DOI: 10.2298/PAN0903327Y
ORIGINAL SCIENTIFIC PAPER
Summary: The objective of our work is to show the importance of a healthy institu-
tional framework in the finance-growth relation. In this context, we start by presenting, a
theoretical lighting on this subject while trying to define the concept of the governorship
and to determine its various measurements. Then, we empirically test a model of growth
of Solow increased by the human capital, treating relation between financial develop-
ment, institutions and economic growth. The various estimates were made by Panel data
Methods over the period of 1990 to 2006 for 22 developing countries. Following these
estimates, it seems that the quality of the institutions is regarded as an important factor
which must not be neglected in the study of the relation between the financial sphere and
the real sphere.
Key words: Financial development, Quality of the institutions, Economic growth, Panel
data.
Introduction.
*
Cet article est la version finale d’un travail présenté dans le colloque international "Financement
du Développement: leçons et perspectives pour une relance économique dans un monde en muta-
tion" 13 et 14 mars 2009, Sfax-Tunisie. Il a été le sujet de plusieurs corrections et modifications. A
ce niveau, nous tenons à remercier les Professeurs Nouri Chtourou et Rochdi Feki pour leurs
commentaires et suggestions sur une version préliminaire de cet article.
♣
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax, Université de Sfax-Tunisie, Unité de
Recherche en Economie de Développement (URED): abdelkarim.yahyaoui@fsegs.rnu.tn.
♦
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax (Tunisie), Unité de Recherche en Eco-
nomie de Développement (URED) et Centre d’Etudes en Macroéconomie et Finance Internatio-
nale (CEMAFI / Université de Nice Sophia-Antipolis): atef_rahmani@yahoo.fr
Received: 3 April 2009; Accepted: 15 June 2009.
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
King et Ross Levine 1994; William Easterly 19981). Cependant, cette idée, rele-
vant du « fondamentalisme de l’accumulation du capital»2, ne pouvait expliquer
qu’une petite partie des écarts de niveau de développement entre les pays. Cela
implique que d’autres facteurs freinent la productivité et la croissance économi-
que. Ils devaient être en dernier ressort, liés aux institutions et au développement
financier. Ce qui a ouvert la voie aux autres approches théoriques, dont les plus
importantes est celle de la nouvelle économie institutionnelle (NEI), un corpus
déjà vaste qui s’enrichit rapidement. La NEI relance une école ancienne, qui
emprunte à l’histoire économique, aux sciences politiques, à la sociologie et à
l’économie psychologique des éclairages susceptibles d’enrichir considérable-
ment la pensée économique.
Parallèlement à cette école, la relation entre le développement financier
et la croissance économique a connu un renouveau particulier lors des travaux
empiriques, au début des années quatre-vingt-dix. En montrant ainsi, que le rôle
du développement financier dans le développement économique continue à atti-
rer l’attention aussi bien des économistes que des responsables politiques. La
plupart des travaux empiriques suggèrent qu’un système financier développé
encourage les investisseurs, et peuvent stimuler la plus haute croissance écono-
mique (Beck, Levine, et Loayza 2000; King et Levine 1993a, b).
Le développement financier a tendance à aller de pair avec la croissance
économique mais le sens de causalité reste toujours ambigu et sujet de plusieurs
controverses empiriques. En effet, la question est de savoir est-ce que le déve-
loppement financier entraîne la croissance économique ou l’inverse. Ainsi, Jo-
seph Schumpeter (1912), dans son ouvrage "La théorie de l'évolution économi-
que", suggère que les institutions financières sont nécessaires à l’innovation
technologique qui sous-tend la croissance. Alors que pour Joan Robinson
(1952), la causalité est inversée, c'est-à-dire le développement financier n’est
que le résultat de la croissance économique. Mais, Robert Lucas (1988) ne croit
pas à l'importance de la relation entre la finance et la croissance en montrant que
les économistes exagèrent le rôle des facteurs financiers dans la croissance3.
