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GENEVIEVE LACHANCE

Conception d'un bioréacteur dédié à la culture de


valves aortiques cardiaques produites par génie
tissulaire

Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en génie mécanique
pour l'obtention du grade de maître es sciences (M. Se.)

FACULTE DES SCIENCES ET DE GENIE


UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC

2010

©Geneviève Lachance, 2010


Résumé

Ce mémoire présente la conception, la fabrication et la caractérisation d'un système


dédié au développement de techniques de génie tissulaire ayant pour objectif la culture
de substituts valvulaires aortiques cardiaques.

Une revue de littérature a été effectuée, recensant les bioréacteurs existants et les
modèles mathématiques décrivant la nature puisée du débit sanguin aortique. Une
étude des modèles théoriques Windkessel a permis de comprendre la dynamique des ca-
ractéristiques à reproduire. Le bioréacteur a été décomposée en ses principaux éléments,
qui regroupés et réarrangés forment une architecture correspondant aux modèles théori-
ques. Supportée par ces modèles solides et les bioréacteurs les plus performants, l'équipe
a étudié et conçu trois bioréacteurs de complexité différente.

Les essais expérimentaux ont permis de valider le comportement théorique des ar-
chitectures étudiées. Nous retenons que l'amélioration de la qualité de la réponse en
pression se traduit essentiellement par une augmentation du nombre de composantes et
une complexification de l'architecture.
Abstract

This work presents design, fabrication and characterisation of a new bioreactor, a


system dedicated to the development of tissues engineered techniques. The bioreactor
is specifically designed to support the culture of valvular aortic substitutes.

The literature review present existing bioreactors and mathematical models, descri-
bing the pulsed nature of aortic blood flow. The study of theoretical Windkessel models
allows understanding the dynamic of characteristics to be reproduced. The bioreactor
is decomposed in its major elements, which once regrouped and reorganised form archi-
tectures corresponding to theoretical models. Supported by Windkessel models and by
most efficient bioreactors, three bioreactors of different complexity have been designed
and studied.

Trials revealed that the experimental behaviour of the bioreactor corresponds to the
expected theoretical behaviour. One of the major conclusions this study has brought is
that the quality of the pressure response is essentially correlated to a higher number of
components and to a more complex architecture.
Avant-propos

Ces deux années d'études auront sans contredit été autant formatrices que passion-
nantes. Je tiens tout d'abord à remercier mon directeur de recherche, le Professeur
Jean Ruel, pour son support indéfectible et sa grande patience. J'ai eu la chance de
partager le quotidien d'un chercheur dévoué et soucieux de la qualité de la formation
offerte à ses étudiants. Jean s'est toujours rendu disponible, pour une question, une
courte rencontre ou encore une discussion pour laquelle le temps importait peu. Le
dynamisme de l'équipe qu'il a su réunir, l'environnement d'étude particulièrement mo-
tivant et les nombreuses opportunités d'apprentissage qu'il a su m'offrir m'ont permis
de développer des aptitudes professionnelles cruciales pour le métier d'ingénieur. Je re-
mercie particulièrement mon directeur et mon co-directeur, le Docteur François Auger,
de m'avoir permis de participer à ce projet d'envergure, au sein de cette formidable
équipe multidisciplinaire.

Au cours de ces deux années d'études, j'ai aussi eu la chance de partager le quotidien
de gens formidables sans qui mon parcours n'aurait pu être aussi agréable. Merci à
Catherine Tremblay, une partenaire de projet extraordinaire avec qui il était toujours
agréable de partager des réflexions sur la conception du bioréacteur comme des projets
de fin de semaine. Merci à Guillaume Lalande pour m'avoir traduit dans un langage
compréhensible les secrets du Numerical Recipe. Merci aux techniciens Martin Dallaire,
Normand Rioux, Jean-Claude Gariépy et Patrice Gagnon.

Un merci particulier à Yves Jean pour sa patience et son dévouement. Les mo-
ments partagés avec Yves lors des nombreuses séances de « débogages » ont été autant
formateurs qu'inspirants.
Pour tous les cœurs d'enfants que la nature a omis de
compléter correctement ...
Table des matières

Résumé ii

Abstract iii

Avant-propos iv

Table des matières vi

Liste des tableaux viii

Table des figures ix

Introduction 1

1 Revue de littérature 9
1.1 Les bioréacteurs 9
1.2 Les modèles Windkessel 12
1.3 Conclusion 16

2 É t u d e théorique des architectures 17


2.1 Les paramètres principaux et leur interaction 19
2.2 Le modèle deux composantes : WK-RC 22
2.2.1 Description générale 22
2.2.2 L'équation différentielle 26
2.2.3 Solution numérique de l'équation différentielle 28
2.3 Le modèle trois composantes : WK-RRC 33
2.3.1 Description générale 33
2.3.2 L'équation différentielle 35
2.3.3 Solution numérique de l'équation différentielle 40
2.4 Le modèle quatre composantes : WK-RRCL 44
2.4.1 Description générale 44
2.4.2 L'équation différentielle 47
2.4.3 Solution numérique de l'équation différentielle 55
2.5 Conclusion 59
vn

3 Conception et fabrication 61
3.1 Les matériaux 63
3.2 Le fluide de culture 64
3.3 Le groupe moteur 65
3.4 Le support valvulaire 67
3.4.1 Les tissus en culture 68
3.4.2 Description générale 69
3.5 La chambre de compliance 72
3.5.1 Description générale 72
3.5.2 Méthodes de calcul 74
3.5.3 Dimensionnement 75
3.5.4 Calcul des valeurs expérimentales 77
3.6 La résistance 80
3.6.1 Description générale 80
3.6.2 Calcul des valeurs expérimentales 82
3.7 Le réservoir 83
3.8 L'élément d'inertie 85
3.8.1 Description générale 85
3.8.2 Méthode de calcul 86
3.8.3 Dimensionnement de l'inertie du bioréacteur 88
3.8.4 Calcul des valeurs expérimentales 92
3.9 Les configurations RRC et RRCL 93

4 P h a s e expérimentale 95
4.1 La mise en service 95
4.1.1 Système d'acquisition 96
4.1.2 Mode d'opération normal 101
4.1.3 Améliorations 103
4.2 Les résultats 106
4.2.1 Validation des modèles 106
4.2.2 Discussion 110

Conclusion 123

Bibliographie 126

A Protocole de mise en route 132


Liste des tableaux

2.1 Analogie biomécanique-mécanique-électrique du modèle WK-RC, com-


posante par composante 24
2.2 Analogie biomécanique-mécanique-électrique du modèle WK-RC, com-
posante par composante 34
2.3 Analogie biomécanique-mécanique-électrique du modèle WK-RRCL, com-
posante par composante 45
2.4 Résumé de la correspondance mathématique entre les représentations
biomécanique, mécanique et électrique 48
2.5 Mailles nécessaires à la traduction de l'équation différentielle en termes
électriques 51

3.1 Résumé des différentes méthodes de calcul de la compliance artérielle


rencontrées dans la littérature 74
3.2 Valeurs moyennes utilisées pour dimensionner la chambre de compliance 76

4.1 Synthèse des principales difficultés rencontrées lors de la mise en service 104
Table des figures

1 Valves mécaniques : a) mitrale à double feuillets [36] et b) aortique à


bille [36] et c) valve aortique biologique produite par génie tissulaire [14] 2
2 Ondes physiologiques caractéristiques du débit sanguin aortique et de la
pression systémique chez un individu humain adulte [31] 3

2.1 Système cardiovasculaire humain : a) le mécanisme simplifié [17] et b)


les ondes physiologiques caractéristiques [31] 19
2.2 Représentations biomécanique a) et électrique b) de la configuration deux
composantes, WK-RC 22
2.3 Les débits et pressions caractéristiques de l'architecture WK-RC . . . . 23
2.4 Point d'équilibre A du circuit électrique RC équivalent 28
2.5 Onde de débit physiologique de référence [31] 29
2.6 Approximation de l'onde de pression par le modèle WK-RC 29
2.7 Influence du type d'erreur sur la qualité de l'approximation produite . . 30
2.8 Effet du paramètre de résistance périphérique R sur la forme de l'onde
de pression 31
2.9 Effet du paramètre de compliance C sur la forme de l'onde de pression 32
2.10 Représentation biomécanique a) et électrique b) de la configuration trois
composantes, WK-RRC . 33
2.11 Les débits et pressions caractéristiques de l'architecture WK-RRC . . . 34
2.12 Point d'équilibre A du circuit électrique RRC équivalent 36
2.13 Les courants i en circulation 37
2.14 Les mailles du circuit RRC 37
2.15 Les mailles 1 a) et 2 b) du circuit électrique équivalent 38
2.16 Approximation de l'onde de pression par le modèle WK-RRC 40
2.17 Effet du paramètre de résistance périphérique Rp sur la forme de l'onde
de pression 41
2.18 Effet du paramètre de compliance C sur la forme de l'onde de pression 42
2.19 Effet du paramètre de résistance aortique équivalente R c sur la forme de
l'onde de pression 42
2.20 Représentation biomécanique a) et électrique b) de la configuration quatre
composantes, WK-RRCL 44
2.21 Les débits et pressions caractéristiques de l'architecture WK-RRCL . . 45
2.22 Points d'équilibre A et B du circuit électrique RRCL équivalent . . . . 48
2.23 Les courants i en circulation dans l'architecture WK-RRCL 49
2.24 Les mailles du circuit RRCL 50
2.25 Approximation de l'onde de pression par le modèle WK-RRCL 55
2.26 Effet du paramètre de résistance périphérique Rp sur la forme de l'onde
de pression 56
2.27 Effet du paramètre de compliance C sur la forme de l'onde de pression 57
2.28 Effet du paramètre de résistance aortique équivalente Rc sur la forme de
l'onde de pression 57
2.29 Effet du paramètre d'inertie L sur la forme de l'onde de pression . . . . 58

3.1 Le bioréacteur RC et ses principaux sous-systèmes : le support valvu-


laire SV, la chambre de compliance CC, la résistance périphérique Rp, le
réservoir RV, la résistance à l'inertie R/, la valve anti-retour mécanique
VA et la pompe ventriculaire PV, puis sans être un sous-système le
débitmètre Q 62
3.2 La pompe ventriculaire déassemblée a) et assemblée b) 66
3.3 Schématisation des phases du cycle d'éjection a) et de remplissage b) de
la pompe ventriculaire 66
3.4 Les différentes parties de la valve anti-retour à double feuillets 67
3.5 Valve aortique biologique, sur support synthétique, produite par génie
tissulaire a), montrée dans sa position d'implantation b) [50] 68
3.6 Le support valvulaire (SV) : a) désassemblé et b) assemblé avec une valve
porcine fixée en position ; et, c) une valve porcine fixée dont les surplus
de tissus ont été enlevés 71
3.7 La chambre de compliance 72
3.8 Volumes de référence pour le dimensionnement de la chambre de com-
pliance en début et en fin de la phase de compression 76
3.9 Points de référence pour le calcul de la compliance 79
3.10 La pince-résistance 80
3.11 Points de mesure de la pression et du débit pour l'évaluation des valeurs
expérimentales des résistances a) Rc et b) Rp 82
3.12 Le réservoir : a) photographie du lieu d'échange gazeux et b) principe de
fermeture du couvercle hermétique 84
3.13 L'élément d'inertie L photographié et assemblé en parallèle avec la résistance
aortique équivalente Rc 85
3.14 Schéma d'une section de vaisseau cardiaque idéalisée 87
3.15 Variation du nombre de Reynolds sur un cycle typique de l'écoulement
de l'architecture RC 89
3.16 Comparaison des pertes de charge des éléments Rc et L 90
XI

3.17 Bioréacteur RC et ses principaux systèmes a) et une vue agrandie de la


résistance aortique équivalente Rc b) 93
3.18 Bioréacteur RRCL et ses principaux sous-systèmes, en vue de face a) et
en vue de dessus b) 94

4.1 Schéma fonctionnel du système d'acquisition 97


4.2 Onde de tension qui commande l'entrée et la sortie d'air à la pompe
ventriculaire 98
4.3 Réponses expérimentale et théorique du bioréacteur RC 107
4.4 Réponses expérimentale et théorique du bioréacteur RRC 108
4.5 Réponses expérimentale et théorique du bioréacteur RRCL 109
4.6 Débit expérimental imposé au bioréacteur en configuration RC 111
4.7 Réponse expérimentale du bioréacteur RC comparée à la référence phy-
siologique [31] 112
4.8 Approximation de l'onde de pression physiologique par le modèle théorique
WK-RC 113
4.9 Débit expérimental imposé au bioréacteur en configuration RRC . . . . 115
4.10 Réponse expérimentale du bioréacteur RRC comparée à la référence phy-
siologique [31] 116
4.11 Débit expérimental imposé au bioréacteur en configuration RRCL . . . 117
4.12 Réponse expérimentale du bioréacteur RRCL comparée à la référence
physiologique [31] 118
4.13 Débits expérimentaux en configuration RRCL comparés à la référence
physiologique [31] 120
4.14 Réponse expérimentale du bioréacteur RRCL comparée à la référence
physiologique [31] 120
Introduction

Santé cardiovasculaire et génie tissulaire :


la problématique et les défis

Plus que jamais, les maladies cardiovasculaires constituent à l'échelle mondiale une
problématique de santé publique préoccupante. Selon l'organisation mondiale de la
santé, les maladies cardiovasculaires ont causé le décès de 17.5 millions de personnes
seulement au cours de l'année 2005 [69]. Ces millions de mortalités liées à la santé car-
diovaslculaire représentaient cette année-là près de 30% de l'ensemble des décès. Plus
de 500 000 chirurgies vasculaires aux États-Unis [1] et plus de 170 000 remplacements
de valves cardiaques dans le monde sont pratiqués chaque année. En 1998, le Canada
estimait les coûts directs et indirects associés aux maladies cardiovasculaires à plus de
18 milliards de dollars [12], soit environ 2% du produit intérieur brut du pays.

Prophylaxie, dépistages préventifs et campagnes de sensibilisation, autant de moyens


à la disposition des responsables de la santé publique afin de diminuer l'occurrence de
problèmes cardiovasculaires. Il n'en reste pas moins que le cas des patients atteints de
pathologies chroniques ou souffrant de problèmes cardiovasculaires aigus est urgent, ce
qui force les professionnels à développer des traitements toujours plus efficaces. L'ap-
profondissement des connaissances de l'anatomie et du fonctionnement du corps incite
depuis longtemps les chirurgiens à tenter de remplacer des tissus malades. Dans le
cas des valves cardiaques, les premiers remplacements ont été faits au milieu du 20eme
siècle par le Dr. Hufnagel (1952) [47], utilisant une valve aortique à bille, et par le duo
Edwards-Starr (1960) [36, 47], utilisant une valve mitrale mécanique à double feuillets.
La figure 1 illustre ces deux valves cardiaques, à bille et à feuillets, ainsi qu'une valve
biologique, développée selon les techniques du génie tissulaire.

Ainsi, depuis une cinquantaine d'années, la chirurgie peut envisager le rempla-


cement, en totalité ou en partie, des tissus valvulaires déficients. Des technologies
a) b) c)

Figure 1: Valves mécaniques : a) mitrale à double feuillets [36] et b) aortique à bille


et c) valve aortique biologique produite par génie tissulaire [14]

mécaniques, synthétiques et biologiques ont été développées afin de remplacer ces valves
cardiaques défaillantes. Chacune comporte toutefois des inconvénients non négligeables.
L'implantation d'une valve mécanique, quoique d'une très grande durabilité, est sy-
nonyme pour un patient de la prise d'anticoagulants jusqu'à la fin de sa vie [46].
Les désavantages les plus répandus associés aux substituts synthétiques constitués
de biomatériaux sont aussi bien connus : complications et problèmes immunitaires
postopératoires ainsi que longévité limitée du substitut [21]. Les substituts biologiques,
toutefois, sont prometteurs. Les spécialistes s'entendent sur le fait que les tissus de
remplacement de valves cardiaques ou d'artères devraient être des substituts de type
biologique plutôt que de type synthétique [21, 44]. À l'heure actuelle, xénogreffes et allo-
greffes sont couramment pratiquées et permettent aux patients d'améliorer grandement
leur qualité de vie, en plus de prolonger celle-ci d'une quinzaine d'années. Contrairement
aux deux types de greffes précédents, les autogreffes ne nécessitent quant à elles aucun
immuno-supresseur puisque les cellules du substitut, dites autologues, sont celles du
patient à recevoir la greffe. Les substituts biologiques autologues présentent l'avantage
de pouvoir s'adapter aux caractéristiques de l'environnement cardiaque du patient en
plus de pouvoir se régénérer au rythme du processus normal de vieillissement. Implantés
chez de jeunes enfants, les substituts biologiques autologues peuvent même croître avec
les différents tissus et organes environnants, et ce, tout au long de la croissance de l'en-
fant [72, 4, 51]. Selon les spécialistes, le développement des techniques de synthèse des
substituts biologiques constitue la voie à privilégier.

Les substituts biologiques autologues voient leur potentiel s'accroître rapidement


avec le développement du génie tissulaire. Cette discipline s'intéresse tout particulière-
ment à la manipulation de molécules et de cellules biologiques afin de créer des tissus
nouveaux. Les efforts sont particulièrement orientés vers la création de tissus de rempla-
cement possédant des fonctions métaboliques similaires à celles des tissus qu'ils doivent
remplacer.
La connaissance approfondie du milieu physiologique voisin des futurs tissus à
implanter constitue une exigence fondamentale au développement de ces substituts.
Puisque les tissus sont souvent conçus en laboratoire plutôt que in vivo, la dynamique
du milieu de culture a généralement avantage à reproduire l'environnement physiolo-
gique avec précision. La conception d'un tel environnement constitue l'un des grands
défis du génie tissulaire. Fait démontré dans plusieurs études, une culture in vitro réalisée
dans un environnement semblable au milieu physiologique favorise l'expression de fonc-
tions cellulaires essentielles au métabolisme. Les propriétés mécaniques des tissus s'en
retrouvent alors grandement améliorées [53, 60, 18]. Lorsque les tissus sont destinés
au système cardiovasculaire, il est essentiel que l'environnement reproduise le milieu
physiologique réel, dont les principaux attributs sont le débit sanguin et la pression
systémique, montrés à la figure 2. Indispensables, ces caractéristiques sont fréquemment
reproduites par un système imposant des stimulations mécaniques fortement puisées
[1, 44]. La culture de substituts biologiques cardiaques se doit donc d'être effectuée
dans un environnement qui simule adéquatement les conditions hémodynamiques car-
diovasculaires.

gE
!» e

Temps [s] Temps [s]

Figure 2: Ondes physiologiques caractéristiques du débit sanguin aortique et de la


pression systémique chez un individu humain adulte [31]

Dédiés à la reproduction d'un écoulement sanguin puisé, ces environnements de


culture, parfois nommés bioréacteurs1, comportent généralement une pompe, une res-
triction et une composante élastique. La pompe produit un débit similaire à celui pro-
duit par le cœur. La restriction reproduit la résistance à l'écoulement sanguin qu'exercent
les artères, les capillaires et les veines. Cette résistance est responsable de l'augmen-
tation de la pression systémique sous l'effet du débit sanguin poussé dans le système
circulatoire par le cœur. La composante élastique, aussi nommée compliance, correspond
à la propension des tissus à prendre de l'expansion sous l'effet d'une augmentation de
1
Le terme bioréacteur désigne un environnement dans lequel se déroule un processus de conversion
biologique [10].
la pression sanguine. Cette composante est souvent associée aux propriétés élastiques
des tissus. La reproduction de l'effet compliant dans un bioréacteur dédié à la culture
de la valve aortique est essentielle car elle influence directement la compliance du tissu
en culture [60, 33]. En effet, la compliance du système permet de produire des ondes de
débit et de pression, similaires aux ondes physiologiques, qui en retour permettent aux
tissus en culture de développer de manière adéquate leur propre compliance. Cet aspect
est crucial puisque la compliance des substituts valvulaires ou artériels constitue l'une
des propriétés mécaniques les plus importantes à considérer afin d'assurer le succès du
remplacement. Plusieurs problèmes postopératoires et plusieurs problèmes d'occlusion
artérielle à long terme des vaisseaux sont attribués à une mauvaise correspondance de la
compliance de l'artère substitut avec celle de l'artère originale [1, 42, 23, 37]. Plusieurs
études ont de plus établi une forte relation entre les contenus fréquentiels des ondes
puisées de débit et de pression et la compliance des tissus [16, 67]. Il est donc possible
d'affirmer que la compliance d'une artère est intimement liée à la forme des variations
des ondes de débit/pression, où le contenu fréquentiel représente la forme des variations.
C'est donc la qualité de la reproduction de ces deux quantités dans un bioréacteur qui
influence directement la compliance du tissu produit. Il est donc raisonnable de penser
que le fait de pouvoir contrôler parfaitement et indépendamment les ondes de débit
et de pression dans un bioréacteur constitue un avantage qui risque de contribuer de
façon significative à la production de tissus dont les propriétés mécaniques seront très
similaires à celles des tissus d'origine.

De nombreuses études ont été effectuées dans le but de comprendre cet environne-
ment cardiovasculaire afin de permettre l'amélioration des techniques de culture de tis-
sus humains. Nombre d'entre elles démontrent la nécessité de reproduire avec exactitude
les stimuli biochimiques et mécaniques afin d'obtenir la gamme de propriétés adéquates
pour garantir l'intégrité structurelle de la prothèse à construire [63, 19]. Ainsi, un grand
nombre de bioréacteurs existants sont utilisés pour supporter le développement des sub-
stituts valvulaires et artériels. Les défis demeurent toutefois nombreux : l'amélioration
des techniques de culture de cellules en laboratoire, l'amélioration des techniques d'as-
semblage des différents types de cellules et le développement de techniques de condi-
tionnement des tissus cellulaires dans un environnement adapté. La complexité des
caractéristiques à simuler rend difficile une reproduction fidèle de l'environnement phy-
siologique. La principale difficulté provient de la dynamique instationnaire puisée du
débit sanguin et de la pression systémique. La nature de ces deux quantités et l'inter-
action fortement non linéaire existant entre celles-ci sont des conséquences directes du
comportement visco-élastique non linéaire des tissus.

La poursuite des recherches se révèle donc nécessaire afin de proposer un milieu


de culture pouvant stimuler adéquatement les tissus biologiques de remplacement.
Dans cette perspective, les travaux de l'équipe de recherche multidisciplinaire, ac-
cueillant médecins, ingénieurs et chirurgiens, sont orientés vers la réalisation d'un nou-
veau bioréacteur, dédié spécifiquement au développement des techniques de reconstruc-
tion de valve cardiaque par génie tissulaire ainsi qu'à l'étude approfondie du compor-
tement dynamique de ces tissus.

Objectifs du projet

C'est dans le but de faire avancer les techniques de conditionnement des substituts
biologiques autologues que l'équipe du professeur J. Ruel s'est associée aux professeurs
F. Auger et L. Germain, du Laboratoire d'organogénèse expérimentale (LOEX), et au
professeur Y. Maciel, du département de génie mécanique. Dans le cadre du projet de
bioréacteur cardiaque, les partenaires se sont lancé comme défi de concevoir un environ-
nement de culture simulant les conditions hémodynamiques cardiaques qui permettra
la fabrication de substituts biologiques présentant des caractéristiques optimales.

Dans le cadre de la conception du premier prototype de bioréacteur cardiaque,


l'équipe a choisi d'orienter ses priorités en fonction d'un seul grand objectif soit le
conditionnement de tissus cardiaques de remplacement. Les premiers prototypes seront
développés de manière à accueillir des valves aortiques cardiaques, vivantes ou fixées,
humaines ou porcines. Les phases subséquentes du projet adapteront l'environnement
de culture à d'autres types de tissus cardiovasculaires tels que les artères.

Le conditionnement de tissus cardiaques sera rendu possible par la conception d'un


environnement de culture qui reproduira avec exactitude les caractéristiques physiolo-
giques de l'environnement naturel de la valve aortique. La priorité a été accordée à la
reproduction des caractéristiques de débit et de pression. Plusieurs paramètres essen-
tiels aux tissus vivants en culture devaient aussi être adéquats et facilement ajustables,
soit la température du fluide en circulation, la quantité de dioxyde de carbone (CO2) et
d'oxygène (O2) dissous, ainsi que le pH. D'autres intrants, tels que les antibiotiques, les
nutriments biochimiques essentiels ou les facteurs de croissance, devaient pouvoir être
ajoutés en cours de culture. Différents points de mesure devaient aussi être mis en place
afin de valider l'exactitude des caractéristiques : mesure de débit, mesure de pression,
mesure de température et possibilités d'observations visuelles. Enfin, deux contraintes,
l'espace limité et le maintien d'un haut niveau de stérilité, ont guidé l'ensemble de la
conception de ce bioréacteur cardiaque. En effet, la totalité du-montage devait pouvoir
se loger dans un incubateur standard d'environ 100 litres de volume. Le maintien de
la stérilité devait, entre autres, être assuré par la biocompatibilité des matériaux en
contact avec les tissus en culture et la simplicité des geometries à stériliser selon les
méthodes disponibles, four autoclave et oxyde d'éthylène gazeux, C 2 H 4 0. C'est donc
un environnement de culture rendant possible le contrôle de tous ces paramètres qui
permettra d'atteindre le premier grand objectif du projet, soit le conditionnement de
valves aortiques.

Au cœur de la première phase de ce projet, ce mémoire présente un prototype com-


plet de bioréacteur cardiaque adapté à la culture de valves aortiques porcine et humaine.
L'objectif était de mettre en place un montage, fonctionnel et compatible avec les grands
objectifs du projet, avec lequel de premiers essais en laboratoire allaient pouvoir être
réalisés. Le travail présenté dans ce mémoire s'articule spécifiquement autour de trois
sous-objectifs, permettant d'atteindre les grands objectifs du projet.

• Le premier sous-objectif était de concevoir un bioréacteur qui simule les condi-


tions hémodynamiques propres à la valve aortique humaine. C'était donc de fournir
un support physique compatible avec la morphologie des tissus en culture. Un débit
physiologique devait être reproduit et une pression physiologique obtenue.

• Le deuxième sous-objectif était de doter le bioréacteur d'un premier système de


contrôle qui soit fiable et relativement simple. Le niveau de contrôle devait permettre
d'atteindre des conditions de débit et de pression physiologiques stables dans le temps.
Les ajustements nécessaires à l'obtention de ces conditions allaient pouvoir être exécutés
de manière manuelle.

• Enfin, le troisième sous-objectif était de concevoir un prototype de bioréacteur


devant permettre une étude approfondie de la dynamique du montage. Des observations
visuelles de qualité et des observations mesurables du débit et de la pression à différents
endroits du montage allaient permettent l'analyse de la dynamique du bioréacteur.

La conception de ce prototype constitue ainsi une étape importante de l'ambitieux


projet de bioréacteur cardiaque au terme duquel des tissus valvulaires autologues sains
pourront être produits et implantés chez les patients souffrant de maladies cardiovas-
culaires.
Structure du mémoire

Les différents aspects de la conception du bioréacteur cardiaque ont simultanément


été développés. L'étude approfondie des systèmes similaires existants a d'abord été
réalisée. Celle-ci est présentée dans les deux premiers chapitres par la revue de la
littérature et l'étude des modèles théoriques soutenant l'analyse du comportement dy-
namique du système. La conception mécanique des différentes parties du bioréacteur a
évoluée de manière itérative en parallèle avec l'étude théorique du système. Un chapitre
présente les détails de la conception et les choix qui se sont imposés afin d'atteindre
les objectifs du projet. Puis, une phase de mise en service a été réalisée afin de valider
le bon fonctionnement des différentes parties du système. Le dernier chapitre présente
les faits saillants de la mise en service ainsi que les résultats, mettant ainsi en relief les
particularités de la dynamique du système. Les différentes étapes de conception de ce
bioréacteur sont donc réparties en quatre grands chapitres.

Le premier chapitre propose une revue de la littérature en deux parties. Les bioréac-
teurs similaires existants sont tout d'abord présentés, puis le comportement théorique
du système cardiovasculaire est abordé via une revue des modèles mathématiques Wind-
kessel (WK). Les principaux choix de conception qui ont mené à la réalisation du pre-
mier prototype de bioréacteur cardiaque ont été soutenus par les nombreuses études
recensées et présentées dans ce chapitre. La partie traitant des modèles Windkessel sert
quant à elle d'introduction au chapitre suivant.

Le second chapitre permet de comprendre comment sont liées la modélisation à l'aide


de modèles WK, l'étude paramétrique et la conception réelle des bioréacteurs correspon-
dants. Nous démontrons comment la conception du premier prototype de bioréacteur
cardiaque a pu être basée sur les modèles théoriques Windkessel reconnus pour être
fiables et performants dans leur modélisation de la dynamique du système cardiovas-
culaire. Une analyse systématique et complète a été effectuée pour trois des architec-
tures WK les plus communes : RC, RRC et RRCL. Puisque qu'aucun développement
mathématique complet des solutions étudiées n'a pu être trouvé dans la littérature,
l'équation différentielle a été établie et sa solution étudiée en détails d'un point de
vue paramétrique pour chacune des trois configurations. La résolution des équations
différentielles a été faite de manière numérique à l'aide d'un programme Matlab basé
sur la méthode algorithmique des gradients conjugués. L'étude s'est basée sur trois
paramètres principaux : R, C et L. Un débit physiologique connu a été imposé et la
pression associée a été calculée en fonction d'une valeur constante des trois paramètres.
Les résultats théoriques de chacune des trois architectures sont ensuite discutés. Ce cha-
pitre permet de mettre en relief les forces et faiblesses de chacun des modèles. L'analyse
présentée dans ce chapitre est cruciale aux choix de conception qui ont été effectués et
permet, au dernier chapitre, de tester et d'expliquer le comportement expérimental des
trois configurations de bioréacteur.

Le troisième chapitre présente en détails chacune des composantes du bioréacteur.


Cette section décrit la géométrie, le fonctionnement et le rôle spécifique de chacune des
composantes. Les différents calculs nécessaires au dimensionnement des composantes
plus complexes y sont aussi présentés. Ce chapitre, combiné avec le précédent, permet
de bien comprendre comment un système mécanique tel que le bioréacteur peut simuler
un environnement aussi complexe que le système cardiovasculaire. Une vue d'ensemble
de chacune des trois architectures est aussi présentée à la fin de ce chapitre.

