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Alternatives Managériales Economiques

E-ISSN : 2665-7511
https://revues.imist.ma/?journal=AME

ECHAOUI &SKIKRA / Revue AME Vol 2, No 2 (Avril, 2021) 450-469

Dépenses publiques et croissance économique au Maroc :


Essai de modélisation, ECHAOUI, A.1 et SKIKRA, A.2

1. Professeur, FSJES Souissi, abdelah.echaoui@um5.ac.ma


2. Doctorant, FSJES Souissi, abdilah.14519@gmail.com

Date de soumission : 15/02/2021 Date d’acceptation : 24/04/2021

Résumé :

La présente recherche ambitionne à déterminer, l’effet des dépenses publiques sur la croissance
économique au Maroc, de période 1980-2016.

Pour ce faire, nous avons opté pour une approche quantitative mettant en évidence des analyses
statistiques des variables étudiées, et une étude économétrique basée la régression linéaire
multiple à travers la méthode des moindres carrés ordinaires.

Les résultats obtenus de cette étude montrent que les dépenses publiques des fonctionnements
et des investissements ont un effet positif faiblement significatif sur la croissance économique.
Cependant les dépenses publiques relatives à la dette n’ont pas un effet significatif sur la
croissance économique au Maroc.

Mots- clés : Dépenses publiques ; Croissance économique ; RLM .

Public expenditure and economic growth in Morocco: model test

Abstract:

This research aims to determine the nature of the relationship between public spending and
economic growth in Morocco from 1980-2016.

To do so, we opted for a quantitative approach highlighting statistical analyses of the variables
studied, and an econometric study based on multiple linear regression through the ordinary least
squares method.

The results obtained from this study show that public spending on operations and investments
have a weakly significant positive effect on economic growth. However, public spending on debt
does not have a significant effect on economic growth in Morocco.

Key words: public expenditure; Economic growth; OLS.

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Introduction :

Les dépenses publiques constituent un outil parmi d’autres, dont l’Etat utilisent pour atteindre
leurs objectifs (le plein emploi, stabilité des prix, balance commerciale et le taux de croissance),
ces objectifs sont atteints en combinaisons de différentes politiques économiques, notamment la
politique budgétaire.
En effet, les autorités marocaines adoptent cette politique par le biais des dépenses publiques
pour aboutir une croissance au moins globale et durable. À titre d’exemple, une augmentation
des dépenses d’investissement peut engendrer plus d’emplois qui, par conséquence, augmente
à son tour la consommation, la croissance économique mesurée par le PIB.

La discussion sur la relation existante entre les dépenses publiques et la croissance économique
n’est pas récente, il a été au centre des préoccupations des différentes courants économiques, à
savoir les classiques et les keynésienne.
Le premier courant qui voyait l’intervention de l’Etat par le mécanisme des dépenses publiques,
exerce généralement des effets défavorables en réduisant le rythme de croissance. Pour ce
courant le rôle de l’Etat doit être limité à l’exercice des fonctions régaliennes, cette vision du rôle
de l’Etat exige l’existence d’un budget limité qui sert juste à assurer l’exercice des fonctions
régaliennes, ceci implique des dépenses restreintes de l’Etat ainsi qu’une source de financement
unique.

Contrairement à la conception classique, celle keynésienne implique l’intervention de l’Etat dans


l’activité économique, l’Etat doit intervenir dans plusieurs secteurs d’activité économique,
notamment dans le secteur d’infrastructure, santé et d’éducation etc, pour corriger le
dysfonctionnement. Cette intervention va implique une augmentation des dépenses publiques
afin d’aboutir à une croissance remarquable et durable.

L’objectif de ce papier est d’étudier l’impact des dépenses publiques sur la croissance
économique au Maroc. De ce fait, notre problématique sera la suivante : Dans quelle mesure les
dépenses publiques marocaines impact-elles la croissance économique ?

Dans cette perspective, le présent document est structuré de la manière suivante. Dans
un premier lieu, nous aborderons les fondements théoriques de la relation liant les dépenses
publiques et la croissance économique de l’État, passant par les études empiriques effectuées
dans le cas du Maroc. Dans une deuxième partie, nous allons essayer de modéliser l’impact des
dépenses publiques sur la croissance économique par la méthode de régression multiple (RLM).

1. Revue de littérature théorique et empirique

Le présent chapitre décrit les débats théoriques et empiriques de l’impact des dépenses publiques
sur la croissance économique. Tout d’abord nous allons présenter les fondements théoriques et
les outils quantitatifs utilisés avant d’aborder dans la deuxième et la troisième section, la revue
de la littérature empirique et surtout pour le cas du Maroc.

