Vous êtes sur la page 1sur 11

Introduction .

1
Le modèle économique marocain est qualifié de libéralisme rationnel, il se veut comme un
modèle qui n’est ni du capitalisme sauvage, ni du libéralisme ultra-libéral. Un Modèle-IDE ou
modèle-plate-forme, par référence au rôle central attribué aux Investissements directs
étrangers. Conscient que ce modèle a atteint ses limites, le Maroc est toujours dans l’attente
de son nouveau modèle de développement. Une Commission Spéciale sur le Modèle de
Développement (CSMD) a été nommée dans ce sens par le roi du Maroc en décembre 2019
dont siège trente-cinq (35) membres avec une triple mission de "réajustement",
"anticipation" et "prospective" pour permettre au pays d’aborder l’avenir avec sérénité et
assurance, a indiqué le Roi à l’occasion du 66e anniversaire de la Révolution du Roi et du
.Peuple
Dans l’attente de dévoiler les résultats de cette commission chargée de nouveau modèle
Marocain de développement, il est à rappeler que le Maroc a connu suite aux
recommandations du Fond Monétaire international et de la Banque mondiale dans les
années quatre-vingt, l’adoption du « Programme d’ajustement structurel » (PAS). Ce
programme, qui a duré dix (10) ans, avait recommandé principalement au Maroc plus
d’ouverture pour une meilleure insertion dans l’économie mondiale, la privatisation de ses
entreprises publiques, la libéralisation des prix et une réduction significative des dépenses à
.caractère sociale comme la santé et l’éducation
Le Programme d’ajustement structurel avait pour objectif de restructurer l’économie
Marocaine, cependant, ce dernier a engendré des échecs sociaux dont les retombés
persistent toujours. Ainsi pour riposter à ce modèle, qui a eu comme conséquences
majeures, une dégradation dans la qualité des services publics (la santé et l’enseignement),
la dégradation de la compétitivité des produits nationaux suite à la concurrence des produits
importés. On enregistre l’émergence de ce qu’on appelle aujourd’hui «l’économie populaire,
sociale et solidaire » dont les principes sont opposés à ceux du « Programme d’ajustement
.» structurel
Dans ce papier de recherche, nous comptons faire un passage sur l’histoire du
développement économique selon les économistes ainsi que le vécu de l’économie
marocaine à l’époque actuelle, à la lumière des résultats des politiques économiques mises
en place depuis la fin du PAS. L’objectif étant de comprendre et ressortir les points forts et les
points faibles de l’économie marocaine pour pouvoir faire un essaie de projection dans le
futur, tenant compte du contexte actuel, à savoir la crise économique mondiale causée par le
.Covid-19
Pour se faire, nous avons prévu d’organiser notre papier de recherche en sections, dont la
première sera consacrée à une réflexion théorique autour de la notion du développement et
de croissance économique des pays, ses origines, ses limites ainsi que les conditions
contextuelles que cela nécessite. Dans la deuxième section nous tenterons de positionner le
Maroc dans le schéma mondial à travers l’étude de ses performances économiques et
sociales on se basant sur l’examen d’un certain nombre d’indicateurs dans le temps comme
dans l’espace. Ce qui va nous permettre dans la troisième section de mieux comprendre
l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur l’économie marocaine en se basant sur l’étude
du degré de sensibilité de cette dernière à travers l’étude de l’évolution de ses principaux
.indicateurs économiques et sociales à l’avènement de la crise
Pour conclure notre article de recherche, nous proposons en quatrième section, les
scénarios qui peuvent faire l’objet de politiques économiques adaptées au contexte et aux
.potentialités du Maroc et ce à court et à long terme
Nous espérons apporter en tant que chercheurs en sciences économiques, un éclairage
objectif et scientifique de ce que peut faire la Maroc pour d’un côté éternuer les effets
néfastes de cette crise et profiter de
quelques opportunités qu’elle offre de l’autre côté. Cela reviens à repositionner le Maroc
dans la chaine de valeur mondiale. Tout cela sera possible grâce à un ensemble de
propositions en la matière. Il est à noter que pour un pays comme pour une entreprise dans
un milieu concurrentiel, l’idée est de trouver une stratégie émanant d’une vision globale, et
.donnant lieu à des objectifs et des moyens
Dans le contexte actuel, ou les changements dans les chaines de valeur mondiales mettent à
plat les différents pays et chamboulent les grandes puissances économiques, il s’agira de
chercher des stratégies qui prennent en compte les potentialités et les avantages
concurrentiels de chaque pays si l’objectif est de rattraper le retard et garantir un nouveau
départ vers un développement économique durable et une croissance soutenue et profitable
.à la population