Le quatrième et dernier chapitre présente la mise en service du montage ainsi que


les résultats expérimentaux obtenus pour les trois bioréacteurs, correspondant à cha-
cune des architectures étudiées. La première section détaille les différentes manipula-
tions nécessaires à l'opération normale du bioréacteur en plus d'indiquer les procédures
d'étalonnage. Le domaine atteignable de chacun des paramètres est aussi présenté. En-
fin, la section de mise en service se termine sur les différentes améliorations apportées
en cours de route, des améliorations nécessaires qui ont conduit au succès du projet. La
seconde section de ce chapitre présente les résultats expérimentaux en termes de débit
et de pression. Une courbe représentative de chacune de ces deux caractéristiques est
présentée pour chacune des architectures étudiées. Cette section permet de mieux com-
prendre l'incidence de l'ajout de paramètres sur le comportement général du bioréacteur.
Les résultats expérimentaux, en regard à l'étude théorique présentée au chapitre 2, per-
mettent d'établir les bénéfices de la complexification des architectures WK en termes de
précision de la reproduction simultanée des ondes de débit et de pression recherchées.

Ainsi, ce mémoire présente un bioréacteur qui a été développé de façon à repro-


duire de manière très précise les paramètres déterminants du bon fonctionnement des
substituts valvulaires. En plus de permettre l'étude des performances et la stimulation
dynamique des substituts valvulaires existants, ce nouveau prototype de bioréacteur
cardiaque ouvre la voie au développement de toutes nouvelles techniques de synthèse
de tissus valvulaires par génie tissulaire.
Chapitre 1

Revue de littérature

Nous proposons un nouveau bioréacteur dans le secteur déjà très développé du génie
tissulaire. Il est intéressant de résumer les propriétés et les capacités des systèmes simi-
laires existants. La première section présente les choix de conception des bioréacteurs
recensés. La deuxième section décrit les modèles mathématiques sur lesquels s'est ap-
puyée la conception du bioréacteur.

1.1 Les bioréacteurs

La classification des bioréacteurs est composée de trois groupes et inclut sans dis-
tinction les systèmes dédiés aux artères et ceux dédiés aux valves du cœur puisque ces
systèmes sont généralement compatibles avec ces deux applications. Le passage d'une
application à l'autre ne nécessite qu'un simple rapport d'échelle ou que de mineures
modifications.

Le premier groupe rassemble des systèmes se concentrant sur la reproduction d'une


seule caractéristique physiologique importante de l'environnement naturel. Ce sont
évidemment les contraintes mécaniques qui sont d'abord choisies comme paramètre
prioritaire. Tel que mentionné précédemment, ceci s'explique par le fort consensus en ce
qui a trait à l'importance de ces stimuli dans le développement cellulaire. De précédentes
études ont rapporté les effets importants des contraintes de différentes natures telles le
cisaillement produit par le débit sanguin, les contraintes normales produites par la
pression et les contraintes liées aux efforts imposés par la sous-structure sur laquelle
les cellules sont attachées. Ce dernier type de contrainte peut être uniaxial ou biaxial,
10

ou encore, dans le cas des artères, être circonférentiel ou longitudinal. Pour toutes ces
contraintes, une variation dans le temps est essentielle afin de fournir une stimulation
adéquate aux fonctions cellulaires. Seliktar et al. [18] ont utilisé un bioréacteur simple
dans lequel les substituts artériels étaient soumis à des efforts circonférentiels par l'im-
position d'une augmentation puisée du diamètre interne. Des améliorations notoires ont
été observées malgré le fait que le système utilisé ne reproduisait d'aucune manière la
caractéristique de débit. Nous savons que le débit génère le cissaillement, dont l'impor-
tance est reconnue. Le cissaillement est en fait la caractéristique la plus fréquemment
citée dans les réflexions à l'égard des promoteurs mécaniques de l'activité cellulaire.
Plusieurs bioréacteurs favorisent la reproduction d'un débit puisé. Dans la majorité
des cas, le débit est généré au moyen de méthodes simples. Les pompes péristaltiques
représentent l'une des manières les plus simples de produire la caractéristique de débit.
Leur mécanique les limite cependant à des formes d'onde très primitives qui ne s'ap-
prochent que très peu des ondes physiologiques. En réalité, les similitudes entre une
onde de débit produite par pompe péristaltique et une onde physiologique s'arrêtent à
la première harmonique. Mironov et al. [55] ont aussi utilisé ce type de pompe, tout
comme Williams et al. [22] et Tsiagkli et al. [54], dans un circuit en boucle fermée très
simple qui n'aspirait pas à la reproduction d'une onde de pression physiologique simul-
tanée. En dépit de ceci et à cause de la nature dynamique du débit, la pression résultante
est également puisée malgré le fait que la forme de la variation temporelle ne soit pas
considérée. Hsiai et al. [62] ont suggéré de petites améliorations quant au contrôle du
débit produit par la pompe péristaltique en ajoutant un moteur à vitesse variable à la
pompe. Niklason et al. [2] ont aussi proposé une pompe relativement primitive à laquelle
a été ajouté une chambre élastique, s'ajoutant à la charge du système afin de simuler
le retard de phase entre le débit et la pression. Ceci constitue une caractéristique très
importante puisqu'une cellule ne réagit pas de la même manière à la situation où le
cisaillement maximum (débit maximum) coïncide avec la contrainte normale maximale
(pression maximale) qu'à la situation où il existe un délai entre le cisaillement maximum
et la contrainte normale maximale. Mol et al. [13] ont utilisé une approche différente
priorisant la contrainte normale, produite par la pression, au cisaillement, causé par le
débit. Dans ce bioréacteur, le débit demeurait constant et très faible (4 ml min - 1 ) et
la chambre de compliance, combinée à une résistance variable, produisait une pression
variable et dynamique correspondant à la phase diastolique du cycle cardiaque. Men-
tionnons que ce système a été conçu afin de stimuler des valves cardiaques et qu'il a
été basé sur la prémisse qui veut que la pression soit le paramètre le plus important
pour le conditionnement des feuillets de valves lorsque l'objectif est l'amélioration de
leur résistance. Finalement, Bilodeau et al. [3] ont développé un système dédié aux
substituts artériels, ce qui leur a permis d'inclure la reproduction des contraintes longi-
tudinales à leur application. L'article faisant état de leur système mentionne un débit
puisé sans toutefois donner plus de détails ou de résultats concernant la pompe ou les
11

ondes produites.

La deuxième catégorie regroupe des bioréacteurs dont la priorité a trait à une repro-
duction réaliste du débit, l'avancée majeure étant le type de pompe propulsant le fluide
à travers le circuit. Ces systèmes utilisent le principe de pompe ventriculaire qui simule
l'action réelle du cœur : une membrane flexible est motorisée par un fluide pressurisé
afin de déplacer un certain volume de sang ou de média de culture à l'intérieur du cir-
cuit. Le fluide moteur pressurisé permet ainsi un certain contrôle sur la forme de l'onde
de débit. Mentionnons que la qualité du contrôle est fortement dépendante de la com-
plexité du système moteur. En ce sens, le design d'une pompe ventriculaire a été retenu
par Hoerstrup et al. [49], Sodian et al. [33] ainsi que par Lueders et al. [20]. Dans toutes
ces études, le fluide moteur était de l'air comprimé fourni par un respirateur commercial
Harvard. Hormis le fait que les formes d'ondes présentées soient assez primitives, elles
montrent une amélioration marquée comparativement à celles produites avec la pompe
péristaltique. Néanmoins, ce type de respirateur offre peu d'options d'ajustement et le
contrôle du débit reste relativement limité. De plus, les ondes de pression qui ont été ob-
tenues avec ces bioréacteurs n'étaient clairement qu'une simple conséquence des débits
imposés, sans aucune possibilité de contrôle sur leur forme. Dans ces bioréacteurs, l'ab-
sence de chambre de compliance implique une pression essentiellement en phase avec
le débit en plus d'une forme très similaire des deux ondes une fois le rapport d'échelle,
proportionnel à la résistance du circuit, effectué.

La troisième catégorie rassemble les systèmes comportant les éléments de contrôle


plus sophistiqués. Tout comme ceux du deuxième groupe, leur design est basé sur l'uti-
lisation d'une pompe ventriculaire, combiné à des éléments agissant sur le contrôle de
l'onde de pression. Tel que mentionné précédemment, la première composante essen-
tielle à l'amélioration de la réponse en pression est la chambre de compliance (chambre
élastique). Présentant d'assez bons résultats, Narita et al. [48] ont utilisé cette configu-
ration, avec un système de ballon intra aortique (IABP) 2 afin de motoriser la pompe
ventriculaire. Cette technique offrait toutefois un contrôle très limité de l'onde de débit.
Une configuration similaire a été utilisée par Dumont et al. [21], Warnock et al. [38]
et Konduri et al. [61]. Dans tous ces cas, un piston motorisé contrôlé par ordinateur a
été utilisé pour propulser le fluide dans la pompe ventriculaire. Cette seconde technique
permettait un meilleur contrôle de l'onde de débit. Pour tous ces bioréacteurs, une pince
manuelle a servi à ajouter une restriction à résistance variable, proportionnelle à l'orifice
créé par l'ajustement de la pince. Une alternative à ce design a été proposée par Thomp-
son et al. [28]. Ceux-ci ont remplacé la chambre de compliance par un ingénieux système
qui permet avec un seul élément de reproduire à la fois la résistance et l'effet compliant
en plus de servir de réservoir. Ils utilisent un tube flexible dont la caractéristique de

2
Intra aortic balloon pumping device (IABP)
12

compliance correspond à celle du système cardiovasculaire et ajustent la longueur du


tube de manière à ce que la friction visqueuse aux parois produise la résistance physio-
logique nécessaire. La qualité de la reproduction de la pression est étonnante. Aucun
détail n'a cependant été fourni concernant les paramètres nécessaires à la reproduction
du débit. Hildebrand et al. [43] ont apporté d'importantes améliorations au système
utilisé par Dumont et al. [21] ainsi que par Warnock et al. [38], notamment une servo
valve proportionnelle introduite afin de motoriser la membrane ventriculaire. Cet ajout
a grandement amélioré la réponse dynamique du système. Un algorithme de contrôle
prédictif 3 (PCA) a permis la correction de la commande envoyée à la servo valve afin
d'atteindre une reproduction optimale de l'onde de débit. Ce design incluait aussi une
restriction variable sous forme de résistance motorisée, rendant ce paramètre facilement
ajustable. Finalement, nous devons mentionner que le système présenté par Verdonck et
al. [71] est particulièrement intéressant en ce qui a trait à l'implantation d'un contrôle
en boucle fermée appliqué à la membrane ventriculaire, une alternative intelligente au
PC A utilisé par Hildebrand et al. [43].

1.2 Les modèles Windkessel

Dans le contexte où l'étude et l'utilisation de modèles mathématiques avait pour


premier objectif de supporter la conception du montage, il était avantageux pour nous
de choisir des modèles mathématiques simples, décrivant explicitement le comportement
des composantes du bioréacteur. C'est pourquoi les modèles à paramètres globaux ont
été retenus. De la grande famille des modèles à paramètres globaux, les modèles nommés
Windkessel (WK) sont fréquemment rencontrés lorsqu'il est question de modéliser le
comportement propre à la circulation artérielle. Ces modèles, développés par l'allemand
Frank Otto au début du 20 eme siècle, consistent en un assemblage de plusieurs sous-
éléments simples.

La dynamique du fluide sanguin est instationnaire, complexe et difficile à résoudre.


Contrairement à un calcul détaillé des champs de vitesse par les équations de Navier-
Stokes, les modèles à paramètres globaux proposent une méthode de résolution du
comportement de l'écoulement (débit aortique et pression systémique) basée sur les
propriétés macroscopiques ' du système cardiovasculaire (résistance, compliance et iner-
3
Predictive-control algorithm
4
Partout, à moins qu'il ne soit spécifié autrement, lorsque qu'il est question des propriétés du
système cardiovasculaire de manière générale le terme macro-propriétés est utilisé, désignant les pro-
priétés physiologiques sur lesquelles s'appuie la conception du bioréacteur, c'est-à-dire le débit sanguin
Q [ml s - 1 ] , la pression sanguine P [mmHg], la résistance à l'écoulement Rp [mmHg s ml - 1 ], la résistance
aortique équivalente (impédance) de la crosse aortique R c [mmHg s m l - 1 ] , la compliance des tissus C
13

tie). La physique générale du débit de fluide produit par un bioréacteur peut ainsi être
étudiée à l'aide de ces modèles mathématiques.

Ces modèles permettent d'étudier théoriquement la dynamique d'un bioréacteur car-


diovasculaire en utilisant différentes combinaisons plus ou moins complexes des compo-
santes de base [45]. Ces modèles analytiques linéaires simplifiés permettent de prédire
le comportement général du système et d'établir une relation entre le débit et la pres-
sion. Les composantes principales de ces modèles sont la pompe, les restrictions au
débit (éléments résistifs notés R), l'accumulateur élastique (élément capacitif noté C),
et les composantes inertielles, reproduisant l'inertie de la masse de sang en mouve-
ment dans les conduits artériels (élément inertiel noté L). Chaque composante de ces
modèles représente une partie du bioréacteur, où chacune simule une macro-propriété
de l'environnement cardiovasculaire.

Une grande variété de modèles Windkessel se retrouvent dans la littérature. Leur


complexité est directement liée au nombre de composantes utilisées pour représenter le
comportement du système cardiovasculaire. Nous avons pu constater que les modèles
les plus sophistiqués, comportant quelques composantes supplémentaires au modèle
classique WK-RC, approximaient mieux la relation entre le débit artériel et la pres-
sion systémique. Le nombre de composantes est aussi directement lié à la complexité
du montage physique du bioréacteur. Chaque composante du modèle mathématique
supplémentaire correspond à un élément mécanique à ajouter au circuit du bioréacteur.
Les contraintes d'espace et de stérilité 5 ont limité la complexité des modèles Windkes-
sel potentiellement applicables à la réalisation du bioréacteur cardiaque. Voilà pourquoi
l'étude analytique de ces modèles a été restreinte à trois modèles simples : WK-RC,
WK-RRC et WK-RRCL.

Les modèles WK ont comme avantage d'utiliser une représentation électrique référant
aux lois électriques fondamentales. Les équations différentielles traduisant le comporte-
ment du système en termes électriques sont simples et faciles à manipuler. La source de
débit d'un bioréacteur est généralement une pompe produisant un débit puisé similaire
à celui du cœur. Dans les modèles WK la pompe est associée à une source de cou-
rant alternatif. La résistance à l'écoulement simule la restriction à l'écoulement sanguin
causée par le rétrécissement des conduits, artères, capillaires et veines. Cette résistance
est responsable de l'augmentation de la pression systémique lorsqu'un débit est forcé
dans le système circulatoire par la pompe. De la même manière, en termes électriques,
la résistance est responsable de l'augmentation de tension. La résistance à l'écoulement

[ml mmHg - 1 ] et l'inertie de la masse de fluide en mouvement L [mmHg s 2 ml - 1 ].


5
Chaque élément mécanique supplémentaire dans la boucle du bioréacteur augmente le nombre de
geometries à stériliser ainsi que les possibilités qu'il y ait contamination involontaire par des bactéries
indésirables.
14

du système cardiovasculaire est donc associée à la simple résistance électrique. L'accu-


mulateur élastique est obtenu par l'insertion dans le circuit fermé du bioréacteur d'un
volume contenant une certaine quantité d'air. Durant la phase systolique, l'air est com-
primé dans l'accumulateur en réponse à la restriction de la résistance qui empêche le
fluide de circuler librement. L'accumulateur de débit permet donc de simuler la pro-
priété physiologique de compliance des tissus, associée à la tendance des tissus à se
dilater sous l'effet d'une augmentation de pression. La compliance des tissus est tra-
duite en termes électriques par un condensateur. Plusieurs études rapportent l'impor-
tance d'une reproduction fidèle des effets de compliance à l'intérieur d'un bioréacteur
[60, 33], spécialement dans les applications liées à des substituts produits par génie
tissulaire [1, 42, 23, 37, 16, 67]. Ces études présentent aussi de solides évidences concer-
nant la relation entre le contenu fréquentiel de l'onde puisée de débit et la compliance
des tissus. Enfin, les effets inertiels induits par la masse de fluide en mouvement dans
le circuit du bioréacteur simule l'inertie de la masse de sang en mouvement dans le
système cardiovasculaire. Les effets inertiels sont principalement attribuables à la fric-
tion visqueuse à la paroi. L'amplitude de ces effets module la relation entre de débit
sanguin et la pression systémique. En fait, c'est la variation de pression à l'intérieur du
système qui permet l'accélération de la masse de sang. Les effets inertiels présents dans
le bioréacteur tout comme dans le système cardiovasculaire sont en termes électriques
associés à l'inductance.

Afin d'étudier plus particulièrement les avantages des différentes configurations de


bioréacteur basés sur les modèles WK, une étude paramétrique détaillée a été réalisée.
Cette étude analytique, présentée au chapitre suivant, s'inscrit dans le cadre d'un
processus plus large de design de ce bioréacteur cardiaque dédié spécifiquement au
développement de techniques de reconstruction de valve cardiaque par génie tissulaire.

Les bioréacteurs les plus sophistiqués retrouvés dans la littérature biomédicale sont
soit explicitement basés sur les modèles WK, tels que ceux présentés par Dumont et al.
[13], Hildebrand et al. [19] et par Kneibein et al. [30], ou encore comportent les éléments
appropriés structurés de manière à reproduire l'environnement hémodynamique, tels
que ceux développés par Warnock et al. [66], Konduri [31, 32] et Narita et al. [41].
Généralement, les macro-propriétés du système cardiovasculaire sont modélisées en uti-
lisant seulement quelques composantes, généralement trois ou quatre. Nous remarquons
dans plusieurs articles présentant une analyse mathématique de différents arrangements
que la complexité des équations différentielles décrivant les systèmes augmente rapide-
ment avec l'ajout de nouvelles composantes au modèle [7]. Certains articles proposent
une analyse d'un point de vue de la réponse dynamique et de la fonction de trans-
fert des différents arrangements WK [27, 15]. Les travaux publiés par Stergiopulos
[57, 56, 58], dans lesquels les différences entre les modèles WK-RRC et WK-RRCL ont
15

minutieusement été exposées et les courbes expérimentales comparées à des références


physiologiques, sont sans contredit parmi les plus perspicaces du domaine. D'autres
modèles plus complexes de l'arbre artériel ont aussi été proposés et combinés à des
résolutions numériques d'algorithmes, ajoutant ainsi des outils supplémentaires à l'ana-
lyse du comportement cardiovasculaire. Conlon et al. [7] ont publié un modèle composé
de quatorze éléments alors qu'un autre modèle, celui-là par Liang et al. [34], a permis
d'inclure jusqu'à cent cinquante éléments. L'approche des modèles WK s'est révélée
aussi très utile dans le cas d'études s'intéressant à l'analyse de données physiologiques
de sujets humains. Plus particulièrement, il a été démontré que l'analyse du contenu
fréquentiel des ondes de pression artérielle ainsi que la modélisation WK peuvent de
manière très bénéfique supporter les techniques d'identification de pathologies, notam-
ment pour détecter l'hypertension [52, 5, 26, 16, 67, 6].

La revue de littérature des articles traitant des modèles WK nous a permis de mieux
comprendre l'étendue du concept et les grandes capacités de ces modèles à représenter
la dynamique du système cardiovasculaire, particulièrement dans les cas où les modèles
incluaient plus de deux composantes. Toutefois, en dépit de l'intéressant potentiel des
configurations WK plus complexes que le modèle classique WK-RC à deux composantes,
la grande majorité des bioréacteurs recensés dans les publications sont développés selon
cette configuration classique [20, 13, 54, 38, 41, 19, 66, 30]. Certains articles présentent
une étude théorique détaillée, parfois combinée à une comparaison avec des données
physiologiques [7, 45, 52, 67, 15, 57, 25, 5, 26, 56, 64]. D'autres présentent des configu-
rations de bioréacteur plus sophistiquées sans toutefois supporter leur conception par
une analyse théorique systématique [68].
16

1.3 Conclusion

Les objectifs et les sous-objectifs du travail présenté dans ce mémoire peuvent ainsi
être mis en perspective grâce à cette revue de littérature.

La première section de la revue de littérature présente différentes architectures de


bioréacteurs ainsi que les bénéfices et lacunes associés. L'information présentée per-
met de conclure qu'une reproduction fidèle et simultanée des conditions physiologiques
de débit et de pression artérielles est possible. Ainsi, le premier sous-objectif peut être
atteint par la mise œuvre d'une génération de débit finement contrôlée et par des ajuste-
ments complémentaires permettant de moduler la réponse en pression. Le contrôle fiable
et simple du bioréacteur, dont fait l'objet le deuxième sous-objectif, sera atteint par la
mise en place d'un contrôle en boucle fermée du débit. Un mécanisme de génération
de débit possédant une excellente réponse dynamique, similaire aux meilleures pompes
ventriculaires recensées, combiné à une servovalve, un capteur de débit et à un contrôle
logiciel efficace permettront ainsi de contrôler le débit en boucle fermée.

La seconde section de la revue de littérature présente les avantages d'utiliser des


modèles à paramètres globaux, tels que les modèles Windkessel, afin d'étudier la dy-
namique cardiovasculaire. La sélection et l'étude des modèles Windkessel permettra de
développer un modèle mathématique représentatif de la dynamique du bioréacteur, qui
se veut un système reproduisant fidèlement la dynamique cardiovasculaire. Ce modèle
mathématique permettra d'orienter les choix de conception et d'optimiser le design du
bioréacteur. Ainsi, le comportement du système bien caractérisé constituera un outils
d'analyse très puissant. Tel que visé par le troisième sous-objectif, un modèle théorique
solide permettra l'étude approfondie de la dynamique du montage.

La revue des meilleurs bioréacteurs aura donc permis d'imaginer un design préliminai-
re structuré du bioréacteur qui sera optimisé par la compréhension de son comportement
dynamique, rendue possible grâce à l'étude des modèles analytiques Windkessel.
Chapitre 2

Etude théorique des architectures

Le bioréacteur a pour objectif de reproduire le système cardiovasculaire, plus parti-


culièrement, les caractéristiques de l'écoulement sanguin aux abords de la valve aortique.
Les modèles théoriques Windkessel sont reconnus pour être de bonnes approximations
de la dynamique cardiovasculaire. L'étude théorique de trois architectures Windkessel
relativement simples est proposée. Cette étude constitue une étape essentielle à l'ap-
profondissement des connaissances des macro-propriétés du système cardiovasculaire.
La compréhension du comportement mécanique de ces macro-propriétés et de leurs in-
teractions guidera la conception de l'environnement de culture, conception détaillée au
chapitre suivant. Les modèles théoriques développés permettront de réaliser des essais
numériques représentatifs de la dynamique réelle du système. Enfin, à long terme, de
tels modèles mathématiques supporteront le développement d'algorithmes de contrôle
qui amélioreront les performances du bioréacteur.

L'analyse systématique et complète de chacune des architectures WK sera traitée


en trois temps : la description générale du modèle et son analogie avec le système car-
diovasculaire ; le développement de son équation différentielle; et, finalement, l'analyse
de la solution théorique du modèle d'un point de vue paramétrique, considérant trois
paramètres principaux : R, C et L. L'analogie fondamentale entre le débit dans un cir-
cuit hydraulique et le courant dans un circuit électrique ainsi que celle entre la pression
dans le circuit hydraulique et la tension dans le circuit électrique seront utilisées pour
soutenir les modèles proposés.

Les propriétés biomécaniques ainsi que l'analogie biomécanique-électrique qui per-


mettront l'analyse approfondie des architectures WK-RC, WK-RRC et WK-RRCL se-
ront tout d'abord présentées. Les équations différentielles sont ensuite développées pour
chacun des trois modèles de manière à ne conserver que les termes de débit et de pression
18

au niveau du support valvulaire. Ceci permet d'obtenir une représentation explicite de


la pression à la section de culture en fonction du débit imposé. Enfin, le comportement
théorique de chaque modèle sera analysé à l'aide des caractéristiques de la courbe de
pression produite. Le comportement de chaque modèle sera caractérisé en variant les
paramètres R, C et L de l'équation différentielle sur leur plage respective de valeurs
physiologiques.

L'agencement des composantes de ces modèles sera étudiée à l'aide des lois mécani-
ques, physiques, électriques et mathématiques associées au système réel. Tout au long
de ce chapitre, le comportement biomécanique du système cardiovasculaire sera exprimé
en terme mécanique. Les macro-propriétés utilisées dans les modèles Windkessel étudiés
réfèrent à des éléments mécaniques simples. Nous exprimerons ensuite théoriquement
le comportement des éléments mécaniques en terme électriques. Par exemple, la pro-
priété de compliance des tissus est associée à un accumulateur, connu dans le domaine
électrique comme un condensateur et dans le domaine mécanique comme un réservoir
d'air. En effet, le développement mathématique est simplifié par l'utilisation des lois
électriques qui régissent les interactions entre les composantes d'un circuit électrique.

Au terme de l'étude théorique présentée dans ce chapitre, trois modèles mathémati-


ques de complexité différente seront obtenus. Tous seront développés de manière à
mettre explicitement en évidence l'interaction entre le débit et la pression artérielle.
L'analyse réalisée permettra de réaffirmer le potentiel et les limites de chacun des
modèles Windkessel. L'étude présentée permettra aussi d'établir les bénéfices théoriques
de la complexification des architectures WK en termes de précisions de la reproduction
simultanée des ondes de débit et pression recherchées.
19

2.1 Les paramètres principaux et leur interaction

La fonction principale du système cardiovasculaire est d'assurer la circulation d'un


volume sanguin dans le corps afin d'alimenter les cellules en nutriments essentiels ainsi
que de les débarrasser des produits du métabolisme. La figure 2.1 illustre les compo-
santes du mécanisme simplifié de la circulation cardiovasculaire.

o ai o. o. oi o. n 07 08
Temps (s]

Déphasage des crêtes


_? .30
E
E no

01 02 03 07 0.8 09 I

Temps [s]

B). b)

Figure 2.1: Système cardiovasculaire humain : a) le mécanisme simplifié [17] et b) les


ondes physiologiques caractéristiques [31]

Quatre paramètres sont essentiels à la modélisation de la mécanique de ce système :


le débit aortique Q(t), à l'origine de la dynamique puisée du système; la résistance
périphérique R, qui permet un certain niveau de pression; la pression artérielle P(t),
la réponse du système, et la compliance tissulaire C, un modulateur important de la
pression. Du point de vue de l'étude théorique présentée dans ce chapitre, le débit, la
résistance et la compliance sont considérés comme des éléments actifs du système tandis
que la pression est considérée comme la réponse passive. Cette réponse est produite par
l'interaction des trois éléments actifs : le cœur, élément moteur générant le débit ; la
résistance et la compliance, deux macro-propriétés fondamentales. Ainsi, la base de la
mécanique circulatoire cardiaque peut être décrite en termes d'interactions entre ses
quatre paramètres principaux.
20

Le cœur force la circulation du sang dans le circuit cardiovasculaire. Le débit cir-


cule dans l'arbre artériel à travers des conduits de diamètres différents et variables.
Le frottement visqueux du sang est principalement généré par le frottement du fluide
contre les parois des conduits. En plus du frottement pariétal, des pertes de pression
sont produites par les restrictions imposées au fluide par le rétrécissement de l'aire de
section des conduits et par les points de subdivision de ceux-ci. Rassemblées, toutes
ces pertes engendrent ce qu'on appel la résistance périphérique R. Celle-ci constitue la
première propriété du système cardiovasculaire à devoir être reproduite. Ainsi, le débit
Q(t) combiné à cette résistance R entraine une perte de charge par unité de longueur
de conduit.

Le cœur produit un débit puisé en fonction du cycle de gonflement-contraction de ses


ventricules. Le fait que le débit soit puisé entraîne une variation temporelle du gradient
de pression. La variation temporelle de la réponse en pression est une conséquence
directe de l'imposition du débit puisé.

La compliance tissulaire constitue la deuxième propriété essentielle à la modélisation


du système cardiovasculaire. L'élasticité des tissus, la compliance C, permet de stocker
localement et temporairement un volume de sang suite à l'éjection de ce volume par la
contraction du cœur. Tel un accumulateur, c'est l'effet compliant qui provoque le léger
déphasage physiologique entre les ondes de débit et de pression. La figure 2.1 montre
le retard de phase de l'onde de pression sur l'onde de débit.

Cette seconde macro-propriété joue un rôle très important dans la variation tem-
porelle de la pression artérielle. En fait, la compliance des conduits est nécessaire à
la relation entre le débit aortique et la pression artérielle telle que nous la connais-
sons. Sans la compliance, l'onde de pression artérielle posséderait une forme similaire
à celle du débit aortique. L'interaction existant entre les paramètres essentiels permet
d'illustrer le rôle que joue la compliance. Prenons l'exemple de l'état de contraintes à
la paroi des conduits. Le comportement biomécanique réel des tissus du système car-
diovasculaire favorise l'adaptation par déformation élastique des parois sous l'effet des
contraintes mécaniques. L'état de contrainte que subissent les tissus est imposé par la
pression artérielle, produite par le débit sanguin puisé. Il y a modification de l'état de
contrainte à la paroi lors de la variation du gradient temporel de pression. La propriété
d'élasticité que possèdent les tissus du système cardiovasculaire permet l'adaptation
aux variations de la pression. La propriété d'élasticité des tissus est caractérisée par la
phase durant laquelle les tissus se déforment de manière élastique par l'augmentation
du diamètre de section sous une augmentation de pression créée par le débit. Lorsque
le débit diminue, il y a variation négative du gradient temporel de pression, et le cycle
se complète par un retour élastique durant lequel l'énergie potentielle précédemment
21

accumulée est retournée au fluide sanguin. Il y a diminution du diamètre de section.


C'est ce potentiel d'adaptation des tissus que représente la propriété de compliance. En
opposant le débit puisé généré par le cœur aux pertes, un gradient de pression axial va-
riant dans le temps est créé. Sans compliance, l'impulsion de débit pourrait générer des
crêtes de pression systoliques capables de causer l'éclatement des conduits et le débit
diastolique quasi nul permettrait difficilement à la résistance périphérique de maintenir
la pression moyenne nécessaire au mouvement circulatoire. La compliance des tissus est
donc un modulateur essentiel de la pression artérielle.

Il est ainsi possible d'affirmer qu'un circuit uniquement résistif, dans lequel la pro-
priété d'élasticité est omise, serait inadéquat, au même titre qu'un circuit simplement
capacitif le serait sans résistance. Un circuit uniquement résistif où la résistance demeu-
rerait constante ne permettrait pas de corréler les ondes physiologiques de débit et de
pression. Un circuit simplement capacitif, en boucle fermée, ferait quant à lui circuler le
débit dans deux directions tandis que le débit physiologique exige une circulation unidi-
rectionnelle. Considérant le phénomène de la circulation cardiovasculaire dans sa forme
simplifiée, il est donc possible d'affirmer que le débit sanguin puisé nécessite l'inter-
vention des composantes R et C afin de reproduire adéquatement la pression artérielle
[5].