Cependant, dans la majorité des travaux, tant théoriques qu’empiriques,
le développement financier et les institutions émergent séparément comme dé-
terminants fondamentaux de la croissance économique. De ce fait, nous es-
sayons dans ce travail de montrer la complémentarité entre ces deux facteurs
pour expliquer les écarts de niveaux du développement économique à travers
pays. En effet, cette nouvelle ligne de pensée montre que le système financier ne
fonctionne pas dans un vide, mais, présuppose plutôt un ensemble des institu-
tions. Ces institutions sont responsables de surveiller la transparence dans les
1
Édité par Thorsten Beck, Levine, et Norman Loayza (2000).
2
Antonio Vazquez-Barquero (2007).
3
Edité par Levine (1997, 688-689).
328
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
329
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
en place les politiques judicieuses, ainsi que le respect des citoyens et de l’Etat
des institutions gouvernant leurs interactions économiques et sociales » (Daniel
Kaufmann, Aart Kraay, et Massimo Mastruzzi 2008). Cette définition recouvre
plusieurs aspects de la gouvernance : le caractère démocratique des institutions
politiques, l’instabilité politique et la violence, l’efficacité des pouvoirs publics,
le poids des règlementations, la primauté du droit, et enfin la lutte contre la cor-
ruption. En dépit de son importance, la gouvernance reste un concept évasif sans
aucun consensus clair au sujet de ce en quoi elle consiste. La question de la gou-
vernance rejoint alors celle des institutions, et l’analyse de cette première passe
nécessairement par l’étude de la question de la capacité des institutions à favori-
ser la croissance. En effet, aucune distinction claire ne peut être faite entre la
notion de gouvernance et les facteurs institutionnels. Les institutions correspon-
dent généralement à un concept plus large qui englobe les contraintes formelles
et informelles, les règles et les lois qui ne désignent pas uniquement le fonction-
nement de l’Etat mais régissent également ceux des entités privées (Nouri
Chtourou 2004).
L’intérêt relativement récent pour la gouvernance et ses conséquences
économiques a accompagné le besoin d’évaluer ses différentes dimensions. Au-
jourd’hui, mesurer la gouvernance importe tant au point de vue de la politique
nationale, que des relations économiques internationales ou encore de la recher-
che en sciences économiques et politiques. On distingue différent types
d’indicateurs : les données issues d’enquêtes, celles des sondages d’experts et les
indicateurs composites. Une agence privée de notation du risque, The Political
Risk Service Group (PRS), produit une base de données qui contient des évalua-
tions annuelles sur la qualité de la gouvernance pour la période 1984-2006. Cel-
les-ci sont construites à partir des données mensuelles du Guide International du
Risque Pays (ICRG), l’un des produits du PRS.
Cette base offre des mesures des différents aspects de la gouvernance
comme la stabilité politique, les tensions ethniques ou encore les conflits inter-
nes. Dans ce travail, on utilise quatre indicateurs de cette base : les conditions
socioéconomiques (SEC), la corruption (COR), ordres et lois (LO) et la qualité
bureaucratique (BQ).
L’indicateur de corruption mesure l’abus de fonctions publiques à des
fins personnelles. Des scores faibles indiquent que les hauts fonctionnaires sont
très corruptibles et que la corruption est généralisée à l’ensemble de
l’administration. L’indicateur de la qualité du système judiciaire reflète la force
et l’impartialité du système judiciaire ainsi que l’observance de la loi.
L’indicateur de la qualité de la bureaucratie mesure à la fois l’indépendance et
l’autonomie de l’administration vis-à-vis du pouvoir politique et des change-
ments de pouvoir exécutif, ainsi que les incitations que les fonctionnaires ont à
travailler au travers des mécanismes de recrutement et de promotion. Enfin,
330
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
Dans cette partie, on présente une revue de la littérature sur les facteurs institu-
tionnels afin d’identifier les mécanismes par lesquels ils agissent sur le dévelop-
pement financier. La recherche des facteurs déterminants du développement fi-
nancier relève d’une importance capitale, pouvant aider les décideurs politiques
à mettre en place des réformes institutionnelles5 pour promouvoir un système
financier porteur de croissance économique (Siong Hook Law et W.N.W. Az-
man-Saini 2008). Trois théories expliquent le développement financier par la
qualité des institutions : la théorie du droit et de la finance, la thèse politique et
la théorie des dotations qui essayent d’expliquer pourquoi les règles de droit et
l’effectivité de leur application diffèrent d’un pays à un autre, et quelle en est
l’implication pour le développement du système financier.
