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Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en génie mécanique
pour l'obtention du grade de maître es sciences (M. Se.)
2010
Une revue de littérature a été effectuée, recensant les bioréacteurs existants et les
modèles mathématiques décrivant la nature puisée du débit sanguin aortique. Une
étude des modèles théoriques Windkessel a permis de comprendre la dynamique des ca-
ractéristiques à reproduire. Le bioréacteur a été décomposée en ses principaux éléments,
qui regroupés et réarrangés forment une architecture correspondant aux modèles théori-
ques. Supportée par ces modèles solides et les bioréacteurs les plus performants, l'équipe
a étudié et conçu trois bioréacteurs de complexité différente.
Les essais expérimentaux ont permis de valider le comportement théorique des ar-
chitectures étudiées. Nous retenons que l'amélioration de la qualité de la réponse en
pression se traduit essentiellement par une augmentation du nombre de composantes et
une complexification de l'architecture.
Abstract
The literature review present existing bioreactors and mathematical models, descri-
bing the pulsed nature of aortic blood flow. The study of theoretical Windkessel models
allows understanding the dynamic of characteristics to be reproduced. The bioreactor
is decomposed in its major elements, which once regrouped and reorganised form archi-
tectures corresponding to theoretical models. Supported by Windkessel models and by
most efficient bioreactors, three bioreactors of different complexity have been designed
and studied.
Trials revealed that the experimental behaviour of the bioreactor corresponds to the
expected theoretical behaviour. One of the major conclusions this study has brought is
that the quality of the pressure response is essentially correlated to a higher number of
components and to a more complex architecture.
Avant-propos
Ces deux années d'études auront sans contredit été autant formatrices que passion-
nantes. Je tiens tout d'abord à remercier mon directeur de recherche, le Professeur
Jean Ruel, pour son support indéfectible et sa grande patience. J'ai eu la chance de
partager le quotidien d'un chercheur dévoué et soucieux de la qualité de la formation
offerte à ses étudiants. Jean s'est toujours rendu disponible, pour une question, une
courte rencontre ou encore une discussion pour laquelle le temps importait peu. Le
dynamisme de l'équipe qu'il a su réunir, l'environnement d'étude particulièrement mo-
tivant et les nombreuses opportunités d'apprentissage qu'il a su m'offrir m'ont permis
de développer des aptitudes professionnelles cruciales pour le métier d'ingénieur. Je re-
mercie particulièrement mon directeur et mon co-directeur, le Docteur François Auger,
de m'avoir permis de participer à ce projet d'envergure, au sein de cette formidable
équipe multidisciplinaire.
Au cours de ces deux années d'études, j'ai aussi eu la chance de partager le quotidien
de gens formidables sans qui mon parcours n'aurait pu être aussi agréable. Merci à
Catherine Tremblay, une partenaire de projet extraordinaire avec qui il était toujours
agréable de partager des réflexions sur la conception du bioréacteur comme des projets
de fin de semaine. Merci à Guillaume Lalande pour m'avoir traduit dans un langage
compréhensible les secrets du Numerical Recipe. Merci aux techniciens Martin Dallaire,
Normand Rioux, Jean-Claude Gariépy et Patrice Gagnon.
Un merci particulier à Yves Jean pour sa patience et son dévouement. Les mo-
ments partagés avec Yves lors des nombreuses séances de « débogages » ont été autant
formateurs qu'inspirants.
Pour tous les cœurs d'enfants que la nature a omis de
compléter correctement ...
Table des matières
Résumé ii
Abstract iii
Avant-propos iv
Introduction 1
1 Revue de littérature 9
1.1 Les bioréacteurs 9
1.2 Les modèles Windkessel 12
1.3 Conclusion 16
3 Conception et fabrication 61
3.1 Les matériaux 63
3.2 Le fluide de culture 64
3.3 Le groupe moteur 65
3.4 Le support valvulaire 67
3.4.1 Les tissus en culture 68
3.4.2 Description générale 69
3.5 La chambre de compliance 72
3.5.1 Description générale 72
3.5.2 Méthodes de calcul 74
3.5.3 Dimensionnement 75
3.5.4 Calcul des valeurs expérimentales 77
3.6 La résistance 80
3.6.1 Description générale 80
3.6.2 Calcul des valeurs expérimentales 82
3.7 Le réservoir 83
3.8 L'élément d'inertie 85
3.8.1 Description générale 85
3.8.2 Méthode de calcul 86
3.8.3 Dimensionnement de l'inertie du bioréacteur 88
3.8.4 Calcul des valeurs expérimentales 92
3.9 Les configurations RRC et RRCL 93
4 P h a s e expérimentale 95
4.1 La mise en service 95
4.1.1 Système d'acquisition 96
4.1.2 Mode d'opération normal 101
4.1.3 Améliorations 103
4.2 Les résultats 106
4.2.1 Validation des modèles 106
4.2.2 Discussion 110
Conclusion 123
Bibliographie 126
4.1 Synthèse des principales difficultés rencontrées lors de la mise en service 104
Table des figures
Plus que jamais, les maladies cardiovasculaires constituent à l'échelle mondiale une
problématique de santé publique préoccupante. Selon l'organisation mondiale de la
santé, les maladies cardiovasculaires ont causé le décès de 17.5 millions de personnes
seulement au cours de l'année 2005 [69]. Ces millions de mortalités liées à la santé car-
diovaslculaire représentaient cette année-là près de 30% de l'ensemble des décès. Plus
de 500 000 chirurgies vasculaires aux États-Unis [1] et plus de 170 000 remplacements
de valves cardiaques dans le monde sont pratiqués chaque année. En 1998, le Canada
estimait les coûts directs et indirects associés aux maladies cardiovasculaires à plus de
18 milliards de dollars [12], soit environ 2% du produit intérieur brut du pays.
mécaniques, synthétiques et biologiques ont été développées afin de remplacer ces valves
cardiaques défaillantes. Chacune comporte toutefois des inconvénients non négligeables.
L'implantation d'une valve mécanique, quoique d'une très grande durabilité, est sy-
nonyme pour un patient de la prise d'anticoagulants jusqu'à la fin de sa vie [46].
Les désavantages les plus répandus associés aux substituts synthétiques constitués
de biomatériaux sont aussi bien connus : complications et problèmes immunitaires
postopératoires ainsi que longévité limitée du substitut [21]. Les substituts biologiques,
toutefois, sont prometteurs. Les spécialistes s'entendent sur le fait que les tissus de
remplacement de valves cardiaques ou d'artères devraient être des substituts de type
biologique plutôt que de type synthétique [21, 44]. À l'heure actuelle, xénogreffes et allo-
greffes sont couramment pratiquées et permettent aux patients d'améliorer grandement
leur qualité de vie, en plus de prolonger celle-ci d'une quinzaine d'années. Contrairement
aux deux types de greffes précédents, les autogreffes ne nécessitent quant à elles aucun
immuno-supresseur puisque les cellules du substitut, dites autologues, sont celles du
patient à recevoir la greffe. Les substituts biologiques autologues présentent l'avantage
de pouvoir s'adapter aux caractéristiques de l'environnement cardiaque du patient en
plus de pouvoir se régénérer au rythme du processus normal de vieillissement. Implantés
chez de jeunes enfants, les substituts biologiques autologues peuvent même croître avec
les différents tissus et organes environnants, et ce, tout au long de la croissance de l'en-
fant [72, 4, 51]. Selon les spécialistes, le développement des techniques de synthèse des
substituts biologiques constitue la voie à privilégier.
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!» e
De nombreuses études ont été effectuées dans le but de comprendre cet environne-
ment cardiovasculaire afin de permettre l'amélioration des techniques de culture de tis-
sus humains. Nombre d'entre elles démontrent la nécessité de reproduire avec exactitude
les stimuli biochimiques et mécaniques afin d'obtenir la gamme de propriétés adéquates
pour garantir l'intégrité structurelle de la prothèse à construire [63, 19]. Ainsi, un grand
nombre de bioréacteurs existants sont utilisés pour supporter le développement des sub-
stituts valvulaires et artériels. Les défis demeurent toutefois nombreux : l'amélioration
des techniques de culture de cellules en laboratoire, l'amélioration des techniques d'as-
semblage des différents types de cellules et le développement de techniques de condi-
tionnement des tissus cellulaires dans un environnement adapté. La complexité des
caractéristiques à simuler rend difficile une reproduction fidèle de l'environnement phy-
siologique. La principale difficulté provient de la dynamique instationnaire puisée du
débit sanguin et de la pression systémique. La nature de ces deux quantités et l'inter-
action fortement non linéaire existant entre celles-ci sont des conséquences directes du
comportement visco-élastique non linéaire des tissus.
Objectifs du projet
C'est dans le but de faire avancer les techniques de conditionnement des substituts
biologiques autologues que l'équipe du professeur J. Ruel s'est associée aux professeurs
F. Auger et L. Germain, du Laboratoire d'organogénèse expérimentale (LOEX), et au
professeur Y. Maciel, du département de génie mécanique. Dans le cadre du projet de
bioréacteur cardiaque, les partenaires se sont lancé comme défi de concevoir un environ-
nement de culture simulant les conditions hémodynamiques cardiaques qui permettra
la fabrication de substituts biologiques présentant des caractéristiques optimales.
Le premier chapitre propose une revue de la littérature en deux parties. Les bioréac-
teurs similaires existants sont tout d'abord présentés, puis le comportement théorique
du système cardiovasculaire est abordé via une revue des modèles mathématiques Wind-
kessel (WK). Les principaux choix de conception qui ont mené à la réalisation du pre-
mier prototype de bioréacteur cardiaque ont été soutenus par les nombreuses études
recensées et présentées dans ce chapitre. La partie traitant des modèles Windkessel sert
quant à elle d'introduction au chapitre suivant.
Revue de littérature
Nous proposons un nouveau bioréacteur dans le secteur déjà très développé du génie
tissulaire. Il est intéressant de résumer les propriétés et les capacités des systèmes simi-
laires existants. La première section présente les choix de conception des bioréacteurs
recensés. La deuxième section décrit les modèles mathématiques sur lesquels s'est ap-
puyée la conception du bioréacteur.
La classification des bioréacteurs est composée de trois groupes et inclut sans dis-
tinction les systèmes dédiés aux artères et ceux dédiés aux valves du cœur puisque ces
systèmes sont généralement compatibles avec ces deux applications. Le passage d'une
application à l'autre ne nécessite qu'un simple rapport d'échelle ou que de mineures
modifications.
ou encore, dans le cas des artères, être circonférentiel ou longitudinal. Pour toutes ces
contraintes, une variation dans le temps est essentielle afin de fournir une stimulation
adéquate aux fonctions cellulaires. Seliktar et al. [18] ont utilisé un bioréacteur simple
dans lequel les substituts artériels étaient soumis à des efforts circonférentiels par l'im-
position d'une augmentation puisée du diamètre interne. Des améliorations notoires ont
été observées malgré le fait que le système utilisé ne reproduisait d'aucune manière la
caractéristique de débit. Nous savons que le débit génère le cissaillement, dont l'impor-
tance est reconnue. Le cissaillement est en fait la caractéristique la plus fréquemment
citée dans les réflexions à l'égard des promoteurs mécaniques de l'activité cellulaire.
Plusieurs bioréacteurs favorisent la reproduction d'un débit puisé. Dans la majorité
des cas, le débit est généré au moyen de méthodes simples. Les pompes péristaltiques
représentent l'une des manières les plus simples de produire la caractéristique de débit.
Leur mécanique les limite cependant à des formes d'onde très primitives qui ne s'ap-
prochent que très peu des ondes physiologiques. En réalité, les similitudes entre une
onde de débit produite par pompe péristaltique et une onde physiologique s'arrêtent à
la première harmonique. Mironov et al. [55] ont aussi utilisé ce type de pompe, tout
comme Williams et al. [22] et Tsiagkli et al. [54], dans un circuit en boucle fermée très
simple qui n'aspirait pas à la reproduction d'une onde de pression physiologique simul-
tanée. En dépit de ceci et à cause de la nature dynamique du débit, la pression résultante
est également puisée malgré le fait que la forme de la variation temporelle ne soit pas
considérée. Hsiai et al. [62] ont suggéré de petites améliorations quant au contrôle du
débit produit par la pompe péristaltique en ajoutant un moteur à vitesse variable à la
pompe. Niklason et al. [2] ont aussi proposé une pompe relativement primitive à laquelle
a été ajouté une chambre élastique, s'ajoutant à la charge du système afin de simuler
le retard de phase entre le débit et la pression. Ceci constitue une caractéristique très
importante puisqu'une cellule ne réagit pas de la même manière à la situation où le
cisaillement maximum (débit maximum) coïncide avec la contrainte normale maximale
(pression maximale) qu'à la situation où il existe un délai entre le cisaillement maximum
et la contrainte normale maximale. Mol et al. [13] ont utilisé une approche différente
priorisant la contrainte normale, produite par la pression, au cisaillement, causé par le
débit. Dans ce bioréacteur, le débit demeurait constant et très faible (4 ml min - 1 ) et
la chambre de compliance, combinée à une résistance variable, produisait une pression
variable et dynamique correspondant à la phase diastolique du cycle cardiaque. Men-
tionnons que ce système a été conçu afin de stimuler des valves cardiaques et qu'il a
été basé sur la prémisse qui veut que la pression soit le paramètre le plus important
pour le conditionnement des feuillets de valves lorsque l'objectif est l'amélioration de
leur résistance. Finalement, Bilodeau et al. [3] ont développé un système dédié aux
substituts artériels, ce qui leur a permis d'inclure la reproduction des contraintes longi-
tudinales à leur application. L'article faisant état de leur système mentionne un débit
puisé sans toutefois donner plus de détails ou de résultats concernant la pompe ou les
11
ondes produites.
