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Le modèle économique marocain est qualifié de libéralisme rationnel, il se veut comme un
modèle qui n’est ni du capitalisme sauvage, ni du libéralisme ultra-libéral. Un Modèle-IDE ou
modèle-plate-forme, par référence au rôle central attribué aux Investissements directs
étrangers. Conscient que ce modèle a atteint ses limites, le Maroc est toujours dans l’attente
de son nouveau modèle de développement. Une Commission Spéciale sur le Modèle de
Développement (CSMD) a été nommée dans ce sens par le roi du Maroc en décembre 2019
dont siège trente-cinq (35) membres avec une triple mission de "réajustement",
"anticipation" et "prospective" pour permettre au pays d’aborder l’avenir avec sérénité et
assurance, a indiqué le Roi à l’occasion du 66e anniversaire de la Révolution du Roi et du
.Peuple
Dans l’attente de dévoiler les résultats de cette commission chargée de nouveau modèle
Marocain de développement, il est à rappeler que le Maroc a connu suite aux
recommandations du Fond Monétaire international et de la Banque mondiale dans les
années quatre-vingt, l’adoption du « Programme d’ajustement structurel » (PAS). Ce
programme, qui a duré dix (10) ans, avait recommandé principalement au Maroc plus
d’ouverture pour une meilleure insertion dans l’économie mondiale, la privatisation de ses
entreprises publiques, la libéralisation des prix et une réduction significative des dépenses à
.caractère sociale comme la santé et l’éducation
Le Programme d’ajustement structurel avait pour objectif de restructurer l’économie
Marocaine, cependant, ce dernier a engendré des échecs sociaux dont les retombés
persistent toujours. Ainsi pour riposter à ce modèle, qui a eu comme conséquences
majeures, une dégradation dans la qualité des services publics (la santé et l’enseignement),
la dégradation de la compétitivité des produits nationaux suite à la concurrence des produits
importés. On enregistre l’émergence de ce qu’on appelle aujourd’hui «l’économie populaire,
sociale et solidaire » dont les principes sont opposés à ceux du « Programme d’ajustement
.» structurel
Dans ce papier de recherche, nous comptons faire un passage sur l’histoire du
développement économique selon les économistes ainsi que le vécu de l’économie
marocaine à l’époque actuelle, à la lumière des résultats des politiques économiques mises
en place depuis la fin du PAS. L’objectif étant de comprendre et ressortir les points forts et les
points faibles de l’économie marocaine pour pouvoir faire un essaie de projection dans le
futur, tenant compte du contexte actuel, à savoir la crise économique mondiale causée par le
.Covid-19
Pour se faire, nous avons prévu d’organiser notre papier de recherche en sections, dont la
première sera consacrée à une réflexion théorique autour de la notion du développement et
de croissance économique des pays, ses origines, ses limites ainsi que les conditions
contextuelles que cela nécessite. Dans la deuxième section nous tenterons de positionner le
Maroc dans le schéma mondial à travers l’étude de ses performances économiques et
sociales on se basant sur l’examen d’un certain nombre d’indicateurs dans le temps comme
dans l’espace. Ce qui va nous permettre dans la troisième section de mieux comprendre
l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur l’économie marocaine en se basant sur l’étude
du degré de sensibilité de cette dernière à travers l’étude de l’évolution de ses principaux
.indicateurs économiques et sociales à l’avènement de la crise
Pour conclure notre article de recherche, nous proposons en quatrième section, les
scénarios qui peuvent faire l’objet de politiques économiques adaptées au contexte et aux
.potentialités du Maroc et ce à court et à long terme
Nous espérons apporter en tant que chercheurs en sciences économiques, un éclairage
objectif et scientifique de ce que peut faire la Maroc pour d’un côté éternuer les effets
néfastes de cette crise et profiter de
quelques opportunités qu’elle offre de l’autre côté. Cela reviens à repositionner le Maroc
dans la chaine de valeur mondiale. Tout cela sera possible grâce à un ensemble de
propositions en la matière. Il est à noter que pour un pays comme pour une entreprise dans
un milieu concurrentiel, l’idée est de trouver une stratégie émanant d’une vision globale, et
.donnant lieu à des objectifs et des moyens
Dans le contexte actuel, ou les changements dans les chaines de valeur mondiales mettent à
plat les différents pays et chamboulent les grandes puissances économiques, il s’agira de
chercher des stratégies qui prennent en compte les potentialités et les avantages
concurrentiels de chaque pays si l’objectif est de rattraper le retard et garantir un nouveau
départ vers un développement économique durable et une croissance soutenue et profitable
.à la population
Il est à rappeler que les concepts de « la croissance et la compétitivité » l’ont emporté sur le
concept du « développement » durant la période de la fin du XXI siècle et début du XX. Les