4
Chtourou-Feki Agregation est une technique non linéaire, élaborée par Chtourou et Rochdi Feki
en 2008, utilisant les cartes auto organisatrices de Kohonen permettant la construction d’un indice
composite de gouvernance avec classement des pays.
5
Ces réformes institutionnelles on été principalement introduites par le Fond Monétaire Interna-
tional pour garantir une meilleure application du Plan d’Ajustement Structurel.
331
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
dans les pays où le système judiciaire facilite les contrats entre les agents privés,
et protège les droits de propriété et les droits des investisseurs, les épargnants
sont plus enclins à investir dans les entreprises, contribuant ainsi à l’expansion
des marchés financiers. A l’inverse, un système financier qui protège très peu les
droits de propriété et les droits des investisseurs aura tendance à freiner le déve-
loppement financier. En second lieu, la théorie sur le droit et la finance souligne
que l’origine légale (common law et droit civil) du système judiciaire peut expli-
quer les différences entre pays en matière de protection des droits des investis-
seurs, de contrats et de niveau de développement financier.
Par la suite, Levine (1999) et Beck, Levine, et Loayza (2000) montrent
que les intermédiaires financiers se développent davantage lorsque le système
juridique permet aux créanciers d’obtenir le remboursement de la totalité de
leurs prêts en cas de faillite. Mais, cette théorie a été beaucoup contestée par plu-
sieurs auteurs.
En effet, Enrico Perotti et Franco Modigliani (2000) fondent leur ana-
lyse, non pas sur la nature du droit, mais, sur la qualité d’application des règles
juridique (contrairement à LLSV). Ils prouvent la supériorité des pays de droit
civil scandinaves par rapport aux pays anglo-saxons concernant l’impact de la
qualité d’application du droit sur le développement financier. De même, Ari
Hyytinen, Iikka Kuoso, et Tuomas Takalo (2002) constatent que le développe-
ment des marchés financiers cause les changements de la protection des investis-
seurs et non pas l’inverse.
La principale conclusion de ces critiques réside dans le fait que le degré
de protection des investisseurs dépend, non seulement, du contenu des droits
mais aussi de l’efficacité et de la qualité d’application de ces règles de droit6.
6
Mesuré par l’indicateur « Loi et Ordre » dans notre étude empirique.
332
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
A partir des années 90, poussées par les institutions financières internationales
(FMI et BM), la majorité des pays ont entamé un vaste programme de réformes
financières. Mais, aux moments de crises, il paraît une grande différence quant à
l’effet de ces dernières sur le développement financier et sur le développement
économique. Ce qui nous permet de se demander pourquoi une réforme finan-
cière se termine par un succès dans un pays et par un échec dans un autre. Dans
333
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
7
La compétitivité est représentée par : la qualité d’environnement macroéconomique, la capacité
technologique, et enfin la qualité des institutions publiques.
334
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
Notre objectif dans cette partie est d’étudier les effets du développement finan-
cier et des institutions sur la croissance économique. Pour cela, on va suivre la
démarche de Gregory N. Mankiw, David Romer, et David Weil (1992), Deme-
triades et Law (2004).
Considérons la fonction de production Cobb-Douglas suivante :
α β 1− α − β n it gt + Wit θ
Y it = K it H it (A it L it ) avec L it = L 0 e et A t = A 0 e (1)
335
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
• dK t •
Kt = = s k Yt − δ . K t et H t = s h Yt − δ . H t (2)
dt
336
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
• •
A l’équilibre on a : kt = ht = 0 ⇒ s k k α . h β = (δ + g + n). k (8) et
α β
s h k . h = (δ + g + n). h (9)
(8) s
⇔h= h k (10)
(9) sk
En substituant (10) dans (8) et dans (9), on obtient :
1 1
∗ ⎡ s 1− β s β ⎤ 1− α − β ∗ ⎡ s 1 − α . s αk ⎤ 1 − α − β
k = ⎢ k h ⎥ (11) et h = ⎢ h ⎥ (12)
⎣ δ+ g+ n ⎦ ⎣ δ+ g+ n ⎦
Les relations (11) et (12) reflètent l’état stationnaire de l’économie.
