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UNIVERSITE DE GOMA

HISTOIRE ECONOMIQUE

COURS DESTINE AUX ETUDIANTS DE LA FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES


ET DE GESTION

Promotion : Troisième année Graduat

Dispensé par : Ass 2 ERIC NDAGIJIMANA

Mai 2018

Histoire économique, Ass2 ERIC NDAGIJIMANA NDAMIYEHE


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0. INTRODUCTION GENERALE

L’histoire économique se définit comme la partie de l’histoire qui traite et analyse des

faits économiques et sociaux de l’ensemble du passé historique y compris le passé plus

proche. Les phénomènes économiques étant l’ensemble des activités de production et

d’échange des biens et services. Elle a comme domaine d’étude toutes les périodes à

partir desquelles les hommes se sont mis à produire et à échanger des biens et services.

Ce cours propose donc une réflexion sur divers aspects du développement des économies

et des sociétés industrielles.

L‘histoire n‘a pas seulement pour objet de décrire et d‘expliquer les faits historiques par

des facteurs d‘ordre politique. Elle a pour objet avant tout, d‘étudier la société humaine

dans son ensemble, ses formes d‘organisation économique et sociale et ses mécanismes

de fonctionnement.

Pour étudier les faits économiques et sociaux dans l‘histoire, on se trouve devant une

masse d‘événements accumulés, qu‘il faut sélectionner et classer selon les étapes

historiques qui se sont produites dans le temps.

0.1. OBJECTIFS DU COURS


Ce cours se propose comme objectifs :

 de décrire, d‘expliquer et de suivre l‘évolution des phénomènes économiques et

sociaux du passé historique,

 dégager à travers le fonctionnement et l‘évolution des sociétés, les grandes

étapes du processus historique afin d‘en tirer des enseignements aidant à mieux

penser le présent et organiser l’avenir, voire des lois présidant au développement

des différents systèmes économiques du passé,

 faire sentir aux étudiants en économie qu’il n’existe pas « un » mais « des »

discours économiques, qui se complètent tout en se répondant, bien souvent en

s’opposant. Insister à ce titre sur le fait que chaque discours, afin d’être dans la

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mesure du possible correctement appréhendé, doit être replacé dans le contexte

idéologique et historique dans lequel il a été élaboré.

0.2. BIBLIOGRAPHIE

1. Patrick VERLEY, La Révolution industrielle, Paris, Gallimard, « Folio histoire »,


(1997)

2. Patrick VERLEY, L‘échelle du monde. Essai sur l‘industrialisation de l‘Occident,


Paris, Gallimard, « NRF Essais », (1997)

3. Eric BUSSIERE et alii, Industrialisation et sociétés en Europe occidentale, 1880


- 1970, Paris, A. Colin, « U », (1998)

4. Jean BOUVIER, Initiation au vocabulaire et aux mécanismes économiques


contemporains (19e - 20e siècles), Paris, CDU-SEDES, (1977)

5. Allen Robert C., Introduction à l’histoire économique mondiale, La Découverte,

2014

6. Bairoch Paul, Victoires et déboires. Histoire économique et sociale du monde du

XVIe siècle à nos jours, Gallimard Folio histoire, 1997,

7. Beaud Michel, Histoire du capitalisme (1500-2010), Seuil, coll. Points, 2010,

8. Braudel Fernand, La dynamique du capitalisme, Arthaud, 1985,

9. Crouzet François, Histoire de l’économie européenne. 1000-2000, Albin Michel

Histoire, 2000,

10. Norel Philippe (et collaborateurs), L’invention du marché. Une histoire

économique de la mondialisation, Seuil, Economie humaine, 2004,

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0.3. PLAN

Partie I : Avant la révolution industrielle

CHAPITRE I. LE MERCANTILISME

I.1. Le mercantilisme espagnol : L‘obsession de l‘or

I.2. Le mercantilisme français

I.3. Le mercantilisme anglais ou commercialiste

CHAP. II. LA PHYSIOCRATIE (18ème Siècle)

II.1. Les grands noms de la Physiocratie

II.2. Le contexte historique de la Physiocratie

II.3. les principales idées des physiocrates

II.3.1. La notion de loi en économie

II.3.2.Le calcul économique rationnel

II.3.3. La valeur du travail

II.3.4.Le produit net

II.3.5.Le tableau économique

II.3.6. QUESNAY précurseur de KEYNES?

CHAPITRE III : LES ECONOMIES PREINDUSTRIELLES – LA GENESE DU

CAPITALISME

III.1. Caractéristiques générales

III.1.1. Les économies agraires

III.1.2. Les Crises agraires

III.2. LA GENESE DU CAPITALISME du XVI° siècle au début XVIII° siècle

III.2.1.L’amorce portugaise

III.2.2. L’Espagne du « siglo de oro »

III.2.3. Le XVII° siècle hollandais

III.2.4.L’affirmation de la puissance britannique

III.2.5.La proto- industrialisation

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Partie I.AVANT LA REVOLUTION INDUSTRIELLE


CHAP. I : LE MERCANTILISME (15ème au 17ème siècle)

Le Mercantilisme est une doctrine qui se préoccupe des moyens d'augmenter la richesse

de l'Etat. Cette doctrine s‘étend de la fin du Moyen-Âge au milieu du 18ème siècle. Le

mot "mercantiliste" vient de l'italien "mercante" qui signifie "marchand". Cette doctrine

économique prône le développement économique par l'enrichissement des nations au

moyen du commerce en général, du commerce extérieur en particulier, mais aussi de

l'industrialisation. Elle se situe historiquement à la fin du Moyen-Âge et marque

aussi la fin de la prééminence des doctrines de l'Église dans l'organisation sociale.

Les thèmes économiques sont principalement la réflexion sur le commerce international,

le rôle de la monnaie et l’intervention de l’Etat dans l’économie.

Le commerce international est vu comme « un jeu à somme nulle ». Ce que gagnent les

uns est égal à ce que perdent les autres, lieu de compétition entre les nations. Selon eux,

comme la richesse repose sur l’or que détient un pays, il faut exporter beaucoup et être

payé en or ou convertir les gains en or. Les importations sont limitées car elles sont

considérées comme néfastes.

Le rôle de la monnaie : il y a un clivage entre ceux qui pensent que l’augmentation de la

quantité de monnaie dans l’économie a des effets inflationnistes, et ceux qui pensent que

cela permet de soutenir l’activité économique. Chez certains mercantilistes, la quantité

de monnaie est confondue avec la richesse du pays : un pays riche, est un pays qui

dispose de beaucoup de monnaie (d’or), cela s’explique par le fait que l’Espagne en

possédait énormément grâce à la conquête de l’Amérique du Sud et Centrale. A cela, on

oppose les auteurs dont l’analyse est plus fine et qui sont les précurseurs de la théorie

quantitative de la monnaie (Jean Bodin).

Le rôle de l’Etat : il y a une justification de l’intervention de l’Etat à travers le

colbertisme afin de favoriser le développement de grandes manufactures et qui sont

compétitives au niveau international (ex : manufacture des gobelins 1 pour contrer les

britanniques).
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Autre nom : 3 ème arrondissement de Paris

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Il existe plusieurs écoles mercantilistes qui se différencient principalement sur la façon

de procéder pour accumuler la richesse. Nous allons donc étudier successivement :

Le mercantilisme espagnol, que l'on appelle ainsi parce qu'il est né en Espagne. On

l'appelle aussi parfois le "Bullionisme" de l'anglais « bullion » (lingot). Ce mercantilisme

est né de la préoccupation spécifique de l'Espagne qui était de conserver dans le pays

l'or qui venait de ses conquêtes. On retrouve aussi ce souci au Portugal, en Italie ou

d‘autres pays européens tels l‘Angleterre. L'augmentation de la richesse, selon cette «

École », se fait donc par accumulation d'or et d'argent.

Le mercantilisme français, qui est représenté par des hommes tels que Jean BODIN

(1530-1596), Antoine de MONTCHRESTIEN (1575-1621) ou Jean Baptiste COLBERT

(1619-1683). Il s'agit toujours d'enrichir l'Etat, mais par le développement industriel.

L'Etat doit donner l'exemple en créant de grandes activités comme par exemple des

manufactures (c'est le nom que l'on donnait aux usines).

Le mercantilisme commercialiste, qui est représenté par des hommes tels que,

Thomas MUN (1571-1641), William PETTY (1623-1687), et David HUME (1711-1776). Ces

auteurs font l'apologie de l‘enrichissement par le commerce en général et le

commerce maritime en particulier. Mais ils vont se démarquer progressivement du

mercantilisme et devenir des précurseurs du libéralisme.

I.1. Le mercantilisme espagnol : L‘obsession de l‘or

Au 16ème siècle, l'Espagne colonise l'Amérique Latine et contrôle l'exploitation des mines

d'or du Mexique et du Pérou. L'or arrive en Espagne par bateaux entiers et on estime

que de 1500 à 1600, la quantité d'or disponible en Europe est multipliée par huit. Et le

mouvement d'entrée d'or et d'argent a encore augmenté au 17ème siècle. Au lieu de

seulement contenter les espagnols, cet énorme afflux d'or engendre aussi une obsession

: comment conserver l‘or, l'empêcher de s'écouler au dehors ?

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Tous les moyens sont mis en œuvre pour défendre l'or qui est considéré comme le

symbole de la puissance et de la prospérité. C'est ainsi que l'on développe des doctrines

défensives et thésaurisatrices2

I.2. Le mercantilisme français

Le mercantilisme français est représenté par des hommes tels que Jean BODIN (1530-

1596), Antoine de MONTCHRESTIEN (1575-1621) et Jean Baptiste COLBERT (1619-

1683). Il s'agit d'enrichir l'État, mais cette fois autant par le développement industriel

que commercial et non au détriment des intérêts «économiques ». L'Etat doit donner

l‘impulsion en créant de grandes activités, « les manufactures ».

