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ECOLE NATIONALE D’ADMINSTRATION

Cours
d’économie

Dr. Abou Pokou Edouard, Enseignant-Chercheur, Université Jean


Lorougnon Guédé, Daloa (UJLoG), email : aboued2000@yahoo.fr ;
09 92 91 93/ 05 44 24 73
Et

Dr. Martin Gnoleba, Enseignant-Chercheur, Université Alassane


Ouattara, Bouaké (UAO), email : martingnoleba2021@gmail.com ;
02 84 10 84 / 57 25 23 40
Économie
ENA-2020

Sommaire
Introduction générale ................................................................................................................. 2
PREMIERE PARTIE: LES FONDAMENTAUX DE L’ANALYSE ECONOMIQUE ............................ 4
CHAPITRE 1. LE COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR ET DU PRODUCTEUR ................... 6
1.1.Comment sont prises les décisions de consommation et de production ?.....................................7
1.2.L’équilibre sur un marché concurrentiel...............................................................................................11
CHAPITRE 2. LES AGREGATS ECONOMIQUES ............................................................................. 16
2.1. Présentation des grands secteurs de l’activité économique ................................................. 17
2.2. Analyse des principaux agrégats économiques .................................................................... 19
CHAPITRE 3. LE ROLE DE L’ETAT DANS L’ACTIVITE ECONOMIQUE ET SOCIALE ...............26
1. Définition de l’Etat..........................................................................................................................................27
2. Poids de l’Etat dans l’économie...................................................................................................................28
DEUXIEME PARTIE : LA CROISSANCE ET LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE .................. 38
1.1.Notion de croissance économique ......................................................................................... 40
1.2.Notion de développement économique..................................................................................................42
1.3. Les relations entre croissance et développement..............................................................................44
TROISIEME PARTIE: LES RELATIONS ECONOMIQUES INTERNATIONALES ........................ 46
CHAPITRE 1. L’ENDETTEMENT EXTERIEUR DES PAYS EN DEVELOPPEMENT .................... 48
1.1. Fondements de l’endettement..................................................................................................................49
1.2. Solutions à l’endettement des PED..........................................................................................................53
CHAPITRE 2. LES ACCORDS ECONOMIQUES INTERNATIONAUX .......................................... 55
2.1. Accords internationaux..............................................................................................................................56
2.2. Les accords de L’OMC..................................................................................................................................59
2.3. Accords régionaux........................................................................................................................................62
QUATRIEME PARTIE : LA PLANIFICATION ET L’ECONOMIE IVOIRIENNE .......................... 66
CHAPITRE 1.LE PROCESSUS DE PLANIFICATION.................................................................................68
1.1.Notion de planification................................................................................................................................69
1.2.Processus de planification...........................................................................................................................70
1.3.Historique du développement économique de la Côte d’Ivoire......................................................72
CHAPITRE 2. LE SYSTEME ECONOMIQUE IVOIRIEN .............................................................. 78
1. Les caractéristiques du modèle de développement ivoirien.............................................................79
2.De la mise en œuvre aux cycles d’instabilités sociopolitiques. ................................................ 81
3.Réflexions pour un développement durable de la Côte d’Ivoire .............................................. 84
4.Problématique de l’émergence de la Côte d’Ivoire ................................................................... 84
Conclusion générale .................................................................................................................. 85

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Économie
ENA-2020

Références Bibliographiques .................................................................................................... 86

Introduction générale 

L’économie est complexe. Située aux confluents de l’histoire, de la sociologie,


des mathématiques, elle nécessite un apprentissage souvent long et délicat.
Pourtant, elle est nécessaire à tout un chacun. En effet, l’économie est présente
dans notre vie de tous les jours, à chaque instant. Choix des gouvernements et
issus des élections, négociations de nos salaires et évolution de notre pouvoir
d’achat, avenir de nos retraites et éducation de nos enfants sont autant de
sujets concernant chaque citoyen et pour lesquels il doit y avoir des clefs de
lecture l’amenant à effectuer ses choix. Les sciences économiques sont alors là
pour l’éclairer, pour le guider dans ces décisions, pour lui montrer que les
effets induits sont souvent nombreux et parfois opposés. Etymologiquement, le
mot économie dérive de deux termes grecs : oikos qui signifie maison, milieu,
environnement et nomos que l’on peut traduire par loi, ordre, organisation. En
d’autres termes, la science de l’organisation de la maison. Dans le premier livre
d’économie écrit, Xénophon décrit comment un chef de famille doit gérer sa
maison. Cette gestion suppose des comportements rationnels. En effet, les
ressources dont dispose le propriétaire de la maison sont rares, et cette rareté
implique la nécessité de maitriser la gestion. Ainsi, il est indispensable
d’organiser le travail au moyen du calcul afin de satisfaire les besoins de
l’humanité. Partant de cette définition, fonctionnaire doit être à même d’avoir
un comportement rationnel dans son service. Pourquoi ?

L’économie est composée de deux grandes branches : la microéconomie et la


macroéconomie
La microéconomie est une branche de la science économique qui étudie les
comportements des entités économiques et leurs interactions. Par exemple, la
microéconomie étudie le fonctionnement des marchés de biens et services à
partir des choix des ménages ou des entreprises dont les relations conduisent à

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Économie
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échanger une certaine quantité à un certain prix. Elle s’intéresse ainsi à la


production, à la distribution et à la consommation des biens.
La macroéconomie est l'approche théorique qui étudie l'économie à travers les
relations existantes entre les grands agrégats économiques, le revenu,
l'investissement, la consommation, le taux de chômage, l'inflation, etc.
La macroéconomie constitue l'outil essentiel d'analyse des politiques
économiques des États ou des organisations internationales. Il s'agit
d'expliquer les mécanismes par lesquels sont produites les richesses à travers
le cycle de la production, de la consommation, et de la répartition des revenus
au niveau national.

PREMIERE PARTIE

LES FONDAMENTAUX
DE L’ANALYSE
ECONOMIQUE
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Économie
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Cette partie met l’accent sur les concepts fondamentaux de l’analyse


économique. Naturellement, elle aborde des notions telles que la demande,
l’offre et naturellement l’équilibre du marché. Ceci aboutit à l’analyse du
comportement du consommateur et du producteur. En effet, lors d’un
évènement majeur dans un pays donné (coupe d’Afrique 2017 au Gabon, etc.),
les prix des chambres d’hôtel peuvent flamber. Lorsqu’une guerre éclate au
Moyen-Orient, le prix du pétrole augmente en Europe. Qu’est-ce que ces
évènements ont en commun ? Ils révèlent tous l’action de l’offre et de la
demande. L’offre et la demande sont deux mots que tous les serviteurs de l’Etat
doivent pouvoir utiliser pour de bonnes raisons. Ce sont des forces qui animent

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Économie
ENA-2020

les économies de marché1. Elles déterminent la quantité produite de chaque


bien et le prix auquel il sera vendu. Si vous voulez savoir comment n’importe
quel évènement ou n’importe quelle politique affecte l’économie, vous devez
d’abord penser à la manière dont il (elle) influencera l’offre et la demande.

CHAPITRE 1.

LE COMPORTEMENT DU
1Économie au sein de laquelle les prix et les quantités produites sont essentiellement le fruit de la
confrontation de l'offre et de la demande. Cette notion est opposée à celle d'économie centralisée.

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CONSOMMATEUR ET DU
PRODUCTEUR

Introduction partielle

Le consommateur dispose d’un budget limité pour ses acquisitions, il ne peut


acheter tout ce qu’il désire et doit opérer des choix entre les biens souhaités.
Pour les effectuer à bon escient, il établit une hiérarchie dans ses préférences
qu’il confronte avec ses moyens limités. Il choisit la combinaison de bien lui
apportant la plus grande satisfaction, l’utilité maxima.

1.1. Comment sont prises les décisions de consommation et de


production ?

1.1.1. Prises de décisions de consommation


- Maximisation de l’utilité
En théorie économique, le consommateur a un comportement
« maximisateur ». Il maximise son bien-être en choisissant ce qu’il veut acheter
(demande) mais il doit tenir compte de son budget. En d’autres termes, chaque

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Économie
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consommateur maximise son utilité sous contrainte budgétaire. Celle-ci définit


l’ensemble des paniers de biens qui épuisent le revenu d’un agent pour des
prix des biens donnés.

- Les déterminants de la demande


D’après la loi de la demande, toutes choses égales par ailleurs, quand le prix
d’un bien augmente la quantité demandée diminue et quand le prix augmente
diminue, la quantité demandée baisse.
La demande d’un bien par un individu dépend de plusieurs facteurs, parmi ces
facteurs, outre le prix du marché, on en trouve : Le revenu, le prix des autres
biens, les préférences ou les goûts mesurés par sa fonction d’utilité, les
anticipations, le nombre de consommateur.

• Le revenu
Qu’adviendra-t-il de votre demande si vous perdez votre emploi ? Fort
probablement, elle déclinerait. Un revenu plus faible signifie que vous avez
moins à dépenser au total et donc vous avez moins à dépenser dans certains
biens. Lorsque le revenu augmente, la demande augmente. On dit que ce bien
est un bien normal. Tous les biens ne sont pas des biens normaux. Quand la
demande pour un bien diminue lorsque le revenu augmente, il s’agit d’un bien
inférieur (les biens de faible qualité). En général, les pauvres compte tenu de
leur faible pouvoir d’achat ont tendance à consommer les biens de faible
qualité. Toute chose qui peut affecter négativement leur santé et naturellement
leur productivité.

➢ Approfondissement
Fiscalité et contrainte budgétaire
Pour bien comprendre l’incidence de la fiscalité sur la contrainte budgétaire du
consommateur, il est nécessaire de distinguer les impôts et revenus de
transferts qui affectent les ressources de l’agent, des taxes et subventions
portant sur la consommation des biens.

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- Lorsque la fiscalité porte sur le revenu des consommateurs


Tout d’abord, l’Etat peut décider de prélever une partie du revenu des
consommateurs grâce à la mise en place d’un impôt direct. Cet impôt direct
peut être forfaitaire ou proportionnel.

- Un impôt est dit forfaitaire lorsque le montant prélevé par l’Etat est
indépendant du niveau de revenu des consommateurs. Analytiquement,
si l’on note T le montant de cet impôt, le revenu disponible du
consommateur noté RD est : RD =R-T

- Un impôt est dit proportionnel lorsque le montant prélevé par l’Etat


correspond à une fraction du revenu du consommateur.
Analytiquement, si l’on note t le taux d’imposition, le revenu disponible
s’écrit : RD = R (1-t). Plus le revenu d’un agent est élevé, plus le revenu
prélevé par l’Etat est important.
Ici seul le revenu du consommateur diminue tandis que les prix relatifs
des biens ne sont pas affectés.
Lorsque la fiscalité porte sur la consommation des biens
L’Etat peut décider de mettre en place un impôt indirect c’est-à-dire une taxe
qui dépend de la consommation des agents. Il y a deux types d’impôt indirect :
les taxes unitaires et les taxes ad valorem :
- Une taxe unitaire ou encore taxe spécifique est exprimée en unités
monétaires. Elle indique le montant que devra payer un agent par unité
consommée. Analytiquement, si l’on note tu le montant de la taxe par
unité consommée de bien i, le prix TTC de ce bien s’écrit : pi + tu.
- Une taxe ad valorem
C’est une taxe qui dépend de la valeur des biens. Elle est exprimée en
pourcentage. Analytiquement, si la taxe ad valorem porte sur le bien i, le prix
de ce bien toute comprise s’écrit : pi (1+tav).

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Ici, les impôts indirects modifient les prix relatifs.

L’Etat peut décider de subventionner la consommation de certains biens.

• Les prix des biens proches


Quand la baisse du prix d’un bien réduit la demande d’un autre bien, on dit
que ces biens sont des substituts. Par exemple, le thé et le café. (La diminution
est dans les deux sens)
Des biens substituts sont deux biens tels qu’une augmentation du prix de l’un
engendre une augmentation de l’autre.

Lorsque la baisse du prix d’un bien fait augmenter la demande d’un autre bien,
on dit que ces deux biens sont des compléments. Ce sont souvent des paires de
biens qui sont utilisés ensemble, comme le gaz oil ou l’essence et la voiture, les
ordinateurs et les logiciels, le pain et le fromage. Si par exemple, le prix de
l’essence augmente, la demande de voiture va baisser.

Des biens complémentaires sont des biens tels qu’une augmentation du prix de
l’un engendre une baisse de la demande de l’autre.

• Les préférences
Le déterminant le plus évident de votre demande est votre goût pour les
choses. Si vous aimez la glace, vous en achetez plus.

• Les anticipations
Vos anticipations relatives aux évènements futurs peuvent influencer votre
demande de biens ou de services aujourd’hui. Lorsque vous sentez venir un
évènement qui va faire augmenter les prix sur le marché vous anticipez votre
demande.

• Nombre d’acheteurs
Comme la demande de marché est dérivée des demandes individuelles, elle
dépend de tous les facteurs qui déterminent la demande individuelle des

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acheteurs incluant leurs revenus, préférences, anticipations ainsi que les prix
des biens proches.

1.1.2. Prises des décisions de production

Le producteur est largement associé à un comportement de maximisation du


profit. Il peut également chercher à maximiser le chiffre d’affaires ou la part
de marché. Cependant dans tous les cas, il exerce son comportement rationnel
en minimisant ses coûts de production. En d’autres termes, pour un volume de
production donné, il choisira toujours les inputs de sorte à minimiser le coût
de production.
- Comment produire ?
La production est avant tout un processus de transformation des
ressources (inputs) en différents produits (output). Historiquement, on
distingue quatre catégories de facteurs de production: 1) la nature qui offre
terres cultivables, richesses minérales... 2) le travail qui est l’aptitude physique
et mentale des hommes et des femmes... 3) le capital qui permet l’achat et
l’utilisation de produits tels que les machines... 4) le talent de l’entrepreneur
qui contribue à la production par ses prises de décisions, les risques qu’il
accepte, ses capacités à innover et à gérer une organisation. Par mesure de
simplification, les économistes réduisent la fonction de production à deux
facteurs: le travail et le capital.
- Les déterminants de l’offre
La loi de l’offre désigne la relation croissante entre la quantité offerte et le prix
de vente. Toutes choses étant égales par ailleurs, quand le prix d’un bien
augmente, la quantité offerte augmente.
- Les prix des facteurs de production
Le capital et le travail sont les facteurs de production. Lorsque le prix de l’un
ou plus de ces facteurs augmente, la production devient moins profitable. Si le
prix d’un facteur de production augmente de manière substantielle, une firme
pourrait même fermer et ne plus offrir le produit. Ainsi, l’offre de biens est

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négativement reliée au prix des facteurs de production utilisés au cours de sa


fabrication.
- La technologie
La technologie qui transforme les facteurs de production en produit est un
autre déterminant de l’offre. Par exemple, l’invention de la machine à
NESCAFE a réduit la quantité de travail nécessaire pour faire du NESCAFE. En
réduisant les coûts industriels, le progrès technologique a augmenté l’offre de
NESCAFE.
- Les anticipations
La quantité de bien offerte par une firme aujourd’hui dépend de ses
anticipations relatives du futur. Par exemple, si elle s’attend à ce que le prix du
bien augmente dans le futur, elle stockera une partie de sa production
courante et mettra une quantité moindre sur le marché aujourd’hui.

- Le nombre de vendeurs
L’offre de marché dépend de tous les facteurs qui influencent l’offre des
vendeurs individuels, tels que des facteurs utilisés pour produire le bien, la
technologie disponible et les anticipations. En plus, l’offre sur un marché
dépend du nombre de vendeurs. Si par exemple un offreur d’un bien donné se
retire de l’activité, l’offre de ce bien peut baisser sur le marché.

1.2. L’équilibre sur un marché concurrentiel

1.2.1. Les différentes structures de marché


Le marché d’un bien ou service est le lieu économique d’échange de ce bien ou
service. Le marché permet la rencontre entre l’offre et la demande mais il n’est
généralement pas défini selon un critère géographique. Par exemple, le marché
de l’automobile est le lieu de rencontre entre plusieurs offreurs d’automobile
(des constructeurs de véhicules neufs ou des vendeurs d’automobiles
d’occasion) et différents demandeurs (il peut s’agir d’entreprises ou de
particuliers), conduisant à la fixation d’un prix de marché pour chaque

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catégorie de véhicule. Il s’agit d’un marché mondial car les offreurs sont
présents dans un très grand nombre de pays.
La structure de marché dépend du nombre d’offreurs et de demandeurs sur le
marché. Le tableau de Stacklberg (1934) permet de représenter les différentes
structures du marché possibles :
Offreurs Grand nombre Petit nombre Un seul
Demandeurs
Grand nombre Concurrence Oligopole Monopole
parfaite 
Petit nombre Oligopsone Oligopole Monopole
bilatéral contrarié
Un seul Monopsone Monopsone monopole
contrarié bilatéral

- Des exemples de structure de marché


Concurrence parfaite : certains marchés de produits agricoles
non-transformés peuvent comporter un grand nombre d’offreurs et de
demandeurs. Par exemple, le marché de blé, le café, etc. de même, le marché
du travail peut être fortement concurrentiel pour certains emplois peu
qualifiés et très répandu dans l’industrie. Notons qu’aucun de ces marchés ne
peut néanmoins être qualifié de « parfaitement » concurrentiel.

Oligopole : il s’agit de la structure de marché la plus fréquente aujourd’hui. On


peut citer le marché de l’automobile, de la téléphonie mobile (marché de vente
des services de téléphonie aux clients. Un petit nombre de vendeur se partage
le marché.
Monopole : cette structure de marché tend à se raréfier. En Côte d’Ivoire, on a
encore le cas de la CIE, SODECIE. On a aussi le quasi-monopole de Microsoft sur
le marché des systèmes d’exploitation pour pc (Windows).
Oligopsone : les centrales d’achat de la grande distribution sont en nombre
réduit face à une multitude de producteurs, de petite taille ou de grande taille.

