposée par unité de volume de filtrat :


La masse de gâteau sec formé augmente avec le temps, donc avec la quantité de filtrat
recueilli. Soit Wz la masse de gâteau déposée à la cote z par unité de volume de filtrat. Elle est
exprimée en kg.m-3.
dM z
Wz 
dV
dM z  Wz dV
1 S dP
Uz  
μ α z Wz dV

1 S dP 1 dV
Uz   
μ α z Wz dV S dt
Pour pouvoir intégrer cette équation, il est nécessaire de connaitre les termes qui restent
constants tout au long de la filtration et ceux qui peuvent varier.

IV. Bilan massique de la filtration : masse de gâteau déposée :

Une opération de filtration est caractérisée par la présence de trois éléments : la suspension, le
gâteau et le filtrat. Les caractéristiques de ces trois éléments en présence sont liées par un
bilan de masse entre la suspension et les deux éléments qui résultent de la séparation : le filtrat
et le gâteau.

Ainsi, avant d’étudier le bilan massique d’une filtration sur support, il donc est important de
définir la teneur massique de la suspension (qui caractérise la suspension) et le coefficient
d’humidité du gâteau (qui caractérise le gâteau).

IV.1. Teneur massique de la suspension :

La teneur massique en particules solides d’une suspension, notée s, et est définie selon
l’équation suivante :

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masse de particules solides


s
masse totale de la suspension

Considérons une suspension et adoptons les annotations suivantes :

 MT : Masse totale de la suspension


 MS : Masse de solides secs
 ML : Masse du liquide
 VT : Volume total de la suspension
 VL : Volume du liquide
 VS : Volume occupé par les particules solides
 ρS : Masse volumique des particules solides
 ρL : Masse volumique du liquide

La teneur massique en particules solides de la suspension peut être déterminée de trois


manières :

 En connaissant la masse de la suspension

MS
s
MT

 En connaissant le volume du liquide

Par bilan massique on a :

Masse totale de la suspension = Masse de particules solides secs + masse du liquide

M T  M S  M L  M S  ρ L VL

MS
s
M S  ρ L VL

 En connaissant le volume total de la suspension

M T  ρ S VS  ρ L VL

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M T  ρ S VS  ρ L VT - VS 

MS
M T  ρ L VT  ρ S  ρ L VS Or VS 
ρS

 ρ 
M T  ρ L VT  1  L M S
 ρS 

MS MS
D’où s  
MT  ρ 
ρ L VT  1  L M S
 ρS 

IV.2. Coefficient d’humidité du gâteau :

Le coefficient d’humidité noté m est déterminé selon la relation suivante :

masse de gâteau humide


m
masse de gâteau séché

Le bilan massique sur le gâteau humide donne :

Masse de gâteau humide = masse de gâteau séché + masse de liquide interstitiel

masse de gâteau séché  masse de liquide interstitiel masse de liquide interstitiel


m 1 
masse de gâteau séché masse de gâteau séché

Le volume du gâteau peut être divisé en deux parties :

 Le volume des pores occupé par le liquide interstitiel soit VP  SZε

 Le volume réellement occupé par les particules solides soit VS  SZ 1 - ε 

On a alors :

 Masse de liquide interstitiel = S Z ε ρ L

 Masse de gâteau séché = SZ 1 - ε ρ S

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D’où :
SZε ρ L
m  1
SZ 1  ε ρ S

ε ρL
m  1
1  ε ρ S

IV.3. Masse de gâteau déposé :

Le bilan massique d’une filtration peut s’écrire :

Masse totale de suspension = Masse de filtrat + Masse de gâteau humide

Masse de gâteau sec = WV

WV
Masse totale de suspension 
s

Masse de filtrat  ρ L V

Massede gâteau humide  mWV

Donc le bilan massique donne :

WV
 ρ L V  mWV
s

sρ L
W
1  sm

V. Filtration idéale : gâteau incompressible :

Une filtration est considérée comme idéale lorsque les caractéristiques du gâteau sont
constantes quel que soit la hauteur du gâteau. C’est une filtration dans laquelle les particules
qui forment le gâteau sont parfaitement rigides de sorte qu’elles ne puissent pas être tassées,
quelle que soit la pression exercée sur le gâteau.