Nos recherches ne nous ont pas permis de trouver les démonstrations mathématiques
complètes des modèles étudiés. C'est pourquoi, nous présenterons dans ce chapitre le
développement mathématique de chaque architecture permettant de démontrer qu'un
agencement particulier des composantes l'une par rapport à l'autre est crucial afin
de représenter adéquatement le phénomène biomécanique réel. Les prochaines sections
détaillent chacune des architectures et discutent des capacités de chaque modèle à bien
représenter le système cardiovasculaire.
22

2.2 Le modèle deux composantes : W K - R C

Les trois composantes que constituent le cœur, la résistance et la compliance sont


rassemblées dans le modèle Windkessel RC classique. Proposé au début du 20 ème siècle
par le physiologiste allemand Frank Otto, ce premier modèle, minimaliste, permet une
bonne première approximation de la dynamique du cœur et de la circulation systémique.
L'architecture Windkessel classique, illustré à la figure 2.2, est un modèle très simplifié
du système cardiovasculaire et sert de point de départ à l'étude théorique présentée
dans ce chapitre.

2.2.1 Description générale

Cette architecture dite à deux composantes comprend une source de débit, une
chambre à air élastique et une résistance, restreignant l'écoulement et provoquant une
augmentation de la pression. La chambre à air est aussi appelée chambre de com-
pliance. Celle-ci est un réservoir fermé, contenant un volume de liquide et un volume
d'air, qui permet par la compression de l'air l'accumulation temporaire d'un volume
supplémentaire de liquide.

Les circuits biomécanique et électrique, montrés à la figure 2.2, présentent l'archi-


tecture de ce modèle. La représentation biomécanique illustre les composantes d'un
point de vue mécanique et fonctionnel. Le design et l'assemblage des composantes
du bioréacteur selon le modèle Windkessel RC découlent directement de l'informa-
tion transmise par la représentation biomécanique. La représentation électrique met
en évidence la circulation du débit dans cette architecture. Ce point de vue électrique
facilite le développement et la validation des équations différentielles.

-o +
* 4/V^
a) b)

Figure 2.2: Représentations biomécanique a) et électrique b) de la configuration deux


composantes, WK-RC
23

Afin d'alléger la représentation graphique des circuits biomécanique et électrique,


présentés à figure 2.2 et aux figures subséquemment présentées dans ce chapitre, les
circuits sont illustrés en boucle ouverte. Toutefois, ces derniers sont en réalité en boucle
fermée : la pompe du circuit biomécanique s'alimente dans le bassin et la borne négative
de la pile est connectée à la mise à terre.

La source, illustrée à la figure 2.3, fournit un débit total q. Durant la systole, le débit
fourni au système augmente (variation temporelle positive du débit) et fait augmenter
la pression. Tel que décrit précédemment, la propriété mécanique de compliance des
tissus permet une variation du diamètre des conduites ce qui permet de limiter l'aug-
mentation de pression dans le système. Dans le circuit biomécanique, c'est la chambre
de compliance C qui simule cette propriété. Le débit sanguin accumulé par la différence
de volume positive est noté qc- Le reste du débit total qui n'est pas accumulé par la
compliance et qui circule effectivement dans le circuit est noté q/_. Le volume de sang en
circulation dans les conduites cause le phénomène de frottement pariétal, c'est pourquoi
q/_ est associé au débit circulant dans une résistance hydraulique R.

q
-Q ^ ^ rO-^"
M
q R AP R

Figure 2.3: Les débits et pressions caractéristiques de l'architecture WK-RC

Ainsi,, le débit total est défini par

q = Qc + QR (2.1)

Les termes de pression, associés à chacun des éléments du modèle, sont identifiés
par une majuscule : P la pression à la sortie de la pompe, Pc la pression à la chambre
de compliance C, A P R la chute de pression à travers la résistance R et P s la pression
à la sortie de la résistance R. Ces quatre quantités (P, P c , A P f i et P s ) s'expriment en
Pascal. Le tableau 2.1 résume la correspondance de chacun des éléments pour les trois
représentations présentées : cardiovasculaire, biomécanique et électrique.
24

Tableau 2.1: Analogie biomécanique-mécanique-électrique du modèle WK-RC,


composante par composante

Résistance au débit par frottement Compliance des tissus (compliance


Cardiovasculaire visqueux dans les artères artérielle)
périphériques

Biomécanique Résistance au débit Accumulateur par compression

Électrique Résistance électrique au courant Condensateur électrique

Les propriétés de résistance R et de compliance C doivent nécessairement être as-


semblées de manière parallèle l'une à l'autre. Tel que discuté à la section 2.1 présentant
l'interaction des paramètres principaux, cette organisation parallèle est intrinsèquement
liée au fonctionnement du système cardiovasculaire. Les circuits biomécanique et électri-
que mis côte à côte permettent de saisir la subtilité de l'architecture parallèle, qui
pourrait être perçue dans la représentation biomécanique équivalente, présentée à la
figure 2.2, comme une architecture en série. Le parcours du volume de liquide nous
permet par contre de confirmer que la représentation biomécanique est aussi fidèle à
l'architecture Windkessel RC que l'est la représentation électrique. En effet, durant la
phase systolique du cycle cardiaque, le débit puisé q génère plus de pertes, notamment
aux restrictions, q__. La résistance R force l'augmentation de pression A P R en amont
de la restriction. Cette augmentation de pression est équilibrée par la compression de
l'air dans la chambre de compliance lorsqu'une partie du volume de fluide est tempo-
rairement accumulé dans la chambre de compliance. Durant la phase diastolique, le
débit créé à la pompe devient presque nul et le volume de liquide précédemment ac-
cumulé à la chambre de compliance C en ressort et circule par la résistance R. Ceci
illustre bien pourquoi l'analogie entre la chambre de compliance (chambre élastique) et
l'accumulateur électrique (accumulateur de charge ou condensateur) est possible : tous
deux accumulent temporairement une quantité excédentaire d'énergie et la redonnent
au système par la suite. L'entrée et la sortie de l'élément accumulateur C sont un même
point. Un court-circuit de l'élément R n'est pas possible. Voilà pourquoi, malgré l'allure
d'une connexion en série de la représentation biomécanique, celle-ci est bien conforme
à la dynamique du système cardiovasculaire pour lequel les éléments R et C doivent
nécessairement être placés en parallèle l'un à l'autre.
25

La compliance

Définissons tout d'abord l'effet de la compliance des tissus en terme de la relation


entre le débit et la pression. La propriété de compliance permet une accumulation
d'énergie (énergie potentielle stockée de façon élastique) en un point du système grâce
à une déformation des parois élastiques. Ainsi, la compliance des tissus est définie
comme le rapport entre la différence de volume engendrée par une variation de pression
et cette variation de pression [8, 68, 30].

d V m3
c= (2.2)
dPr Pd
Dérivant le numérateur et le dénominateur par rapport au temps, nous obtenons une
relation directe entre le débit et le gradient de pression.

dV
c = (2 3)
=Â ]jk '
dt dt
Ainsi, le débit à la chambre de compliance est fonction de la compliance et de la variation
de pression à l'intérieur de la chambre.

En supposant un conduit très court et une chute de pression négligeable entre la sortie
de la pompe et l'entrée de la chambre de compliance, nous avons

P = Pc (2.5)

Ce qui permet de réécrire le terme de débit à la chambre de compliance comme

QC = C ^ (2.6)

La résistance périphérique

La condition d'écoulement laminaire étant généralement vérifiée pour les écoulements


physiologiques dans les conduits de petit diamètre, la relation entre le débit q# et la
chute de pression AP/_ à travers la résistance se défini comme

qR = est x AP R (2.7)
26

La résistance hydraulique étant la propension du système à produire une augmentation


de pression suite à l'imposition d'un débit, nous avons

APR
qn = (2.8)
est qR R

La résistance R s'exprime en Pa s m - 3 .

2.2.2 L'équation différentielle

La chute de pression entre la sortie de la résistance et le retour à l'entrée de la


pompe est considérée comme négligeable, P s = 0. Ainsi, nous avons

AP R = P C -P S = PC (2.9)

Puis, en utilisant l'égalité de l'équation 2.5, on défini le débit à la résistance R

— ^ - 5 «210)
Remplaçant dans l'équation 2.1 les débits qc et q# par leur définition respective (éqs.
2.6 et 2.8), nous obtenons l'équation différentielle suivante

P
+cd P 2
< =f f < -">
Cette équation représente la relation qui existe entre le débit et la pression dans le
circuit biomécanique illustré à la figure 2.2. Ceci correspond sur le montage physique
du bioréacteur au débit et à la pression au support valvulaire.

L'analogie électrique

Cette courte section permet de valider à l'aide des lois électriques fondamentales le
développement de l'équation différentielle, précédemment présentée en termes biomécani-
ques. L'analogie électrique se base sur les associations débit-courant et pression-tension
ainsi que sur l'effet des propriétés sur les relations débit-pression et courant-tension.
Débutons tout d'abord par appliquer l'analogie composante par composante. Nous ver-
rons plus loin comment l'assemblage des composantes permet l'analogie entre les circuits
biomécanique et électrique.
27

Lorsqu'un courant ic est forcé à travers un condensateur, il se bâtit un potentiel Vc


entre les plaques qui le constituent, tel que

"è/
V c = ç / icdt (2.12)

La capacitance électrique Ce est définie par le rapport entre le courant et le gradient


de tension aux bornes du condensateur :

c
. « = | ^ < 2 - 13 >
dt
La capacitance d'un condensateur affecte la relation courant-tension de la même manière
que le fait la compliance pour la relation débit-pression. C'est pourquoi l'effet de la
compliance dans un circuit biomécanique, C, est associé à l'effet d'un condensateur
dans un circuit électrique, C e .

= C - Cee = - £ - (2.14)
dPc dVc
dt dt
La résistance électrique influence aussi la relation courant-tension. Elle est définie par
la loi d'Ohm.
Vu
— = Re (2.15)
La résistance électrique, Re, affecte la relation courant-tension de la même manière que
le fait la résistance hydraulique, R/,, pour la relation débit-pression. C'est pourquoi
l'effet de la résistance hydraulique dans un circuit biomécanique est associé à l'effet
d'une résistance électrique dans un circuit électrique.

^ = Rh - Re = ^ (2.16)
qR «/.

La figure 2.4 montre le circuit électrique équivalent. La loi des courants de Kirchhoff
appliquée au nœud A permet d'écrire l'expression suivante.

i =
i = i R + ic - W + C ^ (2-17)
Re dt
Puisque le condensateur et la résistance sont en parallèle avec la source de tension,
leur tension sont équivalentes
V C = VR = V (2.18)
28

®

Vc^C VR.

Figure 2.4: Point d'équilibre A du circuit électrique RC équivalent

Donc
._ V dV
+Ce (2.19)
*-R~e ~dt

Cette démarche permet de constater que les équations différentielles des circuits
biomécanique et électrique possèdent la même forme mathématique.

._ V dV AP„ dP
(2.20)
l
-R~e + C e
^ q= —
Rh + c h —
dt

2.2.3 Solution numérique de l'équation différentielle

Un programme MATLAB a été développé afin de résoudre de façon numérique


l'équation différentielle 2.20. La méthode des gradients conjugués a été utilisée afin
d'identifier les paramètres optimaux du modèle. La figure 2.5 présente le débit physio-
logique de référence utilisé pour générer les simulations numériques de cette section.
L'objectif étant de calculer la meilleure réponse en pression, la méthode des gradients
conjugués a permis de produire la réponse en pression présentée à la figure 2.6. La
méthode des gradients conjugués consiste en un algorithme qui résoud un système
d'équations linéaires de manière itérative afin d'optimiser la corrélation par la variation
des paramètres du modèle. La courbe physiologique de pression, montrée à la figure
2.6, a été utilisée comme valeur cible à atteindre. Le nombre d'itérations que peut effec-
tuer l'algorithme est borné par deux critères : un nombre maximum d'itérations et une
précision sur la valeur des paramètres. Pour l'ensemble des simulations présentées dans
ce chapitre, ces deux critères ont été fixés à un nombre maximum de 1000 itérations et
à une précision de l'ordre du centième d'unité. Pour chaque paramètre, une plage de
valeur est définie de manière à obtenir une gamme de solutions compatibles avec les
grandeurs physiques des caractéristiques que représentent les paramètres.

Les courbes physiologiques de débit et de pression artériels montrées aux figures


2.5, 2.6 et 2.7 sont tirées de données cliniques simultanées, enregistrées sur un individu
29

physiologique

0,2 0,3 0,5 0,6 0,7 0,9 1

Temps [s]

Figure 2.5: Onde de débit physiologique de référence [31]

150
physiologique
140
crête systolique - approximation WK-RC
130

120 - onde dicrote


en
X La valeur des paramètres R et
fc 110 C est respectivement de
E
c: 1.100 mmHg s m l ' et 2.233
g 100 ml mmHg- 1 .
tn
0)
Le coefficient de corrélation
90
correspondant est de 0.550.

80

70

60
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

Temps [s]

Figure 2.6: Approximation de l'onde de pression par le modèle WK-RC


30

humain normal [31]. Elles ont été spécifiquement sélectionnées parce qu'il a été possible
de s'assurer de leur corrélation dans le temps. Les courbes physiologiques présentées
ont été numérisées en utilisant 100 points par cycle.

De plus, trois définitions d'erreur ont été considérées : la somme des erreurs au
carré, l'erreur maximale et la somme des erreurs absolues. La figure 2.7 présente les­
courbes des pressions produites à partir des trois définitions d'erreur. Les simulations
numériques présentées utilisent les gradients conjugués pour converger vers la solution
par la minimisation de la grandeur de l'erreur, dépendante de l'écart entre la courbe
physiologique de référence et la courbe de pression produite par le modèle WK­RC.

physiologique

— © — Xerreurs 2

— © — erreur maximale
— 120 ■
x
fc D — Zerreurs absolues
E

Les valeurs des paramètres R


CD et C sont respectivement pour
CL les trois courbes de (1.147,
0.931), (1.226, 2.202), et
(1.100, 2.233) [mmHg s ml■',
ml mmHg-'].

Les coefficients de corrélation


correspondant sont (0.608),
(0.546), et (0.550).
0.2 0.3 0,4 0,5 0,6 0,7 0.8 0,9

Temps [s]

Figure 2.7: Influence du type d'erreur sur la qualité de l'approximation produite

La figure 2.7 montre que la définition de l'erreur choisie pour l'application de la


méthodes des gradients conjugués a une grande influence sur la qualité de l'approxima­
tion. Il est possible de constater que la résolution selon la somme des erreurs quadra­
tiques et celle selon l'erreur maximale approximent moins bien la pression physiologique
que la résolution selon la somme des erreurs absolues. Alors, selon l'appréciation de la
qualité générale de la courbe de pression produite, nous avons retenu la définition de l'er­
reur comme étant la somme des erreurs absolues. Cette définition est conservée pour
toutes les simulations numériques effectuées dans le cadre de l'analyse paramétrique
présentée dans ce mémoire.

Les deux familles de courbes suivantes, figures 2.8 et 2.9, sont tracées en utili­
sant des paramètres artériels physiologiques normaux, fréquemment rencontrés dans
la littérature [19, 57]. Pour observer l'effet du paramètre de compliance, la résistance
31

périphérique R est maintenue à une valeur moyenne normale de 1.10 mmHg s ml - 1


tandis que pour observer l'effet du paramètre de résistance, la compliance artérielle est
maintenue constante à 2.23 ml mmHg -1 , soit environ la valeur normale moyenne.

physiologique

- O - R = 0900

— @ - R = 1.0996

- C D - R =1.300
E
E
- © - R =1.500

La valeur du paramètre de
compliance C est pour les
quatre courbes WK-RC de
2.233 ml mmHg-1.

Les coefficients de corrélation


correspondant sont (0.560),
(0.550), (0 543) et (0.538).

0,4 0,5 0,6 0,7 0.9

Temps [s]

Figure 2.8: Effet du paramètre de résistance périphérique R sur la forme de l'onde de


pression

Dans le cas de la première famille de courbes, montrée à la figure 2.8, une variation
de quelques dixièmes unité au-dessus et en dessous de la valeur moyenne normale de
la résistance périphérique R a été effectuée afin d'observer les effets de ce paramètre
sur l'onde de pression. Tel que le fait une perte de charge régulière dans une conduite
fermée, l'augmentation de la valeur du paramètre de résistance fait augmenter la pres-
sion moyenne. Nous remarquons aussi que la courbe de pression n'est pas déformée par
la variation de la résistance périphérique.

Afin de bien couvrir la gamme d'amplitudes de l'onde de pression physiologique,


dans le cas de la deuxième famille de courbes (figure 2.9) la variation du paramètre
de compliance est effectuée entre la valeur moyenne normale, 0.90-1.0 ml mmHg -1 , et
une valeur d'environ deux à trois fois supérieure, 3.0 ml mmHg -1 . Tel qu'espéré selon
la définition de la caractéristique de compliance et la représentation mathématique du
modèle WK-RC, nous constatons qu'une augmentation du paramètre de compliance
atténue l'amplitude des variations locales de l'onde de pression produite, sans toute-
fois affecter la pression moyenne. Ceci est cohérent avec l'équation différentielle 2.11
développée. En effet, le paramètre de compliance module le terme du taux de varia-
tion de la pression, terme de premier ordre. Puisque le paramètre de compliance est
constant, indépendant du temps et de l'amplitude de la pression, la pression moyenne
demeure la même, peu importe la valeur de ce paramètre.
32

physiologique

—®-C = 1.000

-<2>-C = 2.000

X —®-C = 2.2326
Ë
E
- © - C = 3.000
La valeur du paramètre de
résistance R est pour les
quatre courbes WK-RC de
1.100 mmHg s ml- 1 .

Les coefficients de corrélation


correspondant sont (0.605),
(0.573), (0.550) et (0.538).

Figure 2.9: Effet du paramètre de compliance C sur la forme de l'onde de pression

Enfin, pour un débit physiologique donné, combiné à des valeurs de résistance R et


de compliance C aussi physiologiques, le modèle WK-RC donne une bonne première
approximation de la pression moyenne du cycle ainsi que des pressions minimale et
maximale. Les caractéristiques plus fines ne sont toutefois pas reproduites. Ceci est une
conséquence directe de la faiblesse de ce premier modèle à reproduire adéquatement les
moyennes et hautes fréquences de la réponse en pression [57, 56]. À la figure 2.6, nous
pouvons observer que la crête systolique de l'approximation selon WK-RC escamote
complètement les hautes pressions de la phase systolique. L'onde dicrote associée à la
fermeture des valves du cœur entre la phase systolique et la phase diastolique est de
plus imperceptible. Les prochains modèles comportent des améliorations palliant aux
faiblesses liées à la reproduction du contenu hautes fréquences de ce premier modèle.
33

2.3 Le modèle trois composantes : W K - R R C

Le second modèle est une amélioration du modèle WK-RC auquel une deuxième
résistance a été ajoutée afin de simuler la chute de pression au passage du tronc aor-
tique. La littérature comprend plusieurs études traitant de ce modèle Windkessel à trois
composantes [45, 68, 57]. Il comprend une source de débit, une chambre à air élastique
et deux résistances.

2.3.1 Description générale

La figure 2.10 présente la géométrie des circuits biomécanique et électrique associés


à ce deuxième modèle. Tout comme pour l'architecture du modèle WK-RC, la chambre
de compliance C reproduit les propriétés mécaniques élastiques des tissus et la résistance
hydraulique R reproduit le frottement visqueux aux parois. Toutefois, puisque le modèle
WK-RRC comporte une seconde résistance hydraulique, la résistance responsable de la
reproduction des frottements visqueux est notée Rp. Cette notation découle du fait
qu'une grande partie des frottements visqueux reproduits par cette résistance Rp se
produisent dans le système cardiovasculaire périphérique. Cette résistance est aussi
nommée résistance périphérique.

Rc
Rc ' — i — ' Rp

a) b)

Figure 2.10: Représentation biomécanique a) et électrique b) de la configuration trois


composantes, WK-RRC

La différence entre cette architecture et celle du WK-RC est l'ajout de la résistance


équivalente Rc entre la sortie de la pompe et l'entrée de la chambre de compliance.
La résistance Rc reproduit elle l'impédance d'entrée associée au passage du débit dans
le tronc aortique. Théoriquement, cette impédance regroupe les effets combinés d'une
résistance et d'une inertie [68]. En pratique, cette impédance Rc est reproduite par
une résistance [68]. La résistance provient du frottement visqueux à la paroi, comme la
résistance périphérique, mais surtout, cette résistance provient de la géométrie fortement
courbée de la crosse aortique qui provoque d'importantes turbulences dans l'écoulement
34

R
p Rc Vrv p

q qRcAPR. QRp APRp

Figure 2.11: Les débits et pressions caractéristiques de l'architecture WK-RRC

sanguin. Les effets inertiels sont eux aussi considérés puisque le diamètre de section de
l'aorte permet d'y accumuler un important volume de sang, qui donc par sa masse im-
pose des effets inertiels non-négligeables.

L'architecture du modèle Windkessel RRC est présentée à la figure 2.11. Les débits,
qc et q Rp , sont définis de la même manière que pour le circuit WK-RC. Le débit q/_c
peut quant à lui être exprimé en fonction de la chute de pression à travers le tronc
aortique A P R C et de la résistance équivalente Rc :

A PRc
qR C = (2.21)
Rc

L'équation de continuité permet de poser la relation entre les trois différents débits.

q = qRC = qc + qRf (2.22)

Le tableau 2.2 résume la correspondance de chacun des éléments pour les trois
représentations présentées : cardiovasculaire, biomécanique et électrique.

Tableau 2.2: Analogie biomécanique-mécanique-électrique du modèle WK-RC,


composante par composante
Rc Rp c

Résistance au débit par Résistance au débit par Compliance des tissus


Cardiovasculaire frottement visqueux dans la frottement visqueux dans les (compliance artérielle)
crosse du tronc aortique et artères périphériques
effets inertiels

Biomécanique Résistance au débit Résistance au débit Accumulateur par


compression

Électrique Résistance électrique au Résistance électrique au Condensateur électrique


courant courant
35

La résistance aortique équivalente

La résistance aortique équivalente est définie de la même manière que la résistance


périphérique Rp. La condition d'écoulement laminaire est considérée valide malgré le
fait que le diamètre de l'aorte soit important. La relation entre le débit q ^ et la chute
de pression APR,-. à travers la résistance se défini comme

q ^ = est x A P R c (2.23)

La résistance aortique équivalente s'exprime comme

1 APpr
A PR
Rc = — = ££ (2.24)
est q Rc

Cette résistance s'exprime aussi en Pa s m

2.3.2 L'équation différentielle

A partir de l'équation de continuité 2.22, l'équation différentielle du modèle WK-


RRC est développée. Dans cette équation, les termes de débits qc, <\RC et q/_p sont
remplacés par leur expression correspondante 2.4, 2.24, 2.8 et l'équation différentielle
suivante est obtenue :
APRc dPc APRP
q = = c + (Z25)
n^ -dT -Rp-
Puis, supposant que la sortie de la résistance Rp revient directement à l'entrée de la
pompe, nous avons
Pc = AP R p (2.26)
Donc,

-*-_MÊ
Cette équation différentielle représente la relation qui existe entre le débit et la
pression dans le circuit biomécanique WK-RRC, illustré à la figure 2.11.
36

L'analogie électrique

Ainsi, de la même manière que pour le modèle WK-RC, il est possible de valider
l'équation différentielle développée à l'aide de la représentation électrique du modèle et
des lois fondamentales qui gouvernent ces circuits. L'analogie électrique est ici parti-
culièrement avantageuse puisqu'elle permet de réorganiser l'équation différentielle 2.27
afin de l'exprimer en terme de débit et de pression au support valvulaire. La démarche
s'appuie encore une fois sur les associations débit-courant et pression-tension ainsi que
sur l'impact qu'ont les propriétés sur les relations débit-pression et courant-tension. La
figure 2.12 présente le circuit électrique équivalent. La loi des courants de Kirchhoff ap-
pliquée au nœud A de ce circuit permet d'écrire l'équation de conservation de courant
2.28.

Rc
V^T V C =J= C »R,<

Figure 2.12: Point d'équilibre A du circuit électrique RRC équivalent

. . VRc VR ^dVc , s
Î = + C
i = iRc=iR P +ic -► ^ ~ = '^~ ~^' (2­28)
Physiquement, les différents courants correspondent au débit total fourni au système (.),
au débit transitant par le tronc aortique (i_?c), au débit accumulé par le comportement
compliant des parois (ic) et au débit transitant dans le reste du système périphérique
(•■Rp). L'équivalence des tensions entre deux éléments permet aussi l'égalité suivante.

VA = V R p = V c (2.29)

Constatons que les équations différentielles des circuits biomécanique et électrique


possèdent une forme mathématique similaire.

L'équation différentielle gouvernant le comportement du modèle WK­RRC peut


donc être exprimée en terme électrique. La représentation électrique du modèle, identi­
fiant les différents courants impliqués, est montrée à la figure 2.13.

Le circuit électrique présenté à la figure 2.14 [40, 70] et les deux premières lois
37

ic

RP
U
i JR.
WVJ

iRp

Figure 2.13: Les courants i en circulation

de Kirchhoff permettent de poser les trois égalités 2.31, 2.32 et 2.34, nécessaires aux
manipulations mathématiques présentées.

R=
AAAr
i R c - —►

S"

v.„ J

Figure 2.14: Les mailles du circuit RRC

i = iRc(t) = i R p (t) + i c (t) (2.31)

Dans la seconde maille, montrée à la figure 2.15, la résistance et le condensateur se


retrouvent en parallèle ce qui permet d'écrire

V c = VRp (2.32)

c'est­à­dire
— i c dt = R P i R p (2.33)

De la même manière, la première maille permet d'écrire

V = VRc + V c (2­34)

c'est­à­dire
V = R c i Rc + ­ ficdt (2.35)
38

Rc

YTTAA/V- RP
IRCVRC ►

c c 'Rp

VR P

u
a) b)

Figure 2.15: Les mailles 1 a) et 2 b) du circuit électrique équivalent

Manipulant l'équation 2.33 pour isoler le courant au condensateur

diR P
S i c dt = R p C i Rf ic = R P C
dt
(2.36)

Remplaçant ensuite le terme de courant au condensateur de l'équation 2.31 par 2.36

=
diR P
i­Rc îRp + R p C (2.37)
dt
Puis, les deux termes de l'équation 2.35 sont remplacés par 2.37 et 2.36, et une première
expression pour le terme de tension V aux bornes du circuit est obtenue :

diRf
V = R c [ i R p + RpC + R p ÏR f (2.38)
dt

diR f
V = R c R p C ­ ^ + (Rc + R P )i R f (2.39)

V_ dÏR Rc
= R c C­^+(l + ­^\i R (2.40)
Rp dt y Rp
Isolant le courant dans la résistance périphérique dans 2.33 :

1>R, ic dt (2.41)
RpCji

Remplaçant ensuite le terme de courant à la résistance périphérique de l'équation 2.31


par 2.41
ÏRP =ic + ic dt (2.42)
RpCj

Puis, remplaçant ÏRC de l'équation 2.35 par 2.42, une deuxième expression pour la
39

tension V aux bornes du circuit est obtenue :

V R
= c(ic + j ^ ç [ i c d t j y^Jicdt (2.43)

Additionnant les équations 2.40 et 2.45, nous obtenons l'équation différentielle du


modèle WK-RRC.

V . „dV n „ (diRp d i c \ A , JRC


+C R C + +
Rp M= C {-^ ^ ) { l+ t ) { l C + ÎR )
r (2 46)
-
Puisque la tension V correspond en terme mécanique à la pression produite par la
pompe et les différents courants aux débits circulant dans les différents éléments, il est
possible d'écrire

+ + i+ to+ ) (247)
^-*<* ï) ( K »
Considérant, selon la propriété d'additivité linéaire des fonctions dévirées, que

dqRp , d q c = dqp^ . .
{
dt dt dt ' '
et que le débit total q du système est égal au débit à la résistance Rc (q__c), l'expression
qui constitue l'équation différentielle du modèle Windkessel RRC est finalement obtenue
[27].

Cette équation différentielle, conforme à celles retrouvées dans la littérature pour


le même modèle [45, 27], représente donc la relation qui existe entre le débit et la
pression dans le circuit biomécanique du modèle WK-RRC illustré à la figure 2.10. Du
point de vue du montage physique du bioréacteur, les termes Q et P correspondent
respectivement au débit et à la pression au support valvulaire.

La section suivante présente la résolution numérique de l'équation différentielle du


modèle théorique WK-RRCL. Dans le cas de ce modèle qui comporte deux termes de
dérivées secondes, une attention particulière a été portée à la méthode de résolution
numérique. Nous avons vérifié que les crêtes et les creux des dérivées secondes corres-
40

pondaient bien aux petits rayons de courbure des courbes de débit et de pression. Nous
nous sommes aussi assuré que le signe des amplitudes maximales des dérivée secondes
était cohérent avec l'orientation du rayon de courbure, convexe ou concave, des courbes
de débit et de pression. Ces vérifications nous permettent de démontrer que les dérivées
première et seconde sont cohérentes avec les caractéristiques des courbes de débit et
de pression. Nous avons ainsi validé le fait que la méthode de résolution numérique
n'était pas polluée par du bruit numérique et qu'elle était donc adéquate comme outil
d'analyse du comportement théorique du modèle WK­RRCL.

2.3.3 Solution numérique de l'équation différentielle

La méthode utilisée pour générer et optimiser de la solution numérique de l'archi­


tecture WK­RRC demeure la même que celle utilisée précédemment, telle que présentée
à la section 2.2.3. Les simulations numériques générées permettent de tracer la réponse
en pression du modèle WK­RRC en fonction de différentes valeurs des paramètres.
Afin de mieux comparer les performances de chacune des architectures, une même com­
mande d'entrée en débit sert à effectuer l'ensemble des simulations numériques des trois
modèles. La figure 2.5 de la section 2.2.3 présente le débit de référence. La meilleure
approximation de l'onde de pression obtenue a partir du modèle WK­RRC est présentée
à la figure 2.16.

150 r
physiologique
140
- approximation WK-RRC
130

„ 120
La valeur des paramètres Rp,
E
E 110 Rc et C est respectivement de
1.100 mmHg s mM, 0.058
100 mmHg s ml-1 et 1.990 ml
CD mmHg- 1 .
Û_
90
Le coefficient de corrélation
correspondant est de 0.928.