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Économie
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De même, de grands constructeurs automobiles (Ford, General Motors, etc) ont


adopté une plateforme en ligne commune pour l’achat de pièces et
d’équipements. Ils effectuent des achats auprès d’une multitude de
fournisseurs.

Oligopole bilatéral : le marché de la haute couture et plus généralement de


luxe peut être décrit comme un oligopole bilatéral. La fabrication de vêtements
de luxe ou sur mesure est limitée à un petit nombre de vendeurs et toute une
clientèle restreinte.

Monopole contrarié : dans le domaine des télécommunications ou du


transport ferroviaire, une seule entreprise assure l’entretien et la mise à
disposition du réseau. Les concurrents de cette entreprise sont généralement
en nombre limité et doivent payer un prix d’interconnexion à l’opérateur
historique en charge du réseau.

Monopsone : dans certaines régions fortement touchées par le chômage et où


la mobilité des travailleurs est faible, une usine locale peut-être en situation de
monopsone sur le marché du travail (un seul demandeur de travail pour une
multitude d’offreurs).

Monopsone contrarié : dans le secteur de l’armement (et plus généralement


pour certains appels d’offre), l’Etat est le seul acheteur et il fait face à un
nombre réduit de vendeurs capables de respecter les critères de l’appel d’offre.

Monopole bilatérale : cette structure de marché est extrêmement rare. Aux


Etats Unis, certains syndicats représentent presque tous les salariés d’une
usine mais ne sont présents que dans cette usine. Dans ce cadre, les
négociations du syndicat avec la direction prennent la forme d’un monopole
bilatéral.
1.2.2. Les conditions de la concurrence pure et parfaite
- Formulation des conditions
La notion des marchés parfaits a été introduite par Knight (1921), qui insiste

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sur la libre circulation des informations, des biens et des entreprises. La notion
de concurrence pure a été introduite par Chamberlin (1993) qui met l’accent
sur l’homogénéité du produit. Aujourd’hui, le terme de concurrence parfaite
est utilisé pour décrire une situation de concurrence pure sur des marchés
parfaits. Cela signifie qu’aucun agent ne possède un pouvoir de marché
important. C’est pourquoi tous les agents considèrent les prix comme des
données : ils sont dits price takers. La concurrence est parfaite lorsque les
conditions suivantes sont vérifiées :
• L’atomicité des agents : chaque agent offreur ou demandeur possède
une taille négligeable par rapport à l’ensemble du marché.
L’atomicité est souvent vérifiée lorsqu’il existe un grand nombre
d’offreurs et de demandeurs sur le marché, conformément au tableau de
Stackelberg. On suppose généralement que le nombre d’agents sur le
marché est inversement proportionnel à la capacité de ces agents à
influer sur le prix du marché. Ainsi, aucune entreprise (ou aucun
consommateur) n’a un pouvoir de marché suffisant pour modifier le prix
du marché par son seul choix individuel.
• L’homogénéité du produit : les caractéristiques de chaque type de bien
sont identiques. Cette condition signifie qu’il n’existe pas de différence
de variété ou de qualité entre les biens au sein du marché étudié. Si bien
de qualité ou de variété différente existe, alors il est supposé vendu sur
un marché différent et indépendant.
• La libre entrée et sortie dans la branche : il n’existe pas de barrière
juridique institutionnelle, technique ou financière empêchant l’entrée ou
la sortie des firmes dans la branche considérée.
Cette condition est parfois appelé « fluidité». La libre sortie du marché
est nécessaire car, si la sortie était contrainte, cela pourrait dissuader des
entreprises d’entrer sur le marché.
• La transparence du marché : tous les agents économiques accèdent
librement à l’ensemble des informations pertinentes pour l’activité

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Économie
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concernée.
Les vendeurs et les acheteurs possèdent toutes les informations
concernant les caractéristiques des produits et les prix pratiqués. De
même, le prix de marché est observable par tous les agents extérieurs au
marché. Ainsi, d’éventuels entrants potentiels sur le marché peuvent
réparer les opportunités de profit existantes.
• La parfaite mobilité des facteurs de production : les facteurs de
production sont alloués aux entreprises qui leur accordent la plus
grande valeur.
Par exemple, on suppose que les travailleurs sont mobiles et qu’ils
déterminent l’emploi le plus intéressant au sein d’une vaste zone
géographique. Ainsi, les travailleurs sont employés par les entreprises
leur proposant les salaires les plus élevés. Les facteurs de production
peuvent circuler librement dans l’économie.
1.2.3. Les limites de la concurrence pure et parfaite

Il existe plusieurs limites aux conditions de la concurrence parfaite que nous


avons présentées :
- Atomicité des agents : il est fréquent que certain agent possèdent un
pouvoir de marché, ce qui caractérise une situation de concurrence
imparfaite.
- Homogénéité du produit : il est très rare que les produits soient
parfaitement identiques. Même si les produits remplissent la même
fonction, ils peuvent etre différenciés selon la marque du producteur ou
comporter des différences en termes d’emballage. Or les marchés de
produits similaires mais non-homogènes ne sont pas indépendants.
- Libre entrée et sortie : l’accès à certains marchés est restreint par une
réglementation spécifique, ce qui entrave la concurrence. Par exemple,
l’exercice de la profession de taxi nécessite une licence, l’exercice de la
médecine est limité par le numérus clausus, etc. De plus, la libre entrée
nécessite que les entreprises puissent accéder à des moyens financiers

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Économie
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leur permettant de démarrer leur activité. Or il existe un certain degré


de rationnement sur le marché du crédit, tel qu’il décrit dans le chapitre
3. Certaines entreprises possèdent aussi des brevets de fabrication ou un
savoir-faire exclusif qui empêchent leurs concurrents d’entrer sur le
marché. La sortie n’est pas davantage libre car certains couts sont
irrécupérables, comme les dépenses de publicité réalisés. Certains actifs
de l’entreprise peuvent être revendus sur le marché de l’occasion, mais
avec une décote.
- Transparence du marché : dans de nombreux domaines, l’information
n’est ni gratuite ni complètement accessible. Par exemple, un
consommateur doit généralement comparer les prix entre les différents
vendeurs au moment de réaliser son choix. Il est très difficile
d’envisager de réaliser une opération sur un marché financier sans
consulter un expert capable de décrypter les informations sur les
produits financiers ou sur les entreprises. Il peut également exister des
asymétries d’information entre les agents économique.
- Parfaite mobilité des facteurs de production : les travailleurs sont
imparfaitement mobiles et doivent supporter des coûts en cas de
changement de région. Certaines mesures protectionnistes, comme les
quotas ou les droits de douane, peuvent limiter la circulation de
certaines matières premières nécessaires à la production.
- L’équilibre partiel
L’équilibre de marché peut être défini comme une situation dans laquelle
chaque agent n’a pas intérêt à modifier son comportement étant donné le
comportement des autres agents de l’économie.

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Économie
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CHAPITRE 2

LES AGREGATS
ECONOMIQUES

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Économie
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Introduction partielle
Pour comprendre comment fonctionne l’économie dans son ensemble, il est
important de cerner quelques grandeurs économiques. Il est aussi primordial
de mettre en évidence les grands secteurs de l’activité économique. Par secteur,
il faut comprendre une partie de l’activité globale. C’est aussi l’ensemble
d’entreprises exerçant la même activité principale. A la fin du chapitre,
l’auditeur doit être à mesure d’établir une relation entre les différents secteurs
et montrer leur importance dans le développement économique d’un pays.

2.1. Présentation des grands secteurs de l’activité économique


L’économiste écossais Colin Clark a eu l'idée de définir trois principaux
secteurs économiques en tenant compte de la nature de l'industrie. Ce sont : le
secteur primaire, le secteur secondaire et le secteur tertiaire. Un autre secteur
est de plus en plus mis en évidence : le secteur quaternaire.

2.1.1. Le secteur primaire


Le secteur primaire comprend l'agriculture, la pêche, l'exploitation forestière
et l'exploitation minière. On désigne parfois les trois dernières industries par «
autres industries primaires ». Les industries primaires sont liées à l'extraction
des ressources de la terre et à l'agriculture.

2.1.2. Le secteur secondaire


Le secteur secondaire regroupe les activités liées à la transformation des
matières premières issues du secteur primaire. Il comprend des activités aussi
variées que l’industrie du bois, l’aéronautique et l’électronique. Ce secteur
prend en compte plusieurs composantes : Aéronautique, Agroalimentaire,
Automobile, Astronautique, Bâtiments et travaux publics (BTP), Construction
électrotechnique, Construction ferroviaire, Construction mécanique,
Construction navale, Industrie chimique, Industrie pharmaceutique, Industrie
spatiale, Électronique, Électroménager, Énergétique, Industrie textile, Industrie

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Économie
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papetière, Industrie du bois, Production d'énergie (EDF, centrale, électrique,


GDF etc.), Artisanat d'art, etc.

2.1.3. Le secteur tertiaire


Le secteur tertiaire regroupe toutes les activités économiques qui ne font pas
partie des deux autres. Par exemple, l’assurance, l'enseignement, la grande
distribution, les associations, le tourisme. Il s’agit du secteur qui produit des
services. Dans les pays développés, c’est de loin le secteur le plus important en
nombre d'actifs occupés. On distingue le secteur tertiaire marchand du secteur
tertiaire non marchand, ce dernier comprenant la production de services non
échangeables comme la justice, la sécurité, etc. Les différentes branches sont :
Assurance, Audit, Banque, Commerce, Communication, Conseil, Électricité,
Éducation , Formation, Entretien, Finance, Horeca (Hôtellerie, Restauration,
Café), Industrie des loisirs, Réparation, Recherche, Santé , Médecine, Sécurité,
Services à la personne, Services juridiques, Services publics, Tourisme,
Transport , Logistique.

2.1.4. Le secteur quaternaire


Michèle DEBONNIEUL part du principe que les objets connectés ne sont plus
vendu comme produit, mais comme une solution complète. Constitué d’un
produit (l’objet connecté) et d’un service associé (application, conseils), les
objets connectés réunissent le secteur secondaire et le secteur tertiaire. Ils
n’entrent plus dans le moule, d’où cette proposition de nouveau secteur
économique “quaternaire” pour tenter de rattraper le retard juridique et légal
autour des objets connectés.
Les objets connectés apportent un changement dans les business modèles et
notre utilisation de produits. Nous ne souhaitons plus un objet ou un service
mais une solution complète pour un objectif précis :
- Se maintenir en forme : trackeur d’activité + smartphone + service de
coaching personnalisé

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- Réduire mes coûts énergétiques : station domotique + station météo +


compteur intelligent + box internet
- Alerter les secours en cas de problème cardiaque : trackeur d’activité +
smartphone + suivi médical personnalisé + assurance.
- Aller à un RDV : calendrier partagé + service de secrétariat online +
service de transport.
Discussion : relation entre les différents secteurs d’activité

2.2. Analyse des principaux agrégats économiques


Les agrégats économiques sont des indicateurs synthétiques qui mesurent le
résultat de l’activité de l’ensemble de l’économie durant une année. Ce sont des
grandeurs de référence essentielles pour effectuer des analyses
macro-économiques des comparaisons dans le temps et dans l’espace.
On distingue les agrégats de production nationale, les agrégats de revenu
national, les agrégats d’épargne nationale et les agrégats de dépense nationale.

2.2.1. Les agrégats de la production nationale : PIB et PNB

- Le Produit Intérieur Brut (PIB)

✓ Définition
Le produit intérieur brut (PIB) est un agrégat économique qui représente la
somme des Valeurs ajoutées créées par les agents économiques résidents sur le
territoire national pendant une année. Il mesure la richesse créée pendant une
année et correspond à la valeur de la production disponible pour les emplois
finals, aux prix du marché. Le PIB est utilisé comme indicateur de la croissance
économique.
Le PIB d’un pays comprend :

• Le PIB marchand : ensemble des produits et services crées par des


entreprises résidentes (institutions financières et non financières) et

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Économie
ENA-2020

destinés à la vente (déduction faite des consommations intermédiaires) ;


• Le PIB non marchand : ensemble des services créent en dehors du
marché (non destinés à la vente) par les administrations publiques, les
administrations privées et les ménages. Le prix du service est évalué à
son coût de production (l'enseignement public, la défense nationale…).

✓ Calcul
Le PIB (au prix du marché) peut être calculé selon trois approches (Production,
Revenu, Demande) en additionnant :
• Soit tous les éléments de la production : somme des VA au prix du
marché ;
• Soit tous les éléments du revenu : salaires, intérêts, bénéfices, loyers,
dividende ;
• Soit tous les éléments de la dépense : consommation finale,
investissement, achats publics, exportations nettes (exportations moins
importations).
Dans tous les cas, le résultat devrait être le même, car une production a
toujours pour contrepartie un revenu qui, lui-même, a toujours pour
contrepartie une dépense, si bien que la somme de toutes les productions
(somme des VA) doit être égale à la somme de tous les revenus et égale à la
somme de toutes les dépenses.

- Le Produit National Brut (PNB)

✓ Définition
Le PNB mesure la richesse produite par les nationaux, pendant une année à
l’intérieur ou à l’extérieur du territoire.
✓ Calcul
Le PNB = PIB + les revenus du travail et du capital reçus du reste du monde par
les nationaux - les revenus du travail et du capital versé par les nationaux au
reste du monde.

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Économie
ENA-2020

• Revenu du travail : salaires rapatriés


• Revenu du capital et de la propriété : brevets, marque, profit rapatriés et
intérêts
Explication de la différence entre PIB et PNB : Le PIB mesure l'activité de
production réalisée sur le territoire d'un pays négligeant la nationalité Des
agents économiques (critère de territorialité) Le PNB mesure l'activité
économique des agents nationaux résidents ou pas sur le territoire National
(critère de nationalité)

Comment calculer le PIB ?


Il y a trois méthodes pour calculer le PIB, qui devraient, théoriquement, toutes
donner le même résultat :
Par les dépenses
Cette méthode est la plus populaire. Voici Nous l’équation qui la définit :
PIB = C + G + I + (X – M)
C : Dépenses de consommation
G : Dépenses gouvernementales
I : Investissements privés et publics
X : Exportations
M : Importations
En premier, il faut additionner toutes les dépenses de consommation des
personnes dans une région. Il faut faire la somme de tous les biens achetés,
incluant les services, de chaque personne au pays. Ce calcul inclut les biens de
base, comme l’épicerie par exemple, les biens à plus long terme comme les
meubles, et les services reçus comme les honoraires d’un avocat, par exemple.
Les dépenses de consommation pèsent le plus lourd dans l’équation du PIB.

Par la suite, il faut additionner les dépenses du gouvernement telles que les
salaires des fonctionnaires, les dépenses pour maintenir les infrastructures
publiques (routes, parcs), les dépenses reliées au service public (éducation,

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Économie
ENA-2020

santé), les dépenses de l’armée etc.

Ensuite il faut aussi additionner les investissements privés et publics, donc les
dépenses faites par les entreprises pour offrir leurs biens et services. Nous
devons comptabiliser les achats de la machinerie des entreprises, les achats
d’usines ainsi que les achats de maisons résidentielles neuves des ménages.

Finalement, il est important de noter que le PIB est une mesure des produits et
services créés dans un pays donné. De ce fait, il faut additionner les
exportations de ce pays car même si ces produits ne seront pas consommés à
l’intérieur des frontières, leur production a été faite quand même localement.
Pour cette même raison, il faut soustraire les importations de ce pays car
même si ces produits seront consommés dans le pays, c’est le pays de la
production qui pourra ajouter le coût de production à son PIB.
Voici à titre d’exemple, le PIB du Québec, selon les dépenses pour l’année 2013 :
PIB = C + G + I + (X – M)
PIB = 218 531 000 000$ + 89 438 000 000 + 79 199 000 000$ + (163 680 000 000$ –
187 703 000 000$)
PIB : 363 145 000 000$
Dans les données officielles, nous voyons un PIB Québec 2013 de 362 846 000
000$, car une légère correction est apportée à l’équation pour palier à certaines
lacunes de la méthode de calcul de celui-ci. En fait, le résultat final affiché est la
moyenne des deux PIB calculés selon la méthode des dépenses et la prochaine
méthode que nous allons voir, celle par les revenus.

Par les revenus


Pour la méthode de calcul du PIB à partir des revenus, nous devons résoudre
l’équation suivante :

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Économie
ENA-2020

PIB = Sal + RM + EBE + Tin


Sal : Total de la rémunération des travailleurs
RM : Revenu mixte net des entreprises non incorporées
EBE : Excédents bruts d’exploitation
Tin : Taxes indirectes nettes sur la production et les importations

Premièrement, il suffit d’additionner tous les salaires d’une région donnée


(Sal). Par la suite, il faut additionner tous les autres types de revenus (revenus
de location, intérêts, dividendes) sous la variable RM dans la formule. Ensuite,
il faut additionner les profits faits par les entreprises (EBE) et les taxes prises
sur la production et les importations (Tin), ce qui inclut les impôts perçus. On
peut observer que ce calcul correspond à la somme des revenus des
particuliers, des entreprises et des gouvernements.
Pour poursuivre l’exemple du PIB Québec 2013, voici le résultat selon la
méthode par les revenus :
PIB = Sal + RM + EBE + Tin
= 189 729 000 000$ + 38 412 000 000$ + 89 233 000 000$ + 45 173 000 000$
= 362 547 000 000$
Après un léger ajustement de la part des analystes, on obtient le PIB Québec
2013 de 362 846 000 000$. Ce dernier résultat est calculé en faisant la moyenne
des 2 PIB précédents, calculés selon chacune des méthodes : le premier calculé
sur les dépenses et le second calculé sur les revenus.