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1.1. Revue de littérature théorique

Au regard de la littérature économique, plusieurs analyses ont été faites quant à ce qui concerne
les dépenses publiques et la croissance économique. Cette relation était au centre des
préoccupations des économistes classiques, néoclassique et keynésiens.
En effet, jusqu'au début du vingtième siècle, les idées du « laissez-faire » prédominaient parmi
les centres de discussion économique. Cette doctrine a été fondée sur l’hypothèse que le rôle de
l’État était le maintien de l’ordre public et la réalisation des missions régaliennes, c’est la
conception de l’État-Gendarme. Selon cette conception, le Budget de l’État avait pour mission de
financer la force publique, la justice, la diplomatie. Toute autre dépense publique, surtout dans
le secteur économique et social, ne répondait pas, selon les classiques, au rôle de l’État et portait
atteinte à la liberté individuelle, à l’initiative privée et aux lois naturelles de l’économie du
marché. Ainsi le courant libéral ou classique, prône le libéralisme économique et l’abstention de
l’État dans l’économie. Il faut promouvoir le laisser-faire et laisser les marchés s’autoréguler par
le biais de la main invisible chère à Adam Smith.

Les économistes keynésiens avaient une autre vision opposée à celle des classiques. En effet, la
pensé keynésienne a attribué à l’autorité publique un rôle indispensable dans la sphère
économique par le biais des dépenses publiques. Ainsi, l’action publique doit intervenir en
matière économique en effectuant des dépenses additionnelles lorsque l’activité baisse. Ces
dépenses vont réanimer la demande qui va influencer la production et par conséquent l’emploi.
Cependant, lorsque l’économie d’un pays est en situation de surchauffe, l’État réduit cette
pression en réduisant ses dépenses lorsque le revenu national augmente et que les prix montent
de manière excessive ou que l’investissement dépasse les possibilités d’épargne.

L’apparition des nouvelles théories qui expliquent la croissance durant les trente glorieuses va
donner une autre vision de la problématique en question. Les néoclassiques montrent que la
croissance économique se fait par le progrès technique en lui considérant comme élément
exogène. Alors que les fondateurs de la théorie de croissance endogène vont considérer ce
progrès technique comme élément endogène.

1.1.1. Le modèle de SOLOW

Pour les néoclassiques le premier modèle de croissance a été réalisé par SOLOW en 1956 dans une
perspective de long terme, ce dernier a fait introduire le progrès technique comme un élément
essentiel dans l’établissement de la croissance. L’idée de SOLOW rejoint donc celle des
néoclassiques selon laquelle l’économie converge vers un état stationnaire1.

Dans ce modèle, il y’a une combinaison entre le travail et le capital pour produire des biens par
les entreprises. Ces dernières utilisent l’épargne des ménages pour investir et donc accroître les

1
En économie, un état stationnaire désigne une économie dont les activités sont relativement stables, ne
favorisant ainsi ni la croissance ni la décroissance de celle-ci.

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capacités de production. Ainsi, les entreprises peuvent accumuler plus de capital dans une
économie ou il y a plus d’épargne.
Le modèle de SOLOW n’est pas parvenu à expliquer d’où vient le progrès technique, malgré la
grande importance que ce modèle lui procure dans l’explication de la croissance. C’est donc dans
ce sens que la théorie de la croissance endogène va apparaître.

1.1.2. Les modèles de croissance endogène

Les modèles de croissance endogène ont émergé dans les années 1980, dans le but de modéliser
la croissance d’une manière réaliste. Les nouvelles théories vont considérer le taux de croissance
comme endogène, c'est-à-dire, résultant des activités économiques elles-mêmes. La croissance,
selon cette théorie, est auto-entretenue.

1.1.2.1. Le modèle de PAUL ROMER en 1986

Paul Romer Affirme que la croissance est un processus cumulatif et auto-entretenu. En effet, la
croissance donne lieu à avoir du progrès technique, donc c’est un facteur endogène qui, à son
tour, en produisant des externalités positives, permet de renforcer la croissance et empêcher
voire annuler la décroissance de la productivité marginale des facteurs. Ainsi, il peut y avoir
croissance sur le long terme.

1.1.2.2. Le modèle de ROBERT LUCAS (1988)

L’accumulation du capital humain produit des externalités positives. Cette accumulation est
endogène, car plus la croissance est importante, plus les individus (par leur épargne) et les États
(par leurs dépenses) peuvent consacrer des sommes à l’éducation et à la formation.
LUCAS propose un modèle fermé dans lequel il adjoint au côté du facteur travail 𝐿, et du capital 𝐾,
un troisième facteur de production : le capital humain ℎ.

La production est donnée par la combinaison de trois facteurs le capital, le capital humain et le
travail suivant une technologie de type COBB-DOUGLAS :
𝛾
𝑌𝑡 = 𝐴 𝐾𝑡𝛼 (𝑢𝑡 ℎ𝑡 𝐿𝑡 )1−𝛼 ℎ𝑡
où, 𝑢𝑡 ℎ𝑡 𝐿𝑡 est le travail efficient et 𝑢 le temps de travail. LUCAS fait la distinction entre l’effet
interne du capital humain qui élève directement l’efficacité du travail et l’effet externe ou effet
𝛾
de diffusion du capital humain sur l’économie entière à travers le terme ℎ𝑡 .

1.1.2.3. Le modèle de ROBERT BARRO (1991)

BARRO stipulait que la taille de l’État influence de manière significative le taux de croissance
économique. Il considère que les dépenses visant à créer des infrastructures telles que les
dépenses en matière d’équipements et en matière de transports (routes, autoroutes, chemins de
fer, etc.), rendent plus efficace l’activité productive des firmes privées.