70

60 _i ■ ■ ■ ■ _J 1 _.
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

Temps [s]

Figure 2.16: Approximation de l'onde de pression par le modèle WK­RRC

Une étude paramétrique est effectuée afin d'isoler l'impact des paramètres Rp, Rc
et C sur la forme de l'onde de pression. Trois familles de courbes, montrées aux figures
41

2.17, 2.18 et 2.19, sont utilisées pour analyser l'influence isolée de chacun des trois pa-
ramètre. Les familles de courbes nécessaires à l'étude paramétrique sont tracées à partir
de la valeur des paramètres Rp (1.100 mmHg s ml - 1 ), Rc (0.058 mmHg s ml - 1 ), et C
(1.990 ml mmHg -1 ) qui ont permis de produire la meilleure approximation, montrée à
la figure 2.16. Remarquons toutefois que la valeur optimale de chacun de ces paramètres
s'écarte des valeurs physiologiques associées aux propriétés qu'elles modélisent. Ceci est
caractéristique des attributs du modèle WK-RRC. En effet, une réponse en pression
optimale ne peut être atteinte avec ce modèle si l'on restreint les paramètres de si-
mulations aux valeurs physiologiques seules [57, 64]. Ainsi, l'influence de la résistance
périphérique Rp s'observe en variant sa valeur de -10% à 30%, la résistance aortique
équivalente Rc de -60% à 30% et la compliance C de -50% à 50%.

physiologique

— © - R p = 0.900

— ® - R p = 1.0904

— ® - R p = 1.300

- © - R p = 1.400

La valeur des paramètres de


C et Rc est respectivement
pour les quatre courbes
WK-RRC de 1.990 ml mmHg-1
et 0.058 mmHg s m l 1 .

Les coefficients de corrélation


correspondant sont (0.930),
(0.928), (0.925) et (0.926).

Figure 2.17: Effet du paramètre de résistance périphérique Rp sur la forme de l'onde


de pression

La famille de courbes montrée à la figure 2.17 permet de constater que l'effet de la


résistance périphérique Rp sur la dynamique du système n'est pas différent de celui du
paramètre Rp de l'architecture WK-RC. Une augmentation de la valeur du paramètre
R P affecte à la hausse la pression moyenne sans affecter le taux de variation de la
pression. La réponse en pression ne subit donc aucune distorsion avec la variation de
la résistance périphérique. Tout comme le modèle WK-RC, ce paramètre module de
manière linéaire la réponse en pression (éq. 2.49).

L'effet de la compliance sur le comportement du système est présenté à la figure


2.18. Contrairement à la résistance périphérique, la compliance n'affecte pas la pres-
sion moyenne. Ce paramètre influence plutôt le terme de premier ordre de l'équation
différentielle WK-RRC (éq. 2.49), c'est-à-dire le taux de variation de la réponse en près-
42

150
physiologique

140
—(D-C = 1.000
130
- ® - C = 1.500
120
- ® - C = 1.9901
E
E 110
- © - C = 3.000
100 La valeur des paramètres de
Rp et Rc est respectivement
90 pour les quatre courbes
WK-RRC de 1.090 mmHg s
80 ml-1 et 0.058 mmHg s mr 1 .

70
iJX^ Les coefficients de corrélation
correspondant sont respecti-
_ vement (0.856), (0.900),
fiO
0,7 . (0.928) et (0.947).
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,8 0,9

Temps [s]

Figure 2.18: Effet du paramètre de compliance C sur la forme de l'onde de pression

sion. La compliance permet ainsi de moduler la différence entre les valeurs limites de
l'onde de pression, c'est-à-dire les pressions minimale et maximale.

physiologique

— C D - Rc = 0.020

— C D - R c = 0.040

— C D - Rc = 0.0583

- ® - Rc = 0.080

La valeur des paramètres de


Rp et C est respectivement
pour les quatre courbes
WK-RRC de 1.090 mmHg s
m l 1 et 1.990 ml mmHg- 1 .

Les coefficients de corrélation


correspondant sont respecti-
vement (0.764), (0.880),
(0.928) et (0.947).

Figure 2.19: Effet du paramètre de résistance aortique équivalente Rc sur la forme de


l'onde de pression

La troisième famille de courbes, montrée à la figure 2.19, permet de constater que la


résistance aortique équivalente Rc affecte seulement la crête systolique. Ceci s'explique
par le fait que ce paramètre affecte le taux de variation du débit imposé (éq. 2.49 et
fig. 2.5). En effet, lorsque la variation du débit est quasi nulle (phase diastolique), la
résistance aortique équivalente Rc n'a aucun impact sur la réponse en pression.
43

De manière générale, nous remarquons que contrairement au modèle WK-RC, l'ar-


chitecture WK-RRC atténue l'important retard de phase de la pression sur le débit
imposée. Ceci s'explique principalement par l'ajout de la résistance aortique équivalente
Rc [68, 64]. Dès la sortie du support valvulaire cette restriction force l'augmentation de
pression. L'ajout de cette résistance permet à la dynamique du système d'élargir son
spectre de fréquences réalisables bien au-delà de celles disponibles pour le modèle WK-
RC [57, 56]. La crête systolique de pression est mieux reproduite, tant par l'atteinte de
la valeur crête que par la très bonne corrélation du taux de variation de la pression.
L'apparition de l'onde dicrote, à la jonction de la phase systolique et diastolique, est une
autre manifestation de la capacité de ce modèle à trois composantes à mieux reproduire
les moyennes et les hautes fréquences.
44

2.4 Le modèle quatre composantes : WK-RRCL

Le troisième modèle constitue une approximation plus raffinée de la circulation


systémique que les modèles WK-RC et WK-RRC. Le modèle WK-RRCL complète les
caractéristiques comportementales des modèles WK-RC et WK-RRC [57] grâce à l'ajout
d'un élément inertiel, L, placée en parallèle avec la résistance aortique équivalente Rc-

2.4.1 Description générale

La figure 2.20 présente la géométrie des circuits biomécanique et électrique associées


à ce troisième modèle.

c
. . v Rc

ry \_- r^r^r^t-^

U --\ ^
x
L_U
+ U
VW J H A J V
Rc
RP

b)

Figure 2.20: Représentation biomécanique a) et électrique b) de la configuration


quatre composantes, WK-RRCL

Comme pour la structure du modèle WK-RRC, la résistance Rp reproduit le frotte-


ment visqueux aux parois, la résistance aortique équivalente Rc reproduit l'impédance
d'entrée associée au passage du débit dans le tronc aortique et la chambre de compliance
C reproduit les propriétés mécaniques élastiques des tissus. Le modèle WK-RRCL in-
troduit un élément d'inertie, L, afin de reproduire l'ensemble des effets inertiels du
système cardiovasculaire [57], plus particulièrement, ceux de la masse de sang en cir-
culation dans l'ensemble du corps. Le tableau 2.3 résume la correspondance de chacun
des éléments pour les trois représentations présentées : cardiovasculaire, biomécanique
et électrique.
45

Tableau 2.3: Analogie biomécanique­mécanique­électrique du modèle WK­RRCL,


composante par composante
Rc RP c L

Résistance au débit Résistance au débit Compliance des tissus Inertie de la masse de


Cardiovasculaire par frottement par frottement (compliance artérielle) sang en circulation
visqueux dans la visqueux dans les
crosse du tronc artères périphériques)
aortique et effets
inertiels

Biomécanique Résistance au débit Résistance au débit Accumulateur par Inertie de la masse du


compression volume de fluide de
culture en circulation

Électrique Résistance électrique Résistance électrique Condensateur Inductance électrique


au courant au courant électrique

L'inertie

Reprenons la structure WK­RRC à laquelle est ajoutée, en parallèle à la résistance


Rc, une inductance L. Cette quatrième composante représente l'inertie de la masse de
sang en circulation dans l'ensemble du corps [68]. La figure 2.21 montre l'organisation
des différents débits dans le circuit WK­RRCL.
C

^7
ry V-
~T* —* OcjPc £ .

►•
-S iii
QRpAPRp
q L AP L

Figure 2.21: Les débits et pressions caractéristiques de l'architecture WK­RRCL

q = qRC + qL = qc + ÇR, (2.50)

Les débits, qc, q_.c et qRR, sont définis de la même manière et représentent les
mêmes éléments cardiovasculaires que pour le circuit WK­RRC. Le débit qz, est quant
à lui défini en utilisant la relation qui existe entre la pression et le débit aux bornes de
40

la masse de fluide en mouvement L.

(IL = jfAP L dt (2.51)

Cette relation entre le débit et la pression découle directement du phénomène


d'accélération du fluide sanguin qui engendre une chute de pression AP L [11]. Considérant
les effets inertiels comme largement prédominants par rapport au frottement visqueux,
nous pouvons démontrer cette relation à partir de la seconde loi de Newton.

F = ma

ou
F = aire x pression = A x F = A x A P L

et
dV
ma = (pM) x a = (pA£) x —-
dt
ou

V vitesse moyenne du fluide sanguin dans les conduites


A aire de section de la conduite
e longueur de la section de conduite

Donc
dV
F = m a ^ AAP L = pA£—-
dt

AAP L = pAL
\AdtJ
Ce qui permet de retrouver comment les effets inertiels de la masse influencent la relation
entre le débit et la pression.
47

2.4.2 L'équation différentielle

À partir de l'équation de continuité 2.50, l'équation différentielle du modèle WK-


RRCL est développée. Remplaçant dans l'équation 2.50 les termes de débits qc, qp c ,
q.RR et c\i par leur expression correspondante (éqs. 2.4, 2.24, 2.8 et 2.51), l'équation
différentielle 2.52 est obtenue.
+1 + c__P_ 2M
i/^=^ f <>
APa. f . _ . AP„„

En utilisant les équivalences de différentiel de pression aux bornes des éléments,


APp c =APj_ et A P p p = A P c , l'équation différentielle 2.52 peut être réécrite comme

RCRP C L ^ + L(R C + R p f ê + RcRp q = Rp C L - £ + (L + R C R P c f ë + R c P


dt z dt dtz dt
(2.53)
Cette équation représente la relation qui existe entre le débit et la pression dans
le circuit biomécanique WK-RRCL illustré à la figure 2.21. La section suivante montre
comment il est possible de passer de l'équation différentielle 2.52 à l'équation différentielle
2.53.

L'analogie électrique

L'analogie électrique est établie, de la même manière que pour les modèles WK-
RC et WK-RRC, en se basant sur les associations débit-courant et pression-tension
ainsi que sur l'effet de chacune des macro-propriétés sur les relations débit-pression et
courant-tension. Le tableau 2.4 résume ces expressions en utilisant les mêmes définitions
de composante qu'aux sections précédentes.

La figure 2.22 présente le circuit électrique équivalent au circuit biomécanique montré


précédemment à la figure 2.21. La loi des courants de Kirchhoff appliquée aux nœuds
A et B permet d'écrire l'équation 2.54.

i=X
i = i R c + h = iR P +ic ~ ^ + ïjVLdt =
^; +C ^ (2 54)
-
4^

Tableau 2.4: Résumé de la correspondance mathématique entre les représentations


biomécanique, mécanique et électrique
Biomécanique Analogie Électrique

APp Vp VR
Résistance qR = R x A P R ­ = R <­ R = — — =R
QR »« iR
dPç Qc
Compliance qc = C
dt dPç =C~C=1Ï V
c = c ! i c dt
dt (lt
dir
Inertie Qt. = LJAPLdt ^ k=L„L = d_L
dqL
dt dt

V^T VC^C V R< >R P

Figure 2.22: Points d'équilibre A et B du circuit électrique RRCL équivalent

Notant que V = VRc + Vp, l'équation 2.54 peut être réécrite comme

VRr.dt = ­v,^ + C,___


"£♦ U
B
(2.55)
Ri dt

Le principe des mailles ainsi que les équations associées à chaque maille sont utilisés
pour obtenir l'équation différentielle du modèle RRCL. Six mailles distinctes existent
pour l'architecture du circuit du modèle WK­RRCL. Cinq d'entre elles seront direc­
tement utilisées pour obtenir l'équation différentielle. La figure 2.24 montrent les cinq
mailles dans les circuits électriques équivalents au schéma biomécanique présenté à la
figure 2.21 et aux schémas électriques présentés à la figure 2.23.

i = iRc + h = ic + ÏRr (2.56)

De la même manière que pour le développement de l'équation différentielle du modèle


WK­RRC, le développement est fait à l'aide des mailles et des égalités qui les ca­
ractérisent, résumées au tableau 2.5. Ces égalités sont ensuite combinées afin d'obtenir
49

L
lL ►

yyy.
pr^rv^i L7 ■

Wv
'Rc ►
|RP

Rp. c== RP
IR_-
ÏRp ►
1
LAA/V
Rc Rp
v ^ J

a) b)

Figure 2.23: Les courants i en circulation dans l'architecture WK­RRCL

l'équation différentielle finale. L'objectif est d'obtenir une expression contenant unique­
ment des termes de tension et de courant aux bornes de la source afin d'éliminer tous
les termes dépendants spécifiquement de l'un ou l'autre des éléments du circuit.

Les équations et les égalités précédentes sont utilisées pour convertir les termes en
débit Q et pression P exprimés au support valvulaire. Les manipulations qui suivent
conduisent à l'équation différentielle finale 2.84.

Manipulant l'équation 2.58 pour isoler le courant au condensateur

diR P
S ic dt = R p C IR, ic = R P C
dt
(2.62)

Le terme de courant au condensateur de l'équation 2.59 est ensuite remplacé par


l'équation 2.62.
dh 1
R P C ^ ­ (2.63)
dt C dt
Manipulant ensuite l'équation 2.63 et dérivant cette égalité par rapport au temps pour
isoler le terme dérivé du courant à la résistance périphérique

diRp _ _ J _ ( d V _ L d 2 i L
(2.64)
dt RP V dt dt2
Le terme de courant à la résistance aortique équivalente, Rc, de l'équation 2.57 est
isolé.
2 65
'*-it
Puis, les termes de courant au condensateur ic et à la résistance aortique i ^ sont
<' >
50

a)

b)
i.-U

w
iRc ►

'Rp
I T 1 Y"

c)

Figure 2.24: Les mailles du circuit RRCL


51

Tableau 2.5: Mailles nécessaires à la traduction de l'équation différentielle en termes


électriques
Maille Relations

VRc
'Y Rc

H t = V Rc di_,
VL (2.57)

~u^A_A_r
VL

r ~\
C < R P
IC V
Vcc== ^
> iR
? VRD

i2 ■
v c = v Rf ­^fiCdt = RpiRp (2.58)

>*_>

VL
IL ►

JTU
-Î-4Î cy= Vc V = VL + v c v=L
iu+hIicdt (2,59)

iRp

■î4t RP< Rp V = VL + V R .
V= L^­+RPiRp (2.60)

VR,-
Rc

AA/V iRp

Rp< V
*P
V = VRc +
vRp V = R c i R c + RpiRp (2.61)
52

remplacés par les expressions 2.62 et 2.65 dans l'équation 2.56. L'équation suivante
présente le résultat de cette substitution.
L
dh . . DndiRp .
l= +lL = R p C +lR (2 66)
Rc-^t ^r » -
LdiL{t)
= R p C d ^ + ï R P (t)
+ i L (w
t) (2.67)
R c dt dt
De l'égalité 2.67, le terme de courant à la résistance périphérique ÏR P est isolé et le
terme dérivé du courant à la résistance périphérique Rp est remplacé par 2.64.

L d i L
. • D r-diRp / O C Q \
lRp = + l L R p C (2 68)
R- c -^ - -dT '

L diL n „ ( \ (dV TdHL\\ , n M .


^ = P.IT+!'-^C(R;U-LI_T)J (269)
Ensuite, le terme de courant à la résistance périphérique est remplacé par l'expression
2.69 dans l'équation 2.60.

Cette dernière équation est manipulée afin de regrouper les termes de tension d'un côté
et les termes de courant de l'autre. Une première expression est obtenue. Les termes de
tension de celle-ci sont tous liés à la tension aux bornes du circuit, éliminant ainsi la
dépendance directe aux tensions individuelles des composantes R, C ou L.

V + H.c£-*(1 + g j g + * f e + * C L £ (2.71)

De la même manière que pour la première expression de la tension V, éq. 2.71, nous
procédons à une série de manipulations afin d'obtenir une deuxième expression de ten-
sion à la source en fonction des divers courants du circuit. Débutons en manipulant
l'équation 2.57 pour isoler le courant à travers l'inductance.

dh Rc . . Rc f. ,. fn -ns
% %L = lR dt 2 72
-fa=-[f Kc -» ~T J c (- )
En dérivant par rapport au temps l'équation 2.61, il est possible d'isoler le terme dérivé
du courant à la résistance périphérique Rp.

dV __ diRç di R p di R p 1 fdV di R c
Rc +Rp Rc
dt- ^r ^f "* ~dt-R~pVdt- ^rl
53

Le terme dérivé du courant à la résistance périphérique Rp de l'équation 2.68 est rem-


placé par l'équation 2.73.
L
dh n „ ( 1 (dV __ d Ï R c \ \
t = +,, RrC
* iïii -- {iï{*-*°-*)) < 274 >
Ensuite, le terme de courant à la résistance périphérique de l'équation 2.61 est remplacé
par 2.74..

L diL 1
V = R c l R c + R p ^ - ^ + h..• ( d-V- RD .diRc'
- R PuCn^iT p ^ c ^)j) (2.75)

Substituant le terme de courant à l'inductance et le produit de l'inductance par le terme


de dérivé à l'inductance par les expressions 2.72 et 2.57 dans l'équation 2.75

K-*_W + *(i(*î) + k -*0(i(f-*%

(2.76)
L'équation 2.76 est manipulée afin regrouper les termes de tension d'un côté et les
termes de courant de l'autre.

L
V + R p C ^ = (Rc + Rp)iR c + ^ J i R c d t +RcRpC^- (2.77)

Cette dernière équation est multipliée par un facteur L avant d'être dérivée par rapport
au temps pour obtenir la deuxième expression de la tension aux bornes du circuit en
fonction des divers courants.

LV + R P C L ^ = L(R C + R P ) i R c + R c R P I i R c dt + R c R P C L ^ - (2.78)

L ^ + R P C L ^ - = L(R C + R P ) ^ + Rc Rp IRC + Rc Rp C L ^ j j T (2-79)

L'expression 2.71 est préparée afin d'être combinée en la multipliant par la résistance
aortique équivalente R c .

RcV + R c R p C ^ = R c L ( l + ^ \ ^ + RcRph + R c R p C L ^ (2.80)

Nous obtenons l'équation différentielle du modèle WK-RRCL par l'addition des deux
5-1

expressions de tension V, éqs. 2.71 et 2.80.

d?V dV
R P C L — + (L + R c R P C ) — + R C V (2.81)

Considérant, selon la propriété d'additivité linéaire des fonctions dévirées, que

. di R c di L ditPinç (Ph d2i


^+îL = l
^r +
-dt- = d t ^ +
^ = dë (2 82)
-
Finalement, l'expression qui constitue l'équation différentielle du modèle Windkessel
RRCL [68] est obtenue.
d2i di d2V dV
RCRP C L —1 + L{RC + R p ) T + + RcRp i = Rp C L — - + {L + R C R P C ) — + R C V
dt dt at* dt
(2.83)

Puisque la tension correspond en termes mécaniques à la pression et le courant au


débit, l'équation différentielle peut être réécrite :

RCRP C L ^ + L(R C + R p ) d ^ t + RCRP q = Rp C L ^ - + (L + R C R P C ) ~ + R c P


(2.84)

Enfin, l'équation différentielle du modèle Windkessel à quatre composantes est ob-


tenue, dans une forme similaire à celle utilisée dans la littérature [45]. Encore une fois,
du point de vue du montage physique du bioréacteur, les termes Q et P correspondent
respectivement au débit et à la pression au support valvulaire.

La section suivante présente la résolution numérique de l'équation différentielle du


modèle théorique WK-RRCL. Dans le cas de ce modèle qui comporte deux termes de
dérivées secondes, une attention particulière a été portée à la méthode de résolution
numérique. Nous avons vérifié que les crêtes et les creux des dérivées secondes corres-
pondaient bien aux petits rayons de courbure des courbes de débit et de pression. Nous
nous sommes aussi assuré que le signe des amplitudes maximales des dérivées secondes
soit cohérent avec l'orientation du rayon de courbure, convexe ou concave, des courbes
de débit et de pression. Ces vérifications montrent que les dérivées première et seconde
sont cohérentes avec les caractéristiques des courbes de débit et de pression. Nous avons
ainsi validé le fait que la méthode de résolution numérique n'était pas polluée par du
bruit et qu'elle était donc adéquate comme outils d'analyse du comportement théorique
du modèle WK-RRCL.
55

2.4.3 Solution numérique de l'équation différentielle

Afin de réaliser l'étude paramétrique, les courbes physiologiques de référence mon­


trées à la figure 2.5 de la section 2.2.3, le débit, et, en pointillé, à la figure 2.25, la
pression, sont encore une fois utilisées. Réalisée par ce modèle, la meilleure approxima­
tion de la pression artérielle est présentée à la figure 2.25.

150
physiologique
140
- approximation WK-RRCL
130

_ 120
La valeur des paramètres Rp.
E
E 110 Rc, C et L est respectivement
de 3.010 mmHg s ml-1, 0.020
100 mmHg s mM, 3.000 ml
mmHg-1 et 0.1089 mmHg s 2
mM.
90
Le coefficient de corrélation
80 correspondant est de 0.947.

70

■ ■
60
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9

Temps [s]

Figure 2.25: Approximation de l'onde de pression par le modèle WK­RRCL

Le troisième modèle comporte une particularité qui le distingue des deux autres, soit
celle d'agir à la manière du modèle WK­RC ou du modèle WK­RRC dépendamment
de l'inertie de l'élément L et du taux de variation de la commande en débit imposée.
Ceci s'explique par le comportement fondamental des éléments Rc et L, placés en
parallèle dans l'architecture WK­RRCL ainsi que par le contenu fréquentiel de l'onde
de débit. E n effet, celle­ci comporte des basses fréquences, s'exprimant sur tout le
cycle, et d'autres assez hautes, s'exprimant principalement durant la phase systolique.
Lorsque l'inertie de l'élément L est faible et/ou que les fréquences de l'onde de débit
sont faibles, le système se comporte comme le modèle WK­RC, laissant le débit transiter
par l'élément d'inertie plutôt que par la résistance aortique équivalente Rc­ A l'inverse,
lorsque l'inertie de l'élément L est élevée et/ou que de hautes fréquences excitent le
système, le débit circule par la résistance Rc plutôt que par l'élément L. Dans ce cas,
le système se comporte plutôt comme le modèle WK­RRC.

A nouveau, les valeurs qui ont servi à produire la meilleure approximation de la


pression artérielle (fig. 2.25) sont utilisées, soient Rp (3.010 mmHg s ml ­ 1 ), Rc (0.020
56

mmHg s ml" 1 ), C (3.000 ml mmHg -1 ) et L (0.1089 mmHg s2 ml - 1 ), pour générer les


familles de courbes nécessaires à l'étude paramétrique.

physiologique

- d > - Rp = 2.800

—CD— Rp = 3.010

- ® - R p = 3.200

- © - R p = 3.400

La valeur des paramètres de


C, Rc et L est respectivement
pour les quatre courbes
WK-RRCL de 3.000 ml
mmHg 1 , 0.020 mmHg s mt 1
et 0.1089 mmHg _2mM.

Les coefficients de corrélation


correspondant sont (0.947),
(0.947), (0.947) et (0.947).
0,4 0,5 0,6

Temps [s]

Figure 2.26: Effet du paramètre de résistance périphérique Rp sur la forme de l'onde


de pression

La figure 2.26 présente les ondes de pressions produites pour différentes valeurs de
résistance périphérique, Rp. Quoique la valeur moyenne de Rp soit environ le triple de
celle utilisée dans les deux autres modèles, nous constatons que l'effet de la résistance
périphérique sur la dynamique du système demeure encore une fois la même. Une aug-
mentation de la valeur de ce paramètre affecte à la hausse la pression moyenne sans
affecter le taux de variation de la pression. Il n'y a donc aucune distorsion de l'onde
de pression. Remarquons aussi que pour une même variation d'environ deux dixièmes
de la résistance périphérique Rp une augmentation moyenne de pression de 5 mmHg se
produit plutôt que de 15 mmHg, observée à l'étude paramétrique des modèles WK-RC
et WK-RRC.

L'analyse de l'influence du paramètre de compliance C se fait à partir de la famille


de courbe présentée à la figure 2.27. Contrairement à l'effet qu'a le paramètre de com-
pliance sur la courbe de pression produite par les modèles WK-RC et WK-RRC, nous
constatons ici un effet plutôt similaire à celui de la résistance périphérique Rp. Dans le
cas de l'architecture WK-RRCL, une augmentation du paramètre de compliance affecte
la pression moyenne sur le cycle. Ainsi, une augmentation de la compliance crée une
augmentation de la pression moyenne en plus de réduire sur tout le cycle l'amplitude
du taux de variation de la pression.

La figure 2.28 présente l'effet du paramètre Rc sur la forme de l'onde de pression. On


57

— . - - physiologique

— © - C = 2.8000

— © - C = 3.0000

- ® - C = 3.2000

- ® - C = 3.4000

La valeur des paramètres de


Rp, Rc et L est respective-
ment pour les quatre courbes
WK-RRCL de 3.010 mmHg s
mM, 0.020 mmHg s m l 1 et
0.1089 mmHg s 2 mM.

Les coefficients de corrélation


correspondant sont (0947),
(0.947), (0.947) et (0.947).
0.1 0,3 0,4 0,5 0,6 0,9 1

Temps [s]

Figure 2.27: Effet du paramètre de compliance C sur la forme de l'onde de pression

physiologique

— ( D — R c = 0.015

— ® - R c = 0.0201

- ® - R c = 0.025

- © - R c = 0.030

La valeur des paramètres de


Rp, C et L est respectivement
pour les quatre courbes
WK-RRCL de 3.010 mmHg s
mM, 3.000 ml mmHg-1 et
0.1089 mmHg s2 ml- 1 .

Les coefficients de corrélation


correspondant sont (0.943),
(0.947), (0.941) et (0.930).

Figure 2.28: Effet du paramètre de résistance aortique équivalente Rc sur la forme de


l'onde de pression
58

constate que la résistance aortique équivalente Rc affecte à la fois la pression moyenne


et le taux de variation de la pression. En effet, plus la résistance aortique équivalente
est faible et plus l'écart entre les pressions minimale et maximale est petit. L'effet de
ce paramètre est donc semblable à l'effet de la compliance, à la seule différence que
pour une même variation de la pression moyenne la résistance aortique équivalente Rc
atténue de manière plus importante le taux de variation de la pression que ne le fait la
compliance.

physiologique

- < _ ) - L = 0.100

- C D - L = 0.1089

- ® - L = 0.120
E
E
- © - L = 0.130

La valeur des paramètres de


et Rp, Rc et C est respective-
ment pour les quatre courbes
WK-RRCL de 3.010 mmHg s
mM, 0.020 mmHg s mM et
3.000 ml mmHg-1.

Les coefficients de corrélation


correspondant sont (0.946),
(0.947), (0.948) et (0.946).
0,4 0,5 0,6

Temps [s]

Figure 2.29: Effet du paramètre d'inertie L sur la forme de l'onde de pression

La famille de courbe présentée à la figure 2.29 permet d'analyser l'effet de la variation


du paramètre L sur la forme de l'onde de pression. La variation du paramètre d'inertie L
influence la pression moyenne et le taux de variation de la pression, de la même manière
que la résistance périphérique Rp et que la compliance C, mais dans des proportions
différentes. Toutefois, ce paramètre module aussi la chute de pression, c'est-à-dire la
deuxième moitié de la phase systolique et la phase diastolique complète. En fait, plus
l'inertie est faible et plus la décroissance de la pression se fait de manière linéaire. Pour
des valeurs plus élevée d'inertie, la pression décroit à partir de sa valeur crête vers sa
valeur minimale de manière plutôt exponentielle.

La valeur des paramètres demeure dans la plage des valeurs physiologiques que
chaque paramètre modélise. Les améliorations apportées par l'ajout de la résistance
aortique équivalente Rc dans l'architecture WK-RRC sont conservées. L'ajout du qua-
trième élément, L, vient moduler le comportement du système à basse fréquence.
59

2.5 Conclusion

Trois modèles mathématiques de complexité différente ont été établis et analysés au


terme de ce second chapitre. L'équation différentielle de chaque modèle a été présentée
puis validée à l'aide de la représentation électrique. Le développement de l'équation
différentielle de chaque modèle a été réalisé de manière à mettre explicitement en re-
lation le débit sanguin aortique avec la pression sanguine artérielle. Ces variables de
référence des modèles mathématiques sont associées, dans la phase expérimentale des
essais du bioréacteur, au débit et à la pression induits à la section de culture. Énoncer
l'équation différentielle de manière à mettre en relation explicite le débit et la pression
permet au modèle théorique du bioréacteur d'être représentatif des deux caractéristiques
fondamentales à contrôler. Les trois équations différentielles développées ont été résolues
numériquement à l'aide d'un programme MATLAB et des essais numériques ont été
réalisés. Ces essais numériques ont été organisés afin d'analyser les modèles du point de
vue de l'influence respective de leurs paramètres. L'étude de la sensibilité des modèles
aux variations de leurs paramètres a permis d'améliorer la compréhension du com-
portement des modèles et d'établir des références théoriques qui serviront de points
comparatifs aux essais expérimentaux réalisés avec les bioréacteurs respectifs.

Présentée à la fin de chaque section de ce chapitre, l'analyse du comportement des


modèles met de l'avant les limites et les avantages de chacun. Nous retenons que le
modèle WK-RC ne permet pas de reproduire les caractéristiques plus fines de l'onde
de pression. La qualité moyenne de la reproduction de la caractéristique de pression
par ce modèle s'observe entre autres par la crête systolique fortement escamotée de la
réponse en pression et l'imperceptibilité de l'onde dicrote. Les limites du modèle WK-
RC s'expliquent en partie par son incapacité à reproduire adéquatement les moyennes
et hautes fréquences propres la réponse en pression physiologique. Le modèle WK-
RRC améliore l'approximation de la réponse en pression par rapport à celle du premier
modèle. Le retard de phase de la pression par rapport au débit imposé est atténué.
L'ajout de la deuxième résistance permet d'élargir le spectre des fréquences réalisables
bien au-delà de celles disponibles pour le modèle WK-RC. Ainsi, la crête systolique de
pression est mieux reproduite : la valeur maximale est atteinte et le taux de variation
de la réponse en pression est bien corrélé sur celui de la pression physiologique. Le
modèle WK-RRC produit aussi une remontée de la pression, à la jonction des phases
systolique et diastolique, qui pourrait s'apparenter à l'onde physiologique dicrote. La
comparaison des deux premiers modèles théoriques nous permet de conclure que le
modèle WK-RRC possède les caractéristiques nécessaires à une bonne approximation
de la réponse en pression, une approximation de qualité nettement supérieure à celle
produite par le modèle WK-RC. Le modèle WK-RRCL a permis que constater que
60

les gains apportés par le modèle WK-RRC en termes de qualité de la reproduction


de l'approximation étaient conservés et que l'ajout de la composante inertielle venait
moduler le comportement du système à basse fréquence.