Par la valeur ajoutée


La troisième méthode de calcul du PIB est basée sur la valeur ajoutée. Elle est
surtout utilisée lorsqu’on veut étudier le PIB par secteur ou par industrie. En
bref, il suffit de prendre en compte la valeur ajoutée à chacune des étapes de la
transformation d’un produit.
La formule est la suivante :
PIB = Coût final– Prix des matières premières et des étapes intermédiaires +

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Économie
ENA-2020

Taxes
On pourrait tenir compte du coût des produits finaux, enlever le coût de la
production des produits et ajouter les taxes que ces produits rapporteront. En
faisant la somme de tous les secteurs et industries, on pourrait arriver au
même total que par les deux premières méthodes.

2.2.2. Les agrégats du revenu national : RNB et RNBD

- Revenu National Brut (RNB)


✓ Définition
Le RNB équivaut presque la même chose que le PNB
✓ Calcul
RNB = PIB + les revenus du travail et du capital reçus du reste du monde par les
nationaux - les revenus du travail et du capital versé par les nationaux au reste
du monde + les Subventions reçus du reste du monde – les impôts sur
production et importations versés au reste du monde.

- Revenu National Brut Disponible (RNBD)

✓ Définition
Le Revenu National Brut Disponible (RNBD) est la valeur des revenus que les
résidents d’un pays peuvent consacrer à la consommation finale et à l’épargne.
RNBD = Consommation finale nationale + Épargne nationale
✓ Calcul
RNBD = RNB +Transferts reçus du reste du monde- Transferts versés au reste
du monde = PIB + les revenus du travail et du capital reçus du reste du monde
par les nationaux - les revenus du travail et du capital versé par les nationaux
au reste du monde + les Subventions reçus du reste du monde – les impôts sur
production et importations versés au reste du monde + Transferts reçus du
reste du monde- Transferts versés au reste du monde.

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Économie
ENA-2020

- Revenu National (RN)


✓ Définition
Le RN est l’ensemble des revenus distribués aux différents agents aux cours
d'une année. Il correspond à la rémunération de tous les facteurs de
production au niveau national. Le Revenu National (RN) est le Produit National
net au coût des facteurs (PNN).

✓ Calcul
RN=PNN = PIB + les revenus du travail et du capital reçus du reste du monde
par les nationaux - les revenus du travail et du capital versé par les nationaux
au reste du monde+ les Subventions reçus du reste du monde – les impôts sur
production et importations versés au reste du monde-Amortissement.
Remarque : le Revenu National par tête d'habitant permet de renseigner sur le
niveau de richesse de la population et de faire des comparaisons entre pays.

- L'agrégat Épargne nationale


L'épargne nationale représente la partie du revenu disponible(RNBD) non
dépensée en consommation finale. L’épargne nationale brute constitue un
moyen de financement interne de l’investissement national.
Pour une économie donnée, on peut calculer la part du PIB consacrée à
l'épargne grâce à un indicateur principal qui est le taux d’épargne.

✓ Taux de l’épargne = [épargne nationale / PIB] x 100


L’Épargne Nationale se "transforme" en FBCF (Formation Brute de Capital Fixe)
au moyen du processus de transformation de l'épargne par les institutions
financières en crédits à l'économie. L'épargne nationale nette est égale à
l'épargne nationale brute dont on déduit la valeur des amortissements.

- L'agrégat Dépense nationale

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Économie
ENA-2020

La dépense nationale est la somme de la consommation finale nationale et de


l'investissement national.
• La consommation finale est la somme de la consommation finale des
ménages et de la consommation finale des administrations publiques
(Etat + collectivité)
• L'investissement national est la somme de la formation brute du capital
fixe (FBCF) et de la variation des stocks.

La FBCF représente la valeur des biens durables acquis par les unités
productrices résidentes afin d’être utilisés au moins un an dans le processus de
productions ainsi que la valeur des services incorporés à ces biens. Exemple :
Matériel et outillage, Bâtiments, Travaux publics (infrastructures),
Aménagements et plantations (défrichage, restauration du sol, Canalisation...),
Bétail.

Pour une économie donnée, on peut calculer la part du PIB consacrée à


l'investissement grâce à un indicateur principal qui est le taux
d’investissement.

Discussion :

- Analyse du PIB des pays de l’UEMOA

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Économie
ENA-2020

CHAPITRE 3

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
ENA-2020

LE ROLE DE L’ETAT
DANS L’ACTIVITE
ECONOMIQUE ET
SOCIALE

Introduction partielle

Le rôle de l’Etat dans l’économie d’un pays fait depuis longtemps l’objet de
controverse entre économistes selon qu’ils sont plutôt favorables à un Etat
neutre (les libéraux) ou au contraire un Etat interventionniste (les Keynésiens).
Même s’il y a controverse, les deux courants se rejoignent sur un point : l’Etat
minimal.

1. Définition de l’Etat
L’Etat au sens de la comptabilité nationale est une unité institutionnelle au sein
du secteur institutionnel « administrations publiques » dont la fonction est de

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Économie
ENA-2020

fournir à la collectivité des services non marchands (gratuits ou dont le prix est
inférieur à 50% du coût de production) et de redistribuer des revenus. En
d’autres termes produire de biens collectifs publics et ses ressources
principales proviennent de prélèvements obligatoires et éventuellement des
revenus des domaines et des entreprises dans lesquelles il est actionnaire.
L'Etat comprend donc :
- L’Etat central : les ministères, la banque centrale
- Les collectivités territoriales : communes, départements, régions,
- La sécurité sociale : l’assurance sociale et la protection sociale.

ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

Administrations Sécurité sociale


Collectivités locales
centrales

NB : A ne pas confondre administrations publiques et « secteur public ». Ce


dernier comprend les « administrations publiques » et les « entreprises
publiques ». Les premières sont financées par les impôts et/ou des cotisations
sociales. Les secondes tirent l'essentiel de leurs revenus du marché, par la
vente des biens et services qu'elles produisent. De même, les administrations
publiques ne sont pas les seuls agents à produire des services non marchands.
Il existe des administrations privées : ONG, syndicats, associations à but non
lucratif. etc.

Secteur public

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Administration Publique
Économie
ENA-2020

Entreprises
publiques

2. Poids de l’Etat dans l’économie


Pour connaitre le poids de l’Etat dans l’économie, l’on utilise en général deux
indicateurs :
Le taux de prélèvement obligatoire = (impôt + cotisations sociales)/PIB *100

Le poids des dépenses publiques dans le PIB = Dépenses publiques/PIB*100

Dans la suite de ce cours, nous présenterons les fondements de l’intervention


de l’Etat (section 1) et les différentes politiques économiques et sociales (section
2).

2.1. Les fondements de l’intervention de l’Etat


Cette section peut se résumer à la question suivante : Pourquoi l’Etat intervient
dans l’activité économique ? Plusieurs réponses à cette question.
Nous mettons en évidence les défaillances du marché et les fonctions de l’Etat
pour décrire l’interventionnisme Etatique.

2.1.1. Les défaillances du marché


Rappelons que les agents économiques interagissent (ces interactions sont
marchandes et non marchandes) via des rencontres. De ces rencontres
naissent des problèmes. Ces problèmes sont ce que les économistes ont pris
l’habitude de désigner par « défaillances de marchés ». Au sens large, ces
défaillances sont des situations qui prennent en défaut le fonctionnement
optimal du marché.
- Les biens publics
Ce sont des biens dont les propriétés mettent en échec les cadres traditionnels
du marché.

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31
Économie
ENA-2020

Rappel : Nous connaissons les biens privés. Ces biens ont pour
caractéristiques :

- Le principe de rivalité
Ce principe dit que deux individus ne peuvent simultanément jouir d’un même
bien. C’est le cas le plus général que l’on rencontre dans la réalité. Si un bien
est consommé par un agent, cela exclut qu’un autre agent le consomme
également.

- Le principe d’excludabilité
Ce principe rend possible l’exclusion de la consommation d’un bien par un
agent lorsqu’un autre le consomme, par l’instauration d’un prix à payer.
L’accès à un bien passe par le consentement à payer le prix de ce bien. Celui
qui paie entre en possession, il en devient propriétaire. Sauf si à la
redistribution volontaire de ce bien, dans le cadre de la famille ou du ménage.
Les biens qui ont ces deux propriétés définissent la catégorie des biens privés.
Ils constituent la forme habituelle de l’objet de transactions sur les marchés. Si
un bien ne respecte pas la propriété de rivalité, alors on est en présence d’un
bien collectif ; les biens non rivaux et non excludables mettent en échec le
principe de la régulation : ils empêchent le marché de procéder à une
allocation optimale de ces biens. Dès lors, l’intervention publique est justifiée.

Les biens publics sont donc des biens qui respectent le principe de non rivalité
et de non exclusion. En effet, les agents ne se font pas concurrence pour avoir
de tels biens. Par exemple, l’éclairage sur la voie publique. Il n’est pas aussi
possible de réserver l’usage à certains individus par un paiement.

Pourquoi défaillances de marché en présence de non excludabilité et non


rivalité des bien ?

Quelques explications
- La main invisible est mise en échec

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Économie
ENA-2020

- La non excludabilité est fortement liée à un territoire. Personne ne peut


se soustraire à la jouissance de la sécurité procurée par la défense
nationale.
- Les biens non excludables sont des biens dont l’incitation à produire
manque car le producteur n’a pas les moyens de contrôler l’accès par un
prix, et ne pourra donc pas rentrer dans ses frais.
- Conséquence : le marché ne conduira pas à la production optimale de ce
type de biens. Cause : les consommateurs vont adopter un
comportement de passagers clandestins en déclarant qu’ils ne sont pas
désireux de la production de ce type de biens. Si ce raisonnement est
généralisé, personne ne souhaite l’introduction de ce bien, donc le
marché ne produira pas ce bien. échec de la main invisible.
- Il faut faire intervenir la puissance publique qui se substitue aux
marchés pour réaliser l’allocation optimale de ce type de biens. Pour y
parvenir, le moyen préconisé c’est de prélever les ressources financières
sur la collectivité par l’impôt. Rien n’empêche ensuite l’Etat de déléguer
cette production à une entreprise privée.
- La question des biens non rivaux : un bien peut être consommé par un
agent sans que cela diminue la consommation de ce même bien par un
autre agent. Samuelson faisait remarquer qu’on peut se représenter la
chose comme si le consommateur marginal ne diminuait pas la
satisfaction des autres consommateurs ; le coût marginal pour servir un
consommateur supplémentaire est nul. C’est là la source de la
défaillance du marché. Cela conduit à une production sous optimale de
ce type de biens.
- La propriété de non rivalité conduit à une tarification qui entraîne une
consommation sous optimale. Les consommateurs sont rationnés. La
recommandation normative est qu’il revient à la puissance publique de
financer les biens non rivaux à partir de l’impôt. Ou alors à une
entreprise privée à laquelle sera confiée la gestion du bien.

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Économie
ENA-2020

- Les externalités
Les échecs de marché sont regroupés dans une catégorie générale que l’on
appelle les externalités. Une externalité se constitue lorsqu’une personne
s’engage dans une activité qui influence le bien-être d’un tiers qui ne paie ou
ne reçoit rien en contrepartie. Si l’impact sur le tiers est défavorable, il s’agit
d’une externalité négative, s’il est avantageux, il s’agit d’une externalité
positive.

Les externalités constituent une source de défaillance des marchés. En


présence d’externalités, le marché n’est pas en mesure de trouver une solution
optimale au problème de l’allocation des ressources.

- Donc, il faut trouver là aussi une procédure qui nous ramène à une
allocation optimale. Traditionnellement, on faisait appel à l’Etat et à une
régulation non marchande de ces externalités, comme l’imposition de
quotas, la réglementation…
- Ces solutions ont été critiquées dans les années 60, par un courant de
l’économie néo-classique issue des travaux de Coase. Ce mouvement
considère que l’intervention publique et la régulation non marchande
des externalités n’est pas toujours légitime, ni toujours efficace. Il existe
des solutions marchandes possibles si on précise mieux les droits de
propriété.
Quelques solutions aux externalités

• Les solutions réglementaires :


Les normes, les quotas. C’est la solution classique aux problèmes des
externalités, c’est la plus facile mais pas forcément la plus optimale.
La taxation 
La taxe pigouvienne. Pigou avait identifié le problème des externalités comme
le résultant d’un écart entre le coût privé et le coût social. Pour retourner à
une situation optimale, il propose de combler cet écart par le principe d’une

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34
Économie
ENA-2020

taxe.

NB : Il y a des solutions privées mais ici il s’agit de mettre l’accent sur
l’intervention de l’Etat à cause des échecs du marché.

• Le monopole naturel
Monopole qui découle des caractéristiques techniques de certaines activités
économiques dont les couts fixes d’installation sont très élevés de sorte que la
production est caractérisée par des couts moyens décroissants qui constituent
ainsi une barrière à l’entrée pour des concurrents potentiels. Le monopole
naturel est quelque fois présenté comme justification de la publicisation
(nationalisation, municipalisation) de l’activité économique.

2.1.2. Les fonctions de l’Etat


Musgrave a théorisé les fonctions qui sont encore utilisées pour décrire les
interventions de l’Etat : fonctions d’allocation, de répartition et de stabilisation.

- La fonction d’allocation ou d’affectation :


L’État affecte des moyens à la prise en charge de certaines productions non
marchandes : éducation, infrastructures publiques, services publics
divers…que le marché ne peut pas fournir.
- La fonction de répartition ou de redistribution :
Pour des soucis de justice sociale ou d’équité, l’Etat intervient pour corriger la
répartition primaire des revenus, opérée spontanément par le marché ; cette
répartition est inégalitaire. On appelle répartition primaire la répartition de
la richesse créée dans une économie entre les différents acteurs ayant
directement participé à la production. Les deux principaux sont : les ménages
et les entreprises. C’est la fonction distributive secondaire, qui vient après
l’allocation par le marché. Il s’agit de protéger les individus du risque et

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Économie
ENA-2020

assurer une certaine justice sociale : prestations sociales. Le but de la


répartition secondaire est d’atténuer les inégalités de la répartition primaire de
revenus. La répartition secondaire est synonyme de redistribution.

- La fonction de régulation ou de stabilisation de l’activité :


L’État doit réguler l’économie afin de prévenir les déséquilibres
macroéconomiques qui pourraient dériver d’un « laissez-faire » excessif. Cela
consiste à réaliser, dans la mesure du possible, le « carré magique » de Nicolas
Kaldor : absence de chômage, absence d'inflation, forte croissance de la
production et équilibre extérieur.

2.2. Les différentes politiques économiques et sociales


La politique économique et sociale est l’ensemble des actions mises en œuvre
par les pouvoirs publics à atteindre des objectifs relatifs à la situation
économique et sociale d’un pays. Lorsque les mécanismes de marché ont pour

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36
Économie
ENA-2020

conséquences des déséquilibres économiques et sociaux, l’Etat peut intervenir


par une action de régulation à travers une politique économique et sociale
visant des objectifs économiques et sociaux.
Les objectifs économiques sont la croissance économique, le plein emploi, la
stabilité des prix et l’équilibre des échanges extérieurs. Ces quatre
principaux objectifs permettent de tracer le carré magique. Ce dernier permet
une lecture immédiate de l’évolution des quatre principaux indicateurs de
l’économie. Plus la surface est large, meilleure est la santé de l’économie.
Les objectifs sociaux sont le maintien ou l’accroissement du niveau de vie des
ménages et la réduction des inégalités.

2.2.1. Les instruments de la politique économique et sociale


Les pouvoirs publics disposent d’une multitude d’instruments pour améliorer
les performances de l’économie nationale et atteindre les objectifs
prédéterminés. L’efficacité de la politique économique repose sur la
complémentarité des moyens utilisés dont les principaux sont les suivants :
- La politique monétaire
Elle est l’action menée par l’Etat et les établissements de crédits pour modifier
la masse monétaire en circulation en intervenant sur les taux d’intérêt, le
crédit et le change ;

Il est évident que si l'on pouvait imprimer des billets à n'en plus finir, on
pourrait distribuer mais ça ne servirait à rien car cet argent n'aurait plus une
valeur légale. En effet, les billets et pièces sont imprimés ou frappés car ils
correspondent à une réserve de valeur d'un pays.

Qu’est-ce que la monnaie ?


C’est un instrument de paiement reconnu par les Etats, les ménages et les
entreprises. Pendant des millénaires, on s’est contenté d’utiliser des matériaux
précieux pour régler ses achats (pièces d’or ou d’argent, sel et même
coquillages). Mais à partir du milieu du XVIIe siècle, les orfèvres londoniens, à

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Économie
ENA-2020

qui les riches marchands confiaient leur or, ont commencé à émettre des
certificats de dépôt. Et leurs possesseurs se sont rendu compte qu’il était
beaucoup plus facile de payer et de se faire payer avec ces bouts de papier (en
qui tout le monde avait confiance) qu’avec des pièces métalliques. La monnaie
fiduciaire était née.
Aujourd’hui les choses ont bien changé : 90% des échanges se font par de
simples jeux d’écritures (chèque) ou par des mouvements électroniques (carte
bancaire, virements). Mais le principe – la confiance – est toujours le même.

• Qui crée la monnaie ?


Contrairement à ce que l’on croit souvent, les instituts d’émission (BCE, Réserve
fédérale américaine et toutes les autres Banques centrales), seuls habilités à
imprimer des billets et à frapper des pièces, ne sont à l’origine que d’environ
10% des liquidités en circulation. Pour l’essentiel, ce sont en effet les banques
commerciales, comme la BNP ou le CIC, qui créent la monnaie.