Une réflexion théorique autour du concept développement-2

Il est à rappeler que les concepts de « la croissance et la compétitivité » l’ont emporté sur le
concept du « développement » durant la période de la fin du XXI siècle et début du XX. Les
mots tels que croissance et compétitivité sont les plus utilisés dans le vocabulaire des
institutions internationales comme la Banque mondiale, le FMI1 et l’OMC2, cédant le
concept du développement uniquement au PNUD3. Durant tout ce qui va suivre, nous
.n’allons pas traiter les différences majeures entre croissance et développement
Cependant, la conception du développement est en même temps une conception
stratégique et structurelle, elle est Qualifiée de stratégique car elle représente un projet et
structurelle puisqu’elle est un processus. Dans les deux cas, le développement se veut
comme objectif d’améliorer d’une manière significative, les conditions de vie de la
.population dans un cadre favorisant l’équité et l’inclusion sociale
Deux thèses ont marqué cette réflexion autour du développement4. La première analyse
étant libérale et considère le sous-développement comme « retard », une analyse associée
notamment aux travaux de l'américain Walt W. Rostow (1970). Selon son modèle, l’origine
du développement se base sur trois moteurs : l'urbanisation, l’industrialisation et l’économie
de marché. Toutefois, ce modèle n’a pas trouvé de grand succès dans la plupart des pays du
sud, dans lesquels on a assisté à une urbanisation sans industrialisation (Bairoch, 1997),
.exemple répondu dans les pays de l’Amérique latine
La deuxième analyse émane du courant marxiste, qui a considéré le sous-développement
comme « blocage », Amin (1970) et Emmanuel (1969) pour l'Afrique, Cardoso et Faletto
(1978) pour l'Amérique latine défendent une théorie de la dépendance des pays de la
périphérie (Sud) à l'égard des pays du centre (Nord). Selon eux, cette dépendance est tout à
.la fois, commerciale, technologique et financière
Depuis, un ensemble d’écoles de pensée autour du développement se sont ainsi succédées.
On citera d’une manière non exhaustive et très synthétique quelques principales écoles à
: savoir

Les classiques-2.1

Les pionniers de l’école classique notamment D.Ricardo avec les rendements décroissants,
T.Malthus avec la loi de la population et autres, sont plutôt pessimistes et préconisent que
dans un horizon de long terme, la croissance tend vers zéro puisque l’économie se retrouve
.dans un état stationnaire

La croissance est instable selon les post-keynésiens (Harrod, Domar).2.2


Selon l’école keynésienne, la demande joue un rôle prépondérant dans la croissance
économique. Dans sa Théorie générale, Keynes (1936) s’est focalisé uniquement sur le court
terme. On lui reproche de ne pas bâtir une théorie de la croissance économique à long
terme. Nourrient par l’objectif de remédier à cette insuffisance dans les travaux de Keynes,
deux économistes de la même école qui sont Roy Forbes Harrod (1939) et Evsey Domar
.(1947), ont travaillé sur un horizon temporel diffèrent et qui est le long terme
Après avoir démontré que la croissance est déséquilibrée et que l’investissement est à la fois
une composante de l’offre et une composante de la demande, ils montrent aussi que l’Etat à
un rôle à jouer dans la croissance à long terme en veillant à ce qu’elle soit équilibrée. « En
assouplissant et resserrant ses politiques conjoncturelles, l’Etat va ajuster la demande
.globale de manière à ce qu’elle s’équilibre avec l’offre globale »5

Le modèle néoclassique de Solow .2.3

Basé sur une vision de long terme, Robert Solow (1956) réalise le premier modèle de
croissance de l’école néoclassique. Selon ce modèle, afin que les entreprises puissent
produire des biens, elles combinent des facteurs de production à savoir le travail et le capital.
Ces entreprises font recourt à l’épargne des ménages pour investir et par conséquent
accroître leurs capacités de production. Ainsi et selon Solow, plus l’économie épargne, plus
les entreprises peuvent accumuler du capital. Toutefois, Solow fait l’hypothèse d’une
décroissance des productivités marginales c-à-d plus un travailleur dispose de machines,
moins la machine supplémentaire lui permet d’augmenter sa production. Autrement dit, plus
le stock de capital augmente, moins la production augmente rapidement. Le modèle met
donc l’accent sur le rôle prépondérant du progrès technique dans la croissance. Le modèle
de Solow défend donc l’idée essentielle qu’à long terme, le progrès technique est la seule
source de la croissance. Sans ce progrès technique, la croissance tend progressivement vers
zéro et l’économie stagne. Solow rejoint ici dans son modèle, l’idée des classiques selon
.laquelle l’économie converge vers un état stationnaire