mots tels que croissance et compétitivité sont les plus utilisés dans le vocabulaire des
institutions internationales comme la Banque mondiale, le FMI1 et l’OMC2, cédant le
concept du développement uniquement au PNUD3. Durant tout ce qui va suivre, nous
.n’allons pas traiter les différences majeures entre croissance et développement
Cependant, la conception du développement est en même temps une conception
stratégique et structurelle, elle est Qualifiée de stratégique car elle représente un projet et
structurelle puisqu’elle est un processus. Dans les deux cas, le développement se veut
comme objectif d’améliorer d’une manière significative, les conditions de vie de la
.population dans un cadre favorisant l’équité et l’inclusion sociale
Deux thèses ont marqué cette réflexion autour du développement4. La première analyse
étant libérale et considère le sous-développement comme « retard », une analyse associée
notamment aux travaux de l'américain Walt W. Rostow (1970). Selon son modèle, l’origine
du développement se base sur trois moteurs : l'urbanisation, l’industrialisation et l’économie
de marché. Toutefois, ce modèle n’a pas trouvé de grand succès dans la plupart des pays du
sud, dans lesquels on a assisté à une urbanisation sans industrialisation (Bairoch, 1997),
.exemple répondu dans les pays de l’Amérique latine
La deuxième analyse émane du courant marxiste, qui a considéré le sous-développement
comme « blocage », Amin (1970) et Emmanuel (1969) pour l'Afrique, Cardoso et Faletto
(1978) pour l'Amérique latine défendent une théorie de la dépendance des pays de la
périphérie (Sud) à l'égard des pays du centre (Nord). Selon eux, cette dépendance est tout à
.la fois, commerciale, technologique et financière
Depuis, un ensemble d’écoles de pensée autour du développement se sont ainsi succédées.
On citera d’une manière non exhaustive et très synthétique quelques principales écoles à
: savoir
Les classiques-2.1
Les pionniers de l’école classique notamment D.Ricardo avec les rendements décroissants,
T.Malthus avec la loi de la population et autres, sont plutôt pessimistes et préconisent que
dans un horizon de long terme, la croissance tend vers zéro puisque l’économie se retrouve
.dans un état stationnaire
Basé sur une vision de long terme, Robert Solow (1956) réalise le premier modèle de
croissance de l’école néoclassique. Selon ce modèle, afin que les entreprises puissent
produire des biens, elles combinent des facteurs de production à savoir le travail et le capital.
Ces entreprises font recourt à l’épargne des ménages pour investir et par conséquent
accroître leurs capacités de production. Ainsi et selon Solow, plus l’économie épargne, plus
les entreprises peuvent accumuler du capital. Toutefois, Solow fait l’hypothèse d’une
décroissance des productivités marginales c-à-d plus un travailleur dispose de machines,
moins la machine supplémentaire lui permet d’augmenter sa production. Autrement dit, plus
le stock de capital augmente, moins la production augmente rapidement. Le modèle met
donc l’accent sur le rôle prépondérant du progrès technique dans la croissance. Le modèle
de Solow défend donc l’idée essentielle qu’à long terme, le progrès technique est la seule
source de la croissance. Sans ce progrès technique, la croissance tend progressivement vers
zéro et l’économie stagne. Solow rejoint ici dans son modèle, l’idée des classiques selon
.laquelle l’économie converge vers un état stationnaire
Néanmoins, le modèle de Solow a été critiqué par la suite, surtout sur deux points essentiels,
le premier sur le fait de ne pas expliquer comment à long terme le progrès technique est si
important pour la croissance alors qu’il est une variable exogène dans ce modèle. Le
deuxième point concerne la variable de l’épargne qui stimule la croissance économique alors
que à court terme une hausse de l’épargne engendre une baisse des
.dépenses et par conséquent une récession ce qui va entraîner une hausse du chômage
Il est à noter que pour tous les théoriciens en développement cités dans cet article,
l’intervention de l’Etat est impérative pour garantir la mise en application des différents
facteurs explicatifs de la croissance. Cette intervention peut être explicite et direct à travers
les investissements publics, les politiques économiques et les réformes structurelles ou
encore implicites et indirectes à travers les incitations au capital humain via l’encouragement
.de l’innovation, l’entreprenariat et la promotion de l’emploi
La structure de l’économie marocaine.3
De par son histoire, sa position géographique privilégiée et de par ses spécificités
économiques, le
Maroc a choisi depuis l’indépendance, d’adopter un modèle économique libéral modéré. Son
économie se base principalement sur la demande extérieure à travers les exportations, les
transferts des Marocains Résidants à l’Etranger (MRE) et les Investissements Directs
.Etrangers (IDE)
Elle se base également sur la production des secteurs traditionnels d’agriculture et pêche,
.d’industrie et des services
Dans cette partie de notre article, nous proposons de faire une analyse chronologique depuis