• Comment font-elles ?
Elles accordent des crédits à leurs clients, voilà tout ! Certes, pour pouvoir le
faire, elles doivent posséder en réserve les sommes qu’elles prêtent — et même
un peu plus, afin de faire face aux retraits. Pour 100 euros déposés dans leurs
caisses, elles ne peuvent ainsi offrir qu’un crédit d’environ 80 euros à un
particulier, une entreprise, ou à l’Etat. Mais ce faisant, elles créent bel et bien
de la monnaie. La preuve ? Les 100 euros de dépôt existent toujours, puisque
leur possesseur peut en jouir à sa guise. Et les 80 autres existent aussi, leur
emprunteur les a peut-être déjà dépensés le temps que nous écrivions ces
lignes. La banque les a donc fabriqués de toutes pièces. Juste retour des choses,
lorsqu’on les lui remboursera, ils seront automatiquement détruits.
On le voit, la monnaie n’est pas une masse stable, un gros tas d’argent réparti
entre les agents économiques, comme on l’imagine intuitivement. C’est une
somme de liquidités mouvante, qui gonfle et se rétracte en permanence, en

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38
Économie
ENA-2020

fonction des crédits offerts. Les choses vont d’ailleurs plus vite qu’on ne le
pense. Imaginons à nouveau qu’un client A dépose 100 euros sur son compte et
que l’établissement s’en serve pour accorder un prêt de 80 euros à un client B.
Quelle que soit la façon dont il sera dépensé, cet argent va atterrir lui aussi sur
un compte bancaire. Il pourra donc servir à son tour de réserve pour l’octroi
d’un nouveau crédit, d’environ 60 euros cette fois, et ainsi de suite. Au total, à
partir d’un dépôt de 100 euros, les banques dans leur ensemble peuvent
fabriquer plus de 200 euros de nouvelles liquidités. Les spécialistes appellent
cela le multiplicateur de crédit.

Mais alors, pourquoi ne crée-t-on pas plus de monnaie pour s’enrichir ?


Au pays du Père Noël, cela marcherait sûrement. Mais pas dans la réalité. Car
ce ne sont pas les moyens de paiement qui font la richesse, mais bien le volume
de produits et de services disponibles sur le marché. A quoi sert d’avoir les
poches pleines d’or si les étals sont vides ! Voilà pourquoi la quantité de
monnaie en circulation doit toujours être corrélée à la production. Si elle
augmente plus vite, ce sont… les prix qui s’emballent.

Les Allemands peuvent en témoigner. Dans les années 1920, leur Banque
centrale avait imprimé une telle masse de marks (pour rembourser à la France
les dommages de guerre) que les étiquettes doublaient tous les jours dans les
magasins. Il fallait une brouette remplie de billets pour acheter son pain ! Un
siècle plus tard, nos voisins sont toujours traumatisés par le souvenir de cette
hyperinflation, et cela explique leur obsession de la rigueur.
On n’en est certes plus là aujourd’hui. Mais, selon les économistes, le monde
souffre encore d’un excès de liquidités, et ce n’est pas une bonne nouvelle.
Placée sur les marchés financiers, cette énorme quantité d’argent provoque en
effet l’apparition de bulles spéculatives dont l’explosion peut s’avérer
ravageuse, à l’exemple des subprimes. C’est pour éviter ce genre de dérives que
les Etats et les Banques centrales tentent d’encadrer la création monétaire.
A ce sujet, l'interview de Frédéric Alexis, directeur du mastère spécialisé

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Économie
ENA-2020

Finance Risque Contrôle à Audencia Nantes : Pourquoi la BCE ne crée-t-elle


pas davantage d'euros pour faciliter la relance de la croissance ?

• Comment s’y prennent-ils ?


Ils mettent en place des mécanismes pour limiter les capacités de prêt des
banques. En Europe, ces dernières sont par exemple contraintes de respecter
plusieurs ratios réglementaires : elles doivent placer l’équivalent de 1% de
leurs dépôts auprès de la BCE. Ce sont les réserves obligatoires. Elles doivent
aussi se soumettre au ratio de Bâle III, qui leur interdit de prêter plus de 8% de
leurs fonds propres – c’est-à-dire de leurs capitaux.
Les Banques centrales peuvent aussi faire varier à leur guise leur taux
directeur, qui détermine les taux d’intérêt auxquels les banques prêtent de
l’argent. Plus il augmente, plus les emprunts seront chers, moins les ménages et
les entreprises leur en demanderont, et moins on leur en accordera. Ainsi, le
multiplicateur de crédit, à l’origine de la création monétaire, sera freiné.

- La politique budgétaire
Elle est l’action sur la vie économique par le budget de l’Etat (choix du volume
des dépenses publiques, du déficit budgétaire, structure des dépenses par
fonction…). Par le biais des subventions, du traitement des fonctionnaires, des
achats de biens et services, l’Etat est en mesure de peser sur la conjoncture
économique et sociale ;
- La politique fiscale
Elle est l’action sur le niveau de pression fiscale, sur la répartition entre les
différents types de fiscalités. En diminuant la fiscalité des agents économiques,
l’Etat peut stimuler la consommation et donc la production.
- La politique des revenus
Elle définit les règles concernant la répartition et la redistribution du revenu ;
- La politique industrielle
Elle est l’action menée par les pouvoirs publics en vue d’orienter, de
coordonner et de favoriser le développement industriel (production des

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


40
Économie
ENA-2020

entreprises publiques, aides et subventions aux entreprises privées…).


2.2.2. Les politiques de l’emploi et de lutte contre le chômage
Les politiques de l’emploi représentent l’ensemble des mesures prises par l’Etat
pour agir sur le fonctionnement du marché du travail afin de réduire le taux
de chômage. Elles ont des effets qui demeurent limités pour résoudre le
problème du chômage. On distingue deux types de politiques de l’emploi :
- Les politiques actives de l’emploi ou de lutte contre le chômage ont une
logique d’action destinée à favoriser la demande de travail (l’emploi).
- Les politiques passives de l’emploi ou de lutte contre le chômage ont une
logique d’ordre social notamment l’indemnisation du chômage.
• Les politiques actives :
Les politiques actives de l’emploi peuvent s’appliquer sur l’activité économique
ou sur l’emploi. Elles ont pour objectif de favoriser la création d’emplois et
d’assurer un meilleur fonctionnement du marché du travail.
Leur action porte sur la création d’emplois et les ajustements sur le marché du
travail :
- La création d’emploi peut être favorisée par la diminution du coût du
travail, en particulier les exonérations fiscales, la diminution des
charges salariales…
- L’amélioration de l’ajustement entre l’offre et la demande de travail
peut se faire en privilégiant la mobilité des actifs par des actions de
formation et de qualification. Ces mesures ciblées peuvent bénéficier
surtout aux jeunes et aux chômeurs de longue durée.

• Les politiques passives :

Les politiques passives de lutte contre le chômage sont constituées de


l’indemnisation du chômage. Elles se sont développées d’abord dans une
logique d’assurance (transfert de risque entre les actifs), qui explique la
pratique de cotisations. Leur but est l’accompagnement social du chômage,

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


41
Économie
ENA-2020

donc elles ne visent pas à résoudre le fond du problème.

DEUXIEME PARTIE :

LA CROISSANCE ET
LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


42
Économie
ENA-2020

Tous les pays aspirent à un mieux-être. C’est pourquoi les gouvernants créent
des richesses pour satisfaire au mieux leur population. Cette amélioration des
conditions de vie passe par la croissance économique. Celle-ci toutes choses
étant égale par ailleurs peut favoriser le développement socio-économique.
Cette partie vise à apporter à l’énarque des outils d’analyse nécessaires pour
comprendre au mieux les notions de croissance et développement
économique. Il tentera par ailleurs d’énoncer successivement les notions de
croissance économique (1.1) et la notion de développement économique (1.2).

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


43
Économie
ENA-2020

1.1. Notion de croissance économique


1.1.1. La croissance est un phénomène quantitatif.
C'est « l'augmentation soutenue pendant une période longue d'un indicateur de
production en volume » (F. Perroux). Elle représente l'augmentation de la
richesse, exprimée sous forme monétaire. La croissance est mesurée par
l'augmentation du PIB. Cette augmentation peut être exprimée en valeur (FCFA
courants) ou en volume (en FCFA constant en prenant en compte le taux
d'inflation). L'évolution du PIB mesure le rythme de la croissance. Le PIB aux
prix du marché est un agrégat représentant le résultat final de l'activité de
production des unités productives résidentes.

1.1.1.1. Les effets de la croissance sur le niveau de vie


Par la mécanisation du travail et la standardisation des produits, la croissance
accroit la productivité du travail et génère des économies d'échelle. Le surplus
dégagé permet d'accroitre les salaires, la consommation et donc les profits.
Dans ce modèle, la consommation de masse permet d'absorber la production
de masse. D'une manière plus générale, la croissance permet d'accroitre le
revenu des agents et de satisfaire d'avantage de besoins. La croissance est une
condition nécessaire à l'amélioration du niveau de vie.

La croissance économique produit une augmentation de la richesse collective


et une augmentation statistique de la richesse monétaire par tête. Cette
augmentation est mesurée par le PIB/habitant. Les comparaisons
internationales doivent prendre en compte l'effet de la parité du pouvoir
d'achat.

La croissance modifie le niveau de vie lié à la variété de l'offre proposée aux


ménages et au pouvoir d'achat des agents (compte tenu de l'augmentation des

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


44
Économie
ENA-2020

revenus réels). La croissance permet de satisfaire de nouveaux besoins par la


consommation de biens, comme le montre l'évolution du taux d'équipement
des ménages en biens durables (automobile et électroménager, puis
informatique et téléphones portables) et par la consommation de services
(augmentation des dépenses de santé). Pour les ménages, la croissance permet
également la constitution d'un patrimoine (augmentation du taux de
propriétaires de leur résidence principale par exemple).

La croissance modifie partiellement des conditions de vie en modifiant


l'environnement économique. D'une part, les gains de productivité permettent,
sur une longue période, de réduire la durée du travail. D'autre part,
l'augmentation du revenu réel des parents permet l'augmentation de la durée
des études des enfants.

1.1.1.2. Les limites de la mesure de la croissance


Le PIB ne prend en compte que la création de richesses monétaires
mesurables.
Faute de sources statistiques précises, le PIB ne peut appréhender toutes les
sources de la création de richesse, notamment liés :
• Au travail clandestin ou aux activités illicites (trafic de drogue) ;
• A l'autoproduction des ménages (bricolage, ménage) ;
• Aux activités non marchandes (associations caritatives).
La valeur mesurée par le PIB n'est donc pas la richesse réelle, ni totale.
Le PIB ne peut pas mesurer la valeur monétaire de l'ensemble des externalités
(positives ou négatives) émises par les agents. La pollution (« marée noire »)
détruit la valeur du patrimoine mais la valeur de ce dernier n'est pas (encore)
comptabilisée. A l'inverse le PIB intègre les coûts liés à la dépollution (tels que
la valeur du travail de nettoyage de la pollution par exemple).
Le PIB est un indicateur monétaire qui ne tient pas compte de la distribution
de la richesse dans la population, donc des inégalités de répartition. La

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45
Économie
ENA-2020

moyenne statistique (le PIB/habitant) n'apporte pas d'information sur le niveau


réel de revenu individuel des habitants. D'autre part, le PIB ne renseigne pas
sur la répartition sociale (l'étendue des services publics par exemple), sur les
conditions de scolarisation, sur l'espérance de vie, tous éléments
indispensables au bien-être de la population.

Le PIB mesure donc la richesse monétaire totale produite par l'activité


économique sur un territoire mais ne permet pas de situer le mode de vie réel
de la population. Notion de développement économique.

1.1.2. Un phénomène qualitatif ?

Alors que la croissance est d'abord un phénomène quantitatif de nature


économique, le développement est un mouvement continu sur le long terme,
de nature qualitative et quantitative, qui modifie durablement les structures
économiques, sociales et démographiques de la société. Cependant, le
développement s'appuie sur la croissance, et la prolonge en modifiant sa
nature et ses effets. Le niveau de développement et de bien-être des différentes
nations s'apprécie par des indicateurs spécifiques (IDH et IPH).

1.2. Notion de développement économique

1.2.1. La nature et le rythme du développement

Alors que la croissance est un phénomène irrégulier, qui peut connaitre des
récessions sur le court terme, le développement est un mouvement qui s'inscrit
sur le très long terme (plusieurs décennies, voire plusieurs siècles dans le cas
de l'Europe). Il produit de multiples effets :
- Effets démographiques : allongement de l'espérance de vie, baisse de
la mortalité infantile puis diminution du taux de natalité (phénomène
de transition démographique).
- Effets sociaux-culturels : développement de la scolarité, allongement
de la durée des études et du niveau de formation de la population

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


46
Économie
ENA-2020

active, évolution des rôles liés au genre.


- Effets économiques : augmentation de la productivité des facteurs,
amélioration des conditions de vie (baisse de la malnutrition),
développement de la variété de la consommation et de l'épargne, et
développement des infrastructures publiques (écoles, hôpitaux,
communication). Alors que la croissance économique produit
l'augmentation de la richesse collective, le développement permet
l'augmentation générale du bien être individuel et accompagne
l'extension des libertés humaines (A. Sen).

1.2.2. La mesure du développement

Le PIB est le principal indicateur de la croissance mais il ne mesure pas les


multiples effets (démographiques et sociaux) produits par le développement.
De plus le PIB ne tient pas compte des « dégâts du progrès » sur
l'environnement, dont la préservation est pourtant indispensable au bien-être.
On utilise deux indicateurs principaux pour apprécier le développement.
L'IDH (indicateur de développement humain) est un indice statistique
composite créé par le Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD) en 1990 (Amartya Sen). Depuis 2010, l'IDH est construit selon un
nouveau mode de calcul à partir de quatre indicateurs : l'espérance de vie à la
naissance, la durée moyenne de scolarisation, la durée attendue de
scolarisation, et le PIB réel par habitant exprimé en PPA.
Le PNUD distingue ainsi trois groupes d'économies : les pays à développement
humain élevé (IDH supérieur ou égal à 0,800), les pays à développement
humain moyen (IDH compris entre 0,800 et 0,500) et les pays à développement
faible (IDH inférieur à 0,500).

DISCUSSION :
Construisez vos propres tableaux d’IDH

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47
Économie
ENA-2020

Construire un tableau qui explique le niveau de l’IDH pour les pays de


l’UEMOA
1. Accédez au site du PNUD. Construisez votre tableau :
http://hdrstats.undp.org/fr/tableaux/
2. Comment expliquer le niveau de l'IDH, compte tenu de la variété de ces
indicateurs

Exemple : parmi les économies développées, les états à plus bas revenus par
habitants, ou à espérance de vie plus réduite, ont-ils le plus faible IDH ?
Pourquoi ?
L'IPH (indicateur de pauvreté humaine)
Le PNUD a complété en 1997 l'indicateur de développement humain (IDH) par
un indicateur spécifique de la pauvreté. La pauvreté ne pouvant être comparée
entre pays riches et pays pauvres, on distingue l'IPH-1 (pour les pays en
développement) et l'IPH-2 (pour les pays développés).
L'IPH1 repose sur trois variables :
• Le risque de mourir avant 40 ans (indicateur de longévité P1) ;
• Le taux d'analphabétisme parmi les adultes (indicateur d'instruction P2)
;
• Les conditions de vie mesurées à la fois par l'accès aux services de santé,
l'accès à l'eau potable et la sous-nutrition chez les enfants de moins de cinq ans
(indicateur de conditions de vie P3).
L'IPH2 complète l'IPH1. Le PNUD a adapté sa définition de la pauvreté humaine
au contexte spécifique des pays industrialisés, en ajoutant une quatrième
variable, le taux de chômage de longue durée (indicateur d'exclusion P4).
Plus récemment l’empreinte écologique repose aussi sur le même principe que
l’IDH puisqu’il consiste à faire la moyenne de divers indicateurs jugés
pertinents. Cet indicateur agrège différentes consommations à l’aide d’une
unité de compte originale : leur équivalent en hectare global. L’empreinte
écologique évalue ainsi l’impact de la consommation d’une population donnée

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


48
Économie
ENA-2020

en calculant la surface de sol et d’océan nécessaire pour la produire et pour


assimiler les déchets qu’elle génère.
Si tout le monde consommait autant qu’un Français, il faudrait disposer de
près de 3 planètes pour assurer un développement durable. En effet notre
empreinte écologique est de 5 ha alors que la Terre n’offre qu’1.8 ha par
habitant !

Global Footprint Network, 2010 © Green et Vert 2011


http://www.greenetvert.fr/2011/03/18/le-jour-ou-notre-empreinte-ecologique-a-
depasse-la-biocapacite/14515

1.3. Les relations entre croissance et développement

La croissance et le développement sont interdépendants. La croissance est une


condition préalable au développement et un certain seuil de développement
est nécessaire pour amorcer un véritable décollage économique.
La croissance est un préalable au développement dans la mesure où
l'augmentation du PIB et de la richesse distribuée (le PIB/ha) entraine la
réduction de la pauvreté, la constitution d'une épargne favorable à
l'investissement des entreprises, et la création de recettes fiscales qui
favorisent les investissements publics (infrastructures). Cependant la

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


49
Économie
ENA-2020

croissance ne produit pas nécessairement le développement du bien être


individuel compte tenu du mode de répartition de la richesse (la croissance
aux USA s'accompagne d'une augmentation des inégalités de revenus), de
l'intensité du travail (augmentation du stress au travail) et du respect des
libertés humaines (Russie et Chine par exemple).
Le développement est nécessaire pour amorcer la croissance dans la mesure
où l'investissement public en capital humain (éducation, santé) autorise les
transformations de la structure des emplois par type de qualification et par
secteurs d'activité (phénomène de tertiarisation de l'économie).