Néanmoins, le modèle de Solow a été critiqué par la suite, surtout sur deux points essentiels,
le premier sur le fait de ne pas expliquer comment à long terme le progrès technique est si
important pour la croissance alors qu’il est une variable exogène dans ce modèle. Le
deuxième point concerne la variable de l’épargne qui stimule la croissance économique alors
que à court terme une hausse de l’épargne engendre une baisse des
.dépenses et par conséquent une récession ce qui va entraîner une hausse du chômage

Les théories de la croissance endogène.2.3

Dans le but d’expliquer le caractère cumulatif de la croissance et notamment la grande


question encore posée et qui consiste à s’interroger sur pourquoi certains pays n’arrivent pas
à entamer un processus de croissance ? Les théories de la croissance endogène ont vu le jour
.dans les années quatre-vingt du siècle précédent
Contrairement au modèle de Solow, les théories de la croissance endogène posent
l’hypothèse qui stipule que les rendements sont croissants surtout grâce aux externalités, et
défendent aussi l’idée que le progrès technique dépend surtout du comportement des
.agents économiques et par conséquent il est considéré donc comme variable endogène
Dans ce modèle on trouve un point de ressemblance avec le modèle de Solow qui se résume
dans l’idée que le progrès technique génère de la croissance économique, cette dernière
.mais en retour que même croissance génère aussi à son tour du progrès technique
A contrario, à la différence du modèle de Solow, les modèles de croissance endogène font
l’hypothèse que les rendements sont croissants (grâce aux externalités) et considèrent que le
progrès technique est endogène et dépend du comportement des agents. Autrement dit,
tout comme chez Solow, le progrès technique génère de la croissance économique ; en
parallèle, cette croissance économique participe en revanche à dynamiser davantage le
.progrès technique
: Ainsi, on note trois variantes de modèles dans les théories de la croissance endogène
 Le modèle de Robert Lucas (prix Nobel en 1995), donne un poids considérable pour le
capital humain dans la croissance. L’accumulation des connaissances et des compétences
rend le travailleur plus productif. Le capital humain est un facteur cumulatif, qui présente des
rendements croissants du fait que les connaissances et les compétences ne se détériorent
.pas
 Le modèle de Paul Romer qui de son côté donne de l’importance à la recherche-
.développement (R&D), et par conséquent de l'accumulation de capital technologique
 Le modèle de Robert Barro qui défend le rôle et la place de l’investissement public, de
l'accumulation de capital public, dans la croissance. Pour lui, les infrastructures publiques
(routes, aéroports, éclairage public, réseau de distribution d’eau, etc.) encouragent la
.productivité des agents privés et par conséquent l’activité économique
Bien que ces trois théoriciens fassent partie du courant néoclassique, qui par principe, contre
le recours aux politiques conjoncturelles pour stabiliser l’activité à court terme, ils restent
quand même favorables pour une intervention de l’Etat pour soutenir et améliorer la
croissance à long terme. Donc ils recommandent des
.politiques structurelles
Le capital humain, la recherche-développement et l’investissement public sont donc sources
de progrès
technique. Bien que ces trois auteurs soient néoclassiques et se montrent réticents à l’idée
d’utiliser les politiques conjoncturelles pour stabiliser l'activité à court terme, leurs théories
.suggèrent que l’intervention de l’Etat peut améliorer la croissance à long terme
Ils préconisent donc des politiques structurelles caractérisées par des actions comme le
développement des infrastructures et recherche d’externalités positives, l’investissement et
la favorisation du système éducation, l’encouragement et la stimulation la R&D,
l’encouragement des entreprises innovantes, ...En plus du progrès technique, le cadre
.institutionnel est aussi une variable explicative de la croissance économique
En effet, l'historien Douglass North, a démontré l'importance du cadre institutionnel dans le
processus de croissance notamment, la qualité de la gestion des administrations publiques et
la capacité des structures politiques à résister à la corruption. Il inclut dans ce cadre la
capacité du système juridique (lois, règlements, tribunaux) à protéger les droits de propriété,
ce qui garantit aux agents économiques de pouvoir disposer librement des biens qu'ils
possèdent et d'arbitrer entre leurs usages, en ayant la certitude de recevoir les bénéfices
éventuels issus de leurs décisions. Une situation politique stable ou une protection
rigoureuse des brevets protégeant l'innovation et sont, selon D. North, des incitations fortes
à l'initiative et au dynamisme économique, donc à la croissance de l'économie