 Jean BODIN (1530-1596) est surtout connu aujourd'hui pour son célèbre

aphorisme : "Il n'est de richesse ni force que d'hommes". Il pense que la richesse

économique est la condition d'un état puissant. Ses idées sont assez proches de

celles d'un autre mercantiliste français,

 Antoine de MONTCHRESTIEN (1575-1621) dont la particularité est d'avoir

été à la fois un théoricien et un homme de terrain (il a créé et dirigé une usine

d'ustensiles et de couteaux). Bien qu'il soit classé dans les mercantilistes, c'est

cependant lui que l'on crédite généralement pour avoir inventé le terme

"économie politique". Mais avec la découverte des Amériques, le "Nouveau

Monde", c'est tout le contraire qui se produit. À la pénurie d'or et d'argent

succède un afflux d'or et d'argent. Il s'ensuit que les prix montent partout en

Europe. Le lien entre les deux, l'arrivée massive d'or et d'argent et la hausse des

prix, fut énoncé par Jean BODIN.

 J.B Colbert et le colbertisme Jean Baptiste COLBERT (1619-1683) a modernisé

l'économie française en mettant en place pour la première fois une véritable

politique économique en France. Fils d'un marchand drapier de Reims, COLBERT

fait ses débuts au service du Cardinal de MAZARIN (qui dirigea le conseil du roi

Louis XIII jusqu'à la mort du Roi et fut ensuite premier ministre de la régente

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Thésauriser : c'est amasser des valeurs pour elles-mêmes. La thésaurisation s'oppose à l'épargne. La
thésaurisation est stérile tandis que l'épargne est productive car celui qui épargne permet à d'autres
d'investir. Celui qui thésaurise prive au contraire les autres des ressources qu'il accumule.

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Anne d'Autriche). MAZARIN lui offre la fonction 'intendant des finances en

1661. En 1661, COLBERT entre au « Conseil d'En Haut » avec le titre de

Contrôleur général des Finances. Il a aussi dans ses attributions la Marine, les

Travaux publics et toute la vie économique du royaume. Il développe l'industrie en

créant des manufactures d'État (tapisseries de Beauvais, des Gobelins) ou

privées (glaces de Saint-Gobain, draps à Abbeville et Sedan, soieries de Lyon)

dotées de privilèges à l'exportation. Ces nouvelles industries sont soustraites à la

concurrence étrangère grâce à des droits de douane prohibitifs.

Cette politique dirigiste et protectionniste s'accompagne du développement des

infrastructures - création d'un réseau de canaux et de routes -, de la fortification des

ports maritimes et du développement de la marine marchande et militaire : les convois

maritimes de marchandises doivent être protégés. Pour accroître les richesses du

royaume, l'expansion coloniale est favorisée, tandis que sont fondées de grandes

compagnies de commerce dotées de privilèges et de monopoles, capables de rivaliser

avec les concurrentes hollandaises et anglaises : Compagnie des Indes orientales et son

homologue la Compagnie des Indes occidentales en 1664, Compagnies du Nord en 1669

puis la Compagnie du Sénégal en 1673. L'objectif de sa politique était d'accroître la

puissance économique de la France, et par répercussion la puissance financière du roi

Louis XIV. Il faut retenir que COLBERT a mis en pratique les idées du mercantilisme à la

française, qui consiste à dire que la puissance de l'Etat dépend du développement de

l'industrie et du commerce extérieur. Sa politique économique est restée dans l'histoire

sous la dénomination de colbertisme.

I.3. Le mercantilisme anglais ou commercialiste

Comme écrit plus haut, le mercantilisme anglais fait l'apologie de l‘enrichissement par le

commerce en général et le commerce maritime en particulier. Mais ils vont se démarquer

progressivement du mercantilisme et devenir des précurseurs du libéralisme. Nous les

reverrons plus loin. Sachez que les Anglais furent les plus grands commerçants,

notamment sur les mers, et leur situation d‘habitants d‘une grande île y est pour grand-

chose, tout comme leur culture protestante.

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CHAP. II. LA PHYSIOCRATIE (18ème Siècle)

Littéralement, "physiocratie" signifie "gouvernement" (du grec Kratos) par la nature

("physio"). C'est une doctrine économique qui peut être résumée à deux propositions. La

première proposition est qu'il existe un ordre naturel gouverné par des lois. Le rôle des

économistes est de comprendre et de révéler les lois de la nature telles qu'elles opèrent

dans la société et dans l'économie. C'est de montrer comment ces lois opèrent dans la

formation et dans la distribution des richesses. Pour les physiocrates il y a des lois

économiques, de même qu'il y a des lois physiques ou physiologiques.

La seconde proposition est que le devoir des hommes, et en particulier le devoir des

gouvernants, est de se soumettre à ces lois en interférant aussi peu que possible avec

leur jeu par des interventions intempestives. Les physiocrates sont donc à l'origine du

libéralisme.

La physiocratie est l'un des plus importants courants d'idées du 18 ème siècle. Et cela en

dépit d'une période d'existence assez brève (moins de 20 ans) et du fait que,

contrairement au cosmopolitisme des mercantilismes, il s‘agit d‘une école purement

française, qui plus est centrée autour d‘un seul maître à penser, François QUESNAY

(1694-1774), dont la disparition entraîna rapidement le déclin de cette école. Le courant

physiocrate apparaît en effet en 1758, avec la parution du Tableau économique et

s'efface devant l'Economie Politique Classique en 1776, date de la parution de la

Richesse des Nations d'Adam SMITH.

II.1. Les grands noms de la Physiocratie

François QUESNAY : Fils de paysan, François QUESNAY (1694-1774) devint médecin.

Ces deux caractéristiques expliquent à coup sûr l'attachement qu'il a pour l'agriculture

et sa conception de l'économie comme un corps, dont la vie est assurée par la circulation

des richesses.

Il faut rappeler à ce sujet que la circulation du sang dans l'organisme a été découverte

en 1628 par William HARVEY (1578-1657), mais il n'a été connue en France que

tardivement. En tant que médecin, QUESNAY se réfère constamment à la notion

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d'organisme dont la vie est assurée par la circulation du sang. De fait, quand il commence

à s'intéresser à l'économie, vers l'âge de 60 ans, il propose une représentation de

l'économie dite du « circuit », où tout est à l‘image du fonctionnement du corps humain.

QUESNAY était premier médecin de Louis XV. Il était donc au contact de tous les

personnages importants du royaume, ce qui lui a permis de faire connaître ses idées.

II.2. Le contexte historique de la Physiocratie

La Physiocratie naît dans une époque où plus des trois quarts du revenu national

proviennent de l'agriculture mais où celle-ci connaît cependant les prémices d'un déclin.

C'est donc d'abord une réaction contre ce déclin. La physiocratie arrive aussi après

deux siècles de mercantilisme, qui ont vu la multiplication et les abus de la

réglementation. La réaction contre le déclin de l'agriculture Au milieu du 18e siècle, le

déclin de l'agriculture est ressentie comme un malaise durable qui se manifeste par

l'accroissement des superficies de terres incultes : dans l'Ouest et le Centre, friches

et landes occupent la moitié du territoire. La misère des populations rurales est

particulièrement grande. La terre est chargée d'impôts et les cultivateurs sont

taillables et corvéables à merci. Ils supportent de nombreuses redevances réelles et

personnelles héritées de la féodalité. De plus, la politique de Louis XIV, qui a consisté à

attirer à la Cour les nobles disposants de grands domaines et à les pousser à la dépense

vestimentaire, pour les amener par l'endettement à dépendre de lui, a détourné

l'épargne des investissements dans l'agriculture.

II.3. les principales idées des physiocrates

II.3.1. La notion de loi en économie

Pour les physiocrates, les lois de l‘économie existent et sont immuables. Mais ce ne sont

pas les lois du marché telles que nous les connaissons aujourd‘hui. Ce sont des lois

naturelles, irrévocables et voulues par Dieu. Ces lois naturelles sont discernables par

l'évidence : « Evidence signifie une certitude si claire et si manifeste par elle-même que

l'esprit ne peut s'y refuser. Il y a deux sortes de certitudes : la foi et l'évidence...

J'entends par évidence une certitude à laquelle il nous est aussi impossible de nous

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refuser qu'il nous est impossible d'ignorer nos sensations actuelles » (QUESNAY,

article « Evidence » de l'Encyclopédie, janvier 1756).

II.3.2.Le calcul économique rationnel

L'ordre naturel des physiocrates est providentiel. Il se fonde sur l'harmonie des

intérêts privés et publics. La science économique peut en appréhender quantitativement

les éléments : « La science économique s'exerçant sur des objets mesurables est

susceptible d'être une science exacte et d'être soumise au calcul » (Le TROSNE, De

l'ordre social). QUESNAY peut être considéré comme l'un des précurseurs du calcul

économique rationnel qui déboucha par la suite sur la notion de maximisation sous

contrainte. En effet, il écrit : « Obtenir la plus grande augmentation possible de

jouissance par la plus grande diminution possible de dépense : c'est la perfection de la

conduite économique ».

II.3.3. La valeur du travail

Dans l'article "Grains" qu'il rédige pour l'Encyclopédie, QUESNAY mesure la valeur des

productions à partir de la quantité de travail nécessaire pour les produire : Ainsi la

théorie de la valeur travail est mise au service de l'agriculture et de la propriété

foncière. Plus tard, chez MARX, la théorie de la valeur travail sera à l'origine de la

notion d'exploitation des masses et servira à justifier une revendication révolutionnaire

contre la propriété et contre la libre entreprise.