D’après la relation (5), on a :
* * α * β * * * * α * β
(Yi /A i L i ) = (k i ) (h i ) ⇔ (Yi /Li ) = (yi ) = (Ai ) (k i ) (h i ) (13)
Avec Wi : vecteur des variables représentant les facteurs qui peuvent influencer
le progrès technologique pour le pays i. Dans notre étude, Wi regroupe des va-
riables reflétant les niveaux du développement financier et du développement
institutionnel et des variables d’interaction entre ses deux champs d’analyse.
En substituant (11), (12) et (14) dans (13), on trouve :
α β
* W *θ ⎡ s 1k− β s βh ⎤ 1 − α − β ⎡ s 1h− α s αk ⎤ 1 − α − β
y = A 0e ⎢ δ+ g+ n ⎥ ⎢ δ+ g+ n ⎥ (15)
⎣ ⎦ ⎣ ⎦
Pour la linéarisation de cette relation, on applique le logarithme et on obtient :
⎛ α β
⎞
*
( )
⎜
Ln y = Ln⎜ A 0 e
W *θ ⎡ s1k−β s βh ⎤ 1−α −β ⎡ s1h−α s αk ⎤ 1−α −β ⎟
⎢ δ+ g + n ⎥ ⎢ δ+ g + n ⎥ ⎟ (16)
⎜ ⎣ ⎦ ⎣ ⎦ ⎟
⎝ ⎠
En ajoutant les indices temps et individus, l’équation s’écrit :
( ) ( )
Ln y i, t = Ln A 0,i + θ i Wi, t +
α
LnSk i,t +
β
LnSh i, t −
α+ β
(
Ln δ + g + n i, t )
1 − α− β 1 − α− β 1 − α− β
(17)
337
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
α β
Ln(yi,t ) = Ln(A0,i ) + θ1iW1i,t + θ2 iW2 i,t + θ3 iW3 i,t + LnSk i,t + LnShi,t −
1 − α− β 1 − α− β
(18)
α+ β
− Ln(δ + g + ni,t )
1 − α− β
(
Ln(yit ) = α i + β1Lnk it + β 2 Lnh it + β 3 Lnlfit + β 4 INSit + β 5 DFit + β 6 INSit * DFi, t + ξ it (19))
où y est le PIB réel par tête, μi l’effet individuel, FD le développement financier,
INS la qualité des institutions, β ' = (β1 , β 2 , β 3 , β 4 , β 5 , β 6 ) le vecteur des coeffi-
cients à estimer et ξ i, t le terme d’erreur de moyenne nulle et de variance égale à
σξ2.
338
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
8
En se basant sur la classification de la Banque Mondiale pour le choix des pays en voie de déve-
loppement. La liste des pays est donnée en détaille dans l’annexe.
9
Les indicateurs de développement financier sont : le taux de liquidité, le crédit du secteur privé et
le crédit domestique fournis par le secteur bancaire. Tous ces indicateurs sont des ratios par rap-
port au PIB.
10
Le PIB réel par tête, la force de travail et les variables relatives au développement financier sont
extraits des indicateurs de la base des données de la Banque Mondiale (CD-ROOM 2007).
11
Les données de la FBCF sont extraites des indicateurs de la Banque Mondiale (CD-ROOM
2007) ou de la Statistique Financière Internationale line 93e.
12
Voir Robert E. Hall and Charles I. Jones (1999).
339
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
13
Les données sont extraites des indicateurs de la Banque Mondiale (CD-ROOM 2007) et des
statistiques de l’UNESCO.
14
Bien que l'utilisation de cet indicateur soit contestée dans la littérature, il donne néanmoins une
mesure de l'effort consenti par un pays pour améliorer son stock de capital humain.
15
L’agence privée de notation du risque, The Political Risk Service Group (PRS), contient des
évaluations annuelles sur la qualité de la gouvernance pour la période 1984-2006.