Il est à noter que pour tous les théoriciens en développement cités dans cet article,
l’intervention de l’Etat est impérative pour garantir la mise en application des différents
facteurs explicatifs de la croissance. Cette intervention peut être explicite et direct à travers
les investissements publics, les politiques économiques et les réformes structurelles ou
encore implicites et indirectes à travers les incitations au capital humain via l’encouragement
.de l’innovation, l’entreprenariat et la promotion de l’emploi
La structure de l’économie marocaine.3
De par son histoire, sa position géographique privilégiée et de par ses spécificités
économiques, le
Maroc a choisi depuis l’indépendance, d’adopter un modèle économique libéral modéré. Son
économie se base principalement sur la demande extérieure à travers les exportations, les
transferts des Marocains Résidants à l’Etranger (MRE) et les Investissements Directs
.Etrangers (IDE)
Elle se base également sur la production des secteurs traditionnels d’agriculture et pêche,
.d’industrie et des services
Dans cette partie de notre article, nous proposons de faire une analyse chronologique depuis
2011 jusqu’au 2018 (selon les données officiellement publiées), et ce pour dégager les forces
et les faiblesses de la structure de l’économie marocaine et aussi pour pouvoir se projeter
dans l’avenir (surtout moyen et long terme) dans une perspective de repositionnement
.économique du Maroc après la pandémie du Covid-19
Cependant, nous proposons une méthode simpliste à l’aide d’une cartographie des trois
secteurs sur lesquels se base l’économie marocaine en termes de valeur ajoutée produite, en
.termes d’emplois crées, et en termes de structure des exportations et le solde commercial
La production de ces secteurs donne lieu à une structure économique plutôt basée sur les
services avec un PIB avoisinant les 50% et un taux d’emploi atteignant 40% (données de
.2018)8
Cette structure malgré le fait qu’elle ressemble aux structures des pays développés et qu’elle
traduit parfaitement une évolution de l’économie et de la demande marocaine, elle présente
des inconvénients, du fait qu’elle reste très vulnérable aux aléas climatiques et de demande
extérieure. Ceci parait clairement dans l’évolution des principaux indicateurs de performance
macro-économique, notamment la valeur ajoutée et les
.emplois crées dans les secteurs traditionnels à savoir l’agriculture, l’industrie et les services
effet, l’évolution des deux principaux indicateurs depuis 2011, témoigne de l’importance du
secteur
agricole dans la création de valeur ajoutée et son fort impact sur la valeur ajoutée nationale
.(graph 01)
En ce qui concerne la création de l’emploi, l’évolution des postes crées et des postes
supprimés donne lieu à une représentation de la moyenne générale des emplois crées
durant la période 2011 à 2018. Cette représentation (graph 02) démontre que le secteur des
services reste le premier recruteur et le recruteur le plus « stable »9 comparativement aux
autres secteurs. Le secteur industriel vient en 2ème position mais de manière plus modeste,
en raison des aléas techniques de certaines branches industrielles exportatrices en raison
notamment de
.la fluctuation de la demande extérieure
De ce fait, le secteur agricole malgré la fait qu’il emploie environ 40% la population active
(urbaine et
rurale), ces emplois sont plutôt saisonniers (78% des emplois du milieu rural) en fonction de
l’année agricole. Ainsi, malgré le fait qu’il a bénéficié ces dernières années d’une attention
particulière en termes de programmes d’investissements, notamment le Plan Maroc vert
lancé en 2008, qui a permis de réaliser un PIB moyen (entre
et 2017) supérieur à 106 milliards de dirhams/an soit +58% par rapport à la moyenne 2008
enregistrée entre 2000 et 2007 et le plan Halieutis lancé en 2009, dont l’objectif est la mise à
niveau et l’amélioration de la compétitivité du secteur de la pêche et des produits de la mer,
la performance du secteur agricole marocain évolue en dents de scie ( graph 3) en raison de
.sa forte dépendance des aléas climatiques
En ce qui concerne le secteur de l’industrie notamment, l’industrie des mines et l’industrie
de transformation graph 04. Ce secteur a connu plusieurs réformes structurelles visant à
augmenter la valeur ajoutée et la compétitivité des exportations des produits industriels
marocains. Il s’agit du plan d’accélération industrielle lancé entre 2006 et 2011et le plan
émergence lancé en
.2012
La perte d’emploi 2014, le recul du volume d’emploi dans ce secteur est le fait
principalement de la perte d’emplois par la branche du "textile, bonneterie et habillement"
et aussi des emplois non rémunérés en
. milieu rural10
Le secteur des services qui participe avec plus de 50% dont le PIB national est tiré vers le
haut
notamment, les dernières années graph 11, par le secteur du tourisme qui participe avec
11% à 13% au PIB national, suivi par le secteur des télécoms, le secteur des transports et le
.secteur du commerce
Les emplois créés au niveau de ce secteur, résultent principalement de la création de postes
par la
branche du "commerce de détail et réparation d’articles domestiques" et par celle des
"services personnels11. Cependant, en fonction de cette nomenclature, la structure
économique marocaine dépendant fortement de l’agriculture pour la création de la valeur
ajoutée et des services pour soutenir l’emploi ce qui signifie que la performance pour
l’économie marocaine est synonyme d’une bonne année agricole combinée avec une forte
.demande extérieure (Entrées de devise)
Ceci explique le choix fait par le Maroc de s’orienter depuis plusieurs années vers l’ouverture
de son
économie. Ce choix s’est concrétisé par l’adhésion à l’OMC en 1995, la signature de plusieurs
accords de libre- échange avec l’Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie et les pays de
l’accord d’Agadir. Le Royaume a
aussi signé de nombreux accords commerciaux avec d’autres pays, notamment africains. Le
résultat a été une hausse du taux d’ouverture de l’économie nationale qui est passé de 30%
en 2000 à 44% en 2018, tout en gardant une tendance haussière par rapport à la moyenne
.(37%) depuis 201012