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Le modèle développé par BARRO consiste à considérer une fonction de production de type COBB-
DUOGLAS collective inter-temporelle qui rend trois inputs, notamment le capital 𝐾, le travail 𝐿 et
les dépenses publiques 𝐺. Soit l’équation donc :
𝒀 = 𝑨 𝑲𝒂 𝑳𝜷 𝑮𝜸

Pour BARRO, les dépenses publiques ont deux effets opposés :


− Un effet négatif en augmentant le taux de taxation;
− Un effet positif en augmentant la dépense par tête, puisque l’augmentation de ce dernier
permet d’augmenter la productivité marginale du capital, et d’augmenter le taux de
croissance par la suite.

1.2. Revue de littérature empirique

Le présente partie décrit les débats théoriques et empiriques de l’impact des dépenses publiques
sur la croissance économique. De prime abord nous allons présenter les fondements théoriques
et les outils quantitatifs utilisés. En effet, les résultats des études empiriques sur la relation entre
les dépenses publiques et la croissance économique se diffèrent selon les pays et les modèles
(Tableau 1).

Tableau 1 : Quelques études effectuées à propos de la relation des dépenses avec la


croissance économique
Auteurs : Olulu (2014)
Pays : Nigeria
Modèles utilisés : MCO
Conclusion : les dépenses publiques au Nigeria peuvent stimuler l’investissement
local comme étranger avec l’utilisation de deux modèles à court
terme par la méthode MCO

Auteurs : ALES (2005)


Pays : Solvénie
Modèles utilisés : un modèle input-output
Conclusion : aboutit aux résultats qui montrent que les fonds publiques peuvent
stimuler la croissance économique
Auteurs : Kacou (2004)
Pays : Côte d’Ivoire
Modèles utilisés : test de GRANGER
Conclusion : Montre que ce sont les dépenses publiques qui causent la croissance

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Auteurs : Nubukpo (2007)
Pays : UEMOA
Modèles utilisés : ARDL
Conclusion : les dépenses publiques peuvent favoriser la croissance, lorsqu’elles
sont destinées aux investissements mais sont également
susceptibles de la freiner quand elles privilégient la consommation.
Auteurs : Mansouri (2003)
Pays : Maroc
Modèles utilisés : MCO
Conclusion : les dépenses publiques en capital ont un effet d’entrainement sur
l’investissement privé et sur la croissance économique
Auteurs : ELKHIDER et al. (2005)
Pays : Maroc
Modèles utilisés : MCO et la méthode SURE1
Conclusion : Les dépenses publiques en matière d’investissements, en matière
d’éducation et en matière de défense nationale sont les seules
charges publiques qui influencent positivement la croissance
économique
Source : Auteurs

2. Modèle d’analyse

2.1. Spécification du modèle

Notre analyse repose sur l’écriture d’un modèle standard de croissance reliant la croissance
économique mesurée par le 𝑃𝐼𝐵 et les dépenses publiques :

 Variable endogène ( 𝑷𝑰𝑩 ) : c’est un indicateur de base du niveau général de santé


économique d’un pays ou zone géographique.

 Variables exogènes : constituent l’un des instruments de la politique budgétaire dans le but
d’améliorer la croissance, à savoir :
• 𝑭𝑶𝑵𝑪𝑻 : représente généralement les charges de l’État en matière de la masse salariale,
dépense des autres biens et service, charge de la compensation et charge d’intérêt de la
dette. De ce fait, l’État ne doit produire ni bien ou service en quantité excessive ni un autre
en quantité insuffisante ;

1
Seemingly unrelated regression equation : la méthode sure s'applique sur des systèmes d'équations
apparemment non reliées.

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• 𝑰𝑵𝑽𝑬𝑻𝑺 : considérée comme le principal moteur de la croissance. Cette variable est
définie comme étant les charges compatibles pour l’investissement et favorise
l’accroissement de la croissance économique ;
• 𝑫𝑬𝑻𝑻𝑬 : représente généralement les charges de l’État.

2.2. Description des données

Figure 1 : Evolution du taux de croissance de PIB au Maroc (1980 - 2016)

14
12
10
8
6
4
2
0
-2
-4
-6 taux du croissance du PIB Linéaire (taux du croissance du PIB)
-8

Source : Banque Mondiale (2016)

Remarquons qu’au début des années 1980, les principaux indicateurs économiques ont témoigné
d’une grave détérioration de la situation économique du pays (le déficit budgétaire et le déficit
courant de la balance des paiements, deuxième choc pétrolier, hausse du dollar et des taux
d’intérêt, sans oublier la sécheresse sévère qui a marqué l’année 1981). Pour faire face à cette
situation le gouvernement a mis en place un programme d’ajustement structurel (PAS) sous
l’égide du FMI et de la banque mondiale, pour but de remédier les déséquilibres
macroéconomiques ; Au terme de la période allant de 1983 à 1993, l’économie marocaine a
connu une amélioration progressive du PIB grâce à la mise en œuvre de PAS.