La deuxième catégorie regroupe des bioréacteurs dont la priorité a trait à une repro-
duction réaliste du débit, l'avancée majeure étant le type de pompe propulsant le fluide
à travers le circuit. Ces systèmes utilisent le principe de pompe ventriculaire qui simule
l'action réelle du cœur : une membrane flexible est motorisée par un fluide pressurisé
afin de déplacer un certain volume de sang ou de média de culture à l'intérieur du cir-
cuit. Le fluide moteur pressurisé permet ainsi un certain contrôle sur la forme de l'onde
de débit. Mentionnons que la qualité du contrôle est fortement dépendante de la com-
plexité du système moteur. En ce sens, le design d'une pompe ventriculaire a été retenu
par Hoerstrup et al. [49], Sodian et al. [33] ainsi que par Lueders et al. [20]. Dans toutes
ces études, le fluide moteur était de l'air comprimé fourni par un respirateur commercial
Harvard. Hormis le fait que les formes d'ondes présentées soient assez primitives, elles
montrent une amélioration marquée comparativement à celles produites avec la pompe
péristaltique. Néanmoins, ce type de respirateur offre peu d'options d'ajustement et le
contrôle du débit reste relativement limité. De plus, les ondes de pression qui ont été ob-
tenues avec ces bioréacteurs n'étaient clairement qu'une simple conséquence des débits
imposés, sans aucune possibilité de contrôle sur leur forme. Dans ces bioréacteurs, l'ab-
sence de chambre de compliance implique une pression essentiellement en phase avec
le débit en plus d'une forme très similaire des deux ondes une fois le rapport d'échelle,
proportionnel à la résistance du circuit, effectué.
2
Intra aortic balloon pumping device (IABP)
12
tie). La physique générale du débit de fluide produit par un bioréacteur peut ainsi être
étudiée à l'aide de ces modèles mathématiques.
Les modèles WK ont comme avantage d'utiliser une représentation électrique référant
aux lois électriques fondamentales. Les équations différentielles traduisant le comporte-
ment du système en termes électriques sont simples et faciles à manipuler. La source de
débit d'un bioréacteur est généralement une pompe produisant un débit puisé similaire
à celui du cœur. Dans les modèles WK la pompe est associée à une source de cou-
rant alternatif. La résistance à l'écoulement simule la restriction à l'écoulement sanguin
causée par le rétrécissement des conduits, artères, capillaires et veines. Cette résistance
est responsable de l'augmentation de la pression systémique lorsqu'un débit est forcé
dans le système circulatoire par la pompe. De la même manière, en termes électriques,
la résistance est responsable de l'augmentation de tension. La résistance à l'écoulement
Les bioréacteurs les plus sophistiqués retrouvés dans la littérature biomédicale sont
soit explicitement basés sur les modèles WK, tels que ceux présentés par Dumont et al.
[13], Hildebrand et al. [19] et par Kneibein et al. [30], ou encore comportent les éléments
appropriés structurés de manière à reproduire l'environnement hémodynamique, tels
que ceux développés par Warnock et al. [66], Konduri [31, 32] et Narita et al. [41].
Généralement, les macro-propriétés du système cardiovasculaire sont modélisées en uti-
lisant seulement quelques composantes, généralement trois ou quatre. Nous remarquons
dans plusieurs articles présentant une analyse mathématique de différents arrangements
que la complexité des équations différentielles décrivant les systèmes augmente rapide-
ment avec l'ajout de nouvelles composantes au modèle [7]. Certains articles proposent
une analyse d'un point de vue de la réponse dynamique et de la fonction de trans-
fert des différents arrangements WK [27, 15]. Les travaux publiés par Stergiopulos
[57, 56, 58], dans lesquels les différences entre les modèles WK-RRC et WK-RRCL ont
15
La revue de littérature des articles traitant des modèles WK nous a permis de mieux
comprendre l'étendue du concept et les grandes capacités de ces modèles à représenter
la dynamique du système cardiovasculaire, particulièrement dans les cas où les modèles
incluaient plus de deux composantes. Toutefois, en dépit de l'intéressant potentiel des
configurations WK plus complexes que le modèle classique WK-RC à deux composantes,
la grande majorité des bioréacteurs recensés dans les publications sont développés selon
cette configuration classique [20, 13, 54, 38, 41, 19, 66, 30]. Certains articles présentent
une étude théorique détaillée, parfois combinée à une comparaison avec des données
physiologiques [7, 45, 52, 67, 15, 57, 25, 5, 26, 56, 64]. D'autres présentent des configu-
rations de bioréacteur plus sophistiquées sans toutefois supporter leur conception par
une analyse théorique systématique [68].
16
1.3 Conclusion
Les objectifs et les sous-objectifs du travail présenté dans ce mémoire peuvent ainsi
être mis en perspective grâce à cette revue de littérature.
La revue des meilleurs bioréacteurs aura donc permis d'imaginer un design préliminai-
re structuré du bioréacteur qui sera optimisé par la compréhension de son comportement
dynamique, rendue possible grâce à l'étude des modèles analytiques Windkessel.
Chapitre 2
L'agencement des composantes de ces modèles sera étudiée à l'aide des lois mécani-
ques, physiques, électriques et mathématiques associées au système réel. Tout au long
de ce chapitre, le comportement biomécanique du système cardiovasculaire sera exprimé
en terme mécanique. Les macro-propriétés utilisées dans les modèles Windkessel étudiés
réfèrent à des éléments mécaniques simples. Nous exprimerons ensuite théoriquement
le comportement des éléments mécaniques en terme électriques. Par exemple, la pro-
priété de compliance des tissus est associée à un accumulateur, connu dans le domaine
électrique comme un condensateur et dans le domaine mécanique comme un réservoir
d'air. En effet, le développement mathématique est simplifié par l'utilisation des lois
électriques qui régissent les interactions entre les composantes d'un circuit électrique.
o ai o. o. oi o. n 07 08
Temps (s]
01 02 03 07 0.8 09 I
Temps [s]
B). b)
Cette seconde macro-propriété joue un rôle très important dans la variation tem-
porelle de la pression artérielle. En fait, la compliance des conduits est nécessaire à
la relation entre le débit aortique et la pression artérielle telle que nous la connais-
sons. Sans la compliance, l'onde de pression artérielle posséderait une forme similaire
à celle du débit aortique. L'interaction existant entre les paramètres essentiels permet
d'illustrer le rôle que joue la compliance. Prenons l'exemple de l'état de contraintes à
la paroi des conduits. Le comportement biomécanique réel des tissus du système car-
diovasculaire favorise l'adaptation par déformation élastique des parois sous l'effet des
contraintes mécaniques. L'état de contrainte que subissent les tissus est imposé par la
pression artérielle, produite par le débit sanguin puisé. Il y a modification de l'état de
contrainte à la paroi lors de la variation du gradient temporel de pression. La propriété
d'élasticité que possèdent les tissus du système cardiovasculaire permet l'adaptation
aux variations de la pression. La propriété d'élasticité des tissus est caractérisée par la
phase durant laquelle les tissus se déforment de manière élastique par l'augmentation
du diamètre de section sous une augmentation de pression créée par le débit. Lorsque
le débit diminue, il y a variation négative du gradient temporel de pression, et le cycle
se complète par un retour élastique durant lequel l'énergie potentielle précédemment
21
Il est ainsi possible d'affirmer qu'un circuit uniquement résistif, dans lequel la pro-
priété d'élasticité est omise, serait inadéquat, au même titre qu'un circuit simplement
capacitif le serait sans résistance. Un circuit uniquement résistif où la résistance demeu-
rerait constante ne permettrait pas de corréler les ondes physiologiques de débit et de
pression. Un circuit simplement capacitif, en boucle fermée, ferait quant à lui circuler le
débit dans deux directions tandis que le débit physiologique exige une circulation unidi-
rectionnelle. Considérant le phénomène de la circulation cardiovasculaire dans sa forme
simplifiée, il est donc possible d'affirmer que le débit sanguin puisé nécessite l'inter-
vention des composantes R et C afin de reproduire adéquatement la pression artérielle
[5].
Nos recherches ne nous ont pas permis de trouver les démonstrations mathématiques
complètes des modèles étudiés. C'est pourquoi, nous présenterons dans ce chapitre le
développement mathématique de chaque architecture permettant de démontrer qu'un
agencement particulier des composantes l'une par rapport à l'autre est crucial afin
de représenter adéquatement le phénomène biomécanique réel. Les prochaines sections
détaillent chacune des architectures et discutent des capacités de chaque modèle à bien
représenter le système cardiovasculaire.
22
Cette architecture dite à deux composantes comprend une source de débit, une
chambre à air élastique et une résistance, restreignant l'écoulement et provoquant une
augmentation de la pression. La chambre à air est aussi appelée chambre de com-
pliance. Celle-ci est un réservoir fermé, contenant un volume de liquide et un volume
d'air, qui permet par la compression de l'air l'accumulation temporaire d'un volume
supplémentaire de liquide.
-o +
* 4/V^
a) b)
La source, illustrée à la figure 2.3, fournit un débit total q. Durant la systole, le débit
fourni au système augmente (variation temporelle positive du débit) et fait augmenter
la pression. Tel que décrit précédemment, la propriété mécanique de compliance des
tissus permet une variation du diamètre des conduites ce qui permet de limiter l'aug-
mentation de pression dans le système. Dans le circuit biomécanique, c'est la chambre
de compliance C qui simule cette propriété. Le débit sanguin accumulé par la différence
de volume positive est noté qc- Le reste du débit total qui n'est pas accumulé par la
compliance et qui circule effectivement dans le circuit est noté q/_. Le volume de sang en
circulation dans les conduites cause le phénomène de frottement pariétal, c'est pourquoi
q/_ est associé au débit circulant dans une résistance hydraulique R.
q
-Q ^ ^ rO-^"
M
q R AP R
q = Qc + QR (2.1)
Les termes de pression, associés à chacun des éléments du modèle, sont identifiés
par une majuscule : P la pression à la sortie de la pompe, Pc la pression à la chambre
de compliance C, A P R la chute de pression à travers la résistance R et P s la pression
à la sortie de la résistance R. Ces quatre quantités (P, P c , A P f i et P s ) s'expriment en
Pascal. Le tableau 2.1 résume la correspondance de chacun des éléments pour les trois
représentations présentées : cardiovasculaire, biomécanique et électrique.
24
La compliance
d V m3
c= (2.2)
dPr Pd
Dérivant le numérateur et le dénominateur par rapport au temps, nous obtenons une
relation directe entre le débit et le gradient de pression.
dV
c = (2 3)
=Â ]jk '
dt dt
Ainsi, le débit à la chambre de compliance est fonction de la compliance et de la variation
de pression à l'intérieur de la chambre.
En supposant un conduit très court et une chute de pression négligeable entre la sortie
de la pompe et l'entrée de la chambre de compliance, nous avons
P = Pc (2.5)
QC = C ^ (2.6)
La résistance périphérique
qR = est x AP R (2.7)
26
APR
qn = (2.8)
est qR R
La résistance R s'exprime en Pa s m - 3 .
AP R = P C -P S = PC (2.9)
— ^ - 5 «210)
Remplaçant dans l'équation 2.1 les débits qc et q# par leur définition respective (éqs.
2.6 et 2.8), nous obtenons l'équation différentielle suivante
P
+cd P 2
< =f f < -">
Cette équation représente la relation qui existe entre le débit et la pression dans le
circuit biomécanique illustré à la figure 2.2. Ceci correspond sur le montage physique
du bioréacteur au débit et à la pression au support valvulaire.
L'analogie électrique
Cette courte section permet de valider à l'aide des lois électriques fondamentales le
développement de l'équation différentielle, précédemment présentée en termes biomécani-
ques. L'analogie électrique se base sur les associations débit-courant et pression-tension
ainsi que sur l'effet des propriétés sur les relations débit-pression et courant-tension.
Débutons tout d'abord par appliquer l'analogie composante par composante. Nous ver-
rons plus loin comment l'assemblage des composantes permet l'analogie entre les circuits
biomécanique et électrique.
27
"è/
V c = ç / icdt (2.12)
c
. « = | ^ < 2 - 13 >
dt
La capacitance d'un condensateur affecte la relation courant-tension de la même manière
que le fait la compliance pour la relation débit-pression. C'est pourquoi l'effet de la
compliance dans un circuit biomécanique, C, est associé à l'effet d'un condensateur
dans un circuit électrique, C e .
= C - Cee = - £ - (2.14)
dPc dVc
dt dt
La résistance électrique influence aussi la relation courant-tension. Elle est définie par
la loi d'Ohm.
Vu
— = Re (2.15)
La résistance électrique, Re, affecte la relation courant-tension de la même manière que
le fait la résistance hydraulique, R/,, pour la relation débit-pression. C'est pourquoi
l'effet de la résistance hydraulique dans un circuit biomécanique est associé à l'effet
d'une résistance électrique dans un circuit électrique.
^ = Rh - Re = ^ (2.16)
qR «/.
