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Economie Minière

M. BENNANI
Département Mines et Minéralurgie de l’ENIM Rabat

© 2003-2004
Spécificités et diverses étapes d’un projet minier

SPECIFICITES ET DIVERSES ETAPES


D’UN PROJET MINIER

I. SPECIFICITES D’UN PROJET MINIER

Au cours de l’étude de n’importe quel projet industriel on accorde un intérêt particulier


au choix du site où sera implanté le projet. Ce choix sera dicté par l’optimisation d’un certain
nombre de facteurs qui auront une Influence capitale sur la rentabilité du projet : existence
d’infrastructures suffisantes (routes, énergie, adduction d’eau, télécommunications, services
sociaux et éducatifs...), proximité des matières premières et des marchés présence de main-
d’oeuvre qualifiée etc. Le projet minier, quant â lui, ne possède pas cet atout majeur qui est le
choix du site. Ce dernier étant dicté nécessairement par le gisement lui-même, situé souvent
dans des régions éloignées où les infrastructures de base font défaut.

C’est ainsi que dans certains cas, le projet minier doit tout prévoir â partir d’un site
vierge : routes d’accès, logements, eau, énergie, ateliers etc. Ce qui rend ce projet miner très
capitalistique et l’investissement requis très lourd. (Dans certains cas, l’investissement minier
proprement dit préparation de l’exploitation, engins, usine de traitement, ne représente que le
tiers de l’investissement total du projet.)

Il s’agit donc de projets caractérisés par l’importance des Investissements requis, mais
également par des risques élevés : En effet une erreur de 10 ou 15% sur l’estimation des
teneurs récupérables réduira d’autant la production en tournant à pleine capacité, donc avec
les mêmes dépenses. En même temps les cours peuvent fluctuer d’une manière considérable,
parfois du simple au double en quelques mois. Ces facteurs peuvent, si l’étude n’a pas été
bien menée être fatals pour un projet minier.

La longue durée nécessaire pour assurer une rentabilité acceptable à un projet minier
rend son étude encore plus difficile, ce qui Impose au mineur d’accorder une importance
particulière à toutes les étapes de pré investissement :

En effet, l’incertitude est grande quand il s’agit, sur des périodes de 15 à 20 ans,
d’évaluer à la fois l’évolution du cours des substances à valoriser, la possibilité de
substitution, à plus ou mois long terme, de ces substances par d’autres matériaux (PVC par
exemple), en plus de certains aspects politiques (Changement de législation fiscale ou sociale
par exemple).

Ceci étant, il est évident que malgré le degré de risque élevé qui caractérise l’industrie
minière, l’homme doit continuer à exploiter les matières premières minérales, celles-ci étant à
la base de tout développement Industriel. Il appartient donc au mineur de relever ce défi et
d’évaluer avec précision à chaque étape de l’étude du projet, le risque de l’étape qui suivra. Il
faut quand même signaler, à ce niveau, que le mineur peut, dans certains cas, avoir un
gisement exceptionnel dont la mise en exploitation engendre un risque très minime, et assure
un seuil de rentabilité très confortable.

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II. LES DIVERSES ETAPES D’UN PROJET MINIER

La reconnaissance d’un gisement, de l’indice géologique à la production et


commercialisation de la première tonne marchande, procède par étapes dont les budgets sont
de plus en plus lourds. À la fin de chaque étape, l’ingénieur des mines se doit d’évaluer, le
plus précisément possible, le risque que prend l’entreprise en passant à l’étape suivante. Le
schéma séquentiel de décision est représenté comme suit :

Abandonner le projet ou temporiser

Fin d’une étape Poursuivre la reconnaissance et passer A l’étape suivante

Mettre le gisement en exploitation.

Ces séquences de décision entraînent des données de plus en plus nombreuses et


s’accompagnent d’études de préfaisabilité qui ont pour but de faire une pré évaluation de la
rentabilité prévisionnelle du projet, et de fournir des résultats de plus en plus fiables au fur et
à mesure qu’on s’approche de la décision finale : gisement exploitable ou non.

Ainsi, en partant d’un indice, c’est-à-dire d’une anomalie locale dans le composition
chimique ou minéralogique de la roche, le projet minier passera par les principales étapes
suivantes

• Transformation de l’indice en cible prospecter, en s’assurant, par des évaluations


de type expert, que l’anomalie constatée possède une certaine dimension et une certaine
permanence dans le massif rocheux.

• Passage de la cible au gisement potentiel par la définition d’une enveloppe du


corps minéralisé (forme, volume, profondeur) avec une première fourchette de tonnages et
teneurs et des essais préliminaires de traitement.

• Transformation du gisement potentiel en gisement défini c’est une étape


importante qui consiste faire une estimation raisonnablement fiable des réserves (méthodes
classiques et géostatistique), des teneurs et leurs répartitions spatiales, à préciser autant que
possible les méthodes d’exploitation adaptées la morphologie du gisement et le flow-sheet du
traitement.

• Il faut ensuite passer au gisement exploitable, ce qui nécessite des études détaillées
de faisabilité faisant appel à une équipe multidisciplinaire comprenant des ingénieurs
(géologues, mineurs, minéralurgistes, éventuellement métallurgistes), des économistes, des
juristes et des financiers : Cette étape comprend notamment :

- Choix des données de base du projet : nature du produit (concentré, métal ...),

marché, destination des produits etc.

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- Choix de la méthode d’exploitation, définition du nombre et de la géométrie des


chantiers, interaction : sélectivité / productivité / Contraintes d’environnement.

- Découpage du gisement et infrastructure, découpage des panneaux, accès aux


chantiers, services (aérage, exhaure, matériel, desserte minerai et remblai) Détermination
du rythme de production • Définition des flow-sheets de traitement.

- Choix du matériel et appels d’offres.

- Ingénierie de base (mine, laverie, ateliers, énergie, éventuellement cité, services


sociaux etc.

- Organisation et effectifs, planification long terme.

- Etude économique : Définition des investissements et des coûts opératoires,


calcul des divers taux de rentabilité du projet, et recherche de financement.

• L’étape qui suivra, une fols prise la décision d’exploiter le gisement et trouvés les
financements requis, est celle du développement qui Comprendra :

- L’ingénierie de détail Les commandes de matériel après sélection des offres.

- La construction de l’infrastructure minière pour l’accès et la desserte au(x)


premier(s) chantier(s).

- La construction de l’usine de traitement, des ateliers, de l’alimentation en eau et


en énergie, de l’infrastructure sociale etc.

- La formation du personnel.

- La planification à court terme.

Après la phase développement, le projet sera mis en route avec une période de montée
en production avant d’arriver au rythme de croisière, ce qui permettra de mettre au point les
méthodes d’exploitation et de traitement et d’adapter les données du modèle étudié à celles de
la réalité. Les besoins d’évaluation du projet ne cesseront pas pour autant après sa mise en
route, mais ils changeront de nature. En effet au cours de la phase étude, l’objectif de
l’évaluation était une planification à long terme basée sur les hypothèses du modèle choisi,
alors qu’après la mise en route de la mine et de ses diverses autres installations, la
planification nécessaire deviendra à court terme, et mettra en oeuvre des données beaucoup
plus nombreuses et plus précises, fournies à chaque instant par l’exploitation.

Il apparaît clairement, à travers ce rapide parcours des étapes du projet minier, que la
phase la plus importante est celle de l’élaboration du rapport de faisabilité à laquelle une
attention toute particulière doit être apportée. En effet la décision qui découlera de l’examen
de ce rapport est la plus lourde de conséquences, car si elle aboutit à la mise en exploitation
du gisement, elle entraînera un engagement financier extrêmement important et irréversible.
Nous réserverons le chapitre suivant à l’examen ce dossier.

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III. LE RAPPORT DE FAISABILITE

1. Définition

Le rapport de faisabilité synthétise l’ensemble des études qui permettra de conclure si un


projet minier est faisable ou non.

Ce rapport intervient dans le temps un stade relativement avancé de la connaissance du


gisement, les réflexions faites aux stades antérieurs ne pouvant conduire qu’a des études de
préfaisabilité. A l’issue des études de faisabilité, tous les éléments de décision sont donc
disponibles. Ainsi, toute demande de financement d’un projet minier auprès d’un organisme
bancaire sera accompagnée d’un rapport de faisabilité.

2. Contenu

Le rapport de faisabilité consiste habituellement en :

- Un document récapitulatif
- Des documents annexes (5 à 10), techniques, économiques, financiers et
administratifs, avec recueils de plans et de spécifications. Ces documents sont eux r,mes
résumés en quelques dizaines de pages dans le document récapitulatif. Ainsi les
principaux chapitres du document récapitulatif sont en fait des résumés de ces documents
annexes.
Le document récapitulatif comprendra :
Une introduction générale qui présentera brièvement le cadre et l’objectif de l’étude.

Sommaire et Conclusion où les principaux points de chacun des chapitres de l’étude de


faisabilité seront brièvement évoqués, tes conclusions et recommandations seront également
rappelées, en des termes compréhensibles par des lecteurs non spécialisés (Ce rapport sera en
effet soumis en particulier, à des non professionnels de la mine : banques, organismes
financiers etc.)

Termes de référence qui résument les résultats des études partielles qui constituent le rapport
de faisabilité et évoquent les grandes lignes des données techniques et économiques du projet
: (Réserves en place et teneurs récupérables, production escomptée, durée de vie de
l’exploitation et infrastructure proposée, hypothèses sur le marché des substances
commercialiser. investissements et méthodes de financement, hypothèses et alternatives de
base)

Description et présentation générale du projet, où le cadre général concernant le pays, la


région et le gisement est développé en détail. Pour le pays producteur cette présentation
concernera notamment la géographie physique, la géologie générale, la climatologie, la
population, l’organisation politique et administrative, la vie économique, les transports et
communications, l’enseignement et la formation professionnelle, le contexte juridique, fiscal,
douanier et la législation du travail.

Le cadre régional et local est ensuite développé avec les mêmes subdivisions
énumérées ci-dessus, mais plus détaillées. On s’intéressera en particulier à certains points qui
ont une relation directe avec le projet tels que les accès, transports et communications, les
ressources en eau, la main d’oeuvre locale et les sources d’énergie.

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Cette présentation sera suivie de l’historique de découverte du gisement avec


références tous les rapports antérieurs. Les tendances du marché de la substance principale et
des autres substances récupérables seront ensuite résumées.

Cadre juridique et organisation légale pour préciser les termes et responsabilités des divers
partenaires du projet, ainsi que le permis de recherches et les caractéristiques de la zone
minière (surface, périodes ...) Cette partie constitue la base pour des négociations de
participations, de vente, etc.

La géologie Pour résumer les principaux éléments du document annexe consacré â la géologie
du gisement (cartes, plans, analyses etc.) On rappellera en particulier les diverses phases de
l’exploration avec ses méthodes et ses résultats, la géologie régionale et locale, la typologie
ou gisement (pétrographie, sédimentologie, morphologie, stratigraphie, ...) ainsi que les
éléments annexes (Topographie, hydrogéologie, géotechnique, analyses…)

Les Réserves : C’est une partie importance du rapport de faisabilité. Les minerais seront
répartis par catégories, par tranches quantitatives, par niveaux1 par section etc. Le bilan des
réserves doit respecter certaines coupures imposées par l’exploitation et le traitement, et se
fera par les méthodes classiques (plans et sections, triangles ou polygones) ainsi qu’en
utilisant les méthodes géostatistiques. On s’intéressera également l’avenir des réserves dans le
périmètre de la zone indicielle, ainsi qu’au potentiel dans le périmètre en dehors de cette zone.

L’exploitation minière : Après la détermination des zones à exploiter, une méthodologie de


découpage du gisement sera proposée, et la méthode d’exploitation décrite, ainsi que le
rythme et le programme de production. Des alternatives et des séquences différentes seront
ensuite proposées. Les caractéristiques à tendances économiques (récupération, dilution,
salissage, teneur d’extraction d’un chantier ...) seront évoquées, et serviront au calcul
économique final.

Le traitement des minerais : Le choix du projet de référence, avec Comparaison aux


éventuelles variantes, sera détaillé, et les principales caractéristiques de l’usine de traitement
et ses annexes seront explicitées. Les questions relatives à l’eau et son recyclage, à
l’alimentation en énergie. en réactifs et autres produits seront également traitées. Les
problèmes de l’impact de l’usine de traitement sur l’environnement (rejets) eaux usées etc.)
seront aussi abordés. Un chapitre sera consacré aux Coûts d’investissement et coûts
opératoires, ainsi qu’au temps de construction et planning de réalisation.

Energie - eau : Une attention particulière doit être accordée â ces questions d’alimentation en
énergie et en eaux industrielle et urbaine, qui concernent en même temps la mine, l’usine de
traitement, les ateliers et les infrastructures sociales. Les sources d’énergie et leurs
alternatives et stockages doivent être proposées et critiquées.

Approvisionnements, logistique et transport : La logistique de la mise en route du projet


(phase d’investissement), ainsi que celle de la phase de production seront étudiées. Les
questions relatives aux infrastructures (routes, ponts etc.) ainsi qu’au transport (personnel,
approvisionnements, produits exportés) seront également traitées.