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


50
Économie
ENA-2020

TROISIEME PARTIE

LES RELATIONS
ECONOMIQUES
INTERNATIONALES

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


51
Économie
ENA-2020

Le cadre libéral est bien évidemment fort éloigné de la relation économique


internationale. Cette partie vise à apporter un éclaircissement sur la dette des
pays en développement ainsi que les différents accords liant les pays.
Ainsi, dans cette partie, nous exposerons d’une part l’endettement des pays en
développement chapitre 1) et d’autre part, les accords économiques
internationaux (chapitre2).

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


52
Économie
ENA-2020

CHAPITRE 1

L’ENDETTEMENT
EXTERIEUR DES PAYS
EN DEVELOPPEMENT

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


53
Économie
ENA-2020

Introduction partielle
Qu’est-ce que la dette publique? Voilà comment débuter ce cours. La dette
publique est l'ensemble des engagements financiers pris sous forme
d'emprunts par l’Etat et les entités publiques. Elle se compose de la dette
publique intérieure qui représente ensemble des créances détenues par les
agents économiques résidents d'un État souverain sur cet État et de la dette
publique extérieure qui est l’ensemble des dettes dues par un Etat à des
prêteurs étrangers. La dette publique peut être de court terme (échéance d’un
an ou moins), de moyen terme (échéance allant d’un à dix ans) ou de long
terme (échéance au-delà de dix ans).
La dette publique augmente à chaque fois que le budget des administrations
est en déficit et que l’Etat doit emprunter pour couvrir ce déficit. Le flux de
déficit alimente donc le stock de dette existante.
Le remboursement de la dette génère le « service de la dette » qui est la somme
que l'emprunteur doit payer chaque année pour honorer sa dette. Le service de
la dette comprend :
- La charge de la dette qui représente les intérêts calculés en appliquant
un taux d'intérêt fixé au moment de l'emprunt au capital restant dû ;
- Le principal ou « annuité ». Le principal est le montant du capital
emprunté qui est remboursé chaque année. Ce montant dépend de la
durée et du montant total de l'emprunt (par exemple, pour une dette
préalablement contractée pour une durée de vingt ans, le
remboursement d’un vingtième de la dette par an représente l’annuité).

1.1. Fondements de l’endettement

1.1.1. Fondements théoriques


En général, trois raisons théoriques justifient le recours d’un pays à l’emprunt

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54
Économie
ENA-2020

extérieur.
- Financer un investissement
Lorsque l’épargne est inférieure à l’investissement : un pays peut renfermer un
potentiel d’investissement productif sans pour autant disposer d’un niveau
d’épargne intérieure suffisant pour financer cet investissement. Il peut donc
recourir à l’épargne extérieure source d’accumulation de la dette extérieure.
- Lisser les fluctuations de la consommation en cas de baisse du
revenu
Si un déficit du compte courant résulte de chocs exogènes négatifs
(dégradation des termes de l’échange, catastrophes naturelles, récession du
côté des principaux partenaires) qui donnent lieu à une baisse du revenu, alors
le pays peut :
- Soit réduire ses dépenses de consommation et d’investissement
(absorption) proportionnellement à la baisse du revenu pour remédier à
ce problème. Ce qui ne conduit pas à une dégradation du compte courant
;
- Soit contracter une dette extérieure pour maintenir le niveau
d’absorption. En effet, si cette baisse du revenu n’est que temporaire, le
pays sera convié à contracter une dette extérieure.

1.1.2. D’autres causes ?

• Crise du capitalisme
Le premier est la crise du capitalisme qui se traduit par une baisse de la
rentabilité du capital, par un effondrement en 1971 du système monétaire
international fondé en 1944 et la chute du dollar déjà miné à cause de
l’accumulation de dollars dans le monde, et par le quadruplement du prix de
pétrole en dollars accumulés depuis plusieurs années à cause du déficit de la
balance des paiements américaine et soudainement accrus après le premier
choc pétrolier.

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


55
Économie
ENA-2020

Les grandes banques occidentales vont octroyer des prêts faciles aux pays du
tiers monde, à un moment où la croissance des pays industrialisés donne des
signes de fatigue. Les taux d’intérêt réels sont très bas à cause d’une inflation
forte. Ces prêts ont servi à financer des investissements publics dans certains
pays du Sud. Toutefois, les effets de l’endettement de ces pays ont été
perceptible très rapidement notamment avec la crise mondiale qui a suivi la
deuxième crise pétrolière. Patillo, et al. (2011) analysent deux moments
critiques du processus d’accroissement de la dette : lorsque l’accroissement de
la dette ralentit la croissance, puis lorsque son impact devient négatif et
aggrave la situation du pays. Ils concluent qu’à condition d’être contenus dans
des limites raisonnables, les emprunts extérieurs utilisés pour financer
l’investissement productif tendent à accélérer la croissance ; une fois ce seuil
dépassé, l’accumulation de dettes nouvelles risque de freiner l’expansion.

• Le deuxième facteur se situe dans la crise spécifiquement


américaine.
A la fin des années 1970, les Etats-Unis ont été frappé par une inflation et un
déficit extérieur importants. Pour sortir de la crise et réaffirmer leur
leadership mondial, les États-Unis décident une forte augmentation des taux
d’intérêt américains qu’a entraînée la politique monétaire restrictive du
président de la Federal Reserve, Paul Volcker. Le but était d’attirer les capitaux
pour faire baisser l’inflation et relancer la machine économique américaine.
Les investisseurs de toute la planète s y précipitent car il devient soudain très
intéressant de placer leurs capitaux aux États-Unis car il en tirera un meilleur
bénéfice. Les conséquences vont être terribles, car les taux d’intérêt des prêts
bancaires accordés aux pays en voie de développement étaient variables et liés
aux taux américains et anglais. De l’ordre de 4-5 % dans les années 1970, ils
passent à %, voire davantage au plus fort de la crise, car la prime de risque

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


56
Économie
ENA-2020

devient énorme. Ainsi, du jour au lendemain, les pays en développement


doivent rembourser trois fois plus.

Au cours des années 1970, les pays débiteurs doivent donc se procurer de plus
en plus de devises pour rembourser leurs créanciers. Conditionnés pour
poursuivre les paiements coûte que coûte, ils ‘ont alors qu’un seul recours :
produire davantage pour exporter. Ce faisant, ils mettent sur le marché en
même temps de plus en plus de matières premières alors qu’u Nord, la
demande n’a pas augmenté. Cela entraîne une sévère chute de leurs cours. Les
pays en voie de développement doit donc rembourser davantage en disposant
de revenus moindres : il se retrouve alors pris dans l’étau de la dette, incapable
de faire face aux échéances de remboursement. Il doit s’endetter de nouveau
pour rembourser, mais cette fois-ci au prix fort. La situation se détériore très
rapidement. En août 1982, le Mexique est le premier pays à annoncer qu’il
n’est plus en mesure de rembourser. D’autres pays très endettés, comme
l’Argentine et le Brésil, vont suivre. C’est la crise de la dette, qui va ébranler
tous les pays endettés d’Amérique latine et d’Afrique (et un peu plus tard
d’Asie), quel que soit le gouvernement, quel que soit le degré de corruption et
de démocratie.

- Les plans d’ajustements structurels


Les modèles de développement « autocentré », basés sur les politiques de
substitution aux importations mise en place par les PED, n’ont pas produit les
résultats escomptés. L’annonce mexicaine d’août 1982 va être l’occasion pour
les libéraux de tester leurs remèdes sur les pays du Sud. Ainsi, voyant que cette
crise pourrait avoir de fâcheuses répercussions sur la stabilité du système
financier international, le Fonds monétaire international (FMI), relégué au
second plan après l’éclatement du système de Bretton Woods, va trouver là
l’occasion de revenir sur le devant de la scène. Ce retour du libéralisme va se
faire à travers le consensus de Washington qui peut se résumer en dix

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


57
Économie
ENA-2020

commandements :
- Austérité budgétaire : limiter les dépenses publiques pour éviter
l’inflation et les déficits
- Réforme fiscale : augmenter le nombre de contribuables, diminuer les
taux élevés et généraliser la TVA ;
- Politique monétaire orthodoxe : les taux d’intérêt réels doivent être
positifs pour attirer les capitaux internationaux ;
- Taux de change compétitifs : dévaluer la monnaie pour rendre les
exportations attrayantes ;
- Libéralisation : abaisser les barrières tarifaires commerciales (droits de
douane) pour accentuer le commerce international et donner une totale
liberté de mouvement aux capitaux internationaux ;
- Compétitivité : attirer les investissements directs étrangers (IDE) pour
financer le développement en leur garantissant une égalité des droits
avec les investissements domestiques ;
- Privatisation : vendre les actifs de l’Etat pour assainir les finances
publiques et développer les entreprises privées, supposées mieux gérées
;
- Réduction des subventions : supprimer les subventions agricoles, à la
consommation, etc., et laisser le marché déterminer le « juste prix » des
biens ;
- Déréglementation : éliminer toutes les règles qui freinent l’initiative
économique et la libre concurrence ;
- Droits de propriété : renforcer les droits de propriété pour promouvoir
la création privée des richesses.

C’est dans ce contexte de retour au système de marché que les plans


d’ajustements structurels sont devenus comme le seul moyen d’« assainir » les
économies des pays endettés. L’objectif est de leur permettre de développer des
activités exportatrices générant les devises nécessaires au remboursement de

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


58
Économie
ENA-2020

leur dette. Toutefois, les résultats de ces politiques ont contribué à empirer la
situation des économies africaines.
En somme, la crise de la dette a été provoquée par trois phénomènes qui se
sont succédé rapidement
- La croissance très importante des sommes à rembourser, due à la hausse
brutale des taux d’intérêt décidée aux Etats Unis ;
- La baisse très importante des cours des produits exportés par les pays
endettés sur le marché mondial et avec lesquels ils remboursent leurs
emprunts, à laquelle s’ajoute l’arrêt des prêts bancaires.
- Les plans d’ajustements structurels

1.2. Solutions à l’endettement des PED

Les pays confrontés à des problèmes d’endettement doivent remplir deux


conditions afin d’obtenir une restructuration de sa dette. Tout d’abord, avoir
des arriérés de paiement et se trouver en situation de « défaut imminent »,
c’est-à-dire être sur le point de ne plus pouvoir honorer le service de sa dette.
Ensuite, avoir conclu avec le FMI un accord concernant un programme
d’ajustement structurel. Les pays remplissant ces conditions pouvaient passer
devant le club de Paris afin de restructurer sa dette bilatérale ou le club de
Londres afin de restructurer sa dette privée. Il se retrouvera alors seul face au
front uni des créanciers puisque les banques, comme les Etats du Nord,
adoptent une approche pays par pays, ceci afin de garder un contrôle sur leurs
débiteurs. Les opérations de restructuration peuvent prendre quatre formes :
- Le rééchelonnement,
Il consiste en une modification des échéances ou un report du paiement du
principal et/ou des intérêts. Le but est de donner un peu d’oxygène à un pays
en difficulté. Dans les faits, il s’agit de perpétuer les créances afin de maintenir
les PED sous contrôle. Ainsi, le club de Paris a négocié 174 accords de
rééchelonnement entre 1976 et 1998 pour un montant total de 55 milliards de
dollars. Le club de Londres connaît une activité beaucoup plus importante car

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


59
Économie
ENA-2020

la dette privée représente plus de 60% de la dette totale des PED ;


- Le refinancement
Cela consiste en l’octroi de nouveaux prêts par les IFI, les Etats et les banques
du Nord. En pratique, face au désengagement croissant des banques dans les
années 1980, le FMI a prêté aux pays en crise afin qu’ils puissent rembourser
les banques du Nord. Ainsi, la dette augmente sans que les populations
profitent des sommes prêtées ;
- La conversion
Elle consiste en un changement de nature de la créance. Le marché secondaire
des créances douteuses, apparu dès 1983 lorsque les créanciers privés ont
cherché individuellement à se faire rembourser par leurs débiteurs au mépris
des accords passés au club de Londres. Ce marché a été le lieu de nombreuses
innovations qui seront institutionnalisées avec le plan Brady en 1989, qui
reconnaît alors officiellement que la dette des PED ne doit plus être
remboursée à sa valeur faciale. Les créances peuvent être converties en actifs
réels ou encore en titres ;
- L’annulation
Elle consiste à réduire le stock de la dette. C’est l’instrument le moins utilisé car
il redonne des marges de manœuvre aux PED. Cette pratique va être
développée par les Institutions Financières Internationales (IFI) à partir de
1996 au travers de l’initiative pays pauvres très endettés (PPTE).

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60
Économie
ENA-2020

CHAPITRE 2

LES ACCORDS
ECONOMIQUES
INTERNATIONAUX

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


61
Économie
ENA-2020

Introduction partielle

Les relations économiques internationales sont des mouvements de capitaux et


des échanges commerciaux. Nous examinerons dans ce chapitre les diverses
raisons pour lesquelles les nations peuvent avoir intérêt à coopérer dans le
domaine commercial. Dans le présent chapitre nous allons examiner les
différents aspects fondamentaux liés aux différents accords internationaux.

Ce chapitre s’intéresse principalement aux différents accords internationaux


(Section 1), les accords de l’Organisation mondiale du commerce (section 2) et
enfin des différents accords régionaux (section 3)

2.1. Accords internationaux

2.1.1. Accords de Bretton Woods

Définition
Les accords de Bretton Woods sont des accords économiques signés le 22 juillet
1944 à Bretton Woods aux Etats-Unis après trois semaines de débat entre 730
délégués représentant l’ensemble des 44 nations alliées plus un observateur
soviétique. Ces accords dessinaient les grandes lignes du système financier
international en 1944. Leur objectif principal fut de mettre en place une
organisation monétaire mondiale et de favoriser la reconstruction et le
développement économique des pays touchés par la guerre. Les débats

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


62
Économie
ENA-2020

opposaient principalement John Maynard Keynes qui dirigeait la délégation


britannique et Harry Dexter White, assistant au secrétaire au Trésor des
États-Unis, qui avaient tous deux préparé un plan d'ensemble. Le plan Keynes
fut ébauché dès 1941 et préparait un système monétaire mondial fondé sur
une unité de réserve non nationale, le bancor. La partie américaine mettait en
avant le rôle de pivot du dollar américain et proposait plutôt de créer un fonds
de stabilisation construit sur les dépôts des États membres et une banque de
reconstruction pour l'après-guerre.
Finalement, c'est la proposition de White qui prévalut, organisant le système
monétaire mondial autour du dollar américain, mais avec un rattachement
nominal à l'or.

Contexte
La première Guerre mondiale crée des pertes matérielles et humaines
considérables qui ont des conséquences économiques majeures. L'endettement
s'est considérablement accru. Beaucoup de pays ruinés n'ont plus d'or.
Beaucoup de monnaies sont inconvertibles. Une première historique de
flottement des monnaies s'instaure de facto qui aura parfois des conséquences
extrêmement fâcheuses comme l'épisode d’hyperinflation allemand. Les
accords de Gênes signés en 1922 créent un système d’étalon de change-or qui
permet aux États d'émettre de la monnaie non plus en contrepartie d'or
(étalon-or) mais de devises convertibles en or. Ce système s'avère instable. Le
système monétaire international s'en est trouvé fragilisé à la veille de la plus
grande crise économique du XXe siècle.
La crise boursière puis bancaire qui frappe les États-Unis en 1929 provoque
l'explosion du système d'étalon change-or, chaque pays cherchant son salut
dans des mesures de protection nationale.
En 1931, l'Allemagne établit un contrôle total des changes, la Grande-Bretagne
suspend la convertibilité de la livre en or et crée la zone sterling, le Japon
suspend la convertibilité du yen en or et instaure un contrôle total des changes.
En 1933, les États-Unis suspendent la convertibilité de leur monnaie en or et

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


63
Économie
ENA-2020

créent une Zone dollar. En 1934, ils dévaluent de plus de 40% le dollar par
rapport à l'or. La France abandonne la convertibilité du franc en or en 1936.
En dépit de tentatives d'ententes entre pays, et notamment de certains pays
européens pour constituer un « Bloc-or », c'est la mort du système de l’étalon
change-or de Gênes et une des causes de l'ampleur et de la durée de la crise de
1929. Des politiques nationales incohérentes transforment une récession
économique survenue aux États-Unis en dépression économique mondiale.
Les politiques des différents gouvernements de l’époque, utilisant les
dévaluations monétaires pour améliorer la compétitivité de leurs exportations
en vue de réduire le déficit de leurs balances, accélérèrent les spirales
déflationnistes et eurent pour conséquence une plongée des revenus
nationaux, un rétrécissement de la consommation, un chômage de masse et un
déclin global du commerce international. Les échanges commerciaux
devinrent alors limités à des échanges entre zones ou pays utilisant la même
monnaie. Cela eut pour effet d’entraver les flux financiers internationaux et de
limiter les investissements, prolongeant d'autant la sous-activité générale.
Les économistes américains qui ont bâti le système de Bretton Woods étaient
profondément marqués par les écrits de Keynes et d'autres auteurs pour
lesquels le traité de Versailles avait échoué parce que ses soubassements
économiques étaient inadéquats. Pour eux Woodrow Wilson en établissant la
Société des Nations ne s'était occupé que des problèmes politiques et avait
oublié que la paix dépendait également des problèmes économiques.