La figure 2.4 montre le circuit électrique équivalent. La loi des courants de Kirchhoff
appliquée au nœud A permet d'écrire l'expression suivante.
i =
i = i R + ic - W + C ^ (2-17)
Re dt
Puisque le condensateur et la résistance sont en parallèle avec la source de tension,
leur tension sont équivalentes
V C = VR = V (2.18)
28
®
•
Vc^C VR.
Donc
._ V dV
+Ce (2.19)
*-R~e ~dt
Cette démarche permet de constater que les équations différentielles des circuits
biomécanique et électrique possèdent la même forme mathématique.
._ V dV AP„ dP
(2.20)
l
-R~e + C e
^ q= —
Rh + c h —
dt
physiologique
Temps [s]
150
physiologique
140
crête systolique - approximation WK-RC
130
80
70
60
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Temps [s]
humain normal [31]. Elles ont été spécifiquement sélectionnées parce qu'il a été possible
de s'assurer de leur corrélation dans le temps. Les courbes physiologiques présentées
ont été numérisées en utilisant 100 points par cycle.
De plus, trois définitions d'erreur ont été considérées : la somme des erreurs au
carré, l'erreur maximale et la somme des erreurs absolues. La figure 2.7 présente les
courbes des pressions produites à partir des trois définitions d'erreur. Les simulations
numériques présentées utilisent les gradients conjugués pour converger vers la solution
par la minimisation de la grandeur de l'erreur, dépendante de l'écart entre la courbe
physiologique de référence et la courbe de pression produite par le modèle WKRC.
physiologique
— © — Xerreurs 2
— © — erreur maximale
— 120 ■
x
fc D — Zerreurs absolues
E
Temps [s]
Les deux familles de courbes suivantes, figures 2.8 et 2.9, sont tracées en utili
sant des paramètres artériels physiologiques normaux, fréquemment rencontrés dans
la littérature [19, 57]. Pour observer l'effet du paramètre de compliance, la résistance
31
physiologique
- O - R = 0900
— @ - R = 1.0996
- C D - R =1.300
E
E
- © - R =1.500
La valeur du paramètre de
compliance C est pour les
quatre courbes WK-RC de
2.233 ml mmHg-1.
Temps [s]
Dans le cas de la première famille de courbes, montrée à la figure 2.8, une variation
de quelques dixièmes unité au-dessus et en dessous de la valeur moyenne normale de
la résistance périphérique R a été effectuée afin d'observer les effets de ce paramètre
sur l'onde de pression. Tel que le fait une perte de charge régulière dans une conduite
fermée, l'augmentation de la valeur du paramètre de résistance fait augmenter la pres-
sion moyenne. Nous remarquons aussi que la courbe de pression n'est pas déformée par
la variation de la résistance périphérique.
physiologique
—®-C = 1.000
-<2>-C = 2.000
X —®-C = 2.2326
Ë
E
- © - C = 3.000
La valeur du paramètre de
résistance R est pour les
quatre courbes WK-RC de
1.100 mmHg s ml- 1 .
Le second modèle est une amélioration du modèle WK-RC auquel une deuxième
résistance a été ajoutée afin de simuler la chute de pression au passage du tronc aor-
tique. La littérature comprend plusieurs études traitant de ce modèle Windkessel à trois
composantes [45, 68, 57]. Il comprend une source de débit, une chambre à air élastique
et deux résistances.
Rc
Rc ' — i — ' Rp
a) b)
R
p Rc Vrv p
sanguin. Les effets inertiels sont eux aussi considérés puisque le diamètre de section de
l'aorte permet d'y accumuler un important volume de sang, qui donc par sa masse im-
pose des effets inertiels non-négligeables.
L'architecture du modèle Windkessel RRC est présentée à la figure 2.11. Les débits,
qc et q Rp , sont définis de la même manière que pour le circuit WK-RC. Le débit q/_c
peut quant à lui être exprimé en fonction de la chute de pression à travers le tronc
aortique A P R C et de la résistance équivalente Rc :
A PRc
qR C = (2.21)
Rc
L'équation de continuité permet de poser la relation entre les trois différents débits.
Le tableau 2.2 résume la correspondance de chacun des éléments pour les trois
représentations présentées : cardiovasculaire, biomécanique et électrique.
q ^ = est x A P R c (2.23)
1 APpr
A PR
Rc = — = ££ (2.24)
est q Rc
-*-_MÊ
Cette équation différentielle représente la relation qui existe entre le débit et la
pression dans le circuit biomécanique WK-RRC, illustré à la figure 2.11.
36
L'analogie électrique
Ainsi, de la même manière que pour le modèle WK-RC, il est possible de valider
l'équation différentielle développée à l'aide de la représentation électrique du modèle et
des lois fondamentales qui gouvernent ces circuits. L'analogie électrique est ici parti-
culièrement avantageuse puisqu'elle permet de réorganiser l'équation différentielle 2.27
afin de l'exprimer en terme de débit et de pression au support valvulaire. La démarche
s'appuie encore une fois sur les associations débit-courant et pression-tension ainsi que
sur l'impact qu'ont les propriétés sur les relations débit-pression et courant-tension. La
figure 2.12 présente le circuit électrique équivalent. La loi des courants de Kirchhoff ap-
pliquée au nœud A de ce circuit permet d'écrire l'équation de conservation de courant
2.28.
Rc
V^T V C =J= C »R,<
. . VRc VR ^dVc , s
Î = + C
i = iRc=iR P +ic -► ^ ~ = '^~ ~^' (228)
Physiquement, les différents courants correspondent au débit total fourni au système (.),
au débit transitant par le tronc aortique (i_?c), au débit accumulé par le comportement
compliant des parois (ic) et au débit transitant dans le reste du système périphérique
(•■Rp). L'équivalence des tensions entre deux éléments permet aussi l'égalité suivante.
VA = V R p = V c (2.29)
Le circuit électrique présenté à la figure 2.14 [40, 70] et les deux premières lois
37
ic
RP
U
i JR.
WVJ
►
iRp
de Kirchhoff permettent de poser les trois égalités 2.31, 2.32 et 2.34, nécessaires aux
manipulations mathématiques présentées.
R=
AAAr
i R c - —►
S"
v.„ J
V c = VRp (2.32)
c'estàdire
— i c dt = R P i R p (2.33)
V = VRc + V c (234)
c'estàdire
V = R c i Rc + ficdt (2.35)
38
Rc
YTTAA/V- RP
IRCVRC ►
c c 'Rp
VR P
u
a) b)
diR P
S i c dt = R p C i Rf ic = R P C
dt
(2.36)
=
diR P
iRc îRp + R p C (2.37)
dt
Puis, les deux termes de l'équation 2.35 sont remplacés par 2.37 et 2.36, et une première
expression pour le terme de tension V aux bornes du circuit est obtenue :
diRf
V = R c [ i R p + RpC + R p ÏR f (2.38)
dt
diR f
V = R c R p C ^ + (Rc + R P )i R f (2.39)
V_ dÏR Rc
= R c C^+(l + ^\i R (2.40)
Rp dt y Rp
Isolant le courant dans la résistance périphérique dans 2.33 :
1>R, ic dt (2.41)
RpCji
Puis, remplaçant ÏRC de l'équation 2.35 par 2.42, une deuxième expression pour la
39
V R
= c(ic + j ^ ç [ i c d t j y^Jicdt (2.43)
+ + i+ to+ ) (247)
^-*<* ï) ( K »
Considérant, selon la propriété d'additivité linéaire des fonctions dévirées, que
dqRp , d q c = dqp^ . .
{
dt dt dt ' '
et que le débit total q du système est égal au débit à la résistance Rc (q__c), l'expression
qui constitue l'équation différentielle du modèle Windkessel RRC est finalement obtenue
[27].
pondaient bien aux petits rayons de courbure des courbes de débit et de pression. Nous
nous sommes aussi assuré que le signe des amplitudes maximales des dérivée secondes
était cohérent avec l'orientation du rayon de courbure, convexe ou concave, des courbes
de débit et de pression. Ces vérifications nous permettent de démontrer que les dérivées
première et seconde sont cohérentes avec les caractéristiques des courbes de débit et
de pression. Nous avons ainsi validé le fait que la méthode de résolution numérique
n'était pas polluée par du bruit numérique et qu'elle était donc adéquate comme outil
d'analyse du comportement théorique du modèle WKRRCL.
150 r
physiologique
140
- approximation WK-RRC
130
„ 120
La valeur des paramètres Rp,
E
E 110 Rc et C est respectivement de
1.100 mmHg s mM, 0.058
100 mmHg s ml-1 et 1.990 ml
CD mmHg- 1 .
Û_
90
Le coefficient de corrélation
correspondant est de 0.928.
70
60 _i ■ ■ ■ ■ _J 1 _.
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Temps [s]
Une étude paramétrique est effectuée afin d'isoler l'impact des paramètres Rp, Rc
et C sur la forme de l'onde de pression. Trois familles de courbes, montrées aux figures
41
2.17, 2.18 et 2.19, sont utilisées pour analyser l'influence isolée de chacun des trois pa-
ramètre. Les familles de courbes nécessaires à l'étude paramétrique sont tracées à partir
de la valeur des paramètres Rp (1.100 mmHg s ml - 1 ), Rc (0.058 mmHg s ml - 1 ), et C
(1.990 ml mmHg -1 ) qui ont permis de produire la meilleure approximation, montrée à
la figure 2.16. Remarquons toutefois que la valeur optimale de chacun de ces paramètres
s'écarte des valeurs physiologiques associées aux propriétés qu'elles modélisent. Ceci est
caractéristique des attributs du modèle WK-RRC. En effet, une réponse en pression
optimale ne peut être atteinte avec ce modèle si l'on restreint les paramètres de si-
mulations aux valeurs physiologiques seules [57, 64]. Ainsi, l'influence de la résistance
périphérique Rp s'observe en variant sa valeur de -10% à 30%, la résistance aortique
équivalente Rc de -60% à 30% et la compliance C de -50% à 50%.
physiologique
— © - R p = 0.900
— ® - R p = 1.0904
— ® - R p = 1.300
- © - R p = 1.400
150
physiologique
140
—(D-C = 1.000
130
- ® - C = 1.500
120
- ® - C = 1.9901
E
E 110
- © - C = 3.000
100 La valeur des paramètres de
Rp et Rc est respectivement
90 pour les quatre courbes
WK-RRC de 1.090 mmHg s
80 ml-1 et 0.058 mmHg s mr 1 .
70
iJX^ Les coefficients de corrélation
correspondant sont respecti-
_ vement (0.856), (0.900),
fiO
0,7 . (0.928) et (0.947).
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,8 0,9
Temps [s]
sion. La compliance permet ainsi de moduler la différence entre les valeurs limites de
l'onde de pression, c'est-à-dire les pressions minimale et maximale.
physiologique
— C D - Rc = 0.020
— C D - R c = 0.040
— C D - Rc = 0.0583
- ® - Rc = 0.080
c
. . v Rc
ry \_- r^r^r^t-^
U --\ ^
x
L_U
+ U
VW J H A J V
Rc
RP
b)
L'inertie
^7
ry V-
~T* —* OcjPc £ .
►•
-S iii
QRpAPRp
q L AP L
Les débits, qc, q_.c et qRR, sont définis de la même manière et représentent les
mêmes éléments cardiovasculaires que pour le circuit WKRRC. Le débit qz, est quant
à lui défini en utilisant la relation qui existe entre la pression et le débit aux bornes de
40
F = ma
ou
F = aire x pression = A x F = A x A P L
et
dV
ma = (pM) x a = (pA£) x —-
dt
ou
Donc
dV
F = m a ^ AAP L = pA£—-
dt
AAP L = pAL
\AdtJ
Ce qui permet de retrouver comment les effets inertiels de la masse influencent la relation
entre le débit et la pression.
47
L'analogie électrique
L'analogie électrique est établie, de la même manière que pour les modèles WK-
RC et WK-RRC, en se basant sur les associations débit-courant et pression-tension
ainsi que sur l'effet de chacune des macro-propriétés sur les relations débit-pression et
courant-tension. Le tableau 2.4 résume ces expressions en utilisant les mêmes définitions
de composante qu'aux sections précédentes.
i=X
i = i R c + h = iR P +ic ~ ^ + ïjVLdt =
^; +C ^ (2 54)
-
4^
APp Vp VR
Résistance qR = R x A P R = R < R = — — =R
QR »« iR
dPç Qc
Compliance qc = C
dt dPç =C~C=1Ï V
c = c ! i c dt
dt (lt
dir
Inertie Qt. = LJAPLdt ^ k=L„L = d_L
dqL
dt dt
Notant que V = VRc + Vp, l'équation 2.54 peut être réécrite comme
Le principe des mailles ainsi que les équations associées à chaque maille sont utilisés
pour obtenir l'équation différentielle du modèle RRCL. Six mailles distinctes existent
pour l'architecture du circuit du modèle WKRRCL. Cinq d'entre elles seront direc
tement utilisées pour obtenir l'équation différentielle. La figure 2.24 montrent les cinq
mailles dans les circuits électriques équivalents au schéma biomécanique présenté à la
figure 2.21 et aux schémas électriques présentés à la figure 2.23.
L
lL ►
yyy.
pr^rv^i L7 ■
Wv
'Rc ►
|RP
Rp. c== RP
IR_-
ÏRp ►
1
LAA/V
Rc Rp
v ^ J
a) b)
l'équation différentielle finale. L'objectif est d'obtenir une expression contenant unique
ment des termes de tension et de courant aux bornes de la source afin d'éliminer tous
les termes dépendants spécifiquement de l'un ou l'autre des éléments du circuit.