On constate qu’il y’a une amélioration de la croissance économique suite PAS en 1983, en effet,
pendant la période analysée, les autorités publiques ont entamé une deuxième génération de
réformes, au cours de la période 1994-2004. Les grands axes de ces réformes sont :
- La libéralisation du commerce extérieur, en particulier par la signature d’accords de libre-
échange avec l'Union Européenne et les États Unis d'Amérique ;
- La réforme de la douane, du secteur financier ainsi que l’accélération du processus de
privatisation ;
- L’adoption du code du travail ;
- L’assainissement et l’amélioration de l’environnement des affaires

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Le Maroc depuis 2004 jusqu’à 2016 a pu relever le rythme de croissance à un palier supérieur et
a enregistré une solide performance économique. Ce renforcement de la croissance est grâce à
des politiques macroéconomiques bien avisées et des réformes structurelles soutenues. En effet
à partir de 2005, le Maroc a mis en œuvre des politiques budgétaires appropriées et a continué
de remédier aux sources potentielles de risques budgétaires.

Figure 2: Evolution du taux de croissance de PIB au Maroc (1980 - 2016)

250 000 30 000

200 000 25 000

20 000
150 000
15 000
100 000
10 000
50 000 5 000

0 0

Dépenses de fonctionnement Dépenses d'investissement


Dépenses de la dette publiques

Source : TGR (2016)

Nous remarquons tout d’abord que les dépenses publiques de fonctionnement ont connu une
forte augmentation, passant de 15 410 milliards de dirhams en 1980 à 54 829 en 1993. Les
dépenses de la dette ont connu une progression notable, passant de 1 926 milliards de dirhams
en 1980 à 13 707. À l’origine de cette progression se trouvent les déficits budgétaires cumulés et
leur financement par le recours massif aux ressources intérieures. Par ailleurs, nous constatons
qu’en 1993, les dépenses d’investissements s’élèvent à 19 938 milliards de dirhams, contre 4 951
milliards en 1986 et 9 484 milliards en 1981.

Durant la période entre 1993 et 2004, les dépenses de la dette publique ont connu une
augmentation rapide. Cette augmentation est pour deux raisons principales. Elle sert, d’une part,
à financer le déficit budgétaire. D’autre part la progression de la dette intérieure est aussi la
conséquence d’une volonté politique délibérée de réduire la dépendance du pays vis-à-vis de la
dette extérieure. Quant aux dépenses d’investissements, ces derniers ont connu une baisse
constante en 1996, puis une évolution notable à partir de 1998, passant de 14 milliards de
dirhams en 1998 à 21 milliards de dirhams en 2004.

Les dépenses de fonctionnement continuent de croître, passant de 127.8 milliards de dirhams en


2005 à 209.3 milliards de dirhams en 2016 avec un pic des dépenses de 215623 milliards de
dirhams en 2013 en 2012. Par ailleurs, les dépenses de la dette publiques ont passées
respectivement de 11.2 milliards de dirhams en 2005 à plus de 41.6 milliards de dirhams en 2013.

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Cette forte augmentation est due principalement à la hausse des cours du pétrole, du gaz et
l’augmentation du prix du sucre brut. Face à cette situation, le gouvernement a adopté, en 2013,
un système d’indexation partiel sur les produits pétroliers qui s’est traduit par la répartition des
charges de la hausse des cours entre l’État et le consommateur. Grâce à l’adoption de ce système
les dépenses de la dette publiques ont connu une stagnation importante en 2014 pour atteindre
32.3 milliards de dirhams.

2.3. Représentation graphique des variables étudiées

Figure 3 : Tendances des variables étudiées

PIB INVEST
1,000,000 70,000

60,000
800,000
50,000
600,000
40,000

400,000 30,000

20,000
200,000
10,000

0 0
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015

FONCT DETTE
250,000 30,000

25,000
200,000

20,000
150,000
15,000
100,000
10,000

50,000
5,000

0 0
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015

Source : Auteur sous EViews

On constate qu’il y’a une évolution importante et dans le même sens pour toutes les variables
étudiées. On constate aussi que les séries ne sont pas stationnaires, c’est-à-dire que la moyenne
et la variance fluctuent le long du temps (violation des conditions de la stationnarité).

2.4. Stationnarité

La plupart des séries macroéconomiques, notamment introduites dans les économies en


croissance, possèdent un trend temporel. Ces séries sont caractérisées par une moyenne non
constante dans le temps, elles sont dites non stationnaires.

Ainsi, il s’avère nécessaire de faire une analyse préliminaire des séries chronologiques en étudiant
les caractéristiques stochastiques, à savoir : espérance et variance.
• 𝐸(𝑦𝑡 ) = 𝐸(𝑦𝑡+𝑚 ) = 𝜇 ∀𝑡 et ∀𝑚, la moyenne est constante et indépendante du temps ;

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• 𝑣𝑎𝑟(𝑦𝑡 ) < ∞ ∀𝑡, la variance est finie et indépendante du temps ;
• 𝑐𝑜𝑣(𝑦𝑡 , 𝑦𝑡+𝑘 ) = 𝐸[(𝑦𝑡 − 𝜇)(𝑦𝑡+𝑘 − 𝜇)] = 𝛾𝑘 , la covariance est indépendante du temps.