Enfin, l'étude théorique réalisée dans ce chapitre nous aura permis de constater
les bénéfices théoriques associés à la complexification de l'architecture des modèles. La
conception du bioréacteur, présentée au chapitre 3 est orientée de manière à pouvoir
réorganiser le montage en chacune des trois architectures. Les essais expérimentaux
effectués pour chacune des architectures seront comparés aux essais numériques afin de
valider la représentativité des modèles théoriques développés au chapitre 2.
Chapitre 3

Conception et fabrication

Ce chapitre présente les différentes considérations de conception et de fabrication


nécessaires au développement de ce premier prototype de bioréacteur cardiaque. Le
bioréacteur est subdivisé en sous-systèmes, montrés à la figure 3.1 : un support val-
vulaire (SV), zone d'accueil de la valve en culture; une chambre de compliance (CC),
reproduisant les propriétés élastiques des tissus ; des résistances (R/ et Rp ) reprodui-
sant les restrictions au débit (Q) ; un élément d'inertie (L, absent sur la figure 3.1),
reproduisant les effets inertiels de la masse de sang en mouvement ; un réservoir (RV),
milieu d'échange gazeux et nutritionnel et, enfin, une pompe ventriculaire (PV), élément
moteur permettant la circulation du fluide de culture. De plus, sans être un sous-système
à part entière, une valve anti-retour mécanique (VA) a été prévue afin d'empêcher la
circulation bidirectionnelle du débit. Ces sous-systèmes sont identifiés à la figure 3.1 et
sont décrits en détails dans les sections de ce chapitre.

Les exigences en termes de simplicité et de niveau de stérilité étant élevées, une


section traite des choix de matériaux qui ont été faits et des raisons qui ont orienté ces
choix. L'environnement hémodynamique a été développé afin de permettre la culture de
valves aortiques dans des conditions similaires aux conditions physiologiques. Afin de
bien mettre en perspective les caractéristiques du fluide physiologique à reproduire et les
besoins à combler des tissus en culture, deux sections sont dédiées aux considérations
concernant le fluide de culture utilisé dans le bioréacteur et les exigences des tissus
aortiques en culture. Une courte section présente le groupe moteur (PV et les éléments
relatifs à la propulsion du fluide). Puisque ce sous-système a déjà fait l'objet d'un travail
complet sur ce même projet de recherche, les détails de conception du groupe moteur
ne sont pas présentés. Une section distincte est consacrée à chacun des autres sous-
systèmes (SV, CC, R/ et Rp, RV, L). Les sections sont présentées de façon à mettre en
perspective les contraintes qui ont orienté la conception. Dans le cas des sous-systèmes
62

PV

Figure 3.1: Le bioréacteur RC et ses principaux sous-systèmes : le support valvulaire


SV, la chambre de compliance CC, la résistance périphérique Rp, le réservoir RV, la
résistance à l'inertie R/, la valve anti-retour mécanique VA et la pompe ventriculaire
PV, puis sans être un sous-système le débitmètre Q.
63

associés aux macro-propriétés modélisées (CC, Rp et L), les détails du dimensionnement


et du calcul des valeurs expérimentales sont fournis. Réunis, toutes ces différentes com-
posantes constituent le design de base du premier prototype de bioréacteur cardiaque
satisfaisant aux exigences fixées par le projet.

Mentionnons que les critères de simplicité du montage mécanique et de simplicité


des manipulations nécessaires à la stérilisation des pièces du bioréacteur sont des en-
jeux cruciaux dans le développement du projet de bioréacteur cardiaque. Pour ces rai-
sons, l'équipe a choisi de minimiser la complexité mécanique du montage et, par le fait
même, la complexité de stérilisation en développant l'environnement de culture selon
l'architecture à deux composantes, WK-RC. Certaines modifications ont été apportées
afin d'ajuster le design et de recréer les architectures WK-RRC et WK-RRCL. Ces
bioréacteurs, constitués des pièces du bioréacteur RC auxquelles s'ajoutent des compo-
santes supplémentaires, sont illustrés en fin de chapitre aux figures 3.17 et 3.18. Les trois
différentes architectures de bioréacteur seront étudiées expérimentalement au chapitre
4.

3.1 Les matériaux

Le choix des matériaux a été effectué en fonction de trois critères : la non-toxicité


du matériau pour les cellules en culture, la possibilité d'être stérilisé soit au four au-
toclave ou par oxyde d'éthylène gazeux et, finalement, la possibilité d'être fabriqué sur
place à l'atelier du département de génie mécanique. Le critère de non-toxicité a été
appliqué uniquement aux matériaux utilisés pour fabriquer les parties directement en
contact avec l'intérieur du bioréacteur. Pour ce qui est de la stérilisation, les matériaux
sélectionnés devaient pourvoir supporter la température de stérilisation de 123°C du four
autoclave ou être chimiquement résistant aux molécules gazeuses de l'oxyde d'éthylène.
Dans tous les cas, la nécessité de pouvoir observer en tout temps l'intérieur du circuit
du bioréacteur nous a guidés vers des matériaux translucides et sans coloration.

La fabrication de la majorité des pièces dont la géométrie permettait une fabrica-


tion sur place a d'abord été effectué avec de l'acrylique, un matériau biocompatible,
translucide et sans coloration. Toutefois, les geometries petites et complexes comme
celles du support valvulaire rendaient l'acrylique plus susceptible à la concentration de
contraintes et donc à l'éclatement de la pièce. Pour certaines pièces le polycarbonate,
un matériau plus ductile, a donc été substitué à l'acrylique. Le polycarbonate est par
contre teinté d'une couleur bleue-grise qui n'est pas idéale pour l'observation visuelle
des mouvements des feuillets de la valve, au support valvulaire. C'est pourquoi la partie
64

externe du support valvulaire est fabriquée d'acrylique et la partie interne et l'anneau


d'attache, plus susceptibles aux concentrations de contraintes, sont fabriqués en poly-
carbonate. Dans les cas où la fabrication sur place s'est avérée difficile voir impossible,
d'autres types de matériaux ont été envisagés : le caoutchouc naturel et le silicone pour
la membrane flexible de la pompe ventriculaire ; le verre pour la chambre de compliance
et le réservoir.

L'assemblage des sous-systèmes est effectué à l'aide de tube flexible Tygon™. Pour
ce qui est des points de prise de mesure et des points d'entrée ou de sortie de petite taille,
des raccords de type Luer™ sont utilisés. C'est principalement la grande simplicité
d'utilisation et la compatibilité avec les outils et équipements médicaux qui ont favorisé
la sélection des raccords de types Tygon™ et Luer™.

Ainsi, compatibles avec les critères précédemment énoncés, la gamme de matériaux


qu'on retrouve dans le prototype du bioréacteur est l'acrylique, le polycarbonate, le
verre, l'aluminium, le caoutchouc naturel et le silicone.

3.2 Le fluide de culture

Tel que mentionné précédemment, des valves aortiques d'origine porcine, fixées ou
vivantes, et d'origine humaine seront utilisées dans les premières phases d'essais en
laboratoire. Le fluide moteur, propulsé par la pompe pour générer débit et pression
physiologiques, devra répondre aux exigences biochimiques des valves en culture sans
être toxique. Une solution à base d'eau, combinée à du glucose, des sels, des acides
aminés, des vitamines et différents facteurs de croissance 7, permettra de satisfaire aux
besoins des tissus en culture. Évidemment, le fluide de culture devra avoir en solution de
l'oxygène, afin de répondre aux besoins métaboliques des cellules vivantes, et du dioxyde
de carbone, afin de maintenir le niveau de pH. L'ajout d'antibiotiques permettra de plus
de bloquer la croissance de bactéries involontairement introduites dans le bioréacteur.
La température sera maintenue à 37 °C pour les valves humaines et à 38.5 °C pour les
valves porcines.

Enfin, une reproduction de grande qualité de l'écoulement hémodynamique ne pourra


être réalisée que si les propriétés physiques et mécaniques du fluide en circulation sont
suffisamment similaires à celles du sang. L'eau et le sang possèdent une densité très

7
Plusieurs recettes classiques tels que le DMEM, HAM et le F12 existent. Dépendamment des
besoins des valves lors des essais, un mélange maison avec ses propres proportions pourra aussi être
développé.
65

similaire, respectivement 0.998 g ml - 1 et 1.080 g ml - 1 . Pour ce qui est de la viscosité


à des températures près de 38 °C , celle du sang est environ le triple de celle de l'eau.
L'ajout d'une partie de fluide à plus forte viscosité, tel que le Dextran, permettra de
ramener la viscosité de la solution aqueuse du fluide de culture à un niveau similaire à
celle du sang.

Ce fluide, propre à la culture de tissus vivants, sera préparé en laboratoire. Le coût


des additifs et de la fabrication du fluide nous a toutefois poussé à utiliser un fluide
moins coûteux durant les phases expérimentales préliminaires. Les premières étapes
de développement ont donc été conduites avec de l'eau. En effet, l'eau est simple à
manipuler, non toxique, peu coûteuse et facilement disponible en grande quantité.

3.3 Le groupe moteur

Le groupe moteur comprend la pompe ventriculaire, sa motorisation et la valve anti-


retour mécanique. La conception de la pompe et de son système de motorisation ne sont
ici que brièvement présentées puisqu'elles ont fait l'objet du travail de Rosalie Pelletier,
étudiante à la maîtrise sur ce même projet de recherche.

Le débit du système est produit par la pompe ventriculaire composée de deux blocs
d'acrylique évidés, montrés à la figure 3.2. Une membrane flexible de caoutchouc naturel,
d'une épaisseur de 3 mm, sépare hermétiquement les deux chambres. La chambre basse
(PVB) est remplie de manière cyclique avec de l'air comprimé qui force la membrane à
se déformer vers le haut (figure 3.3 (a)). La déflexion de la membrane provoque l'éjection
d'un certain volume de fluide de culture hors de la chambre haute (PVH) 8 . Dans le but
de minimiser les turbulences de l'écoulement lors de son éjection hors de la pompe et
ainsi favoriser l'uniformité du champ de vitesse, la chambre haute (PVH) est évidée
suivant une forme adoucie de convergent. Les volumes respectifs des deux chambres de
la pompe ventriculaire sont de 206 ml pour la chambre basse (PVB) et 266 ml pour la
chambre haute (PVH).

La gestion de l'entrée et de la sortie de l'air comprimé de la chambre basse (PVB)


se fait via une servo valve proportionnelle 9 contrôlée par ordinateur. La forme d'onde
de tension envoyée à la servo valve détermine la forme de l'onde de débit produite

8
Le volume expulsé à chaque cycle est équivalent au volume créé par la déformation de la membrane.
Pour la pompe ventriculaire présentée, ce volume est d'environ 75 ml, soit le volume moyen d'un
battement cardiaque normal.
9
La servo valve proportionnelle choisie est de marque FESTO, no. MPYE-5-1/8, Mississauga, ON.
66

a) b)

Figure 3.2: La pompe ventriculaire déassemblée a) et assemblée b)

par la pompe. Puis, la pressurisation de l'air injecté module l'amplitude de l'onde de


débit. Deux ouvertures latérales, une sur chaque partie de la pompe, ont été prévues
afin d'installer au besoin des capteurs de pression ou de faire des prélèvements de
petits volumes à l'aide d'une seringue. Ces deux points d'accès sont munis de raccords
de type Luer™ afin de permettre la compatibilité entre la géométrie des orifices et
celle du matériel de laboratoire. Une troisième ouverture principale, pratiquée sur la
face latérale avant de la chambre haute (PVH), permet l'installation d'une valve à
ouverture-fermeture manuelle, un point de sortie pour évacuer le fluide de culture lors
de son remplacement ou tout simplement lors d'une vidange complète du système.
Le système de contrôle et d'acquisition nécessaire pour l'opération du bioréacteur est
présenté à la section 4.1.1.

a) h)

Figure 3.3: Schématisation des phases du cycle d'éjection a) et de remplissage b) de la


pompe ventriculaire
67

Le groupe moteur est complété par la valve anti-retour mécanique (VA), à deux
feuillets (figure 3.4(a)), dont la fonction est d'assurer un débit unidirectionnel dans
le système. La valve s'ouvre pour laisser entrer le fluide dans la pompe lorsque la
membrane est déformée vers le bas (figure 3.3 (b)) et se referme lorsque la membrane
est à nouveau déformée vers le haut (figure 3.3 (a)), laissant ainsi le fluide de culture
être expulsé par la pompe à la sortie du convergent, uniquement. Une valve à deux
feuillets a été privilégiée par rapport à une valve à bille, puisque lorsque les feuillets
sont ouverts pour laisser pénétrer le fluide la géométrie interne de la valve et de ses
feuillets permet de minimiser les perturbations causées à l'écoulement. De plus, ce type
de valve anti-retour à feuillets offre une excellente étanchéité lorsque les feuillets sont
fermés.

cage externe — • J_F' -1


M
« joint torique

vis de maintien

f*_\__\
des feuillets * •

• • O
1
tiges-pi vot — \ ^
_M^____
Figure 3.4: Les différentes parties de la valve anti-retour à double feuillets

3.4 Le support valvulaire

Dans ces premières phases de développement, le bioréacteur doit permettre de main-


tenir en culture des valves aortiques cardiaques. Un bref survol des caractéristiques
géométriques et des besoins de ce type de valve cardiaque est ici présenté. Par la suite,
en regard de ces traits distinctifs, il sera possible de sélectionner les attributs du support
valvulaire (SV) nécessaires au maintient de la valve aortique dans un support rigide,
situé à l'intérieur du bioréacteur.
68

3.4.1 Les tissus en culture

Dans sa position physiologique normale, montrée à la figure 3.5 b), la valve aortique
3.5 (a) est positionnée à la sortie du ventricule gauche, servant à la fois de jonction
entre ce ventricule et le tronc aortique et de valve anti-retour pour le sang qui est
expulsé du cœur. Cette valve aortique est soumise à un débit moyen, fortement puisé,
d'environ 4.5 litre par minute et à des pressions artérielles moyennes d'environ 100
mmHg, variant typiquement entre 80 et 120 mmHg. Des quatre valves cardiaques,
c'est la valve aortique qui subit les plus grands efforts normaux et radiaux et c'est
une des raisons pour lesquelles un grand nombre de problèmes valvulaires touchent
particulièrement cette valve.

b)

Figure 3.5: Valve aortique biologique, sur support synthétique, produite par génie
tissulaire a), montrée dans sa position d'implantation b) [50]

La figure 3.5 b) illustre une valve aortique en position physiologique, telle qu'elle
est positionnée suite à l'opération chirurgicale de remplacement. La valve en elle-même
est composée de trois principales parties : la base, circulaire et permettant une jonction
circonférentielle avec le ventricule gauche ; les feuillets, mobiles et au nombre de trois,
qui se referment de manière étanche durant la diastole afin de bloquer le retour vers
le cœur du sang expulsé ; et, les commissures, membrures flexibles servant de point de
d'attache à la jonction de deux feuillets et séparant les sinus de Valsalva les uns des
autres. L'environnement tridimensionnel de cette valve est composé en aval de la crosse
aortique, un conduit fortement courbé, et en amont du trio de sinus de Valsalva, à la base
69

des feuillets. La géométrie de chacune de ces caractéristiques influence la dynamique du


fluide en déplacement, qui à son tour influence, par l'imposition de contraintes normales
et radiales, la croissance des tissus.

Une attention particulière a donc été portée spécifiquement à la reproduction des


sinus de Valsalva. De plus, considérant la nécessaire flexibilité des commissures, nous
avons préféré maintenir la valve en position par la base seulement et laisser les commis-
sures libres pour cette première version de prototype.

La première partie des travaux sera réalisée avec des valves aortiques porcines fixées,
c'est-à-dire traitées de manière à éliminer les cellules vivantes et à stériliser les tissus
restant tout en maintenant la forme et la structure originale. Par la suite, des valves aor-
tiques porcines non fixées seront utilisées. Ces dernières auront des besoins biochimiques
que les valves fixées n'ont pas. Elles auront besoin de nutriments, d'une température
adéquate de 38.5°C, d'oxygène et de CO2 dissous dans le liquide de culture en plus
d'antibiotiques pour éviter la croissance de bactéries indésirables. Ces additifs, tels que
décrits à la section 3.2, seront ajoutés au fluide en cours de route.

Les objectifs de ce premier prototype en regard de la valve aortique et de son support


valvulaire sont de maintenir efficacement les tissus en position sans les abîmer et de
reproduire sommairement la géométrie des sinus de Valsalva. Les besoins plus spécifiques
de la valve aortique, en lien avec l'exactitude de la reproduction des champs de vitesse
de l'écoulement physiologique, ne constituent pas l'un des objectifs à court terme. C'est
plutôt le fruit du travail de l'équipe du professeur Y. Maciel qui permettra de faire
progresser l'environnement tridimensionnel de la valve afin d'obtenir des champs de
vitesse représentatifs des conditions physiologiques.

3.4.2 Description générale

De la sortie de la pompe, le fluide est dirigé vers le support valvulaire (SV) à


travers un tube flexible Tygon ™ d e 25 mm de diamètre. C'est sur cette section de
tube flexible, entre la pompe et le SV, que le capteur de débit est fixé. Mentionnons que
l'avantage principal de ce type de capteur, ultrasonique, est qu'il permet de mesurer
l'écoulement interne d'une conduite et ce de manière non-intrusive. Suivant le capteur
de débit, se retrouve le SV (figure 3.1), section où les tissus en culture seront déposés.
Le SV développé doit maintenir en position une valve aortique porcine ou humaine
dont le diamètre principal moyen est d'environ 25 mm. Une attention particulière a
été portée à la reproduction de la géométrie des sinus de Valsalva. Il a été possible
de reproduire précisément cette géométrie par l'utilisation d'un procédé d'usinage à
70

commande numérique. La valve aortique en culture pourra donc être exposée dans le
bioréacteur à une géométrie tridimensionelle complexe, très similaire à la géométrie de
l'emplacement naturel de la valve. Ainsi, les tissus subiront des efforts similaires aux
efforts physiologiques.

Le support valvulaire est composé de trois partie : la section conique, partie interne ;
la chambre à sinus, partie externe ; et l'anneau de retenue. La section conique accueille la
base de la valve aortique en culture, figures 3.6 b) et c). Trois traits de faible profondeur,
à 120° les uns des autres, ont été pratiqués sur la section conique externe (figure 3.6
(a)) afin de positionner la valve de manière à ce que la base des feuillets corresponde
bien à chacun des sinus de la partie externe. Un joint torique de silicone combiné à la
chambre à sinus supérieure assure, une fois le SV refermé, qu'une faible pression sert
à garder en position la valve en culture. L'anneau de retenue s'accroche à la chambre
supérieure par des filets externes afin de maintenir solidaire l'ensemble et de le rendre
bien étanche.

Les pressions, en amont et en aval des tissus en culture, sont mesurées par des
capteurs de pression 0-7 psi10.

10
Argon Medical Devices, Athens, TX
71

b) c)

Figure 3.6: Le support valvulaire (SV) : a) désassemblé et b) assemblé avec une valve
porcine fixée en position ; et, c) une valve porcine fixée dont les surplus de tissus ont
été enlevés
72

3.5 La c h a m b r e de compliance

Directement reliée au support valvulaire via un coude de verre à angle et des sections
de tube flexible, la chambre de compliance (CC) prend la forme d'un cylindre bombé à
deux ouvertures. La CC (figure 3.1), positionnée entre le support valvulaire (SV, figure
3.1) et la résistance variable (Rp, figure 3.1), correspond à l'élément capacitif du modèle
théorique Windkessel RC. Tel que spécifié par ce modèle, la CC par son comportement et
sa localisation dans le circuit du bioréacteur simule la compliance aortique et artérielle.
Nous savons que la compliance physiologique dépend de multiples paramètres. Elle
diffère selon l'endroit et la fonction spécifique des tissus du système cardiovasculaire,
mais varie aussi en fonction de la pression sanguine, de l'âge, du genre et de multiples
autres conditions générales de santé. D'un point de vue physique, la compliance artérielle
est toutefois définie comme le rapport de l'augmentation de volume d'un vaisseau soumis
à une certaine augmentation de pression. Sans la chambre de compliance, le bioréacteur
serait presque totalement incompressible.

3.5.1 Description générale

espace disponible pour un


volume d'air ou de fluide

^^ volume minimum de
fluide de culture

interface air-fluide
de culture

///'''/'/r
i>i/fnti//jil'i/'//j////f/i////n//f.

Figure 3.7: La chambre de compliance

La CC est un réservoir composé de verre qui possède un volume total de 1300 ml


et qui est conçue pour accueillir un volume d'air pouvant aller jusqu'à 900 ml. Cette
chambre de verre a été conçue et fabriquée sur mesure afin d'accueillir un certain volume
de fluide de culture dans sa partie basse et un volume d'air dans sa partie haute (figure
3.7). Dépendamment du volume d'air dans la CC, la valeur de la compliance peut varier
entre 0.4 et 1.0 ml mmHg -1 . Une pression statique variant entre 60 et 100 mmHg peut
aussi être appliquée pour pressuriser le système soit initialement, avant le démarrage,
ou à tout autre moment lors de l'opération du bioréacteur en mode normal.
73

Le fonctionnement de cette chambre est simple et dépend de la compressibilité de


l'air afin de créer l'effet élastique recherché. Lors de la phase systolique, l'air de la
chambre de compliance se comprime sous l'effet combiné du puise de débit et de la
restriction de la résistance variable Rp. Similairement, lors de la phase diastolique, l'air
de la chambre se détend sous l'effet du retour à l'équilibre de la pression dans le système.
La compression de l'air s'effectue à partir d'une pression initiale jusqu'à une pression
maximum et dépend du volume initial d'air, du volume de débattement de la pompe
et de la grandeur de la restriction appliquée par la résistance variable Rp. Hormis
les quelques sections de tube flexible Tygon™ pouvant aussi subir une déformation
s'ajoutant à l'effet élastique de la CC 11 , la compliance est créée à la chambre de verre
(CC, figure 3.1).

Les procédures expérimentales utilisées pour mesurer in vivo ce phénomène tridi-


mensionnel complexe impliquent une mesure locale des variations du diamètre artériel,
voire même des mesures plus complexes basées sur des techniques telle que la méthode
« Pulse Wave Velocity »12. Voilà pourquoi il est ardu d'obtenir une valeur physiolo-
gique précise de la compliance artérielle. L'élaboration de la revue de littérature sur les
différents sujets entourant les bioréacteurs et les modèles cardiovasculaires nous a tout
de même permis de recenser pas moins d'une trentaine d'articles citant des valeurs de
compliance artérielle. Ces valeurs, converties en ml mmHg - 1 ' 1 3 ', varient entre 0.1 et 2.5
ml mmHg - 1 . Considérant le fait que la majorité des valeurs recensées se retrouvaient
plutôt entre 0.3 et 1.5 ml mmHg -1 , nous pouvons affirmer que la plage de valeurs 0.1-
2.5 ml mmHg" 1 est très étendue. De manière générale, les valeurs de compliance plus
élevées sont associées à de jeunes patients ayant une excellente santé. Avec l'âge et la
maladie, la rigidité des parois vasculaires augmente et provoque une diminution souvent
importante de la compliance des tissus, parfois même sous la barre du 1.0 ml mmHg -1 .
Les patients en attente d'une chirurgie de replacement de la valve aortique possèdent
généralement un système cardiovasculaire beaucoup moins compliant que la normale.

Toutes ces considérations, combinées à la nécessité d'obtenir un bioréacteur facile à


assembler et à manipuler dans un espace limité, nous ont amené à choisir une chambre
de compliance d'un volume total de 1300 ml, correspondant à une compliance maximale
d'environ 1 ml mmHg -1 .

11
La déformation de tube flexible Tygon™ est toutefois faible comparativement à la compression
de l'air dans la chambre de compliance. L'effet élastique des tubes flexibles est donc négligé.
12
La méthode "Pulse Wave Velocity" est aussi appelée méthode du temps de transit. Elle nécessite
des capteurs de vitesse de type Doppler.
13
Le ml mmHg - 1 est l'unité la plus commune lorsqu'il est question de la quantification de compliance
cardiovasculaire.
74

3.5.2 Méthodes de calcul

La littérature portant sur le système cardiovasculaire fournit une grande diversité


de valeurs de compliance artérielle. Quoique la majorité des valeurs soient exprimées en
ml mmHg -1 , nous avons noté des compliances exprimées dans plusieurs autres types
d'unités [8, 7, 68, 27, 65, 5, 26, 30, 64, 29, 24] pour lesquelles la méthode permettant
de calculer leur valeur est très peu souvent spécifiée. Ainsi, avant de discriminer des
méthodes, une courte analyse des quelques méthodes les plus fréquemment rencontrées
a été effectuée. Quatre méthodes ont été comparées, la Exponential decay method, la
Area method, la Two area method ainsi que la Pulse pressure method. Ces méthodes
sont résumées au tableau 3.1.

Tableau 3.1: Résumé des différentes méthodes de calcul de la compliance artérielle


rencontrées dans la littérature
Méthodes 1 6 Équations de résolution Particularités

Exponential decay _____ Basée sur la décroissance


method P = P i e RC exponentielle de la phase diastolique

t_ ____ Similaire à V Exponential decay


Area method
™=s:i (Pi - P2) method, utilise P(t) numérique

Résout sur tout le cycle, méthode


Two area method f*2 Q d t = C (P 2 - P i ) + — f*3 P(t) dt indépendante de l'évalutation
approximative de Rmoy

La Exponential decay method [35, 56, 64] et la Area method [5, 57, 56, 29] sont deux
méthodes simples et assez similaires. Elles solutionnent pour la valeur de compliance en
utilisant la décroissance exponentielle diastolique comme élément de référence. Ces deux
techniques, basées sur le modèle théorique Windkessel RC, déterminent tout d'abord
la résistance moyenne du système 14. Puis, par la constante de temps r = RC, elles
permettent de calculer la valeur de la compliance. Ces deux méthodes se distinguent
uniquement par l'équation de résolution qu'elles utilisent (tableau 3.1) : une fonction
analytique mono-exponentielle pour la Exponential decay method et une fonction ana-
lytique intégrant dans le temps à la fois le débit et la pression pour la Area method.
Ces deux techniques de calcul demeurent toutefois assez limitées puisqu'elles exigent
d'être calculées lorsque le débit est nul 15. La Two area method [56] et la Pulse pressure
16
L'équation de résolution associée à la Puise pressure method n'est pas incluse dans ce tableau.
14
La résistance moyenne est définie par le ratio, sur un cycle, de la pression moyenne [mmHg] sur
le débit moyen [ml mmHg - 1 ].
15
Dans le cas de la compliance aortique, cette limite ne constitue pas un problème. Par contre, cette
technique de calcul devient aussitôt inapplicable pour tout autre endroit sur l'arbre artériel où le débit
75

method [7, 57, 58, 25, 56] sont quant à elles reconnues pour être plus précises mais aussi
plus exigeantes en termes de complexité de calcul. Contrairement aux deux premières
méthodes, la Two area method ne nécessite pas de déterminer au préalable la valeur
moyenne de la résistance périphérique Rp pour résoudre pour la valeur de la compliance.
Les valeurs de résistance et de compliance sont d'un même coup calculées par l'équation
liant les quantités de débit et de pression, par deux couples de points (Q(.),P(_)) (ta-
bleau 3.1). La Puise pressure method résout pour la valeur de la compliance de manière
itérative en comparant la courbe de pression découlant de la valeur de la compliance à
une courbe de référence. Quoiqu'il ait été démontré que ces deux dernières méthodes
soient assez précises, le nombre d'opérations nécessaires afin de calculer la valeur de
compliance demeure élevé.

Ainsi, considérant les limites de chacune de ces méthodes, soit dépendantes de l'esti-
mation de la résistance périphérique ou soit coûteuse en termes de nombre d'opérations,
aucune d'entrés elles n'a été retenue. Nous avons plutôt choisi de calculer la compliance
du bioréacteur en se basant sur la définition physique de cette propriété : un ratio du
volume d'air comprimé sur le différentiel de pression permettant de compresser ce même
volume d'air.

3.5.3 Dimensionnement

Le volume total de la chambre de compliance est dimensionné à l'aide de la loi des


gaz parfaits et des valeurs de références présentées au tableau 3.2.

=
f i n i t *init -"/in *fin (3.1)

Le volume total V tot est composé d'un certain volume minimum de fluide de culture,
V min , nécessaire pour couvrir les entrée et sortie de la CC 17 et d'un volume d'air initial,
Vinit- Selon la géométrie de la CC choisie (figures 3.7 et 3.8), le volume de fluide de
culture doit être au minimum de 500 ml afin de bien couvrir les entrée et sortie de
ce réservoir. Le volume d'air initial, V.„j_, est quant à lui déterminé en fonction de la
compliance désirée, associée aux valeurs de pression minimale et maximale devant être
simulées par le bioréacteur.

Q est non-nul sur tout le cycle cardiaque.


17
I1 est important que cette condition de couverture des entrée et sortie soit en tout temps respectée
afin de permettre à l'air contenu dans la chambre de compliance d'y rester. Une circulation d'air
pourrait être dommagable pour les tissus en culture en plus de rendre difficile le contrôle des différents
paramètres.
76

interface
air-fluide de
culture

hauteur minimum
de fluide
de culture
Z________2_Z_____Z71 ^ ' ' s**' 'trrirwjr/. 'ynrrrr­TT^.
w > s s s s v ■ / v ■ / v v / J <JS7~J
f7—jjrrrr­>>>ium>>>Jir V J / / / I Ï ' / / / / / ' / ' /r/ r/ i. > l r > r r » u r r i r r r r , > / i i

~y volumes de volumes d'air


fluide de culture

Figure 3.8: Volumes de référence pour le dimensionnement de la chambre de


compliance en début et enfinde la phase de compression

Tableau 3.2: Valeurs moyennes utilisées pour dimensionner la chambre de compliance


Dimension Symbol Valeur

Volume déplacé, 1 8 v
dépl 75 ml
Pression initiale, 1 9 ' 2 0 r^init 840 mmHg
Volume initial, Vini( inconnu
Pression finale,19'21 P/.n 880 mmHg
Volume final, v/<n Vinit­Vdépl

Vtot = Vina + Vmin = Vinu + 500 ml (3.2)

P f'fin
i Klépl
'in.it. (3.3)
AP

Ainsi, selon la loi des gaz parfaits, le volume d'air initial devrait être de 1650 ml
(équations 3.2 et 3.3). Ce volume d'air initial nécessiterait une chambre de compliance
d'un volume total de 2150 ml, ce qui est relativement grand considérant la taille du
bioréacteur et les contraintes d'espace de l'incubateur dans lequel le bioréacteur doit
être placé.