II.3.4.Le produit net

À noter que pour QUESNAY, l'existence des profits industriels n'empêche pas que

l'industrie soit stérile. Il ne se laissait pas éblouir par les fortunes des marchands ou

mêmes celles des industriels, refusant de croire que cette richesse reflète une

quelconque création de valeur. Il n‘y voit que le fruit de circonstances contingentes, la

rémunération d‘un goût pour le risque qu‘il semble d‘ailleurs condamner. Il suspecte aussi

que la richesse des uns masque les pertes des autres. Pour QUESNAY et les

physiocrates, toutes les productions, toutes les richesses d'une nation, proviennent en

dernière instance de l'agriculture. L'agriculture ne permet pas seulement la production

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de subsistance, elle permet aussi d'obtenir toutes les matières premières dont les

produits artisanaux et manufacturés sont faits.

En fait, les physiocrates identifient ici terre et nature. Quand ils disent "Tout vient de

la terre", il faut parfois comprendre "tout vient de la nature". Dans ce dernier sens ils

ont forcément raison. L'agriculture, tout vient de la terre". Si l'on remplace "terre" par

"nature", on énonce peut-être un truisme, mais on reste physiocrate dans l'esprit.

QUESNAY se demande : Comment se fait-il que les agriculteurs parviennent non

seulement à subvenir à leurs besoins, mais également à fournir les subsistances et les

matières premières aux autres classes de la société. La vraie richesse, c'est le produit

net ou produit disponible, celui dont la consommation provoque la reproduction avec

accroissement; seule la terre par sa fécondité permet à l'activité humaine d'obtenir un

produit net. DUPONT de NEMOURS écrit : « Que le souverain et la nation ne perdent

jamais de vue que la terre est l'unique source de richesse et que c'est l'agriculture qui

les multiplie. » Et LE MERCIER de la RIVIERE : « L'industrie n'est pas plus créatrice de

la valeur qu'elle n'est créatrice de la hauteur et de la longueur d'un mur. » Quesnay aura

une image frappante : « Le cultivateur produit par génération, par augmentation réelle

des produits. L'artisan produit par addition des matières premières et des subsistances

converties en travail ». Multiplication d'une part, addition de l'autre.

II.3.5.Le tableau économique

Le Tableau Economique est la première représentation schématique du circuit

économique. La première version du Tableau Economique est éditée en 1758, par Charle

GIDE et Charles RIST, 1909, Histoire des doctrines économiques depuis les

physiocrates. Trois classes sociales doivent être distinguées : « la classe productive, la

classe des propriétaires et la classe stérile. » La classe productive est celle qui fait

naître, par la culture du territoire, les richesses annuelles de la nation, qui fait les

avances des dépenses des travaux de l'agriculture et qui paie annuellement les revenus

des propriétaires fonciers. La classe des propriétaires comprend le souverain, les

possesseurs de terres et les décimateurs (ceux qui avaient le droit de lever la dîme dans

les paroisses). Cette classe subsiste par le revenu ou le produit net de la culture, qui lui

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est payé annuellement par la classe productive, après que celle-ci a prélevé, sur la

reproduction qu'elle fait renaître annuellement, les richesses nécessaires pour se

rembourser de ses avances annuelles et pour entretenir ses richesses d'exploitation. La

classe stérile est formée de tous les citoyens occupés à d'autres services et à d'autres

travaux que ceux de l'agriculture, et dont les dépenses sont payées par la classe

productive et par la classe des propriétaires qui, eux-mêmes, tirent leur revenu de la

classe productive »

II.3.6. QUESNAY précurseur de KEYNES?

À plusieurs égard, QUESNAY peut être considéré comme un précurseur de KEYNES :

d‘une part, parce que le Tableau Economique est l‘ancêtre de la comptabilité nationale.

Ensuite, parce que QUESNAY est à l‘origine de la notion de circuit économique. Enfin,

parce que QUESNAY, de façon sans doute un peu floue, avait perçu la notion de

multiplicateur. Pour les Physiocrates en effet, plus la richesse est élevée et plus les

salaires augmentent. Pour QUESNAY, la hausse des salaires est un symptôme de

prospérité générale... C'est à la fois un effet de l'accroissement de la richesse et une

condition d'un accroissement encore plus grand. C'est ainsi que l'on a pu dire que

QUESNAY était un précurseur de KEYNES et de la théorie du multiplicateur qui veut

que la dépense engendre un revenu qui lui-même est dépensé, ce qui engendre une

nouvelle dépense et ainsi de suite avec à chaque fois une augmentation de revenu.

« Comparez le gain des ouvriers qui fabriquent les ouvrages d'industrie à celui des

ouvriers que le laboureur emploie à la culture de la terre, vous trouverez que le gain de

part et d'autre se borne à la subsistance de ces ouvriers; que ce gain n'est pas une

augmentation de richesses, et que la valeur des ouvrages d'industrie est proportionnée à

la valeur même de la subsistance que les ouvriers et les marchands consomment. Ainsi

l'artisan détruit autant en subsistance qu'il produit par son travail ». François

QUESNAY.

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CHAPITRE III : LES ECONOMIES PREINDUSTRIELLES – LA GENESE DU

CAPITALISME

III.1. Caractéristiques générales

III.1.1. Les économies agraires

Les économies préindustrielles étaient des économies agraires, dominées par la terre et

la prépondérance des activités rurales. La première caractéristique de ces sociétés est

la prépondérance de l‘agriculture mais aussi, l‘élevage, la chasse, la pêche. La vie urbaine

était peu significative, la population des villes est extrêmement réduite : elle ne

dépassait pas 20% en Angleterre et en France. La possession ou non de la terre agricole

conférait aux individus un statut en société ; la cellule économique de base était

principalement la propriété foncière. Il peut s‘agir de seigneuries ou de fiefs dans

l‘Europe médiévale ; les rapports sociaux de production se nouaient autour de la terre :

servage dans les domaines féodaux. L‘agriculture était dépendante des caprices de la

nature (sécheresse, inondations, …). Les techniques et pratiques utilisées étaient

archaïques et de productivité faible. Les vieux assolements biennaux ou triennaux

étaient la règle avec une jachère morte qui laisse la terre improductive. La technologie

utilisée était à base d‘outils, on cultivait la terre de la même manière, avec les mêmes

outils : la faux, la faucille … Ceci a mené à un bilan de famines et de disettes, ce que les

économistes appellent des économies de pénurie.

III.1.2.Crises agraires

Les économies connaissaient des crises de leurs structures agraires. C‘ était des crises

de sous production agricole , des crises d‘autosubsistance , des crises frumentaires qui

traduisaient l‘incapacité des systèmes économiques à dominante agricole à produire des

subsistances en quantité suffisante pour soutenir un accroissement démographique

régulier ; elles survenaient à la suite d‘un incident climatique ou d‘une guerre ; la

diminution de la récolte entraînait une hausse violente des prix des céréales qui se

traduisaient par un effondrement du niveau de vie des paysans. Elles aboutissaient le

plus souvent à des famines, des disettes, et des émeutes de subsistance.

Caractéristiques principales des économies agraires :

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Il s‘agit d‘économies figées : les hommes, les marchandises, les capitaux y circulent peu.

L‘essentiel de la production se base sur la valeur d‘usage et non sur la valeur d‘échange

du fait de l’absence d‘un marché cohérent et l‘orientation de la production vers

l‘autoconsommation. Les sociétés agraires étaient quasiment des sociétés sans

croissance avec une multiplicité des blocages qui se maintient à plusieurs niveaux : Le

verrou agricole Stagnation de l‘agriculture et de l‘économie rurale, faible productivité,

ce qui enfermait ces économies dans un cercle vicieux de reproduction d‘une économie

de subsistance. Le poids des prélèvements Il pouvait découler des prélèvements

autoritaires qu‘exigeaient les rentiers du sol, du fisc par des augmentations répétitives.

Ces éléments ont été alourdis par la stabilité des techniques utilisées.

III.2. LA GENESE DU CAPITALISME du XVI° siècle au début XVIII° siècle C‘est

dans la décomposition de l‘ordre agraire que s‘enracine la formation du capitalisme, dans

un premier temps marchand et manufacturier.

 L‘extension de l‘aire des échanges au profit de l‘Europe et de ses marchands

 La naissance des premières formes d‘industrie et d‘une bourgeoisie marchande et

manufacturière

 La paupérisation extrême des paysanneries européennes

 L‘affirmation des états nations aux dépens des féodalités

Mutations économiques et sociales, montée du capitalisme A la fin du XVI° siècle,

l‘ouverture des grandes voies maritimes en direction de l‘Océan Indien et des Indes et

la découverte du Nouveau Monde(«les Amériques») ont élargi considérablement l‘aire

économique dans laquelle se meuvent les intérêts européens.

III.2.1.L’amorce portugaise :

Le mouvement d‘expansion maritime et colonial européen est amorcé par le Portugal.

Après avoir pris Ceuta en août 1415, les portugais déferlent sur les littoraux atlantiques

de l‘Afrique du nord-ouest, franchissant le fameux cap de Bojador.

III.2.2. L’Espagne du « siglo de oro » :

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Pour l‘Espagne, il s‘agissait du siècle de l‘or qui a fait l‘apogée de la puissance espagnole.

Mais le déclin espagnol s‘amorce avec la défaite de l‘invincible armada. L‘Espagne

s‘enfonce dans une inexorable décadence ; en fait ni le Portugal, ni l‘Espagne n‘ont su

utiliser les fabuleuses richesses accumulées en Afrique et dans les Amériques pour

organiser et stimuler des activités économiques mais les ont dilapidées dans des

opérations improductives de luxe, de guerre et de puissance.

III.2.3. Le XVII° siècle hollandais :

Sous l‘impulsion d‘une active bourgeoisie marchande et bancaire, le capitalisme marchand

et manufacturier hollandais connaît un développement remarquable. Le capitalisme

hollandais repose sur trois solides piliers : la compagnie des Indes Orientales, la Banque

d‘Amsterdam et la flotte. À la fin du XVII° siècle, le capitalisme hollandais s‘endette,

s‘affaiblit et finit par perdre sa position dominante.