Organisation industrielle et urbaine : L’agencement industriel ainsi que les relations entre les
unités de productions et la vie du personnel seront évoqués. En effet le côté social revêt une
importance particulière, car le site minier doit prévoir une urbanisation des cités, des écoles,

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des hôpitaux, des moyens de transport en commun et de ravitaillement, une distribution d’eau
et d’électricité, des clubs de sports etc.)

Le personnel : l’étude doit prévoir le personnel nécessaire pour les diverses phases de
montage et de production ainsi que les qualifications requises. On donnera également
l’organigramme de base, la description des fonctions, les grilles de salaires, la sélection, le
recrutement et les besoins en formation.

Programmes de production : la programmation de l’exploitation minière et du traitement sera


détaillée et des variantes seront étudiées. La simulation de la production sera dév1oppée en
fonction des travaux préparatoires) du personnel et du matériel disponible, ce qui constitue
une étape importante pour les études d’investissements et de coûts de production finale.

L’étude économique : qui sera à la base de la décision d’Investissement pour la mise en route
du projet. On détaillera en particulier :

• L’estimation des investissements y compris un récapitulatif des dépenses engagées


avant la mise en route du projet (phases d’exploration, de développement et de constitution du
dossier de faisabilité).

• L’estimation des coûts opératoires

• Les calculs de rentabilité et l’évaluation financière du projet.

Il reste souligner l’issue de l’énumération des divers chapitres ci-dessus qui constituent le
dossier récapitulatif du rapport de faisabilité, que toutes ces rubriques ne sont que des résumés
de plusieurs rapports détaillés comportant des recueils de notes des plans, cartes etc.

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ANNEXE*

Exemple d’un rapport de faisabilité

Les documents ci-après reproduisent le sommaire d’un rapport qui pourrait


accompagner une demande de financement d’un organisme bancaire.

La première partie “Les données du Projet” est un rapport de 200 pages qui situe dans
son cadre géographique et technique, et auquel sont annexés près de 200 plans et schémas et
divers développements sur la minéralogie du minerai et le projet d’urbanisme.

La deuxième partie “Le projet” est un rapport de 250 pages qui évoque tous les
problèmes posés par la réalisation du projet, y compris les problèmes économiques.

On notera que l’écoulent de la production n’est pas évoqué, ce qui signifie simplement
que dans le cas particulier dont sont extraites ces quelques pages le marché était parfaitement
défini.

Ces documents ont été présentés par M. MARINO, ingénieur à la COGEMA lors d’un
séminaire d’Economie et Stratégie Minière se déroulant à l’Ecole des Mines de Paris.

Il faut remarquer le volume de travaux nécessaires à la de réalisation d’un rapport de


faisabilité et tout particulièrement la grande place accordée à tout ce qui n’est pas directement
l’exploitation : services d’approvisionnent et études, formation, approvisionnement en énergie
structure et organisation, urbanisation.

* Réf : M. DUCHENE
Economie de l’Entreprise minière.

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Investissements et financement de l’industrie minière

INVESTISSEMENTS ET FINANCEMENT DE
L’INDUSTRIE MINIERE

I. Les investissements miniers

L’industrie minière nécessite un investissement très lourd, caractère incertain et


irréversible, qui, une fois engagé, va peser sur toute la vie de l’exploitation et sur sa
rentabilité. En effet, l’investissement unitaire (c à d l’investissement total divisé par la
capacité journalière en Tonnes de minerai) d’une exploitation minière réalisée en contexte
non isolé se situe en général entre 15.000 et 40.000O U.S. dollars 86. Cet investissement
unitaire peut même atteindre, pour des sites isolés nécessitant l’installation de toutes les
infrastructures de base, des valeurs de l’ordre de 100.000 U.S dollars 86. Ces infrastructures
représentent en effet, dans Certains cas jusqu’à 60 % du total de l’investissement, dont la
structure peut être résumée comme suit :

Postes Moyenne Fourchette

Infrastructures 30% 10 à 60 %

Équipements miniers 15% 10 à 40%

Usine de traitement 30% 20 à 60%

Autres (services
auxiliaires, études et 25% 25% à 30%
supervision :)

Par rapport aux autres placements financiers, l’intensité capitalistique des opérations
minières (c à d l’investissement total divisé par le chiffre d’affaires annuel) est
particulièrement élevée, mais reste cependant comparable celle des industries lourdes
(sidérurgie, métallurgie, industrie chimie). En effet, dans les secteurs de la mine et de
l’industrie lourde, cette intensité capitalistique est de l’ordre de 3 en moyenne, alors qu’elle
n’est que de 1 pour les industries de transformation à l‘aval de la métallurgie, et d’une fraction
de l’unité pour les activités de distribution par exemple.

A cause de la lourdeur des investissements requis dans l’industrie minière, et du


caractère risqué de ces investissements, il est d’une extrême importance de procéder à des
estimations aussi précises que possible. Ces estimations seront revues et améliorées au fur et à
mesure de l’avancement des études. On procédera au départ par analogie avec les

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exploitations existantes de même nature dans les mêmes conditions. Au stade de la


préfaisabilité, on pourra procéder par une modélisation des principaux postes en fonction des
paramètres les plus pertinents, et au stade de la faisabilité on procèdera par appel d’offres.
Dans ce chapitre on passera en revue la nature des investissements miniers, leurs paramètres
essentiels et les moyens de les estimer.

1. Nature des investissements miniers

Les investissements miniers peuvent être regroupés de la façon suivante:

- Infrastructures générales : accès au site et sa préparation, approvisionnements en


eau et en énergie, cités et infrastructures sociales, transports et moyens de
communications, découverture préalable pour les mines à ciel ouvert, et équipement des
accès au gisement en souterrain (fonçage des puits, travaux préparatoires souterrains etc.)

- Equipement. de la mine : matériels et engins d’exploitation pour les mines à ciel


ouvert, et matériels divers de production en souterrain, y compris les équipements
d’extraction, les installations d’air comprimé etc.

- Usine de traitement : bâtiments équipements divers y compris le concassage,


stockage de minerai, transfert (convoyeurs), broyage, concentration, épaississement et
filtrage, bassins de décantation, stockage et chargement du concentré.

- Autres : Service auxiliaires, études et supervision.

A ces investissements liés directement â la réalisation du projet, on ajoutera, après


actualisation, les dépenses antérieures de toute la phase reconnaissance du gisement et
évaluation.

2. Les paramètres essentiels qui permettront d’évaluer les investissements

Les paramètres essentiels du projet qu’il faudra maîtriser pour faire une évaluation fiable des
divers postes d’investissement, au moins en ordre de grandeur, sont :

- Pour la mine à ciel ouvert : la production journalière de minerai et du stérile, le


volume de découverture préalable et la dimension des divers engins.

- Pour la mine souterraine La production journalière de tout- venant, la section et


la profondeur du puits, la dimension des chantiers d’exploitation,

- L’indice de broyabilité (indice de Bond) pour le concassage et le broyage.

- La production journalière des concentrés et leurs teneurs.

- Les diverses unités de l’usine de traitement et leur dimension.

- La productivité moyenne du personnel (Tonne par homme-poste), facteur


directement lié la mécanisation.

- Le type d’équipements pour la consommation d’énergie.

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A partir de ces paramètres, on pourra, en utilisant des modèles chiffrés, estimer tous
les postes rattachés a un paramètre donné (bâtiments, équipements, effectifs productifs ...). On
pourra également estimer indirectement les autres postes frais d’études, supervision et
encadrement en pourcentage des investissements productifs, effectifs des services en fonction
des effectifs productifs etc. Les modèles chiffrés en question ont été développés en Amérique
du Nord, et il faudra donc, pour chaque poste, corriger les estimations en tenant compte en
particulier des coûts de la main d’oeuvre et des coûts d’achat des divers matériels.

3. Estimation des investissements : le modèle O’HARA :

Le modèle d’estimation O’HARA qui sera brièvement décrit ici, est basé sur des
publications et travaux présentés par O’HARA, avec des changements apportés par MR.
DUCHENE de l’Ecole des Mines de Paris (Référence : Conférences sur l’économie de
l’entreprise minière – CESECO - 1989). Ces changements concernent la transformation des
estimations du dollar Canadien au dollar U.S, l’actualisation du $78 en $86, et la modification
des unités du système anglais au système international.

Dans ce modèle, l’estimation du Coût d’investissement sera faite par l’addition des
estimations partielles des divers paramètres, elles-mêmes faites selon des équations proposées
par le modèle. Ainsi pour une mine à ciel ouvert on fera la somme des estimations des
paramètres suivants : Préparation du site, découverture préalable du corps minéralisé,
équipements miniers et leurs installations d’entretien, études de faisabilité, supervision du
projet, constructions provisoires, encadrement de pré-production. L’énergie, les lignes de
transmissions et l’eau d’une part, ainsi que les fonds de roulement d’autre part, seront estimés
dans le coût d’investissement de l’usine de traitement, Ainsi, dans le cas d’une mine à ciel
ouvert, le Modèle O’HARA donne les estimations suivantes des coûts d’investissement (voir
tableau n°1).

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Investissements et financement de l’industrie minière

TABLEAU 1*
ESTIMATION DUCOUT D’INVESTISSEMENT CAS D’UNE MINE A CIEL OUVERT
(D’après le Modèle O’HARA)

EQUATION
INTERVALLE
PARTIE PARAMETRE D’ESTIMATION (en REMARQUES
DE VALIDITE
U.S. $86)
Topographie
0 .5 accidentée et
C11 = 7786.Tt
végétation
Tt(t/j) =
1-Préparation intense
du site
production de 103 à 105 t/j
Topographie
minerai + stérile
plate et
C12 = 3114.Tt 0.5
végétation
légère
2- Td(t) = tonnage C 21 = 1245.Td0.5 Terre végétale
4 7
Découverture de 10 à 10 t/j Roche
préalable découverture C 22 = 13.235Td0.5
consolidée
Equipement de
chargement
3 à 11.5 m3
C 31 = 415.155 N P .ρ 0.73 N P = nombre
P(m3) = taille de pelles
3- des pelles
Equipements Equipement de
miniers C(t) = taille des transport
camions 35 à 150 t C 32 = 13.347 N C .ρ 0.85
N C = nombre
de camions
Equipement de
C 33 = 2.33C 31 .Tt −0.2
foration
Y compris les
Tt(t/j) =
4- Installation équipements
production de 103 à 105 t/j C 4 = 229.060Tt 0.3
d’entretien utilisés dans
minerai + stérile
l’entretien

5- Frais d’études : 4 à 6% de ( C11 + C12 + C 21 + C 22 ) + 6 à 8% ( C 31 + C 32 + C 33 + C 4 )

6- Supervision et constructions provisoires : 8 à 10% de


( C11 + C12 + C 21 + C 22 + C 31 + C 32 + C 33 + C 4 )

7- Encadrement de pré-production : 4 à 7% de ( C11 + C12 + C 21 + C 22 + C 31 + C 32 + C 33 + C 4 )

8- Energie électrique estimées dans le coût d’investissement de l’usine de traitement

9- Fonds de roulement

*Source : M. DUCHENE, Economie de l’entreprise minière – CESECO 1989 - ENSMP

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Dans la partie 3 du tableau (équipement miniers) , la taille de la pelle P, en m3,


le nombre de pelles NP, la taille des camions en tonnes (C) et le ombre de camions
utilisés (NC) sont estimés par :

P ( m 3 ) = 0.1Tt 0.4 (P est arrondi à la première taille standard)

0.0055Tt 0.8
NP = (Np est arrondi au nombre entier suivant)
P

C (t ) = 10.76 ρ 1.1 (Arrondi à la 1ère taille standard)

0.22Tt O.8
NC = (NC est arrondi au nombre entier suivant)
C

De même, le modèle permet d’estimer le coût des investissements pour une mine
souterraine en faisant la somme des estimations des coûts du fonçage du puits, travaux
préparatoires, tour d’extraction, installations d’air comprimé, équipements miniers du fond,
études de faisabilité, supervision du projet et constructions provisoires, encadrement de pré-
production. L’énergie, l’eau et les fonds de roulement seront aussi estimés dans le coût
d’investissement de l’usine de traitement. Voir Tableau 2, Annexe 1.

Pour l’usine de traitement et les installations de surface, l’estimation de


l’investissement sera faite par l’addition des estimations des coûts de la préparation du terrain,
fondations, installations de concassage, stockage de minerai tout-venant, convoyeurs à bande,
bâtiments de l’usine, broyage, stockage des fines, unité de concentration, unité
d’épaississement et de filtrage unité de stockage et chargement du concentré, production et
distribution d’électricité, bassins de décantation, approvisionnement en eau, services
auxiliaires, accès, Cité minière, études de faisabilité, supervision du projet et constructions
provisoires, encadrement de pré-production et fonds de roulement. Voir Tableau 3, Annexe 2.

Ainsi le modèle O’HARA permet d’estimer les investissements pour la mine, l’usine
de traitement et les installations de surface. Il permet également d’estimer les effectifs à
employer, en faisant la somme des estimations des effectifs de la mine, de l’usine et de
l’entretien et services. Voir Tableau 4, Annexe 3.