Les équations et les égalités précédentes sont utilisées pour convertir les termes en
débit Q et pression P exprimés au support valvulaire. Les manipulations qui suivent
conduisent à l'équation différentielle finale 2.84.
diR P
S ic dt = R p C IR, ic = R P C
dt
(2.62)
diRp _ _ J _ ( d V _ L d 2 i L
(2.64)
dt RP V dt dt2
Le terme de courant à la résistance aortique équivalente, Rc, de l'équation 2.57 est
isolé.
2 65
'*-it
Puis, les termes de courant au condensateur ic et à la résistance aortique i ^ sont
<' >
50
a)
b)
i.-U
w
iRc ►
'Rp
I T 1 Y"
c)
VRc
'Y Rc
H t = V Rc di_,
VL (2.57)
~u^A_A_r
VL
r ~\
C < R P
IC V
Vcc== ^
> iR
? VRD
■
i2 ■
v c = v Rf ^fiCdt = RpiRp (2.58)
>*_>
VL
IL ►
JTU
-Î-4Î cy= Vc V = VL + v c v=L
iu+hIicdt (2,59)
iRp
■î4t RP< Rp V = VL + V R .
V= L^+RPiRp (2.60)
VR,-
Rc
AA/V iRp
Rp< V
*P
V = VRc +
vRp V = R c i R c + RpiRp (2.61)
52
remplacés par les expressions 2.62 et 2.65 dans l'équation 2.56. L'équation suivante
présente le résultat de cette substitution.
L
dh . . DndiRp .
l= +lL = R p C +lR (2 66)
Rc-^t ^r » -
LdiL{t)
= R p C d ^ + ï R P (t)
+ i L (w
t) (2.67)
R c dt dt
De l'égalité 2.67, le terme de courant à la résistance périphérique ÏR P est isolé et le
terme dérivé du courant à la résistance périphérique Rp est remplacé par 2.64.
L d i L
. • D r-diRp / O C Q \
lRp = + l L R p C (2 68)
R- c -^ - -dT '
Cette dernière équation est manipulée afin de regrouper les termes de tension d'un côté
et les termes de courant de l'autre. Une première expression est obtenue. Les termes de
tension de celle-ci sont tous liés à la tension aux bornes du circuit, éliminant ainsi la
dépendance directe aux tensions individuelles des composantes R, C ou L.
V + H.c£-*(1 + g j g + * f e + * C L £ (2.71)
De la même manière que pour la première expression de la tension V, éq. 2.71, nous
procédons à une série de manipulations afin d'obtenir une deuxième expression de ten-
sion à la source en fonction des divers courants du circuit. Débutons en manipulant
l'équation 2.57 pour isoler le courant à travers l'inductance.
dh Rc . . Rc f. ,. fn -ns
% %L = lR dt 2 72
-fa=-[f Kc -» ~T J c (- )
En dérivant par rapport au temps l'équation 2.61, il est possible d'isoler le terme dérivé
du courant à la résistance périphérique Rp.
dV __ diRç di R p di R p 1 fdV di R c
Rc +Rp Rc
dt- ^r ^f "* ~dt-R~pVdt- ^rl
53
L diL 1
V = R c l R c + R p ^ - ^ + h..• ( d-V- RD .diRc'
- R PuCn^iT p ^ c ^)j) (2.75)
(2.76)
L'équation 2.76 est manipulée afin regrouper les termes de tension d'un côté et les
termes de courant de l'autre.
L
V + R p C ^ = (Rc + Rp)iR c + ^ J i R c d t +RcRpC^- (2.77)
Cette dernière équation est multipliée par un facteur L avant d'être dérivée par rapport
au temps pour obtenir la deuxième expression de la tension aux bornes du circuit en
fonction des divers courants.
LV + R P C L ^ = L(R C + R P ) i R c + R c R P I i R c dt + R c R P C L ^ - (2.78)
L'expression 2.71 est préparée afin d'être combinée en la multipliant par la résistance
aortique équivalente R c .
Nous obtenons l'équation différentielle du modèle WK-RRCL par l'addition des deux
5-1
d?V dV
R P C L — + (L + R c R P C ) — + R C V (2.81)
150
physiologique
140
- approximation WK-RRCL
130
_ 120
La valeur des paramètres Rp.
E
E 110 Rc, C et L est respectivement
de 3.010 mmHg s ml-1, 0.020
100 mmHg s mM, 3.000 ml
mmHg-1 et 0.1089 mmHg s 2
mM.
90
Le coefficient de corrélation
80 correspondant est de 0.947.
70
■ ■
60
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
Temps [s]
Le troisième modèle comporte une particularité qui le distingue des deux autres, soit
celle d'agir à la manière du modèle WKRC ou du modèle WKRRC dépendamment
de l'inertie de l'élément L et du taux de variation de la commande en débit imposée.
Ceci s'explique par le comportement fondamental des éléments Rc et L, placés en
parallèle dans l'architecture WKRRCL ainsi que par le contenu fréquentiel de l'onde
de débit. E n effet, celleci comporte des basses fréquences, s'exprimant sur tout le
cycle, et d'autres assez hautes, s'exprimant principalement durant la phase systolique.
Lorsque l'inertie de l'élément L est faible et/ou que les fréquences de l'onde de débit
sont faibles, le système se comporte comme le modèle WKRC, laissant le débit transiter
par l'élément d'inertie plutôt que par la résistance aortique équivalente Rc A l'inverse,
lorsque l'inertie de l'élément L est élevée et/ou que de hautes fréquences excitent le
système, le débit circule par la résistance Rc plutôt que par l'élément L. Dans ce cas,
le système se comporte plutôt comme le modèle WKRRC.
physiologique
- d > - Rp = 2.800
—CD— Rp = 3.010
- ® - R p = 3.200
- © - R p = 3.400
Temps [s]
La figure 2.26 présente les ondes de pressions produites pour différentes valeurs de
résistance périphérique, Rp. Quoique la valeur moyenne de Rp soit environ le triple de
celle utilisée dans les deux autres modèles, nous constatons que l'effet de la résistance
périphérique sur la dynamique du système demeure encore une fois la même. Une aug-
mentation de la valeur de ce paramètre affecte à la hausse la pression moyenne sans
affecter le taux de variation de la pression. Il n'y a donc aucune distorsion de l'onde
de pression. Remarquons aussi que pour une même variation d'environ deux dixièmes
de la résistance périphérique Rp une augmentation moyenne de pression de 5 mmHg se
produit plutôt que de 15 mmHg, observée à l'étude paramétrique des modèles WK-RC
et WK-RRC.
— . - - physiologique
— © - C = 2.8000
— © - C = 3.0000
- ® - C = 3.2000
- ® - C = 3.4000
Temps [s]
physiologique
— ( D — R c = 0.015
— ® - R c = 0.0201
- ® - R c = 0.025
- © - R c = 0.030
physiologique
- < _ ) - L = 0.100
- C D - L = 0.1089
- ® - L = 0.120
E
E
- © - L = 0.130
Temps [s]
La valeur des paramètres demeure dans la plage des valeurs physiologiques que
chaque paramètre modélise. Les améliorations apportées par l'ajout de la résistance
aortique équivalente Rc dans l'architecture WK-RRC sont conservées. L'ajout du qua-
trième élément, L, vient moduler le comportement du système à basse fréquence.
59
2.5 Conclusion
Enfin, l'étude théorique réalisée dans ce chapitre nous aura permis de constater
les bénéfices théoriques associés à la complexification de l'architecture des modèles. La
conception du bioréacteur, présentée au chapitre 3 est orientée de manière à pouvoir
réorganiser le montage en chacune des trois architectures. Les essais expérimentaux
effectués pour chacune des architectures seront comparés aux essais numériques afin de
valider la représentativité des modèles théoriques développés au chapitre 2.
Chapitre 3
Conception et fabrication
PV
L'assemblage des sous-systèmes est effectué à l'aide de tube flexible Tygon™. Pour
ce qui est des points de prise de mesure et des points d'entrée ou de sortie de petite taille,
des raccords de type Luer™ sont utilisés. C'est principalement la grande simplicité
d'utilisation et la compatibilité avec les outils et équipements médicaux qui ont favorisé
la sélection des raccords de types Tygon™ et Luer™.
Tel que mentionné précédemment, des valves aortiques d'origine porcine, fixées ou
vivantes, et d'origine humaine seront utilisées dans les premières phases d'essais en
laboratoire. Le fluide moteur, propulsé par la pompe pour générer débit et pression
physiologiques, devra répondre aux exigences biochimiques des valves en culture sans
être toxique. Une solution à base d'eau, combinée à du glucose, des sels, des acides
aminés, des vitamines et différents facteurs de croissance 7, permettra de satisfaire aux
besoins des tissus en culture. Évidemment, le fluide de culture devra avoir en solution de
l'oxygène, afin de répondre aux besoins métaboliques des cellules vivantes, et du dioxyde
de carbone, afin de maintenir le niveau de pH. L'ajout d'antibiotiques permettra de plus
de bloquer la croissance de bactéries involontairement introduites dans le bioréacteur.
La température sera maintenue à 37 °C pour les valves humaines et à 38.5 °C pour les
valves porcines.
7
Plusieurs recettes classiques tels que le DMEM, HAM et le F12 existent. Dépendamment des
besoins des valves lors des essais, un mélange maison avec ses propres proportions pourra aussi être
développé.
65
Le débit du système est produit par la pompe ventriculaire composée de deux blocs
d'acrylique évidés, montrés à la figure 3.2. Une membrane flexible de caoutchouc naturel,
d'une épaisseur de 3 mm, sépare hermétiquement les deux chambres. La chambre basse
(PVB) est remplie de manière cyclique avec de l'air comprimé qui force la membrane à
se déformer vers le haut (figure 3.3 (a)). La déflexion de la membrane provoque l'éjection
d'un certain volume de fluide de culture hors de la chambre haute (PVH) 8 . Dans le but
de minimiser les turbulences de l'écoulement lors de son éjection hors de la pompe et
ainsi favoriser l'uniformité du champ de vitesse, la chambre haute (PVH) est évidée
suivant une forme adoucie de convergent. Les volumes respectifs des deux chambres de
la pompe ventriculaire sont de 206 ml pour la chambre basse (PVB) et 266 ml pour la
chambre haute (PVH).
8
Le volume expulsé à chaque cycle est équivalent au volume créé par la déformation de la membrane.
Pour la pompe ventriculaire présentée, ce volume est d'environ 75 ml, soit le volume moyen d'un
battement cardiaque normal.
9
La servo valve proportionnelle choisie est de marque FESTO, no. MPYE-5-1/8, Mississauga, ON.
66
a) b)
a) h)
Le groupe moteur est complété par la valve anti-retour mécanique (VA), à deux
feuillets (figure 3.4(a)), dont la fonction est d'assurer un débit unidirectionnel dans
le système. La valve s'ouvre pour laisser entrer le fluide dans la pompe lorsque la
membrane est déformée vers le bas (figure 3.3 (b)) et se referme lorsque la membrane
est à nouveau déformée vers le haut (figure 3.3 (a)), laissant ainsi le fluide de culture
être expulsé par la pompe à la sortie du convergent, uniquement. Une valve à deux
feuillets a été privilégiée par rapport à une valve à bille, puisque lorsque les feuillets
sont ouverts pour laisser pénétrer le fluide la géométrie interne de la valve et de ses
feuillets permet de minimiser les perturbations causées à l'écoulement. De plus, ce type
de valve anti-retour à feuillets offre une excellente étanchéité lorsque les feuillets sont
fermés.
vis de maintien
f*_\__\
des feuillets * •
• • O
1
tiges-pi vot — \ ^
_M^____
Figure 3.4: Les différentes parties de la valve anti-retour à double feuillets
Dans sa position physiologique normale, montrée à la figure 3.5 b), la valve aortique
3.5 (a) est positionnée à la sortie du ventricule gauche, servant à la fois de jonction
entre ce ventricule et le tronc aortique et de valve anti-retour pour le sang qui est
expulsé du cœur. Cette valve aortique est soumise à un débit moyen, fortement puisé,
d'environ 4.5 litre par minute et à des pressions artérielles moyennes d'environ 100
mmHg, variant typiquement entre 80 et 120 mmHg. Des quatre valves cardiaques,
c'est la valve aortique qui subit les plus grands efforts normaux et radiaux et c'est
une des raisons pour lesquelles un grand nombre de problèmes valvulaires touchent
particulièrement cette valve.
b)
Figure 3.5: Valve aortique biologique, sur support synthétique, produite par génie
tissulaire a), montrée dans sa position d'implantation b) [50]
La figure 3.5 b) illustre une valve aortique en position physiologique, telle qu'elle
est positionnée suite à l'opération chirurgicale de remplacement. La valve en elle-même
est composée de trois principales parties : la base, circulaire et permettant une jonction
circonférentielle avec le ventricule gauche ; les feuillets, mobiles et au nombre de trois,
qui se referment de manière étanche durant la diastole afin de bloquer le retour vers
le cœur du sang expulsé ; et, les commissures, membrures flexibles servant de point de
d'attache à la jonction de deux feuillets et séparant les sinus de Valsalva les uns des
autres. L'environnement tridimensionnel de cette valve est composé en aval de la crosse
aortique, un conduit fortement courbé, et en amont du trio de sinus de Valsalva, à la base
69
La première partie des travaux sera réalisée avec des valves aortiques porcines fixées,
c'est-à-dire traitées de manière à éliminer les cellules vivantes et à stériliser les tissus
restant tout en maintenant la forme et la structure originale. Par la suite, des valves aor-
tiques porcines non fixées seront utilisées. Ces dernières auront des besoins biochimiques
que les valves fixées n'ont pas. Elles auront besoin de nutriments, d'une température
adéquate de 38.5°C, d'oxygène et de CO2 dissous dans le liquide de culture en plus
d'antibiotiques pour éviter la croissance de bactéries indésirables. Ces additifs, tels que
décrits à la section 3.2, seront ajoutés au fluide en cours de route.
commande numérique. La valve aortique en culture pourra donc être exposée dans le
bioréacteur à une géométrie tridimensionelle complexe, très similaire à la géométrie de
l'emplacement naturel de la valve. Ainsi, les tissus subiront des efforts similaires aux
efforts physiologiques.