III.2.4.L’affirmation de la puissance britannique :

L‘Angleterre s‘engage dès le début du XVII° siècle dans l‘expansion coloniale. Le

commerce extérieur anglais décuple. La puissance maritime et terrestre de l‘Angleterre

s‘affirme à la fin du XVII° siècle et au XVIII° siècle. Conquête, pillage et

extermination, telles sont les formes de l‘expansionnisme maritime et colonial. Une

classe marchande se développe en tirant énergiquement parti des potentialités

qu‘ouvrent ces nouveaux espaces. Dans l‘ensemble, l‘expansion géographique et coloniale a

eu des effets multiples sur les économies et les sociétés européennes :

 Masse considérable des métaux précieux

 Marchés pour les productions

 Introduction de produits nouveaux

 Profits considérables et accumulation du capital

III.2.5.La proto- industrialisation :

Le système de production artisanale est confronté à la concurrence de ce qu‘on a appelé

la proto industrialisation .Il s‘agit des premières formes d‘industries :

Domestic system : lorsqu‘il s‘agit du travail à domicile d‘un paysan ouvrier qui vend

lui-même ses produits sur un marché local.

Histoire économique, Ass2 ERIC NDAGIJIMANA NDAMIYEHE


16

Putting out system : Lorsqu’intervient le marchand fabricant qui apporte la matière

première aux travailleurs à domicile puis revient pour chercher le produit final.

La proto-industrie est donc en partie l‘héritier du système artisanal. C‘est une industrie

rurale qui est née pour répondre à une demande croissante en provenance des marchés

extérieurs, ceux des Amériques, de la Chine et des Indes Orientales. La croissance

démographique soutenue est le réservoir de main d‘œuvre abondant et à bon marché qui

existe dans les campagnes. Les conséquences sociales du développement de la proto

industrialisation sont loin d‘être négligeables. La bourgeoisie se diversifie

incontestablement, elle contrôle et fait travailler des masses déjà considérables

d‘ouvriers paysans.

Les manufactures assurent la transition entre l‘industrie rurale à domicile (domestic out

system et putting out system) et la grande industrie mécanisée (factory system) Certes

le régime foncier et le statut des Hommes dans les campagnes a connu des changements

significatifs : quasi disparition du sevrage, apparition de différents statuts des paysans,

mais rien de fondamental n‘est venu bouleverser les techniques agricoles.

Le paysan européen, à l‘exception des Pays Bas et de l‘Angleterre, continue de vivre dans

des conditions rudimentaires. Les rendements demeurent faibles et nous nous

retrouvons là au cœur de ce qu‘on appelle le verrou agricole qui mène vers un cercle

vicieux de reproduction d‘une économie de subsistance. La condition sociale des paysans

européens se dégrade : crises alimentaires, hausse de la rente foncière, exigences

fiscales, système des enclosures qui s‘est développé et commence à se substituer à

l‘openfield. Il s‘agit d‘un grand mouvement de clôture et de remembrement des terres

agricoles qui se développe en Angleterre, ce qui a permis :

 L‘élimination des petits propriétaires

 Un développement de la production agricole sur des terres closes

La constitution de grandes exploitations plus favorables au développement de nouvelles

technologies.

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17

Partie II : LA REVOLUTION INDUSTRIELLE (18ème – 20ème


Siècle)

Chapitre IV. La Révolution industrielle

IV.1. Qu’est-ce que la révolution industrielle ?

IV.2. Révolution agricole, démographique et culturelle

IV.2.1. Révolution agricole

IV.2.2. Révolution culturelle

IV.3.3. Révolutions technique et financière

IV.3.4. Le rôle du marché et de l’Etat

IV.3.5. Révolution des transports

IV.3.6. La Révolution sur les domaines de la science et la santé.

Chapitre IV. La Révolution industrielle

IV.1. Qu’est-ce que la révolution industrielle ?

La Révolution industrielle désigne la période historique allant de la fin du 18ème siècle

au début du 20ème siècle. Cette période est marquée par des changements importants

qui vont chambouler à jamais notre société avec notamment le passage d'un système de

production artisanale à un système de production industrielle avec l’utilisation de

machines.

Cette révolution apparaît en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle avant de s'étendre au

cours du XIXe siècle au continent européen et aux Etats-Unis .

Le terme révolution évoque l‘idée d‘un changement radical et d‘une mutation profonde

des structures économiques. C‘est une rupture quantitative favorisant la croissance à

partir des facteurs favorables qui ont permis la mise en œuvre d‘inventions nouvelles. La

révolution industrielle correspond au développement spectaculaire de l‘industrie à partir

de la fin du 18° siècle en Grande Bretagne, puis au cours du 19° siècle dans le reste du

monde.

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18

Les inventions dans la seconde moitié du 19ème siècle

Années Inventions

1859 Premiers puits du pétrole (Drake, Pennsylvanie)


1866 Dynamite
1867 Bicyclette
1867 Dynamo
1876 Téléphone
1877 Phonographie
1878 Lampe électrique
1879 Locomotive électrique
1885 Moissonneuse-batteuse
1885 Voiture à essence
1888 Pneumatiques
1890 Premier vol
1890 Télégraphie sans fil
1895 Cinématographie
Au début de la révolution industrielle, se trouve la phase du décollage économique «

take-off » qui assure le renouveau des conditions de croissance. Cette période de

transition a été définie par ROSTOW (1916–2003) et selon lui, elle est rendue possible

par l‘accumulation du capital, par la création d‘industries motrices et par la constitution

d‘institutions politiques modernes. (« Les étapes de la croissance économique » 1960)

Rostow3.

3
la société traditionnelle (Traditional society)

 les conditions préalables au décollage (Preconditions for take-off)

 le décollage (Take-off)

 la phase de maturité (Drive to maturity)

 l'âge de la consommation de masse (Age of High mass consumption)

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19

La considération que la révolution industrielle conçue comme un bouleversement

fondamental est souvent exagérée selon François Caron« Les deux révolutions

industrielles du 20°siècle » 1999) ; pour lui, l‘industrialisation est un processus continu,

le résultat des efforts maintenus sur plusieurs siècles. Distinguons la 1 ère et la 2ème

industrialisation.

- La Première Révolution industrielle avec l’invention de la machine à vapeur et

l’exploitation du charbon (fin 18ème siècle - 19ème siècle)

- La Deuxième Révolution industrielle avec l’exploitation du pétrole et de l’électricité.

(Fin 19ème siècle – début 20ème siècle).

La première et la deuxième industrialisation

Première industrialisation Deuxième industrialisation


Sources d’énergie Charbon Pétrole
Electricité
Les techniques Machine à vapeur Moteur électrique
fondamentales
Les industries clés Sidérurgie Industrie électrique
Industrie textile Chimie
Biens de consommation
Le transport Chemin de fer Automobile
Bateau à vapeur (Steamer) Avion
Tramway électrique
Les conditions du travail Début du travail en usine Fordisme
Essor du travail dans les Essor du travail de bureau
mines Début de la mécanisation des
campagnes
Les mutations sociales Début de l’exode rural Essor des classes moyennes
Essor du monde ouvrier Début de la consommation des
Urbanisation masses
Alphabétisation Grandes lois sociales

IV.2. Révolution agricole, démographique et culturelle

La révolution industrielle s‘accompagne d‘une triple révolution concernant l‘agriculture,

les évolutions démographiques et le changement de mentalité mais aussi le progrès de la

Médecine.

Histoire économique, Ass2 ERIC NDAGIJIMANA NDAMIYEHE


20

IV.2.1. Révolution agricole

L‘outillage traditionnel s‘améliore : réalisation des socs en fer au lieu que ceux en bois.

La forme de charrue a été modifiée et la faux remplace graduellement la faucille.

L‘introduction des plantes fourragères conduit à une situation tout à fait nouvelle, ces

plantes n‘épuisent pas le sol car leur consommation en produits chimiques est différente

de celle des céréales traditionnelles et elle s‘effectue à une profondeur plus importante.

Elles autorisent un cycle quadriennal qui remplace le cycle triennal habituel. Ainsi un

système qui était improductif une année sur trois devient constamment productif. Le

rôle de l‘agriculture dans la révolution industrielle reste pourtant sujet à controverses.

Pour de nombreux historiens dont Paul Bairoch (1930-1999), la révolution industrielle

aurait été impossible sans un développement antérieur ou concomitant de l‘agriculture, le

décollage s‘effectue dans une situation d‘autosuffisance alimentaire dans un monde ou

80% à 90% vivent de la terre. Les effets positifs du développement de l‘agriculture sur

l‘industrie peuvent être difficilement niés :

Dans l‘agriculture, l‘heure est à la mécanisation et à l‘utilisation des engrais chimiques,

qui se substituent aux engrais naturels ; la diffusion de ces progrès est lente, en raison

de la méfiance persistante des paysans. Mais ces résistances sont progressivement

vaincues par les agronomes et les Etats qui mènent une politique agricole active.

o Amélioration des rendements donc une meilleure alimentation, amélioration de la

productivité dans le secteur industriel

o L‘agriculture a fourni les matières premières à l‘industrie (coton, bois, laine)

o Les exportations des matières agricoles fournissent des devises pour l‘achat des

biens d‘équipement industriel

o Une main d‘œuvre rurale non qualifiée et peu exigeante est disponible pour

travailler dans les usines et les mines

Les progrès réalisés par l‘agriculture permettent un accroissement démographique.

Alors que la natalité reste élevée, la révolution agricole provoque une chute

spectaculaire de la mortalité. Cet accroissement de la population se fait dans un

Histoire économique, Ass2 ERIC NDAGIJIMANA NDAMIYEHE


21

contexte d‘urbanisation et de concentration de la main d‘œuvre près des centres

industriels. En conséquence la taille des marchés s‘accroît et la demande de produits

manufacturés est plus soutenue, la consommation stimulant l‘expansion industrielle.