Nous étudions ici la stationnarité de chaque série à part (Figure 4) :

Figure 4 : Saisonnalité des variables étudiées

PIB INVEST
100,000 10,000

80,000 7,500

60,000
5,000
40,000
2,500
20,000
0
0

-20,000 -2,500

-40,000 -5,000
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015

FONCT DETTE
40,000 4,000

30,000
3,000

20,000
2,000
10,000

1,000
0

-10,000 0
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015

Source : Auteurs sous EViews

On constate que toutes les séries sont stationnaires en première différence.

2.5. Spécification du modèle

La formulation de l’équation du modèle à estimer est la suivante :


𝑷𝑰𝑩_𝑺 = 𝒇(𝑭𝑶𝑵𝑪𝑻_𝑺, 𝑰𝑵𝑽𝑬𝑺𝑻_𝑺, 𝑫𝑬𝑻𝑻𝑬_𝑺)

𝑃𝐼𝐵_𝑆 : Produit Intérieur Brute Stationnarisé ;
𝐹𝑂𝑁𝐶𝑇_𝑆 : Dépenses de fonctionnement Stationnarisé;
𝐼𝑁𝑉𝐸𝑆𝑇_S : Les dépenses d’investissements Stationnarisé ;
𝐷𝐸𝑇𝑇𝐸_S : Les dépenses de la dette Stationnarisé.

Le choix de la méthode d’analyse s’avère très important car elle doit permettre d’établir une
relation causale entre les variables. Dans notre travail, nous recourrons à une méthode multi-
variée explicative qui nous permettra de détecter le type et les sens des relations (relation de
cause à effet) entre les variables étudiées. La validation économique est faite sur la base des
signes prévus. Soit, pour 𝑡 = 1980, ⋯ , 2016
𝑷𝑰𝑩_𝑺𝒕 = 𝜷𝟎 + 𝜷𝟏 𝑭𝑶𝑵𝑪𝑻_𝑺𝒕 + 𝜷𝟐 𝑰𝑵𝑽𝑬𝑺𝑻_𝑺𝒕 + 𝜷𝟑 𝑫𝑬𝑻𝑻𝑬_𝑺𝒕 + 𝜺𝒕

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Où les différentes variables représentent ce qui suit :
𝛽0 : La constante du modèle ;
𝛽1 , 𝛽2 , 𝛽3 : Les coefficients de régression ;
𝜀𝑡 : le terme d’erreur qui contient l’ensemble des facteurs non prises en compte .

Les résultats d’estimation sont représentés par le tableau 2 suivant :

Tableau 2 : estimation des coefficients du modèle

Dependent Variable: PIB_S


Method: Least Squares
Sample (adjusted): 1981 2016
Included observations: 36 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

FONCT_S 1.109195 0.385290 2.878856 0.0071


INVEST_S 2.572431 1.102370 2.333546 0.0261
DETTE_S 2.643298 4.213751 0.627303 0.5349
C 10272.56 6079.808 1.689619 0.1008

R-squared 0.326852 Mean dependent var 22830.67


Adjusted R-squared 0.263744 S.D. dependent var 23389.43
S.E. of regression 20069.39 Akaike info criterion 22.75622
Sum squared resid 1.29E+10 Schwarz criterion 22.93216
Log likelihood -405.6119 Hannan-Quinn criter. 22.81763
F-statistic 5.179268 Durbin-Watson stat 2.504527
Prob(F-statistic) 0.004963

Source : Auteurs sous EViews

D’après la p-value de la statistique de FISHER (0.00 < 5%) , notre modèle est globalement
significatif, c’est-à-dire, au moins l’une des variables explicatives introduites contribue à
l’explication du PIB. Cependant, remarquons que la variable 𝐷𝐸𝑇𝑇𝐸_𝑆 n’est pas significative
(0.5349 > 5%). Cette non significativité de cette variable peut être causée par l’existence d’une
multicolinéarité entre les variables explicatives.

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2.6. Vérification des hypothèses du modèle de régression linéaire

La vérification économétrique consiste à vérifier : l’absence de La multicolinéarité,


l’autocorrélation des erreurs, l'homoscédasticité du modèle et la normalité des résidus.

2.6.1. Test de la multicolinéarité

La multicolinéarité est le fait qu’une variable explicative soit une combinaison linéaire des autres
variables explicatives. Si on regarde la matrice de corrélation simple croisée de PAERSAN, on
remarque que les variables INVEST_S et FONCT-S sont fortement corrélés (94,58%) D’où, il y a
présomption de colinéarité entre ces deux variables, on remarque aussi que la variable FONCT_S
a un coefficient de corrélation plus élevé par rapport la variable PIB_S (0.450373), comme le
montre le tableau 3 suivant :

Tableau 3 : Matrice des corrélations simples croisées

PIB_S FONCT_S INVEST_S DETTE_S


PIB_S 1.000000 0.450373 0.383979 0.076516
FONCT_S 0.450373 1.000000 0.101067 -0.045906
INVEST_S 0.383979 0.101067 1.000000 0.013843
DETTE_S 0.076516 -0.045906 0.013843 1.000000
Source : Auteurs

Nous estimerons maintenant, la variable FONCT_S successivement avec les variables INVEST_S et
DETTE_S, à travers le tableau 4 ci-après.