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Dans ce cas, la porosité (ɛ), la masse de gâteau déposée par unité de volume de filtrat (W), la
résistance spécifique (α), et le coefficient d’humidité (m) sont constants.

On avait montré que :

1 S dP 1 dV
Uz   
μ α z Wz dV S dt

Dans le cas d’une filtration idéale on a :

ɛZ=ɛ ; WZ=W ; αZ=α et mZ=m

Donc la vitesse de la filtration devient :

1 S dP 1 dV
U 
μ α W dV S dt

En tirant dP on obtient :

μαW dV
dP   dV
S 2 dt

P2 V μαW dV
P1
dP   
0 S 2 dt
dV

μαW dV
P1  P2  V
S 2 dt

Une nouvelle intégration dans le temps nécessite la connaissance du mode d’alimentation


adopté : filtration à débit constant ou filtration à pression constante.

VI. Filtration à débit constant :

Lors d’une opération de filtration, la masse de gâteau déposé augmente avec le temps. Les
pertes de charge et la résistance globale à l’écoulement (R+RS) augmentent également. Filtrer
à débit constant requiert donc de disposer d’un système de pompage de la suspension capable
de faire face à l’augmentation des pertes de charge entre le début et la fin de l’opération.

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Soit une filtration à débit constant (Q=cte) ; quel que soit le volume de filtrat dV prélevé
pendant un temps dt on a :

dV V
Q ou Q 
dt t

VI.1. Détermination de la perte de charge à travers la masse filtrante :

La perte de charge à travers la surface filtrante (gâteau + support) augmente avec le temps.
Cette augmentation est directement liée à l’épaisseur du gâteau.
On avait montré que :
μαW dV
P1  P2  V
S 2 dt
μαW
Donc : P1  P2  QV
S2
Mais ce que l’on peut effectivement contrôler au cours d’une filtration c’est la perte de charge
totale ΔP  P1  P0 au travers de l’ensemble gâteau+support.

ΔP  P1  P0  P1  P2  P2  P0  P1  P2   P2  P0 

μαW
P1  P0  QV  P2  P0 
S2
Calculons P2-P0 à partir de l’équation générale de Darcy.
B dP
U
μ dz
dz
dP   Uμ   Uμ dR
B
P0 RS

P2
dP   - Uμ dR
0

RS est la résistance totale du support par unité de surface. Si la filtration s’effectue à débit
Q
constant, la vitesse de filtration sera aussi constante puisque U  .
S
D’où :
μR S Q
P2  P0 
S
En somme, la perte de charge totale devient :

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μαW μR S
P  P1  P0  2
QV  Q
S S
En remplaçant le volume de filtrat V par débit × temps on obtient finalement l’équation
suivante :
μαW 2 μR S
P  P1  P0  Q t Q
S2 S
Cette relation montre clairement que la perte de charge augmente avec le temps, la viscosité
dynamique, la masse de gâteau sec déposé par unité de volume de filtrat et les résistances du
support et du gâteau. Mais elle est inversement proportionnelle à la surface du support. Ainsi,
la filtration est arrêtée soit quand la pression atteint la valeur maximale que peut supporter le
support, soit quand la capacité où se forme le gâteau (cas des filtres presses par exemple) est
entièrement remplie.

VI.2. Détermination de l’épaisseur du gâteau :

Calculons la masse de gâteau déposé de deux manières :

M  Volume occupé par le gâteau sec  masse volumique du solide (ρ S )

M  SZ(1  ε)ρ S

M  Massede gâteau sec par unité de volume de filtrat (W)  Volume du filtrat (V)

M  WV

En égalant les deux équations, on obtient :

M  SZ(1  ε)ρ S  WV

Ce qui donne :

WV
Z Ou
S1  ε ρ S

SZ 1  ε ρ S
V
W

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Pour déterminer l’équation de Z en fonction du temps, on utilise l’équation de la perte de


charge ΔP en fonction du temps en remplaçant le volume V par sa valeur (Equation
précédente).