2011 jusqu’au 2018 (selon les données officiellement publiées), et ce pour dégager les forces
et les faiblesses de la structure de l’économie marocaine et aussi pour pouvoir se projeter
dans l’avenir (surtout moyen et long terme) dans une perspective de repositionnement
.économique du Maroc après la pandémie du Covid-19
Cependant, nous proposons une méthode simpliste à l’aide d’une cartographie des trois
secteurs sur lesquels se base l’économie marocaine en termes de valeur ajoutée produite, en
.termes d’emplois crées, et en termes de structure des exportations et le solde commercial
La production de ces secteurs donne lieu à une structure économique plutôt basée sur les
services avec un PIB avoisinant les 50% et un taux d’emploi atteignant 40% (données de
.2018)8
Cette structure malgré le fait qu’elle ressemble aux structures des pays développés et qu’elle
traduit parfaitement une évolution de l’économie et de la demande marocaine, elle présente
des inconvénients, du fait qu’elle reste très vulnérable aux aléas climatiques et de demande
extérieure. Ceci parait clairement dans l’évolution des principaux indicateurs de performance
macro-économique, notamment la valeur ajoutée et les
.emplois crées dans les secteurs traditionnels à savoir l’agriculture, l’industrie et les services
effet, l’évolution des deux principaux indicateurs depuis 2011, témoigne de l’importance du
secteur
agricole dans la création de valeur ajoutée et son fort impact sur la valeur ajoutée nationale
.(graph 01)
En ce qui concerne la création de l’emploi, l’évolution des postes crées et des postes
supprimés donne lieu à une représentation de la moyenne générale des emplois crées
durant la période 2011 à 2018. Cette représentation (graph 02) démontre que le secteur des
services reste le premier recruteur et le recruteur le plus « stable »9 comparativement aux
autres secteurs. Le secteur industriel vient en 2ème position mais de manière plus modeste,
en raison des aléas techniques de certaines branches industrielles exportatrices en raison
notamment de
.la fluctuation de la demande extérieure
De ce fait, le secteur agricole malgré la fait qu’il emploie environ 40% la population active
(urbaine et
rurale), ces emplois sont plutôt saisonniers (78% des emplois du milieu rural) en fonction de
l’année agricole. Ainsi, malgré le fait qu’il a bénéficié ces dernières années d’une attention
particulière en termes de programmes d’investissements, notamment le Plan Maroc vert
lancé en 2008, qui a permis de réaliser un PIB moyen (entre
et 2017) supérieur à 106 milliards de dirhams/an soit +58% par rapport à la moyenne 2008
enregistrée entre 2000 et 2007 et le plan Halieutis lancé en 2009, dont l’objectif est la mise à
niveau et l’amélioration de la compétitivité du secteur de la pêche et des produits de la mer,
la performance du secteur agricole marocain évolue en dents de scie ( graph 3) en raison de
.sa forte dépendance des aléas climatiques
En ce qui concerne le secteur de l’industrie notamment, l’industrie des mines et l’industrie
de transformation graph 04. Ce secteur a connu plusieurs réformes structurelles visant à
augmenter la valeur ajoutée et la compétitivité des exportations des produits industriels
marocains. Il s’agit du plan d’accélération industrielle lancé entre 2006 et 2011et le plan
émergence lancé en
.2012
La perte d’emploi 2014, le recul du volume d’emploi dans ce secteur est le fait
principalement de la perte d’emplois par la branche du "textile, bonneterie et habillement"
et aussi des emplois non rémunérés en
. milieu rural10
Le secteur des services qui participe avec plus de 50% dont le PIB national est tiré vers le
haut
notamment, les dernières années graph 11, par le secteur du tourisme qui participe avec
11% à 13% au PIB national, suivi par le secteur des télécoms, le secteur des transports et le
.secteur du commerce
Les emplois créés au niveau de ce secteur, résultent principalement de la création de postes
par la
branche du "commerce de détail et réparation d’articles domestiques" et par celle des
"services personnels11. Cependant, en fonction de cette nomenclature, la structure
économique marocaine dépendant fortement de l’agriculture pour la création de la valeur
ajoutée et des services pour soutenir l’emploi ce qui signifie que la performance pour
l’économie marocaine est synonyme d’une bonne année agricole combinée avec une forte
.demande extérieure (Entrées de devise)
Ceci explique le choix fait par le Maroc de s’orienter depuis plusieurs années vers l’ouverture
de son
économie. Ce choix s’est concrétisé par l’adhésion à l’OMC en 1995, la signature de plusieurs
accords de libre- échange avec l’Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie et les pays de
l’accord d’Agadir. Le Royaume a
aussi signé de nombreux accords commerciaux avec d’autres pays, notamment africains. Le
résultat a été une hausse du taux d’ouverture de l’économie nationale qui est passé de 30%
en 2000 à 44% en 2018, tout en gardant une tendance haussière par rapport à la moyenne
.(37%) depuis 201012