D’après les résultats d’estimation ci-dessous (Tableau 5), nous remarquons que la variable
DETTE_S n’est significative, donc le modèle optimal est celui avec les deux variables : FONCT_S et
INVEST_S. Notre nouveau modèle sera :

𝑷𝑰𝑩_𝑺𝒕 = 𝜷𝟎 + 𝜷𝟏 𝑭𝑶𝑵𝑪𝑻_𝑺𝒕 + 𝜷𝟐 𝑰𝑵𝑽𝑬𝑺𝑻_𝑺𝒕 + +𝜺𝒕

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Tableau 4 : Matrice des corrélations simples croisées
Dependent Variable: PIB_S
Method: Least Squares
Sample (adjusted): 1981 2016
Included observations: 36 after adjustments
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
FONCT_S 1.097702 0.381302 2.878829 0.0070
INVEST_S 2.585292 1.092004 2.367474 0.0239
C 13038.62 4147.137 3.144006 0.0035
R-squared 0.318574 Mean dependent var 22830.67
Adjusted R-squared 0.277275 S.D. dependent var 23389.43
S.E. of regression 19884.11 Akaike info criterion 22.71288
Sum squared resid 1.30E+10 Schwarz criterion 22.84484
Log likelihood -405.8319 Hannan-Quinn criter. 22.75894
F-statistic 7.713918 Durbin-Watson stat 2.624126
Prob(F-statistic) 0.001784
Dependent Variable: PIB_S
Method: Least Squares
Sample (adjusted): 1981 2016
Included observations: 36 after adjustments
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
INVEST_S 2.895563 1.211698 2.389674 0.0227
DETTE_S 2.066437 4.650580 0.444340 0.6597
C 16116.48 6332.187 2.545168 0.0158
R-squared 0.152510 Mean dependent var 22830.67
Adjusted R-squared 0.101147 S.D. dependent var 23389.43
S.E. of regression 22175.02 Akaike info criterion 22.93098
Sum squared resid 1.62E+10 Schwarz criterion 23.06294
Log likelihood -409.7576 Hannan-Quinn criter. 22.97703
F-statistic 2.969258 Durbin-Watson stat 2.076840
Prob(F-statistic) 0.065196
Dependent Variable: PIB_S
Method: Least Squares
Sample (adjusted): 1981 2016
Included observations: 36 after adjustments
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
FONCT_S 1.200741 0.408289 2.940909 0.0059
DETTE_S 2.826166 4.487829 0.629740 0.5332
C 13679.64 6286.859 2.175910 0.0368
R-squared 0.212302 Mean dependent var 22830.67
Adjusted R-squared 0.164563 S.D. dependent var 23389.43
S.E. of regression 21378.47 Akaike info criterion 22.85781
Sum squared resid 1.51E+10 Schwarz criterion 22.98977
Log likelihood -408.4406 Hannan-Quinn criter. 22.90387
F-statistic 4.447113 Durbin-Watson stat 2.280076
Prob(F-statistic) 0.019496
Source : Auteurs sous EViews

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Tableau 5 : Estimations des variables du modèle

Dependent Variable: PIB_S


Method: Least Squares
Sample (adjusted): 1981 2016
Included observations: 36 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

FONCT_S 1.097702 0.381302 2.878829 0.0070


INVEST_S 2.585292 1.092004 2.367474 0.0239
C 13038.62 4147.137 3.144006 0.0035

R-squared 0.318574 Mean dependent var 22830.67


Adjusted R-squared 0.277275 S.D. dependent var 23389.43
S.E. of regression 19884.11 Akaike info criterion 22.71288
Sum squared resid 1.30E+10 Schwarz criterion 22.84484
Log likelihood -405.8319 Hannan-Quinn criter. 22.75894
F-statistic 7.713918 Durbin-Watson stat 2.624126
Prob(F-statistic) 0.001784

Source : Auteurs sous EViews

Ceci est confirmé par le Facteur d’Inflation de la Variance (Tableau 6), mettant en évidence que
𝑉𝐼𝐹(𝐹𝑂𝑁𝐶𝑇 − 𝑆) et 𝑉𝐼𝐹(𝐼𝑁𝑉𝐸𝑆𝑇 − 𝑆) sont supérieure à 10.

Tableau 6 : Facteur d’Inflation de la Variance

Variance Inflation Factors


Sample: 1980 2016
Included observations: 36

Coefficient Uncentered Centered


Variable Variance VIF VIF

FONCT_S 0.145391 1.367341 1.010320


INVEST_S 1.192473 1.282266 1.010320
C 17198743 1.565982 NA

Source : Auteurs sous EViews

2.6.2. Test d’autocorrélation des erreurs

Les séries de données sont souvent porteuses d’autocorrélation des erreurs (Figure 5). Nous
allons utiliser le test de BREUSH – GODFREY pour vérifier l’existence ou l’absence d’une
autocorrélation dans notre série. On accepte l’hypothèse d’indépendance des erreurs si les
probabilités sont supérieures à 5%.