les caractéristiques principales de l’offre exportable marocaine jusqu’à 2012, la concentration


de cette dernière sur quelques secteurs et sur quelques pays mais surtout la faiblesse
qualitative de l’offre de produits destinés à l’export. En revanche à partir de 2012, le Maroc a
changé de stratégie en vue d’améliorer la structure de ses exportations. En renforçant l’offre
des secteurs créateurs de plus forte ajoutée, notamment l’automobile, l’agro-alimentaire et
l’aéronautique. Cependant malgré ses efforts pour rendre les exportations plus
compétitives, le solde commercial est resté déficitaire avec 18,5% en 2018
Ce qui caractérise la performance des échanges commerciaux, c’est la forte dépendance des
importations en biens d’équipements et des produits énergétiques, ces derniers coutent
énormément au Maroc
.surtout que leurs cours dépendent fortement de l’offre et la demande mondiale
Cependant les exportations restent largement marquées par la prédominance des demi-
produits et des
produits finis de consommation (plus de la moitié des exportations totales)14. En 2012, ces
deux groupes représentaient environ 29% et 25%. Ces deux groupes sont eux même
dominés (3/4 environ) par quelques produits : les engrais naturels et chimiques (39,5%),
l’acide phosphorique (27.4%) et les composants électroniques (8,5%) pour les demi-
produits ; les vêtements confectionnés (42,9%) et les articles de bonneterie (17,2%) pour les
.produits finis de consommation
Une fois encore, la France et l’Espagne occupent une part notable dans les exportations de
.ces biens
Cette nomenclature a changé avec la mise en place des plans Maroc vert, plan Halieutis et le
plan d’accélération industrielle des secteurs créateurs de valeur ajoutée, l’offre exportable en
plus des produits des phosphates et dérivés devient plus intéressante et plus forte en termes
de valeur ajoutée notamment par le secteur automobile et le renforcement de l’offre agro-
.alimentaire
Cependant, depuis 2012, l’Etat marocain s’est engagé dans des projets de réformes pour
améliorer la structure des exportations (graph 14) grâce à l’introduction de nouvelle
approches industrielles appelés « écosystèmes » dans le secteur de l’automobile (hausse de
8,6% 2018/2017), le secteur agro-alimentaire (hausse 6,7% 2018/2017) et l’aéronautique
(une hausse de 3,1 Mdhs 2018/2017
Jusque-là, l’économie marocaine se portait bien et s’apprête à un décollage économique
soutenu grâce à beaucoup de chantiers lancés sur plusieurs secteurs d’activités, une stratégie
de développement basée sur la relance des secteurs créateurs de valeur ajoutée
notamment : l’agroalimentaire, l’industrie automobile, et les services. Le Maroc a tablé sur
un taux de croissance allant de 3 à 6% au dépend de la compagne agricole de
.2020
Ces stratégies ont été toutes suspendues à l’avènement de la crise sanitaire internationale
causée par la
pandémie du Covid-19. Ainsi, au bout de trois (03) mois d’activité, l’économie marocaine est
rentrée dans un état d’urgence qui a provoqué non seulement la fermeture des frontières au
commerce et aux rentrées des touristes mais aussi l’arrêt de machines productives internes
des principaux secteurs notamment l’industrie et les services (tourisme, transports,
.commerce)
L’impact du Covid -19 sur l’économie marocaine .4
Depuis Mars 2020, l’économie marocaine est rentrée dans un état d’urgence sanitaire. Ceci
qui a provoquée non seulement la fermeture des frontières au commerce et aux rentrées de
touristes mais aussi l’arrêt de la machine productive interne des principaux secteurs
notamment l’industrie, les services (tourisme, transports, commerce) ce qui a paralysé de
.façon brusque les mécanismes du marché à savoir l’offre et la demande
Selon le ministère de l’économie et des finances, le PIB national a perdu 06 points, la perte
.journalière de l’économie marocaine est estimée à un (01) Mdhs
Les rentrées de tourisme ont régressé de 60%, celles des marocains résidents à l’étranger de
30%, les exportations de 61,5%, les transports de 81%, les secteurs industriels également