Une fois les estimations faites selon le modèle O’HARA, il est intéressant de comparer les
résultats obtenus aux chiffres de certaines exploitations connues réalisées dans des conditions
similaires. Des comparaisons peuvent également être faites en utilisant certains ratios standard
tels que l’investissement unitaire et l’intensité capitalistique.

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Investissements et financement de l’industrie minière

II. Financement de l’industrie minière

1. Caractéristiques des financements miniers

Les Capitaux disponibles pour un investissement en industrie minière sont en général


rares et difficiles à trouver, surtout dans les premières phases de cette industrie (exploration,
recherche minière) où les risques sont les plus grands. En effet, au cours de ces phases, la
principale difficulté, pour pouvoir accéder aux fonds initiaux nécessaires, est de convaincre
les investisseurs, les organismes de développement et les gouvernements de l’intérêt du
projet. Les principales sources de fonds pour ces premières phases sont :

- Autofinancement par des fonds propres de ‘opérateur du projet.


- Gouvernementaux
- prêts de coopération
- organismes internationaux de développement.

Plus le projet progresse, plus l’ingénierie devient nécessaire (pistes, habitations, eau,
électricité, sondages etc.), plus les fonds à investir deviennent importants.

Après l’élaboration et l’acceptation du dossier de faisabilité, viendra la phase de


développement industriel du projet, les investissements requis deviennent alors très lourds, et
on observe, on cette période économique difficile pour le marché des substances minérales,
que même les projets déjà avancés et apparemment intéressants ont des difficultés pour
trouver les fonds nécessaires à l’avancement de leurs travaux.

Pour cette phase développement, il peut y avoir différents investissements extérieurs :

- De nouveaux partenaires peuvent s’intéresser au projet et amener des Capitaux


propres.

- Les organismes bancaires commerciaux peuvent se joindre aux investisseurs et


apporter des fonds nouveaux, sous forme de prêts garantis par le gisement en place, et
(ou) en participant au projet.

- D’autres partenaires acheteurs, raffineurs peuvent intervenir par achat direct.

A cause du risque élevé que présente le financement des projets miniers, différentes
techniques d’analyses des risques ont été développées pour pondérer les difficultés, et sont
réalisées aux divers stades de développement du projet. Ces analyses couvrent les domaines
suivants :

- Potentiel géologique : le risque de base est d’engager les fonds initiaux de


prospection sans trouver une concentration minérale satisfaisante. Il y a ensuite des
risques dans l’estimation des réserves exploitables : risques d’erreurs dans la morphologie
du corps minéralisé, aspects qualitatifs ou quantitatifs, teneurs, volumes, densités,
tonnages, sur - concentrations ou lessivages etc.

- Stabilités légales ou politiques : le climat politique et le contexte légal du pays


hôte sont parmi les grands sujets de préoccupations des entités susceptibles de financer le
projet. Ces entités feront en particulier une analyse détaillée de la stabilité politique, des
règlements juridiques et fiscaux qui régissent le secteur minier, des restrictions

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d’échanges de devises et de rapatriement des capitaux, des restrictions relatives aux


acquisitions par un Capital Etranger, des exigences d’utilisation de produits nationaux etc.

- Problématiques économique et marché de la (des) substance (s) à exploiter;


les prévisions du marché de cette (ces) substance (s) font partie des risques apprécier :
structure du marché (monopoles, dispersions, dumpings, etc.), vie des exploitations en
cours, interférences avec des risques politiques, gisements connus en voie de
développement, Sites d’exploitation fermés mais non épuisés, récupérations,
substitutions, avenir Prévisible etc.

- Risques techniques et méthodologiques divers : délais dans le respect des


programmes de développement, donc délais dans l’apparition de revenus, coûts mal
estimés, dépassements de budgets, niveau de production trop bas, problèmes techniques
dans les équipements, mauvaise gestion, conflits d’intérêts, absence de main-d’oeuvre
formée temps, difficultés syndicales; manque de compétence de l’encadrement.

L’organisme de financement, ou l’investisseur privé â qui un projet minier est


présenté, fera donc une analyse détaillée des risques ci-dessous énumérés avant de prendre sa
décision. Certaines conditions encourageront une décision positive :

- stabilité politique et sociale


- bonne structure en législation minière
- stabilisation fiscale
- garanties minimales moyen et long terme (15 - 20 ans)
- libertés de travail et de gestion
- ambiance de vie acceptable
- existence dune partie des infrastructures de base
- déductions fiscales variées, etc.

2. Les principales sources de financement de l’industrie minière

Les structures de financement de l’industrie minière ont évolué depuis les années 1970
où il y’avait un certain enthousiasme pour développer des projets miniers, en partie cause des
craintes de pénuries et de difficultés d’approvisionnements. Au cours des années 1980 la
situation a changé cause de la diminution ou stagnation des consommations en substances
minérales, surproduction chronique dans certains marchés comme le Cuivre, le Fer etc. Ces
changements dans les structures se sont accompagnés de changements dans les sources de
financement également. Ces sources sont à présent différentes dans les pays industrialisés et
dans les pays en développement :

- Dans les pays industrialisés à économie de marché, les grandes sociétés minières
capitalistes, internationales continuent à jouer un rôle important. Les gouvernements, les
petits investisseurs privés et les banques commerciales interviennent également.

- Dans les pays en voie de développement, le gouvernement national, les


organismes de développement bilatéraux et multilatéraux, les prêts de coopération, jouent
un râle important. Les investissements privés peuvent également constituer des sources de
financement. Mais il est à signaler que pour les premières phases des projets, les fonds
internes, en provenance des sociétés minières de l’état, sont souvent la source majeure de
Capitaux. Le financement privé, lui s’orientera dans le sens des développements miniers
relativement petit, qui jouent cependant un rôle important pour l’économie locale et

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régionale. Le financement par les organismes publics internationaux joue un rôle


important pour l’industrie minière des pays en voie de développement on distinguera :

• Les organismes multilatéraux tels que le groupe de la Banque Mondiale. la


Banque Internationale pour la construction et le développement (BIRD), la Compagnie
Financière Internationale (IFC), les fonds de l’organisation des Nations Unies (PNUD -
UNESCO, ONUDT ...), les banques régionales de développement (B.A.D, banque
asiatique de développement…), la banque Européenne d’investissement (B.E.I) de la
Communauté Economique Européenne. la Compagnie Minière Arabe (ARMICO), le
Fond Arabe de Développement Economique et Social (FADES), etc.

• Les organismes bilatéraux tels que le Fond Saoudien, le Fond Koweitien, la


Caisse Centrale de la Coopération Economique (France), l’overseas Development Council
(Royaume-Uni), le KFW (R.F.A), l’Agence Canadienne du développement International
(ACDI), l’Overseas Resource Mineral Development Agence (Japon) etc.

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ANNEXE I

TABLEAU 2*
ESTIMATION DU COUT D’INVESTISSEMENT-MODELE O’HARA MINES
SOUTERRAINES

Intervalle Equation d’estimation


Partie Paramètre Remarques
de validité en U.S $1986
1- Fonçage du DP(m)=diamètre C1 = 214900.DP0.5 + Puits Circulaire
4à6m F=Prof du puits en
puits du puits 2550.F .DP0.7 m
W= largeur moy.
2- Travaux de T=Production du 500 à Chantiers Réserves
développement minerai t/j 7000 t/j
C 2 = 25281.T .W −0.8 préparées à
l’exploitation=1400.T
Equipement
d’extraction
C 31 = 1.45 D 1.4 H 0.2 H=puissance moteur
(en W)
Installation de
3- Tour D=Diamètre du 1830 à C 32 = 11.1( D / 10)1.3 l’équipement
d’extraction tambour (mm) 4270 min
C 33 = 11.2( D / 160) 3.2 Bâtiments tour
Chevalement
C 34 = 1.32 L1.2 ( D / 10)1.2 L=hauteur du
chevalement (en m)
4- Installation Q=consommation 56 à 340 C 41 = 9500.Q 0.8 Compresseur
d’air comprimé d’air (en m3/min) m3/min C 42 = 3146.Q 0.7
Installation
−0.5 0.8
C5 = 19805W T Y compris
5- Tt=Production l’installation
500 à
Equipements minerai + stérile ( si3 ≤ W ≤ 15m)
7000 t/j
miniers fond (en t/j) w = larg. Moy des
= 45040Tt 0.6 ( w f 15m) chantiers (en m)
6- Installation 500 à
entretien fond
Tc(en t/j)
7000 t/j
C 6 = 21800 .Tt 0.5

7- Frais d’études :4 à 6% de ( C1 + C 2 ) + 6 à 8% de
( C 31 + C 32 + C 33 + C 34 + C 41 + C 42 + C 5 + C 6 )
8- Supervision du projet et construction provisoires : 8 à 10% de
( C1 + C 2 + C 31 + C 32 + C 33 + C 34 + C 41 + C 42 + C 5 + C 6 )
9- Encadrement de pré-production : 4 à 7% de
( C1 + C 2 + C 31 + C 32 + C 33 + C 34 + C 41 + C 42 + C 5 + C 6 )
10- Energie électrique et fond de roulement : Estimés dans le coût d’investissement de l’usine
de traitement

* même source que Tableau I

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ANNEXE I (suite)

Dans la partie 1 du tableau 2, le diamètre Dt d’un puits circulaire, en m. est estimé par:

D P ( m) = 1.6Te0.15 : Te = tonnage extrait par jour

Dans la partie 3, le diamètre du tambour D, en mm, est estimé par :

D ( mm) = 25.4( 44Te + 192 h 0.5Te0.6 + 1.61h 0.3Te1.2 ) 0.357


h = profondeur de remontée en mètres

Egalement dans la partie 3, la puissance du moteur d’extraction, H en W est estimée par:

2 .4
⎛ D ⎞
H (W ) = 0.52 S ⎜ ⎟
⎝ 100 ⎠

Où S = vitesse d’extraction en m/minute est estimée par :

S (m / min) = 0.92h 0.5Te0.4

Toujours dans la partie 3. la hauteur du chevalement. L en mètres, est estimée par :

3
D ⎛ D ⎞ 0.33
L(m) = 3.00 + 0.10⎜ ⎟ + 1.98Te
1000 ⎝ 1000 ⎠

Dans la partie 4, la consommation d’air, Q en m3/min est estimée par :

Q (m 3 / min) = 5.92Tt 0.46


Tt = tonnage exploite par jour (minerai • stérile)

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ANNEXE II

TABLEAU 3*
Intervalle Equation d’estimation
Partie Paramètre Remarques
de validité en U.S $1986
T(t/j) = FS=facteur des
1- Préparation du 5000 à 7000
terrain
capacité de
t/j
C1 = 61083T 0.3 FS conditions
l’usine terrain
T(t/j) FC=facteur de
5000 à 7000
2- Fondation
t/j
C 2 = 31443T 0.5 FC l’appui
fondations
3- Installation de T(t/j) 5000 à 7000
concassage t/j
C 3 = 70073T 0.5
T(t/j) FW=facteur des
4- Bâtiments de 5000 à 7000
l’usine t/j
C 4 = 46715T 0.5 FW conditions
climatiques
T(t/j) Fg=facteur des
5- Broyage et 5000 à 7000
C5 = 12703T 0.7 Fg conditions de
stockage t/j
broyage
T(t/j) FP=facteur des
6- Unité de 5000 à 7000
concentration t/j
C 6 = 3970T 0.5 FP conditions de
concentration
T(t/j) FT=facteur des
7- Epaississement 5000 à 7000
et filtrage t/j
C 7 = 7786T 0.5 FT conditions de
filtrage
Tc(t/j) =
8- Stockage du
concentré
production 20 à 500 t/j C 8 = 6414TC0.8
concentré
P(kW) = Générateur à
conso. De
C 91 = 68218P 0.6 charbon
pointe Générateur
C 92 = 6674P 0.8 diesel
9- Energie 200 à 30000
électrique M(km) = kW C 93 = 519 P 0.8 + 55000.H Substation
longueur
Système
lignes
extension
C 94 = 890P 0.8 distribution à
basse tension
T(t/j) Barrage en
10- Bassin de 5000 à 7000
décantation t/j
C10 = 12457T 0.5 topographie
favorable
Q(m3/min) = Lignes de
besoin d’eau C111 = 413932LQ 0.3 capacité eau
L(km)=longueur
11- Pompage d’eau
2 à 30
Approvisionnement
m3/min C112 = 86783Q 0.6 propre ;Q d’eau
d’eau propre
Pompage d’eau
C113 = 113195Q 0.6 recyclée ;Q
d’eau recyclée
12- Services E = effectif
auxiliaires total
C12 = 11864E 0.8
R(km) =
longueur C131 = 185000 R Route
route
13- Route d’accès
b(m) =
longueur C132 = 1145b 1.5 Pont
ponts

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E = effectif C141 = 30000E Campement


14- Cité minier
total C142 = 82000E Cité minière

15- Frais d’études : 4 à 6% de (1) + (2) + (13) plus 6 à 8% de (3) + (4) + (5)
+ (6) + (7) + (8) + (9) + (10) + (11) + (12) + (14)
16- Supervision du projet : 8 à 10% de la somme des parties (1) + (14)
17- Encadrement de pré-production : 4 à 7% de la somme des parties (1) + (14)
18- Fonds de roulement : 4 mois des coûts opératoires à capacité nominale

* même source que Tableau 1.