Le support valvulaire est composé de trois partie : la section conique, partie interne ;
la chambre à sinus, partie externe ; et l'anneau de retenue. La section conique accueille la
base de la valve aortique en culture, figures 3.6 b) et c). Trois traits de faible profondeur,
à 120° les uns des autres, ont été pratiqués sur la section conique externe (figure 3.6
(a)) afin de positionner la valve de manière à ce que la base des feuillets corresponde
bien à chacun des sinus de la partie externe. Un joint torique de silicone combiné à la
chambre à sinus supérieure assure, une fois le SV refermé, qu'une faible pression sert
à garder en position la valve en culture. L'anneau de retenue s'accroche à la chambre
supérieure par des filets externes afin de maintenir solidaire l'ensemble et de le rendre
bien étanche.
Les pressions, en amont et en aval des tissus en culture, sont mesurées par des
capteurs de pression 0-7 psi10.
10
Argon Medical Devices, Athens, TX
71
b) c)
Figure 3.6: Le support valvulaire (SV) : a) désassemblé et b) assemblé avec une valve
porcine fixée en position ; et, c) une valve porcine fixée dont les surplus de tissus ont
été enlevés
72
3.5 La c h a m b r e de compliance
Directement reliée au support valvulaire via un coude de verre à angle et des sections
de tube flexible, la chambre de compliance (CC) prend la forme d'un cylindre bombé à
deux ouvertures. La CC (figure 3.1), positionnée entre le support valvulaire (SV, figure
3.1) et la résistance variable (Rp, figure 3.1), correspond à l'élément capacitif du modèle
théorique Windkessel RC. Tel que spécifié par ce modèle, la CC par son comportement et
sa localisation dans le circuit du bioréacteur simule la compliance aortique et artérielle.
Nous savons que la compliance physiologique dépend de multiples paramètres. Elle
diffère selon l'endroit et la fonction spécifique des tissus du système cardiovasculaire,
mais varie aussi en fonction de la pression sanguine, de l'âge, du genre et de multiples
autres conditions générales de santé. D'un point de vue physique, la compliance artérielle
est toutefois définie comme le rapport de l'augmentation de volume d'un vaisseau soumis
à une certaine augmentation de pression. Sans la chambre de compliance, le bioréacteur
serait presque totalement incompressible.
^^ volume minimum de
fluide de culture
interface air-fluide
de culture
///'''/'/r
i>i/fnti//jil'i/'//j////f/i////n//f.
11
La déformation de tube flexible Tygon™ est toutefois faible comparativement à la compression
de l'air dans la chambre de compliance. L'effet élastique des tubes flexibles est donc négligé.
12
La méthode "Pulse Wave Velocity" est aussi appelée méthode du temps de transit. Elle nécessite
des capteurs de vitesse de type Doppler.
13
Le ml mmHg - 1 est l'unité la plus commune lorsqu'il est question de la quantification de compliance
cardiovasculaire.
74
La Exponential decay method [35, 56, 64] et la Area method [5, 57, 56, 29] sont deux
méthodes simples et assez similaires. Elles solutionnent pour la valeur de compliance en
utilisant la décroissance exponentielle diastolique comme élément de référence. Ces deux
techniques, basées sur le modèle théorique Windkessel RC, déterminent tout d'abord
la résistance moyenne du système 14. Puis, par la constante de temps r = RC, elles
permettent de calculer la valeur de la compliance. Ces deux méthodes se distinguent
uniquement par l'équation de résolution qu'elles utilisent (tableau 3.1) : une fonction
analytique mono-exponentielle pour la Exponential decay method et une fonction ana-
lytique intégrant dans le temps à la fois le débit et la pression pour la Area method.
Ces deux techniques de calcul demeurent toutefois assez limitées puisqu'elles exigent
d'être calculées lorsque le débit est nul 15. La Two area method [56] et la Pulse pressure
16
L'équation de résolution associée à la Puise pressure method n'est pas incluse dans ce tableau.
14
La résistance moyenne est définie par le ratio, sur un cycle, de la pression moyenne [mmHg] sur
le débit moyen [ml mmHg - 1 ].
15
Dans le cas de la compliance aortique, cette limite ne constitue pas un problème. Par contre, cette
technique de calcul devient aussitôt inapplicable pour tout autre endroit sur l'arbre artériel où le débit
75
method [7, 57, 58, 25, 56] sont quant à elles reconnues pour être plus précises mais aussi
plus exigeantes en termes de complexité de calcul. Contrairement aux deux premières
méthodes, la Two area method ne nécessite pas de déterminer au préalable la valeur
moyenne de la résistance périphérique Rp pour résoudre pour la valeur de la compliance.
Les valeurs de résistance et de compliance sont d'un même coup calculées par l'équation
liant les quantités de débit et de pression, par deux couples de points (Q(.),P(_)) (ta-
bleau 3.1). La Puise pressure method résout pour la valeur de la compliance de manière
itérative en comparant la courbe de pression découlant de la valeur de la compliance à
une courbe de référence. Quoiqu'il ait été démontré que ces deux dernières méthodes
soient assez précises, le nombre d'opérations nécessaires afin de calculer la valeur de
compliance demeure élevé.
Ainsi, considérant les limites de chacune de ces méthodes, soit dépendantes de l'esti-
mation de la résistance périphérique ou soit coûteuse en termes de nombre d'opérations,
aucune d'entrés elles n'a été retenue. Nous avons plutôt choisi de calculer la compliance
du bioréacteur en se basant sur la définition physique de cette propriété : un ratio du
volume d'air comprimé sur le différentiel de pression permettant de compresser ce même
volume d'air.
3.5.3 Dimensionnement
=
f i n i t *init -"/in *fin (3.1)
Le volume total V tot est composé d'un certain volume minimum de fluide de culture,
V min , nécessaire pour couvrir les entrée et sortie de la CC 17 et d'un volume d'air initial,
Vinit- Selon la géométrie de la CC choisie (figures 3.7 et 3.8), le volume de fluide de
culture doit être au minimum de 500 ml afin de bien couvrir les entrée et sortie de
ce réservoir. Le volume d'air initial, V.„j_, est quant à lui déterminé en fonction de la
compliance désirée, associée aux valeurs de pression minimale et maximale devant être
simulées par le bioréacteur.
interface
air-fluide de
culture
hauteur minimum
de fluide
de culture
Z________2_Z_____Z71 ^ ' ' s**' 'trrirwjr/. 'ynrrrrTT^.
w > s s s s v ■ / v ■ / v v / J <JS7~J
f7—jjrrrr>>>ium>>>Jir V J / / / I Ï ' / / / / / ' / ' /r/ r/ i. > l r > r r » u r r i r r r r , > / i i
Volume déplacé, 1 8 v
dépl 75 ml
Pression initiale, 1 9 ' 2 0 r^init 840 mmHg
Volume initial, Vini( inconnu
Pression finale,19'21 P/.n 880 mmHg
Volume final, v/<n VinitVdépl
P f'fin
i Klépl
'in.it. (3.3)
AP
Ainsi, selon la loi des gaz parfaits, le volume d'air initial devrait être de 1650 ml
(équations 3.2 et 3.3). Ce volume d'air initial nécessiterait une chambre de compliance
d'un volume total de 2150 ml, ce qui est relativement grand considérant la taille du
bioréacteur et les contraintes d'espace de l'incubateur dans lequel le bioréacteur doit
être placé.
18
Le volume d'air déplacé lors que la compression est estimé comme étant équivalent au volume
moyen éjecté par la pompe ventriculaire à chaque battement.
19
Les pressions sont exprimées en pression absolue afin d'être compatibles avec la loi des gaz parfaits.
20
La pression initiale n'est pas équivalente à la pression ambiante entourant le bioréacteur (760
mmHg) mais bien à la pression réelle à la chambre de compliance après la pressurisation initiale.
21
La pression finale est estimée en considérant la variation moyenne de pression désirée AP, repro
duite dans le bioréacteur, soit environ 40 mmHg. P/ i n =Pj n ,_+AP.
77
Le volume devant couvrir les entrée et sortie est difficilement modifiable puisqu'il
dépend de la géométrie de la chambre et du diamètre des conduites. Une réduction de ce
volume nécessiterait d'importants changements dans la conception du bioréacteur. Le
volume initial est quant à lui calculé sur l'hypothèse que seul la compression de l'air à
la chambre de compliance est responsable de l'augmentation de pression. En effet, c'est
principalement à la chambre de compliance que se bâti l'onde de pression produite sous
l'effet du débit puisé, mais la friction produite par la résistance en aval de la chambre
de compliance compte aussi dans l'augmentation de pression. Nous considérons donc
raisonnable le volume de 2150 ml quoique peut-être un peu surestimé. Ce volume, plus
grand que le volume réel de la chambre de compliance fabriquée, ferait s'élargir la plage
de valeur de compliance pouvant être reproduite par le bioréacteur.
Tel que défini au chapitre 2 (équation 2.2), la compliance s'exprime comme un ratio
c-%
La compliance calculée est une valeur moyenne constante représentative de la com-
pliance moyenne sur un cycle. La période de compression de l'air est utilisée comme
période de référence pour le calcul. La phase de compression de l'air à la chambre de
compliance débute à ti lorsque le débit y entrant Q e est plus important que le débit
y sortant Q s et se termine lorsque le débit sortant Q_ est plus important que le débit
entrant Q e , initiant à t2 la phase de décompression (figure 3.9). Le volume déplacé dV
par la variation de pression dP est donc la différence des volumes entrant et sortant
durant la période de compression.
ft2
dV = V e - V s = f ' { Q e - Q s ) dt (3.5)
Ju
La variation de pression est elle définie par la simple différence entre la pression
initiale, P(t_), en début de phase de compression et la pression finale, P(t2), de cette
même phase (figure 3.9).
dP = \P(t 2 ) - P(t t )\ (3.6)
La compliance du bioréacteur est donc calculée sur la base de la définition physique de
cette propriété et est exprimée en unité compatible avec les valeurs retrouvées dans la
78
_fZ(Qe-Qa)dt
c ( )
- |P(*2) - P(*0l
Cette méthode de calcul simple a l'avantage, à l'instar des méthodes Two area me-
thod et Pulse pressure method, d'être indépendante de la valeur moyenne de la résistance
périphérique Rp. Toutefois, cette manière d'estimer la compliance moyenne demeure
imprécise puisque l'extremum de crête de pression, P m a x , et le volume différentiel
dV maximum (synchronisé avec l'extremum de la crête de débit entrant Qe,m0x) sont
déphasés dans le temps (figure 3.9). Ce déphasage, normal, est une conséquence directe
du phénomène d'accumulation d'énergie à la chambre de compliance.
Alors, pour t > t*, la pression maximale P m _.x(t = t ) ne survient non pas à la
transition des phases de compression-décompression, là où Q m ax(t=t*), mais plutôt
avant le début de la phase de décompression. Ainsi, une certaine quantité de pression,
(P m a x (t=t )-P(t2)), qui affecte le phénomène de compression est omise. C'est-à-dire qu'il
y a une zone transitoire où les effets de compression et de décompression se mélangent
et où il est difficile d'identifier précisément la pression associée au début et la fin de
chacune de ces phases. Ce comportement non-linéaire engendre ainsi une erreur sur la
variation de pression considérée, minimisant cette dernière et affectant à la hausse la
valeur de compliance calculée.
QAVAL-QS
ÛAMONT-Qe
3.6 La résistance
La figure 3.10 montre la pince-résistance qui se compose de deux tiges, trois plaques
et d'une vis de serrage. Deux tiges lisses relient les extrémités des deux plaques de ser-
rement. La plaque de serrement supérieure accueille dans sa partie centrale l'extrémité
plate de la vis servant à forcer le serrement des plaques contre le tube flexible. La plaque
rectangulaire supérieure, aussi reliée à ses extrémités par les tiges lisses, sert de point
d'ancrage à la vis, lui permettant d'imposer le mouvement des plaques de serrage. La
pince n'est jamais en contact direct avec le fluide de culture en circulation, ce qui permet
de maintenir le niveau de stérilité nécessaire pour la culture des tissus à long terme. Le
domaine physiologique normal des résistances, aortique équivalente Rc et périphérique
81
Rp, est facilement réalisable puisque la résistance conçue permet des valeurs variant
entre « 0.0 et oo.