18
Le volume d'air déplacé lors que la compression est estimé comme étant équivalent au volume
moyen éjecté par la pompe ventriculaire à chaque battement.
19
Les pressions sont exprimées en pression absolue afin d'être compatibles avec la loi des gaz parfaits.
20
La pression initiale n'est pas équivalente à la pression ambiante entourant le bioréacteur (760
mmHg) mais bien à la pression réelle à la chambre de compliance après la pressurisation initiale.
21
La pression finale est estimée en considérant la variation moyenne de pression désirée AP, repro­
duite dans le bioréacteur, soit environ 40 mmHg. P/ i n =Pj n ,_+AP.
77

Le volume devant couvrir les entrée et sortie est difficilement modifiable puisqu'il
dépend de la géométrie de la chambre et du diamètre des conduites. Une réduction de ce
volume nécessiterait d'importants changements dans la conception du bioréacteur. Le
volume initial est quant à lui calculé sur l'hypothèse que seul la compression de l'air à
la chambre de compliance est responsable de l'augmentation de pression. En effet, c'est
principalement à la chambre de compliance que se bâti l'onde de pression produite sous
l'effet du débit puisé, mais la friction produite par la résistance en aval de la chambre
de compliance compte aussi dans l'augmentation de pression. Nous considérons donc
raisonnable le volume de 2150 ml quoique peut-être un peu surestimé. Ce volume, plus
grand que le volume réel de la chambre de compliance fabriquée, ferait s'élargir la plage
de valeur de compliance pouvant être reproduite par le bioréacteur.

3.5.4 Calcul des valeurs expérimentales

Tel que défini au chapitre 2 (équation 2.2), la compliance s'exprime comme un ratio

c-%
La compliance calculée est une valeur moyenne constante représentative de la com-
pliance moyenne sur un cycle. La période de compression de l'air est utilisée comme
période de référence pour le calcul. La phase de compression de l'air à la chambre de
compliance débute à ti lorsque le débit y entrant Q e est plus important que le débit
y sortant Q s et se termine lorsque le débit sortant Q_ est plus important que le débit
entrant Q e , initiant à t2 la phase de décompression (figure 3.9). Le volume déplacé dV
par la variation de pression dP est donc la différence des volumes entrant et sortant
durant la période de compression.
ft2
dV = V e - V s = f ' { Q e - Q s ) dt (3.5)
Ju

La variation de pression est elle définie par la simple différence entre la pression
initiale, P(t_), en début de phase de compression et la pression finale, P(t2), de cette
même phase (figure 3.9).
dP = \P(t 2 ) - P(t t )\ (3.6)
La compliance du bioréacteur est donc calculée sur la base de la définition physique de
cette propriété et est exprimée en unité compatible avec les valeurs retrouvées dans la
78

littérature, soit en ml mmHg

_fZ(Qe-Qa)dt
c ( )
- |P(*2) - P(*0l

Cette méthode de calcul simple a l'avantage, à l'instar des méthodes Two area me-
thod et Pulse pressure method, d'être indépendante de la valeur moyenne de la résistance
périphérique Rp. Toutefois, cette manière d'estimer la compliance moyenne demeure
imprécise puisque l'extremum de crête de pression, P m a x , et le volume différentiel
dV maximum (synchronisé avec l'extremum de la crête de débit entrant Qe,m0x) sont
déphasés dans le temps (figure 3.9). Ce déphasage, normal, est une conséquence directe
du phénomène d'accumulation d'énergie à la chambre de compliance.

Alors, pour t > t*, la pression maximale P m _.x(t = t ) ne survient non pas à la
transition des phases de compression-décompression, là où Q m ax(t=t*), mais plutôt
avant le début de la phase de décompression. Ainsi, une certaine quantité de pression,
(P m a x (t=t )-P(t2)), qui affecte le phénomène de compression est omise. C'est-à-dire qu'il
y a une zone transitoire où les effets de compression et de décompression se mélangent
et où il est difficile d'identifier précisément la pression associée au début et la fin de
chacune de ces phases. Ce comportement non-linéaire engendre ainsi une erreur sur la
variation de pression considérée, minimisant cette dernière et affectant à la hausse la
valeur de compliance calculée.

Malgré la présence de cette incertitude, cette méthode de calcul de la compliance est


considérée adéquate pour l'estimation d'une valeur de compliance constante moyennée
sur la période d'un cycle.
79

QAVAL-QS

ÛAMONT-Qe

Figure 3.9: Points de référence pour le calcul de la compliance


80

3.6 La résistance

La résistance variable prend la forme d'une pince à coulisses fabriquée d'aluminium


pouvant être ajustée manuellement, figure 3.10. Ce premier prototype de résistance va-
riable a l'avantage de rendre possible la motorisation pour les phases subséquentes du
projet liées au contrôle. En effet, pendant la phase de conception initiale, nous avons
dû garder à l'esprit la très probable motorisation de la résistance dans les phases où
le contrôle du bioréacteur serait plus avancé. Sans être un modèle optimisé en fonction
d'un contrôle logiciel, cette pince à coulisse sera facilement adaptable au contrôle par
ordinateur. D'ailleurs, reliant par exemple la vis centrale à l'arbre d'un petit moteur pas
à pas la pince deviendrait facilement contrôlable via l'interface de contrôle Lab VIEW.

Figure 3.10: La pince-résistance

3.6.1 Description générale

La figure 3.10 montre la pince-résistance qui se compose de deux tiges, trois plaques
et d'une vis de serrage. Deux tiges lisses relient les extrémités des deux plaques de ser-
rement. La plaque de serrement supérieure accueille dans sa partie centrale l'extrémité
plate de la vis servant à forcer le serrement des plaques contre le tube flexible. La plaque
rectangulaire supérieure, aussi reliée à ses extrémités par les tiges lisses, sert de point
d'ancrage à la vis, lui permettant d'imposer le mouvement des plaques de serrage. La
pince n'est jamais en contact direct avec le fluide de culture en circulation, ce qui permet
de maintenir le niveau de stérilité nécessaire pour la culture des tissus à long terme. Le
domaine physiologique normal des résistances, aortique équivalente Rc et périphérique
81

Rp, est facilement réalisable puisque la résistance conçue permet des valeurs variant
entre « 0.0 et oo.

Cette résistance variable a d'abord été pensée afin de reproduire la résistance périphé-
rique, Rp. Une fois intégrée au circuit du bioréacteur la résistance périphérique Rp est
positionnée à environ 30 cm de la section de culture. Cette distance avec la section de
culture est similaire à la distance physiologique (longueur de l'aorte proximale) entre la
valve aortique et le début des premières ramifications importantes causant la résistance
que l'on tente de reproduire (résistance périphérique). Ceci, sans avoir été un critère
de conception, pourrait éventuellement devenir un avantage quant à la qualité de la re-
production des caractéristiques physiologiques de l'environnement hémodynamique de
la valve aortique. En effet, plusieurs auteurs étudient l'influence du « rebondissement
et du retour » des ondes de pression vers l'aorte, en direction opposée à celle du débit
aortique [25, 57, 30, 15]. Ceci pourrait ajouter au réalisme des conditions de culture
reproduites. Ainsi, sans devenir une préoccupation centrale dans le développement de
l'environnement de culture, la distance actuelle créée entre le support valvulaire et la
résistance périphérique pourrait éventuellement s'avérer pertinente.

Cette pince est utilisée à trois endroits sur le circuit du bioréacteur. Dans la confi-
guration simplifiée, WK-RC, deux pinces semblables sont nécessaires. L'une est utilisée
pour la reproduction de la résistance périphérique en aval de la chambre de compliance,
l'autre, positionnée à quelques centimètres de la valve anti-retour, avant l'entrée de la
pompe, est nécessaire afin de contrer les effets inertiels que provoque la circulation en
boucle fermée du fluide pressurisé. En effet, l'énergie contenue dans l'onde de débit
produite par la pompe n'est que partiellement dissipée dans les restrictions du circuit
et par les mouvements turbulents de l'écoulement. Le volume de fluide propulsé par la
pompe arrive au réservoir avec suffisamment d'énergie (vitesse et inertie) pour natu-
rellement tendre à en sortir plus rapidement que s'il ne subissait que les effets de la
gravité et de l'aspiration de la pompe. Ainsi, nous retrouvons à l'entrée de la pompe
ventriculaire une quantité de fluide qui, propulsé par les effets inertiels, vient alimenter
la nouvelle onde de débit en formation dans la pompe. Ce phénomène n'est en aucun
cas souhaitable. Cette deuxième pince-résistance (R/, figure 3.1) à l'entrée de la pompe
est donc essentielle au bon contrôle et au bon fonctionnement du bioréacteur et, c'est
pourquoi elle n'est pas propre à la configuration WK-RC, se retrouvant aussi dans les
configurations WK-RRC et WK-RRCL.

La pince-résistance à coulisse est aussi utilisée pour reproduire l'impédance et les


effets inertiels, Rc, associés à l'aorte dans les configurations WK-RRC et WK-RRCL,
respectivement en amont de la chambre de compliance et en parallèle de l'élément
inertiel L.
82

3.6.2 Calcul des valeurs expérimentales

L'estimation de la valeur expérimentale des résistances du montage est effectuée en


utilisant les pressions en amont et en aval de chacune des résistances ainsi que le débit
en amont de la section de culture. Selon la définition de la résistance tel que défini
au chapitre 2, le rapport du différentiel de pression sur le débit moyen d'un cycle est
effectué afin de déterminer la résistance, équation 3.8.

P2-P1
R = (3.8)
Q

Les pressions sont mesurées au support valvulaire (Pi —> Psv) et à la chambre de
compliance (P2 —* Pcc) pour le calcul de la résistance aortique équivalente Rc et à
la chambre de compliance (Pi —>Pcc) et au réservoir (P 2 —>Ppy) pour la résistance
périphérique Rp. Ces différents points de mesure sont montrés à la figure 3.11.

a) b)

Figure 3.11: Points de mesure de la pression et du débit pour l'évaluation des valeurs
expérimentales des résistances a) Rc et b) Rp

La valeur expérimentale de la résistance R/ n'est pas évaluée. Tel que la section 3.6.1
le présente, la pince-résistance R/ ne constitue pas un paramètre explicite de l'un ou
l'autre des modèles WK étudiés. Cette résistance est plutôt intrinsèque à l'architecture
du bioréacteur qui a été conçu. L'objectif de la résistance qu'impose cette restriction
est d'éliminer les effets inertiels. Ainsi, tant que la résistance est suffisamment grande
pour jouer ce rôle, la connaissance de l'amplitude de la résistance engendrée n'est pas
essentielle.
S3

3.7 Le réservoir

Le réservoir de fluide de culture, illustré aux figures 3.1 et 3.12, joue plusieurs rôles.
Il doit tout d'abord contenir un volume de réserve de fluide de culture nécessaire pour
alimenter par gravité la pompe ventriculaire. L'entrée principale du débit, provenant
de la sortie de la résistance périphérique, est située dans la partie latérale supérieure
du réservoir et la sortie est située tout au bas suivant un convergent, qui atténue les
turbulences de l'écoulement sortant. Fabriquée selon les techniques de verre soufflé 22, la
section principale est complètement ouverte et son pourtour comporte un épaulement
d'ancrage. Un couvercle de polycarbonate, muni d'un joint torique, ferme de manière
hermétique le dessus du réservoir en s'ancrant à l'aide de cinq vis dans l'anneau de
polycarbonate retenu par l'épaulement de verre. Ce mode d'attache solide permet au
système d'être pressurisé sans qu'il n'y ait aucune fuite. Deux ouvertures, l'une au centre
du couvercle de polycarbonate et l'autre au-dessus de l'entrée du réservoir permettent
de pressuriser le système, d'injecter antibiotiques, sérum ou autres additifs dans le
volume en circulation et, plus difficilement qu'au point d'accès du boitier supérieur de
la pompe, permettent aussi les prélèvements.

Le réservoir doit aussi servir de lieu où le fluide de culture sera oxygéné et où le


gaz carbonique produit par l'activité cellulaire sera évacué. L'ouverture au centre du
couvercle accueillera dans les prochaines phases du projet la tubulure nécessaire aux
échanges gazeux. A cet effet, cette tubulure descendant jusqu'au bas du réservoir sera
perméable et un débit d'oxygène déterminé, et pressurisé à quelques mmHg de plus que
la pression moyenne du système, y circulera. L'échange gazeux se fera à la surface des
bulles qui seront créées au bas du réservoir. Le reste du procédé des échanges gazeux
demeure toutefois à être élaboré.

Deux tours d'acrylique mettent au même niveau la chambre de compliance et le


réservoir. Ces tours d'acrylique se composent d'un cylindre ouvert comportant un
épaulement sur son diamètre interne afin d'accueillir une assiette plate (chambre de
compliance) ou une assiette conique et ouverte (réservoir) afin d'y appuyer le réservoir
de verre. La tour du réservoir comporte de plus un anneau fendu avec épaulement qui
s'insère dans la partie supérieure afin de bien maintenir le réservoir en place. Plusieurs
concepts de support ont été suggérés avant d'en arriver au format des tours actuelles.
Celles-ci se sont révélées plus avantageuse par leur simplicité d'utilisation, leur robus-
tesse, leur géométrie simple à nettoyer et leur base large, à l'épreuve des vibrations
constantes du système.

22
L'ensemble des pièces de verre du bioréacteur ont été fabriquées dans le laboratoire de verre soufflé
du département de chimie de l'Université Laval ainsi que dans les ateliers de VerreBec Inc.
84

a) b)

Figure 3.12: Le réservoir : a) photographie du lieu d'échange gazeux et b) principe de


fermeture du couvercle hermétique
85

3.8 L'élément d'inertie

L'élément d'inertie (L) est placé en parallèle avec la pince-résistance Rc- L'entrée de
ces deux éléments, L et Rc, se situe directement à la sortie du support valvulaire (SV,
figure 3.1) suivant le coude de verre. L'inertie de l'élément L, montré à la figure 3.13
et localisée en un endroit dans l'architecture du bioréacteur RRCL, est simulée par un
volume de fluide contenu par deux sections de tube flexible, un coude et deux jonctions
de verre. La longueur des sections de tube est ajustée en fonction de l'inertie requise.
Le fluide transitant par l'élément d'inertie rejoint à la sortie le fluide passant par la
résistance Rc, pour finalement être dirigé vers l'entrée de la chambre de compliance.

3.8.1 Description générale

La masse de fluide en mouvement implique des effets inertiels qui sont intrinsèques
à la dynamique du bioréacteur. Cette inertie correspond à la propension de la masse du
volume de sang à s'opposer aux accélérations de mouvement, produites en réponse à une
variation rapide de la pression. Ce n'est toutefois que le modèle à quatre composantes
WK-RRCL qui met explicitement les effets inertiels en relation avec les autres propriétés
macro-physiologiques considérées, Rp, Rc et C.

Figure 3.13: L'élément d'inertie L photographié et assemblé en parallèle avec la


résistance aortique équivalente Rc
86

L'élément d'inertie est une simple longueur de tube contenant un certain volume
de fluide de culture. Sa section, d'un diamètre de 25 mm, est constante sur toute la
longueur de manière à ne pas produire de résistance par restriction. Seule la résistance
pariétale entre le fluide de culture et la paroi de silicone des tubes flexibles ou celle du
verre des jonctions s'ajoute à l'effet inertiel produit. La résistance pariétale étant très
faible comparativement aux autres résistances à orifices du système, son influence est
d'abord négligée. De plus, la géométrie des jonctions d'entrée et de sortie ainsi que celle
du coude ont été conçues afin de minimiser les restrictions à l'écoulement, figure 3.13.

Des longueurs de tube / variant entre 0 et 3 mètres permettent ainsi d'atteindre une
gamme de valeurs d'inertie représentative du phénomène modélisé par l'architecture du
bioréacteur RRCL. Les essais expérimentaux présentés au chapitre 4 ont nécessité des
tubes de 30 cm, 1.00 m et 2.50 m.

3.8.2 Méthode de calcul

Quoiqu'on puisse bien saisir l'origine du phénomène inertiel influençant le compor-


tement du système cardiovasculaire, il est toutefois plus ardu de lui associer une gran-
deur physique. De plus, les valeurs d'inertie recensées dans littérature sont rarement
mentionnées et les détails de leur provenance exceptionnellement cités. Deux articles
nous permettent toutefois d'estimer l'ordre de grandeur de l'inertie du système car-
diovasculaire. Segers et al. [52] mentionnent des valeurs variant entre 0.010 et 0.205
mmHg ml - 2 s - 2 appliquées à une configuration RCCL. Stergiopulos et al. [57], utilisent
quant à eux des valeurs d'inertie variant entre 0.007 et 0.055 mmHg s2 ml - 1 dans une
configuration RRCL. Le dimentionnement initial de l'élément d'inertie a donc été basé
sur l'ordre de grandeur de ces valeurs. Une méthode de calcul soutenant les valeurs
d'inertie de l'équipe de Stergiopulos [57, 59] démontre bien et de manière organisée
comment l'évaluation de l'inertie physiologique peut être effectuée. Cette méthode est
ici brièvement résumée. Elle servira de point de départ au dimensionnement de l'élément
d'inertie de l'architecture du bioréacteur RRCL.

L'inertie Lv de chacun des vaisseaux est d'abord calculée selon l'équation 3.9, met-
tant en relation la densité du fluide p ainsi que la longueur ls et l'aire de section A(x)
du vaisseau. L'ensemble est pondéré par un coefficient de Womersley, cu, associé à la
forme du profil de vitesse.
Lv= cu——rdx (3.9)
A x
Jo \ )
87

Une fois l'inertie de chaque section de vaisseau déterminée, l'inertie totale du système
cardiovaculaire est compilée selon les règles de la sommation électrique (équations 3.10),
pour laquelle les éléments en série sont simplement additionnés tandis que la somme
de l'inertie des éléments en parallèle correspond à l'inverse de la somme des inverses de
chacun des éléments.

■^sér
-5>. v
parallèle
Ei
(3.10)

La figure 3.14 illustre les paramètres géométriques caractéristiques d'une section de


vaisseau. Ces paramètres sont nécessaires afin d'approximer l'inertie glob ale du système
cardiovasculaire humain, tel que présenté par Stergiopulos [57, 59].

Figure 3.14: Schéma d'une section de vaisseau cardiaque idéalisée

Dans cet article présenté par Stergiopulos et al. [57], les valeurs finales d'inertie
présentées varient entre 0.0005 et 0.001 mmHg s2 ml - 1 . Le volume des deux systèmes
étant différents seulement d'un facteur deux, soit d'environ 5 litres pour une personne
de taille moyenne et d'environ 2.5 litres pour le bioréacteur, les valeurs d'inerties ci-haut
mentionnées ont été jugés valab les comme valeurs d'inertie de référence.
88

3.8.3 Dimensionnement de l'inertie du bioréacteur

Dans le cas du bioréacteur, l'inertie a été dimensionnée suivant la définition rappelée


à l'équation 3.11 et détaillée au chapitre 2, p.45.

>-i ml • m
(3.11)

L'interaction des composantes (Rc, C et L) et la dynamique de l'écoulement de la


configuration WK-RRCL sont complexes. Le volume en transit dans le bioréacteur étant
environ deux fois moins grand que le volume d'un système cardiovasculaire moyen, il
nous a fallu étayer le dimensionnement de l'élément d'inertie afin qu'il nous permette de
bien reproduire le phénomène inertiel physiologique tout en demeurant cohérent avec
la taille du système. C'est pourquoi, en plus d'utiliser comme points de référence les
valeurs d'inertie retrouvées dans la littérature, nous avons dû valider la grandeur de
l'inertie à implanter en considérant le rôle propre des éléments Rc et L. Pour ce faire,
nous avons vérifié les pertes de charges et l'inertie de chacun des éléments.

La résistance des éléments R c et L comparée

Afin que chacun des éléments Rc et L, placés en parallèle, jouent adéquatement


leur rôle, il fallait s'assurer que les pertes de charge de la pince-résistance Rc étaient
en moyenne sur un cycle bien supérieures à celles de l'élément d'inertie L.

Valide pour les cas de conduites fermées à section circulaire constante, l'équation
3.12 a permis d'évaluer les pertes de charges de l'élément d'inertie. Le premier terme de
cette définition des pertes de charge réfère au frottement pariétal tandis que le deuxième
est associé à la géométrie propre des conduites.

Le coefficient de frottement f a été évalué à 0.1057. Voici comment cette valeur a


été obtenue. Pour le cycle typique de la configuration RC, le nombre de Reynolds (Re)
89

a été évalué selon la définition de l'équation 3.13.

AQ [ml s"1]
Re (3.13)
nDv eau [cm] [cm 2 s -1 ]

Le graphique 3.15 montre que l'écoulement à la section de culture est environ les
deux tiers du cycle en régime laminaire, correspondant à la phase diastolique, et en
régime turbulent sur l'autre tier du cycle, qui correspond à la phase systolique. Pour
trois points du cycle, le nombre de Reynolds puis le coefficient de frottement f ont été
calculés. Le coefficient de frottement a été déterminé selon la relation f=64/Re pour
le point de référence en régime laminaire et selon le diagramme de Moody pour les
deux points de référence en régime turbulent. Dans le cas turbulent, puisque la surface
interne des conduites de verre ou de silicone a été approximée comme étant lisse, le
facteur de rugosité e prend la valeur nulle.

25000

Re f(Re)
Écoulement à peine turbulent (T) 5000 0.0370
20000 Écoulement fortement turbulent @ 20000 0.0260
Écoulement laminaire ( î ) 1200 0.1057

15000

Q_
10000 -

5000

0,4 0,5 0,6 0,7

Temps [s]

Figure 3.15: Variation du nombre de Reynolds sur un cycle typique de l'écoulement de


l'architecture RC

L'objectif étant de comparer les pertes de charge de l'élément d'inertie à celles de


la pince-résistance Rc, le coefficient de frottement le plus critique, f= 0.1057, a été
retenu, maximisant ainsi la valeur des pertes de charges dues au frottement pariétal
de l'élément d'inertie. Similairement, le coefficient de frottement lié à la géométrie des
conduites (coude et jonctions y) ont été choisi de manière à maximiser leur valeur de
pertes de charge. Les abaques [39] nous ont permis de retenir les valeurs critiques des
coefficients K_ pour chacune des geometries. L'ensemble des coefficients de pertes de
charge rassemblés résulte en un coefficient KL égale à 4.5 (Kx,=1.5 pour le coude et
90

K L =1.5 pour chacune des deux jonctions y).

Ainsi, pour une longueur de l'élément d'inertie L temporairement approximée à en-


viron 75 cm, la viscosité cinématique de l'eau v eau de 1.12 e-0.6 m2 s - 1 , un diamètre de
section de 2.5 cm, la valeur des pertes de charge a été calculée pour l'élément d'inertie
L en utilisant le débit y circulant. Toujours par souci d'évaluer le cas critique, le débit
utilisé est celui circulant en amont de la jonction Rc-L, ce qui maximise les pertes de
charge encore une fois. Les valeurs en mètre d'eau sont ensuite comparées aux pertes
de charges de la pince-résistance Rc- Ces dernières sont évaluées en termes de pres-
sion par la différence entre la pression au support valvulaire, Psv, en configuration
RRC et la pression à la chambre de compliance, Pcc, de la même configuration. Les
courbes, montrées à la figure 3.16, permettent de comparer, pour un cycle typique en
configuration RRC, les pertes de charges respectives des deux éléments Rc et L.
500

— _ ) - Débit au support valvulaire


400
— ( _ ) - Pression au support valvulaire
_C
E
E — @ - Pression à la chambre de compliance
300

200

_§. 100

o -

-100/60

- ( f Ç j ) - Pertes de charge Rc
50 "
(_î) Pertes de charge Rc, moyenne

40 — ( T j ) - Pertes de charge L, total


E
E
— ( Q y - Pertes de charge L, géo. conduites

_ 30
o — ( Q y - Pertes de charge L, frottmt. pariétal

î_ 20
<_•
CL

0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9

Temps [s]

Figure 3.16: Comparaison des pertes de charge des éléments Rc et L


91

Ces courbes permettent de constater que les pertes de charge dans la pince-résistance
Rc sont effectivement bien supérieures à celles de l'élément d'inertie L, par un facteur
d'environ 10. C'est donc dire que théoriquement l'élément Rc joue bien son rôle résistif
et que l'élément d'inertie L n'offre que peu de résistance à l'écoulement.

L'inertie des éléments R c et L comparée

De la même manière que pour les pertes de charges, il nous a fallu confirmer le
fait que l'inertie de l'élément L était bien supérieure à celle de la pince-résistance Rc-
L'inertie cible à reproduire est connue, 0.007 mmHg s2 ml - 1 [57].

L'inertie de la pince-résistance est évaluée selon l'équation 3.11, considérant la lon-


gueur du tube flexible sur lequel la pince est fixée, 7 cm, et l'écrasement du tube, qui
diminue la quantité de fluide générant l'inertie. Ceci nous a permis de constater que
l'élément d'inertie L, conçu pour une valeur de 0.007 mmHg s2 ml - 1 (933.1 g m l - 1 m - 1 ) ,
offrait environ dix fois plus d'inertie que la pince-résistance Rc (86 g m l - 1 m - 1 ) .

Le rôle de chacun des éléments étant respecté, le dimensionnement de l'inertie selon


l'équation 3.11, basée sur la valeur cible à reproduire de 0.007 mmHg s2 ml - 1 , a été
estimée à 47 cm, soit la longueur totale que devait avoir l'élément d'inertie L.

Ainsi, nous allions devoir implanter un élément d'inertie relativement encombrant


et de grande taille comparativement à l'ensemble du bioréacteur. L'alternative de varier
l'aire de section de l'élément d'inertie plutôt que sa longueur a été envisagée afin de
réduire l'encombrement. Toutefois, cette solution est très limitative. En reprenant la
relation selon laquelle l'inertie a été définie (équation 3.11), nous constatons qu'aussitôt
qu'une augmentation de l'inertie aurait été nécessaire l'aire de section aurait dû être
diminuée. L'aire de section petite, une restriction de type orifice aurait été introduite
dans le circuit et le rôle respectif à chacun des deux éléments Rc et L n'auraient
pu être respecté. Cette avenue a donc été mise de côté. D'autres solutions techniques
moins encombrantes mais plus complexes d'un point de vue de la fabrication et de
la stérilisation ont aussi été envisagées. La complexité mécanique des ces dernières a
cependant été jugée trop lourde pour justifier leur développement. C'est donc la solution
encombrante d'un élément d'inertie d'environ 50 cm qui a été retenue. Les photographies
de la figure 3.18 montrent l'élément d'inertie L installé sur le circuit du bioréacteur.
92

3.8.4 Calcul des valeurs expérimentales

Une fois l'élément d'inertie inclus à la boucle du bioréacteur et mis en service, nous
avons développé une méthode d'évaluation de la valeur expérimentale de cette inertie.
Contrairement à la définition préconisée pour effectuer le dimensionnement, montrée à
l'équation 3.11 et basée sur le ratio de la longueur du tube sur l'aire de section, c'est
une définition basée sur le ratio de la pression différentielle sur la variation du débit
dans le temps, montrée à l'équation 3.14, qui nous a permis de mesurer l'inertie réelle
du montage expérimental.
L (314)
=lr«É_k
dt dt

La pression différentielle A P L est calculée à partir des pressions mesurées au support


valvulaire, en amont de la jonction entre l'élément d'inertie et la pince-résistance Rc
(Psv, figure 3.11 (a)) et à la chambre de compliance (Pcc, figure 3.11 (a)). La variation
de débit est calculée simplement entre deux valeurs successives, mesurées en amont du
support valvulaire (Q, figure 3.11 (a)).

L'inertie est ensuite moyennée. Pour chaque cycle systole-diastole, 400 acquisitions
de valeurs instantanées sont effectuées. La valeur moyenne de l'inertie est obtenue à par-
tir d'environ 150 valeurs d'inertie instantanée. Les 250 autres valeurs d'inertie instan-
tanées sont exclues parce qu'elles sont associées à des moments du cycle où le gradient
de débit est nul, ce qui rend ces valeurs d'inertie instantanée très grandes et non-
représentatives de l'inertie évaluée. L'inertie moyenne est donc principalement évaluée
à partie des valeurs intantanées de pression et de débit de la phase systolique. Enfin,
mentionnons que c'est la valeur moyenne de l'inertie qui est utilisée dans les modèles
mathématiques afin de générer les simulations. Les valeurs d'inertie instantanées ne
sont pas utilisées directement.
93

3.9 Les configurations RRC et RRCL

La configuration classique RC du bioréacteur conçu, montrée à la figure 3.17 a), a


été décrite et illustrée tout au long de ce chapitre. Tel que mentionné précédemment,
les deux autres bioréacteurs sont assemblés à partir de la structure du bioréacteur RC,
à laquelle sont ajoutées des composantes supplémentaires. La figure 3.17 b) montre le
bioréacteur RRC et la figure 3.18 montre le bioréacteur RRCL.

b)

Figure 3.17: Bioréacteur RC et ses principaux systèmes a) et une vue agrandie de la


résistance aortique équivalente Rc b)

La différence entre l'architecture RC et RRC repose sur l'ajout d'une pince-résistance


à ajustement manuelle Rc, entre la sortie du support valvulaire (SV) et l'entrée de la
chambre de compliance (CC).

Dans le cas de l'architecture à quatre composantes, les modifications sont plus im-
portantes. Nécessaire à la mise en parallèle des élément Rc et L, le simple coude reliant
la sortie du support valvulaire (SV) à l'entrée de la chambre de compliance (CC) doit
être remplacé par une structure occupant beaucoup plus d'espace. Et encore, les photo-
graphiques de la figure 3.18 montrent l'architecture RRCL avec une inertie L très petite
( « 30 cm) par rapport à la grandeur réelle nécessaire (RS 2.5 m) à rendre la réponse en
pression de cette architecture valide.
94

a)

b)

Figure 3.18: Bioréacteur RRCL et ses principaux sous-systèmes, en vue de face a) et


en vue de dessus b)
Chapitre 4

Phase expérimentale

Ce chapitre comporte deux sections : la première présente les étapes principales et les
considérations particulières de la mise en services et la deuxième présente les résultats
expérimentaux ainsi qu'une réflexion détaillée sur les performances des systèmes étudiés.

4.1 La mise en service

Cette section présente les faits saillants de la mise en service de ce premier prototype
de bioréacteur cardiaque. Le système d'acquisition supportant le bioréacteur est tout
d'abord présenté. La façon dont chacune des parties du système d'acquisition sont
inter-reliées est décrite et les quelques détails importants concernant le traitement des
données sont exposés. Ensuite, les manipulations nécessaires à l'opération normale du
système sont présentées et les quelques cas particuliers à considérer sont énoncés. Le
domaine atteignable du bioréacteur et les quelques raisons à l'origine des limites des
caractéristiques qu'il peut reproduire sont revus. Enfin, cette section est complétée par
un tableau résumant les principaux imprévus qui au cours du projet ont amené des
modifications importantes.
96

4.1.1 Système d'acquisition

Description générale

L'ensemble des composantes présentées dans cette section sont montrées à la figure
4.1. Toutes les composantes et les capteurs du bioréacteur sont interfaces à une carte
d'acquisition I/O National Instrument (2). La carte communique par port USB avec un
ordinateur (1) et permet de mesurer et de contrôler en temps réel le système via une
interface Lab VIEW spécialement développée pour cette application.