IV.2.2. Révolution culturelle

Le décollage économique suppose de la part de la population une nouvelle attitude par

rapport à l‘argent. Le profit a été pendant longtemps considéré comme illégitime. Le

profit est ainsi une notion condamnable. La réussite des affaires est conçue comme un

devoir, elle est la preuve que « le Seigneur accorde sa grâce à ceux qui s‘enrichissent »

L‘affirmation d‘un Etat de droit est même favorable à la croissance et au développement

des affaires. L’économie politique est née avec la révolution industrielle. Les

économistes classiques sont les premiers à donner une interprétation générale du

système économique fondée sur la notion de marché. Leurs analyses sont en rupture

avec les Mercantilistes et avec les Physiocrates. Pour les Classiques, le partage du

revenu national se fait de plus en plus en faveur de propriétaires fonciers et des

travailleurs aux dépens des entrepreneurs capitalistes. Cette situation doit amener

l‘économie vers un état stationnaire pour repousser cette échéance, D. RICARDO milite

en faveur de l‘importation des céréales à bon marché KARL MARX, insiste sur le fait que

le capitalisme par son mode de fonctionnement génère des crises de surproduction.

IV.3.3. Révolutions technique et financière

Les inventions se développent par grappe (Schumpeter) ; la mise en œuvre d‘une

innovation entraîne nécessairement d‘autres innovations. L‘utilisation des locomotives

amène vers des recherches sur des matériaux nouveaux pour fabriquer les rails dans le

but de remplacer le fer.

Insuffisamment résistant, les premières découvertes décisives se font dans l‘industrie

cotonnière. En 1769, James watt invente la machine à vapeur : simplification des rouages

de transmission, remplacement du piston par la turbine. La machine à vapeur est utilisée

pour pomper l‘eau, pour créer de nouvelles machines à outils. L‘utilisation du fer connaît

aussi un progrès considérable. Le financement de l‘industrialisation suppose le

développement des banques et des marchés financiers. Dans un premier temps, les

Histoire économique, Ass2 ERIC NDAGIJIMANA NDAMIYEHE


22

capitaux personnels tirés du négoce maritime ou de la propriété foncière et

l‘autofinancement ont paru suffisants mais l‘épargne personnelle ne suffisait plus à

financer l‘industrie, du fait du besoin en financement de machines plus sophistiquées et

plus coûteuses. Les banques ont été créées pour faciliter les opérations de crédit. Une

séparation a été effectuée entre les banques de dépôts et les banques d‘affaires. Les

premières sont en contact direct avec le public grâce à de nombreuses succursales et

trouvent leurs ressources dans le dépôt de leur clientèle. Les secondes se financent par

capitaux propres ou par recours à l‘emprunt et prennent des participations dans des

affaires industrielles. Le meilleur exemple nous est donné avec les banques allemandes

qui ont véritablement joué un rôle actif dans le développement de la grande industrie

allemande (La Deutsche Bank, ….) Le développement des Sociétés Anonymes et de la

Bourse ne se fera véritablement que dans la seconde moitié du 19° siècle.

IV.3.4. Le rôle du marché et de l’Etat

Pendant des siècles, en Europe, toutes les activités à caractère économique étaient

réglementées ; cette réglementation était de nature à entraver l‘accumulation du capital

et à contrarier l‘augmentation des richesses. Le triomphe du libéralisme entraîne

l‘émergence des marchés nationaux et internationaux provoqué par :

o La réduction de l‘autosuffisance et de l‘autoconsommation en milieu rural

o La modernisation croissante des transactions

o Le développement des moyens de transport

o Un cadre juridique étatique garantissant les rapports d‘échange et le maintien de la

concurrence.

IV.3.5. Révolution des transports

Les échanges de marchandises sont favorisés par l‘amélioration des réseaux routiers et

l‘extension des canaux. La première ligne du chemin de fer est mise en place en 1821

près de Newcastle en Grande Bretagne.

Le progrès réalisé dans la construction de la machine à vapeur bouleverse la navigation

maritime, ce qui a stimulé les échanges et le commerce international. L‘Etat jouait la

fonction du gendarme, il s‘agissait du « laisser faire » avec un protectionnisme qui ne va

Histoire économique, Ass2 ERIC NDAGIJIMANA NDAMIYEHE


23

être levé qu‘en 1846 avec la suppression des cornslaws ou lois sur le blé qui étaient une

série de lois protectionnistes appliquées au Royaume Uni entre 1815 et 1846 ; elles

encourageaient l’exportation et décourageaient l’importation de blé lorsque son cours

passait en dessous d’un certain seuil, ce qui abritait les producteurs britanniques

(souvent aristocratiques) de la concurrence extérieure, en particulier des colonies

(comme l’Irlande) ;

Les conséquences de ces corn laws :

 Augmentation du prix du pain, élément de base misère des ouvriers,

 Hausse des prix des transports qui emmenaient des marchandises anglaises mais

revenaient vides,

 Élévation des prix des terres à louer appartenant aux aristocrates opposés à

toute réforme,

 Peu de terres disponibles pour fermiers qui louent à prix fort,

Bref, le corn laws entrave au libre-échange.

En Allemagne, l‘Etat assure l‘unification douanière du marché intérieur par la création du

Zollverein en 1834. En France l‘Etat continue l‘amélioration du réseau routier (création

de l‘école Ponts et Chaussées 1749). Avec la grande crise de la fin de siècle (1873-1896),

une période s‘achève pour les pays pionniers de la révolution industrielle,

l‘industrialisation est définitivement lancée mais la croissance demeure instable.

IV.3.6. La Révolution sur les domaines de la science et la santé.

Deux grandes découvertes scientifiques vont considérablement marquer ce 19ème

siècle. En effet, grâce aux innovations techniques qui découlent de cette révolution

industrielle, les chercheurs vont pouvoir collaborer et faire progresser énormément les

sciences. Ainsi,

 La radioactivité : MARIE CURIE est une physicienne française qui va, avec son

mari, découvrir la radioactivité qui permettra plus tard le développement de

rayon X.

Histoire économique, Ass2 ERIC NDAGIJIMANA NDAMIYEHE


24

 Le vaccin contre la rage : LOUIS PASTEUR est un scientifique français qui

découvre l’action des microbes dans le développement des infections. C’est ainsi

qu’il va mettre au point un vaccin contre la rage.

PARTIE III. MONDIALISATION PAYS DEVELOPPES ET PAYS EN

DEVELOPPEMENT:

CHAPITRE V. LA MONDIALISATION

V.1. Définitions

V.2. Caractéristiques de la mondialisation

La mondialisation est devenue l’un des concepts les plus en vogue depuis le milieu des

années 90, non seulement dans le milieu des sciences sociales, mais également au sein du

grand public. Le terme est fréquemment employé dans les discours politiques, le plus

souvent pour justifier des restructurations dans le domaine public et le retrait de l’État

dans certains secteurs d’activités économiques. Dans le monde des affaires, on réfère
généralement à la mondialisation pour expliquer la nécessité de « rationaliser » les

activités de l’entreprise et pour justifier les vagues de fusions-acquisitions sur le

plan international. Pour une partie importante de la population finalement,

mondialisation rime avec pertes d’emplois, exploitation des travailleurs par les grandes

entreprises et hausse des inégalités. Mais à quelle réalité le concept de mondialisation

s’applique-t-il ? Quelles sont les manifestations, les causes, et surtout quels sont les

impacts de ce phénomène ?

V.1. Définitions

Les définitions de la mondialisation abondent dans la littérature scientifique, ce qui

entraîne une certaine confusion quant à l’utilisation de ce terme.

Ainsi, le mot mondialisation est employé de manière peu rigoureuse « comme un mot

parmi d’autres pour désigner simplement l’internationalisation plus poussée de l’activité

économique s’exprimant par une intégration et une interdépendance accrues des

économies nationales. » (GRAHAME THOMPSON).

Histoire économique, Ass2 ERIC NDAGIJIMANA NDAMIYEHE


25

Depuis peu, plusieurs chercheurs se sont attelés à la tâche de définir clairement ce

concept sans pour autant parvenir à un consensus à ce sujet. Plusieurs des définitions

proposées pêchent soit par minimalisme, en réduisant le phénomène à ces manifestations

économiques, soit par généralisation excessive en l’associant à tous les changements

modernes au sein de la société humaine.

Dans le milieu des sciences économiques et du monde des affaires par exemple, on

utilise fréquemment le concept de mondialisation pour ne référer qu’à l’accroissement

des transactions commerciales et financières transfrontalières. Dans sa définition de la

mondialisation, JEAN-LUC FERRANDERY(1998) insiste sur la nature capitaliste de ce

concept qui, selon lui, désigne un « mouvement complexe d’ouverture des frontières

économiques et de déréglementation, qui permet aux activités économiques capitalistes

d’étendre leur champs d’action à l’ensemble de la planète. » Selon une interprétation

encore plus restreinte de la mondialisation, celle-ci résulte d’un ensemble de stratégies

économiques résidant dans l’esprit des décideurs, et en particulier des dirigeants

d’entreprises privées (KHERDJEMIL, 1999; MUCCHIELLI, 1998).

Ce point de vue est fortement contesté par plusieurs observateurs qui affirment au

contraire que la mondialisation est un processus induit par l’évolution du marché plutôt

que le résultat de politiques volontaires. (MITTLEMAN, 1996) 7 En général, les

définitions dites « officielles » de la mondialisation associent ce phénomène à celui du

commerce international de manière très étroite comme le fait, par exemple, la

Commission européenne : « La mondialisation peut se définir comme le processus par

lequel l’interdépendance entre les marchés et la production de différents pays s’accroît

sous l’effet des échanges de biens et de services ainsi que des flux financiers et

technologiques. Il ne s’agit pas là d’un phénomène nouveau mais de la poursuite d’une

évolution amorcée depuis longtemps. » (Commission européenne, 1997).