Cette résistance variable a d'abord été pensée afin de reproduire la résistance périphé-
rique, Rp. Une fois intégrée au circuit du bioréacteur la résistance périphérique Rp est
positionnée à environ 30 cm de la section de culture. Cette distance avec la section de
culture est similaire à la distance physiologique (longueur de l'aorte proximale) entre la
valve aortique et le début des premières ramifications importantes causant la résistance
que l'on tente de reproduire (résistance périphérique). Ceci, sans avoir été un critère
de conception, pourrait éventuellement devenir un avantage quant à la qualité de la re-
production des caractéristiques physiologiques de l'environnement hémodynamique de
la valve aortique. En effet, plusieurs auteurs étudient l'influence du « rebondissement
et du retour » des ondes de pression vers l'aorte, en direction opposée à celle du débit
aortique [25, 57, 30, 15]. Ceci pourrait ajouter au réalisme des conditions de culture
reproduites. Ainsi, sans devenir une préoccupation centrale dans le développement de
l'environnement de culture, la distance actuelle créée entre le support valvulaire et la
résistance périphérique pourrait éventuellement s'avérer pertinente.
Cette pince est utilisée à trois endroits sur le circuit du bioréacteur. Dans la confi-
guration simplifiée, WK-RC, deux pinces semblables sont nécessaires. L'une est utilisée
pour la reproduction de la résistance périphérique en aval de la chambre de compliance,
l'autre, positionnée à quelques centimètres de la valve anti-retour, avant l'entrée de la
pompe, est nécessaire afin de contrer les effets inertiels que provoque la circulation en
boucle fermée du fluide pressurisé. En effet, l'énergie contenue dans l'onde de débit
produite par la pompe n'est que partiellement dissipée dans les restrictions du circuit
et par les mouvements turbulents de l'écoulement. Le volume de fluide propulsé par la
pompe arrive au réservoir avec suffisamment d'énergie (vitesse et inertie) pour natu-
rellement tendre à en sortir plus rapidement que s'il ne subissait que les effets de la
gravité et de l'aspiration de la pompe. Ainsi, nous retrouvons à l'entrée de la pompe
ventriculaire une quantité de fluide qui, propulsé par les effets inertiels, vient alimenter
la nouvelle onde de débit en formation dans la pompe. Ce phénomène n'est en aucun
cas souhaitable. Cette deuxième pince-résistance (R/, figure 3.1) à l'entrée de la pompe
est donc essentielle au bon contrôle et au bon fonctionnement du bioréacteur et, c'est
pourquoi elle n'est pas propre à la configuration WK-RC, se retrouvant aussi dans les
configurations WK-RRC et WK-RRCL.
P2-P1
R = (3.8)
Q
Les pressions sont mesurées au support valvulaire (Pi —> Psv) et à la chambre de
compliance (P2 —* Pcc) pour le calcul de la résistance aortique équivalente Rc et à
la chambre de compliance (Pi —>Pcc) et au réservoir (P 2 —>Ppy) pour la résistance
périphérique Rp. Ces différents points de mesure sont montrés à la figure 3.11.
a) b)
Figure 3.11: Points de mesure de la pression et du débit pour l'évaluation des valeurs
expérimentales des résistances a) Rc et b) Rp
La valeur expérimentale de la résistance R/ n'est pas évaluée. Tel que la section 3.6.1
le présente, la pince-résistance R/ ne constitue pas un paramètre explicite de l'un ou
l'autre des modèles WK étudiés. Cette résistance est plutôt intrinsèque à l'architecture
du bioréacteur qui a été conçu. L'objectif de la résistance qu'impose cette restriction
est d'éliminer les effets inertiels. Ainsi, tant que la résistance est suffisamment grande
pour jouer ce rôle, la connaissance de l'amplitude de la résistance engendrée n'est pas
essentielle.
S3
3.7 Le réservoir
Le réservoir de fluide de culture, illustré aux figures 3.1 et 3.12, joue plusieurs rôles.
Il doit tout d'abord contenir un volume de réserve de fluide de culture nécessaire pour
alimenter par gravité la pompe ventriculaire. L'entrée principale du débit, provenant
de la sortie de la résistance périphérique, est située dans la partie latérale supérieure
du réservoir et la sortie est située tout au bas suivant un convergent, qui atténue les
turbulences de l'écoulement sortant. Fabriquée selon les techniques de verre soufflé 22, la
section principale est complètement ouverte et son pourtour comporte un épaulement
d'ancrage. Un couvercle de polycarbonate, muni d'un joint torique, ferme de manière
hermétique le dessus du réservoir en s'ancrant à l'aide de cinq vis dans l'anneau de
polycarbonate retenu par l'épaulement de verre. Ce mode d'attache solide permet au
système d'être pressurisé sans qu'il n'y ait aucune fuite. Deux ouvertures, l'une au centre
du couvercle de polycarbonate et l'autre au-dessus de l'entrée du réservoir permettent
de pressuriser le système, d'injecter antibiotiques, sérum ou autres additifs dans le
volume en circulation et, plus difficilement qu'au point d'accès du boitier supérieur de
la pompe, permettent aussi les prélèvements.
22
L'ensemble des pièces de verre du bioréacteur ont été fabriquées dans le laboratoire de verre soufflé
du département de chimie de l'Université Laval ainsi que dans les ateliers de VerreBec Inc.
84
a) b)
L'élément d'inertie (L) est placé en parallèle avec la pince-résistance Rc- L'entrée de
ces deux éléments, L et Rc, se situe directement à la sortie du support valvulaire (SV,
figure 3.1) suivant le coude de verre. L'inertie de l'élément L, montré à la figure 3.13
et localisée en un endroit dans l'architecture du bioréacteur RRCL, est simulée par un
volume de fluide contenu par deux sections de tube flexible, un coude et deux jonctions
de verre. La longueur des sections de tube est ajustée en fonction de l'inertie requise.
Le fluide transitant par l'élément d'inertie rejoint à la sortie le fluide passant par la
résistance Rc, pour finalement être dirigé vers l'entrée de la chambre de compliance.
La masse de fluide en mouvement implique des effets inertiels qui sont intrinsèques
à la dynamique du bioréacteur. Cette inertie correspond à la propension de la masse du
volume de sang à s'opposer aux accélérations de mouvement, produites en réponse à une
variation rapide de la pression. Ce n'est toutefois que le modèle à quatre composantes
WK-RRCL qui met explicitement les effets inertiels en relation avec les autres propriétés
macro-physiologiques considérées, Rp, Rc et C.
L'élément d'inertie est une simple longueur de tube contenant un certain volume
de fluide de culture. Sa section, d'un diamètre de 25 mm, est constante sur toute la
longueur de manière à ne pas produire de résistance par restriction. Seule la résistance
pariétale entre le fluide de culture et la paroi de silicone des tubes flexibles ou celle du
verre des jonctions s'ajoute à l'effet inertiel produit. La résistance pariétale étant très
faible comparativement aux autres résistances à orifices du système, son influence est
d'abord négligée. De plus, la géométrie des jonctions d'entrée et de sortie ainsi que celle
du coude ont été conçues afin de minimiser les restrictions à l'écoulement, figure 3.13.
Des longueurs de tube / variant entre 0 et 3 mètres permettent ainsi d'atteindre une
gamme de valeurs d'inertie représentative du phénomène modélisé par l'architecture du
bioréacteur RRCL. Les essais expérimentaux présentés au chapitre 4 ont nécessité des
tubes de 30 cm, 1.00 m et 2.50 m.
L'inertie Lv de chacun des vaisseaux est d'abord calculée selon l'équation 3.9, met-
tant en relation la densité du fluide p ainsi que la longueur ls et l'aire de section A(x)
du vaisseau. L'ensemble est pondéré par un coefficient de Womersley, cu, associé à la
forme du profil de vitesse.
Lv= cu——rdx (3.9)
A x
Jo \ )
87
Une fois l'inertie de chaque section de vaisseau déterminée, l'inertie totale du système
cardiovaculaire est compilée selon les règles de la sommation électrique (équations 3.10),
pour laquelle les éléments en série sont simplement additionnés tandis que la somme
de l'inertie des éléments en parallèle correspond à l'inverse de la somme des inverses de
chacun des éléments.
■^sér
-5>. v
parallèle
Ei
(3.10)
Dans cet article présenté par Stergiopulos et al. [57], les valeurs finales d'inertie
présentées varient entre 0.0005 et 0.001 mmHg s2 ml - 1 . Le volume des deux systèmes
étant différents seulement d'un facteur deux, soit d'environ 5 litres pour une personne
de taille moyenne et d'environ 2.5 litres pour le bioréacteur, les valeurs d'inerties ci-haut
mentionnées ont été jugés valab les comme valeurs d'inertie de référence.
88
>-i ml • m
(3.11)
Valide pour les cas de conduites fermées à section circulaire constante, l'équation
3.12 a permis d'évaluer les pertes de charges de l'élément d'inertie. Le premier terme de
cette définition des pertes de charge réfère au frottement pariétal tandis que le deuxième
est associé à la géométrie propre des conduites.
AQ [ml s"1]
Re (3.13)
nDv eau [cm] [cm 2 s -1 ]
Le graphique 3.15 montre que l'écoulement à la section de culture est environ les
deux tiers du cycle en régime laminaire, correspondant à la phase diastolique, et en
régime turbulent sur l'autre tier du cycle, qui correspond à la phase systolique. Pour
trois points du cycle, le nombre de Reynolds puis le coefficient de frottement f ont été
calculés. Le coefficient de frottement a été déterminé selon la relation f=64/Re pour
le point de référence en régime laminaire et selon le diagramme de Moody pour les
deux points de référence en régime turbulent. Dans le cas turbulent, puisque la surface
interne des conduites de verre ou de silicone a été approximée comme étant lisse, le
facteur de rugosité e prend la valeur nulle.
25000
Re f(Re)
Écoulement à peine turbulent (T) 5000 0.0370
20000 Écoulement fortement turbulent @ 20000 0.0260
Écoulement laminaire ( î ) 1200 0.1057
15000
Q_
10000 -
5000
Temps [s]
200
_§. 100
o -
-100/60
- ( f Ç j ) - Pertes de charge Rc
50 "
(_î) Pertes de charge Rc, moyenne
_ 30
o — ( Q y - Pertes de charge L, frottmt. pariétal
î_ 20
<_•
CL
Temps [s]
Ces courbes permettent de constater que les pertes de charge dans la pince-résistance
Rc sont effectivement bien supérieures à celles de l'élément d'inertie L, par un facteur
d'environ 10. C'est donc dire que théoriquement l'élément Rc joue bien son rôle résistif
et que l'élément d'inertie L n'offre que peu de résistance à l'écoulement.
De la même manière que pour les pertes de charges, il nous a fallu confirmer le
fait que l'inertie de l'élément L était bien supérieure à celle de la pince-résistance Rc-
L'inertie cible à reproduire est connue, 0.007 mmHg s2 ml - 1 [57].
Une fois l'élément d'inertie inclus à la boucle du bioréacteur et mis en service, nous
avons développé une méthode d'évaluation de la valeur expérimentale de cette inertie.
Contrairement à la définition préconisée pour effectuer le dimensionnement, montrée à
l'équation 3.11 et basée sur le ratio de la longueur du tube sur l'aire de section, c'est
une définition basée sur le ratio de la pression différentielle sur la variation du débit
dans le temps, montrée à l'équation 3.14, qui nous a permis de mesurer l'inertie réelle
du montage expérimental.
L (314)
=lr«É_k
dt dt
L'inertie est ensuite moyennée. Pour chaque cycle systole-diastole, 400 acquisitions
de valeurs instantanées sont effectuées. La valeur moyenne de l'inertie est obtenue à par-
tir d'environ 150 valeurs d'inertie instantanée. Les 250 autres valeurs d'inertie instan-
tanées sont exclues parce qu'elles sont associées à des moments du cycle où le gradient
de débit est nul, ce qui rend ces valeurs d'inertie instantanée très grandes et non-
représentatives de l'inertie évaluée. L'inertie moyenne est donc principalement évaluée
à partie des valeurs intantanées de pression et de débit de la phase systolique. Enfin,
mentionnons que c'est la valeur moyenne de l'inertie qui est utilisée dans les modèles
mathématiques afin de générer les simulations. Les valeurs d'inertie instantanées ne
sont pas utilisées directement.
93
b)
Dans le cas de l'architecture à quatre composantes, les modifications sont plus im-
portantes. Nécessaire à la mise en parallèle des élément Rc et L, le simple coude reliant
la sortie du support valvulaire (SV) à l'entrée de la chambre de compliance (CC) doit
être remplacé par une structure occupant beaucoup plus d'espace. Et encore, les photo-
graphiques de la figure 3.18 montrent l'architecture RRCL avec une inertie L très petite
( « 30 cm) par rapport à la grandeur réelle nécessaire (RS 2.5 m) à rendre la réponse en
pression de cette architecture valide.
94
a)
b)
Phase expérimentale
Ce chapitre comporte deux sections : la première présente les étapes principales et les
considérations particulières de la mise en services et la deuxième présente les résultats
expérimentaux ainsi qu'une réflexion détaillée sur les performances des systèmes étudiés.