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ANNEXE II (suite)

Dans le Tableau 3, nous présentons les expressions utilisées dans l’estimation de


chacun des ces coûts. L’utilisation des ces expressions requiert l’ajustement par certains
facteurs. Les valeurs de ces facteurs, en fonction des spécialités du projet à estimer ; sont
données par la suite :

Caractéristiques du
Facteur Valeur
projet
Terrain plat avec moins de
1.0
3m de découverture
Terrain légèrement incliné et
1.5
FS= conditions de terrain peu de travaux à explosifs
Terrain fortement incliné
2.5 (15°) et beaucoup de travaux
à explosifs
1.0 Roche solide
FC= appui des fondations 1.8 Sable/gravier
3.5 Sol humide
1.0 Climat doux
Climat froid avec
1.8
FW= conditions climatiques enneigement modéré
Climat rude avec
2.5
enneigement intense
Minerai pas dur (WI<12) et
1.0
55% -200
Minerai moyennement dur
Fg= conditions de broyage 1.5
(WI≈15) et 70% -200
Minerai dur (WI>17) et 80% -
1.8
200
1.0 Cyanuration de minerai d’or
Flottation de minerai de
1.2
cuivre à basse teneur
Flottation de minerai de
1.6 cuivre à haute teneur, avec
Zn récupérable
FP= conditions de
Flottation sélective des
concentration
2.0 minerais complexes
(Pb/Zn/Ag ou Cu/Pb/Zn)
minerais d’or complexes :
3.0 flottation, grillage,
cyanuration
5.0 Concentration gravimétrique
Minerai de cuivre à basse
1.0
teneur
Minerai de cuivre à haute
1.6
Ft= conditions filtrage teneur, avec Zn récupérable
Minerais complexes :
2.0
Pb/Zn/Ag ou Cu/Pb/Zn
3.0 Minerais d’or cyanurés

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Dans la partie 9 du Tableau, la consommation de pointe P en kW est estimée par :

Pour mine souterraine + usine P(kW ) = 28.9T 0.7


Pour mine à ciel ouvert + usine P (kW ) = 142.8T 0.5
T = capacité de l’usine en tonnes par jour
Dans la partie 11, l’approvisionnement d’eau, Q en m3/minute est estimé par :
Eau propre :
0 .6
3 ⎛ T ⎞
Q (m / min) = 0.916⎜ ⎟ Sources abondantes et facilement accessibles.
⎝ 100 ⎠
0 .6
3 ⎛ T ⎞
Q (m / min) = 0.191⎜ ⎟ Sources rares.
⎝ 100 ⎠
Eau recyclée :
1 .1
⎛ T ⎞
Q (m 3 / min) = 0.034⎜ ⎟ Recyclage, quand les sources d’eau sont rares.
⎝ 100 ⎠
Dans la partie 12, pour l’estimation de l’effectif total du projet, consulter la partie Estimation
des effectifs, ci après.

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ANNEXE III

TABLEAU 4*
ESTIMATION DES EFFECTIFS-MINE, USINE ET
SERVICES GENERAUX (D’après O’HARA-1987)

Intervalle de Equation d’estimation


Effectifs Paramètre Remarques
validité en U.S $1986
1- Mine à ciel Tt(t/j) = 5000 à E1 = 0.504Tt 0.5 +
ouvert Production 100.000 t/j
Minerai + stérile 0.032Tt 0.7
2- Mine T(t/j) = 500 à 7000 0. 5 Sous niveaux
⎛T ⎞
souterraine Production t/j E 21 = 12.87⎜ ⎟ et abattage par
minerai ⎝W ⎠ long trous
W(m) = largeur Tranches
T 0.7
chantier E 22 = 3.31 Montantes
W 0.5 Remblayées
T 0.7 Chambres
E 23 = 2.66 magasins
W 0.5
Chambres et
T 0.7 piliers
E 24 = 1.30 0.5 (W=Hauteur
W
chambre)
3- Usine de T(t/j) = Capacité 500 à 7500 Traitement de
concentration E 31 = 1.39T 0.5
de l’usine t/j l’or
Métaux base<3
subst.
E 32 = 0.89T 0.5 Récupérable ;
exp. Cu-Mo,
Cu-Ag, Cu-Zn,
Pb-Ag
Métaux base/
minerai
complexe
avec>2 subs.
E 33 = 1.66T 0.5 Récupérables
ou plus d’un
procédé
séparation pour
la concentration
Traitement
E 34 = 1.91T 0.5
Uranium
4- Entretien N = E1+E2 +E3 E 41 = 0.27 N Ciel ouvert
électromécaniq
ue (mine Sous niveaux
et abattage par
+usine) E 42 = 0.37 N
longs trous très
mécanisé
Tranches
Montantes
E 43 = 0.32 N Remblayées
avec déblayage
mécanisé

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Investissements et financement de l’industrie minière

Chambres
magasins pas
E 44 = 0.26 N
très
mécanisées
Chambres et
E 45 = 0.29 N piliers pas très
mécanisés
5- Services M = E1+E2 Mine située
généraux +E3+E4 E51 = 0.055M dans région
minière
Mine située en
E52 = 0.10 M région sans
infrastructure
6- Service M = E1+E2
administratif
E 6 = 0.08M
+E3+E4

* même source que Tableau 1.

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Les coûts opératoires de la mine

LES COÛTS OPERATOIRES DE LA MIME

1. Nature des coûts opératoires

Les coûts opératoires de la mine sont généralement classés en deux catégories :

• Coûts directs qui sont fonction de la quantité produite (main d’oeuvre liée
directement à la production, fournitures diverses y compris l’énergie, et éventuellement
royalties liées à l’exploitation du gisement).
• Coûts indirects indépendants de la quantité produite : (main d’oeuvre des services
administratifs, sécurité, magasins, bureaux, encadrement de direction, ingénierie, laboratoires
d’analyses, recherche et développement, assurances, taxes, comptabilité, Informatique,
amortissement des investissements courants, frais financiers etc.)

On ajoute souvent une troisième catégorie, celle relative aux coûts généraux pouvant
concerner plusieurs exploitations (services centraux administratifs, commerciaux et
financiers).

D’autres classements sont également utilisés telles que la décomposition géographique


(mine, usine de traitement, frais généraux du site et frais généraux centraux) et a
décomposition par nature des dépenses (main d’oeuvre, fournitures, énergie, prestations
extérieures et frais généraux).

Il est à signaler ici que les amortissements et les frais financiers sont à considérer
directement dans l’étude des coûts opératoires de tout projet minier. En effet toute
exploitation implique des investissements lourds, donc des amortissements, et un financement
par emprunts divers, donc des frais financiers. Ce poste peut peser lourd sur la structure du
prix de revient, surtout pour les réalisations récentes encore soumises d’importantes charges
financières.

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Les coûts opératoires de la mine

2. Estimation des Coûts opératoires

Dans une première phase, on pourra raisonner par analogie avec des projets similaires
utilisant les mêmes technologies et dans des conditions semblables. On pourra partir d’ordre
de grandeur publié dans des conditions données. C’est ainsi que par exemple en France, en
1986, une enquête a montré que les prix de revient techniques (coûts directs) d’extraction en
mine à ciel ouvert petite ou moyenne, s’étalaient entre 8 et 17 F/t, avec la décomposition
moyenne suivante :

- Main-d’oeuvre : 45% (de 31 à 51%)


- Energie : 13% (de 9 à 29%)
- explosifs et tirs: 6% (de 0 à 12%)
- Pièces d’usure et rechange ; 14% (de 4 26%)
- Prestations extérieures : 9% (de 0 16%)
- Divers : 13%

L’estimation pourra également se faire par modélisation de certains postes en fonction


de paramètres pertinents et application aux autres postes de coefficients admis. Les
paramètres essentiels dont il faudra tenir compte sont :

- Le rendement du personnel dans les différentes opérations, qui dépend du


matériel utilisé et des conditions du chantier.
- Les coûts unitaires de main-d’oeuvre (salaires et charges).
- la méthode d’exploitation, pour la mine, et le procède de traitement pour l’usine.
- la structure de l’entreprise pour les coûts indirects et généraux.

Ces divers paramètres donneront accès aux coûts directs. Les coûts indirects seront
estimés en pourcentage des coûts directs ou d’éléments de l’investissement

(Exemple : + entretien et réparations : 2 à 5% de la valeur du matériel.


+ Coûts indirects : 10 à 30% des coûts directs.
+ Coûts généraux : 2% des ventes)

On pourra, pour l’estimation des coûts opératoires, procéder comme on l’a fait pour
l’estimation des investissements, en utilisant le modèle O’HARA. Ce modèle permet
d’estimer les coûts opératoires du projet en cours d’étude, selon des équations qui permettent
d’estimer le coût de la main-d’oeuvre et le coût des fournitures. L’estimation sera donnée
par :

- Coût opératoire (U.S. $ 86/t) = ∑ MO


i
i + Fi + Coût énergie électrique (1)

Dans cette équation :

- Le coût de la main-d’oeuvre ∑ MO
i
i sera calculé à partir des effectifs de chaque

sous-ensemble (mine, usine, entretien, service généraux) et d’un coût unitaire de main-
d’oeuvre (salaire journalier moyen pondéré du personnel -charges comprises, ce salaire
sera exprimé en $ U.S./homme jour)
- Les fournitures seront évaluées soit en fonction des effectifs (services), soit en
fonction de la production journalière. (mine + usine), en différenciant les usines par

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Les coûts opératoires de la mine

substance traitée et les mines souterraines par méthode d’exploitation et par dimension
des chantiers.
- Les équations d’estimation du coût de l‘énergie électrique, pour l’ensemble mine
+ usine (l’usine étant en général le principal consommateur d’énergie électrique) seront
données par le tableau (1) : on U.S $86/t traitée).

Lignes de
Générateur à
Générateur Diesel transmission
charbon
publique

Ciel ouvert 128.6T −0.5 90.5T −0.5 1780T −0.5 × kWh

Souterrain 26.2T −0.3 - 655T −0.3 × kWh

Tableau 1 : Estimation du coût d’énergie électrique (Mine + Usine)

Avec : T(t/j) = capacité de l’usine de traitement .


Et kWh = coût du kWh.
Le modèle O’HARA permettra d’estimer ∑ MO
i
i + Fi de l’équation (1) pour les mines à ciel

ouvert, les mines souterraines, l’usine de traitement, les unités d’entretien, les services
généraux et les services administratrices. (Voir tableau 2). Il suffira alors d’ajouter le coût ce
l’énergie électrique donnée par le tableau 1 pour avoir une estimation des coûts opératoires.

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Les coûts opératoires de la mine

Interva Estimation du Estimation du coût


Partie Paramètre lle de coût de M.O. des fournitures Remarques
validité (U.S $/t) (U.S. $86/t)
1- Mine à ciel E1=effectif mine 103 à M .O1 = E1 RC Tt −1 F1 = 13.9Tt −0.3
ouvert (C.O) C.O 105 t/j
RC.O=salaire
journalier (U.S
$/h.j)
Tt(t/j)=production
minerai + stérile
2- Mine E2=effectif mine 500 à M .O2 = E 2 R S T −1 F21 = 45.9(T × W ) −0.3 Sous niveau et
abattage par
souterraine RS=salaire 7000 t/j
longs trous
journalier (U.S
$/h.j) F22 = 51.3(T × W ) −0.3 Trous verticaux
rabattants
Tt(t/j)=production F23 = 31.1T −0.2W −0.3 Tranches
minerai montantes
W=largeur des remblayées
chantier (en m) F24 = 19.6T −0.2W −0.3 Chambres
magasins
F25 = 25.6T −0.2W −0.3 Chambres et
piliers

3- Usine de E3=effectif usine 500 à M .O3 = E 3 RU T −1 F31 = 32.1T −0.3 Traitement de


l’Or
concentratio de concentration 7000 t/j
n RU=salaire F32 = 27.4T −0.3 Métaux de base
Minerais simples
journalier
Tt(t/j)=capacité
F33 = 30.2T −0.3 Métaux de base
Minerais
de l’usine complexes
4- Entretien E4=effectif - M .O4 = E 4 ReT −1 F4 = 12.6 E 4
entretien
Re=salaire
journalier
5- Services E5=effectif S.G. - M .O5 = E5 Rg T −1 F51 = 17.6 E5 Projets
développement
généraux Rg=salaire
région minière
journalier
F52 = 29.5E5 Projets
développement
région sans
infrastructure
6- Services E6=effectif S.A. - M .O6 = E 6 Ra T −1 F6 = 31.5 E6
administratif Ra=salaire
s journalier
(U.S $/h.j)

Tableau 2 : Estimation des coûts opératoires Mine, Usine et services généraux


(d’après O’HARA - 1987)

ENIM 2004
Les coûts opératoires de la mine

Une fois les estimations faites selon un modèle comme celui de O’HARA les résultats
doivent être comparés toutes les sources possibles. Les coûts techniques (coûts directs de
production) sont en effet sauvent publiés avec beaucoup de détails, et il importe de comparer
les résultats d’estimation avec les chiffres publiés pour des projets ayant le plus de similitudes
possibles avec le projet en cours d’étude.