Dans le même ordre d’idées, ANTOINE AYOUB (1998, p.477) suggère une définition qui

souligne le rôle central du libre-échange s’étendant à une portion de plus en plus large

des activités humaines. Selon lui, la mondialisation peut être définie comme étant la «

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26

propagation de la libre circulation des biens, des services, des capitaux, des hommes et

des idées entre tous les pays en faisant abstraction des frontières politiques qui les

séparent.

Dans les autres disciplines des sciences sociales, le concept de mondialisation est

souvent utilisé de manière plus englobant où il représente alors la tendance à «

l’interconnexion mondiale croissante » dans pratiquement tous les domaines :

économique, culturel, technologique, politique, juridique, militaire, environnemental et

social (MCGREW, 1997). GRAHAME THOMPSON (1999) va jusqu’à dire qu’elle fait

intervenir « la totalité des phénomènes sociaux contemporains ».

V.2. Caractéristiques de la mondialisation

La polémique entourant la définition même de la mondialisation fait en sorte que les

divergences d’opinion se retrouvent également dans l’identification des caractéristiques

et des manifestations du phénomène. Mais en dépit des désaccords, certaines de ces

caractéristiques de nature générale rallient une majorité de chercheurs. Selon

ANTHONY MCGREW (1997), les lignes directrices de la mondialisation peuvent se

résumer dans les caractéristiques suivantes :

a. « Interdépendance ».

Par l’effet de l’échange et de la diffusion de l’information, les activités sociales,

politiques et économiques transcendent les frontières nationales de telle sorte que les

événements, décisions et activités situés à n’importe quel endroit dans le monde peuvent

affecter les individus et les communautés en tout point du globe.

b. « Effacement des frontières nationales »

La frontière entre ce qui est local et ce qui est global devient de plus en plus floue. Il

est par conséquent plus difficile de distinguer ce qui est « interne » de ce qui est «

externe ».

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27

c. « Conflit de souveraineté »

L’interdépendance croissante génère de plus en plus de problèmes transnationaux

mettant en question la souveraineté nationale. Ces questions ne peuvent être résolues

que par la voie du multilatéralisme intergouvernemental.

d. « Complexité systémique »

L’augmentation du nombre d’acteurs et des liens entre eux entraîne une intensification

et une complexification du système mondial et génère une contrainte systémique sur

leurs activités et leur autonomie.

Quant aux manifestations purement économiques de la mondialisation, elles sont

généralement reconnues comme étant les suivantes : délocalisation de la production,

privatisations et libéralisation du secteur financier.

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28

CHAPITRE VI. PAYS DEVELOPPES ET PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT

VI.1. Caractéristiques des pays développés et des pays en développement

1. Évaluer la richesse et le développement

2. Pays riches et pays pauvres

VI.2. Le Nord : les pays développés

1. Quels sont les pays du Nord ?

2. Les facteurs de la richesse du Nord

3. Les contrastes du Nord

VI.3. Des « Sud » très divers

1. Les NPI

2. Les pays intermédiaires

3. Les pays pétroliers

4. Les pays moins avancés

Le monde a connu depuis la Seconde Guerre mondiale une forte croissance économique.

Mais cet enrichissement spectaculaire s'accompagne de l'accentuation manifeste des

inégalités : 15 % de la population contrôlent de 75 % (industries, commerce) à 85 %

(capitaux, technologies, informations) de la richesse mondiale.

Quels éléments distinguent les pays riches des pays pauvres ? L'évolution va-t-elle dans

le sens d'un renforcement ou d'une disparition des inégalités ?

VI.1. Caractéristiques des pays développés et des pays en développement

1. Évaluer la richesse et le développement

• Pour évaluer la richesse d'un État, on s'appuie généralement sur des critères

économiques comme la croissance. Celle-ci correspond à l'augmentation de la richesse du

pays mais cela ne signifie pas que tous les habitants en bénéficient. L'indicateur le plus

souvent utilisé, le PIB (ou le PNB) par habitant, donne une idée de la richesse moyenne

Histoire économique, Ass2 ERIC NDAGIJIMANA NDAMIYEHE


29

d'une population. Il ne permet pas, cependant, de déterminer l'état de son

développement.

• En effet, le développement ne se limite pas à l'accroissement des revenus. Il

correspond à également à une transformation de la société, au progrès des mentalités et

l'amélioration de la qualité de vie . Pour l'évaluer, on a mis au point un indicateur


spécifique : l'indicateur de développement humain, l'IDH. C'est un indice qui prend en

compte plusieurs facteurs : l'espérance de vie, le niveau d'instruction et le niveau de vie.

Il varie de 0 à 1 (au-delà de 0,8, on estime qu'il est élevé ; au-dessous de 0,5, on estime

qu'il est faible).

• De façon plus sommaire, on peut aussi utiliser, pour évaluer le niveau de développement

d'un pays, le pourcentage de pauvres de sa population totale.

2. Pays riches et pays pauvres

On distingue globalement deux groupes de pays dans le monde : le Nord regroupant les

pays développés et le Sud qui rassemble les pays en voie de développement (PVD), aussi

appelés pays en développement (PED).

Plusieurs éléments les opposent :

• Le niveau de vie : élevé pour le Nord (le PNB par habitant des États-Unis était,

en 2003, de 36 562 dollars), il est faible pour le Sud (710 dollars par habitant en

Éthiopie).

• La modernité de l'économie : les pays développés se caractérisent par une agriculture

productive, une gamme variée d'industries comprenant les industries de pointe

(télécommunications et informatique), des services et des infrastructures très

développés. À l'inverse, l'économie des pays en voie de développement est dominée par

une agriculture extensive, dont la production ne suffit pas toujours à nourrir la

population ; l'industrialisation y est souvent insuffisante tout comme le réseau de

transport. D'où une moindre importance de ces pays dans le commerce mondial.

Les PED exportent surtout des matières premières et des produits manufacturés

simples (les textiles) alors que les pays développés exportent des produits de haute

technologie qui rapportent davantage.

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30

• La croissance de la population : faible dans les pays du Nord, elle est forte au Sud

car la fécondité et le taux de natalité y sont élevés (d'où une population très jeune).

• L'espérance de vie : la population des pays riches bénéficie d'une alimentation

équilibrée et d'un bon encadrement sanitaire et médical, l'espérance de vie y est donc

élevée. Les pays pauvres, en revanche, connaissent encore des problèmes alimentaires

(852 millions de personnes, en 2002, souffraient de sous-nutrition). Dans certains pays,

la situation est si fragile que la famine peut survenir très vite. Par ailleurs, l'hygiène et

la santé sont moins surveillées. L'espérance de vie est plus basse et la mortalité,

infantile en particulier, plus importante.

• L'accès à l'éducation : si la quasi-totalité de la population du Nord est alphabétisée,

celle du Sud comprend une part importante d'analphabètes car la scolarisation est

limitée.

• Les inégalités sociales (entre les personnes) et les inégalités spatiales (entre les

régions) sont plus accentuées dans le Sud.

VI.2. Le Nord : les pays développés

1. Quels sont les pays du Nord ?

• Le Nord est dominé par la Triade qui regroupe les grands pôles économiques du monde :

– Au classement par pays, les États-Unis sont la première puissance économique

mondiale. Ils se classent au premier rang des puissances agricoles et des puissances

industrielles. Leur domination dans les domaines clefs (informatique et

télécommunications) et leur maîtrise de la haute technologie leur permettent d'être

bien placés dans les échanges mondiaux. Depuis 1991, ils connaissent une croissance

économique continue.

– Le Japon possède une industrie puissante, malgré la crise récente. Il a énormément

investi en Asie du Sud-Est.

– L'Union européenne, qui regroupe vingt-cinq pays depuis 2004, représente à cette date

7,2 % de la population mondiale mais produit 20 % de la richesse mondiale, ce qui la place

à la première place devant les États-Unis (15 %). Elle assure 38 % du commerce mondial.

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31

• Les pays de l'ancien monde communiste étaient autrefois considérés comme des pays

développés. À partir de 1990-1991, ils ont adopté l'économie de marché mais

l'adaptation s'avère difficile (agriculture peu productive, industrie peu variée,

infrastructures parfois limitées, retard technologique). Il faut cependant distinguer les

anciennes démocraties populaires d'Europe de l'Est (l'IDH de la Hongrie est de 0,837

en 2004, celui de la République tchèque, de 0,867) des ex-Républiques asiatiques de

l'URSS (l'IDH du Tadjikistan est de 0,677), ces dernières étant désormais considérées

comme faisant partie du Sud.

2. Les facteurs de la richesse du Nord

Les pays du Nord sont des États anciennement industrialisés et leurs atouts sont

multiples.

• Ils sont les grands investisseurs de la planète. Les principaux mouvements de capitaux

ont lieu entre les trois pôles de la Triade. Les pays du Nord disposent donc des capitaux

nécessaires pour mieux s'intégrer dans les échanges mondiaux, moderniser sans cesse

leur économie et favoriser le développement de la recherche.

• La maîtrise de la technologie de pointe est capitale aujourd'hui. Les pays industrialisés

détiennent 90 % du potentiel scientifique mondial. Les États-Unis, par exemple,

comptent 7,4 chercheurs pour 1000 habitants, soit plus de deux millions. Ils contrôlent

bien souvent la diffusion des découvertes dans le reste du monde.

• Leur dernier atout est constitué par les FMN ou firmes multinationales : elles

produisent 40 % de la richesse créée chaque année. Toutes appartiennent aux pays du

Nord.