Cette section présente les faits saillants de la mise en service de ce premier prototype
de bioréacteur cardiaque. Le système d'acquisition supportant le bioréacteur est tout
d'abord présenté. La façon dont chacune des parties du système d'acquisition sont
inter-reliées est décrite et les quelques détails importants concernant le traitement des
données sont exposés. Ensuite, les manipulations nécessaires à l'opération normale du
système sont présentées et les quelques cas particuliers à considérer sont énoncés. Le
domaine atteignable du bioréacteur et les quelques raisons à l'origine des limites des
caractéristiques qu'il peut reproduire sont revus. Enfin, cette section est complétée par
un tableau résumant les principaux imprévus qui au cours du projet ont amené des
modifications importantes.
96
Description générale
L'ensemble des composantes présentées dans cette section sont montrées à la figure
4.1. Toutes les composantes et les capteurs du bioréacteur sont interfaces à une carte
d'acquisition I/O National Instrument (2). La carte communique par port USB avec un
ordinateur (1) et permet de mesurer et de contrôler en temps réel le système via une
interface Lab VIEW spécialement développée pour cette application.
pression est compensé par un conditionneur à jauge d'Intertechnology (8). Les signaux
de tension sont ensuite directement transmis à la carte d'acquisition (2). Finalement,
un oscilloscope Tektronix (14) 23 s'ajoute à l'ensemble. Celui-ci a permis d'observer
rapidement et en temps réel l'évolution des courbes de débit et de pression lors de la
mise en service du bioréacteur ainsi que lors des différentes phases expérimentales.
La commande en tension
8 r
7 -
Entrée d'air compnmé dans
la pompe ventriculaire
Temps [s]
Figure 4.2: Onde de tension qui commande l'entrée et la sortie d'air à la pompe
ventriculaire
23
L'oscilloscope Tektronix TDS2004B possède 4 canaux. Tous ont été utilisés aux cours des phases
de mise en service du bioréacteur.
99
Pour ce qui est des capteurs de pression Argon Medical Device (5,6,7), c'est aussi
une relation linéaire à coefficient constant qui décrit la relation entre la pression lu
au capteur et la tension envoyée à la carte d'acquisition. Les équations 4.2, 4.3, 4.4
présentent la relation pour chacun des capteurs.
■r
Le domaine atteignable
L'ensemble des essais expérimentaux ont été réalisés à une fréquence de 1 Hz. Pour
le bioréacteur en configuration RC, le domaine atteignable du débit est entre ~ 0-7.0
1 min - 1 et celui de la pression au support valvulaire RS 0-200 mmHg. L'amplitude de
l'onde de débit ainsi que sa fréquence sont directement commandées par l'onde de ten-
sion envoyée par ordinateur. L'amplitude et la fréquence de cette onde sont modulées
par le niveau de pressurisation de l'air comprimé qui entre dans la chambre basse de
la pompe ventriculaire ainsi que par le niveau de dépressurisation de l'air du réservoir
dans lequel l'air de la chambre basse est expulsé. La pression au support valvulaire
est elle dépendante de l'ensemble du système (configuration et ajustement de ses pa-
ramètres). Tel que détaillé tout au long de ce mémoire, rappelons que c'est la résistance
à l'écoulement qui module principalement l'amplitude de la pression moyenne et c'est la
compliance qui module la forme de l'onde de pression. Le post-traitement des données
nous a permis d'établir à ^ 0-2.0 mmHg s m l - 1 le domaine atteignable de la résistance
périphérique et à RS 0-1.2 ml mmHg - 1 celui de la compliance.
102
• A long terme ce bioréacteur doit pouvoir accueillir des tissus vivants fragiles et
les conditionner sans les abîmer. Les faibles débit et pressions nécessaires à une telle
culture sont aussi réalisables avec le prototype de bioréacteur conçu. En commandant
une onde de tension appropriée, combinée à une pression d'air comprimé faible et une
sortie d'air de la chambre basse de la pompe ventriculaire à pression atmosphérique, il
est possible de produire un très faible débit, à une fréquence faible ou rapide, tout en
maintenant une pression moyenne faible si les résistances du circuit sont relâchées.
Rappelons que la dynamique du bioréacteur est celle d'un système dans lequel les
deux caractéristiques d'intérêt sont reliées par une relation fortement non-linéaire. C'est
pourquoi, l'un des objectifs sous-jacents du projet était de confirmer la faisabilité d'un
tel design en ajustant de manière manuelle et itérative chacun des paramètres jusqu'à
l'obtention de la réponse optimale recherchée. Voici deux relations importantes qui ont
dû être considérées tout au long du processus expérimental afin de réaliser de manière
organisée les ajustements appropriés.
• Quoique la majorité des essais aient été réalisés à une fréquence de 1 Hz, la pompe
ventriculaire possède les capacités de produire un débit à des fréquences supérieures
(jusqu'à RS 3 Hz). Toutefois, si aucune modification de la commande ou du niveau de
pression d'entrée ou de sortie n'est fait, le débit moyen produit par la pompe décroit de
manière proportionnelle à l'augmentation de la fréquence de débattement de la mem-
brane.
Considérations particulières
Il est spécifié dans les manipulations qu'il faut pressuriser le système avant de lancer
l'activation de la pompe ventriculaire. Il n'est toutefois pas requis de pressuriser le
système dans tous les cas. Tel qu'expliqué à la section Améliorations (4.1.3), une étape
de pressurisation initiale du système a été implantée parce que la pression moyenne
adéquate (RS 100 mmHg) était inatteignable. Toutefois, dans les cas où les systèmes
opposent beaucoup de restriction à la circulation du débit, comme pour les architectures
WK-RRC et WK-RRCL, il n'est pas nécessaire de pressuriser le système.
103
Soutenue par une pompe ventriculaire bien motorisée (pression d'air comprimé
d'entrée et pression négative de sortie suffisantes), une commande adéquate force suf-
fisamment de débit à travers les restrictions du système pour générer une pression
moyenne suffisante. C'est donc principalement dans les cas où la restriction au débit est
importante, générant ainsi déjà une pression dans le système en amont des restrictions,
que la pressurisation initiale n'est pas nécessaire.
Dans les cas où les ondes à produire sont d'amplitude très faible, comme en début
de culture, le réservoir de pression négative nécessaire à l'augmentation des capacités
de la pompe n'est pas requis. Il sera préférable dans ce cas de laisser sortir à pression
ambiante l'air de la chambre basse de la pompe ventriculaire.
4.1.3 Améliorations
2 - Nous avons pu constater que la paroi des tubes flexibles utilisés pour joindre
les différents sous-systèmes du bioréacteur pouvait se ternir facilement. Entre 3 et 6
semaines après le début de l'utilisation des sections de tube Tygon™, les parois trans-
lucides accumulent des dépôts et se jaunissent. L'altération de la surface des parois
permet à de petites bulles d'air en circulation d'adhérer à la paroi. Ceci crée un écran
de fines bulles d'air interférant avec la transmission des ultrasons émis par le capteur
du débitmètre. Dans ce cas, deux solutions s'offraient, soit lorsque c'était possible un
nettoyage des parois, soit tout simplement le remplacement de la section de tube.
Tableau 4.1: Synthèse des principales difficultés rencontrées lors de la mise en service
Difficultés et imprévus Actions posées
Fuites importantes aux jonctions flexibles Installation de collets amovibles aux jonctions
et limitation de la pression interne du système
Puissance disponible à la pompe limitée Ajout d'un réservoir à pression nég ative et
d'une pompe à vide à opération manuelle
La section des résultats se divise en deux parties. Tout d'abord, dans la section
Validation des modèles (4.2.1), la courbe de pression expérimentale de chaque archi-
tecture est comparée à la courbe théorique produite par le modèle Windkessel associé.
Les valeurs des paramètres théoriques présentés dans cette section ont été calculés par
la méthode des gradients conjugués d'un programme MATLAB. Aussi utilisée pour
produire les simulations numériques (section 2.2.3), cette méthode de calcul permet
de générer à partir de la courbe de débit expérimental le comportement théorique
(réponse en pression) de chacune des architectures. Ainsi, les résultats théoriques per-
mettent d'évaluer la performance expérimentale des architectures par rapport à leur
comportement théorique. Ensuite, dans la section Discussion (4.2.2), les meilleurs es-
sais expérimentaux sont présentés et la dynamique du système, propre à chaque ar-
chitecture, est discutée. Les phénomènes à l'origine des réponses en pression observées
sont expliqués et les capacités des architectures à approximer l'onde physiologique de
pression sont comparées.
Mentionnons que tous les essais expérimentaux effectués dans le cadre de ce travail
ont été réalisés avec des valves aortiques porcines fixées. Les détails concernant le trai-
tement des valves utilisées sont présentés à la section 3.4.1. Pour tous les essais jugés
valides et présentés à la section 4.2, les feuillets de la valve aortique se refermaient
complètement et normalement à chaque cycle. Une seule valve aortique porcine a servi
à réaliser l'ensemble des essais expérimentaux présentés dans ce chapitre. Nous avons de
plus constaté que le comportement dynamique de la valve aortique porcine est demeuré
inchangé au cours des essais. Les essais qui ont été rejetés pour cause de refermement
partiel ou de déformation importante des feuillets de la valve ont été réalisés avec des
valves aortiques porcines non-traitées ou partiellement traitées.
• expérimentale
- théorique
Temps [s]
Bien sûr, nous remarquons que la réponse expérimentale comporte des perturbations
en début et en fin de systole que le modèle théorique ne reproduit pas. Ces oscillations
hautes fréquences sont liées, entre autres, à l'ouverture et à la fermeture des feuillets de
la valve anti-retour mécanique placée en amont de la pompe ventriculaire ainsi qu'aux
vibrations des composantes flexibles tels les tubes de raccordement. L'absence de ces
perturbations dans la réponse théorique s'explique par le fait que ni les effets d'ouverture
et de fermeture des feuillets de la valve ni les vibrations des éléments mobiles ou flexibles
ne sont pris en compte par le modèle Windkessel théorique.
Ainsi, malgré le fait que la corrélation des courbes expérimentale et théorique soit
déjà excellente, il est possible de croire que si ces perturbations étaient éliminées de la
réponse expérimentale la corrélation s'en trouverait grandement améliorée. Puisque ces
perturbations indésirables constituent une source importante de pollution de la réponse
108
expérimentale en pression, elles devront être éliminées. Ainsi, la différence causée par
ces perturbations entre les courbes théorique et expérimentale peutêtre pour l'instant
négligée.
Suivant les conclusions de l'étude théorique des modèles au chapitre 2, les résultats
démontrent qu'une fois les paramètres de résistance et de compliance bien calibrés
l'architecture Windkessel classique produit une bonne première approximation de la
réponse en pression. Nous pouvons affirmer que le modèle Windkessel RC décrit bien
la dynamique générale du bioréacteur. Ce modèle constitue donc un outil approprié
afin de supporter le design du bioréacteur, notamment, en permettant de calculer les
paramètres R et C optimaux et ce peu importe l'onde de débit imposée.
160 f. ■ expérimentale
,1
150
■ théorique
/ i "^
140 Ov
/ --^ ' '
en
130 / /
/ /
K Y' ^s-
X 120 / / X x
E / / \ X
X x
E . /
110 J ^X X
/
/
100 i ^sX
t
CL i La valeur des paramètres
* i
90 t I expérimentaux Rc, Rp et C est
V^.
respectivement de 0.121
80 .N ^ x . / mmHg s mM, 0.953 mmHg s
ml- et 1.032 ml mmHg 1 . Le
1
N
70 • ^*^l_ ,_x coefficient de corrélation
correspondant est de 0.947 .
RA 1 1 —I 1 1 i_ 1 1 1 1
Temps [s]
150
• expérimentale
140
- théorique
130
OJ
m
T
F 110
S
100
0) La valeur des paramétres
D_ expérimentaux Rc, Rp, C et L
90
est respectivement de 0.047
mmHg s mM, 0.867mmHg s
mM, 1.162 ml mmHg-' et
0.040 mmHg s? mM . Le
70 ■ coefficient de corrélation
correspondant est de 0.741.
■ '
60
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
Temps [s]
4.2.2 Discussion
Configuration R C
Les figures 4.6 et 4.7 présentent la mesure expérimentale typique des ondes de débit
et de pression produite par l'architecture WK-RC. Tout d'abord, en observant l'onde
expérimentale de débit, une forte similitude avec l'onde physiologique de référence est
observée. L'excellent coefficient de corrélation (r=0.976) illustre bien la qualité de la
reproduction de l'onde de débit. Cette première onde expérimentale a été obtenue en cor-
rigeant de manière intuitive la commande de tension envoyée à la servo valve, présentée
à la figure 4.2. En effet, une simple demi-onde sinusoïdale tronquée a permis d'obtenir
un débit expérimental de grande qualité.
Cette méthode a été utilisée afin de démontrer que la pompe ventriculaire possède les
capacités nécessaires à la reproduction de l'onde de débit physiologique. Toutefois, cette
méthode de correction, manuelle et en boucle ouverte, ne pourra pas être considérée
comme procédure d'opération efficace à long terme.
expérimental
physiologique
Le coefficient de corrélation
correspondant est de 0.976.
La pression expérimentale n'est que la réponse passive du système au débit imposé par
la pompe ventriculaire. La corrélation plus faible des courbes de pression n'est donc pas
surprenante.
La corrélation imparfaite entre les courbes de pression s'explique entre autres par
deux phénomènes liés à la compliance : le temps nécessaire à la compression de l'air dans
la chambre de compliance retarde l'augmentation de pression systolique à la section de
culture, et la trop faible compliance du système génère une pression différentielle (entre
les pressions maximale et minimale du cycle) environ 30% plus grande que celle de
l'onde physiologique.