L'alimentation en air de la chambre basse de la pompe est contrôlée via la servo


valve proportionnelle 5/3 (9), alimentée par une source de tension 24 V DC (10). Une
onde de tension sinusoïdale simple est commandée via l'interface de l'instrument virtuel
Lab VIEW et transmis par la carte d'acquisition (2) à la servo valve (9). Le tiroir de
cette dernière se déplace sur une distance proportionnelle au signal de tension envoyé.
Ce faisant, il dégage ou obstrue l'entrée d'air pressurisée, conservée dans un réservoir de
30 litres (12) alimenté par la pression d'air disponible au laboratoire. L'usage d'un tel
réservoir évite d'alimenter la pompe ventriculaire avec de l'air à pressurisation variable.
De la même manière, la sortie d'air est dégagée durant l'expulsion de l'air (correspon-
dant à la phase diastolique cardiaque). Cet air a d'abord été expulsé à pression ambiante.
Toutefois, certaines configurations du bioréacteur comportent un niveau de résistance
assez grand. Il a donc été nécessaire de bonifier les capacités de la pompe ventriculaire
en augmentant les niveaux de pression d'air injecté dans la pompe et en forçant la sortie
d'air par l'imposition d'une pression négative. C'est pourquoi, une restriction de sortie
basée sur l'effet Venturi (13) a été implantée, créant une pression négative d'environ
50 kPa à la sortie de la servo valve (9). Cette restriction de sortie est alimentée par la
même pression d'air que l'entrée de la servo valve. De plus, toujours afin de stabiliser le
niveau de pression sur la ligne de sortie de la servo valve, un autre réservoir (sous vide)
de 30 litre (11) est inséré entre la sortie de la servo valve et la restriction Venturi (13).

Le débit (en amont du support valvulaire) et la pression en trois points critiques du


circuit (au support valvulaire, à la chambre de compliance et au réservoir) ont été me-
surés. Le débit est mesuré avec un débitmètre Transonic System Inc. (3). Son capteur (4)
utilise la technologie des ultrasons, complètement non-invasive, pour mesurer le débit.
Trois capteurs de pression Argon Medical Device (5, 6, 7) ont été utilisés dans les phases
de développement. L'ensemble des courbes de pression expérimentales présentées dans
ce chapitre ont été mesurées à partir du capteur de pression (6) positionné en aval de
la section de culture. L'onde de pression mesurée à cet endroit correspond à la pression
artérielle physiologique. Chacun des trois signaux de tension provenant des capteurs de
97

Figure 4.1: Schéma fonctionnel du système d'acquisition.


98

pression est compensé par un conditionneur à jauge d'Intertechnology (8). Les signaux
de tension sont ensuite directement transmis à la carte d'acquisition (2). Finalement,
un oscilloscope Tektronix (14) 23 s'ajoute à l'ensemble. Celui-ci a permis d'observer
rapidement et en temps réel l'évolution des courbes de débit et de pression lors de la
mise en service du bioréacteur ainsi que lors des différentes phases expérimentales.

La commande en tension

C'est la servovalve qui permet à l'air pressurisé d'entrer et de sortir de la chambre


basse de la pompe ventriculaire afin de produire le débit. La servovalve est commandée
en tension par un signal envoyé à partir de l'interface d'acquisition LabVIEW. Le signal
utilisé pour commander le bioréacteur durant les phases expérimentales est montré à la
figure 4.2.

8 r

7 -
Entrée d'air compnmé dans
la pompe ventriculaire

Aucune circulation tf air _


__ via la servo valve

Sortie d'air compnmé de


la pompe ventriculaire

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

Temps [s]

Figure 4.2: Onde de tension qui commande l'entrée et la sortie d'air à la pompe
ventriculaire

La tension varie de manière quasi-sinusoïdale sur un cycle. Lorsque la tension com-


mandée à la servovalve est de 5V, l'air ne peut ni entrer ni sortir de la pompe ventricu-
laire. Lorsque la tension envoyée est supérieure à 5V, le tiroir de la servovalve se déplace
afin de laisser l'air pressurisé entrer dans la pompe et inversement lorsque la tension est
sous le seuil de 5V. La section tronquée du sinus a été créée de manière itérative afin
d'obtenir un débit expérimental se rapprochant du débit physiologique. Rappelons qu'à

23
L'oscilloscope Tektronix TDS2004B possède 4 canaux. Tous ont été utilisés aux cours des phases
de mise en service du bioréacteur.
99

cette étape du projet, l'objectif était de démontrer la faisabilité de générer un débit


similaire au débit physiologique. C'est pourquoi, les manipulations d'optimisation de la
commande de débit se sont limitées à un contrôle en boucle ouverte établit de manière
manuelle et itérative.

Étalonnage des capteurs

En ce qui concerne l'étalonnage des différents capteurs, celui du débitmètre à ul­


trasons (4) a été effectué par la compagnie qui fabrique le matériel, Transonic System
Inc. L'étalonnage des capteurs de pression a lui été effectué au laboratoire de génie
mécanique. Une relation linéaire à coefficient constant, a, relie le débit lu par le cap­
teur à ultrasons et le signal de tension envoyé à la carte d'acquisition (a = 20).

Q [ml x s x] = tension [volts] x a (4.1)

Pour ce qui est des capteurs de pression Argon Medical Device (5,6,7), c'est aussi
une relation linéaire à coefficient constant qui décrit la relation entre la pression lu
au capteur et la tension envoyée à la carte d'acquisition. Les équations 4.2, 4.3, 4.4
présentent la relation pour chacun des capteurs.

P [mmHg] = 0.8344 x tension [volts] + 0.0511 (4.2)

P [mmHg] = 0.9378 x tension [volts] + 0.0202 (4.3)

P [mmHg] = 0.9202 x tension [volts] + 0.0204 (4.4)

■r

De plus, chacun des capteurs étant associé à un conditionneur, le ZERO et le SPAN


de chacun ont été ajustés. Le ZÉRO est ramené à la valeur nulle lorsqu'aucune pression
n'est perçue par le capteur. Le SPAN, dont la valeur est ajustée à la valeur maximale
de pression mesurée, permet de maximiser la résolution de lecture de l'entrée de la carte
d'acquisition de données.
100

Acquisition des données

La carte d'acquisition NI USB-6229 possède 32 canaux, dont 7 sont actuellement


utilisés pour les mesures et le contrôle du bioréacteur. L'information peut y transiger
à 250 KS/s, ce qui est amplement suffisant pour les besoins actuels du montage. Les
données sont acquisitionnées sur 100 cycles, en un seul bloc de 40000 échantillons. La
résolution est de 400 points par cycle ce qui est plus que suffisant considérant que les
phénomènes à observer sont relativement lents. C'est via l'interface de contrôle Lab-
VIEW, spécialement développé pour cette application, que l'acquisition des données
est commandée. Le post-traitement est effectué par la suite, manuellement, à l'aide des
logiciels Excel et MATLAB. Les fichiers bruts de données sont importés dans l'envi-
ronnement Excel puis ils sont ensuite moyennées sur cent cycles par un programme
MATLAB de manière à normaliser sur un cycle l'information recueillie.
101

4.1.2 Mode d'opération normal

Protocole de mise en route

L'opération du bioréacteur demeure la même peu importe l'architecture ou la com-


mande en débit imposée. Les manipulations nécessaires à la mise en route du système
sont présentées à l'annexe A.

Mentionnons qu'aucun dispositif de contrôle en boucle fermé n'est appliqué à la


commande de débit. Les ondes de débit obtenues à partir du montage expérimental ont
toutes été générées à partir d'opérations manuelles faites par essais et erreurs. De la
même manière, c'est un contrôle en boucle ouverte de l'onde de pression qui a servi à
produire les courbes de pression expérimentales présentées dans ce mémoire.

Le domaine atteignable

Rappelons que l'objectif de ce premier prototype de bioréacteur est tout d'abord


de reproduire l'environnement physiologique normal aux abords de la valve aortique.
Ceci signifie en terme de débit aortique et de pression artérielle que le bioréacteur doit
générer à une fréquence moyenne de 60 battements par minute : un débit moyen de 4.5
1 min - 1 , dont la crête systolique atteint 0.5 1 s - 1 , et une pression artérielle moyenne de
100 mmHg, dont la pression différentielle est d'environ 40 mmHg (80-120 mmHg).

L'ensemble des essais expérimentaux ont été réalisés à une fréquence de 1 Hz. Pour
le bioréacteur en configuration RC, le domaine atteignable du débit est entre ~ 0-7.0
1 min - 1 et celui de la pression au support valvulaire RS 0-200 mmHg. L'amplitude de
l'onde de débit ainsi que sa fréquence sont directement commandées par l'onde de ten-
sion envoyée par ordinateur. L'amplitude et la fréquence de cette onde sont modulées
par le niveau de pressurisation de l'air comprimé qui entre dans la chambre basse de
la pompe ventriculaire ainsi que par le niveau de dépressurisation de l'air du réservoir
dans lequel l'air de la chambre basse est expulsé. La pression au support valvulaire
est elle dépendante de l'ensemble du système (configuration et ajustement de ses pa-
ramètres). Tel que détaillé tout au long de ce mémoire, rappelons que c'est la résistance
à l'écoulement qui module principalement l'amplitude de la pression moyenne et c'est la
compliance qui module la forme de l'onde de pression. Le post-traitement des données
nous a permis d'établir à ^ 0-2.0 mmHg s m l - 1 le domaine atteignable de la résistance
périphérique et à RS 0-1.2 ml mmHg - 1 celui de la compliance.
102

• A long terme ce bioréacteur doit pouvoir accueillir des tissus vivants fragiles et
les conditionner sans les abîmer. Les faibles débit et pressions nécessaires à une telle
culture sont aussi réalisables avec le prototype de bioréacteur conçu. En commandant
une onde de tension appropriée, combinée à une pression d'air comprimé faible et une
sortie d'air de la chambre basse de la pompe ventriculaire à pression atmosphérique, il
est possible de produire un très faible débit, à une fréquence faible ou rapide, tout en
maintenant une pression moyenne faible si les résistances du circuit sont relâchées.

Rappelons que la dynamique du bioréacteur est celle d'un système dans lequel les
deux caractéristiques d'intérêt sont reliées par une relation fortement non-linéaire. C'est
pourquoi, l'un des objectifs sous-jacents du projet était de confirmer la faisabilité d'un
tel design en ajustant de manière manuelle et itérative chacun des paramètres jusqu'à
l'obtention de la réponse optimale recherchée. Voici deux relations importantes qui ont
dû être considérées tout au long du processus expérimental afin de réaliser de manière
organisée les ajustements appropriés.

• Quoique la majorité des essais aient été réalisés à une fréquence de 1 Hz, la pompe
ventriculaire possède les capacités de produire un débit à des fréquences supérieures
(jusqu'à RS 3 Hz). Toutefois, si aucune modification de la commande ou du niveau de
pression d'entrée ou de sortie n'est fait, le débit moyen produit par la pompe décroit de
manière proportionnelle à l'augmentation de la fréquence de débattement de la mem-
brane.

• L'augmentation de la pression moyenne nécessite l'augmentation de la résistance


du circuit. Une telle augmentation de résistance s'oppose à la libre circulation du débit
imposant ainsi plus de charge à la pompe. Sans ajustement, le débit moyen décroit suite
à cette manipulation. Il faut dans ce cas soutenir les capacités de propulsion de débit
par la pompe en augmentant la pression d'air comprimé forcée dans la chambre basse
de la pompe en plus d'augmenter le vide au réservoir de sortie.

Considérations particulières

Il est spécifié dans les manipulations qu'il faut pressuriser le système avant de lancer
l'activation de la pompe ventriculaire. Il n'est toutefois pas requis de pressuriser le
système dans tous les cas. Tel qu'expliqué à la section Améliorations (4.1.3), une étape
de pressurisation initiale du système a été implantée parce que la pression moyenne
adéquate (RS 100 mmHg) était inatteignable. Toutefois, dans les cas où les systèmes
opposent beaucoup de restriction à la circulation du débit, comme pour les architectures
WK-RRC et WK-RRCL, il n'est pas nécessaire de pressuriser le système.
103

Soutenue par une pompe ventriculaire bien motorisée (pression d'air comprimé
d'entrée et pression négative de sortie suffisantes), une commande adéquate force suf-
fisamment de débit à travers les restrictions du système pour générer une pression
moyenne suffisante. C'est donc principalement dans les cas où la restriction au débit est
importante, générant ainsi déjà une pression dans le système en amont des restrictions,
que la pressurisation initiale n'est pas nécessaire.

Dans les cas où les ondes à produire sont d'amplitude très faible, comme en début
de culture, le réservoir de pression négative nécessaire à l'augmentation des capacités
de la pompe n'est pas requis. Il sera préférable dans ce cas de laisser sortir à pression
ambiante l'air de la chambre basse de la pompe ventriculaire.

4.1.3 Améliorations

La mise en service de ce premier prototype a été ponctuée de difficultés et d'imprévus


qui ont dû être résolus l'un après l'autre. La solution apportée à certains problèmes en
a parfois générés d'autres. Le tableau 4.1 énonce les principales difficultés rencontrées
tout au long de l'élaboration des procédures expérimentales ainsi que les actions posées
afin de les régler. Quelques détails particuliers concernant la résolution de certains
problèmes sont présentés plus bas.

2 - Nous avons pu constater que la paroi des tubes flexibles utilisés pour joindre
les différents sous-systèmes du bioréacteur pouvait se ternir facilement. Entre 3 et 6
semaines après le début de l'utilisation des sections de tube Tygon™, les parois trans-
lucides accumulent des dépôts et se jaunissent. L'altération de la surface des parois
permet à de petites bulles d'air en circulation d'adhérer à la paroi. Ceci crée un écran
de fines bulles d'air interférant avec la transmission des ultrasons émis par le capteur
du débitmètre. Dans ce cas, deux solutions s'offraient, soit lorsque c'était possible un
nettoyage des parois, soit tout simplement le remplacement de la section de tube.

4 - Initialement, basée sur les systèmes similaires existants, la conception du bioréac-


teur prévoyait un réservoir ouvert à la pression atmosphérique. Des séries de tests ont
permis de démontrer qu'il était impossible, considérant la solidité limité des jonctions
de tubes flexibles et les capacités restreintes de la pompe ventriculaire, de maintenir
la pression moyenne à un niveau physiologique. La résistance qu'il aurait fallu imposer
pour créer suffisamment de pression aurait fait éclater les jonctions et aurait imposé à
la pompe ventriculaire une charge trop grande pour que celle-ci puisse produire le débit
requis.
104

Tableau 4.1: Synthèse des principales difficultés rencontrées lors de la mise en service
Difficultés et imprévus Actions posées

Éclatement des pièces d'acrylique après Remplacement de l'acrylique par du


fabrication polycarbonate, un matériau plus résistant à
l'accumulation de contraintes

Lecture du débit difficile Remplacement du tube flexible Tyg on 7

Fuites importantes aux jonctions flexibles Installation de collets amovibles aux jonctions
et limitation de la pression interne du système

Impossible d'atteindre la pression moyenne ■ Modification de la commande


cible (pression physiolog ique)

• Fermeture hermétique du système combiné


à une pressurisation initiale

Perturbation du débit produit à la pompe Ajout d'une résistance en amont de la pompe


ventriculaire, R/

Puissance disponible à la pompe limitée Ajout d'un réservoir à pression nég ative et
d'une pompe à vide à opération manuelle

Pression nég ative instable Remplacement de la pompe à vide à


opération manuelle par une restriction de
type Venturi

Pression d'air comprimé limitée Séparation en deux circuits distincts de l'air


comprimé d'entrée de celle nécessaire à la
sortie
105

5 - La fermeture hermétique du réservoir et la pressurisation initiale du système ont


en effet permis d'augmenter la pression moyenne à un niveau physiologique. Le débit
généré par la pompe ventriculaire devenait fortement perturbé, principalement en tout
début de systole. Une résistance variable à ajustement manuel a donc été ajoutée afin
de réduire l'impact de ces effets inertiels indésirables. Ces effets inertiels sont fonction
de l'onde de débit généré par la pompe et de la résistance qu'oppose le système à la
circulation du fluide. Pour s'assurer que l'élimination de ces perturbations du débit soit
complète, et ce en tout temps, nous avons dû réajuster la résistance en amont de la
pompe ventriculaire à chaque fois que la commande de débit ou que l'un des paramètres
du système est modifié.

6 - Les architectures des bioréacteurs RC et RRC n'imposaient pas outre mesure


une trop grande charge à la pompe ventriculaire. L'architecture WK-RRCL toutefois,
avec une très grande inertie de masse, nécessitait une puissance accrue de la part de
la pompe afin de mettre en mouvement la masse de fluide contenue dans le système.
Ainsi, la pression d'air injectée dans la pompe devait être grandement supérieure à celle
injectée pour les deux autres configurations. A l'échelle d'un cycle, une pression d'air
comprimé plus grande est synonyme d'une période allongée, nécessaire pour effectuer
l'éjection de l'air à pression atmosphérique. Il devenait donc impossible de combiner
l'entrée d'air fortement pressurisée, la sortie d'air rapide de la pompe et un débattement
suffisamment grand de la membrane pour générer le débit requis. Une pompe à vide
a donc été installée et branchée directement sur la sortie d'air de la servo valve. L'air
entré pouvait donc être fortement pressurisée et une succion permettait la sortie rapide
de l'air. Le débattement de la pompe était donc adéquat et le tout pouvait finalement
être réalisé à la fréquence de 1 Hz, caractéristique du cycle cardiaque normal.

7 - La pompe à vide a certainement permis à la pompe ventriculaire de retrouver


ses capacités de propulsion du fluide dans le circuit fortement résistif WK-RRCL. Mais
son opération manuelle rendait instable la pression négative disponible à la sortie de la
servo valve. Ceci ne permettait pas de produire une onde de débit uniforme et répétable
cycle après cycle. C'est donc une restriction de type Venturi alimentée par l'entrée d'air
pressurisé qui a permis de stabiliser la pression d'air négative disponible.

8 - Enfin, l'utilisation d'une partie de l'air comprimé pour alimenter la restriction


Venturi limitait la quantité disponible à envoyer à la pompe ventriculaire. Ainsi, la
ligne d'alimentation a été scindée en deux circuits distincts, l'un alimentant la pompe
ventriculaire et l'autre la restriction de type Venturi.
106

4.2 Les résultats

La section des résultats se divise en deux parties. Tout d'abord, dans la section
Validation des modèles (4.2.1), la courbe de pression expérimentale de chaque archi-
tecture est comparée à la courbe théorique produite par le modèle Windkessel associé.
Les valeurs des paramètres théoriques présentés dans cette section ont été calculés par
la méthode des gradients conjugués d'un programme MATLAB. Aussi utilisée pour
produire les simulations numériques (section 2.2.3), cette méthode de calcul permet
de générer à partir de la courbe de débit expérimental le comportement théorique
(réponse en pression) de chacune des architectures. Ainsi, les résultats théoriques per-
mettent d'évaluer la performance expérimentale des architectures par rapport à leur
comportement théorique. Ensuite, dans la section Discussion (4.2.2), les meilleurs es-
sais expérimentaux sont présentés et la dynamique du système, propre à chaque ar-
chitecture, est discutée. Les phénomènes à l'origine des réponses en pression observées
sont expliqués et les capacités des architectures à approximer l'onde physiologique de
pression sont comparées.

Mentionnons que tous les essais expérimentaux effectués dans le cadre de ce travail
ont été réalisés avec des valves aortiques porcines fixées. Les détails concernant le trai-
tement des valves utilisées sont présentés à la section 3.4.1. Pour tous les essais jugés
valides et présentés à la section 4.2, les feuillets de la valve aortique se refermaient
complètement et normalement à chaque cycle. Une seule valve aortique porcine a servi
à réaliser l'ensemble des essais expérimentaux présentés dans ce chapitre. Nous avons de
plus constaté que le comportement dynamique de la valve aortique porcine est demeuré
inchangé au cours des essais. Les essais qui ont été rejetés pour cause de refermement
partiel ou de déformation importante des feuillets de la valve ont été réalisés avec des
valves aortiques porcines non-traitées ou partiellement traitées.

4.2.1 Validation des modèles

A partir de la courbe de pression expérimentale, typique de la dynamique de chaque


architecture, la représentativité du modèle théorique sera discutée. Les courbes expéri-
mentales utilisées ont été sélectionnées pour leur excellente corrélation avec la courbe
physiologique de référence, tirée des travaux de S. Konduri [31]. L'analyse présentée
dans cette section permet de juger de la validité du lien entre les modèles Windkessel
théoriques développés et l'architecture physique des bioréacteurs correspondants.
107

Réponse théorique du modèle W K - R C

La courbe de pression de la figure 4.3 montre les réponses expérimentale et théorique


du bioréacteur en configuration RC lorsque le débit expérimental présenté à la figure
4.6 est utilisé comme entrée pour solutionner l'équation différentielle 2.11. La réponse
théorique a été calculée en optimisant les paramètres R et C à des valeurs qui permet-
taient de mieux corréler la courbe théorique sur la courbe expérimentale, (R./,= 1.162
mmHg s m l - 1 et C t h= 0.910 ml mmHg -1 ). Les réponses théorique et expérimentale
sont très similaires. En effet le coefficient de corrélation entre ces deux courbes est très
élevé, r= 0.960.

• expérimentale

- théorique

La valeur des paramètres


expérimentaux R et C est
respectivement de 1.123
mmHg s ml-1 et 1.036 ml
mmHg-'. Le coefficient de
corrélation correspondant est
de 0.960.

Temps [s]

Figure 4.3: Réponses expérimentale et théorique du bioréacteur RC

Bien sûr, nous remarquons que la réponse expérimentale comporte des perturbations
en début et en fin de systole que le modèle théorique ne reproduit pas. Ces oscillations
hautes fréquences sont liées, entre autres, à l'ouverture et à la fermeture des feuillets de
la valve anti-retour mécanique placée en amont de la pompe ventriculaire ainsi qu'aux
vibrations des composantes flexibles tels les tubes de raccordement. L'absence de ces
perturbations dans la réponse théorique s'explique par le fait que ni les effets d'ouverture
et de fermeture des feuillets de la valve ni les vibrations des éléments mobiles ou flexibles
ne sont pris en compte par le modèle Windkessel théorique.

Ainsi, malgré le fait que la corrélation des courbes expérimentale et théorique soit
déjà excellente, il est possible de croire que si ces perturbations étaient éliminées de la
réponse expérimentale la corrélation s'en trouverait grandement améliorée. Puisque ces
perturbations indésirables constituent une source importante de pollution de la réponse
108

expérimentale en pression, elles devront être éliminées. Ainsi, la différence causée par
ces perturbations entre les courbes théorique et expérimentale peut­être pour l'instant
négligée.

Suivant les conclusions de l'étude théorique des modèles au chapitre 2, les résultats
démontrent qu'une fois les paramètres de résistance et de compliance bien calibrés
l'architecture Windkessel classique produit une bonne première approximation de la
réponse en pression. Nous pouvons affirmer que le modèle Windkessel RC décrit bien
la dynamique générale du bioréacteur. Ce modèle constitue donc un outil approprié
afin de supporter le design du bioréacteur, notamment, en permettant de calculer les
paramètres R et C optimaux et ce peu importe l'onde de débit imposée.

Réponse théorique des modèles W K ­ R R C et W K ­ R R C L

De la même manière, la courbe de pression de la figure 4.4 montre les réponses


expérimentale et théorique du bioréacteur en configuration RRC lorsque le débit expéri­
mental présenté à la figure 4.9 est utilisé comme entrée pour solutionner l'équation
différentielle 2.27.

160 f. ■ expérimentale
,1
150
■ théorique
/ i "^
140 Ov
/ --^ ' '
en
130 / /
/ /
K Y' ^s-
X 120 / / X x
E / / \ X
X x
E . /
110 J ^X X
/
/
100 i ^sX
t
CL i La valeur des paramètres
* i
90 t I expérimentaux Rc, Rp et C est
V^.
respectivement de 0.121
80 .N ^ x . / mmHg s mM, 0.953 mmHg s
ml- et 1.032 ml mmHg 1 . Le
1
N
70 • ^*^l_ ,_x coefficient de corrélation
correspondant est de 0.947 .
RA 1 1 —I 1 1 i_ 1 1 1 1

0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9

Temps [s]

Figure 4.4: Réponses expérimentale et théorique du bioréacteur RRC

En optimisant la valeur des paramètres du modèle théorique RRC (Rc= 0.041


mmHg s ml ­ 1 , R P = 1.064 mmHg s m l ­ 1 et C= 0.862 ml mmHg ­1 ), une corrélation de
0.947 est obtenue entre les deux courbes, ce qui est excellent.
109

La corrélation entre les courbes théorique et expérimentale de la configuration' WK­


RRCL, montrées à la figure 4.5 et partageant la commande de débit expérimental
montrée à la figure 4.11, est de 0.741, significativement plus faible que celle des deux
autres configurations. Cette corrélation est aussi le résultats de l'optimisation des pa­
ramètres par la méthode des gradients conjugués (Rc= 0.041 mmHg s ml ­ 1 , R P =
1.064 mmHg s ml ­ 1 , C= 0.862 ml mmHg ­ 1 et L= 0.040 mmHg s2 ml ­ 1 ). Ceci s'ex­
plique par les différences existant entre la forme idéale et théorique des composantes
et leur forme réelle. E n effet, la géométrie des composantes Rc et L retenue afin de
matérialiser le modèle théorique module le comportement théorique attendu de la part
de ces composantes. En réalité, l'élément d'inertie L n'est pas purement inductif puisque
le frottement à la paroi et la géométrie du conduit opposent une certaine résistance à
l'écoulement. De la même manière, la résistance aortique équivalente Rc n'est pas pu­
rement résistive. Ceci permet de constater les limites des modèles Windkessel en ce qui
a trait à la représentativité du système physique réel (bioréacteur) qu'ils approximent.

150
• expérimentale

140
- théorique
130

OJ
m
T
F 110
S
100
0) La valeur des paramétres
D_ expérimentaux Rc, Rp, C et L
90
est respectivement de 0.047
mmHg s mM, 0.867mmHg s
mM, 1.162 ml mmHg-' et
0.040 mmHg s? mM . Le
70 ■ coefficient de corrélation
correspondant est de 0.741.
■ '
60
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9

Temps [s]

Figure 4.5: Réponses expérimentale et théorique du bioréacteur RRCL


110

4.2.2 Discussion

La discussion des résultats permet de mettre en évidence les caractéristiques spécifi-


ques du comportement de chacune des architectures étudiées. Les courbes physiolo-
giques de références utilisées à des fins de comparaison demeurent les mêmes que celles
utilisées depuis le début de l'étude, soit les courbes de débit aortique et de pression
artérielle mesurées simultanément sur un même individu [31]. Dans cette section, la
présence des anomalies communes à toutes les architectures sont aussi exposées et leurs
causes sont expliquées.

Les courbes de pression expérimentales sont analysées à l'aide de plusieurs critères :


le coefficient de corrélation r, permettant d'apprécier la qualité de la réponse en pression
du système de manière générale ; la pression moyenne et la pression différentielle, per-
mettant de juger de l'ajustement de la courbe expérimentale sur la courbe de référence ;
et le gradient temporel de pression, permettant de juger des détails plus fins, comme
ceux de la crête systolique ou encore ceux de l'onde dicrote.

Configuration R C

Les figures 4.6 et 4.7 présentent la mesure expérimentale typique des ondes de débit
et de pression produite par l'architecture WK-RC. Tout d'abord, en observant l'onde
expérimentale de débit, une forte similitude avec l'onde physiologique de référence est
observée. L'excellent coefficient de corrélation (r=0.976) illustre bien la qualité de la
reproduction de l'onde de débit. Cette première onde expérimentale a été obtenue en cor-
rigeant de manière intuitive la commande de tension envoyée à la servo valve, présentée
à la figure 4.2. En effet, une simple demi-onde sinusoïdale tronquée a permis d'obtenir
un débit expérimental de grande qualité.

Cette méthode a été utilisée afin de démontrer que la pompe ventriculaire possède les
capacités nécessaires à la reproduction de l'onde de débit physiologique. Toutefois, cette
méthode de correction, manuelle et en boucle ouverte, ne pourra pas être considérée
comme procédure d'opération efficace à long terme.

Pour ce qui est de la reproduction de la pression, montrée à la figure 4.7, la corrélation


obtenue entre la réponse en pression du bioréacteur en configuration RC et la référence
physiologique est faible, r= 0.335. La corrélation des ondes de pression est plus faible
que celle des courbes de débit. Ceci s'explique principalement par le fait qu'aucun dispo-
sitif de contrôle actif n'est implanté afin de corriger la réponse en pression du système.
Ill

expérimental

physiologique

Le coefficient de corrélation
correspondant est de 0.976.

Figure 4.6: Débit expérimental imposé au bioréacteur en configuration RC

La pression expérimentale n'est que la réponse passive du système au débit imposé par
la pompe ventriculaire. La corrélation plus faible des courbes de pression n'est donc pas
surprenante.

La corrélation imparfaite entre les courbes de pression s'explique entre autres par
deux phénomènes liés à la compliance : le temps nécessaire à la compression de l'air dans
la chambre de compliance retarde l'augmentation de pression systolique à la section de
culture, et la trop faible compliance du système génère une pression différentielle (entre
les pressions maximale et minimale du cycle) environ 30% plus grande que celle de
l'onde physiologique.

Le retard de phase, visible en début de cycle, constitue une limite importante des ca-
pacités de l'architecture WK-RC à bien reproduire l'onde physiologique de pression. Ce
retard s'explique par le fait que l'air de la chambre de compliance doit d'abord être com-
primé suffisamment avant que la pression en amont ne puisse augmenter. Nous consta-
tons toutefois que le retard n'affecte que le début du cycle sans altérer la décroissance
de la pression en fin de cycle. Il est donc plus juste de nommer ce retard un retard de
phase systolique puisque ni la phase de la diastole ni la phase du cycle complet n'est
affectée.

Seule la pression systolique subit le retard causé par le temps nécessaire à la com-
pression de l'air dans la chambre de compliance. Il est en effet possible de démontrer
que le début et la fin de la systole et de la diastole sont en phase avec l'onde de pres-
sion physiologique. Les deux zones de perturbations sont utilisées afin de démontrer le
112

• expérimentale

- physiologique

La valeur des paramètres


expérimentaux R et C est
respectivement de 1.126
mmHg s mM et 1.036 ml
mmHg-1 Le coefficient de
corrélation correspondant est
de 0.335

Temps [s]

Figure 4.7: Réponse expérimentale du bioréacteur RC comparée à la référence


physiologique [31]

synchronisme du cycle expérimental avec sa référence.