3. Les contrastes du Nord

• La pauvreté n'est pourtant pas absente des pays du Nord. Les États développés

comptent une centaine de millions de pauvres et environ cinq à dix millions de personnes

sans domicile fixe. Avec la mondialisation s'est en effet développée la concurrence. Elle

s'accompagne du développement de l'emploi précaire, voire du chômage dans le cas de

l'Europe. La pauvreté dans les pays riches varie selon le sexe, l'âge, la région habitée et

n'est pas la même à la ville ou à la campagne.

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32

VI.3. Des « Sud » très divers

L'expression « tiers-monde », utilisée depuis 1952 pour désigner les pays peu ou pas

développés n'appartenant à aucun des deux blocs (Est ou Ouest), ne correspond plus

vraiment à une réalité. Cet espace présente une très grande diversité.

1. Les NPI

Les NPI sont les nouveaux pays industriels. La première génération d'entre eux (Corée,

Singapour) a développé son industrie grâce aux investissements étrangers. Ils se sont

spécialisés dans les produits vendus sur le marché mondial. Ils ont rejoint, aujourd'hui,

les pays développés. La deuxième génération de NPI (Viêt Nam, Thaïlande, Indonésie)

connaît une forte croissance mais son développement n'est pas encore complet.

2. Les pays intermédiaires

L'expression utilisée pour les désigner, « pays émergents », recouvre une grande variété

de situations.

• Le Brésil est un pays puissant (son PNB est le 12e mondial) mais mal développé (il est au

65e rang en termes d'IDH). Il y subsiste de fortes inégalités entre les hommes et la

mise en valeur de l'espace y est déséquilibrée : la région du Sudeste concentre

l'essentiel des hommes et des activités.

• La Chine connaît une forte croissance mais les inégalités y restent très fortes, en

particulier entre les paysans du centre et les habitants des villes du littoral (où sont

concentrées les zones d'économie spéciales, les ZES). Elle présente de plus l'un des

traits caractéristiques du sous-développement : une relative dépendance technologique.

Encore un peu en retrait, l'Inde connaît un essor du même ordre et pourrait devenir une

autre « puissance nouvelle » dans les années à venir.

3. Les pays pétroliers

• Grâce à leurs ressources naturelles (gaz, pétrole), ce sont des pays riches. Pour

autant, leur développement n'est pas achevé : le secteur industriel y est très peu

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étendu. Par ailleurs, l'accès à l'éducation n'y est pas toujours assuré à tous, en

particulier aux femmes (dans les pays du Golfe notamment).

4. Les pays moins avancés

La situation des PMA est très difficile. Ils sont très nombreux en Afrique

subsaharienne (Mozambique, Niger) mais existent aussi en Asie (Bangladesh). Encore

touchés par la sous-alimentation, ils comptent parfois plus de 50 % de pauvres

(Éthiopie). L'accès à l'hygiène, aux soins et à l'éducation y est limité.

• Plusieurs facteurs expliquent cette situation : l'instabilité politique, le manque de

scrupules des dirigeants, la croissance rapide de la population qui absorbe toute

augmentation des richesses, le manque d'investissements, la dépendance vis-à-vis du

Nord et une explosion urbaine mal maîtrisée qui renforce la misère. L'évolution

des PMA est préoccupante : ces pays sont quasiment à l'écart des échanges

internationaux.

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CHAPITRE VII. MESURER LE SOUS-DÉVELOPPEMENT

VI.1. La mesure par le PNB/habitant

La Banque mondiale mesure le niveau de développement par un indicateur de richesse,

le revenu moyen de la population assimilé au PNB/habitant. Cela lui permet de classer les

pays en trois catégories selon leur niveau de richesse (les données sont de 2006) :

• 53 pays à revenu faible (moins de 905 $/habitant) : on y retrouve en majorité des

pays pauvres africains et asiatiques comme le Mali, le Kenya, le Libéria, la Mauritanie, le

Bangladesh, le Cambodge,

Le Népal… mais aussi l’Inde ;

• 96 pays à revenu intermédiaire (entre 906 et 11 115 $/habitant) : devant la trop

grande hétérogénéité de cette catégorie, la Banque mondiale la structure en deux sous-

catégories depuis 1989 :

– 55 pays à revenu intermédiaire tranche inférieure (entre 906 et 3 595 $/habitant)

: on y retrouve d’autres PED d’Afrique et d’Asie comme l’Algérie, le Sri Lanka et

surtout la Chine, mais aussi des PED d’Amérique latine comme Cuba ou la Colombie et des

pays d’Europe centrale et orientale (PECO) en transition comme l’Albanie, la Moldavie ou

l’Ukraine ;

– 41 pays à revenu intermédiaire tranche supérieure (entre 3 596 et 11 115

$/habitant) : on y retrouve encore des PED comme les grands pays d’Amérique latine que

sont le Brésil ou l’Argentine, et la majorité des PECO comme la Hongrie ou la Pologne et

surtout la Russie ;

• 60 pays à revenu élevé (plus de 11 116 $/habitant) : ce sont les PDEM mais aussi

certains pays du Moyen-Orient comme le Qatar, les Émirats arabes unis ou le Koweït, et

des pays asiatiques comme la Corée du Sud, Hong Kong ou Singapour.

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Cette classification rencontre des limites comme l’illustre le fait que les PED sont

représentés dans toutes les catégories. En effet, cette classification ne tient pas

compte par exemple de la répartition et de l’utilisation des revenus, et n’est donc pas

affectée par les inégalités internes des pays. De plus, elle réduit le développement à la

seule variable du niveau de vie.

VII.2 La mesure par les indicateurs de développement

Le niveau de développement d’un pays ne se limite pas à son niveau de richesse

économique, le développement ne se réduisant pas à la croissance économique. C’est

pourquoi d’autres indicateurs sont souvent utilisés. Ainsi, le taux de mortalité infantile

est l’un des plus pertinents puisqu’il est affecté par le niveau d’éducation des femmes

d’un pays, le niveau d’exposition aux maladies de la population et le niveau du système de

santé (hôpitaux…). On considère qu’un pays ayant un taux de mortalité infantile

supérieur à 5 % est en sous-développement. Mais cet indicateur est encore trop limité,

car il ne prend pas en compte suffisamment de facteurs de développement.

Le PNUD a donc créé en 1990 un indicateur synthétique, l’indicateur de

développement humain (IDH). Considérant que le développement traduit l’extension des

possibilités humaines, celle-ci nécessite trois conditions : la possibilité de vivre

longtemps et en bonne santé, la possibilité de s’instruire, et enfin les possibilités d’accès

aux ressources permettant de vivre convenablement.

Pour représenter ces trois dimensions du développement (santé, éducation, niveau de

vie), l’IDH synthétise trois indicateurs mesurés de 0 à 1 (plus il est élevé, plus le pays

est développé):

• Un indicateur de longévité et de santé mesuré par l’espérance de vie à la naissance ;

• Un indicateur d’instruction mesuré pour deux tiers par le taux d’alphabétisation des

adultes et pour un tiers par le taux de scolarisation ;

• Un indicateur de niveau de vie mesuré par le PNB/habitant en PPA (parité de

pouvoir d’achat).

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L’IDH synthétise ces trois indices en un seul traduisant le niveau de développement

du pays, noté de 0 à 1. Ainsi, en 2005, les pays à développement humain élevé ont un IDH

supérieur à 0,800 ; les pays à développement humain moyen ont un IDH compris entre

0,500 et 0,799 ; les pays à développement humain faible ont un IDH inférieur à 0,500.

Espérance de vie à la naissance (EV). Déjà définie plus haut, l’espérance de vie à la

naissance est le nombre d’années que vivrait un nouveau-né si les caractéristiques de

mortalité de sa population au moment de sa naissance demeuraient les mêmes tout au

long de sa vie.

- Taux de mortalité infantile (TMI) ou probabilité de décès entre la naissance et le

premier anniversaire, calculée pour 1 000 naissances vivantes.

- Taux de mortalité maternelle (TMM) ou nombre de femmes décédant chaque

année d’une cause liée à une grossesse, pour 100 000 naissances vivantes.

- Prévalence du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou pourcentage de

personnes âgées de 15 à 49 ans affectées par le VIH.

- Prévalence de la malaria (MAL) ou nombre de personnes souffrant du paludisme

pour 100 000 habitants.

- Prévalence de la tuberculose (TUB) ou nombre de personnes souffrant de la

tuberculose pour 100 000 habitants.

Les indicateurs de nutrition et des conditions sanitaires

Les trois indicateurs de nutrition les plus fréquemment utilisés sont l’indicateur de

malnutrition, l’indicateur d’insuffisance pondérale chez les enfants et l’indicateur de

retard de croissance chez les enfants.

1. Indicateur de malnutrition (IMAL) ou pourcentage de la population dont la ration

alimentaire est chroniquement insuffisante pour satisfaire les besoins

énergétiques minimaux. On remarquera que cet indicateur ne s’adresse qu’à à la

malnutrition née des carences alimentaires. Il ne tient pas compte d’un autre

aspect de la malnutrition, lié celui-là à une suralimentation, source possible

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d’obésité, un phénomène qui est de plus en plus présent dans les PED, ou du moins

dans les régions urbaines de ces pays.

2. Indicateur d’insuffisance pondérale chez les enfants (IIPE). Cet indicateur est

calculé en pourcentage des moins de 5 ans. Il comprend au numérateur les cas

d’insuffisance pondérale modérée (enfants dont le poids est inférieur à plus de

deux écarts-types au poids médian de la population de référence à l’âge

considéré) et aiguë (plus de trois écarts-types en deçà du poids médian).

Indicateur de retard de croissance chez les enfants (IRCE). Cet indicateur est aussi

calculé en pourcentage des moins de 5 ans. Il comprend au numérateur les cas de retard

de croissance correspondant à deux écarts-types en deçà de la taille médiane de la

population de référence à l’âge considéré.