A titre de comparaison, on utilisera également un certain nombre de grandeurs


standards déduites d’autres mines comparables; telles que : Coût du mètre foré, coût de
l’heure d’utilisation d’un matériel donné, Coût de creusement d’un mètre de galerie, coût de
l’énergie par tonne produite etc.

On pourra également se référer à quelques éléments de structure pour ‘fixer’ les ordres
de grandeur. C’est ainsi que pour les usines de traitement par exemple, on notera que les coûts
opératoires dépendent en premier lieu de la substance traitée (150F.F/t minerai d’uranium,
40F.Fft minerai de potasse charbon, minerai sulfuré, 30F.F/t pour un traitement
gravimétrique, 12OF.F/t pour une flottation de fluorine ...) et en second lieu ce la dimension,
l’effet d’échelle jouant un rôle important, par exemple en flottation (de 60F/t pour 800 t/j à 35
F/t pour 4000 t/j).

En définitive, il apparaît une très grande diversité dans les coûts opératoires des projets
miniers. Plus encore que l’investissement, le coût de production est ‘unique’ pour un gisement
donné, et par conséquent, toutes les estimations qui seront faites au départ auront un caractère
incertain et nécessitent donc qu’elles soient reprises et améliorées au fur et à mesure de
l’avancement du projet, les coûts opératoires ne deviendront définitifs qu’une fois que les
méthodes d’exploitation et de traitement auront été confrontées avec les réalités du chantier.

ENIM 2004
Les recettes de l’entreprise minière et les formules de vente

LES RECETTES DE L’ENTREPRISE MINIERE ET LES


FORMULES DE VENTE

1. les recettes de la mine


L’une des phases Importantes relatives à l’étude d’un projet est l’estimation des recettes de
l’entreprise minière. En effet pour évaluer la rentabilité économique du projet, il faut pouvoir
apprécier, d’une manière réaliste et aussi précise que possible, les recettes que ce projet va
engendrer et qui, dans le cas de la mine, sont constituées essentiellement du produit des ventes
des minerais, des concentrés des métaux. Cette estimation doit être constamment revue,
discutée et corrigée en vue d’obtenir une précision plus grande, et ce, tout au long des phases
d’étude du projet (préfaisabilité, faisabilité, démarrage) et même après la mise en marche, les
données techniques de terrain devenant plus précises et l’estimation donc plus viable. Les
facteurs dont il faudra tenir compte pour évaluer les recettes de la mine sent le tonnage du
minerai extrait, sa teneur, le rendement de l’usine de concentration, le prix de vente de la
tonne de concentré, les frais de raffinage pour les métaux, les frais de commercialisation
(transport, assurances, etc.)

Si on note :

TTV = tonnage de minerai Tout-venant


tTV teneur du minerai Tout-venant
ρ = rendement métal de l’usine de concentration;
PV = prix de vente d’une tonne de concentré, donné par des formules précisées dans le
contrat de vente.
T = teneur du concentré.

Les recettes de la mine R s’exprimeront de la manière suivante :

R = tonnage du concentré × PV.

Métal contenu dans le concentré


Or tonnage du concentré =
T

Métal contenu dans le minerai × ρ


=
T

TTV × tTV × ρ
=
T

ρ × PV
D’où R = TTV × t TV ×
T
ρ × PV
R = TTV × t TV × v avec v= : valeur du point
T

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Les recettes de l’entreprise minière et les formules de vente

2. Les formules de vente


La valeur d’un minerai ou d’un concentré métallique dépend du cours du métal
contenu, de la teneur en métal, des frais de fusion et raffinage et du coût de transport.

Les formules de vente peuvent s’exprimer sous plusieurs formes en fonction des
facteurs cités ci-dessus. Pour les métaux de base, les formules les plus courantes s’écrivent :

PV = Q (T − β ) − F − transport
Ou PV = αQT − F − transport

Avec α : (coefficient du rendement métallurgique) partie payable du métal (pour


tenir compte du bénéfice que le fondeur doit réaliser lors du traitement du
minerai).
β : Déduction unitaire pour les pertes inévitables en fonderie
Q : prix international de la tonne de métal.
F : frais de fusion et raffinage.
Transport : frais de transport du concentré entre l’usine et la fonderie.

Si le minerai contient d’autres substances valorisables (exemple : Plomb argentifère, Cuivre


aurifère, minerai de fer contenant du manganèse etc.), Ces substances seront payées suivant le
même principe. Si au contraire, le minerai contient des impuretés gênantes (exemple :
Mercure, Bismuth, Arsenic ...) des pénalités seront appliquées.

Ainsi par exemple, l’expression de la valeur marchande d’une tonne de Plomb argentifère
sera :

m − 50
PV = 0.95QT + × P + F − f − transport .
31.1035

Avec 0,95 : En général on paye 95% du Plomb contenu avec une déduction minium
de 3 unités.
Q : moyenne des 4 cotations du plomb métal au London Métal Exchange
(L.M.E.) exprimée en £ /tonne métrique.
T : teneur du concentré en plomb métal.
m : teneur de l’argent contenu dans le concentré (gr/tonne métrique)
50 : déduction de la perte de l’argent métal lors des opérations de
fusion/raffinage des métaux contenus dans le concentré.
P : moyenne du cours spot de l’argent à Londres en pence par once (troy oz)
F : frais de fusion de minerai.
f : frais de raffinage de l’argent.

(En général cour la galène T = 0,7 ; F = 150 U.S. $ et f = 27 U.S. $) De même la valeur
marchande d’une tonne de concentré de Cuivre argentifère sera donnée par :

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Les recettes de l’entreprise minière et les formules de vente

m − 30
PV = Q (T − 1%) + × P − ( F + f ) − transport .
31.1035

Avec
T : teneur du concentré en Cuivre
1% : déduction minimum pour perte de fusion
Q : Cours settlement du Cuivre au LME (£ /tonne métrique)
m : teneur de l’argent contenu dans le concentré (gr/t)
p : Cours spot de l’argent à Londres en pence/once
F + f : frais de fusion et raffinage.

En général : T ≈ 0,3 et (F + f + transport) évalués forfaitairement à 176$/t de concentré).


Les formules de vente relatives à certains minerais tels que le fer et le chrome par exemple, se
traitement différemment : Le prix est établi pour une teneur déterminée et subit des
majorations ou minorations (fixées par le contrat de vente) en pourcent de métal en plus ou en
moins, avec des pénalités ou des bonifications par pourcent de certaines impuretés (soufre,
phosphore etc.) en plus ou en moins d’une teneur de base fixée contractuellement. La formule
de vente dans ce cas s’écrira :

PV = P ′ + p ′(T − T ′) − S (m − m ′)

Avec : P ′ : Prix forfaitaire d’une Tonne de minerai, dont la teneur est égale à la teneur
de base.
p ′ : Majoration ou minoration par pourcent de métal en plus ou en moins.
T ′ : Teneur de base en pourcents.
T : Teneur réelle du minerai
m′ : Teneur de base en impureté
m : Teneur réelle en impureté
S : pénalité par pourcent fixée.

Les facteurs Q et P qui apparaissent dans les formules de vente sont en général fixés
par les 2 grands centres mondiaux de cotation qui régissent le cours des métaux, à savoir le
London Métal Exchange (LME) à Londres et le marché de New York. (Section des métaux de
la Commodity exchanqe lnc : Comex) ou le Penang, en Malaisie pour l’étain. Les cotations du
LME qui portent sur le Cuivre, l’étain, le Plomb, le Zinc et l’Argent ont une importance
internationale, car elles servent de cours de référence, bien que les quantités qui y Sont
traitées ne portent que sur une petite partie de la production mondiale, la plus grosse part de
celle-ci étant vendue directement par les producteurs aux consommateurs. Les cotations du
comex qui portent sur le Cuivre, l’Argent et l’Or essentiellement ne servent guère qu’aux
transactions internes aux USA.

Pour un nombre important de métaux non ferreux (Cobalt, molybdène, tungstène...),


les prix ne sont pas fixés par un des centres de cotation cités ci-dessus, mais par des
transactions directes entre acheteurs et vendeurs. On qualifie alors souvent le prix de “prix
producteurs” alors qu’il résulte d’un accord préalable, révisable périodiquement, entre
producteurs et consommateurs. Enfin pour les minerais non métalliques tels la fluorine,
barytine, bauxite etc. On pratique des “prix indicateurs” pour un minerai de qualité donnée.

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Les recettes de l’entreprise minière et les formules de vente

Les principaux organes publiant les cours des métaux et autres minerais sont :
- Le métal bulletin, qui publie les cours officiels du LME au comptant et à terme,
ainsi que les prix des métaux non ferreux sur diverses places du monde, avec la date du
dernier changement de prix.
- Le métals week, qui publie chaque semaine le cours et prix des métaux non
ferreux. Ces cours (LME, Comex) et prix producteurs sont donnés en 4 monnaies : U.S
dollar, Livre sterling, Deutsch mark et Yen.
- Engineering and mining journal, qui est un mensuel couplé avec métals week,
et qui reprend non seulement les cotations journalières du LME et les prix producteurs,
mais calculé également des moyennes mensuelles.
- World métal statistics, qui donne les cours quotidiens: du IME et les prix
producteurs américains pour le Pb, Zn, Cu, Sn ainsi que les moyennes mensuelles et
annuelles sur plusieurs années.
- Industrial minerals, qui publie chaque mois, les prix des substances utiles, y
Compris les minerais dont les prix sont souvent difficiles à trouver.

Pour fixer les ordres de grandeur, on citera ci-dessous les cours du LME pour certains
métaux

Métaux Cours (Mars 1991)

Cu (Z /t) (settlement grade A) 1304,2

Pb (Z /t) moyenne 4 Cot. 314,75

Zn ($/t) moyenne 4 Cot. 1204,55

Ag (Pence/0Z) 189,91

Or ($/0Z) 361,41

Les formules de vente comportent un facteur relatif aux frais de transport. Ces frais sont
généralement élevés et peuvent représenter une partie importante du coût des minerais ou
concentrés rendus aux usines consommatrices. C’est pour cela que l’entreprise minière doit
produire des concentrés avec une teneur aussi élevée que possible (teneur optimale tenant
compte des contraintes techniques et économiques) pour éviter des frais de transport inutiles
sur la partie stérile du minerai. Les contrats de vente doivent spécifier laquelle des 2 parties
(la mine ou l’usine consommatrice) prendra ces frais sa charge, ou comment ces frais seront
répartis. C’est ainsi que la cotation de prix dans le commerce international se fait suivant
diverses formules, dont les plus courantes sont :
- En cas de transport par chemin de Fer :

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Les recettes de l’entreprise minière et les formules de vente

• Franco sur Wagon : Le vendeur prend à sa charge les frais jusqu’à la mise sur
wagon à un endroit désigné dans le contrat.
• Franco sur wagon gare Le vendeur prend à sa charge tous les frais d’expédition
jusqu’à l’arrivée à la gare désignée dans le contrat.
- En cas de transport maritime : (de loin le plus courant).
• Franco à bord (Free on board) ou FOB : Le vendeur prendra à sa charge tous
les frais jusqu’à et y compris la mise à bord au port désigné dons le contrat (exemple FOB
Anvers). Une variante du FOB est le Francobord ou F.A.S (free along side), où les frais de
mise à bord incombent à l’acheteur. La différence avec le FOB est surtout sensible dans
les ports où les navires ne peuvent accoster et où la mise à bord se fait au moyen de
barges.
• Coût, assurance, fret (Cost, Insurance, Freight) ou CIF : Le vendeur prend à sa
charge la mise à bord, la prime d’assurance et le fret jusqu’au port de destination désigné
dans le contrat (exemple CIF Casablanca) une variante du CIF est le coût, fret (Cost,
freight) ou CF. où l’acheteur prendra à sa charge l’assurance maritime.

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L’évaluation économique et financière des projets miniers

L’ÉVALUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DES


PROJETS MINIERS

Parmi les étapes de l’étude d’un projet minier (projet de création d’une nouvelle mine
ou d’extension d’une mine existante), celle relative à l’évaluation économique revêt une
importance particulière. En effet, il est primordiale de savoir à l’avance, et d’une manière
aussi précise que possible, si les investissements qui seront engagés, en général très lourds,
sont rentables ou pas. Il s’agira alors de se projeter dans le futur pour analyser le
fonctionnement de l’entreprise minière qui gère le projet et faire son analyse financière.
Différents outils et critères seront définis pour évaluer la rentabilité des investissements
consacrés au projet, il s’agit en particulier de la valeur actuelle nette (VAN), du taux de
rentabilité interne (TRI), du temps de récupération etc.

I. les Cash-flows annuels de l’entreprise minière

La phase de réalisation du projet, puis celle relative à la mise en exploitation de la


mine s’accompagneront de divers flux monétaires (les besoins ou sorties de fonds, et les
disponibilités ou entrées de fonds) qui vont engendrer des mouvements de trésoreries
nécessitant l’établissement d’une comptabilité détaillée par période et par nature de flux
(compte d’exploitation annuel, bilan de fin d’année, compte ce trésorerie etc.).