avec -93% pour le secteur électronique, -96% les exportation automobile et -86,5% pour le
.secteur de textile et habillement
Cette situation a impacté aussi de manière directe l’emploi. Ainsi selon les résultats de
l’enquête de conjoncture de l’HCP sur les effets du covid19 sur l’activité des entreprises, 27%
des entreprises auraient dû réduire temporairement ou définitivement leurs effectifs, soit
.20% de la main d’œuvre des entreprises organisées
Ainsi, les secteurs les plus touchés en termes de perte ou réduction d’emploi seraient
principalement les services avec 245000 postes de travail, soit 17,5% de l’emploi total de ce
secteur1
Ainsi, les branches d’activité les plus affectées sont, l’industrie d’habillement, l’hébergement,
les bâtiments et travaux publics, et la restauration avec une réduction respective des effectifs
de 34%, 31%, 27 et 26%. Plus de 50% des entreprises ont arrêté leur production, le reste ont
dû réduire leur activité pour s’adapter aux conditions imposées par la conjoncture. Ainsi si on
prend les catégories de ces entreprises, le HCP, déclare
.que 49% des entreprises sont des TPME (très petite et moyenne entreprise)
Cette réduction a concerné surtout les secteurs de construction, les services. et enfin
l’industrie
Pour les entreprises exportatrices, la crise sanitaire a touché la totalité des pays clients et .
fournisseurs du
pays. De ce fait, 67% des entreprises exportatrices ont été impactées par la crise sanitaire
(selon l’enquête HCP). En termes de production 1/9 ont arrêté définitivement leur
production tant dis que 5/9 ont procédé à un arrêt temporaire alors qu’un tiers des
entreprises reste encore en activité avec une réduction de leurs productions. En matière
d’emploi, plus de 133 000 emplois auraient été réduits au niveau du secteur exportateur, ce
qui représente 18% des emplois réduits tous secteurs confondus (726 000). Cependant les
entreprises exportatrices opérant dans le textile et cuir sont classées premier avec une
réduction de 50 000 emplois, soit 62% du total réduit de ce secteur, 14 000 emplois réduits
au niveau du secteur de l’industrie métallique et mécanique, 11 000 dans le secteur agro-
alimentaire, et 10 000 emplois sont réduits au niveau des entreprises exportatrices des
produits chimiques et par-chimiques. Face à cette situation, le Maroc à l’instar de tous les
pays devrait prendre des mesures en urgence pour limiter la perte. La priorité est donnée à
la population Marocaine. Dans ce sens, l’Etat Marocain a bien rempli son rôle d’Etat
souverain et de l’Etat providence. La crise sanitaire liée au COVID-19 a impacté également le
commerce extérieur du Maroc et a entrainé une baisse au niveau des importations et des
exportations des marchandises respectivement de -21Mds de DH et -20Mds de DH à fin
d’avril 2020. Soit une baisse de - 12,6% au niveau des importations et -19,7% au niveau des
importations, par rapport à la même période en 2019. Cette baisse est due essentiellement
au niveau des exportations suite à la diminution des ventes de la majorité des secteurs, tels
que (comparaison entre les chiffres d’avril 2018 et d’avril
: )2020
Il a fallu penser à gérer avec ses propres moyens surtout que l’impact été direct en même
temps sur l’offre (les entreprises privées et publiques) par l’arrêt de la production et sur la
,demande (le consommateur) par le confinement et la réduction des emplois
Ainsi les mesures prises par le Maroc ont concerné ses deux volets, sauf que cela n’a été
.possible qu’après avoir fixé les moyens financiers pour les mettre en œuvre
Pour cela, sa majesté le Roi Mohammed 6 avait ordonné de créer un fond spécial pour la
gestion de la pandémie du nouveau Coronavirus (COVID-19) doté solidarité avec comme
première contribution 10 Mdhs, et pour ce faire le Maroc va recourir à la ligne de précaution
et de liquidité (LPL) du Fonds monétaire international (FMI) pour un montant de3 milliards
.de dollar
Ces mesures ont eu un impact sur les finances publiques et le budget général de l’Etat. Les
dépenses publiques ont été augmentées et complètement déséquilibrées et résident difficile
.à définir