Le retard de phase, visible en début de cycle, constitue une limite importante des ca-
pacités de l'architecture WK-RC à bien reproduire l'onde physiologique de pression. Ce
retard s'explique par le fait que l'air de la chambre de compliance doit d'abord être com-
primé suffisamment avant que la pression en amont ne puisse augmenter. Nous consta-
tons toutefois que le retard n'affecte que le début du cycle sans altérer la décroissance
de la pression en fin de cycle. Il est donc plus juste de nommer ce retard un retard de
phase systolique puisque ni la phase de la diastole ni la phase du cycle complet n'est
affectée.
Seule la pression systolique subit le retard causé par le temps nécessaire à la com-
pression de l'air dans la chambre de compliance. Il est en effet possible de démontrer
que le début et la fin de la systole et de la diastole sont en phase avec l'onde de pres-
sion physiologique. Les deux zones de perturbations sont utilisées afin de démontrer le
112
• expérimentale
- physiologique
Temps [s]
des ondes de pression RC soit diminué par la distorsion verticale de l'onde de pression
expérimentale.
Le critère de performance
150
physiologique
140
crête systolique - approximation WK-RC
130 ■
80 ■
70 ■
60 ■ _i 1 i i_
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Temps [s]
possède une fréquence de coupure qui est l'inverse du produit de ses paramètres soit
/.-jjp. («)
C'est cette fréquence de coupure qui bloque les plus hautes fréquences nécessaires à
la reproduction des gradients temporels de pression (dP/dt) élevés de la crête systolique
et de l'onde dicrote.
Configuration R R C
expérimental
physiologique
Le coefficient de corrélation
correspondant est de 0.968.
-100
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Temps [s]
Les deux zones de perturbations, décrites à la section 4.2.2, sont toujours percep-
tibles. Leur origine n'étant pas liée à l'architecture mais bien à la valve mécanique,
commune aux trois configurations, il est normal de les retrouver ici encore. Nous re-
marquons toutefois que la première zone de perturbation, à un lobe net sur l'onde de
pression expérimentale RC (figure 4.6), est noyée par l'annulation du retard de phase
systolique. Les perturbations post-systoliques restent elles inchangées, localisées à la
jonction des phases systolique et diastolique.
■ expérimentale
- physiologique
E
E
Configuration R R C L
La mesure expérimentale typique des ondes de débit et de pression produites par l'ar
chitecture WKRRCL est présentée aux figures 4.IL et 4.12. Une excellente corrélation
entre les ondes de débit expérimentale et physiologique (r=0.960) est encore une fois
observée. La commande de tension envoyée à la servo valve, modifiée comme pour l'ar
chitecture WKRRC, élargi un peu plus la forme triangulaire de la crête systolique
de la courbe de débit (figure 4.11). D'ailleurs, contrairement aux deux architectures
précédentes, qui peuvent être opérées sans nécessairement utiliser une sortie forcée de
l'air comprimé dans un réservoir à pression négative, l'inertie du grand volume de fluide
et les nombreuses restrictions à l'écoulement de l'architecture WKRRCL obligent l'uti
lisation du réservoir de vide. Sans ce réservoir à pression négative, la pompe ventriculaire
ne serait pas en mesure de produire un débit crête de 500 ml s 1 . Lorsqu'une méthode
de correction efficace, automatisée et en boucle fermée, sera implantée, il sera facile de
remédier à l'élargissement de la forme de la courbe de débit et, par le fait même, de
mieux reproduire le débit physiologique cible.
expérimental
physiologique
Le coefficient de corrélation
correspondant est de 0.960
et physiologique (r= 0.816). C'est cette troisième configuration qui permet la meilleure
reproduction passive de la pression physiologique.
La dynamique de l'interaction Rc — L
150 •
■ expérimentale
140 ■
- physiologique
130
120 •
en
E f; ^sv
JE, 110 - Jr V j ^ ' — .
TZ r ' \ * --- / ^-^
O
co 100 - / / \ _ "v x.
co
OJ / ' \ C-^*^ X La valeur des paramètres
CL // \ / *~ ^\ expérimentaux Rc, Rp, C et L
90 ■ li \i •., x.
• \J "»-» >. est respectivement de 0.047
i* - ~_ ^ .
mmHg s ml-1, 0.867 mmHg s
80 - r ' "^- -
mM, 1.162 ml mmHg-1 et
Xj" ~ *" * ~ — v ~ '/ 0.040 mmHg s* m l 1 . Le
70 - coefficient de corrélation
correspondant est de 0.816.
60 -
0.1 0,2 0,3 0.4 0.5 0.6 0,7 0,8 0.9
Temps [s]
à la figure 4.12.
En début de systole, le fluide doit être mis en mouvement et deux parcours s'offrent à
lui. Si le fluide circule via la résistance aortique équivalente Rc, il y a une augmentation
de la pression proportionnelle au débit, tel que pour la pression RRC. Si le fluide circule
via le long tube flexible de l'élément d'inertie L, c'est l'effet inertiel de la masse qui
produit l'augmentation de pression. Dans les deux cas, il y aura augmentation de la
pression dès le début de la systole.
L'équilibre entre les deux parcours possibles de l'écoulement varie de manière dyna
mique. Dans le cas où l'élément d'inertie est très long, l'inertie de la masse de fluide qu'il
contient rend difficile la mise en mouvement de cette quantité de fluide et l'écoulement
se fera plutôt par la résistance aortique équivalente Rc que par l'élément d'inertie L.
C'est pourquoi sous certaines conditions l'architecture RRCL se comporte comme l'ar
chitecture RRC. Dans l'autre cas, une fois le fluide mis en mouvement dans l'élément
d'inertie, sa résistance au mouvement devient moindre, nécessitant ainsi une moins
grande pression pour maintenir le débit en mouvement. Dans ce cas, il est possible
d'affirmer que l'architecture RRCL se comporte à la manière de l'architecture WKRC.
Nous avons pu observer expérimentalement que, pour toutes les combinaisons des
composantes Rc et L, la phase systolique initiale produisait une augmentation de pres
sion caractéristique de l'onde de pression physiologique cible. Puis, une combinaison de
deux phénomènes se produit. Au fur et à mesure que le fluide gagne en vitesse dans
119
Les essais expérimentaux réalisés avec cette architecture nous ont permis de valider
la relation de cause à effet entre l'inversion du débit à la résistance aortique équivalente
Rc et l'onde dicrote. Les figures 4.13 et 4.14 montrent bien la corrélation de phase entre
l'inversion de sens du débit dans la résistance Rc et l'onde dicrote. Mentionnons que les
essais présentés aux figures 4.13 et 4.14 ne diffèrent pas des essais WK-RRCL présentés
aux figures 4.11 et 4.12 : la longueur de l'élément d'inertie est la même et les valeurs Rc
et L sont similaires. Les courbes de débit et de pression des figures 4.13 et 4.14 ont été
présentées parce, lors de ces essais, un second débitmètre placé en aval de la résistance
Rc a permis de vérifier l'inversion de débit.
Enfin, remarquons que les zones de perturbations, présentes sur les réponses en
pression RC (section 4.2.2) et RRC (section 4.2.2), sont nettement moins perceptibles
sur la réponse de cette architecture. Le phénomène, lié à l'ouverture et à la fermeture
des feuillets de la valve mécanique, demeure mais sont impact sur l'onde de pression à
la section de culture est moins visible, principalement dû au fait que la dynamique de
cette troisième architecture est assez différente des deux autres.
120
expérimental
support valvulaire
- expérimental
résistance Rc
- physiologique
Temps [s]
- expérimentale
- physiologique
Temps [s]
Conclusion de la discussion
L'analyse réalisée dans cette dernière section a permis de transposer dans le domaine
physique et pratique la connaissance théorique des modèles Windkessel développés en
début d'étude. En morcelant les réponses expérimentales, il a été possible d'expliquer
les phénomènes physiques à l'origine des courbes expérimentales. Ceci nous a permis
d'améliorer notre compréhension du comportement dynamique de chacune des trois
architectures étudiées.
Pour les trois architectures confondues, nous avons remarqué que toutes les réponses
en pression présentaient deux importantes déficiences : une carence d'élasticité marquée,
causée par le volume trop petit de la chambre de compliance, et deux zones de fortes
perturbations, causées par l'action de la valve mécanique en amont de la pompe ven-
triculaire. La revue du design de la chambre de compliance permettra d'augmenter
l'élasticité du système et d'atteindre des valeurs de compliance plus élevées. Ce fai-
sant, l'amplitude de la courbe de pression expérimentale pourra être réajustée à celle
de la courbe physiologique de référence. En ce qui concerne les zones de perturbations,
une stratégie devra être employée afin qu'elles soient éliminées, puisque en tous points
indésirables, ces perturbations ne devront pas être perçues lors de la culture des tissus
valvulaires.
Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de décès chez les Canadi-
ens d'âge adulte [9]. Spécialistes du génie tissulaire, médecins, chirurgiens, ingénieurs et
chercheurs conjuguent leurs efforts pour concevoir des tissus de remplacement d'origine
biologique afin de fournir des substituts d'une qualité supérieure aux patients atteints
de maladies cardiovasculaires. Dans le cadre du projet de recherche réalisé par l'équipe
du Professeur Ruel, en collaboration avec le Professeur Maciel et les professeurs Au-
ger et Germain du Laboratoire d'organogénèse expérimentale, ce mémoire présente en
détails la conception, la fabrication et la mise en service d'un premier prototype de
bioréacteur cardiaque, un environnement de culture de tissus cardiaques destiné au
développement des techniques de reconstruction par génie tissulaire. Ce premier pro-
totype vise spécifiquement la reproduction des conditions hémodynamiques cardiaques
caractéristiques de l'écoulement aux abords de la valve aortique. Le défi de la conception
de ce système réside dans le compromis effectué entre les exigences et les contraintes de
nature opposées : un espace disponible restreint, des manipulations d'utilisation simples,
le maintien d'un haut niveau de stérilité et la reproduction la plus fidèle possible des
ondes physiologiques de débit aortique et de pression artérielle.
Une revue de littérature détaillée des systèmes similaires existant a permis de consta-
ter qu'aucun système n'offrait un haut niveau de contrôle des caractéristiques combinées
de débit et de pression. L'étude des modèles théoriques (WK) décrivant la circula-
tion cardiovasculaire puisée a révélé l'existence d'architectures simples et facilement
transférables en des éléments mécaniques peu complexes pouvant constituer le design
de base d'un bioréacteur. Le comportement dynamique théorique de trois architectures
WK-RC, WK-RRC et WK-RRCL a donc été analysé en profondeur afin de bien com-
prendre les paramètres influençant la réponse en pression sous l'imposition d'un débit
physiologique. Cette étape nous a permis d'établir des points de comparaison solides
afin d'évaluer la qualité des courbes expérimentales produites. Un bioréacteur a été fa-
briqué, selon l'architecture classique RC, que nous avons ensuite adapté avec quelques
modifications simples afin de réaliser les deux autres architectures.
124
De manière générale, nous avons aussi constaté la présence de deux lacunes impor-
tantes dans le design du bioréacteur conçu : un manque de compliance et un problème
de perturbations, causé par le mouvement des feuillets de la valve mécanique en amont
de la pompe ventriculaire. Dans le cas des perturbations, il sera peut-être possible d'en-
visager l'utilisation d'une valve porcine ex-vivo fixée dont le mouvement des feuillets
produirait moins de perturbation que celui des feuillets de la valve mécanique. Aussi,
tel que discuté lors de la validation de la représentativité des modèles théoriques, seul
le modèle théorique à deux composantes reproduit vraiment bien la dynamique du
bioréacteur correspondant. En raison de la double nature de certaines composantes
des bioréacteurs RRC et RRCL, les modèles théoriques correspondants idéalisent le
comportement expérimental. Il faut donc d'abord revoir les méthodes d'approxima-
tions qui permettent de générer les simulations numériques et évaluer si elles ne pour-
125
raient pas être plus performantes afin de mieux approximer les courbes expérimentales.
Il faut ensuite évaluer la possibilité de modifier le modèle théorique afin que celui-ci
représente mieux la dynamique expérimentale observée. Dans tous les cas, la poursuite
du développement d'un modèle théorique représentatif de la dynamique expérimentale
réelle est nécessaire et garante d'un futur outil efficace pour soutenir le développement
du système de contrôle actif.
Perspectives d'avenir
[24] M.J. Joyner. Effect of exercise on arterial compliance. Circulation, 102 :1214—1215,
2000.
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domain representation of ventricular-arterial coupling as a windkessel and wave
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compliance characteristics, estimated cardiac load. Hypertension, 38 :1467-1470,
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An ex vivo organ culture study. Annals of Biomedical Engineering, 33(9) : 1158—
1166, 2005.
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[36] A.M. Matthews. The development of the starr-edwards heart valve. Texas Heart
Institute Journal, 25 :282-293, 1998.
129
Enfin, dans le but d'obtenir la réponse en pression désirée, il faut ajuster les pa-
ramètres Rc et Rp en serrant plus ou moins les pinces manuelles des résistances
et ajuster le paramètre C en ajoutant ou en retirant un petit volume d'air de la
chambre de compliance.
10. L'arrêt du système est commandé via l'interface LabVIEW de manière à bloquer
en position neutre le tiroir de la servo valve et ainsi éviter que l'air pressurisé ne
soit acheminé de manière continue à la chambre basse de la pompe ventriculaire.