16
En se basant sur le travail de Stephen Knack et Philip Keefer (1995).
17
C’est la variable agrégée par la méthode C-FAR (CHTOUROU-FEKI AGGREGATION AND
RANKING method (C-FARm) © : Modèle ayant obtenu l’Attestation d’Acceptation de Dépôt
(n°298/2008) de l’Organisme de Protection des Droits de Propriété WIPO-OTPDA). Cette variable
reflète l’effet global de la gouvernance.
340
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
Test de Hausman.
Le test de Jerry A. Hausman (1978) est un test de spécification des effets
individuels. Il sert à discriminer les effets fixes et aléatoires. L’hypothèse testée
concerne la corrélation entre les effets individuels et les variables explicatives :
⎧ H 0 : E (α i \ X i ) = 0
⎨ H : E (α \ X ) ≠ 0
⎩ 1 i i
Sous H0, le modèle peut être spécifié avec des effets individuels aléatoires et on
retient dans ce cas l’estimateur des MCG. Sous l’hypothèse alternative H1, le
modèle doit être spécifié avec des effets individuels fixes et on retient alors
l’estimateur Within.
La statistique de test de Hausman est la suivante :
∧ ∧ ∧ ∧ ∧ ∧
' −1
H = (β within − β MCG ) [var( β within − β MCG )] (β within − β MCG )
Sous H0, la statistique H suit asymptotiquement un Chi-deux ( χ 2 ) à K degrés
de liberté18.
18
K le nombre des variables explicatives.
341
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
Résultats d’estimation.
En utilisant la méthode des données de panel statique pour 22 pays en voie de
développement21 sur les périodes 1990-2006 et 2000-2006, on obtient les résul-
tats présentés dans les tableaux 1 et 2. Le premier tableau, résume toutes les ré-
gressions en fonction des quatre premières variables institutionnelles, des trois
indicateurs de développement financier et des variables de contrôle prises dans
les différents modèles. On intègre à chaque fois un des 4 indicateurs de gouver-
nance de la base des données de l’ICRG. Tandis que, le deuxième tableau ré-
19
Les statistiques des tests d’exogénéité de Haussman figurent dans les deux dernières lignes des
tableaux 1 et 2.
20
Les étapes des tests de Hausman sont présentées en détail dans l’annexe 3.
21
Le choix de 22 pays en voie de développement a été fait selon la classification de la Banque
Mondiale et selon la disponibilité des données.
342
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
343
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
344
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
22
Les résultats du test IPS (2003) sont présentés dans l’annexe 4.
345
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
Tests de cointégration.
Pour étudier l’existence d’une relation de cointégration, on s’est référé aux tra-
vaux de Peter Pedroni (1999, 2004), dont l’hypothèse nulle est de tester
l’absence de cointégration basés sur les test de racines unitaires sur des résidus
estimés. Pedroni a développé sept tests de cointégration sur des données de pa-
nel24. Ces tests prennent en compte l’hétérogénéité au niveau de la relation de
cointégration c'est-à-dire que pour chaque individu il existe une ou plusieurs re-
lations de cointégration non nécessairement identiques pour chacun des indivi-
dus du panel. Chacune des 7 statistiques suit une loi normale centrée réduite
pour N et T suffisamment importants :
23
Car on a 9 variables explicatives parmi 10 du 2ième tableau qui sont stationnaires en niveau (voir
annexe 4).
24
Dans les 7 tests de Pedroni, quatre sont basés sur la dimension Within (intra) et trois sont basés
sur la dimension Between (inter).
346
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
z NT − μ N
→ N(0;1)
υ
où z NT : l’une des 7 statistiques ; μ et υ : les valeurs des moments tabulées par
Pedroni.
Tableau 4 : Tests de cointégration (Pedroni, 1999)
panel v- panel panel pp- panel adf- group group pp- group
stat(b) rho-stat(b) stat(b) stat(b) rho-stat(a) stat(a) adf-stat(a)
M1 7.92 -8.96 -7.75 -7.94 -10.62 -9.89 -8.18
M2 2.38 -8.91 -6.64 -9.41 -10.55 -9.54 -7.24
M3 4.17 -9.57 -7.17 -10.98 -11.48 -7.60 -8.64
(a) : Il s’agit des tests basés sur la dimension BETWEEN.