μαW 2 μR S
P  Q t Q
S2 S

μαW 2 μR S
ΔP  V  V
S2 t St

μαW  SZ 1 - ε ρ S  μR S  SZ 1 - ε ρ S 
2

ΔP  2     
S t  W  St  W 

Après simplification, on obtient l’équation suivante :

μα1  ε  ρ S2 Z 2  μR S 1  ε ρ S Z  ΔPWt  0
2

C’est une équation du second degré qui peut s’écrire sous la forme :

aZ 2  bZ  c  0

Avec :

a  μα1  ε  ρ S2
2

b  μR S 1  ε ρS

c  ΔPWt

Le discriminant Δ permet de déterminer les solutions de cette équation.

 
Δ  b 2  4ac  μR S 1  ε ρ S   4 μα1  ε  ρ S2  ΔPWt  > 0
2 2

Donc l’équation a deux solutions Z1 et Z2 :

b Δ
Z1  0
2a

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b Δ
Z2  0
2a

Puisque l’épaisseur Z est toujours supérieure à zéros, la bonne solution est Z2=Z.

 μR S 1  ε ρ S   μR S 1  ε ρ S 2  4μα 1  ε 2 ρ S2  ΔPWt 


Z
2μα 1  ε  ρ S2 
2

Après quelques simplifications, on obtient la formule suivante :

1   R  2 4PW R 
Z   S  t  S
21  ε ρ S   α  μα α 
 

VI.3. Détermination de volume de filtrat

Rappelons l’évolution du volume de filtrat en fonction de l’épaisseur du gâteau et celle de


l’épaisseur en fonction du temps :

SZ 1  ε ρ S
V
W

1   R  2 4PW R 
Z   S  t  S
21  ε ρ S   α  μα α 
 

S   R S  4PW R 
2

Donc on a V     t  S
2W   α  μα α 
 

VI. Filtration sous pression constante :

VI. 1. Equation de la filtration sous pression constante :

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Si la pression de l’alimentation P1 est constante lors de la filtration, la différence de pression


ΔP le sera aussi.

ΔP  P1  P0  P1  P2   P2  P0   cte

Or, nous avions montré que :

μαW dV μR S dV
P1  P2  2
V et P2  P0 
S dt S dt

μαW dV μR S dV
P  V 
S 2 dt S dt

D’où :

μαW μR S
dt  VdV  dV
S ΔP
2
S ΔP

En intégrant cette relation de l’instant initiale (t=0 ; v=0) à l’instant (t, V), on obtient :

t V μαW V μR
 dt   VdV   S
dV
0 0 S ΔP
2 0 S ΔP

μαW 2 μR S
t V  V (Parabole)
2S 2 ΔP S ΔP

Ou

t μαW μR S
 2 V (Droite)
V 2S ΔP S ΔP

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Remarque :

 Le débit de la filtration diminue quand l’épaisseur du gâteau augmente. Il faut donc


disposer d’un gâteau le plus étalé possible sans avoir de fissures qui causeraient une
rupture de la différence de pression de part et d’autre du filtre ;

 Il augmente quand la surface filtrante augmente ;

 Il augmente quand la viscosité diminue : une augmentation limitée de la température


peut être intéressante.

t
 La droite  f(V) , obtenue à partir de résultats expérimentaux (Volume de filtrat
V
recueilli en fonction du temps), conduit fréquemment à des ordonnées à l’origine plus
ou moins aberrantes.

VI. 2. Volume de filtrat recueilli en fonction du temps :

Le volume filtrat recueilli, en fonction du temps, est obtenu en résolvant l’équation du second
degré suivante :

μαW 2 μR S
V  V-t 0
2S 2 ΔP S ΔP

Soit :

aV 2  bV  c  0

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Avec :

μαW
a
2S 2 ΔP
μR S
b
S ΔP
c  t

Le discriminant Δ est alors égal à :


2
 μR S  μαW
Δ  b  4ac  
2
  4 2 t
 S ΔP  2S ΔP

Le volume V est sera alors :


2
μR S  μR S  μαW
     4 2 t
b  S ΔP  S ΔP  2S ΔP
V 
2a μαW
2 2
2S ΔP

Après simplification, on obtient :