Faire l’évaluation économique du projet revient donc à faire une prévision de cette
comptabilité, en faisant les simplifications nécessaires pour éviter de prendre en considération
des données inaccessibles au départ. Une première simplification consistera à annualiser les
mouvements de trésorerie prévisionnels et à ne s’intéresser qu’aux soldes annuels qui
constituent ce qu’on appelle les Cash-Flows. Une deuxième simplification consiste à exprimer
tous les flux dans une monnaie “constante” c’est à dire débarrassée de l’inflation ; Cette
monnaie de référence sera liée aux monnaies étrangères par le taux de change en vigueur à la
date de l’étude.

Pour estimer les Cash-flows annuels, on fera la différence entre les recettes et les
dépenses prévisionnelles, en y ajoutant quelques considérations d’analyse financière
(remboursements des emprunts et intérêts, impôts et tares etc.). Ce qui permettra d’obtenir un
tableau appelé “l’échéancier des Cash-flows annuels”, obtenu en faisant la somme des
échéanciers qui rentrent dans sa composition à savoir :

- l’échéancier des investissements.


- l’échéancier des coûts opératoires.
- l’échéancier des recettes.
- l’échéancier des emprunts, remboursement et intérêts.
- l’échéancier des impôts sur le bénéfice et les taxes.
Ces divers échéanciers seront calculés en faisant des estimations des divers facteurs
qui les composent (Voir chapitres III, IV et V). Ainsi l’échéancier des investissements
comprendra :

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L’évaluation économique et financière des projets miniers

- Les dépenses antérieures la décision d’investir (Recherches, études de


faisabilité). Ces dépenses seront Capitalisées à la date zéro, fixée arbitrairement comme
étant la date de démarrage de l’investissement dans le projet.

- les dépenses de réalisation de la mine, qui vont s’étaler de 2 à 5 ans, voire plus,
selon l’importance du projet.

- Les dépenses de renouvellement des équipements qui interviennent pendant


l’exploitation (par exemple les machines mobiles (chargeurs, camions etc.) devront être
renouvelés tous les cinq ans).

- Les dépenses ce réhabilitation du site pour préserver l’environnement, qui seront


autant que possible réparties sur plusieurs années avant la fin de l’exploitation.

- La valeur résiduelle des investissements (qui est l’ensemble des récupérations


possibles à la fin de la vie de la mine) interviendra également dans l’échéancier des
investissements, mais en signe opposé des autres facteurs.

Ainsi l’échéancier des investissements s’établira comme suit, chacun des facteurs ci-
dessus étant exprimé dans la monnaie de référence :

Date Dépenses d’Investissement


Année Zéro - I0 : dépenses antérieures Capitalisées
Année 1 - I1 : investissements réalisés la 1ère année
Année 2 - I2 : investissements réalisés la 2ième année
Fin de l’investissement 3 - I3 : investissements réalisés la 3ième année
Année de démarrage 4 - I4 : investissements réalisés la 4ième année

Année courante n - In : investissements de renouvellement de l’année n


Année courante n+1 - In+1 : investissements de renouvellement de l’année n+1

Année courante p - Ip : investissements de réhabilitation du site

Dernière année N + VR : valeur résiduelle des installations

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L’évaluation économique et financière des projets miniers

On établira de la même façon les échéanciers des coûts opératoires (Di), et des recettes
(Ri) (se référer aux chapitres IV et V pour définir les composantes de ces échéanciers).

L’échéancier des emprunts (Ei), remboursements (Remi) et intérêts (Inti) sera, quant à
lui, défini, selon les termes des contrats de prêt.

Les emprunts commenceront en général à être reçus quand les fonds propres de
l’entreprise minière auront été mobilisés (Pour une année courante n, cet échéancier
comprendre donc le facteur + En). Quant aux remboursements, ils commenceront après une
période de grâce (si cette période est de 4 ans par exemple, l’emprunt de l’année 1 sera
remboursé à partir de l’année 5. L’échéancier comprendra donc le facteur –Remn pour toute
l’année courante n ≥ 5). Les intérêts seront divisés en 2 parties la première relative à la
période d’investissements concerne les intérêts intercalaires qu’on peut convertir soit de payer
en bloc à l’année de démarrage du projet (année 4 par exemple: -Int4), soit on considère que
ces intérêts sont Capitalisés à la date de démarrage (-I4), et que les emprunts et
remboursements ultérieurs tiennent comptent de cet emprunt « supplémentaire »fictif (+ E4).
L’échéancier comprendra donc pour l’année 4 soit le terme (-Int4), soit le terne (-I4 + E4).

La deuxième partie des intérêts est celle relative aux intérêts d’une année courante n
qui correspondent aux intérêts sur la partie non encore remboursée des emprunts (-Intn).

Le calcul de cet échéancier permet de préciser la notion de coût du Capital qui


constitue un facteur important dont il faut tenir compte dans l’évaluation économique de tout
projet. En effet le coût global du Capital (aussi bien les emprunts que les Capitaux propres qui
doivent être rémunérés à un taux voisin du taux d’intérêt des capitaux empruntés) doit
s’ajouter au coût opératoire pour obtenir le coût réel de production. Le coût moyen annuel du
Capital peut être estimé en supposant que toutes les annuités A sont égales (ce qui est
d’ailleurs l’une des modalités possibles d’un contrat de prêt). L’emprunt E, au taux d’intérêt
1, pendant N années peut alors être remboursé de 2 façons équivalentes :

Soit rembourser après N années l’emprunt initial E et les intérêts Capitalisés, soit
E(1+i) N.

Soit rembourser à la fin de chaque année une somme constante A qui peut à son tour
être placé au taux i. Le remboursement global après N années est alors :

A + A(1 + i ) + A(1 + i ) 2 + ......... + A(1 + i ) N −1

L’identification des 2 expressions donne :

E (1 + i ) N = A + A(1 + i ) + A(1 + i ) 2 + ......... + A(1 + i ) N −1

E 1 1 1 1
= + N −1
+ N −2
+ .......... +
A (1 + i ) N
(1 + i ) (1 + i ) (1 + i )

E 1 ⎛ 1 1 1 1 ⎞
= ⎜⎜1 + + + + .......... + ⎟
N −1 ⎟
A (1 + i ) ⎝ (1 + i ) (1 + i ) 2
(1 + i ) 3
(1 + i ) ⎠

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L’évaluation économique et financière des projets miniers

⎛ ⎛ 1 ⎞N ⎞
⎜1− ⎜ ⎟ ⎟
1 ⎜ ⎝1+ i ⎠ ⎟ 1 ⎛ (1 + i ) − 1 ⎞ (1 + i ) − 1
N N
E
= = ⎜ ⎟ =
A (1 + i ) ⎜ ⎟ (1 + i ) ⎜
⎝ i (1 + i )
N −1 ⎟
i (1 + i )
⎜ 1 − ⎛⎜
1 ⎞ ⎠
N
⎟ ⎟
⎜ ⎝1+ i ⎠ ⎟
⎝ ⎠

A
=i
(1 + i ) N

E (1 + i )N − 1

Le tableau en annexe donne les valeurs de l’annuité constante par unité monétaire
A
empruntée pour diverses valeurs de i et N.
E

Ainsi pour un investissement global I, comprenant aussi bien les emprunts E que les
capitaux propres, le coût annuel moyen du Capital peut être rapporté à la tonne de minerai
produite et s’écrire sous la forme de :

I .i (1 + i )
N
Avec p : cadence de production du minerai.
p (1 + i )N − 1

Pour compléter l’échéancier des Cash-flow annuels, il restera à introduire l’échéancier


de l’impôt sur le bénéfice et la taxe, et dent les termes dépendant des législations en vigueur
dans le pays où se fait le projet. On pourra également intégrer les taxes (taxes sur les ventes,
sur les achats etc.) dans l’échéancier des coûts opératoires et ne considérer donc que l’impôt
sur le bénéfice qui représente en général un pourcentage variable selon les législations du
résultat brut d’exploitation, une fois déduits les amortissements et les frais financiers.

On pourra alors écrire l’échéancier des cash-flows annuels prévisionnels, soit sous des
formes simplifiées en faisant quelques hypothèses simplificatrices (projet sans emprunt, pas
d’impôt etc.), soit sous sa forme globale suivante, en y introduisant aussi les apports de
capitaux propres par les actionnaires de la société (CPi) et leur rémunération ultérieure (sous
forme de dividendes par exemple). S’il reste encore des Cash-flows négatifs, c’est-à-dire des
besoins de financement temporaires, ils devront être satisfaits par des emprunts à court terme
(ECT).

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L’évaluation économique et financière des projets miniers

ÉCHÉANCIER DES CASH-FLOWS ANNUELS

(Exprimés en monnaie de référence)

Date Mouvements de trésorerie

(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8)


Emprunts
Coûts (+) Capitaux Cash-
Investissements Recettes Intérêts Impôts
opératoires Rembours propres flow
(–)
Zéro – I0 +CP0 =CF0
1 – I1 +E1 +CP1 =CF1
2 – I2 +E2 +CP2 =CF2
3 – I3 +E3 +CP3 =CF3
(ECT) –
4 – I4 – D4 + R4 +E4 – Int4 =CF4
RCT
(ECT) –
5 – D5 + R5 – Remb5 – Int5 =CF5
RCT
6 – D6 + R6 – Remb6 – Int6 – Imp6 =CF6
7 – D7 + R7 – Remb7 – Int7 – Imp7 =CF7

n – In – Dn + Rn – Rembn – Intn – Impn =CFn

p – Dp + Rp – Rembp – Intp – Impp =CFp

N +VR – DN + RN – ImpN =CFN

Remarques : Fin des investissements en 3. Année de démarrage en 4. Intérêts


intercalaires en 4 composés de – I4 (intérêts intercalaires capita1isés), et de E4 (emprunt
fictif). Début des remboursements en 5. Début d’imposition en 6. Fin des remboursements des
emprunts en p. Dernière année en N. (ECT) = + emprunts éventuels à court terme et – leur
remboursement (RCT).

(Les signes – représentent une sortie d’argent tandis que les signes + représentent les entrés
d’argent)

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La détermination des divers Cash-flows ci-dessus définis, permettra de définir un 1er


critère de rentabilité des projets à savoir le délai de retour ou “Pay Back period”. En
effet, on pourra tracer d’évolution du cumul des cash-flows : cette courbe, de plus en plus
négative pendant la période d’investissement, remontera ensuite pour devenir positive après
un certain nombre d’années de cash-flows positifs. Le point où la courbe des cash-flows
Cumulés coupe l’axe des temps donne le délai de retour. C’est donc le temps au bout duquel il
y’a eu suffisamment de cash-flows positifs pour compenser les cash-flows négatifs du débit.
Autrement dit, c’est le nombre d’années au cours desquelles le projet aura procuré
suffisamment de recettes nettes pour que le montant total des investissements soit récupéré.
Au cours de l’évaluation d’un projet, sa mise en oeuvre pourra donc être acceptée dans le cas
où le temps de retour est inférieur ou égale à un temps limite de récupération déterminé en
fonction de l’expérience acquise pour des Projets semblables. Dans le cas contraire le projet
sera refusé sauf si d’autres considérations d’ordre stratégiques ou autres militent en faveur du
projet.

II. La Valeur Actuelle Nette d’un projet (V.A.N.)

Dans le calcul des Cash-flows précédemment défini, on n’a pas tenu compte du facteur
temps; En effet il n’a pas été fait de distinction entre un Cash-flow disponible de suite, et un
autre qui ne sera disponible qu’à la fin de l’année n. Or il est évident qu’une somme d’argent
disponible aujourd’hui a plus de valeur que la nième somme qui ne sera disponible qu’à la fin
de l’année n. C’est ainsi qu’apparaît la notion d’actualisation. En effet :

Une unité monétaire actuelle (c à d disponible aujourd’hui) = (1+a) unité disponible


dans un an. Inversement on peut dire que la Valeur Actuelle d’une unité disponible dans un
1
an vaut unité actuelle. a est un coefficient appelé taux d’actualisation.
1+ a

1
De même la valeur actuelle d’une unité disponible dans 2 ans vaut unité
(1 + a )2
actuelle, et plus généralement la valeur actuelle d’une somme S disponible dans n années vaut
S CFn
Ainsi la valeur actuelle d’un Cash-flow CF s’écrira .
(1 + a ) n
(1 + a )n
On pourra ainsi actualiser les Cash-flows précédemment calculés de la manière
suivante :

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Cash-flow actualisé
DATE Cash-flow
(Discounted Cash-flow : DCF)
0 CF0 CF0
CF1
1 CF1
1+ a
CF2
2 CF2
(1 + a )2
. . .
. . .
. . .
. . .
CFn
n CF3
(1 + a )n
. . .
. . .
. . .
. . .
CFN
N CF4
(1 + a )N

On définit ainsi la Valeur Actuelle Nette (V.A.N) du projet à la date zéro, (Net Présent Value
: NPV),
Par la somme des Cash-flows actualisés :

N
CFn
VAN = ∑
n=0 (1 + a )n

Il est important de souligner ici que l’actualisation n’est pas la prise en compte de
l’inflation, mais qu’elle traduit seulement la préférence pour le présent par rapport au futur.
Le taux d’actualisation devrait être fondé autant que possible sur le taux d’intérêt
effectivement en vigueur sur le marché des capitaux afin de traduire les préférences en
matière de durée : Le futur actualisé à ce taux peut être considéré comme l’équivalent du
présent dans la mesure où toute somme disponible pourra être placée, et où toute somme
nécessaire pourra être emprunts à ce même taux. Ainsi lorsque l’investissement est financé
par des emprunts à long terme, il convient d’appliquer comme taux d’actualisation le taux
d’intérêt effectif. Si aucun emprunt n’est contracté pour le financement du projet (financement

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par fonds propre, il y’a lieu d’adopter comme taux d’actualisation le taux d’intérêt que la
banque centrale applique aux prêts à long terme.