Revue ame ,Vol 3, No 2 (Avril, 2021) 450-469 Page 463


Figure 5 : Examen visuel des résidus
80,000

60,000

40,000

20,000

-20,000

-40,000

-60,000
1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015

PIB_S Residuals

Source : Auteurs sous EViews

L’examen visuel des résidus nous indique qu’il existe probablement une autocorrélation négative
des résidus. Afin d’éviter cette probabilité nous allons stationnaires toutes les séries utilisées.
D’après le test de BREUSCH-GODFREY nous acceptons l'hypothèse nulle d'absence de corrélation des
résidus au seuil de 5% (Tableau 7). En effet la p-value associée à la statistique LM est 0.1201 >
5%.
Tableau 7 : Test de corrélation des résidus
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:

F-statistic 2.068223 Prob. F(2,31) 0.1435


Obs*R-squared 4.238108 Prob. Chi-Square(2) 0.1201

Test Equation:
Dependent Variable: RESID
Method: Least Squares
Sample: 1981 2016
Included observations: 36
Presample missing value lagged residuals set to zero.

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

FONCT_S 0.227939 0.401408 0.567848 0.5742


INVEST_S 0.310447 1.085790 0.285918 0.7768
C -1547.405 4163.178 -0.371688 0.7127
RESID(-1) -0.377048 0.196009 -1.923626 0.0636
RESID(-2) -0.042533 0.192277 -0.221208 0.8264

R-squared 0.117725 Mean dependent var 1.26E-12


Adjusted R-squared 0.003883 S.D. dependent var 19307.64
S.E. of regression 19270.11 Akaike info criterion 22.69874
Sum squared resid 1.15E+10 Schwarz criterion 22.91868
Log likelihood -403.5774 Hannan-Quinn criter. 22.77551
F-statistic 1.034112 Durbin-Watson stat 1.975761
Prob(F-statistic) 0.405358
Source : Auteurs sous EViews

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2.6.3. Test d’homoscédasticité

D’après le test de WHITE, le modèle est homoscédastique (Tableau 8), avec une p-value associée
à la statistique LM de l’ordre de 0.9529 > 5%.

Tableau 8 : Test d’homoscédasticité du modèle

Heteroskedasticity Test: White

F-statistic 0.191568 Prob. F(5,30) 0.9634


Obs*R-squared 1.113843 Prob. Chi-Square(5) 0.9529
Scaled explained SS 1.646135 Prob. Chi-Square(5) 0.8956

Test Equation:
Dependent Variable: RESID^2
Method: Least Squares
Sample: 1981 2016
Included observations: 36

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 3.68E+08 1.76E+08 2.092330 0.0450


FONCT_S^2 -0.466360 1.239176 -0.376347 0.7093
FONCT_S*INVEST_S 0.067359 4.581834 0.014701 0.9884
FONCT_S 14684.08 32267.40 0.455075 0.6523
INVEST_S^2 -7.624865 10.86562 -0.701742 0.4882
INVEST_S 35284.67 65702.48 0.537037 0.5952

R-squared 0.030940 Mean dependent var 3.62E+08


Adjusted R-squared -0.130570 S.D. dependent var 6.89E+08
S.E. of regression 7.33E+08 Akaike info criterion 43.81425
Sum squared resid 1.61E+19 Schwarz criterion 44.07817
Log likelihood -782.6565 Hannan-Quinn criter. 43.90636
F-statistic 0.191568 Durbin-Watson stat 2.283751
Prob(F-statistic) 0.963447

Source : Auteurs sous EViews

2.6.4. Test de normalité des erreurs

Pour le test de normalité, on peut appliquer le test de JARQUE-BERA (Figure 6). Comme La p-value
de JARQUE-BERA 𝐽𝐵 = 0.07 > 5%, on accepte l'hypothèse nulle de normalité des erreurs.

Revue ame ,Vol 3, No 2 (Avril, 2021) 450-469 Page 465


Figure 6 : Test de la normalité des résidus
9
Series: Residuals
8 Sample 1981 2016
Observations 36
7

6 Mean 1.26e-12
Median -339.9759
5 Maximum 61024.82
Minimum -40686.81
4 Std. Dev. 19307.64
Skewness 0.534196
3
Kurtosis 4.517618
2
Jarque-Bera 5.166935
1 Probability 0.075512

0
-40000 -20000 0 20000 40000 60000

Source : Auteurs sous EViews

2.6.5. Estimation du nouveau modèle

L’estimation du modèle de prévision final est donnée par le tableau 9 suivant :

Tableau 9 : Estimations du modèle final

Dependent Variable: PIB_S


Method: Least Squares
Sample (adjusted): 1981 2016
Included observations: 36 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