2.1.2. Les apports du système

Le système monétaire international


Les accords de Bretton Woods ont instauré un nouvel ordre monétaire avec
l’adoption du système de l'étalon de change-or (Gold-Exchange Standard) fondé
sur une seule monnaie, le dollar américain. Ce système s’est construit sur les
limites du système multipolaire d'étalon de changes-or. Dans ce système, les

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
ENA-2020

parités des monnaies sont fixées par rapport à un étalon qui est l'or, mais le
dollar américain est la seule monnaie de réserve convertible en or. Dès lors, le
dollar US devient la monnaie de référence et la monnaie de règlement des
paiements internationaux. Les différentes monnaies nationales (autres que le
dollar américain) ont un taux de change fixe mais ajustable en cas de besoin
sous réserve de l'accord des partenaires et les parités des monnaies ne peuvent
varier que dans une fourchette de plus ou moins 1%. Les Banques Centrales
ont l'obligation d'intervenir pour soutenir la parité de leur monnaie. Le
rattachement à l'or, sur la base de 35 dollars américains l'once d'or, suppose
qu'il n'y aura pas de dérapage incontrôlé de la part des États-Unis et qu'ils
chercheront à maintenir la valeur « réelle » de leur monnaie.
Une règle implicite est qu'on ne demande pas la conversion des dollars
américains en or. Tous les dollars américains qui entrent dans un pays servent
donc à la création de monnaie locale tout en étant le plus souvent replacés
auprès du Trésor américain. Du dollar dépendent désormais la croissance et
l'inflation mondiale. Ce système servira de cadre aux Trente Glorieuses, cette
période qui, de 1945 à 1974, verra le décollage économique et l'opulence du
monde occidental.

2.1.3. Les institutions de Bretton Woods

Les accords ont donné naissance à deux organismes internationaux :


- La Banque internationale pour la reconstruction et le développement ou
BIRD, aujourd'hui l'une des composantes de la Banque mondiale ;
- Le Fond monétaire international qui a pour but de surveiller les
politiques nationales pour vérifier qu'elles ne dérapent pas et
d'intervenir en cas de crises de change pour fournir de la liquidité au
pays concerné moyennant la mise en place d'une politique de
redressement.
Un organisme visant à réguler le commerce international devait également
voir le jour, cependant les Etats n'ont pu se mettre d'accord sur sa définition

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


65
Économie
ENA-2020

exacte. Aussi, c'est une série d'accords qui est née de cette volonté de réguler le
commerce : les accords du General agreement on tariffs and trade (GATT),
formalisés en 1947 et modifiés par la suite sous forme de cycles. Au terme de
l’accord de Marrakech, le 1er janvier 1995, le GATT a été doté d'une
personnalité morale officielle : L’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Alors que le GATT dépendait de L’Organisation des Nations unies (ONU), l'OMC
elle, n'y est plus soumise puisqu'une partie de leurs objectifs respectifs sont en
contradiction, ce qui permettra à l'OMC d'élaborer ses propres règles.

2.1.4. Chute du système de Bretton Woods


Le système de Bretton Woods reposait sur le rôle central du dollar comme
monnaie internationale.  En 1944, lors de la signature des accords de Bretton
Woods, les Etats-Unis possédaient près de 80% des réserves mondiales d'or. Ces
accords n’ont fait que confirmer l'hégémonie de l'économie américaine face à
des pays européens ruinés par deux guerres successives. 
Mais en 1971, le dollar est dévalué une première fois, en raison de la
diminution du stock d'or de la Réserve Fédérale américaine. Suite à une
deuxième dévaluation en 1973, le système de changes fixes s’effondre. 
Le monde adopte alors le régime des changes flottants. Les parités-or des
monnaies seront officiellement supprimées par les Accords de la Jamaïque le 8
janvier 1976. 

2.2. Les accords de L’OMC


- Le GATT
- Naissance
Le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) ou en français Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce (AGETAC) a été signé en 1947
entre 23 pays. Cet accord est établi dans le cadre des négociations conduites
autour de la "Charte de La Havane" qui devait créer l’Organisation
Internationale du Commerce conformément aux idées avancées depuis les

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Économie
ENA-2020

négociations de Bretton-Woods de 1944. Celles-ci ne portaient pas seulement


sur le système monétaire international et le plan anglais défendu par John
Maynard Keynes, mais visait aussi le commerce international.
Le GATT poursuivait un objectif simple : améliorer le bien-être des populations
des pays membres par l’accroissement de la production et du commerce
international. Ainsi le commerce international devenait un instrument
indispensable pour accélérer le développement économique. Venant après
deux siècles de protectionnisme plus ou moins généralisé, cette affirmation a
un caractère révolutionnaire qu’on mesure mal aujourd’hui après 60 ans
d’ouverture et de libéralisation des échanges. Les 23 Etats signataires en 1947
seront 120 à la veille de la naissance de l’OMC fin 1994.

Principes du GATT
- La non-discrimination (aucune discrimination entre les producteurs
nationaux et ceux des pays signataires),
- La consolidation qui est l’engagement d’étendre à tous les signataires de
l’accord les conditions les plus favorables appliquées à l’un de ceux-ci
(c’est la "clause de la Nation la plus favorisée"),
- La libéralisation du commerce par les négociations commerciales
multilatérales et non pas bilatérales ;
- La promotion d’une concurrence loyale (dénonciation du dumping2 et
des restrictions quantitatives).
- Les cycles de négociations dans le GATT
Il y eut huit cycles de négociations sur la libéralisation du commerce, dont le
dernier, le cycle de l’Uruguay, prépara l’accord portant sur l’OMC. Ces
négociations ont permis une baisse considérable des obstacles aux échanges.

Organisation mondiale du commerce


L’OMC est constituée aujourd’hui (2012) de 155 pays membres et elle siège à

2Pratique commerciale qui consiste pour une entreprise à vendre moins cher sur les marchés
extérieurs qu’intérieur un produit identique.

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Économie
ENA-2020

Genève.
Histoire
L’OMC a succédé au GATT (en janvier 1995) à la fin du dernier cycle de
négociations du GATT (Accord de Marrakech faisant parti de l’acte final de
l’Uruguay-round). Le GATT n’était pas une Institution international mais plutôt
un club, l’OMC est une institution internationale qui poursuit les mêmes
objectifs que le GATT mais avec des moyens plus importants en particulier un
système de sanctions pour les États qui commettent des infractions
relativement à leurs engagements.
Fonctionnement
Les objectifs concernent :
- Le relèvement des niveaux de vie
- La réalisation du plein emploi
- L’augmentation du revenu réel et de la demande effective
- L’accroissement de la production et du commerce de marchandises et de
services
- Le développement durable et la protection de l’environnement
- Les problèmes spécifiques des pays en développement
Les attributions de l’OMC reprennent (mise en œuvre, administration et
fonctionnement des accords visés, enceinte de négociation, règlement des
différends) ou élargissent (examen des politiques commerciales nationales,
cohérence dans l’élaboration des politiques économiques au niveau mondial)
celles du GATT.

Négociation à l’OMC
L’OMC est essentiellement un lieu où les gouvernements se rendent pour
essayer de résoudre les problèmes commerciaux qui existent entre eux. La
première étape consiste à discuter. L’OMC est le fruit de négociations et tout ce
qu’elle fait est le résultat de négociations. Les travaux menés actuellement par
l’OMC découlent en majeure partie des négociations qui se sont tenues de 1986

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Économie
ENA-2020

à 1994, dénommées "Cycle d’Uruguay", et de négociations antérieures qui ont


eu lieu dans le cadre du GATT. Le dernier cycle de négociation de OMC est le
« Programme de Doha pour le développement » lancé en 2001. Ce cycle prévu
pour durer trois ans n’est toujours pas bouclé en 2012.

Organe de Règlements des Différends (ORD)


L’OMC dispose de plus de pouvoirs que le GATT car un pays seul ne peut plus
bloquer les décisions. L’Organe de Règlements des Différends (ORD) a pour
fonction de réguler les conflits commerciaux entre les pays, soit par la
négociation, soit par des mesures de rétorsion approuvées par l’ORD. Il a donc
un pouvoir de coercition (contrainte). Cet organe a une activité importante.
Peu à peu s’élabore une jurisprudence pour les litiges commerciaux. Les
plaintes sont surtout déposées par les pays développés contre d’autres pays
développés. Contrairement au GATT, l’OMC bénéficie de la personnalité
juridique et ses représentants bénéficient de l’immunité diplomatique.

Accords OMC
Les accords de l’OMC portent essentiellement sur :
- L’Accord sur l’OMC incorpore les accords multilatéraux sur le commerce
des marchandises dont l’AGETAC (GATT),
- L’Accord général sur le commerce des services (AGCS),
- L’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touchent au commerce (ADPIC).

2.3. Accords régionaux


2.3.1. UE/ACP
Depuis plus de quarante ans, l’Union Européenne (UE) développe des relations
commerciales avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (pays ACP).
Ces relations, qui s’inscrivent dans un cadre de coopération spécifique, sont
nées du souci d’une Europe en construction de tisser des liens économiques

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Économie
ENA-2020

avec ses possessions coloniales et d’outre-mer. Le cadre de coopération fut dès


l’origine très novateur en raison de la spécificité des mécanismes qui
l’accompagnaient mais également du modèle institutionnel établi, qui allait
sceller la permanence de la coopération. Initialement, le mécanisme obéissait à
un régime d’association dicté par le Traité de Rome (signé le 25 mars 1957)
établissant la Communauté économique européenne (CEE). Ses rédacteurs ont
introduit une partie IV dévolue à l’Association des Pays et territoires
d’outre-mer. Ce régime d’association permettait de préciser que le processus
d’intégration communautaire continentale (européen) s’étendait aux régions
périphériques, sous dépendance française en particulier.

- Les différents accords de coopération


YAOUDE 1963
La relation prend à partir du 20 juillet 1963 la tournure d’une véritable
coopération. La signature des accords de Yaoundé permet le passage d’une
association octroyée à une association négociée. Le régime s’applique aux six
Etats fondateurs (Benelux (Belgique, Pays Bas, Luxembourg), Italie, France,
Allemagne) ainsi qu’à dix-huit Etats Africains et Malgaches associés.
S’inscrivant dans le prolongement du droit primaire, les accords de Yaoundé
prévoient que leurs relations commerciales sont régies par le régime classique
des zones de libre-échange. En effet, les produits originaires des Etats ACP
bénéficient à l’importation dans les Etats membres de la CEE de l’élimination
progressive des droits de douane et taxes d’effet équivalent à de tels droits.
Réciproquement, les produits originaires des Etats membres bénéficient dans
chaque Etat ACP de l’élimination progressive des droits de douane et taxes
d’effet équivalent à de tels droits que chaque Etat associé applique à
l’importation de ces produits dans son territoire. Désormais plus étendue et
résolument contractuelle, la coopération va encore considérablement évoluer
avec l’adhésion du Royaume-Uni en 1973 à la CEE.

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Économie
ENA-2020

LOME 1975
L’importance de l’héritage colonial britannique conduit à l’extension de la
coopération aux membres du Commonwealth du sud avec les premiers accords
de Lomé de 1975. Le régime institué par Lomé était une avancée pour le
groupe des pays ACP : ces derniers jouissaient d’un accès préférentiel au
marché communautaire sans octroyer des contreparties aux produits en
provenance de la CEE. Ce régime des préférences commerciales non
réciproques était la pierre angulaire du nouvel accord.
Pourtant le régime de Lomé allait progressivement révéler ses faiblesses. Dès
l’adhésion du RU, les réticences des Etats d’Afrique à accueillir de nouveaux
partenaires témoignent d’une certaine inadéquation du régime commercial au
regard des disparités économiques et sociales ainsi que des inégalités de
niveau de développement qui existent au sein du groupe ACP. De plus, la
progression des relations commerciales UE-ACP s’accompagne d’une certaine
distanciation entre partenaires.
Le contexte international, tant économique que géostratégique, dicte une
refonte de la coopération. Avec le processus d’élargissement de l’UE, les Etats
membres trouvent leur destin communautaire en même temps que la vocation
démocratique de l’Union s’affirme par une ouverture vers les Etats du sud de
l’Europe (Grèce, Espagne, Portugal). La redécouverte des liens historiques à
l’intérieur du continent prime désormais l’héritage colonial en même temps
que le « fardeau colonial » s’affaiblit.

COTONOU 2000
Parallèlement à cette évolution, le tournant des années 1980 marque une
évolution dans le commerce multilatéral. Avec la libéralisation des échanges
qui accompagne l’ouverture des économies, le nouveau cycle de négociations
commerciales multilatérales (CNCM) d’Uruguay (1986 - 1995) aboutit à la
création de l’Organisation Mondiale du Commerce dont la finalité est
d’administrer, grâce à un système de règlement des différends original, les

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Économie
ENA-2020

disciplines commerciales entre les parties à l’accord de Marrakech.


L’adoption des accords de Marrakech allait mettre en cause la validité du
régime commercial de Lomé. Les parties à l’Accord, qui s’étaient jusqu’ici
abstenues de toute critique à l’égard du régime préférentiel, rompent la trêve
au moment même où le cycle d’Uruguay s’achève. En 1996, suite aux avancées
qu’ont constituées les accords de Marrakech, toutes les préférences spécifiques
accordées par l'UE aux pays ACP ainsi que tous les autres régimes semblables
appliqués par d'autres pays développés devaient être considérés comme
illégaux. Toutefois, sont autorisées les politiques commerciales
discriminatoires dans le cas de la formation d’une zone de libre-échange ou
d’une union douanière dans la mesure où ce choix ne s’accompagne pas d’une
hausse de la protection subie par les pays tiers et que les droits de douane et les
autres réglementations commerciales restrictives (…) sont éliminés pour
l’essentiel des échanges commerciaux entre les territoires constitutifs de
l’Union, ou tout au moins pour l’essentiel des échanges commerciaux portant
sur les produits originaires de ces territoires. La Commission européenne
entrevoit alors de nouvelles perspectives de coopération ainsi que les défis
posés à la Communauté européenne dans sa relation avec les pays ACP.
La Communauté européenne maintient alors le régime de Lomé après avoir
obtenu une dérogation sur le fondement de l’article XXV29 GATT. Cette
dérogation, qui a été prorogée au titre de l’accord de Cotonou (23 juin 2000)
jusqu’au 31 décembre 2007, sert de fondement au nouveau régime transitoire.
A l’issue de cette période, la Communauté et les Etats ACP seront désormais liés
par des accords de libre-échange (ALE), supposés compatibles avec le droit de
l’OMC qui succède au GATT. Dans ce nouvel arrangement, la Communauté a
souhaité remédier aux distorsions commerciales que généraient les
préférences unilatérales.

2.3.2. La CNUCED

La Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement a

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72
Économie
ENA-2020

été créée en 1964, en tant que mécanisme intergouvernemental permanent.


Elle compte 191 pays membres et est le principal organe de l’assemblée
générale des Nations-Unies concernant le domaine du commerce et du
développement.
La CNUCED (en anglais, UNCTAD pour United Nations Conférence on Trade
and Development) est également responsable des questions relatives aux PMA
(Pays les Moins Avancés). Ses principaux objectifs sont d’aider les pays en
développement à tirer le meilleur parti des possibilités de commerce,
d’investissement et de développement qui s’offrent à eux  et de les soutenir
pour qu'ils puissent s’intégrer de façon équitable dans l’économie mondiale.
La Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement
mène également des travaux de recherche et d’analyse, organise des activités
de renforcement des compétences locales et de coopération technique dans les
domaines suivants :
- La CNUCED aide les pays en développement à participer de façon
efficace aux négociations commerciales multilatérales, en vue d'une
meilleure intégration dans le système commercial international.
- Elle aide les pays tributaires des produits de base à réduire leur
dépendance par le biais de la diversification des produits et la gestion
des risques.
- La Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le
Développement étudie également les tendances de l'économie mondiale
et évalue leurs incidences sur le développement.
- Elle s'efforce de rechercher des solutions efficaces aux problèmes de
l'endettement des pays émergents et la gestion de la dette extérieure.
- Elle analyse les possibilités pour les pays émergents, de tirer parti du
commerce électronique et des pratiques commerciales électroniques, et
dispense des formations.
Toutes les actions de la CNUCED prennent en compte les questions de
développement durable, d'émancipation des femmes et de coopération

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


73
Économie
ENA-2020

économique entre les pays en développement. Le secrétariat de la CNUCED est


actuellement établi à Genève et son budget annuel avoisine les 50 millions de
dollars (issus du budget ordinaire de l'ONU), un second budget d'environ 24
millions de dollars provient quant à lui de pays donateurs et de diverses
organisations

QUATRIEME PARTIE :

LA PLANIFICATION
ET L’ECONOMIE
IVOIRIENNE

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


74
Économie
ENA-2020

Suivant le dicton bien connu, tous les chemins sont bons quand on ne sait pas
où l’on va. C’est précisément à cette imprécision que planification est censée
remédier. Il s’agit en premier lieu de choisir une direction et une destination,
en décidant de l’itinéraire à suivre et des étapes nécessaires pour arriver à bon
port, en contrôlant sur une carte le chemin parcouru et en modifiant le cap
comme il convient pour atteindre les objectifs souhaités.

En matière de planification, de budgétisation, d’établissement de rapports,


d’évaluation et d’audit, on met donc davantage l'accent sur ce qui a été
finalement réalisé que sur la façon de procéder.

Depuis de nombreuses années, la communauté des organisations


internationales s’emploie à assurer des services, à mener des activités ou des
projets et à obtenir des résultats de la façon la plus efficace. On mettait
traditionnellement l’accent sur la gestion des apports et des interventions sans
être toujours en mesure de faire la démonstration des résultats atteints d’une
façon crédible et pleinement satisfaisante pour les contribuables, les donateurs
et les autres acteurs. Ceux-ci ont des préoccupations claires et légitimes : ils

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


75
Économie
ENA-2020

veulent savoir quel usage est fait de leurs ressources et si ces dernières font
vraiment la différence dans la vie des bénéficiaires.