La valeur actuelle nette d’un projet apparaît donc comme étant la différence entre la
valeur actuelle des rentrées de trésorerie qu’il donnera dans l’avenir et celle des sorties de
caisse qu’il entraînera. Ainsi un projet est commercialement acceptable si sa valeur actuelle
nette est supérieure ou égale à zéro, mais quand on fait le choix entre plusieurs projets
possibles on doit réaliser celui dont la valeur actuelle nette est la plus élevée. Pour comparer
divers projets exigeant des investissements d’ampleur différente, on établira la relation entre
la VAN et le total des investissements actualisés que nécessite chaque projet (en utilisant le
VAN
même taux d’actualisation que pour le calcul de la VAN). On obtient le rapport qui
I
indique quelle valeur actuelle nette du projet est engendrée par une unité d’investissement
total actualisé. Ainsi pour la comparaison de différents projets possibles, on choisira de mettre
en oeuvre celui pour lequel ce rapport est le plus élevé.

Il faut mentionner enfin que le principal avantage de l’emploi de la méthode de la


valeur actuelle nette pour l’évaluation de la rentabilité d’un investissement est qu’elle tient
compte de toute la durée de vie du projet. Elle prend également en considération les
préférences en matière de durée, du fait qu’elle ramène les flux futurs de trésorerie à leur
valeur actuelle. De plus en faisant intervenir un taux d’actualisation donné, elle fait entrer en
ligne de compte les coûts d’opportunité des autres utilisations possibles du Capital. Ainsi,
quel que soit l’échelonnement dans le temps des flux nets futurs de trésorerie, cette méthode
convient pour l’adoption de décisions rationnelles en matière d’investissement, en particulier
VAN
si l’on utilise le rapport comme critère pour comparer valablement divers projets
Ia
possibles.

III. Le taux de rentabilité interne ; TRI (Internal Rate of Return)

Par définition, le taux de rentabilité interne (TRI) d’un projet est le taux d’actualisation
qui annule la valeur actuelle nette de ce projet, c'est-à-dire :

N
CFn

n = 0 (1 + a )
n
=0

Avant de prendre la décision d’investir dans un projet minier, on procédera à la


comparaison entre le taux de rentabilité interne de ce projet (TRI) et un taux limite ou seuil de
rentabilité (imin qui est le taux minimum acceptable auquel le Capital investi devrait
augmenter de valeur. Ainsi le projet en cours d’évaluation ne peut être accepté que si TRI ≥
imin. Le taux limite est égal au taux effectif d’intérêt des emprunts à long terme sur les
marchés des capitaux ou au taux d’intérêt payé par l’emprunteur. Si l’on doit choisir entre
plusieurs projets possibles, on retiendra celui dont le taux de rentabilité interne est le plus
élevé, (à condition que ce taux soit supérieur au taux limite imin).

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Pour calculer le TRI d’un projet, on procédera par approximations successives de la


manière suivante :

- Calculer la VAN (positive sinon le projet aurait été rejeté) pour un taux
d’actualisation a donné.

- Calculer d’autres valeurs de la VAN pour des taux supérieurs à a jusqu’à


ce que cette valeur soit ramenée à un chiffre voisin de zéro.

- Continuer d’augmenter le taux d’actualisation et calculer une ou 2 valeurs


de la VAN correspondantes ayant un signe négatif, dont l’une sera voisine de zéro.

- Déterminer le taux d’actualisation auquel la VAN s’annule, ce qui donne


le TRI, en utilisant la formule :

VAN1 (i2 − i1 )
TRI = i1 +
VAN 1 − VAN 2

Avec :
VAN1 = valeur positive de la VAN au taux i1 >0
VAN2 = valeur négative de la VAN au taux i2 < 0
i1 = taux d’actualisation auquel la VAN est encore positive mais voisine de 0
i2 = taux d’actualisation (i- auquel la VAN est déjà négative mais voisine de 0
Exemple de calcul du TRI : (voir exemple numérique en annexe)

IV. L’analyse Financière

Les éléments qui ont été exposés dans ce chapitre permettent ainsi de faire l’analyse de
la rentabilité des investissements miniers, c’est-à-dire d’une manière plus directe, de mesurer
le rendement des capitaux investis dans le projet, quelles que soit les sources de financement.
L’analyse de la rentabilité sert à calculer les revenus que peuvent procurer les ressources
affectées au projet, sans tenir compte des transactions financières qui interviennent pendant la
durée de vie du projet. Fn effet, les résultats favorables qu’une telle analyse fait ressortir
peuvent fort bien coïncider avec d’importants déficits de trésorerie au cours de certaines
années de la vie du projet, en particulier au cours des années où il faudra rembourser les
emprunts.

Il restera donc à faire l’analyse financière pour prendre en considération les


caractéristiques financières du projet et s’assurer que les moyens financiers disponibles
permettront de réaliser et d’exploiter le projet dans de bonnes conditions. L’analyse financière
s’effectuera sur une base annuelle, en monnaie courante c’est-à-dire tenant compte de
l’inflation (alors que l’évaluation économique est faite en monnaie constante, c’est-à-dire sans
que l’inflation soit prise en considération), elle se décompose en analyse des liquidités et
analyse de la structure du Capital. La première vise à s’assurer que le flux de trésorerie sera
suffisant pendant la construction de la fine et ses unités annexes, son démarrage et sa mise en
exploitation. L’analyse de la structure du Capital permet de s’assurer qu’à chaque type

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d’investissement (immobilisation et Capital d’exploitation) correspond un type approprié de


financement.

Dans l’analyse des liquidités, on tiendra compte des autres opérations qui influent sur
la situation de caisse du projet, telles que : Les versements de dividendes, provisions pour
reconstitution de gisement, entrées ou sorties de caisse pas typiquement associées à
l’investissement considéré (vente de terrains appartenant à la mine, contributions des
campagnes nationales de collecte de fonds, etc.). Ceci permettra de juger si :

- Le Capital-actions et les moyens de financement long terme sont


suffisants.

- Les déficits de trésorerie se limitent à des chiffres tels qu’il est possible
de les couvrir en recourant au crédit bancaire court terne, ou de les éliminer en
réaménageant certaines des rentrées ou sorties de caisse.

- Les conditions du financement long terme sont adéquates.

- Les dividendes envisagés par les investisseurs se matéria1iseront.

L’analyse des liquidités se fait sur une base annuelle, si bien que les situations de
caisse annuelles sont prises en considération à leur valeur nominale.

Dans l’analyse de la structure du Capital, divers aspects doivent également être pris en
considération. En général la combinaison au Capital-actions et des emprunts déterminera le
rapport dette-Capital propre du projet. Le recours à des crédits assez importants offre certains
avantages :

- Les taux d’intérêt des emprunts peuvent être inférieurs au taux de


rentabilité escompté pour le projet. L’investisseur peut alors avoir avantage,
compte tenu du risque encouru, à maintenir le Capital-actions à un niveau faible,
ce qui accroît le taux de rendement réel de ce Capital.

- Il peut être avantageux sur le plan fiscal de rechercher un financement par


l’emprunt, étant donné que les intérêts versés sont parfois déductibles des
bénéfices imposables.

D’un autre côté, un projet très tributaire de sources extérieures de financement n’est
pas aussi sans inconvénient, en effet :

- Les intérêts à verser représentent des obligations fixes dont il faut


s’acquitter, même si le projet ne procure pas de bénéfices.

- Si les remboursements annuels du principal avoisinent le coût de


l’amortissement annuel, la gestion financière peut devenir de plus en plus délicate
et difficile.

- Il est souhaitable que le rapport dette sur Capital propre soit faible dans la
mesure où les circonstances le permettent, de manière à éviter une ingérence indue
des bailleurs de fonds.

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L’indicateur le plus couramment appliqué dans l’analyse de la structure du Capital est


E
le rapport entre les emprunts à long terme et le Capital actions : Il est difficile de
CP
formuler des règles générales sur les caractéristiques d’une structure financière adéquate. Par
E
exemple il n’est pas recommandé de fixer un rapport maximal parce qu’un projet
CP
rentable permet parfois de supporter un service de la dette plus lourd que la moyenne. D’un
autre côté, Il est possible qu’un rapport de l’ordre de 70% par exemple ne donne pas
satisfaction du tout si le projet n’est pas assez viable si les emprunts contractés sont des
emprunts à trop court terme. S’il faut déjà les rembourser pendant la période de construction
ou avant que le projet ne procure d’importantes recettes de caisse, Il est possible qu’un
E
rapport de l’ordre de 70% n’assure pas un excédent de caisse suffisant pendant la période
CP
de démarrage. De plus des soldes nets de caisse escomptés doivent être considérés en fonction
des incertitudes qui subsistent à propos de la durée des périodes de construction et de
démarrage. Ces incertitudes peuvent, dès le début, engendrer des risques touchant les
E
liquidités du projet. Un faible rapport peut alors avoir du bon surtout s’il est difficile de
CP
demander un réaménagement de la dette.

Un critère important, déjà signalé plus haut, et dont il faut obligatoirement tenir
compte dans l’analyse financière est l’inflation, définie comme la perte du pouvoir d’achat de
l’argent au cours du temps. L’inflation affectera ainsi chaque variable du projet :
investissements, coûts opératoires, recettes etc. ainsi que la distribution des Cash-flows
résultante.

L’évaluation financière, qui intègre en outre l’impôt sur les bénéfices et les emprunts,
n’a de signification réelle que si l’inflation est prise en compte, et sera donc effectuée en
monnaie courante, c’est-à-dire en intégrant toutes les inflations susceptibles de modifier
l’équilibre du projet : inflation de la monnaie locale, inflation des monnaies d’emprunt et de
cotations des substances vendues.

Il est évident que l’inflation affectera les résultats calculés pour la valeur actuelle nette
des Capitaux propres (VANCP) et le taux de rentabilité des Capitaux propres (TRCP) : en
particulier si le contrat de vente de la production prévoit des prix de vente n’évoluant pas
comme l’inflation des coûts, les résultats peuvent être fortement réduits, voire annulés,
comme le montre le tableau ci-dessous :

Projet avec prix de vente constants VAN (M DH) TRI %


1- Projet 67 46
2- Projet avec impôt sur bénéfice 39 34
VANCP (M DH) TRCP (%)
3- Projet avec emprunt, sans impôt 66 56
4- Projet avec emprunt et impôt 36 41
5- Projet avec emprunt et impôt + inflation -2 <8

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V. Les autres problèmes de l’évaluation d’un projet minier

1. Optimisation d’un projet

La cadence de production, les réserves et la durée de vie de la mine sont 3 données du


projet étroitement liées. Par ailleurs les réserves dépendent des teneurs de coupure qui sont
définies économiquement en fonction des coûts de production, lesquels dépendent évidement
de la dimension du projet et de la valeur de la substance produite. Il n’est donc pas possible de
définir à priori la dimension optimale (P) du projet. Celle-ci peut cependant être obtenue
théoriquement en maximisant la VAN :

N
(Vt m − C )
VAN = − I + ∑ p Sous la contrainte R (t C ) = NP
n = 0 (1 + a )
n

Où :
+ I : montant de l’investissement initial
C: coûts opératoires (d’une tonne)
P : cadence d’exploitation annuelle (dimension) optimale
tm: Teneur moyenne
Vtm : valeur d’une tonne
R : Réserves exploitables en tonnes
tC : teneur de coupure

Dans la pratique la dimension optimale obtenue théoriquement ne peut toujours être


retenue, pour différentes raisons :

- débouchés de la production (Marché)

- encombrement de la mine

- durée de vie de la mine trop faible (pour les investissements réalisés).

La dimension optimale retenue est donc le plus souvent un compromis obtenu en


appliquant des règles empiriques du type Taylor :

Dimension (en tonnes/an) = 5 × R 0,75

De même le calcul de la durée de vie optimale peut conduire à des durées de vie trop
courtes. Il faut donc prendre en considération, pour fixer la durée de vie pratique, les
principaux éléments suivants :

- réaliser un investissement pour une durée d’au moins 10 ans

- laisser le temps aux géologues de bien comprendre le gisement.