Les scenarios possibles face à une crise de l’offre et de la demande .5


La relance », le mot d’ordre de l’après COVID. Tous les pays sont entrains de chercher des
politiques économiques efficaces et efficiences pour sortir du « gouffre » causé et aggravé
.par la crise sanitaire 2019_2020
Se basant sur les faits réels, le Maroc a perdu des points sur tous ces indicateurs
.économiques et sociaux
La valeur ajoutée crée, l’emploi, la consommation, les investissements, les exportations, les
recettes budgétaires, la dette ... Le Maroc est devant un défi économique et social double. Il
doit prendre des décisions
.pour relancer à la fois la demande et l’offre
Les mesures prises jusqu’au là sont d’ordre conjoncturelle et urgentes. L’intervention de
l’Etat s’est
faite de manière directe pour atténuer les dégâts. La création de fonds national d’aide contre
le Corona virus, les aides financières attribuées aux entreprises, les aides financières
attribuées aux familles, les actions sociales d’aide à la communauté informelle, beaucoup
d’actions et de mesures de « sauvetage » qu’un pays avec peu de ressources comme le
Maroc, ne pourrait pas maintenir pour longtemps. Les pouvoirs publics et l’Etat doit sortir
avec des scénarios de politiques économiques structurelles, dont les résultats seront
ressentis à moyen et long
terme. Le Maroc en tant que pays en développement doit chercher à capitaliser sur ses
propres moyens. Théoriquement, il n’existe pas de solutions ni de politiques économiques
qui solutionnent à la fois une crise de l’offre et une crise de la demande. Aucun modèle
économique, n’a la capacité d’agir simultanément sur les deux variables. Cependant, le
Maroc étant une économie ouverte devrait capitaliser sur ses marchés extérieurs mais en
même temps revoir les potentialités de son marché intérieur. Sans parler du régime politique
au Maroc, les pouvoirs publics présidés par le Roi ont compris que la relance passe d’abord
par une intervention de l’Etat, le principe de la main invisible étant anéanti, l’Etat reprend sa
souveraineté économique et financière sur l’économie. Dans le contexte actuel, l’Etat avec
tous ses mécanismes, est l’acteur économique « catalyseur » de la relance. On est dans un
circuit économique17 ouvert avec différents acteurs créateurs de valeur dont la performance
.dépend surtout du rôle effectif de l’Etat
Selon ce schéma modèle, on distingue deux blocs d’intervenants : le bloc des « créateurs de
.» richesse » et le bloc des « boosters
terme. Le Maroc en tant que pays en développement doit chercher à capitaliser sur ses
propres moyens. Théoriquement, il n’existe pas de solutions ni de politiques économiques
qui solutionnent à la fois une crise de l’offre et une crise de la demande. Aucun modèle
économique, n’a la capacité d’agir simultanément sur les deux variables. Cependant, le
Maroc étant une économie ouverte devrait capitaliser sur ses marchés extérieurs mais en
même temps revoir les potentialités de son marché intérieur. Sans parler du régime politique
au Maroc, les pouvoirs publics présidés par le Roi ont compris que la relance passe d’abord
par une intervention de l’Etat, le principe de la main invisible étant anéanti, l’Etat reprend sa
souveraineté économique et financière sur l’économie. Dans le contexte actuel, l’Etat avec
tous ses mécanismes, est l’acteur économique « catalyseur » de la relance. On est dans un
circuit économique17 ouvert avec différents acteurs créateurs de valeur dont la performance
.dépend surtout du rôle effectif de l’Etat
Selon ce schéma modèle, on distingue deux blocs d’intervenants : le bloc des « créateurs de
.» richesse » et le bloc des « boosters
.Les « créateurs de richesse sont : les ménages, les entreprises privées et publiques
 Le ménage une notion économique qui peut être défini18 comme « un centre de décision
en matière de consommation, il regroupe tous les individus physiques qui se soumettent
volontairement au plan de dépenses lui sont soumis par la contrainte ou du fait de leur
incapacité naturelle, ce qui est le cas des enfants » il est le déclencheur de l’opération de
consommation et représente la demande dans sa forme globale qui stimule la production et
l’investissement des entreprises privées et publiques. Il est aussi contribuable et participe à
.l’augmentation des recettes de l’Etat
 L’entreprise, Selon H. TRUCHY, une entreprise est « toute organisation dont l'objet est de
pouvoir à la production, à l'échange ou à la circulation des biens ou des services... C'est
l'unité économique dans laquelle sont groupés et coordonnés les facteurs humains et
.» matériels de l'activité économique
 L’entreprise, crée de la valeur de manière directe dans l’opération de l’’investissement et la
production, et de manière indirecte dans l’opération de consommation intermédiaire, de
.distribution des salaires et de paiement des impôts
 L’Etat, représenté par les administrations publiques a pour rôle d’offrir les infrastructures
nécessaires aux acteurs producteurs en vue de produire. L’Etat a également pour rôle
d’assurer un cadre institutionnel et réglementaire pour protéger les intérêts et les droits des