CHAPITRE 1

LE PROCESSUS DE
PLANIFICATION

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


76
Économie
ENA-2020

Introduction partielle

La réflexion sur le développement économique en Afrique porte de plus en


plus sur les conditions de succès de la transformation des économies de
l’Afrique subsaharienne. Les débats théoriques interrogent bien souvent la
dichotomie entre un rôle poussé de l’Etat et une régulation axée sur le marché.
En effet, malgré l’amélioration de ses indicateurs macroéconomiques, l’Afrique
fait encore face à un taux de pauvreté élevé et devra surmonter de nombreux
défis en matière de gouvernance et de gestion économique.

1.1. Notion de planification


Un plan, défini comme un projet destiné à faire ou aménager quelque chose,
doit être préparé en ayant à l'esprit un délai spécifique. La plupart des plans
opérationnels couvrent des périodes de cinq à dix ans.
La planification est le processus de conception d'un plan. Ainsi qu'il est indiqué
plus haut, ce processus est dynamique et implique un échange continu
d'informations du sommet à la base (économie dans son ensemble vers
secteurs, national vers régional, régional vers local, et vice-versa) en ce qui
concerne la prise de décision, afin de garantir que le plan élaboré
s'harmonisera aux différents niveaux de la hiérarchie de planification.
Les deux exigences de base pour élaborer des plans sont:

- La collecte d'informations appropriées et précises, et


- L'échange d'informations aux différents niveaux de la prise de décision.

Une bonne planification exige de bien choisir les moyens et les fins et de

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77
Économie
ENA-2020

sélectionner des objectifs qui reflètent de manière réaliste la disponibilité des


ressources naturelles, humaines, financières et institutionnelles nécessaires à
la mise en œuvre. Ces conditions garantissent que le développement s'effectue
dans le sens souhaité et qu'aucun goulet d'étranglement n'entrave la
réalisation du plan.
Denise FLOUZAT, autre auteur, distingue deux types de planification qui ont
une incidence sur l’organisation économique:
- La planification centralisée dans laquelle les principales variables
économiques sont fixées par l’Etat et s’imposent à tous (la planification
devient la loi et fixe des variables comme par exemple le montant du PIB
à atteindre). Ce type de planification qui existe encore à Cuba, au Viet
Nam tend à disparaitre depuis l’éclatement du bloc soviétique en 89-90.
- La planification incitative ou/et indicative : cette forme de planification
laisse jouer les mécanismes du marché tandis que l’Etat joue un rôle
d’orientation. L’Etat dispose de moyens en particulier financiers
(subventions, prêts à taux réduits, avantages fiscaux). L’Etat oriente,
mais également donne des moyens.

1.2. Processus de planification


La planification du développement peut être organisée de trois manières
différentes, ou par une combinaison de celles-ci: par secteur, par zone, ou par
fonction.

1.2.1. Les étapes de la planification


D'un point de vue fonctionnel, on distingue quatre phases: pré-planification,
préparation du plan, mise en œuvre du plan et suivi du plan. Dans ces quatre
phases, les principales sous-divisions fonctionnelles peuvent inclure les
éléments suivants:

Pré-planification :

- Eclaircissement des valeurs, objectifs et critères de développement

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


78
Économie
ENA-2020

- Inventaire et évaluation des ressources disponibles


- Identification et analyse des problèmes et des obstacles présentés par le
développement des Identification des objectifs de développement
intersectoriels appropriés
- Etc,

Préparation du plan:

- Définition des priorités


- Formulation et analyse des stratégies possibles
- Formulation de programmes-clés d'aménagement et d'investissement
- Prise de décision quant au cadre géographique, la portée et la durée des
programmes

Mise en œuvre du plan:

- Répartition des ressources entre les différents programmes


- Préparation des budgets
- Préparation des calendriers
- Quantification des objectifs à atteindre au cours du plan
- Création d'un système d'information et de mécanismes de mise à jour
- Garantie de la disponibilité d'une gestion qualifiée pour la phase
opérationnelle de mise en œuvre du programme
- Garantie de la création de services de soutien pour les opérations en
cours

Contrôle de l'exécution du plan:

- Surveillance des opérations


- Choix des mesures pour assurer l'adhésion aux objectifs du plan
- Choix d'instruments qui encourageront à se conformer aux mesures de
contrôle
- Développement de l'organisation
- Evaluation des résultats du plan.

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79
Économie
ENA-2020

1.2.2. Organisation de la planification : un exemple


Le descriptif par étape ne doit pas être considéré comme une séquence
ordonnée dans le temps devant être respectée lors de la planification. Il existe
en fait des interférences et des doubles fonctions, des chevauchements, et des
fils conducteurs entre diverses fonctions. La figure 1 indique les principaux
éléments du système, les intrants et les extrants, ainsi que les mouvements au
sein du système.
Au niveau organisationnel, Il faut distinguer l'organisme ou l'individu qui doit
prendre la responsabilité du plan et le personnel impliqué dans la préparation
véritable du plan. Les plans économiques sont formulés sous les auspices du
bureau du chef de l'Etat ou du Gouvernement, un corps législatif central ou un
comité ou un ministère de planification. Ces plans présentent les directives de
base pour toute planification sectorielle. Au niveau sectoriel, la responsabilité
du plan incombe parfois à un organisme des pêches (ministère, bureau, ou
autre organe spécialisé) ou aux ministères chargés des pêches ainsi que
d'autres branches de l'économie, par exemple le Ministère de l'agriculture, des
ressources naturelles, du tourisme, du commerce et de l'industrie, etc…
La capacité d'un organisme des pêches à formuler un plan cohérent par
rapport aux objectifs nationaux dépendra dans une large mesure de sa
position dans la hiérarchie administrative. Plus les intermédiaires entre
l'organisme et les autorités chargées de la préparation du plan économique
sont nombreux, plus il sera difficile d'obtenir un résultat rapide et satisfaisant.

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


80
Économie
ENA-2020

1.3. Historique du développement économique de la Côte d’Ivoire


Dès son accession à l’indépendance, la Côte d’Ivoire a opté pour le libéralisme
économique avec une importante intervention directe de l’Etat (appelé
capitalisme d’Etat). Pour préparer son décollage économique et la répartition
équitable des ressources disponibles, la Côte d’Ivoire a adopté une stratégie
d’intervention dans le développement axée sur une politique d’aménagement
du territoire à travers une programmation de ses investissements. Ainsi, de
l’étude sur « les perspectives décennales de développement économique, social
et culturel 1960-1970 », un plan décennal 1960-1970 et trois plans
quinquennaux (1971-1975, 1976-1980 et 1981-1985) ont été élaborés et mis en
œuvre. Avec la crise de l’endettement et les difficultés économiques des années
1980, la mise en œuvre de ces plans de développement a été interrompue au
profit des Programmes d’Ajustement Structurels (PAS).

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


81
Économie
ENA-2020

1.3.1.Jusqu’en 1974 : le "miracle ivoirien"

Durant cette période, dite du "miracle ivoirien", le PIB réel augmente à un


rythme proche de 8% par an en moyenne. Ainsi, même si la croissance
démographique est l'une des plus fortes du monde (4,1 % par an entre 1960 et
1980), la Côte d'Ivoire devient durant les années 70 un pays à revenu
intermédiaire, et bénéficie du niveau de vie le plus élevé d'Afrique de l'Ouest.

Les bases de cette croissance sont mises en place avant l'indépendance. En


effet, elle trouve son origine dans l'agriculture d'exportation : café, cacao et
bois. Le régime colonial a, dès les années 50, développé l'exploitation de la forêt
tropicale ainsi que les plantations de café et cacao. De 1950 à 1964, l'agriculture
croît à un taux de 10 % par an (Duruflé, 1988). Le nouveau régime continue à
favoriser ces productions. De 1965 à 1973 les cultures d'exportation
augmentent de 7,4 % par an et la production de bois de 8,6 pour cent
(Berthélemy et Bourguignon, 1996). Cette agriculture est extensive et
s'apparente à une exploitation de ressources épuisables dans la mesure où les
plantations succèdent au défrichage de la forêt primitive. En outre, elle fait
appel massivement à une forte immigration venant de la région de savane et
des pays du Sahel (Burkina Faso et Mali). Le café, le cacao et le bois constituent
82 % des exportations en 1965 et 74 % en 1972 (Berthélemy et Bourguignon,
1996).

Le "miracle ivoirien" repose donc sur une croissance équilibrée dans laquelle
l’Etat et le secteur public jouent un rôle important. Cependant, la croissance est
ouverte sur l’extérieur : - Sur le plan commercial puisque les bases de la
croissance sont les exportations de produits agricoles, tandis que les capacités
d'importations de biens d’équipement permettent les politiques
d’infrastructures publiques et d’investissements industriels ; - Sur le plan des

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


82
Économie
ENA-2020

facteurs de production ; l’immigration régionale contribue à la main d’œuvre


agricole, une forte communauté d’expatriés européens (enseignants, assistants
techniques, agents de maîtrise, cadres, chefs d’entreprises) ainsi qu’une
communauté libanaise restent présentes dans le pays et, enfin, l’Etat ivoirien
n’a jamais eu de politique visant à limiter la participation des étrangers dans le
capital productif ivoirien.

Les résultats mitigés de ces PAS conjugués aux crises sociopolitiques qu’a
connues la Côte d’Ivoire ces deux dernières décennies ont aggravé la pauvreté
dont le taux qui était de 10% en 1985 est passé à 36,8% en 1995 et 48,9% en
2008. C’est ainsi que le pays a été éligible à l’initiative PPTE en mars 1998 et
adopté en 2009 son Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP),
disposant ainsi d’un cadre de référence qui fixe les grandes orientations en
matière de réduction de la pauvreté et de développement économique, social et
culturel.
Par ailleurs, pour lutter efficacement contre la pauvreté, le Gouvernement s’est
engagé dans le processus OMD. Pour prendre en compte d’une part, les
nouveaux défis nés de la crise et d’autre part, les engagements conduisant au
point d’achèvement de l’initiative PPTE, le gouvernement a élaboré le Plan
National de Développement (PND 2012- 2015). Ce plan vise à transformer la
Côte d’Ivoire en un pays émergent à l’horizon 2020.

1.3.2.Les fondements politiques

La Côte d’Ivoire a opté dès son indépendance pour le libéralisme économique.


Ce système en réalité est un capitalisme d’Etat, car l’Etat ivoirien intervient de
façon très importante dans le développement économique. Ce système offre de
nombreux avantages.

- Les avantages du libéralisme économique

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
ENA-2020

Ce système a favorisé le développement du monde des affaires en Côte d’Ivoire.


En effet, il a permis :
- Le développement de la libre entreprise et de la concurrence.
- Le développement en Côte d’Ivoire des entreprises étrangères qui sont
favorisées par la liberté de transférer leur bénéfice à l’étranger.
- L’élaboration de code d’investissement afin attirer les capitaux
internationaux. 
- L’intervention directe ou indirecte de l’Etat qui a permis un
développement agricole, industriel car l’entreprenariat privé national
étant faible.
 
- Le rôle clé de l’Etat.
L’Etat depuis 1960, représente le moteur de l’économie ivoirienne. Il oriente,
dirige et propulse le développement dans tous les domaines. L’Etat de Côte
d’Ivoire a hérité d’une situation politico-historique favorable.

Ainsi la Côte d’Ivoire ancienne colonie dont la richesse reposait sur les cultures
de rentes (café cacao) a orienté son développement à partir de l’agriculture. De
plus, la colonisation a permis la construction de nombreuses infrastructures
sur lesquelles s’appuie également l’Etat pour le développement ses
programmes. Concrètement le rôle de l’Etat peut être perçu selon trois grands
axes :
- L’élaboration de plan-programmes appelé plan quinquennaux
En effet, de 1961 à 1981 quatre plans quinquennaux sont élaborés. Ceux-ci
mettent l’accent en général sur : le développement agricole, la construction
d’infrastructure économique, la formation de cadres ivoiriens, le
développement de ressource énergétiques.

- La création de sociétés de développement (SODE)


Eu égard à la faiblesse des investissements nationaux, l’Etat se constitue en

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
ENA-2020

investisseurs en créant des sociétés pilotes dans des secteurs déterminés. Ex :


SODESUCRE ; SODERIZ ; SODEPALM, SODECI, SOGB (1995), SAFICA, SIFERCOM,
CHOCODI, SACO, SICOR.
Ces sociétés, ont permis la concrétisation de plan agricole : le plan sucrier au
nord, le plan oléagineux au sud, le plan coton au centre et au nord avec la
CIDT. Cette politique a permis de lutter contre les disparités régionales et
combler le faussé entre le Nord et le sud.

- L’élaboration de code d’investissement favorable.


Soucieux d’attirer les investissements étrangers. L’Etat a mis en place depuis
1959 un code d’investissement privé qui a été révisé en 1983 puis amélioré en
1993.
Ces différents codes sont très attractifs. Ils offrent les avantages suivants :
Exonération des taxes pour les entreprises d’un certain montant de
l’investissement ; Allègement ou Exonération des impôts pendant une durée
déterminée, non-nationalisation des entreprises étrangères, liberté de transfert
des fonds et bénéfice, contre juridique et système bancaire acceptable.
Grace à toutes ces actions, la Côte d’ivoire a réussi entre 1960 et 1975 à
atteindre un taux de croissance de plus de 5%.

Mais depuis la fin des années 70, la chute des coûts des principales matières
premières doublée d’un gaspillage des ressources financières a entrainé une
période de crise de récession économique en Côte d’ivoire. Par conséquent,
l’Etat est obligé de réviser sa politique d’intervention dans le développement.

1.3.3. La nouvelle politique de l’Etat.

L’Etat de Côte d’Ivoire réoriente son rôle dans le développement à partir de la


décennie 80. Il met en application des plans triennaux appelé programme
d’ajustements structurels qui ont été imposés par les institutions de Bretton

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
ENA-2020

Woods (FMI, banque mondiale). Ces plans ont pour objectif la relance
économique c’est-à-dire la réduction de la masse salariale une bonne gestion
des dépenses publiques et le développement de l’actionnariat populaire.

Il se désengage progressivement de ses parts dans les sociétés publiques en les


cédant ainsi au secteur privé : c’est la privatisation du secteur public…

Ex : EECI = CIE & SODEPALM = PALMINDUSTRIE

Cette politique a permis de renflouer les caisses de l’Etat, d’améliorer la gestion


et de diminuer la masse salariale.
L’Etat se désengage progressivement de l’appareil productif, d’où la création de
l’ANADER (Agriculture-Elevage-Pêche) et le CEPICI (Centre de Promotion des
Investissements en Côte d’ivoire).
Ces deux structures ont pour rôle de promouvoir les activités, aider les
opérateurs économiques en les orientant vers les secteurs porteurs.
En 1993-1994, le bilan de la politique de relance économique demeure mitigé.
Le 12 Janvier 1994, les Etats de la zone F.CFA accepte une dévaluation de leur
monnaie. Cette politique a eu un impact bénéfique sur la croissance des
investissements étrangers et sur la croissance des exportations vers l’étranger.
Ainsi, l’Etat joue désormais un rôle d’arbitre régulateur et prometteur du
développement économique.

1.3.3.Un nouvel espoir ?

Avec l’avènement du nouveau régime depuis 2000, l’Etat a conçu un


programme qui privilégie l’aspect social du développement.
- Libéralisation totale de la filière Café-Cacao pour le bien-être des
paysans.
- Ecole gratuite au moins pendant le cycle primaire.
- Création des conseils généraux pour une meilleure répartition de
richesse et un développement des régions.

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Économie
ENA-2020

- Création de fonds pour la jeunesse dans le but de développer la


microentreprise.
Malheureusement, la crise qui avait frappé le pays en 2002 est une
véritable entrave à la réalisation de ce programme.

1.3.4.Un nouveau départ pour la Côte d’Ivoire à partir de mai


2011 ?

Voir document PND 2012-2015 pour discussion

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
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CHAPITRE 2

LE SYSTEME
ECONOMIQUE IVOIRIEN

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
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Introduction partielle

Quelles sont les sources de la croissance et partant du développement


économique et la prospérité dans nos États ?

En accordant de traiter de cette importante question à l’occasion de la


conférence organisée par la London School of Economics en 1995, Robert Barro
venait ainsi de poser en des termes très clairs l’épineuse problématique des
choix du modèle ou du mode de développement pertinent qu’il faut à nos Pays
en Développement.

Depuis les années 1960, des stratégies de développement des modèles de


croissance ont été inities et mis en œuvre dans les Pays en Développement afin
de parvenir à un stade dit de développement harmonieux. Mais, depuis lors et
en dépit du choix de certains modèles de développement, les PED n’ont pas
encore atteint le niveau de développement tant souhaité avec en prime des
taux de croissance jamais régulier.

Faut-il pour autant baisser les bras et laisser ainsi les populations des Pays en
Développement vivre dans la pauvreté absolue et dans le dénouement total ?

Répondre par la négative à ces différentes interrogations revient bien


évidemment à rechercher les voies et moyens et surtout à définir des matrices
ou plans d’actions stratégiques aboutir à un retraçage, recadrage sinon à une
redéfinition des sillons du développement des PED. Dit autrement, quels
modèles de développement faut-il au Pays en Développement et à la Côte
d’Ivoire en particulier à l’heure de l’émergence économique ?

L’analyse des caractéristiques du modèle de développement ivoirien servira de


toile de fond à la mise en évidence des implications réelles ou supposées de ce

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
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modèle de développement sur l’économie ivoirienne puis servira aussi de


cadre à une réflexion approfondie sur le type de modèle nouveau pour un
développement nouveau pour la Côte d’Ivoire mais aussi pour l’ensemble des
PED.