Le déphasage et les perturbations

La principale cause de la corrélation imparfaite des ondes de pression est le manque


de compliance du système. Remarquons que la pression moyenne de l'onde expérimentale
est la même que celle de la référence physiologique. De manière générale cependant,
l'amplitude des pressions expérimentales s'écartent plus de la moyenne que celle des
pressions physiologiques de référence. Ceci s'explique par une valeur de compliance
inférieure à la valeur optimale nécessaire. En effet, tel que présenté à la section 3.5,
le volume de la chambre de compliance fabriquée est environ 40% plus petit que ce
que nos calculs nous suggéraient. Ainsi, une chambre de compliance de volume plus
petit diminue l'élasticité disponible, les capacités d'amortissement sont réduites et il y
a augmentation de la pression au-delà des valeurs physiologiques désirées. Le résultat
du manque de compliance s'observe par un étirement vertical de l'onde de pression
expérimentale autour de la pression moyenne.

La distorsion verticale de l'onde de pression expérimentale, causée par le manque de


compliance dans le système, influence le coefficient de corrélation r. Ce dernier est impor-
tant dans l'analyse du système car il permet d'évaluer les performances des différentes
architectures et de les comparer. Soutenu par la compréhension des effets de chacun des
paramètres du modèle WK-RC, il est possible de penser que le coefficient de corrélation
113

des ondes de pression RC soit diminué par la distorsion verticale de l'onde de pression
expérimentale.

Le critère de performance

Le coefficient de corrélation r, coefficient de régression fréquemment rencontré, est


en fait un indice de la corrélation de forme entre deux courbes (dP/dt) plutôt qu'un
indice de la corrélation discrète des amplitudes. L'équation 4.5 présente l'expression
mathématique à partir de laquelle les coefficients de corrélation ont été calculés.

sï_i\*i,exp ■'exp) \ f i , r e f fref)


/• = (4.5)
\frÂPi, *exp) \*i,ref fref)

150 ­
physiologique
140
crête systolique - approximation WK-RC
130 ■

120 ­ - onde dicrote


CD
JZ La valeur des paramètres R et
E
E 110 ■ C est respectivement de
rz 1.100 mmHg s ml-1 et 2.233
O ml m m H g 1 .
tn 100 •
en
_
CL Le coefficient de corrélation
90 ■
correspondant est de 0.550 .

80 ■

70 ■

60 ■ _i 1 i i_
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

Temps [s]

Figure 4.8: Approximation de l'onde de pression physiologique par le modèle théorique


WK­RC

Imaginons que la compliance du système soit adéquate et que l'onde expérimentale


de pression ressemble plutôt à l'onde produite par le modèle numérique WK­RC. Le
contenu fréquentiel n'étant que partiellement représenté, les hautes pression de la crête
systolique sont tronquées et l'onde dicrote n'est pas reproduite (figure 4.8, tirée de la
section 2.2). Cette limite s'explique par la fréquence de coupure de l'architecture du
modèle WK­RC. Tout comme le circuit électrique RC équivalent, l'architecture RC
114

possède une fréquence de coupure qui est l'inverse du produit de ses paramètres soit

/.-jjp. («)

C'est cette fréquence de coupure qui bloque les plus hautes fréquences nécessaires à
la reproduction des gradients temporels de pression (dP/dt) élevés de la crête systolique
et de l'onde dicrote.

Il serait possible de penser que varier à la baisse la valeur des paramètres R et C


permettrait de faire augmenter la fréquence de coupure et ainsi de régler le problème.
Cette solution est toutefois impossible. La diminution du paramètre de résistance R
ferait chuter la pression moyenne et la diminution du paramètre de compliance C ferait
gonfler la pression différentielle. Ainsi, cette limite du modèle WK-RC est intrinsèque à
la nature et à l'interaction de ses paramètres. La solution de reproduction de la pression
de manière passive par l'imposition d'un débit sans boucle de rétroaction est donc une
solution à éliminer si l'architecture du bioréacteur demeure celle d'un WK-RC.

Configuration R R C

La mesure expérimentale typique des ondes de débit et de pression produites par


l'architecture WK-RRC est présentée aux figures 4.9 et 4.10. Encore une fois, une ex-
cellente similitude est observée entre les ondes de débit, expérimentale et physiologique,
avec une corrélation de 0.968. L'onde expérimentale de débit de l'architecture WK-RRC
a été produite à l'aide d'ajustements (pressions d'air comprimé et de vide et volume
d'air à la chambre de compliance) identiques à ceux de l'architecture WK-RC. Seule
la commande de tension envoyée à la servo valve a été modifiée légèrement afin de
permettre à la pompe de produire le même débit maximal tout en rencontrant plus de
restriction que dans la configuration à deux composantes. En raison du débit moyen
plus grand généré par la pompe ventriculaire, la forme triangulaire de la crête systolique
de cette courbe de débit est plus large (figure 4.9) que celle du débit RC (figure 4.6).

Dans l'architecture WK-RRC, une résistance supplémentaire a été ajoutée afin de


reproduire les phénomènes de friction visqueuse et d'inertie, liés à l'écoulement sanguin
dans la crosse du tronc aortique. La contribution principale de cette troisième compo-
sante réside dans l'annulation du retard de phase systolique entre les ondes de pression
expérimentale et physiologique, tel que décrit à la section précédente. La figure 4.10
permet en effet de constater qu'il y a, sous l'effet de la crête systolique de débit, une
115

expérimental

physiologique

Le coefficient de corrélation
correspondant est de 0.968.

-100
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

Temps [s]

Figure 4.9: Débit expérimental imposé au bioréacteur en configuration RRC

augmentation directe et simultanée de la pression à la zone de culture, en amont de


la résistance aortique équivalente Rc- Cette augmentation de pression est directement
proportionnelle au débit circulant via cette résistance Rc- Le coefficient de corrélation
entre les courbes de pression expérimentale et théorique est de 0.766.

Les deux zones de perturbations, décrites à la section 4.2.2, sont toujours percep-
tibles. Leur origine n'étant pas liée à l'architecture mais bien à la valve mécanique,
commune aux trois configurations, il est normal de les retrouver ici encore. Nous re-
marquons toutefois que la première zone de perturbation, à un lobe net sur l'onde de
pression expérimentale RC (figure 4.6), est noyée par l'annulation du retard de phase
systolique. Les perturbations post-systoliques restent elles inchangées, localisées à la
jonction des phases systolique et diastolique.

Aussi, commun aux trois architectures, le problème de compliance demeure et s'ob-


serve sur la courbe de pression RRC, figure 4.10. Contrairement à l'onde de pression
RC, il est moins évident ici que la compliance insuffisante du système force la tendance
du coefficient de corrélation liant les courbes expérimentale et physiologique RRC. En
fait, en observant la pression diastolique, il est possible de croire que le coefficient de
corrélation est lui aussi influencé à la baisse par le manque de compliance.

De manière générale toutefois, la forme générale de la réponse en pression expérimen-


tale RRC approxime mieux l'onde physiologique de pression que la réponse expéri-
mentale RC. Ceci confirme les conclusions de l'étude théorique effectuée précédemment
(chapitre 2), l'architecture WK-RRC améliore significativement et avec un minimum
116

■ expérimentale

- physiologique

E
E

ai La valeur des paramètres


expérimentaux Rc, Rp et C est
respectivement de 0.121
mmHg s mi 1 , 0.953mmHg s
mM et 1.032 ml mmHg-1. Le
coefficient de corrélation
conespondant est de 0.766.

Figure 4.10: Réponse expérimentale du bioréacteur RRC comparée à la référence


physiologique [31]

de complexification la réponse en pression de l'architecture WK­RC.

Configuration R R C L

La mesure expérimentale typique des ondes de débit et de pression produites par l'ar­
chitecture WK­RRCL est présentée aux figures 4.IL et 4.12. Une excellente corrélation
entre les ondes de débit expérimentale et physiologique (r=0.960) est encore une fois
observée. La commande de tension envoyée à la servo valve, modifiée comme pour l'ar­
chitecture WK­RRC, élargi un peu plus la forme triangulaire de la crête systolique
de la courbe de débit (figure 4.11). D'ailleurs, contrairement aux deux architectures
précédentes, qui peuvent être opérées sans nécessairement utiliser une sortie forcée de
l'air comprimé dans un réservoir à pression négative, l'inertie du grand volume de fluide
et les nombreuses restrictions à l'écoulement de l'architecture WK­RRCL obligent l'uti­
lisation du réservoir de vide. Sans ce réservoir à pression négative, la pompe ventriculaire
ne serait pas en mesure de produire un débit crête de 500 ml s ­ 1 . Lorsqu'une méthode
de correction efficace, automatisée et en boucle fermée, sera implantée, il sera facile de
remédier à l'élargissement de la forme de la courbe de débit et, par le fait même, de
mieux reproduire le débit physiologique cible.

L'addition de la quatrième composante, L, permet une amélioration marquée de la


réponse en pression passive du bioréacteur RRCL. E n effet, nous notons à la figure 4.12
une amélioration générale de la corrélation entre les courbes de pression expérimentale
117

expérimental

physiologique

Le coefficient de corrélation
correspondant est de 0.960

Figure 4.11: Débit expérimental imposé au bioréacteur en configuration RRCL

et physiologique (r= 0.816). C'est cette troisième configuration qui permet la meilleure
reproduction passive de la pression physiologique.

Imperceptible dans la réponse en pression des deux autres architectures, remar-


quons ici la présence d'une remontée de pression à la jonction des phases systolique
et diastolique pouvant s'apparenter à l'onde dicrote physiologique. Au terme de la
phase expérimentale, nous avons pu constater que pour l'architecture WK-RRCL du
bioréacteur une onde comparable à l'onde dicrote se produisait par l'inversion du sens
de l'écoulement à la résistance aortique équivalente Rc, en aval de la zone de culture
valvulaire.

La dynamique de l'interaction Rc — L

L'élément d'inertie L ajouté en parallèle avec la résistance aortique équivalente Rc,


en amont de la chambre de compliance, impose une dynamique d'interaction complexe
entre ces deux paramètres. En effet, dans tous les cas, la pression en aval de ces deux
éléments, notamment à la chambre de compliance, restait en termes de forme et de phase
la même, et ce, peu importe la grandeur respective des éléments Rc et L. L'équilibre
entre la quantité de fluide en circulation dans la résistance Rc et dans l'inertie L dépend
quant à elle de la grandeur propre et relative de chacun de ces deux paramètres. Les
essais expérimentaux ont permis de constater qu'une longueur non-négligeable de tube
flexible, d'environ 2.5 m, était nécessaire à l'obtention de la réponse optimale présentée
118

150 •
■ expérimentale
140 ■
- physiologique
130

120 •
en
E f; ^sv
JE, 110 - Jr V j ^ ' — .
TZ r ' \ * --- / ^-^
O
co 100 - / / \ _ "v x.
co
OJ / ' \ C-^*^ X La valeur des paramètres
CL // \ / *~ ^\ expérimentaux Rc, Rp, C et L
90 ■ li \i •., x.
• \J "»-» >. est respectivement de 0.047
i* - ~_ ^ .
mmHg s ml-1, 0.867 mmHg s
80 - r ' "^- -
mM, 1.162 ml mmHg-1 et
Xj" ~ *" * ~ — v ~ '/ 0.040 mmHg s* m l 1 . Le
70 - coefficient de corrélation
correspondant est de 0.816.
60 -
0.1 0,2 0,3 0.4 0.5 0.6 0,7 0,8 0.9

Temps [s]

Figure 4.12: Réponse expérimentale du bioréacteur RRCL comparée à la référence


physiologique [31]

à la figure 4.12.

En début de systole, le fluide doit être mis en mouvement et deux parcours s'offrent à
lui. Si le fluide circule via la résistance aortique équivalente Rc, il y a une augmentation
de la pression proportionnelle au débit, tel que pour la pression RRC. Si le fluide circule
via le long tube flexible de l'élément d'inertie L, c'est l'effet inertiel de la masse qui
produit l'augmentation de pression. Dans les deux cas, il y aura augmentation de la
pression dès le début de la systole.

L'équilibre entre les deux parcours possibles de l'écoulement varie de manière dyna­
mique. Dans le cas où l'élément d'inertie est très long, l'inertie de la masse de fluide qu'il
contient rend difficile la mise en mouvement de cette quantité de fluide et l'écoulement
se fera plutôt par la résistance aortique équivalente Rc que par l'élément d'inertie L.
C'est pourquoi sous certaines conditions l'architecture RRCL se comporte comme l'ar­
chitecture RRC. Dans l'autre cas, une fois le fluide mis en mouvement dans l'élément
d'inertie, sa résistance au mouvement devient moindre, nécessitant ainsi une moins
grande pression pour maintenir le débit en mouvement. Dans ce cas, il est possible
d'affirmer que l'architecture RRCL se comporte à la manière de l'architecture WK­RC.

Nous avons pu observer expérimentalement que, pour toutes les combinaisons des
composantes Rc et L, la phase systolique initiale produisait une augmentation de pres­
sion caractéristique de l'onde de pression physiologique cible. Puis, une combinaison de
deux phénomènes se produit. Au fur et à mesure que le fluide gagne en vitesse dans
119

l'élément d'inertie, la résistance au débit diminue et produit une décroissance de la pres-


sion. Conséquemment, une inversion du sens de l'écoulement se produit au passage de la
résistance aortique équivalente Rc et le débit s'écoulant à sens inverse dans la résistance
vient s'ajouter au débit déjà en circulation dans l'élément d'inertie. La quantité d'énergie
est donc librement transférée d'une branche à l'autre de la structure parallèle Rc-L.
Ce transfert d'énergie a pour principale conséquence de tronquer la crête de pression
systolique. L'observation attentive de ces phénomènes nous permet de conclure qu'une
résistance Rc faible favorise l'apparition d'inversion de direction du débit transitant par
la résistance en plus d'aggraver la truncation de la crête systolique. Afin d'éviter cet
escamotage d'une partie de la pression systolique, une résistance aortique équivalente
Rc de grandeur supérieure a dû être utilisée. De plus, la grandeur de l'inertie L a dû
être augmentée afin de minimiser l'inversion du sens de l'écoulement par la résistance
Rc et de minimiser la troncation de la crête de pression systolique. Il a été possible
d'observer qu'une inertie faible accélérait l'apparition du phénomène d'inversion en plus
de l'amplifier. Conséquemment, nous concluons que des valeurs élevées des paramètres
Rc et L sont nécessaires afin d'assurer qu'une résistance au débit suffisamment élevée
soit présente simultanément dans les deux éléments. Cette augmentation des valeurs de
Rc et L a comme impact de faire augmenter la pression systolique moyenne. Ces valeurs
élevées sont de plus synonymes d'une diminution de l'amplitude du phénomène d'inver-
sion de sens de l'écoulement à la résistance Rc en plus de voir le phénomène être retardé
dans le temps, sans toutefois qu'il ne disparaisse complètement. En fait, c'est ce retard
dans l'apparition du phénomène d'inversion qui, en s'ajoutant à la pression systolique,
crée une onde de pression pouvant s'apparenter à l'onde dicrote physiologique.

Les essais expérimentaux réalisés avec cette architecture nous ont permis de valider
la relation de cause à effet entre l'inversion du débit à la résistance aortique équivalente
Rc et l'onde dicrote. Les figures 4.13 et 4.14 montrent bien la corrélation de phase entre
l'inversion de sens du débit dans la résistance Rc et l'onde dicrote. Mentionnons que les
essais présentés aux figures 4.13 et 4.14 ne diffèrent pas des essais WK-RRCL présentés
aux figures 4.11 et 4.12 : la longueur de l'élément d'inertie est la même et les valeurs Rc
et L sont similaires. Les courbes de débit et de pression des figures 4.13 et 4.14 ont été
présentées parce, lors de ces essais, un second débitmètre placé en aval de la résistance
Rc a permis de vérifier l'inversion de débit.

Enfin, remarquons que les zones de perturbations, présentes sur les réponses en
pression RC (section 4.2.2) et RRC (section 4.2.2), sont nettement moins perceptibles
sur la réponse de cette architecture. Le phénomène, lié à l'ouverture et à la fermeture
des feuillets de la valve mécanique, demeure mais sont impact sur l'onde de pression à
la section de culture est moins visible, principalement dû au fait que la dynamique de
cette troisième architecture est assez différente des deux autres.
120

expérimental
support valvulaire
- expérimental
résistance Rc

- physiologique

0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9

Temps [s]

Figure 4.13: Débits expérimentaux en configuration RRCL comparés à la référence


physiologique [31]

- expérimentale

- physiologique

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

Temps [s]

Figure 4.14: Réponse expérimentale du bioréacteur RRCL comparée à la référence


physiologique [31]
121

L'impact de la compliance insuffisante s'observe également sur l'onde de pression


expérimentale RRCL (figure 4.12). Avec la combinaison de la résistance aortique équiva-
lente Rc et de l'élément d'inertie L, l'impact de la compliance du système affecte de
manière plus marquée la diastole que la systole, qui est elle principalement modulée par
le circuit parallèle Rc-L. En effet, le manque de compliance du système produit une
pression diastolique différentielle deux fois plus grande que la référence physiologique.
Tout comme pour l'architecture à trois composantes, le coefficient de corrélation est
influencé à la baisse par ce manque de compliance. Une compliance optimale permet-
trait à la réponse en pression RRCL d'être encore plus près de la courbe de pression
physiologique.

Essentiellement, parmi l'ensemble des réponses analysées, c'est la réponse en pres-


sion RRCL qui approxime le mieux l'onde physiologique de pression. En combinant
les avantages des deux autres circuits, l'architecture WK-RRCL réussi à produire de
manière passive une courbe de pression relativement près de la courbe de pression phy-
siologique. Dans le cas où les problèmes de perturbations dû à la valve mécanique et de
manque de compliance étaient réglés, il est possible de penser qu'une réponse passive
d'excellente qualité pourrait être obtenue avec un système RRCL. Ceci confirme une
fois de plus les conclusions de l'étude théorique effectuée précédemment (chapitre 2)
qui veulent que le modèle WK-RRCL approxime mieux la dynamique cardiovasculaire
aux abords de la valve aortique que les modèles WK-RC et WK-RRC.

Conclusion de la discussion

L'analyse réalisée dans cette dernière section a permis de transposer dans le domaine
physique et pratique la connaissance théorique des modèles Windkessel développés en
début d'étude. En morcelant les réponses expérimentales, il a été possible d'expliquer
les phénomènes physiques à l'origine des courbes expérimentales. Ceci nous a permis
d'améliorer notre compréhension du comportement dynamique de chacune des trois
architectures étudiées.

Une analyse détaillée de la réponse en pression a de plus permis de mettre de l'avant


les limites de chacune des architectures ainsi que leurs contraintes propres. La réponse
en pression du bioréacteur RC comporte un retard de phase systolique intrinsèque à
la dynamique de cette architecture. Ce retard n'est pas corrigible autrement qu'en
modifiant la structure RC. Le modèle RRC produit lui une réponse en pression non-
retardée assez bien ajustée à la pression physiologique. Ce modèle ne permet pas de
reproduite des détails comme l'onde dicrote et il approxime de manière plutôt linéaire la
décroissance exponentielle diastolique. La réponse en pression RRCL approxime assez
122

bien l'onde de pression physiologique recherchée, en rendant perceptible par exemple


des détails plus fins comme l'onde dicrote.

Pour les trois architectures confondues, nous avons remarqué que toutes les réponses
en pression présentaient deux importantes déficiences : une carence d'élasticité marquée,
causée par le volume trop petit de la chambre de compliance, et deux zones de fortes
perturbations, causées par l'action de la valve mécanique en amont de la pompe ven-
triculaire. La revue du design de la chambre de compliance permettra d'augmenter
l'élasticité du système et d'atteindre des valeurs de compliance plus élevées. Ce fai-
sant, l'amplitude de la courbe de pression expérimentale pourra être réajustée à celle
de la courbe physiologique de référence. En ce qui concerne les zones de perturbations,
une stratégie devra être employée afin qu'elles soient éliminées, puisque en tous points
indésirables, ces perturbations ne devront pas être perçues lors de la culture des tissus
valvulaires.

Enfin, l'analyse du comportement expérimental des trois bioréacteurs a permis de


constater que l'architecture WK-RC produit une réponse assez primitive et retardée par
rapport à l'onde physiologique cible. Ceci rend le bioréacteur RC moins intéressant en
tant qu'architecture à développer à long terme, ses lacunes étant trop importantes. La
réponse en pression du dernier modèle, WK-RRCL, a permis de constater qu'avec un
contrôle minimaliste il était possible de reproduire des détails fins tels que l'onde dicrote.
Encore une fois, sans problème de perturbations et de manque de compliance, l'archi-
tecture RRCL est celle qui pourrait produire la réponse en pression la mieux corrélée à
la courbe de pression physiologique recherchée. Cette performance a toutefois un prix
important, soit celui de rendre l'architecture RRCL incompatible avec les contraintes
d'espace et de stérilité à la base du projet. En effet, une réponse en pression de qualité
produite par l'architecture RRCL nécessite un ajout important d'inertie qui se traduit
en une longueur de tube démesurément grande ( « 2.5 m). Enfin, la réponse du modèle
WK-RRC présentait une très bonne corrélation avec la courbe de pression physiologique
tout en nécessitant un minimum de complexification de l'architecture par rapport à l'ar-
chitecture classique WK-RC. Une fois les problèmes de perturbations et de compliance
réglés, une telle réponse en pression de la part du système serait définitivement ac-
ceptable comme point de départ aux développements futurs puisqu'aucune déficience
majeure ne limite ce bioréacteur.
Conclusion

Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de décès chez les Canadi-
ens d'âge adulte [9]. Spécialistes du génie tissulaire, médecins, chirurgiens, ingénieurs et
chercheurs conjuguent leurs efforts pour concevoir des tissus de remplacement d'origine
biologique afin de fournir des substituts d'une qualité supérieure aux patients atteints
de maladies cardiovasculaires. Dans le cadre du projet de recherche réalisé par l'équipe
du Professeur Ruel, en collaboration avec le Professeur Maciel et les professeurs Au-
ger et Germain du Laboratoire d'organogénèse expérimentale, ce mémoire présente en
détails la conception, la fabrication et la mise en service d'un premier prototype de
bioréacteur cardiaque, un environnement de culture de tissus cardiaques destiné au
développement des techniques de reconstruction par génie tissulaire. Ce premier pro-
totype vise spécifiquement la reproduction des conditions hémodynamiques cardiaques
caractéristiques de l'écoulement aux abords de la valve aortique. Le défi de la conception
de ce système réside dans le compromis effectué entre les exigences et les contraintes de
nature opposées : un espace disponible restreint, des manipulations d'utilisation simples,
le maintien d'un haut niveau de stérilité et la reproduction la plus fidèle possible des
ondes physiologiques de débit aortique et de pression artérielle.

Une revue de littérature détaillée des systèmes similaires existant a permis de consta-
ter qu'aucun système n'offrait un haut niveau de contrôle des caractéristiques combinées
de débit et de pression. L'étude des modèles théoriques (WK) décrivant la circula-
tion cardiovasculaire puisée a révélé l'existence d'architectures simples et facilement
transférables en des éléments mécaniques peu complexes pouvant constituer le design
de base d'un bioréacteur. Le comportement dynamique théorique de trois architectures
WK-RC, WK-RRC et WK-RRCL a donc été analysé en profondeur afin de bien com-
prendre les paramètres influençant la réponse en pression sous l'imposition d'un débit
physiologique. Cette étape nous a permis d'établir des points de comparaison solides
afin d'évaluer la qualité des courbes expérimentales produites. Un bioréacteur a été fa-
briqué, selon l'architecture classique RC, que nous avons ensuite adapté avec quelques
modifications simples afin de réaliser les deux autres architectures.
124

Les résultats expérimentaux montrent que le comportement des architectures phy-


siques des bioréacteurs est conforme à celui des modèles mathématiques Windkessel
sur lesquels la conception s'est appuyée. En effet, les réponses en pression des trois
bioréacteurs se comportaient, à quelques détails près, de la même manière que celle
de leur homologue théorique. Suite à l'étude théorique des modèles Windkessel, nous
anticipions une amélioration significative de la qualité de la réponse en pression avec
l'augmentation du nombre de composantes et la complexification de l'architecture, et
c'est ce qui s'est produit. L'architecture WK-RC a démontré son potentiel à approximer
adéquatement la pression moyenne et la pression différentielle mais a aussi confirmé sa
limite principale, soit celle de présenter un important retard de phase sur la pression
physiologique ciblée. L'architecture la plus élaborée, WK-RRCL, a montré sont fort po-
tentiel à produire une réponse en pression de grande qualité et ce même sous un contrôle
de type passif. Cette architecture a toutefois été exclue puisque celle-ci nécessite l'ajout
d'une grande quantité d'inertie de masse. Ceci requière plus d'espace que ce qui est
réellement disponible et complexifie suffisamment le système de sorte que le critère
de maintien du haut niveau de stérilité ne puisse être respecté. C'est donc l'architec-
ture à trois composantes, WK-RRC, à peine plus complexe dans l'organisation de ses
éléments que celle de l'architecture WK-RC, qui a été retenue. Des trois configurations,
c'est elle qui allie le mieux la performance, en terme de reproduction des conditions
hémodynamiques aortiques, et la praticabilité du système, même sous un contrôle de
type passif. La démarche analytique et expérimentale entourant la conception de ce
premier prototype de bioréacteur cardiaque démontre qu'il n'est pas nécessaire de re-
chercher une architecture physique plus complexe pour obtenir une qualité relativement
bonne des ondes physiologiques de débit et de pression. Nous croyons que c'est plutôt
le passage du contrôle passif vers un système de contrôle actif plus évolué, avec boucles
de rétroaction, qui permettra d'atteindre une qualité supérieure de reproduction des
courbes caractéristiques.

De manière générale, nous avons aussi constaté la présence de deux lacunes impor-
tantes dans le design du bioréacteur conçu : un manque de compliance et un problème
de perturbations, causé par le mouvement des feuillets de la valve mécanique en amont
de la pompe ventriculaire. Dans le cas des perturbations, il sera peut-être possible d'en-
visager l'utilisation d'une valve porcine ex-vivo fixée dont le mouvement des feuillets
produirait moins de perturbation que celui des feuillets de la valve mécanique. Aussi,
tel que discuté lors de la validation de la représentativité des modèles théoriques, seul
le modèle théorique à deux composantes reproduit vraiment bien la dynamique du
bioréacteur correspondant. En raison de la double nature de certaines composantes
des bioréacteurs RRC et RRCL, les modèles théoriques correspondants idéalisent le
comportement expérimental. Il faut donc d'abord revoir les méthodes d'approxima-
tions qui permettent de générer les simulations numériques et évaluer si elles ne pour-
125

raient pas être plus performantes afin de mieux approximer les courbes expérimentales.
Il faut ensuite évaluer la possibilité de modifier le modèle théorique afin que celui-ci
représente mieux la dynamique expérimentale observée. Dans tous les cas, la poursuite
du développement d'un modèle théorique représentatif de la dynamique expérimentale
réelle est nécessaire et garante d'un futur outil efficace pour soutenir le développement
du système de contrôle actif.

Perspectives d'avenir

La réalisation et la mise en service réussie de ce premier prototype de bioréacteur car-


diaque démontrent bien que le pont est possible entre la praticabilité d'un tel équipement
de laboratoire et la très grande qualité de la reproduction de l'environnement hémodyna-
mique aortique. Les phases subséquentes du projet de développement de bioréacteur car-
diaque s'articuleront autour de deux axes principaux : le développement des stratégies
de contrôle afin d'améliorer substantiellement la qualité des ondes produites et afin de
permettre la reproduction d'une gamme variée d'ondes physiologiques ; et le développe-
ment des techniques de construction et de réparation de valves cardiaques par génie
tissulaire. Dans le cas du premier axe, c'est par la motorisation des paramètres de
résistances et de compliance ainsi que par l'implantation de boucles de rétroaction de
type PID que sera tout d'abord amélioré le niveau de contrôle du système. Dans le cas du
deuxième axe, plusieurs étapes relatives à la praticabilité du bioréacteur dans un envi-
ronnement laboratoire stérile et l'utilisation de tissus vivants seront nécessaires, notons
en autre l'intégration de zones d'observations visuelles et de l'instrumentation associée,
sous la responsabilité du Professeur Maciel ; l'intégration des apports en oxygène et en
dioxyde de carbone ainsi que la quantification optimale de ces apports de manière à
satisfaire aux besoins des tissus en culture ; et enfin, des essais de moyenne et de longue
durée afin de tester la praticabilité du système et d'éprouver sa capacité a maintenir
un niveau de stérilité suffisant.
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Annexe A

Protocole de mise en route

1. Mise sous tension de tous les appareils électroniques (débitmètre, oscilloscope,


servo valve, capteurs et conditionneurs de pression, carte d'acquisition et ordina-
teur) et ouverture de l'interface d'acquisition LabVIEW.
2. Installation de la valve aortique porcine sur le support valvulaire, assemblage
des trois parties du support valvulaire et raccordement de ce dernier au reste du
système par des sections de tubes flexibles.
3. Installation du capteur de débit.
4. Fermeture de toutes les valves pouvant laisser s'échapper le fluide de culture :
valves à la pompe ventriculaire (2), valves au capteur de pression du support
valvulaire (2) et à l'ouverture supérieure du réservoir.
5. Remplissage du système via l'entrée latérale du réservoir. Le niveau optimal de
fluide est évalué en fonction de la hauteur de fluide dans la chambre de compliance,
une bande graduée collée sur la chambre de compliance permet de connaître le
niveau de fluide.
6. Fermeture de la valve latérale de la chambre de compliance, nécessaire afin que le
volume d'air contenu dans la chambre de compliance ne s'échappe pas.
7. Pressurisation du système, si nécessaire. À l'aide d'une seringue graduée, un petit
volume d'air (entre 50 et 200 ml d'air à pression atmosphérique) est poussé dans
le réservoir via l'entrée latérale de cette chambre.
8. Envoi de la commande de tension via l'interface de commande et d'acquisition
LabVIEW. Le système est mis en route.
9. Ajustement de la résistance en amont de la pompe ventriculaire afin d'éliminer les
effets inertiels. Ajuster aussi la pression d'air comprimé afin d'obtenir l'amplitude
de débit systolique crête désirée.
133

Enfin, dans le but d'obtenir la réponse en pression désirée, il faut ajuster les pa-
ramètres Rc et Rp en serrant plus ou moins les pinces manuelles des résistances
et ajuster le paramètre C en ajoutant ou en retirant un petit volume d'air de la
chambre de compliance.

A partir de cette étape débute un processus itératif d'ajustements séquentiels


du débit et de la pression jusqu'à ce que soient obtenues les ondes désirées.

10. L'arrêt du système est commandé via l'interface LabVIEW de manière à bloquer
en position neutre le tiroir de la servo valve et ainsi éviter que l'air pressurisé ne
soit acheminé de manière continue à la chambre basse de la pompe ventriculaire.

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