(b) : Il s’agit des tests basés sur la dimension WITHIN.
Source : Estimations des auteurs.
Relation de cointégration.
Pour estimer des systèmes de variables cointégrées sur données de panel et pour
dégager les tests sur les vecteurs de cointégration, il est indispensable
d’appliquer une méthode d’estimation efficace. A ce niveau, on distingue plu-
sieurs techniques : la méthode FMOLS (Fully Modified Ordinary Least Squares)
utilisée par Pedroni, la méthode DOLS (Dynamic Ordinary Least Squares) et la
méthode GMM (Generalised Method of Moments).
Pedroni (1996), Peter Phillips, et Hyungsik Roger Moon (2000) et
Chihwa Kao et Min-Hsien Chiang (1999) ont montré que, dans le cas des don-
nées de panel, les deux premières techniques conduisent à des estimateurs
asymptotiquement distribués selon une loi normale centrée réduite. Cependant,
Kao et Chiang (1999), affirment que l’estimation par la méthode des MCO, en
échantillon fini, présente un problème de biais 25 relativement à la méthode
FMOLS. Mais, ils montrent aussi la supériorité de la méthode DOLS par rapport
à celle FMOLS et qu’elle est considérée comme étant la technique la plus effi-
cace dans l’estimation des relations de cointégration sur données de panel.
L’estimateur DOLS peut être obtenu en ajoutant des retards dans le modèle ini-
tial (Equation 20) :
r2
Y it = α i + βX it + ∑ c ij ΔX it − j + ζ it
j= − r1
25
Selon Pedroni (1996), ce problème est dû à la présence d’hétérogénéité du groupe.
347
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
26
On prend dans notre analyse : r1 = -1 et r2 = 2.
27
Les modèles M1, M2 et M3 présentent des variables non stationnaires en niveau et intégrées
d’ordre 1, contrairement aux modèles M4, M5, M6 et M7 qui présentent des variables stationnai-
res en niveau.
348
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
28
Que se soient en données de panel statique ou non stationnaire.
29
Présentée par les indicateurs des conditions socioéconomiques (SEC), de corruption (COR), de
l’Etat de droit (LO), et enfin de la qualité bureaucratique (BQ).
30
DCPS et DCBS reflètent la contribution du secteur bancaire dans le financement des projets
d’investissement.
349
Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
Conclusion.
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Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
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Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
Annexe 3
Tests d’endogénéité des variables explicatives
Pour appliquer un test l’exogénéité1 des variables supposées endogènes, on recourt à
deux tests :
1- Test d’Hausman : Jerry A. Hausman (1978) a proposé un test pour détecter
la présence d’endogénéité. Sous l’hypothèse d’absence d’endogénéité,
l’estimateur MCO et l’estimateur VI (2MCO) sont tous les deux conver-
gents mais l’estimateur MCO est à variance minimale. Ce test est basé sur
la statistique de χ qui consiste à comparer l’estimateur MCO et
2
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Abdelkarim Yahyaoui et Atef Rahmani
356
Développement financier et croissance économique : Rôle de la qualité des institutions
Résumé : L’objectif de notre travail est de montrer l’importance d’un cadre institution-
nel sain dans la relation finance - croissance. Dans ce contexte, nous présentons, tout
d’abord, un éclairage théorique sur ce thème en essayant de définir le concept de la gou-
vernance et de déterminer ses différentes mesures. Ensuite, nous testons empiriquement
un modèle de croissance de Solow augmenté par le capital humain, traitant de la relation
entre développement financier, institutions et croissance économique. Les différentes
estimations ont été faites par la Méthode des données de Panel sur la période de 1990 à
2006 pour 22 pays en voie de développement. Il semble, à la suite de ces estimations,
que la qualité des institutions est considérée comme un facteur important à ne pas négli-
ger dans l’étude de la relation entre la sphère financière et la sphère réelle.
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