3. Indicateur des conditions sanitaires (ICS). L’indicateur, qui est privilégié et qui

est retenu ci-après, est le pourcentage de la population ayant un accès régulier à

des points d’eau potable aménagés (réseaux d’abduction d’eau, robinets publics,

trous de sonde équipés de pompes, puits protégés, sources et citernes d’eau de

pluie protégées). Par accès régulier, on entend la possibilité de se procurer au

moins 20 litres par personne et par jour, à partir d’un point d’eau situé à moins

d’un kilomètre du logement. Sont considérés comme étant des points d’eau non

aménagés les services procurés par les vendeurs d’eau, l’eau en bouteille, les

camions citernes et les sources et puits non protégés

Les indicateurs d’alphabétisation et de scolarité

On retiendra, comme indicateurs d’alphabétisation et de scolarité, trois taux.

Taux d’alphabétisation des adultes (TAA) ou pourcentage des personnes âgées de 15

ans et plus qui peuvent, en le comprenant, lire et écrire un texte simple et court sur leur

vie quotidienne, ce taux, nous l’avons vu, étant un des éléments de l’IDH.

Taux net de scolarisation dans le primaire (TSP) ou nombre d’élèves inscrits dans

l’enseignement primaire et ayant l’âge correspondant à ce niveau, exprimé en

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pourcentage de la population totale d’individus appartenant au groupe d’âge

correspondant.

Taux net de scolarisation dans le secondaire (TSS) ou nombre d’élèves inscrits dans

l’enseignement secondaire et ayant l’âge correspondant à ce niveau, exprimé en

pourcentage de la population totale d’individus appartenant au groupe d’âge

correspondant.

Certaines publications statistiques retiennent un taux brut de scolarisation au lieu du

taux net, c’est-à-dire un taux comprenant au numérateur tous les élèves inscrits dans le

cycle d’enseignement considéré quel que soit leur âge. Il n’est ainsi pas rare d’obtenir un

taux brut, particulièrement pour le primaire, qui soit supérieur à 100. Rappelons que

l’indice de scolarité, tous enseignements confondus, compris dans le calcul de l’IDH,

prenait en compte le taux brut et non pas le taux net.

Les indicateurs de gouvernance

La gouvernance est la manière dont un État gouverne, c’est-à-dire administre et gère

les affaires publiques, et aussi sa capacité à offrir un cadre légal et juridique ainsi qu’un

environnement sécuritaire à la poursuite des activités privées et civiles.

De nombreuses organisations gouvernementales et non gouvernementales se sont

lancées ces dernières années dans la construction d’indicateurs de gouvernance. Les

deux indicateurs les plus connus sont ceux qui furent mis au point par la Banque mondiale

et l’organisation non gouvernementale Transparency International. Ces deux indicateurs

ont en commun le fait qu’ils sont basés non pas nécessairement sur des mesures

objectives de la qualité de la gouvernance mais sur des perceptions de celle-ci, ces

perceptions étant données par, entre autres, des gens d’affaires, résidents ou non, des

organisations de la société civile, des experts internationaux et des agences de cotation

du risque-pays.

L’indicateur de gouvernance de la Banque mondiale est en fait un ensemble de 6

indicateurs tels que définis ci-après (Kaufmann, Kraay et Mastruzzi, 2005).

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Être à l’écoute et rendre compte (ERC). Mesure les droits politiques et civils ainsi

que les droits de la personne.

Instabilité politique et violence (IPV). Mesure la probabilité de menace de violence

contre les gouvernements, voire leur probabilité de renversement, y compris le

terrorisme.

Efficacité des pouvoirs publics (EPP). Mesure la compétence de la bureaucratie et la

qualité de la prestation du service public.

Fardeau réglementaire (FR). Mesure l’incidence des politiques non favorables au

fonctionnement du marché.

État de droit (ED). Mesure la qualité de la mise en place des contrats, la qualité de la

police et des tribunaux, y compris l’indépendance judiciaire, et l’incidence de la

criminalité.

Maîtrise de la corruption (MC). Mesure l’abus des pouvoirs publics à des fins

lucratives et le détournement des biens de l’État par les élites.

Il va sans dire que ces indicateurs, malgré qu’ils s’adressent à des préoccupations

fondamentales, restent entachés d’une bonne dose de subjectivisme. À titre d’exemple,

FR suppose implicitement que la seule forme d’organisation économique est celle offerte

par le marché. La notion d’indépendance judiciaire, qui est une composante de ED, peut

dans les faits correspondre à une situation où des juges locaux, siégeant dans des

régions éloignées, peuvent se comporter comme des « petits chefs » dont les décisions

sont sans appel, etc. Il est évident que la construction des indicateurs de la Banque

mondiale, de par sa méthodologie même, reste tributaire de la façon dont tout cela est

perçu par ceux dont l’avis est sollicité.

Plus médiatisé que les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale est l’Indice

des perceptions de la corruption (IPC) publié annuellement par Transparency

International, une organisation internationale non gouvernementale dont le secrétariat

est à Berlin.

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L’IPC donne une évaluation, telle que perçue par les gens d’affaires et des analystes

pays, de l’importance de la corruption des administrations publiques et des politiciens

locaux sur la base essentiellement de la fréquence de la corruption et du montant des

pots-de-vin exigés et distribués. La valeur prise par l’IPC va de 0 (pays très corrompu) à

10 (pays à probité élevée).

En 2005, le pays qui avait l’IPC le plus bas, c’est-à-dire où la corruption était perçue

comme étant la plus forte, était le Tchad (1,7) et celui dont l’PC avait la valeur la plus

élevée était l’Islande (9,7), le Canada se classant en 14e position avec un IPC de 8,4

Les indicateurs environnementaux

La Banque mondiale publie un ensemble d’indicateurs mesurant la dégradation de

l’environnement sur la base de données provenant de sources diverses comme

l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dont le

secrétariat est à Rome, le World Conservation Monitoring Center de l’Organisation des

Nations unies pour l’environnement, basé à Cambridge, en Grande-Bretagne, et le World

Ressources Institutes, à Washington (Banque mondiale, 2005 d). Nous ne retiendrons

que de ces indicateurs.

Déforestation (DEF) ou le pourcentage annuel de conversion des surfaces

forestières naturelles en terres allouées à d’autres usages, y compris la culture

itinérante sur brûlis, l’agriculture permanente, l’élevage, le logement et le développement

des infrastructures.

Les surfaces non comptabilisées dans la déforestation sont celles soumises à

l’abattage, mais dont la régénération est prévue, et celles dont la dégradation résulte de

la collecte du bois de feu, des pluies acides et des feux de forêts. Un chiffre négatif

indique une augmentation des surfaces forestières naturelles.

Surfaces protégées au niveau national (SPN) ou le pourcentage des terres

totalement protégées ou partiellement protégées sur au moins 1 000 hectares, comme

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les parcs nationaux, les réserves ou les sanctuaires naturels, les paysages terrestres et

marins et les réserves scientifiques.

Extraction d’eau douce (EED) ou le pourcentage des réserves totales en eau douce

extraites annuellement, à l’exclusion des pertes occasionnées par l’évaporation. Le

chiffre correspondant peut excéder 100 s’il y a, entre autres, un approvisionnement

important en eau douce provenant d’usines de désalinisation ou une réutilisation de l’eau

extraite.

Émissions de dioxyde de carbone (CO2) ou le nombre de tonnes métriques de CO2

émises par habitant et par an à l’occasion de la combustion de matières fossiles solides,

liquides ou gazeuses, et de la production du ciment.

Les indicateurs de science et technologie

Trois indicateurs de science et technologie sont retenus ci-après.

Les exportations de produits de haute technologie (EXT) ou le pourcentage des

exportations de marchandises couvrant des produits dont la conception a nécessité

d’importants efforts de recherche et développement, à savoir les produits de

l’aérospatiale, de l’informatique, de la pharmacie, de l’instrumentation scientifique et du

génie électrique.

Les brevets (BREV) ou nombre de documents délivrés annuellement à des résidents

par l’administration publique, pour 1 000 000 d’habitants, qui décrivent une invention ou

créent une situation juridique en vertu de laquelle l’invention brevetée ne peut

normalement être utilisée, c’est-à-dire fabriquée, utilisée, vendue ou importée, que par

le titulaire du brevet ou avec son autorisation.

Les internautes (INT) ou le nombre de personnes ayant accès à l’Internet, pour

1 000 habitants.

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Les indicateurs de science et technologie présentés ci-dessus offrent de toute

évidence avant tout un éclairage sur les réalisations dans les sciences dites exactes, à

l’exclusion de celles dans les sciences humaines et sociales.

Les indicateurs sexo-spécifiques

Beaucoup d’indicateurs donnés précédemment sont évidemment susceptibles d’être

ventilés entre hommes et femmes, qu’il s’agisse de l’espérance de vie ou du degré de

scolarité. Nous retiendrons ci-après 5 indicateurs dits sexo-spécifiques.

Espérance de vie à la naissance des femmes (EVF) et des hommes (EVH), en nombre

d’années et telle que définie plus haut.

Taux d’alphabétisation des femmes adultes (TAF) et des hommes adultes (TAH), en

pourcentage et tel que défini plus haut.

Taux brut de scolarisation combiné (du primaire au supérieur) des femmes (TSF) et des

hommes (TSH), en pourcentage et tel que défini plus haut.

Ratio du revenu moyen des femmes et du revenu moyen des hommes (RMFH) ou ratio de

ces deux revenus reçus par les personnes employées dans des activités économiques, à

l’exclusion de l’agriculture.

Taux de participation des femmes à des fonctions parlementaires, de représentation, de

direction et d’encadrement supérieur (TPF), en pourcentage du total des personnes

occupant de telles fonctions.

fin

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