1. Les caractéristiques du modèle de développement ivoirien

Le modèle de développement ivoirien est un modèle de développement à


trois secteurs (Primaire, Secondaire et Tertiaire). La stratégie de
développement mise en œuvre par l’État de Côte d’Ivoire au lendemain de son
indépendance repose sur une ouverture extérieure et un interventionnisme
Public important. Dit autrement, le modèle de développement ivoirien est un
modèle libéral caractérisé par la propriété privée des moyens de production, la
liberté d’entreprendre mais en Côte d’Ivoire il n’y a pas de « laisser faire » ni de
« laisser passer ». cette orientation devrait permettre à la fois l’écoulement sur
les marchés internationaux des produits agricoles ivoiriens, la mise en place
d’infrastructures publiques et la stabilisation des revenus agricoles.

D’un point de vue plus structurel, elle (la stratégie) repose sur une
exploitation extensive des ressources naturelles facilitée par un afflux de main
d’œuvre étrangère. En effet, étant située en zone tropicale, la Côte d’Ivoire
bénéficie d’une « Rente Forêt » importante. Or, les productions du café et
surtout du cacao sont indissociables de l’exploitation de la forêt. Alors qu’à
l’indépendance, la forêt tropicale susceptible d’être à l’origine de la culture du
café et du cacao ne couvre pas moins de douze millions d’hectares (12 millions
h), l’État Ivoirien prend différentes mesures incitatrices de cette « Rente
forêt » :

• Une politique foncière libérale

• Une politique migratoire non restrictive

• Une politique de prix d’achat garanti uniforme sur l’ensemble du

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Économie
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territoire

• La mise en place de réseau d’approvisionnement en bien de


consommation sur l’ensemble du pays.

Cette stratégie de développement a permis à la Côte d’Ivoire de réaliser le


« Miracle Ivoirien » dont ses caractéristiques sont :

• L’augmentation du PIB réel proche de 8% en moyenne entre 1960 et 1980


• Dans les années 1970, en dépit de l’augmentation de sa démographie
(augmentation de la population dans toutes ses composantes), la Côte
d’Ivoire est devenue un pays à revenu intermédiaire et bénéficie du
niveau de vie le plus élevé en Afrique de l’Ouest

Le « Miracle Ivoirien » repose donc sur une croissance équilibrée dans laquelle
le secteur public joue un rôle prépondérant. Cependant la croissance est
ouverte sur l’extérieur.

2. De la mise en œuvre aux cycles d’instabilités sociopolitiques.

La persistance des déséquilibres en Côte d’Ivoire a donné lieu à plusieurs


interprétations :

Les bailleurs de fonds internationaux mettent l’accent d’une part sur les
erreurs de gestions des autorités ivoiriennes (pratique généralisée de la
corruption, mégalomanie des dirigeants, etc…) et d’autre part sur le
système économique ivoirien (gestion inefficace d’un secteur public
pléthorique, endettements externe et interne importants, etc…)

Quant aux autorités ivoiriennes, elles expliquent ces déséquilibres par la


détérioration de la conjoncture internationale (ralentissement de

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Économie
ENA-2020

l’activité économique mondiale, détérioration des termes de l’échange, la


hausse du taux d’intérêt international et la hausse du cours du dollar qui
alourdissent le service de la dette internationale).

✓ De 1981 à 1993 : L’ajustement interne, un remède insuffisant à la


crise structurelle ivoirienne

En 1981, les autorités ivoiriennes prennent conscience de la gravité de la


situation et entrent en négociation avec les institutions du Bretton Woods. Elles
s’engagent alors dans une longue période de programmes de stabilisations et
de reformes structurelles.

Les PAS visent deux objectifs : d’une part, la stabilisation macroéconomique et


d’autre part les reformes structurelles. La stabilisation macroéconomique vise
principalement le rétablissement à court terme de la balance des paiements et
de celui des finances publiques. Ces deux objectifs sont poursuivis à travers :

• Une austérité budgétaire accrue : la réduction des dépenses publiques à


travers notamment la compression du personnel de l’Administration Publique,
la réduction du salaire des enseignants nouvellement engagés, la suppression
de subventions aux entreprises publiques
• La réduction de la circulation monétaire par le plafonnement du crédit
notamment le crédit à l’État
• La dévaluation de la monnaie nationale pour réduire les importations
et accroitre les recettes d’exportations en valeur de monnaie nationale

Les reformes structurelles sont relatives à une meilleure utilisation des


ressources économiques par la substitution de l’État par l’initiative privée les
activités de production. Les mesures qui en résultent portent sur :

• L’assainissement du secteur des entreprises Publiques (vague de


privatisation d’unités de production appartenant à l’État)
• La réduction des taux d’imposition pour promouvoir l’investissement

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Économie
ENA-2020

privé
• La dévaluation de la monnaie nationale qui devrait en principe permettre
l’amélioration de la compétitivité externe de l’économie nationale mais
également réduire la demande locale des produits manufacturés
importés.

Au cours de la période 1980-1993, deux principaux programmes d’ajustement


vont être mis en œuvre par les autorités ivoiriennes. Ces programmes étaient
essentiellement orientes sur des reformes tant au niveau des finances
publiques qu’au niveau du repositionnement stratégique sur l’échiquier
international avec bien évidemment des fortunes totalement diverses. On
croyait alors légitimement au cours de cette période avoir poser des actes forts
pour redorer l’image de la Côte d’Ivoire et surtout pour lui permettre de
prendre une part active dans le déroulement du commerce international mais
le retournement brutal des termes de l’échange à la fin de 1986 qui se
prolongera jusqu’en fin 1993 prend par surprise les autorités ivoiriennes qui
pensaient avoir réussi à stabiliser leur économie. La Côte d’Ivoire met ainsi fin
à un troisième plan d’ajustement et le pays se retrouve précipité dans une
nouvelle période de récession qui durera encore six (06) ans.

✓ De 1994 à 1998 : Ajustement monétaire, relance de reformes


structurelles et retour à la croissance

Du fait de l’importance capitale de la Côte d’Ivoire dans la zone Franc, la


décision de dévaluation du Franc CFA est fortement liée à la situation
financière de ce pays. Il s’agissait de rééquilibrer les finances publiques et de
corriger les pertes de compétitivités accumulées pendant les années 1980. La
dévaluation s’accompagne donc d’un retour important de financement
extérieur multilatéral et bilatéral. En effet, le rapport de l’aide publique au
développement sur le PNB passe de 8% en moyenne au début des années 1990
à 23% en 1994 et 13% en 1995. Elle intervient en même temps qu’un
rétablissement des cours des matières premières.

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Économie
ENA-2020

Durant cette période, le gouvernement met en place un contrôle rigide de ses


dépenses et de ses recettes à travers la limitation des hausses de salaires, un
effort de recouvrement des recettes fiscales intérieures. Il rétablit par ailleurs
une taxation des exportations agricoles et n’augmente que modérément les
prix producteurs en 1994 et en 1995.

Le processus de privatisation est accéléré sur la période considérée. En effet,


plus de soixante entreprises sont privatisées partiellement ou en totalité. Et les
entreprises privatisées sont soient industrielles ou appartiennent au secteur
des services publics.

Dans le domaine des infrastructures, les autorités ivoiriennes ont lancé un


programme d’investissement public appelé « Les douze Travaux de l’Éléphant
d’Afrique ». Par son esprit il se rapproche des anciens Grands Programmes
d’investissement Public privilégiant les transports et l’énergie, exception faite
dans les secteurs directement productifs dorénavant réduite.

Remarque : La réalisation des projets dans le cadre des « Douze Travaux de


l’Éléphant d’Afrique » est confiée à des opérateurs privés et les ouvrages
doivent être rétrocédés à l’État au terme d’une concession de 15 à 30 ans : c’est
le Principe du BOT (Build-Own-Operate-Tranfer). Seule une petite partie de ces
projets a trouvé des financements et a pu être réalisée avant les évènements de
1999 (Coup d’État du 24 Décembre 1999).

La période 1994-1998 est donc celle d’un redressement des comptes publics,
d’un retour de l’aide internationale, d’une augmentation des prix
internationaux des principaux produits exportés et d’une relance des reformes
structurelles. Par ailleurs, le taux de croissance annuel du PIB par tête a été de
l’ordre de 4% tandis que l’investissement privé a été relancé.

✓ Depuis 1999 : Fin de la croissance économique et Incertitude


Politique et Sociale

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
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La croissance économique réalisée dans la période 1994-1998 était une


croissance très fragile car dès la fin de l’année 1998, plusieurs signes
d’essoufflement apparaissent :

• Premièrement, l’État fait face à des problèmes de recouvrement des


recettes et d’arriérés de paiement interne et externe très importants.
Cela tient à une multiplication des exemptions fiscales, à un
relâchement dans le contrôle des dépenses engagées et aux tensions de
trésoreries qui s’en suivent. La baisse des activités économiques durant
les années suivantes ainsi que les retards pris sur les reformes de
taxation intérieure afin de faire face aux baisses des entrées fiscales
liées à la mise en place de l’UEMOA ne fait qu’accentuer les problèmes
budgétaires.
• Deuxièmement, les cours des principales matières premières
commencent à baisser en 1999. Ceux du cacao chutent de 40% en
1999 et de 20% en 2000. Les termes de l’échange se dégradent alors
sensiblement de l’ordre de 4% à 10% en 1999 et 2000.
• Troisièmement, le climat social se dégrade fortement.

3. Réflexions pour un développement durable de la Côte d’Ivoire

Le développement économique et social de Côte d’Ivoire ne peut être


durable que si la réconciliation nationale est une réalité. Autrement dit,
les ivoiriens devront accepter la mise en place d’un nouveau contrat
social qui va définir les nouvelles conditions de cohabitation basées sur
le droit à la différence et sur le droit à l’autodétermination.

Les autorités publiques ivoiriennes devront renforcer le caractère


criminel de la corruption et sanctionner de façon exemplaire tout
responsable qui se serait rendu coupable de délits de corruption. Il
faudrait aussi songer à protéger la liberté d’expression, la liberté
d’appartenance à un groupe de son choix.

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
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On ne le dira jamais assez, le développement économique de la Côte


d’ivoire passe d’une manière ou d’une autre par la diversification de ces
produits échangeables et surtout par l’obligation pour ce pays de
conférer à ses besoins ou à ses produits exportables une grande valeur
ajoutée.

Il est aussi utile de préciser que la bonne gouvernance devra être le


maître-mot pour les autorités ivoiriennes dans la gestion des biens
publics.

Le cadre macroéconomique doit être assaini et les reformes structurelles


doivent être menées avec rigueur dans un contexte de partenariat
Public-Privé.

4. Problématique de l’émergence de la Côte d’Ivoire


Voir document ci-joint pour comprendre la notion de l’émergence et tirer des
conclusions

Conclusion générale

La liberté, et d’abord la liberté de chacun de disposer de sa propre personne,


est en effet la condition première du développement des échanges. Si
l’abolition du servage est déjà en grande partie chose faite à la veille de la
révolution française, la suppression des corporations dans les villes enlève les
dernières entraves à la libre utilisation de la main-d’œuvre par tous ceux qui
ont les moyens de l’acheter.

L'objectif principal de ce cours a été de faire le lien entre les diverses


constantes macroéconomiques et le raisonnement économique. Toutes les
questions d'économie découlent de la rareté, donc du fait que nos désirs
excèdent les ressources disponibles pour les satisfaire. L'économie étudie les
choix que fait la société lorsqu'ils composent avec la rareté. La microéconomie

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
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et la macroéconomie sont les deux divisions de l'économie en général.

Références Bibliographiques

Abraham-Frois G. (2005), Introduction à la macroéconomie contemporaine,


Economica.

Azam J.-P., Ch. Morrisson (1994), La faisabilité politique de l'ajustement en Côte


d'Ivoire et au Maroc. Paris, Centre de Développement, OCDE, 129 p.

Brasseul J. (2008), Introduction à l'économie du développement, Armand Colin.

Guillochon B. et Kawecki (2009), Economie internationale, commerce et


macroéconomie, Dunod, Paris 2009, 353 P.

Gould J. P. et Ferguson C. E. (1982), Théorie microéconomique, Edition

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
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Economica.

Hecht R. (1983), The Ivory Coast "Miracle" : What Benefits for Peasant Farmers
?, Journal of Modern African Studies, 21(1).

Keynes J. (1969), Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie,


Payot.

Mankiw G (1999), Macroéconomie, De Boeck Université, Paris, 608 p.

Mankiw G et Taylor M. (2019), Principes de l’Economie, 5ème édition, De Boeck,


1020 p.

Smith A. (1776), Recherche sur la nature et les causes de la richesse des Nations.
Réédition, Gallimard-Flammarion.

Stiglitz J. (2000), Principes d’économie moderne, De Boeck Université.

Treillet S. (2002), L’Économie du développement, Nathan, coll. « Circa »

Varian H., (2014), Introduction à la microéconomie, 8ème édition, De Boeck


Universté, Paris.

Table des matières


Introduction générale ................................................................................................................. 2
PREMIERE PARTIE: LES FONDAMENTAUX DE L’ANALYSE ECONOMIQUE ............................ 4
CHAPITRE 1. LE COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR ET DU PRODUCTEUR ................... 6
1.1.Comment sont prises les décisions de consommation et de production ?.....................................7
1.1.1.Prises de décisions de consommation ................................................................................ 7

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1.1.2.Prises des décisions de production ..................................................................................... 9


1.2.L’équilibre sur un marché concurrentiel .......................................................................... 11
CHAPITRE 2. LES AGREGATS ECONOMIQUES ......................................................................... 16
2.1. Présentation des grands secteurs de l’activité économique ........................................... 17
2.1.1. Le secteur primaire...................................................................................................................................17
2.1.2. Le secteur secondaire...............................................................................................................................17
2.1.3. Le secteur tertiaire....................................................................................................................................18
2.2. Analyse des principaux agrégats économiques ............................................................... 19
2.2.1. Les agrégats de la production nationale : PIB et PNB .................................................. 19
2.2.2. Les agrégats du revenu national : RNB et RNBD ........................................................... 23
CHAPITRE 3. LE ROLE DE L’ETAT DANS L’ACTIVITE ECONOMIQUE ET SOCIALE ...............26
1. Définition de l’Etat..........................................................................................................................................27
2. Poids de l’Etat dans l’économie...................................................................................................................28
2.1.Les fondements de l’intervention de l’Etat ........................................................................ 28
2.1.1.Les défaillances du marché .............................................................................................. 28
2.1.2.Les fonctions de l’Etat ....................................................................................................... 31
2.2.Les différentes politiques économiques et sociales ......................................................... 33
2.2.1.Les instruments de la politique économique et sociale..................................................................34
2.2.2.Les politiques de l’emploi et de lutte contre le chômage...............................................................37
DEUXIEME PARTIE : LA CROISSANCE ET LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE .................. 38
1.1.Notion de croissance économique ...................................................................................... 40
1.1.1.La croissance est un phénomène quantitatif. ................................................................ 40
1.1.1.1. .......................................................... Les effets de la croissance sur le niveau de vie
40
1.1.1.2. .................................................................. Les limites de la mesure de la croissance
41
1.1.2.Un phénomène qualitatif ?......................................................................................................................41
1.2.Notion de développement économique..................................................................................................42
1.2.1.La nature et le rythme du développement.........................................................................................42
1.2.2.La mesure du développement................................................................................................................42
1.3.Les relations entre croissance et développement...............................................................................44
TROISIEME PARTIE: LES RELATIONS ECONOMIQUES INTERNATIONALES ........................ 46
CHAPITRE 1. L’ENDETTEMENT EXTERIEUR DES PAYS EN DEVELOPPEMENT .................... 48

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1.1.Fondements de l’endettement...................................................................................................................49
1.1.1.Fondements théoriques ....................................................................................................... 49
1.1.2.D’autres causes ? ................................................................................................................... 50
1.2.Solutions à l’endettement des PED...........................................................................................................53
CHAPITRE 2. LES ACCORDS ECONOMIQUES INTERNATIONAUX ................................................ 55
2.1. Accords internationaux..............................................................................................................................56
2.1.1. Accords de Bretton Woods ................................................................................................. 56
2.1.2. Les apports du système ....................................................................................................... 58
2.1.3. Les institutions de Bretton Woods ................................................................................... 58
2.1.4. Chute du système de Bretton Woods ............................................................................... 59
2.2. Les accords de L’OMC..................................................................................................................................59
2.3. Accords régionaux........................................................................................................................................62
2.3.1. UE/ACP .................................................................................................................................... 62
2.3.2. La CNUCED ............................................................................................................................. 65
QUATRIEME PARTIE : LA PLANIFICATION ET L’ECONOMIE IVOIRIENNE ................................. 66
CHAPITRE 1.LE PROCESSUS DE PLANIFICATION ................................................................... 68
1.1.Notion de planification................................................................................................................................69
1.2.Processus de planification...........................................................................................................................70
1.2.1.Les étapes de la planification ............................................................................................. 70
1.2.2.Organisation de la planification : un exemple ............................................................... 71
1.3.Historique du développement économique de la Côte d’Ivoire......................................................72
1.3.1.Jusqu’en 1974 : le "miracle ivoirien" ................................................................................ 73
1.3.2.Les fondements politiques .................................................................................................. 74
1.3.3.Un nouvel espoir ? ................................................................................................................ 76
1.3.4.Un nouveau départ pour la Côte d’Ivoire à partir de mai 2011 ? .............................. 77
CHAPITRE 2. LE SYSTEME ECONOMIQUE IVOIRIEN ................................................................... 78
1. Les caractéristiques du modèle de développement ivoirien.............................................................79
2.De la mise en œuvre aux cycles d’instabilités sociopolitiques. .......................................... 81
3.Réflexions pour un développement durable de la Côte d’Ivoire ........................................ 84
4.Problématique de l’émergence de la Côte d’Ivoire .............................................................. 84
Conclusion générale .................................................................................................................... 85
Références Bibliographiques ....................................................................................................... 86

Dr Abou POKOU et Dr Martin GNOLEBA


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Économie
ENA-2020

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