  R  2 2Δ P R S 

VS   t
  αW 
S

μαW αW 
 

VI. 3. Epaisseur du gâteau en fonction du temps :

L’épaisseur du gâteau est donnée par la relation suivante :

  R  2 2Δ P R 
or V  S  S   t S 
WV
Z
S1  ε ρ S   αW  μαW αW 
 

WS   R S  R S 
2
2Δ P
D’où Z     t
S1  ε ρ S   αW  μαW αW 
 

Mamadou FAYE Chapitre II : FILTRATION Page 21


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VI. 4. Equation de RUTH :

Rappelons l’équation suivante :


μαW 2 μR S
V  V-t 0
2S 2 ΔP S ΔP
Cette équation est souvent présentée sous la forme suivante appelée équation de Ruth :

V  V0 2  at  t 0 

Déterminons V0, a et t0 :

μαW 2 μR S
V  Vt
2S 2 ΔP S ΔP

2R SS 2ΔΔP2
V 
2
V t
αW μαW

2 2
2R SS  R SS  2ΔΔP2  R S
V 
2
V   t  S 
αW  αW  μαW  αW 

2ΔΔP2  μR S2 
2
 R S
V  S    t   Equation de RUTH
 αW  μαW  2 ΔP αW 

Avec :

R SS
V0 
αW

2 ΔPS2
a
μαW

μR S2
t0
2 ΔP αW

Remarque : Selon RUTH, V0 est le volume théorique de filtrat recueilli au bout du temps t0
qui conduit à l’obtention d’une couche de gâteau de résistance égale à celle du support.

Mamadou FAYE Chapitre II : FILTRATION Page 22


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VI. 4. Calcul de la perméabilité et de la résistance spécifique : Modèle de


KOZENY-CARMEN

Selon le modèle de KOZENY-CARMEN, pour des particules sensiblement isométriques (les


dimensions, prises suivant trois directions arbitraires, sont du même ordre de grandeur) la
perméabilité et la résistance spécifique sont donnés par les relations suivantes :
h K a g2 1  ε 
α
ε 3ρ S

ε3
B Avec :
h K a g2 1  ε 
2

hK Constante de Kozeny
ag surface spécifique : définit comme étant le rapport de la surface des particules sur leur
volume.
36
Pour des particules sphériques de diamètre D on a : a g 
D
36h K 1  ε 
α
ε 3D 2ρS

VII. Les floculants (adjuvants de floculation):

Si les particules de la suspension sont très fines, la filtration sera difficile car la résistance
spécifique du gâteau sera élevée (α est inversement proportionnel au diamètre des particules).
Les adjuvants permettent dans ce cas d’obtenir un gâteau de bonne perméabilité, mais leur
utilisation ne peut évidemment être envisagée si l’on cherche à récupérer essentiellement les
matières en suspension. D’autre part, s’il faut filtrer de grandes quantités de suspension, le
coût de l’opération risquerait de ne pas être négligeable.

On peut ainsi obtenir des résultats très acceptables, voir spectaculaires, en additionnant de
petites quantités de floculants à la suspension avant son entrée dans le filtre.

Ces produits ont pour but de rassembler les toutes petites particules sous la forme de flocons
(les flocs) relativement volumineux, donc faciles à filtrer.

Mamadou FAYE Chapitre II : FILTRATION Page 23


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Ces produits relativement coûteux pour certains, s’utilisent en général à des doses faibles
voire très faibles (de quelques 0,01 à 1% des matières solides en suspension).

Les flocons qui sont formés lors de la mise en contact de la suspension et du floculant avant
la filtration, ont l’inconvénient d’être relativement fragiles : des chocs un peu violents ou des
pressions un peu élevées vont briser les flocons en particules indépendantes qui ne se ré-
agglomèrent pas ensuite spontanément.

Ils existent, sur le marché mondial, quelques centaines de milliers de produits floculants. La
nature des particules solides de la suspension est un facteur important dans le choix du
floculant adapté.

On utilise des produits minéraux comme la silice activée ou des composés organiques
(polymères solubles de poids moléculaire élevé qui portent sur leurs longues chaines des sites
actifs souvent chargés).