FONCT_S 1.097702 0.381302 2.878829 0.0070


INVEST_S 2.585292 1.092004 2.367474 0.0239
C 13038.62 4147.137 3.144006 0.0035

R-squared 0.318574 Mean dependent var 22830.67


Adjusted R-squared 0.277275 S.D. dependent var 23389.43
S.E. of regression 19884.11 Akaike info criterion 22.71288
Sum squared resid 1.30E+10 Schwarz criterion 22.84484
Log likelihood -405.8319 Hannan-Quinn criter. 22.75894
F-statistic 7.713918 Durbin-Watson stat 2.624126
Prob(F-statistic) 0.001784

Source : Auteurs sous EViews

𝑃𝐼𝐵_𝑆𝑖= 𝛽0 + 𝛽2 ∗ 𝐹𝑂𝑁𝐶𝑇𝑖 𝑆 + 𝛽1 ∗ 𝐼𝑁𝑉𝐸𝑆𝑇𝑖 _𝑆 + 𝜀𝑖


= 13038.62 + 1.097702 ∗ 𝐹𝑂𝑁𝐶𝑇𝑆 𝑖 + 2.585292 ∗ 𝐼𝑁𝑉𝐸𝑆𝑇_𝑆𝑖 + 𝜀𝑖
Et comme 𝑃𝑟𝑜𝑏(𝐹 − 𝑠𝑡𝑎𝑡𝑖𝑠𝑡𝑖𝑐) = 0.001784 < 0.05, le modèle est globalement significatif.

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3. Résultats et discussion

À la lumière de cette étude, nous avons pu constater que les dépenses publiques sont
effectivement un instrument fondamental de la relance économique aussi bien dans la littérature
théorique que dans les travaux empiriques. L’intervention de l’Etat dans la sphère économique et
une condition nécessaire de réalisation d’une croissance économique durable.

Dans cette étude, nous avons aussi mis l’accent sur l’existence d’un certain nombre de relations
qui pourrait exister entre la croissance économique marocaine et les dépenses publiques. Le
fondement théorique économique ainsi que l’étude économétrique effectuée ont menaient à une
conclusion principale, celle qui stipule que les dépenses publiques peuvent certainement être la
clé de la croissance économique du Maroc.

À l’issu des tests économétriques appliqués, nous pouvons déduire qu’au niveau du Maroc, il
existe une relation significative positive entre les dépenses publiques (spécialement le
fonctionnement et l’investissement) et la croissance économique. En effet, le coefficient associé
aux dépenses des fonctionnements (FONCT_S) est significatif positif au seuil 5%.

De manière chiffrée une augmentation des dépenses publiques d’une unité des dépenses de
fonctionnements engendre une amélioration de la croissance de 1.097702, et inversement une
baisse d’une unité de ces dépenses entraine une diminution de la croissance économique.

De même, pour les dépenses de l’investissement le coefficient associé est significativement positif
au seuil de 5%, c’est-à-dire une forte des dépenses de l’investissement engendre également une
forte augmentation de la croissance et inversement en cas de décroissance de ces dépenses.

Conclusion et perspectives :

L'objectif de la présente étude était de mesurer l’impact des dépenses publiques sur la croissance
économique marocaine. Le papier a commencé par une récapitulation des principaux
fondements théoriques et empiriques des dépenses publiques avec la croissance économique.

Les études et les travaux empiriques effectués confirment le fait qu’il existe un lien entre les
dépenses publiques et la croissance économique. La plupart des analyses économétriques à
travers le monde entier ont abouti qu’il existe véritablement un impact remarquable des
dépenses publiques sur la croissance économique, malgré qu’un certain nombre des auteurs
n’ont pas pu identifier le lien entre les deux agrégats en question.

Les résultats obtenus par notre modèle indique qu’il existe un impact positif des dépenses
publiques totales (fonctionnement, investissement) sur la croissance économique marocaine. En
effet, les résultats obtenus montrent que si les autorités publiques marocaine décident

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d’effectuer une augmentation de ces charges publiques, va aboutir à booster l’activité
économique en particulier dans les secteurs sociaux.

Finalement, selon les résultats obtenus par notre modèle, on peut déduire que l’économie
marocaine a un caractère Keynésien qui stipule que les dépenses publiques d’investissement
ont pour objectif de relancer l’économie par le mécanisme d’effet multiplicateur de la dépense
publique.

On aurait aimé mener une étude traitent l’impact des secteurs des dépenses publiques sur la
croissance économique, et faire un Benchmark entre la structure de dépenses publiques
marocaine et celles de l’union européenne à travers les données de panel. La contrainte de temps
était l’obstacle que nous avons rencontré.

La perspective de cette étude est de tester le lien entre les dépenses publiques et la croissance
économique au Maroc, Nous espérons que cette étude éclaircira le rôle ultime de l’Etat par le
mécanisme de la politique budgétaire en matière de dépenses dans la sphère économique
marocaine, nous espérons aussi qu’elle soit le premier pas vers une approche qui traitera d’une
façon très détaillée l’impact des dépenses publiques sur la croissance économique marocaine, à
travers nouvel outils de modélisation économétrique.

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