On pourra appliquer une règle empirique du type, Taylor :

Durée de vie (années) = 0,2 × R 0, 25

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En ce qui concerne les réserves récupérables, leur estimation dépend non seulement de
la teneur de coupure, mais également de paramètres d’exploitation tels que l’ouverture
minimale du chantier. L’estimation faite au stade du projet doit donc être revue au cours de la
phase d’exploitation où plusieurs teneurs de coupure seront définies en fonction des
possibilités de section qu’offre le chantier.

2. Monnaies étrangères et taux de changes

Un autre problème de l’évaluation d’un projet minier est celui relatif aux monnaies
étrangères et au taux de change. En effet lors de l’évaluation, on utilise en général des
monnaies différentes, les investissements, les emprunts de sources variées, les prix de vente
étant exprimés en plusieurs monnaies différentes. C’est pourquoi il faudra choisir une
monnaie de référence, dans laquelle seront calculés la distribution des Cash-flows, la VAN et
le TRI, d’où la nécessité de prévoir l’évolution des taux de change des différentes monnaies
en question par rapport à cette monnaie de référence. Cette évolution est généralement très
erratique à court terme, mais à long terme, il y’ a normalement correction des taux de change
en fonction de l’évolution du différentiel d’inflation entre les monnaies concernées deux à
deux, selon l’équation :

TCY TCY (1 + inflation X i )


= ×
Xi X i −1 (1 + inflation Yi )

TCY
Avec : = taux de change de la monnaie Y par rapport la monnaie X à l’année i.
Xi

inflation Xi = Perte du pouvoir d’achat de la monnaie X (ou Yi) (ou Y) à l’année i.

3. Analyse des éléments d’incertitude

L’évaluateur d’un projet doit, tout au long des diverses phases d’évaluation, faire une
série d’hypothèses sur l’avenir : volume de production, frais d’exploitation, évolution des prix
des inputs et des outputs, taux d’actualisation, taux de change, taux d’inflation, durée de vie
du projet etc. Ces incertitudes sont d’autant plus importantes dans le cas d’un projet minier
que la connaissance du gisement est toujours imparfaite, et que la durée de réalisation des
investissements est longue.

De ce fait, l’estimation de variables telles que les réserves, la teneur moyenne, la


teneur de coupure, le rendement de la laverie, les coûts d’exploitations, les investissements, le
prix de vente de la substance exploitée etc. doit se traduire par une fourchette de valeurs, ou
mieux encore par une distribution de probabilité des valeurs possibles, plutôt que par une
valeur unique. L’estimation de ces distributions de probabilité peut, dans certains cas, être
faite de façon objective. Ainsi cette estimation peut être faite, pour les réserves et les teneurs,
par une étude géostatistique.

Dans d’autres cas, cette distribution sera estimée subjectivement à l’aide d’une
expertise des gens du métier, qui ont certes, le sens des réalités, mais dont la connaissance de
l’avenir est imparfaite. Il existe plusieurs méthodes permettant d’estimer l’influence de ces
incertitudes dans l’estimation de la rentabilité prévisionnelle d’un projet minier, On
distinguera les méthodes déterministes et les méthodes statistiques.

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Les méthodes déterministes tiennent indirectement compte des incertitudes en les


faisant intervenir au niveau des calculs à travers l’adoption de certains facteurs correcteurs qui
ont pour effet de sous-estimer la rentabilité du projet. On choisira ainsi des taux
d’actualisation d’autant plus forts, ou on exigera des délais de remboursement d’autant plus
courts que les projets sont considérés plus incertains. On pourra également utiliser dans le
calcul des indicateurs de rentabilité des valeurs conservatrices pour les données considérées
comme incertaines. On pourra aussi procéder à une analyse de sensibilité qui consiste voir la
sensibilité des résultats du projet (indicateurs de rentabilité tels que VAN, TRI etc.) aux
changements dans les variables incertaines du projet. Si ces résultats sont très sensibles aux
variables très incertaines, le risque de perte sera considéré comme élevé. Parmi les méthodes
déterministes, il y’a également l’analyse concurrentielle basée sur les coûts de production, et
qui se fonde sur l’hypothèse que l’évolution long terme des prix de vente de la substance
produite est liée l’évolution des coûts marginaux de production. Un bon projet serait celui
ayant un coût de production situé dans la partie inférieure de la fourchette des coûts de
production de l’ensemble des producteurs. Ainsi, dans l’éventualité d’une baisse de la
demande, et d’une baisse concomitante de prix, il y’aurait d’autres producteurs (avec des
coûts de production plus élevés) qui seraient contraints de réduire ou d’arrêter la production.
De cette manière, l’équilibre du marché serait retrouvé sans que le projet soit fortement
affecté.

Les méthodes statistiques permettent d’aboutir à des résultats sous forme de


distribution de probabilité, et d’estimer ainsi le risque d’avoir le résultat inférieur à un seuil
donné. Les 2 principales méthodes incluses dans cette catégorie sont celles de HILLIER et de
HERTZ.

Dans la méthode de HILLIER l’idée de base est que l’existence d’incertitudes sur les
variables du projet provoque l’incertitude sur la distribution des Cash-flows qui en résultent.
Il existera donc plusieurs distributions possibles des cash-flows du projet.

On aura donc :

N
CFn
VAN = ∑
n =0 (1 + a )n
N
µn
E (VAN ) = ∑ avec µ n :moyenne des Cash-flows de l’année n.
n =0 (1 + a )n
N
σ n2 σ n ×σ p
V (VAN ) = ∑ + 2∑ ρ np
n =0 (1 + a )n np p (1 + a )n (1 + a ) p
avec σ n2 = variance des cash-flows de l’année n.
et ρ np coefficient de corrélation entre CFn et CFp (s’il y a une corrélation dans le temps entre
les différents cash-flows d’une distribution, sinon c’est-à-dire si les cash-flows sont
indépendants dans le temps ρ np = 0 ).

Dans la méthode de HERTZ, les variables incertaines sont traitées comme des
variables probabilistes; Ainsi, il sera associé à chacune de ces variables une loi de probabilité

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qui décrit le mieux ses possibilités de variation. Ensuite la boucle suivante sera répétée n fois
et donnera comme résultat les distributions de probabilité des indicateurs de rentabilité :

Simulation des variables incertaines (par un tirage


au hasard dans sa distribution de probabilité d’une
valeur pour chaque variable incertaine)

n fois

Calcul des indicateurs de rentabilité

Avec ces résultats, on pourra estimer le risque du projet défini comme la probabilité
d’avoir l’indicateur de rentabilité inférieur à un certain seuil.

Ces résultats peuvent être montrés graphiquement sous forme d’histogramme et de


courbe de probabilité cumulée.

La boucle de calcul devrait être répétée jusqu’à ce que la distribution des probabilités
des résultats soit stationnaire, c’est-à-dire jusqu’à ce que les caractéristiques de la distribution
ne soient plus modifiées par l’augmentation du nombre de simulations (en pratique n ≈ 400).

Dans la procédure décrite ci-dessus, il a été admis que toutes les variables incertaines
du projet sont indépendantes, ce qui est rarement le cas : il faudra alors soit tenir compte des
corrélations entre les variables au moment des simulations (ce qui nécessite la connaissance
du coefficient de corrélation entre ces variables), soit considérer les variables fortement
corrélées comme des variables certaines. A ce propos, il y’a lieu de remarquer qu’il est très
peu probable de pouvoir connaître, au stade d’étude d’un projet, toutes les corrélations que
nous venons d’évoquer. Ainsi il faut retenir que le niveau de sophistication et de complexité
du modèle choisi soit compatible avec les contraintes et les données disponibles dans la phase
étude.

VI. La rentabilité sur le plan national

La rentabilité commerciale d’un projet, telle qu’elle a été évaluée plus haut, met
l’accent sur la détermination du résultat financier net du projet, pris en tant que tel, et ne
permet donc pas de mesurer la contribution faite par ce projet à l’économie nationale. Or une
stratégie globale du développement d’un pays exige habituellement que plusieurs objectifs
soient atteints. Il est donc nécessaire de déterminer si un projet est rationnel sur le plan
national c’est-à-dire des points de vue de ses effets sur l’ensemble de l’économie du pays et
sur les aspects particuliers de la vie nationale dans laquelle le projet envisagé doit s’insérer ;
c’est l’objet de l’évaluation de la rentabilité sur le plan national. En effet la gestion de
l’économie de tout pays se trouve confrontée au problème fondamental de l’affectation des

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ressources nationales, limitées par définition (Capital, ressources naturelles, ressources


humaines, etc.) à un certain nombre d’emplois variés (industrie, agriculture, infrastructure,
équipements sociaux, services etc.) et ceci de façon telle que le pays en retire des avantages
nets aussi importants que possible.

En raison du caractère limité des ressources disponibles, il faut faire un choix entre les
diverses possibilités d’emplois qui sont en concurrence. L’analyse des projets, qui permettra
d’évaluer ces diverses options, consiste à évaluer les avantages et les coûts d’un projet et les
ramener à un étalon commun de valeur, de sorte ne retenir que les projets dont les avantages
excédent les coûts. Dans l’évaluation de la rentabilité nationale, les avantages sont définis en
fonction de leur contribution à la réalisation des objectifs fondamentaux de l’économie
concernée, et les coûts sont définis en fonction du coût d’opportunité qui représente
l’avantage auquel on renonce en n’utilisant pas les ressources disponibles pour d’autres
investissements. Ainsi les coûts et avantages économiques ne sont pas nécessairement les
mêmes que ceux qui sont pris en compte dans l’analyse financière : les salaires versés sont
bien un coût pour l’entreprise minière, mais pas nécessairement pour la collectivité nationale
si la réalisation du projet n’empêche aucune autre réalisation; de même les subventions reçues
par l’entreprise sont une recette pour celle-ci, mais un transfert pour la collectivité. La
dégradation de l’environnement constitue un coût pour la collectivité sans incidence directe
sur l’entreprise. Les coûts et avantages économiques sont mesurés à l’aide de “prix de
référence” ou “prix ajustés” qui peuvent différer notablement des prix du marché utilisés dans
l’analyse financière classique. Ces prix de référence doivent refléter la valeur de la
contribution apportée par toute variation marginale du niveau des ressources ou des facteurs
de production disponibles à la réalisation des objectifs socio-économiques fondamentaux que
le pays s’est fixé. Il est recommandé de recourir des procédures pratiques relativement
simples pour la détermination des prix de référence, et ce par l’ajustement des prix effectifs
du marché (addition des subventions sur un produit, prise en compte des prix effectifs FOB
ou CIF : Le prix de référence d’un input utilisé dans le projet, et qui sans ce projet aurait été
exporté, est sa valeur FOB, de même que l’avantage pour l’économie des outputs exportés. A
l’inverse, le coût pour l’économie des inputs importés, de même que la valeur de la
production qui se substitue une importation est sa valeur CIF ; etc.).

L’analyse de la rentabilité sur le plan national se caractérisera par l’utilisation de


paramètres nationaux pour mesurer, du point de vue quantitatif, certaines préférences à
prendre en considération sur le plan national, dans le cadre de la politique économique du
pays. Le plus important de ces paramètres est la valeur ajoutée (V.A.) qui traduit les effets
globaux d’un projet sur l’économie nationale. D’une manière générale, la valeur ajoutée
représente la différence entre la valeur de la production et celle des facteurs de production
(inputs ou intrants) et des services achetés à d’autres unités. On définira également la valeur
retenue (VR) en excluant la somme des montants versés à l’étranger au titre du projet comme
les redevances, les frais d’assurance, les intérêts et les bénéfices nets sur le Capital étranger,
les salaires transférés à l’étranger, les dividendes versés à l’état hôte etc.; Ainsi la VR
représente la part des revenus générés par la mine, dont la première circulation s’effectue dans
l’économe nationale, et constitue l’impact financier direct de la mine.

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La VR s’exprime donc comme suit :

VR = S N + S e − S E + (BL − M l ) + I + T + DEt + DL + S Dm + E m

Où : VR = VALEUR RETENUE
SN = salaires versés aux nationaux
Se = salaires versés au personnel étranger
SE = salaires versés au personnel étranger transférés à l’étranger
BL = Biens et services achetés sur place
Ml = contenu en importations des biens et services achetés localement
I + T impôts + taxes
DEt = dividendes versés a l’état hôte
DL = dividendes versés aux actionnaires privés nationaux
SDm = service de la dette contractée auprès des institutions financières nationale
Em = emprunts obtenus auprès des institutions financières nationales.

On définira, d’une façon analogue, la valeur transférée par :

VT = SE + M + M l + DE X + SDd − E d

Où : VT = valeur transférée
M = Montant des importations directes
DEX = dividendes versés aux actionnaires étrangers
SDd = service de la dette contractée en devises
Ed = emprunts obtenus en devises

En plus de ces critères, il est recommandé d’utiliser également une série d’indices
additionnels pour mesurer certaines incidences d’un projet d’investissement, comme les effets
du projet sur l’emploi, la distribution, les recettes de devises, la compétitivité sur le plan
international. Pour les autres incidences, qui ne peuvent être, mesurées quantitativement, on
procédera à une analyse qualitative en considérant par eemp1e les incidences du projet sur
l’infrastructure, sur les connaissances techniques, sur la formation, sur l’environnement etc.

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