différentes composantes de l’économie. Son rôle réside également dans la redistribution des
richesses à travers la collecte des impôts à travers les recettes publiques en vue de les
.redéployer à travers les dépenses publiques
 Les institutions financières, forment un acteur majeur dans toute économie moderne, leur
rôle est principalement le financement des agents économiques. Les consommateurs et
investisseurs, à travers des mesures incitatives telles que la baisse des taux d’intérêt des
crédits à la consommation et d’investissement. Les producteurs, à travers l’allégement des
procédures d’octroi de financement d’exploitation et d’investissement, la baisse des taux de
crédits d’investissement et d’équipement, la disponibilité d’options avantageuses en termes
.de garanties et de recouvrement contre les risques conjoncturels et structurels
De ce fait, pour relancer une économie, il faut des politiques économiques agissant sur l’offre
.et la demande à court, moyen et long terme
Pour relancer la demande à court et moyen terme, l’Etat en collaboration avec les
institutions financières et Banque El Maghreb ont bien pensé d’introduire des mesures
financières de sauvegarde au profit des entreprises à travers la création de fonds financiers
et de programmes nationaux de garantie aux investisseurs et au profit des ménages à travers
la distribution d’aides financières aux personnes ayant subi directement ou indirectement les
.effets de la crise
Certes, ces mesures ont permis de garder un niveau acceptable de la demande nationale à
court terme, malgré la dégradation de l’ensemble des indicateurs macro-économiques.
Cependant, à long terme, l’Etat marocain, ne saurait pas maintenir cette politique à l’instar
des pays développés. Pour cette raison, le rôle de l’Etat et des institutions financières doit
.être maintenu mais de manière différente
CONCLUSION .6
L’économie marocaine a sévèrement été impactée par les retombés économiques de la crise
du covid- 19. La gestion de la cette crise a fait réveiller le besoin vital de l’anticipation comme
moyen efficace pas seulement pour gérer et dépasser la crise mais pour en tirer profit. Le
besoin de l’adoption d’une politique de veille stratégique au niveau des entreprises
(microéconomique) ainsi qu’au niveau national (macroéconomique) est de première
.nécessité
La relance sera graduellement mais néanmoins dans quelques secteurs dits stratégique pour
le Maroc ne le sera pas dans le court terme. Si par exemple un optimiste s’affiche pour le
secteur de l’automobile, l’autre
secteur qui est l’aéronautique et le spatial aura du mal à retrouver son état normal dans le
court terme. Donc une politique adapté aux particularités de chaque secteur est fortement
.sollicitée
Cette crise a été plein de leçons. Le monde tout entier recommande par exemple de changer
la dépendance mondiale envers la chine. On assistera fort probablement à un changement
dans la chaine logistique mondiale. C’est dans ce sens que le Maroc est amené à saisir cette
opportunité en se démarquant comme une alternative pour pas mal d’investissement. Les
métiers traditionnels du Maroc sont aussi à revoir. Le but est de se positionner dans la chaine
de valeur mondiale non plus dans la sous-traitance dans la production de quelques
composantes ou dans l’assemblage de sous-systèmes, mais aussi bien le service, la
conception et la fabrication à forte valeur ajoutée comme par exemple l’intégration majeure
et l’intégration modulaire pour le cas de l’industrie aéronautique et spatiale. Une révision
des métiers mondiaux du Maroc est fortement demandée afin de s’adapter rapidement avec
la nouvelle configuration de la chaine de valeur mondiale. Pour beaucoup de considérations
objectives donc, le Maroc est amené à se repositionner dans la nouvelle chaine de valeur
mondiale qui s’installe nettement, en se distinguant comme zone attractive pour
.l’investissement à valeur ajoutée
Le discours royal, lors de la session d’ouverture du parlement octobre 2020, a bien souligné
les grandes lignes de la politique économique de l’Etat marocain à moyen et long terme.
L’enjeu est de grande taille. Il a rappelé les piliers de l’économie marocaine et les secteurs
prioritaires sur lesquels il faut miser la réforme. Il a rappelé l’importance du facteur humain
dans le projet de relance économique du Maroc et la nécessité de mettre à niveau les
mécanismes de la bonne gouvernance de l’administration publique. Le facteur humain étant
cité, dans le modèle de développement proposé par Solow comme étant un levier de la
croissance à travers l’innovation, l’entreprenariat et le progrès technique, cité également
dans le modèle de Douglass North étant le catalyseur et le facteur de réussite d’un cadre
institutionnel performant et sain. Encourageant les investissements nationaux et étrangers,
encourageant l’entreprenariat et l’innovation des jeunes et garantissant la création de la
valeur ajoutée source de croissance économique et du développement durable. Avant de
conclure, nous exposons les différents scénarios du point de vue économique pour la
période après crise du covid-19. Ces différents scénarios ont été publié dans une étude
.menée par Attijari Global Research

Vous aimerez peut-être aussi