VIII. Description technologique des principaux types de filtres :

VIII. 1. Filtres discontinus :

VIII. 1. 1. Appareils de laboratoire :

Le plus simple est évidemment l’entonnoir conique équipé d’un papier filtre enroulé en cône
ou plissé. Le filtrat s’écoule par gravité.

On peut également utiliser un bûchner cylindro-conique en céramique, dont le fond est une
plaque plane à trous sur laquelle on vient déposer un disque de papier filtre. On dispose le
bûchner sur une fiole à vide, verre épais, que l’on relie à une pompe à vide ou à une trompe à
eau par l’intermédiaire d’un vase de garde.

VIII. 1. 2. Filtres à tamis (ou strainers)

Ils sont utilisés pour des filtrations relativement grossières (supérieures à 100 µm) de liquide
peu chargés en impuretés. L’élément filtrant est une grille ou une plaque perforée enroulée, le
liquide étant généralement amené à l’intérieur de l’élément.

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VIII. 1. 3. Filtres à cartouches :

Ils sont surtout utilisés en filtration en profondeur et se rencontrent avant le conditionnement


de liquides alimentaires ou pharmaceutiques, de peintures, ou dans des circuits fermés de
fluides hydrauliques ou en protection d’appareils de contrôle et de régulation. Les cartouches
ont la forme de cylindre creux logés dans un boitier étanche, le fluide étant amené à
l’intérieure.

Certaines cartouches peuvent être nettoyées par passage de liquide clair à contre courant ou
par immersion dans un solvant ou un acide approprié. Mais ce nettoyage n’est jamais parfait
et peut nécessiter le changement de la cartouche au bout d’un certain temps de
fonctionnement.

VIII. 2. Filtres continus :

VIII. 2. 1. Filtration par gravité :

Ces types de filtres sont généralement utilisés pour traiter des débits importants sans
nécessairement obtenir un filtrat très limpide. La suspension est amenée dans un tambour à
axe horizontal équipé d’une toile métallique et de petits augets longitudinaux. Le tambour est
initialement immobile. Le gâteau se dépose sur la toile et, lorsqu’il atteint une certaine
épaisseur, sa perméabilité est telle qu’il filtre moins : le niveau va donc monter à l’intérieur du
tambour. Un contacteur à flotteur commande alors la rotation tambour d’une fraction de tour,
mettant ainsi la suspension en regard d’une partie propre de la toile.

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VIII. 2. 2. Filtration sous pression

VIII. 2. 2. 1. Filtres à bandes verticales

Ces filtres sont constitués de deux bandes filtrantes verticales formant un angle aigu. La
suspension est introduite sous pression à la partie supérieure. Le filtrat traverse les deux toiles
sans fin et leurs bandes supports d’entraînement. A la base du filtre le dépôt est
progressivement comprimé, donc partiellement déshydraté avant d’être évacué.

Mamadou FAYE Chapitre II : FILTRATION Page 26


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VIII. 2. 2. 2. Filtres presseuses

La filtration proprement dite est effectuée sans pression : la suspension arrivant sur le filtre
s’égoutte au travers le support, puis le gâteau est comprimé entre les bandes, exprimant ainsi
le liquide interstitiel.

VIII. 2. 3. Filtration sous vide :

VIII. 2. 3. 1. Filtres rotatifs à tambours


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Le tambour est partiellement immergé dans une auge à niveau constant recevant la
suspension. Pendant l’immersion du tambour, le vide est appliqué à la partie immergée dans
la suspension. Il y a donc aspiration de la suspension contre la toile support et formation de
gâteau d’épaisseur croissante jusqu’à la sortie de la zone immergée. L’aspiration est parfois
poursuivie pour assurer un essorage partiel du gâteau. Un ou deux lavages successifs peuvent
être prévus.

VIII. 2. 3. 2. Filtres rotatifs à table tournante :

Un filtre rotatif sous vide à table tournante se présente sous la forme d’un anneau horizontal
constitué de secteurs comme dans le cas des filtres à tambours : un secteur de filtration qui
reçoit la suspension, un secteur de lavage et un secteur de raclage du gâteau.

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